Les Royaumes Amorrites
Mari
 

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Pour plus de détails voir aussi les royaumes Amorrites de :  Les Amorrites Babylone Eshnunna Larsa

 

Sommaire
 

Nom et localisation
L’histoire
     Les dynasties archaïques – 2900-2400
     La dynastie Shakkanakku – 2300-1200
     La dynastie Amorite
         Yahdun-Lim
         Iamash-Adad
     La fin de Mari
         Zimri-Lim
Le site archéologique
Le palais
Bibliographie

Statue retrouvée dans le temple
d’Ishtar, dite "Dame-au-polos" –
Musée du Louvre

 


 

Vue partielle de la ziggourat près du palais
Photo avant retouche : Wikimedia.org

Nom  et  localisation

 
   Mari (ou Ma-Uru-Ki ou Ma-Ri-Ki ou Me-Ra-Ki ou Ma-Eri-Ki – C’est cette dernière dénomination qui devrait prévaloir selon les spécialistes Thureau-Dangin et Thorkild Jacobsen, en arabe : mārī  مــاري) fut une ville du Moyen-Euphrate située dans une plaine et est aujourd’hui identifiée au site Tell Hariri (ou Tall al-arīrī تل الحريري) dans le Sud-est de la Syrie (Environ 11 km. de la ville d’Abu Kemal et 10 km. de la frontière avec l’Irak), qui n’était pas un endroit prévu pour qu’il s’y développe une telle ville.
 
   En effet, la région, que traverse l’Euphrate, est inadaptée à l’agriculture en raison de l’insuffisance d’eaux pluviales qu’elle possède. La culture n’a pu être possible que grâce à l’aménagement d’un réseau d’irrigation qui s’appuyait sur un dispositif de retenue alimenté par l’eau de pluie en hiver. Un canal, directement relié, à l’Euphrate assurait l’approvisionnement de la cité en eau et permettait aussi aux bateaux de venir se ravitailler jusqu’au port.
 
   La prospérité de la ville fut étroitement liée au contrôle du commerce qui empruntait la vallée de l’Euphrate, venant de Syrie, du fleuve Khābūr (ou Habur, actuelle Haut Djézireh) et la plaine Mésopotamienne et dont Mari percevait les taxes sur le trafic fluvial. Certains sceaux mis au jour semblent attester que pendant l’ère Amorrite, les caisses de l’État furent alimentées par une forte taxation (environ 20% de la valeur des marchandises) imposée sur les marchandises qui y transitaient. Mari était, cependant d’abords un centre commercial terrestre, du à une mauvaise navigabilité de l’Euphrate un peu plus loin en aval.
 
   Sur la rive gauche, un canal de 120 km de long devait, selon Jean-Claude Margueron, permettre la remonté du fleuve par halage, reliant l’axe du Khābūr à l’axe euphratique, à une dizaine de kilomètres en aval de Mari. Mais ce dernier point fait l’objet de débats. La cité était entourée par une digue destinée à la protéger des très grandes et exceptionnelles inondations et elle était protégée par un rempart, épais de 6 m., flanqué de tours. Mari est surtout connue pour son splendide palais du IIe millénaire et grâce aux excavations entreprises depuis 1933 par les archéologues Français André Parrot, puis Jean-Claude Margueron.

 


 

Statuette représentant le Roi
Lamgi-Mari – Musée du Louvre

L’histoire…….
 
Les  dynasties  archaïques  – 2900-2400

 
   La cité de Mari est attestée dès le IIIe millénaire. Elle fut fondée au XXIXe siècle (Autour de 3000 selon certains spécialistes) selon un plan approximativement circulaire de 1300 m de diamètre. On ne sait que très peu de chose concernant cette période. La ville devait déjà avoir acquis une certaine importance car elle est mentionnée dans la Liste royale Sumérienne comme celle d’où était issue la Xe dynastie après le Déluge. Cette première ville semble avoir été complètement abandonnée vers 2650 pour des raisons inconnues. Les premières mentions historiques de la cité apparaissent dans les textes d’Ebla. Elles remontent à vers 2550 où deux Rois sont attestés : Lougal-Ansud (ou Lugalansud ou Lugal-ansub, v.2550 à v.2520) qui aurait régné trente ans et qui semble avoir bataillé contre la cité d’Adab (Nord du Sumer, aujourd’hui site archéologique de Bismaya, près de la ville de Diwaniyah) et son Roi Nin-Kisalsi, pour le monopole sur le Sumer.
 
   Son fils Lougal-Tarzi (ou Lugaltarzi ou Lugal-tarzi, v.2520 à v.2500) lui succéda mais ont on ne sait pratiquement rien de lui. Ce qui est sûr c’est que ces deux Rois donnèrent à la ville une certaine prédominance sur le Sumer. L’importance des travaux architecturaux menés dans la cité et la qualité des sculptures, nous indiquent que cette période fut particulièrement éclatante. Suivirent quatre Rois, mais aucun des noms de ces derniers ne sont complets. Ils virent leur pouvoir s’effriter. Le total des années de la domination de Mari sur la région s’étend sur cent trente-six ans, puis la royauté repassa à Kish avec la Reine Ku-Baba la Cabaretière (ou Kubaba, v.2410-v.2400). À cette période a dû être édifiée l’enceinte sacrée (Dédiée à une divinité inconnue), les temples : d’Ishtar, de Nini-Zaza, celui au Dieu Shamash et la terrasse connue sous le nom de "massif rouge". On y a retrouvé de très nombreuses statuettes en albâtre représentant le Roi Lamgi-Mari (v.2480 à v.2450) ou l’intendant Ebih-Ill.
 
    La ville suivit ensuite l’histoire de la Mésopotamie. Le Roi d’Oumma, Lougal-Zaggesi (ou Lugal-Zaggisi, v.2340-2316), qui conquit tout le pays de Sumer, créant ainsi le premier "Empire Sumérien" prit la ville et la mit à sac. Mari fut ensuite intégrée dans l’Empire d’Akkad du Roi Sargon le Grand (2334-2279) et devint une cité florissante. L’arrivée au pouvoir du Roi d’Akkad, Naram-Sin (2255-2218) vit le soulèvement général de toutes les provinces, de la Syrie à l’Élam. Il mata férocement les rébellions et soumit Mari qui avait participé à cette grande révolte.

 


 

L’intendant Ebih-Il, dignitaire du
royaume de Mari, v.2400 –
Musée du Louvre

La  dynastie  des  Shakkanakku – 2300-1200

 
   Avant la fin de la période de domination des Rois d’Akkad, la ville profita de la faiblesse de ces derniers et se rendit indépendante grâce à une dynastie, issue des anciens Gouverneurs de la ville, dite "Dynastie des Shakkanakku" (En Akkadien : šakkanakku "Gouverneur militaire", en Sumérien : ŠAGIN). Ce titre avait été conféré par Naram-Sin, après sa victoire, au responsable de la cité. Il apparut pour la première fois dans l’inscription de l’obélisque de Manishtusu. Cette dynastie dirigea la ville jusque vers 1820. C’est donc une prédominance des Shakkanakku de plus de quatre siècles, dont l’histoire nous est pratiquement inconnue en raison de la rareté des sources écrites, même si de nombreux noms de Rois sont identifiés, dont les plus notoires sont : Shu-Dagan (v.2205 à v.2200) et Ishme-Dagan (v.2200 à v.2180), Shtub-El (v.2150), Turâm-Dagan, Puzur-Ishtar (v.2050), Hitlal-Erra (v.2000) et le 13e et dernier Roi de la dynastie dont nous avons un nom est Hanun-Dagan (v.1990).
 
   Sous le règne de ces souverains de très grands travaux furent engagés. Le deuxième grand palais royal fut édifié à l’emplacement du précédant, mais avec une nouvelle architecture, sauf pour l’enceinte sacrée qui conserva son plan originel et son rôle religieux. Un autre palais plus petit fut construit à l’Est des temples. Si l’on se base sur cette importance architecturale et les sources archéologiques, la période des Shakkanakku fut pour Mari spécialement brillante. La dynastie s’effondra probablement dans le courant du XXIe/XXe siècle. On ne sait pas comment elle disparut, la période couvrant le XXe siècle étant très obscure, on vit simplement émerger plus d’un siècle et demi plus tard après Hanum-Dagan, la dynastie Amorrite, vers 1830.


 

Fragment de bas-relief
(13,50 cm) représentant
une Déesse vêtue du
vêtement typique de
Mari – Musée du Louvre

 

La  dynastie  Amorrite

 
   Ce fut au cours des siècles suivants, les premiers du IIe millénaire, que Mari parvint à l’apogée de sa puissance. Le premier Roi attesté est Yaggid-Lim (ou Yaggid-Lîm, 1830 à 1820 ou 1825 à 1815 ou 1772 à 1752). Il fut le fondateur de cette dynastie qui dura jusqu’à son écrasement par le Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750). Yaggid-Lim régnait à Terqa (ou Tirqa, Tell Ashara aujourd’hui), à quelques kilomètre de Mari et ce fut son fils Yahdun-Lim (ou Iakhdunlim ou Yahdun-Lîm ou Yakhdun-Lîm ou Yakhdun-Lim ou Yasdun-Lim ou Iahdun-Lim ou Jadun-Lim, 1820 à 1798 ou 1815 à 1796 ou 1810 à 1793 ou 1751 à 1735) qui s’empara de la cité sur le dernier des Shakkanakku. Des textes datant de la fondation du temple de Shamash et ceux du disque inscrit retrouvé dans le palais, nous indiquent que Yahdun-Lim aurait régné une vingtaine d’années. Il mena une politique extérieure très active pour étendre son royaume vers l’Ouest, jusqu’aux côtes de la Méditerranée.
 
    Il soumit Terqa et Tuttul (aujourd’hui Tell Bi’a, en Syrie dans la région du Moyen-Euphrate), puis il se tourna vers le triangle du Khābūr (ou Habur, l’actuelle Haut Djézireh, Nord de la Mésopotamie), au Nord, où il vassalisa le petit royaume Hourrite constitué autour des villes de Nagar et d’Urkesh. Dans cette région, il se heurta au Roi d’Ekallāté (ou Ekallatum), futur Empereur d’Assyrie, Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu, 1814-1775) qui cherchait à s’y implanter.
 
   Il semble qu’il sortit vainqueur de ce conflit. Il chercha alors des alliés et se tourna dans un premier temps à l’Ouest vers Alep, mais choisit finalement Eshnunna à l’Est. Il signa avec son Roi, Ibiq-Adad II (v.1850-v.1810) un pacte de protection mutuelle. L’influence culturelle d’Eshnunna sur Mari fut alors très importante et se traduisit à Mari par l’adoption des même codes d’écriture que ceux des scribes d’Eshnunna et Yahdun-Lim dut accepter la suzeraineté des dirigeants d’Eshnunna.
  


 

Statue d’une chanteuse assise,
du nom de Our-Nanshe
provenant du temple d’Ishtar –
Musée National – Damas

   Son choix causa une rupture avec Alep, qui soutint une révolte de tribus Benjaminites contre Mari. Yahdun-Lim sortit victorieux du conflit et mena même ses expéditions jusqu’au littoral Méditerranéen à Alalah (ou Alalakh ou Alakhtum ou Tell Açana, royaume du Mukish). Pour défendre sa frontière occidentale, il fonda la citadelle de Dūr-Yahdun-Lîm “Fort-Yahdun-Lim” en amont de Terqa. Il mourut, semble t-il, suite à une révolte provoquée par ses serviteurs. Son fils (ou frère selon les spécialistes), Sumu-Ianam (ou Sumu-Yaman ou Samsi-Addu ou Sûmû-Yamam ou Sumu-Adad, 1798 à 1796 ou 1796 à 1794 ou 1793 à 1792 ou 1734 à 1733) lui succéda. Certains spécialistes avancent que ce fut lui qui évinça son père ?. Il ne régna que deux ans, il fut détrôné par Shamshi-Adad I, nouveau maître de la région.
 
   Celui-ci confia, en 1790, le gouvernement de la ville et de sa région à son fils cadet Iamash-Adad (ou Iasmakh-Addu ou Yasmakh-Addu ou Jasmah-Addu, 1796 à 1776 ou 1790 à 1775 ou 1732 à 1714). Son nom signifie "Addu entend" en Amorrite. Son règne nous est bien connu grâce à sa correspondance retrouvée dans les archives du palais royal de Mari. Bien que le Roi de la cité fût Iamash-Adad ce fut essentiellement Shamshi-Adad I qui s’occupa des affaires politiques, Iamash-Adad étant d’une personnalité assez faible. Shamshi-Adad I entretint des rapports tendus avec le Roi d’Alep Sumu-Epukh (?-1781). Il choisit de passer alliance avec le Roi de Qatna, Isbi-Adad (ou Ishbi Adad ou Ishkhi-Addu), dont la fille Beltum, épousa Iamash-Adad. Le Roi d’Alep se retrouva alors prit entre ces deux adversaires.
 
   Une guerre éclata, qui ne vit aucun vainqueur. Iamash-Adad n’avait pas un tempérament guerrier et ne dirigea jamais ses troupes, à l’inverse de son frère aîné. Cette situation dura jusqu’à la mort de Shamshi-Adad I en 1775, à ce moment les anciens Rois de Haute-Mésopotamie, qui avait été chassés par Shamshi-Adad I, en profitèrent pour reprendre leurs anciens domaines, que Iamash-Adad fut incapable de défendre. Il ne put se maintenir longtemps au pouvoir. Le trône de Mari fut usurpé par Ishar-Lim, Gouverneur de la province Assyrienne du haut Khābūr (ou Habur, actuelle Haut Djézireh) pour le compte d’Iamash-Adad. Le fils et successeur de Sumu-Epukh, Yarim-Lim I (1780-1765) apporta alors son soutien à Zimri-Lim, descendant de la famille régnante de Mari.

 

La  fin  de  Mari

 
   Zimri-Lim (ou Zimrî-Lîm) est loin de faire l’unanimité sur ses dates de règne, on trouve : 1782 à 1759 ou 1779 à 1757 ou 1775 à 1761/1760 ou 1773 à 1759 ou 1713 à 1695 ou 1709 à 1695 ou enfin 1677 à 1663. Il est généralement considéré comme le fils de Yahdun-Lim . Il réussit à reprendre Mari et à faire fuir les Assyriens. Une fois monté sur le trône, il dut choisir entre être le vassal d’Alep ou d’Eshnunna. Il choisit le Roi Yarim-Lim I (ou Iarim-Lim, 1780-1765) de la première, mais il se retrouva en conflit contre la seconde, dont le Roi Ibal-pi-EL II (1779-1766) suscita une révolte des Benjaminites contre lui et en 1772 il se retourna contre Mari et envahit la région.


 

Tablettes des archives du palais royal de Mari,
datant du règne de Zimri-Lim – Musée du Louvre

 
   En 1770, les deux cités ayant à tour de rôle essuyées plusieurs revers, une paix fut conclue qui semble donner une certaine souveraineté à Eshnunna sur Mari. En 1766/65, le Roi d’Élam, Siwe-Palar-Khuppak (ou Siwepalarhuhpak ou Siwe-Palar-Huppak, 1770-1745) lança une attaque en Basse-Mésopotamie dans le but de s’emparer du royaume d’Eshnunna. Il se fit aidé par le Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750), qui lui aussi menait une politique expansionniste et Zimri-Lim. La coalition s’empara rapidement de la cité d’Eshnunna, tuant Ibal-pi-EL II.
 
   L’armée Élamite s’installa dans la cité, d’où elle entreprit de conquérir la région du Haut-Tigre. Siwe-Palar-Khuppak décida d’envoyer une partie de son armée au Sud sur la Babylonie contre ses ex alliés. Ceci prit au dépourvu Hammourabi et Zimri-Lim, qui se retrouvèrent à faire face aux volontés expansionnistes des Élamites sur leur territoire. Le Roi de Mari, menacée directement par cette avancée rapide, passa une nouvelle alliance avec le Roi de Babylone et de nombreux Rois Amorrites et lui fit face.
 
    En 1764, cette coalition réussit à arrêter l’offensive Élamite. Zimri-Lim rencontra Siwe-Palar-Khuppak dans la région du Khābūr (ou Habur, actuelle Haut Djézireh), à Hiritum. Les Élamites furent écrasés assez facilement. En 1763, l’alliance Zimri-Lim / Hammourabi s’attaqua au royaume de Larsa, dirigé par le Roi Rim-Sin I (ou Rîm-Sîn, 1822-1763). Ils prirent la ville et Hammourabi devint alors maître de la Mésopotamie. En 1761/1760, sans que l’on n’en connaisse les raisons, Hammourabi se retourna contre son ancien allié, Zimri-Lim. Il attaqua le royaume de Mari qu’il détruisit complètement et en 1759, il rasa la ville après l’avoir pillée.
 
   Zim-Lim disparait alors complètement des sources, certains spécialistes pensent qu’il fut assassiné lors d’une révolte de Mari. Il fut le dernier Roi de la ville et son royaume fut morcelé. La partie Nord fut annexée par Hammourabi et il se forma dans la vallée de l’Euphrate un petit royaume, le Hana, avec pour capitale Terqa (ou Tirqa, Tell Ashara aujourd’hui). Hammourabi transféra les richesses du palais, puis il décida sa destruction totale et il frappa la ville d’interdit, si bien que personne ne revint l’occuper. Un nouvel établissement y sera fondé à l’époque néo-Assyrienne, qui deviendra le chef-lieu de la province de Suhu. L’anéantissement de Mari mit fin à son existence et elle disparut pour un temps de la scène politique. Zimri-Lim ne fut pas qu’un guerrier, sous son règne le Palais de Mari atteint sa plus grande extension avec trois cents salles et cours (Sur 2500 ha), le règne du Roi porta la ville à son apogée.
  


 

Vue partielle du palais de Zimri-Lim
Photo avant retouche : Wikimedia.org

   Zim-Lim eut deux épouses attestées : Dam-Hurasim (ou Dam-hurasi ou Dam huraši), une Princesse du Qatna et Shiptu (ou Šiptum ou Shibtu ou Šibtum), la fille du Roi du Yamkhad (Alep) Yarim-Lim I (ou Iarim-Lim, 1780-1765) et de la Reine Gashera. Il eut huit filles par ses différentes épouses. Deux devinrent Prêtresse et beaucoup furent mariées à des dirigeants locaux, comme Shimatum (ou Šimatum) et Kirum (ou Kiru). Elles furent les femmes d’un des alliés de leur père, Haya-Sumu d’Ilanurâ. 
 

  Pour plus de détails sur le Roi voir : La vie de Zimri-Lim

 

Le  site  archéologique

 
   Le site archéologique de Mari (Tell Hariri) est situé à onze kilomètres d’Abou Kémal et à une dizaine de kilomètres de la frontière Irakienne. Il est situé en retrait par rapport au fleuve. Il est surtout connu pour son splendide palais du IIe millénaire. Le site de Tell Hariri, par le nombre de tablettes qui y furent découvertes et leur contenu (Environ 25.000 tablettes cunéiformes furent mises au jour), est d’une importance capitale pour notre connaissance de la Mésopotamie du début du IIe millénaire.  Mari fut découverte en 1933 par une tribu Bédouine qui creusait pour construire un tombeau pour enterrer un défunt récemment décédé, quand ils trouvèrent la tête d’une statue. Cette nouvelles atteint les autorités Françaises qui à cette époque avaient le contrôle de la Syrie. Des premières fouilles sur le site furent exécutées peu de temps après, le 14 Décembre 1933, par des archéologues Français du Louvre, André Parrot, puis Jean-Claude Margueron.
 
    Les découvertes furent rapides et le temple d’Ishtar fut mis au jour en seulement un mois. Les archéologues classèrent Mari comme “le lieu le plus à l’ouest de la culture Mésopotamienne“. Mari fut excavée chaque année depuis 1933 (sauf entre 1939-1951) jusqu’à nos jours. Toutefois, après toutes ces années de fouille, en 2005, moins de la moitié de la surface de la zone de Mari, 1000 m. x 600 m., avait été mis au jour. Bien que les archéologues aient essayé de déterminer le nombre de niveaux, leur nombre exact n’est connu que depuis 2008. Selon l’archéologue André Parrot : “Chaque fois qu’une sonde verticale fut introduite afin de retracer l’histoire du site jusqu’au sol vierge, des découvertes importantes étaient faites qui poussaient à reprendre plus loin les excavations.
  


 

Mosaïque provenant du temple (Dynastique archaïque)
de Shamash à Mari. Elle représente peut-être le sacrifice
d’un bélier – Musée de Damas

  Les fouilles nous montrent que Mari prit de l’importance au IIIe millénaire, mais cette période est mal connue car elle est recouverte par les niveaux plus récents.  Une digue entourait la cité pour limiter le risque d’inondation. Un canal permit son approvisionnement en eau et l’accès au port de la ville. La ville était défendue par un rempart de 1300 mètres de diamètre. Hormis quelques maisons, rien ne subsiste de cette époque.
 
   On a cependant retrouvé des objets en bronze de très belle qualité, attestant d’une pratique développée de la métallurgie à Mari. Un temple dédié à Ishtar a été exhumé dans la partie Ouest du tell principal. Plusieurs autres temples sont regroupés vers le centre du tell. Ils sont dédiés aux divinités : Ishtarat, Ninhursag, Ninni-Zaza et Shamash.
 
   Ce dernier est un monument massif de briques rouges, appelé par l’archéologue André Parrot, le "massif rouge", ce serait la base d’une première ziggourat, une haute terrasse soutenant un temple. Juste à côté, se situe un bâtiment dit "enceinte sacrée", constitué d’un ensemble de petites pièces entourant un espace central. Au cœur du secteur sacré, une nouvelle haute terrasse se dresse, avec le "temple aux Lions".
 
   À l’époque de la dynastie Sakkanakku, un grand rempart en briques crues entourait la cité et la ville subit de grandes rénovations. À cette époque aussi : Le grand palais royal fut rebâti selon un nouveau plan, seule l’enceinte sacrée reste de l’époque précédente. Un second palais fut construit, pour servir de résidences à des membres de la famille royale (Ou au Roi lui-même). Au sous-sol, deux grandes hypogées devaient abriter les tombes de la famille royale, mais elles furent pillées. Certains temples furent rénovés. Un nouveau temple, dit "temple aux lions", fut bâti, associé à une haute terrasse. On n’a jamais retrouvé le temple d’Itur-Mêr, la divinité protectrice de Mari.

 

Le  Palais

 
   Le grand palais royal de Mari, également appelé “palais de Zimri-Lim“, fut découvert dans les années 1930. Sous ce grand palais demeuraient plusieurs palais qui avaient été successivement les résidences des souverains de la cité lors des dynasties archaïques. Sous la dynastie des Shakkanakku un nouveau palais fut construit sur les ruines des anciens, sur des plans nouveaux, sauf pour l’enceinte sacrée qui conserva son plan originel et son rôle religieux. De cette nouvelle construction date la cour des Palmes, par laquelle on accédait à la salle du trône. Sous le règne de ces souverains de très grands travaux furent engagés.
 
    Le grand palais royal attint son apogée sous le Roi Zimri-Lim. Il fut édifié à l’emplacement du précédant. Son emplacement atteint plus de trois hectares et quelque trois cents salles ou cours ont été dénombrées. Comme il est prouvé que le palais possédait un étage (Dont une partie était peut-être occupée par des terrasses), il faudrait peut-être doubler ce nombre de pièces.

 

Fresque du palais de Zimri-Lim

   Le palais était le centre administratif et économique du royaume, c’est pourquoi il y a été retrouvé une grande partie des 20.000 tablettes qui permirent de connaître la politique et de la vie des habitants de Mari à cette époque. Les textes étaient rédigés Akkadien. Il n’a été retrouvé ni ouvrages littéraires, ni textes de caractère fiscal. Le palais constituait à la fois le siège du pouvoir politique et la résidence du Roi et de sa famille avec leurs courtisans et domestiques.
Il comprenait :
La maison du Roi avec les réserves, les cuisines, le secteur du personnel et le quartier administratif.
La seconde maison qui abritait les Reines et le personnel féminin, les réserves et le quartier du personnel.
Le quartier des temples à l’emplacement de l’ancienne enceinte sacrée.
Le secteur des grandes réserves, dans la partie Sud du bâtiment.
Des emplacements pour les cérémonies officielles qui se déroulaient dans la "cour du palmier", dans la salle du trône et la salle du culte des ancêtres.
 
   Dans ce palais furent mises au jour les plus anciennes peintures murales de sacrifice, d’offrande de l’eau et du feu et scène de l’investiture. Les statues et les objets retirés de l’ensemble du site sont en nombre très important et témoignent d’une grande qualité, tels que les statues : De "l’Adorante" (Musée du Louvre) et de la "Grande Chanteuse" Ur-Nina (Musée de Damas), celles d’Idi-Ilum (Musée du Louvre), du Prince Ishtup-Ilum et de la Déesse "au vase jaillissant" (Musée d’Alep).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Mildred Freed Alberg et Fred Warshofsky :
The royal archives of Ebla, WMUL, PTV Publications, Kent, Ohio, 1980.
Bernard Frank Batto :
Studies on women at Mari, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1974.
Stéphanie Dalley :
Mari and Karana – Two Old Babylonian cities, Bulletin of the School of Oriental and African Studies 49, N°2, 1986 – Gorgias Press, 2002.
Georges Dossin :
Archives royales de Mari, Mission archéologique de Mari, Librairie Paul Geuthner, Paris, de 1946 à 1982.
Archives royales de Mari. / X, La correspondance féminine, Librairie Paul Geuthner, Paris, 1967.
Jean Marie Durand :
Mari, Ebla, et les Hourrites : Dix ans de travaux, Editions Recherche sur les civilisations, Paris, 1996.
Le document épistolaires du palais de Mari, 3 volumes, Le Cerf, LAPO, Paris, 1997, 1998 et 2000.
Daniel E.Fleming :
Democracy’s ancient ancestors : Mari and early collective governance, Cambridge University Press, Cambridge, Londres, New York, 2004.
Paul Francois :
Tell Hariri, Imprimerie Roto-Sadag, Genève, 1936.
Wolfgang Heimpel :
Letters to the King of Mari : A new translation, with historical introduction, notes, and commentary, Eisenbrauns, Winona Lake, 2003.
Abraham Malamat : (ou Avrāhām Malāmāṭ)
Mari and the Bible, E.J. Brill, Leiden, Boston, Köln, 1998.
Jean-Claude Margueron :
Recherches sur les palais Mésopotamiens de l’âge du bronze, Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1982.
Mari : Métropole de l’Euphrate au IIe et au début du IIe millénaire av. J.-C., Picard : ERC, Paris, 2004 – Picard Editeur : ADPF, Paris, 2004.
Akh Purattim : Rapports de fouille, Mari 1994 et 1995, Terqa 1991 et 1992, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2007.
Gérard Nicolini :
Les ors de Mari, Mission archéologique française à Tell Hariri / Mari, vol. 7., Institut français du Proche-Orient, Beyrouth, 2010.
André Parrot :
Mari. Archäologische Grabungs-Expedition von Mari. Reich, München, 1953.
Mari, Ides et Calendes, Neuchatel, 1953.
Mission archéologique de Mari, Paul Geuthner, Paris, 1956 à 1968.
Le temple d’Ishtar, éditions Institut Français, Paris, 1956. 
Les temples d’Ishtarat et de Ninni-zaza, Paul Geuthner, Paris, 1967.
Mari, Capitale Fabuleuse, Payot, Paris, 1974.
André Parrot et Georges Dossin :
Archives royales de Mari, Imprimerie nationale, Paris, 1950-2005.
Armin Schmitt :
Prophetischer gottesbescheid in Mari und Israel : Eine Strukturuntersuchung, Kohlhammer, Stuttgart, 1982.
Wolfram von Soden :
Mari und das reich Schamschiadads I. von Assyrien, pp : 579–586, Propyläen-Weltgeschichte, Band 1, Ullstein, Frankfurt, Berlin, Wien, 1976.
Hildegard Winkler :
Untersuchungen zur Struktur und Baugeschichte des Palastes in Mari, Papyrus dr, Berlin, Frankfurt, 1974.
Yuhong Wu :
A political history of Eshnunna, Mari and Assyria during the early Old babylonian period : From the end of Ur III to the death of Šamši-Adad, Institute of History of Ancient Civilizations, Northeast Normal University, Changchun, 1994.
Nele Ziegler et Dominique Charpin :
Mari et le Proche-Orient à l’époque Amorrite, Essai d’histoire politique (Florilegium. Marianum V), Société pour l’étude du Proche-Orient ancien, Paris, 2003.

 

 

 

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