Tête de statue d’Amasis – Ägyptisches Museum – Berlin |
Son origine
Amasis
(ou Amasi ou Ahmose II ou Ahmosis II) est le sixième Roi, si l’on compte
Néchao I à
cette charge, et le cinquième Pharaon de la
XXVIe dynastie.
Manéthon l’appelle Amôsis (Africanus, Eusebius et lui compte
44 ans de règne (Africanus) ou 42 ans (Eusebius de
Cesarea). La majeure partie de nos informations sur ce Roi nous vient
d’Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425)
et ne peut seulement être vérifiée qu’en partie par les inscriptions sur les monuments que le Roi
Perse,
Cambyse II
(529-522) fit, pour la plupart ciseler après la conquête de l’Égypte.
Comme nous le précise Aidan Marc Dodson et
Dyan Hilton, certaines informations sur les origines de la famille d’Amasis nous sont connues. Sa mère se
nommait Tashereniset, un buste de cette femme se trouve aujourd’hui au British Museum. Il était issu d’un petit bourg
du Ve nome de Basse-Égypte, le nome supérieur de Neith (ou la cible du Nord –
nt mHt) dont Saïs était
la capitale.
Son règne
À
son début de carrière, Amasis fut Général de l’armée Égyptienne. Elle était
composée en grande partie de mercenaires
Grecs et Libyens commandés par un certain Potasimto et lui commandait les
soldats Égyptiens. En 592/591, il se couvrit de gloire dans l’expédition contre les Nubiens
du royaume de Napata et ses Rois, Anlamani (ou Antalani) et son frère cadet
Aspelta, organisée par
Psammétique II. Puis il fut Général
d’Apriès
(589-570) lors de la guerre civile, entre
les forces nationalistes et les mercenaires
Grecs et
Cariens.
Apriès l’envoya, pour contenir la révolte, mais
Amasis renversa les rôles et se proclama Roi, soutenu dans cet acte par toute la caste militaire.
Apriès fut obligé de s’exiler
et s’allia avec les
Babyloniens et retourna en Égypte avec l’armée
Babylonienne pour
essayer de reprendre son trône, mais son armée fut défaite et il fut tué. Amasis épousa alors
Khedebneithirbinet II (ou Chedebnetjerbone II), une des filles
d’Apriès, afin de légitimer sa
prise de pouvoir. Vers 568, le Roi de
Babylone,
Nabuchodonosor II (605-562) profita des troubles en Égypte pour tenter une invasion du pays, mais Amasis parvint à
l’arrêter. Amasis mena alors une politique étrangère radicalement opposée au
Babylonien.
Statuette d’Amasis Metropolitan Museum of Art
|
À la mort de
Nabuchodonosor II, il lança une expédition au Proche Orient, afin de faire
la conquête de
Chypre,
qu’il mena à bien grâce à une force maritime de mercenaire. Amasis aurait mené en l’an 41 de son règne une expédition
en Nubie, comme l’atteste un document en démotique retrouvé à Saïs.
À part cela, son règne va connaître une période de paix et de développement économique pour le pays.
Il fut un habile diplomate en politique extérieure, cela dit le contexte
politique de l’époque ne lui permit pas une grande marge de manœuvre, la
diplomatie visant à essayer de contenir d’abord la pression des
Babyloniens et le croissant expansionnisme des
Perses.
Le Pharaon se tourna volontairement vers les puissantes cités
Grecques.
Il passa alliance avec Cyrène, scellée par son mariage avec Ladice, une Princesse fille du Roi de Cyrène
Battos II l’heureux (574-560). Il fit des cadeaux à
Delphes,
1.000 talents pour l’aider à la reconstruction du temple qui avait été brûlé et à
Samos. Afin de ne pas s’attirer des problèmes avec le peuple il lui fallut résoudre le problème des colonies
de Ioniens et
de
Cariens. Le Roi décida
alors de concentrer ces derniers dans la ville de Naucratis.
Il leur accorda des privilèges économiques et commerciaux importants. Il fit cela très probablement
comme un moyen de contenir ces Grecs et concentrer leurs activités
dans un lieu sous son contrôle. Il reconnut à la
cité le statut de comptoir autonome doté de ses propres lieux de culte et il
transféra à Memphis les colons militaires
Ioniens où,
selon Hérodote,
ils étaient employés plus ou moins comme espion pour surveiller les Égyptiens.
Amasis conclut un pacte d’alliance en
547/546 avec le Roi de Lydie,
Crésus
(561-547), en 539 il s’entendit avec le Roi
Babylonien,
Nabonide
(ou Nabounaid ou Nabu-na’id, 556 ou 555-539), en 538 avec le Tyran de
Samos, Polycrate
(538-522). Toutefois, malgré son alliance avec les Lydiens,
il n’intervint pas lorsque le
Perse,
Cyrus II (559-529) annexa
à son Empire, l’Asie Mineure
en s’emparant en 546 de Sardes, leur capitale, puis de tout le territoire des
Babyloniens, dont en 539
Babylone. Cet Empire
Perse devint encore
plus puissant que celui qu’édifièrent jadis les Assyriens
et de ce fait d’autant plus dangereux pour l’Égypte.
Les dernières années du règne d’Amasis furent troublées par la menace d’invasion du Roi
Perse,
Cambyse II (529-522)
et par la rupture, en 530, de l’alliance avec le Tyran de
Samos,
Polycrate.
Amasis avait donné d’importantes sommes d’argent à ce dernier ce qui lui permit de se constituer une force navale de 100 pentécontères (Navire de guerre à 50
rameurs d’où son nom) et une armée de 1 000 archers. La défense de l’Égypte par la mer était maintenant en partie entre les mains du Tyran, qui offrit à Amasis
un royaume bien protégé.
Tête d’un sphinx d’Amasis – Musée du Louvre |
Toutefois
Polycrate profita
de sa puissance navale pour piller les cités et les îles
Ioniennes, notamment
Lesbos et
Milet dont les flottes furent
écrasées et il imposa une sorte de blocus. Une légende entoure la cessation des accords entre les deux souverains. Selon Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425) le Pharaon vit
en Polycrate un homme qui
avait trop de chance et il lui aurait conseillé de jeter au loin l’objet qui lui tenait le plus
à cœur afin d’éviter un revers de fortune. Le Tyran aurait suivit sa recommandation et il
serait parti en mer jeter une bague qui était incrustée d’une pierre précieuse, qu’il aimait énormément.
Cependant, quelques jours plus tard, un pêcheur prit dans ses filets un si gros poisson
qu’il voulut en faire cadeau à son souverain. Alors que les cuisiniers de
Polycrate préparaient
le poisson, ils y découvrirent l’anneau et, tout heureux, l’apportèrent au Tyran.
Lorsqu’Amasis apprit cette histoire, il aurait dénoncé les accords avec
Samos, craignant que l’incroyable
chance dont bénéficiait Polycrate
ne se retourna un jour contre lui. Il est plus probable que l’alliance prit fin parce que le Tyran s’allia avec le Roi
Perse
Cambyse II
(529-522).
Par cette alliance Polycrate
voulait probablement faire de Samos
le premier État Grec. À cette époque
le Tyran possédait une marine de guerre de 40 trirèmes largement financée par Pharaon.
En politique intérieure, Amasis eut, semble
t-il, un rôle de législateur en matière de règlements fiscaux et douaniers. Il
conçut un grand nombre de lois régissant le droit privé et serait "l’inventeur"
de la déclaration obligatoire des revenus. Il est considéré par les
Grecs
comme un des six plus grands législateurs Égyptiens et est honoré du titre de
l’un des Sept Sage. Il est également réputé pour avoir invité à la cour des grands penseurs, philosophes ou mathématiciens
Grecs comme, Thalès de
Milet et Pythagore.
Sous le règne du Pharaon l’économie du pays fut basée sur l’agriculture et atteint
son apogée.
Hérodote qui visita l’Égypte
moins d’un siècle après la mort d’Amasis II écrivit :
“On dit que ce fut pendant le règne d’Amasis que l’Égypte atteint son plus haut niveau de prospérité,
tant à l’égard de ce que le Nil donnait à la terre, qu’à l’égard de ce que la terre donnait aux hommes, et que
le nombre de villes habitées à l’époque atteignait un total 20.000”.
Stèle funéraire d’un Apis datant de l’an 23 d’Amasis
trouvée à Saqqarah – Musée du Louvre.
Image avant retouche :
Wikipedia.org
|
On a connaissance de plusieurs hauts fonctionnaires sous son règne, notamment : Oudjahorresnet (ou Oudjahorresné –
WD Hr(.w) rs n.t), un Prêtre de
Neith titulaire
de nombreux titres : Gouverneur de
Saïs, Médecin en chef de la Haute et de
la Basse-Égypte, Supérieur des scribes de la Grande Salle, Commandant de la flotte Égyptienne, Commandant des
troupes étrangères en Égypte et Chancelier de la couronne ; Psammétique-Mérineith (ou Psamtek-Meryneit),
Pasherientaihet et Padineith qui furent Vizirs.
En 526 les villes
Phéniciennes se soumirent à
Cambyse II fournissant
les bases navales dont le
Perse avait besoin pour l’assaut final
sur l’Égypte. Amasis mourut peu de temps avant l’épilogue de la bataille entre
les deux nations, laissant à son fils et successeur la responsabilité de la
confrontation.
Ses constructions
Son
activité de bâtisseur fut assez importante, on retient : Le prolongement du temple de
Neith à
Saïs, plus des
statues colossales ; Le sanctuaire
d’Isis à
Memphis ; Des temples à
Bouto
et à Mendès où
quatre naos de granit monolithiques furent édifiés dans le sanctuaire, pour les quatre Bâ des Dieux créateurs ;
À Athribis le
Pharaon fera venir de
Grèce des architectes et ouvriers afin d’agrandir considérablement le
temple. En 1924, à proximité du temple reconstruit par Amasis, une importante cache d’un trésor d’argent
datant de la période tardive fut trouvée par des agriculteurs.
Il s’agissait d’environ 50 kg d’argent sous forme de lingots et des bijoux (aujourd’hui au
musée du
Caire) ; La reconstruction du temple
d’Osiris à
Abydos où le Pharaon
fit placer à l’intérieur dans un grand sanctuaire un monolithe de granit rouge, finement travaillé ;
Le temple d’Isis à Behbeit
el-Hagar (ou Iseum) dans le Delta ; Un temple dédié à Satis à
Éléphantine ; et
beaucoup d’autres structures comme dans les oasis de Bahariya et Siwa, dans ce
dernier où il agrandit le temple oraculaire d’Amon.
Tête de statue d’Amasis en
quartzite – Walters Art Museum, Baltimore |
Sa sépulture
Amasis fut
enterré dans la nécropole royale de
Saïs, mais son tombeau n’a jamais été découvert.
Hérodote
l’a décrit comme un grand bâtiment richement décoré avec un cloîtré en pierre,
orné de piliers qui imitaient des palmiers. Dans le cloître se trouvait une
chambre avec des doubles portes et derrière les portes se tenait le tombeau.
L’historien rapporte également la profanation de la
momie d’Amasis lorsque le
Roi Perse
Cambyse II
(528-522) conquit l’Égypte. Il aurait donné des ordres pour qu’elle soit retirée de la tombe où elle se trouvait.
Cela fait, elle aurait été traitée avec toutes les indignités possibles, comme la battre à coups de fouet,
lui planter des aiguillons…etc. Le corps aurait ensuite été brûlé.
Sa famille
Amasis
eut trois ou quatre épouses attestées selon les sources :
• Nakhtoubasteraou (ou Nakhtubasterau ou Nakhtbastetiru – Nxt-bAstt-r.w)
proposée, entre autres, par
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton.
On lui connait les titres de :
Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrt) ;
Grande de louanges (wrt-hzwt) ;
Épouse du Roi, sa bien-aimée (Hmt-nswt meryt.f) et
Grande [Dame] au sceptre Hetes (wrt-Hts).
Son nom rend hommage à la Déesse
Bastet. Elle est connue à partir d’une
stèle du Serapeum. La Reine fut enterrée à
Guizèh
dans une tombe taillée dans la roche aujourd’hui numérotée G 9550. Son sarcophage anthropoïde de granit noir est aujourd’hui
au musée de Saint-Pétersbourg (767).
Elle fut enterrée avec son fils Amasis (ou Ahmosis). Elle donna deux fils à Amasis :
Panneau en bois d’un coffre d’Amasis
|
▪ Pasenenkhonsou, qui fit don de la stèle au Serapeum.
▪ Amasis (ou Ahmosis), qui fut Général. Il fut enterré à
Guizèh
avec sa mère.
• Tanetkheta (ou Tentkheta ou Takheta – TA-nt-xtA).
La grande majorité des spécialistes, comme
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton,
la donne comme la mère de
Psammétique III qui succéda à son père. Elle fut une fille d’un Prêtre de
Ptah nommé Padineith.
Selon Wolfram Grajetzki elle fut aussi la mère d’un autre fils du Roi appelé Khnoumibrê. On lui connait les titres de :
Surveillante des équarrisseuses de la maison de l’acacia (xrpt sSmtjw pr imAt) et
Épouse du Roi (Hmt-nswt).
• Khedebneithirbinet II (ou Chedebnetjerbone II), fille d’Apriès qu’il
épousa afin de légitimer sa prise de pouvoir. Certains spécialistes la donnent comme la mère
Psammétique III qui succéda à son père.
• Ladice, une Princesse
Grecque, qui fut la fille du Roi de
Cyrène Battos II l’heureux (574-560).
Amasis eut une fille dont nous ne connaissons pas la mère,
Nitocris II, qui sera la dernière
Divine Adoratrice d’Amon.
Pour certains elle fut la fille de Khedebneithirbinet II et pour d’autre celle
Ladice ?.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le Pharaon
voir les ouvrages de :
Jürgen Von Beckerath :
– Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit
bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften,
MÄS 46, Philipp von Zabern,
Mainz, Janvier 1997.
Friedrich Bilabel :
– Polykrates von Samos und Amasis von Aegypten, G. Koester, Heidelberg, 1934.
Richard M Cook :
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Herman De Meulenaere :
– La famille du Roi Amasis, Egypt Exploration Society, Londres, 1968.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et 15 Février 2010.
Elmar Edel :
– Amasis und Nebukadrezar II, pp : 13-20,
GM 29, Göttingen, 1978.
Karl Jansen-Winkeln :
– Amasis, Das wissenschaftliche Bibellexikon im Internet (WiBiLex), Stuttgart, 2006.
Jack A.Josephson :
– Amasis, Oxford Reference Online, 2001.
Friedrich Karl Kienitz :
– Die politische geschichte Ägyptens vom 7. bis zum 4. Jahrhundert vor der Zeitwende, Akademie, Berlin, 1953.
Anthony Leahy :
– The earliest dated monument of Amasis and the end of the reign of Apries,
pp : 183-199,
JEA 74, London, 1988.
Michel Malinine :
– Trois documents de l’époque d’Amasis relatifs au louage de terres,
Revue d’Egyptologie 8,
FÉRÉ, Bruxelles, 1951.
Diana Alexandra Pressl :
– Beamte und soldaten: Die Verwaltung in der 26. Dynastie in Ägypten (664-525 v. Chr.). Lang, Frankfurt, 1998.
Joachim Friedrich Quack :
– Zum datum der persischen eroberung Ä gyptens unter kambyses, pp
: 228-246,
Journal of Egyptian History 4, N°2, Janvier 2011.
Thomas Schneider :
– Lexikon der Pharaonen, Artemis, Zuürich, 1994 – Avec Arne
Eggebrecht, Deutscher Taschenbuch, München, 1996 – Artemis & Winkler,
Düsseldorf, 1997 – Albatros, Düsseldorf, 2002.
Serge Sauneron et
Jean Yoyotte :
– La campagne nubienne de Psammétique II et sa signification historique, pp
: 157-207,
BIFAO 50, Le Caire, 1952.
Anthony John Spalinger :
– The civil war between Amasis and Apries and the Babylonian attack against Egypt,
Acte du premier congrès international d’égyptologie le Caire 02 octobre 1976, Londres, 1976.
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