Persépolis
 

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Sommaire

 
L’histoire

La construction
La fin de Persépolis

Le site archéologique

Les recherches et les fouilles

Les monuments

L’Apadana
La porte des nations
Les escaliers

L’escalier central
L’escalier Est
L’escalier Nord

La salle des 100 colonnes
Les palais

Le Tachara
Le Hadish

Les tombeaux
L’allée des processions

Bibliographie
Filmographie

 

 
 
Vue du site de Persépolis

 

   Persépolis (En Persan : Parseh  پارسه ou Takht-e Jamshid تخت جمشید, "Le Trône de Jamshid", en Grec : Περσέπολις Persépolis, “la cité Perse“) est également connue sous le nom de Chehel Minar. Pour les anciens Perses, la ville était connue sous le nom de Parsa, ce qui signifie "la Ville des Perses". Le nom Persépolis est l’interprétation Grecque du nom Περσες (sens Persan) + πόλις (qui signifie ville). Persépolis est situé dans la haute plaine de Marv-e Dasht (ou Marvdasht) entourée de la montagne Kuh-e Rahmat "la montagne de la Miséricorde", à environ 70 km au Nord de la ville moderne de Chiraz (ou Shirâz), dans la province du Fars de l’Iran et à plus de 500 kilomètres de Suse. On admet que ce fut une des anciennes capitales de l’Empire Perse Achéménide, mais sa fonction réelle est sujette à débats.
 


 

Chapiteau de colonne
de l’Apadana

   Pour certains spécialistes, dont Ernst Herzfeld, elle n’eut pas un rôle de capitale au sens administratif ou commercial comme il a été longtemps dit. Elle fut destinée uniquement à servir d’apparat dans le cadre des fêtes du Nouvel An (Now Rouz ou Nowruz, le 21 mars) où les émissaires de tous les peuples soumis à l’Empire Perse apportaient leurs offrandes au pied du Roi. C’est cette cérémonie qui est figurée sur les escaliers de l’Apadana où toutes les satrapies sont représentées. Pour d’autres spécialistes il est certain que la cité fut occupée en permanence et tenait un rôle administratif et politique central pour le gouvernement de l’Empire.
 


 

Chapiteau de colonne à deux demi-chevaux

   Les détenteurs de cette théorie s’appuient sur de nombreuses archives écrites sur des tablettes d’argiles découvertes dans les bâtiments du trésor et les fortifications. Persépolis est sans aucun doute le plus impressionnant de tous les sites archéologiques en Iran. Tout d’abord par son étendue mais surtout par la taille et la nature de ses ruines.
 
   Le monument le plus grand et le plus complexe de toutes les constructions de la ville était la salle d’audience ou Apadana avec ses 72 colonnes. L’aspect monumental du site est donné par l’immensité de la salle du trône, dite salle aux 100 colonnes qui étaient faites pour impressionner les vassaux de l’Empire. Persépolis est classée patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO depuis 1979.

 

L’histoire……

 
                                La Construction
 
   Pour des raisons historiques profondément enracinées, la cité fut construite dans la région qui fut le berceau de la dynastie Achéménide, bien que ce ne fut pas le centre de leur Empire à ce moment-là. Vers 518/515 (on trouve aussi 521), à peine les travaux de Suse terminés, Darius I (522-486) entreprend la construction d’une nouvelle capitale dans la plaine de Marv-e Dasht (ou Marvdasht), tout près d’une autre grande cité Achéménide, Pasargades, la capitale qu’avait fait ériger Cyrus II le Grand (559-529). Cette décision est généralement interprétée comme une volonté de se distinguer de la branche aînée des Achéménides, à laquelle Pasargades fut fortement liée. Le site choisit par Darius I, qui se trouve sur la rivière Pulvâr, qui se jette dans la Kur (ou Kyrus), est identifié à une ville déjà existante, Uvādaicaya (ou Matteziš en Babylonien). Cette ville semble avoir déjà avoir une certaine importance politique. Les preuves archéologiques montrent que les premiers vestiges de Persépolis se situent autour de cette époque.


 

Lamassus de style Assyrien

 
   La construction fit appel à des ouvriers et artisans venus de toutes les satrapies de l’Empire, il n’y eut pas d’esclave. L’historien de la Perse, Pierre Briant, note en effet que la mise en construction, chronologiquement proche, de chantiers importants à Suse et Persépolis suppose la mobilisation de moyens considérables. André Godard, l’archéologue Français qui a effectué des fouilles au début des années 1930, estime lui que la construction date de Cyrus II, qui aurait choisi le site de Persépolis et que ce fut Darius I qui construisit la terrasse et le grand palais.
 
  Il est difficile de dater avec précision la construction de chaque monument, mais une chronologie précise de la progression des travaux de la cité, qui s’échelonnent sur près de 60 ans, a pu être établie grâce aux nombreuses inscriptions et tablettes retrouvées sur place. Darius I ordonna la construction de son Palais (le Tachara), de la salle d’audience ou Apadana, de la terrasse, des escaliers monumentaux, des murailles Est, des salles du Trésor Impérial et ses environs.
 
   Ceux-ci furent achevés au moment du règne de son fils, Xerxès I (486-465) qui ajouta la grande porte des nations, son propre palais (le Hadish) et le Tripylon (ou hall d’audience de Xerxès I ou Palais central, est un petit palais situé au centre de Persépolis). En outre la construction des bâtiments de la terrasse continua jusqu’à la chute de la dynastie Achéménide. Xerxès I débuta également les travaux de la future salle des Cent Colonnes, qui fut terminée sous le règne de son fils, Artaxerxès I (465-424). À cette époque on dénombre 1149 artisans présents sur les chantiers.
 
   L’architecture résulte d’une combinaison originale des styles issus de toutes les provinces créant ainsi le style architectural propre aux Achéménides. La construction de Persépolis ne fut jamais réellement terminée et plusieurs bâtiments, dont le palais d’Artaxerxès III (358-338), restèrent inachevés. Le centre de la cité fut édifié sur une gigantesque terrasse de 450 m de long sur 300 m de large, autrefois surmontée d’un haut mur d’enceinte fortifié. La plupart des bâtiments sont concentrés sur cette terrasse au pied de la montagne.
 
   L’unique point d’accès était l’escalier monumental à deux doubles volées symétriques qui menait à la porte des nations. Des vestiges furent mis au jour dans la plaine environnante, ce qui laisse supposer l’existence de constructions d’une "ville basse" au pied de la terrasse. Il est possible que ces bâtiments servaient à abriter des Prêtres et une garnison de soldats. La principale caractéristique de l’architecture de Persépolis est ses colonnes, qui ont été faites de bois. Toutes les pièces de charpenterie étaient en cèdre du Liban ou en teck de l’Inde. Ce n’est que lorsque la taille des arbres n’était pas suffisante que les architectes avaient recours à la pierre. Le calcaire gris est le principal matériau utilisé dans la construction du reste de la cité. Tous les toits étaient recouverts avec une couche de terre servant d’isolant contre la chaleur.

 


 

Maquette de la cité

La  fin  de  Persépolis

 
   Persépolis fut naturellement protégée par sa situation au cœur de l’Empire Achéménide, de ce fait elle ne disposait pas de solides défenses. De plus, la position au pied de la montagne Kuh-e Rahmat représente un point faible à cause du faible dénivellement à l’Est, entre la terrasse et le sol. Ce côté était d’ailleurs protégé par un rempart et des tours. En janvier 330, Alexandre le Grand (336-323) entra dans la ville, qui se rendit sans opposer de résistance.
 
   Nos connaissances de la prise et de la destruction de la cité par le Macédonien, proviennent essentiellement des écrits d’historiens antiques comme Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) et Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C). Certains éléments archéologiques corroborent leurs dires, mais leur version de la destruction de Persépolis est contestée. D’après eux Tiridate, gardien du trésor, fit porter à Alexandre, dont l’armée approchait, une lettre de reddition l’enjoignant à se rendre à Persépolis en vainqueur. Les richesses que la ville contenait lui seraient données sans combat.
 
   Les écrits ne mentionnent cependant pas la réponse du Macédonien. Il est traditionnellement admit qu’en 331, la ville fut pillée et le trésor royal emporté, mais les bâtiments furent laissés intacts, sous la garde d’une garnison de soldats Macédoniens. La suite de l’histoire fait l’objet encore aujourd’hui de nombreuses controverses. Selon les auteurs cités ci-dessus : La chute de Persépolis fut suivie du massacre de ses habitants et du pillage. Puis, Alexandre y laissa une partie de son armée et poursuivit sa route, ne revenant dans la cité que quelque temps après. Lors de cette nouvelle visite, à l’issue d’une journée de beuverie en l’honneur de la victoire, Persépolis fut incendiée sur l’ordre Alexandre.
 


 

Taureau du portique Nord

   C’est là où plusieurs avis divergent sur les raisons ayant motivé cette destruction. Alexandre a-t-il délibérément mis le feu au palais pour venger la destruction des temples d’Athènes par les Perses de Xerxès I (486-465) en 480 ou bien s’agit-il d’un incendie accidentel qui se serait produit pendant une des orgies du Roi Macédonien ?. Plutarque et Diodore de Sicile sont pour la première version. Ils décrivent un Alexandre ivre de vin qui aurait jeté la première torche sur le palais de Xerxès I à l’instigation de Thaïs, la maîtresse de Ptolémée (Roi d’Égypte, 305-282), qui jeta la seconde.
 
   Cette hypothèse pourrait trouver son accréditation par l’intensité des destructions du Tripylon et du Palais Hadish, qui montre que ces bâtiments construits par Xerxès I ont plus souffert de l’incendie que d’autres. Ce qui est certain c’est qu’il n’était pas dans les habitudes d’Alexandre de détruire les villes conquises. Au contraire, on sait qu’il manifesta du respect pour son ennemi vaincu, Darius III (336-330).
 
   C’est pourquoi il est maintenant admis par les historiens que la raison de la destruction de Persépolis est plus vraisemblablement d’ordre politique. Alexandre aurait, contre ses habitudes, accomplit dans la cité un geste d’une haute portée symbolique. Le cœur du pouvoir Achéménide se situant toujours dans les capitales Perses, la décision est donc prise d’incendier le sanctuaire dynastique afin de signifier à la population le changement de pouvoir. Les écrits anciens mentionnent les regrets exprimés plus tard par Alexandre, honteux de son geste.
 
   Pour Pierre Briant "ces regrets impliquent en fait qu’Alexandre, reconnaissant son échec politique, en tirait les conclusions par ce geste". Selon certains auteurs Persans, le palais ne fut pas abandonné immédiatement. La destruction de Persépolis marqua la fin du symbole de la puissance Achéménide. En 316, Persépolis était encore la capitale de la Perse comme une province du grand Empire Macédonien, comme le précise Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30 – Bibliothèque Historique, Livre XIX, 21, 46). La ville dut régresser progressivement au fil du temps, puisqu’elle continua à être utilisée par les dynasties Perses suivantes.


 

Soldats de Persépolis

 
    Au pied de la terrasse se trouve un temple, peut-être construit par les Achéménides et réutilisé par les Séleucides, puis par les Fratadaras (Gardiens du feu). La ville basse fut progressivement abandonnée au profit de sa voisine Istakhr, cinq kilomètres au Nord de Persépolis, à l’époque Parthe Arsacide (141 av.J.C-224 ap.J.C). Aux environs de 200 ap.J.C, on trouve cette ville d’Istakhr comme le siège de la résistance de Gouverneurs locaux et comme le centre de sagesse sacerdotale et orthodoxie.
 
   Le Roi Sassanide, Ardachêr I (224-241) y résidait lorsqu’il se révolta contre les Parthes. Des graffitis, attribuables aux derniers Rois Parthes, ou au début de l’ère Sassanide, montrent que le site resta cependant lié à la monarchie Perse, au moins symboliquement.
 
   En effet, une inscription en Pehlevi relate qu’un fils d’Hormizd I (ou Ormizd, 272-273) ou Hormizd II (302-310) y donna un banquet et y fit procéder à un service cultuel. Persépolis a donc pu continuer à servir de lieu de culte plusieurs siècles. Les Rois Sassanides ont recouvert les façades des rochers d’inscriptions et même les ruines Achéménides. Il semble qu’ils ont aussi construit ou reconstruit dans la cité, mais jamais sur la même échelle de grandeur que leurs prédécesseurs antiques.
 
   Châhpûhr II (ou Sapor ou Shahpur, 309-379) déporta six mille habitants de la ville pour repeupler Nisibe (ou Nisibin ou Nusaybin) qu’il avait détruite. Persépolis servit également de référence architecturale pour certains éléments des constructions Sassanides, tel que pour le palais de Firozâbâd (ou Firouzabad). La destruction totale et l’abandon de la ville ne datent que du début de l’hégire. Persépolis fut ruinée au moment de la conquête arabe, malgré qu’Istakhr offrira une résistance désespérée, elle fut éclipsée par la nouvelle métropole de Chiraz (ou Shirâz).

 

Autre vue du site

Le site archéologique

 
   Les ruines de Persépolis sont maintenant connues sous le nom de Takht-e Jamshid تخت جمشید "Le trône de Jamshid". Ce nom semble provenir d’une interprétation des bas-reliefs, les reliant aux exploits du héros mythique Jamshid. Le site représente la Persépolis prise et en partie détruit par Alexandre le Grand (336-323). D’après les spécialistes, dont Ernst Herzfeld, Persépolis était, semble t’il, destinée uniquement à servir d’apparat dans le cadre des fêtes du Nouvel An (Now Rouz ou Nowruz, le 21 mars) ou les émissaires de tous les peuples soumis à l’Empire Perse apportaient leurs offrandes au pied du Roi.
 
   La construction de Persépolis ne fut jamais réellement terminée et plusieurs bâtiments, dont le palais d’Artaxerxès III (358-338), sont restés inachevés. Des ruines furent mises au jour dans la plaine environnante, ce qui laisse supposer l’existence de constructions d’une "ville basse" au pied de la terrasse. Il est possible que ces bâtiments servaient à abriter des Prêtres et une garnison de soldats.
 
   Les vestiges, y compris les bas-reliefs et sculptures nous fournissent un aperçu des croyances des Perses anciens. Le site est marqué par une grande terrasse de 125 000 m², en partie construite artificiellement et en partie taillée dans la montagne, avec son côté Est en appui sur le Kuh-e Rahmat "la montagne de la Miséricorde". Les trois autres côtés sont formés par des murs de soutènement, qui varient en hauteur avec la pente du terrain, de 5 à 13 m du côté Ouest. Il y a un double escalier, en pente douce, qui mène au sommet, à 20 m au-dessus du sol, il devait être la seule entrée.

 

Plan  de  Persépolis

 

 
   Pour créer le niveau de la terrasse, les dépressions qui étaient présentes ont été remplies avec de la terre et d’énormes rochers. Ce double escalier, connu sous le nom d’escalier de Persépolis, fut construit de façon symétrique sur le côté Ouest de la Grande Muraille, avec 111 marches de 6,90 m de large et 10 centimètres de hauteur. À l’origine ces mesures auraient été pratiquées afin de permettre aux nobles de le monter à cheval. De nouvelles théories proposent qu’elles permettaient aux dignitaires en visite de monter les escaliers, tout en gardant un aspect royal, avec facilité en raison de la faible distance entre chaque marche.
 
   Le sommet de l’escalier conduit à une petite cour du côté Nord-est de la terrasse, en face de la porte des nations. Pour l’assainissement des conduits furent creusés sous terre dans la roche. Un grand réservoir pour le stockage de l’eau fut sculpté à l’Est au pied de la montagne. Le professeur Olmstead a suggéré que cette "citerne" fut construite en même temps que la construction des tours commença. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) écrit que Persépolis avait trois murs de remparts, qui avaient tous des tours pour assurer la protection de la cité.
 

Autre vue du site

   Le premier mur était de 7 m de haut, le deuxième de 14 m et la troisième muraille (la grande muraille) qui faisait le tour de la ville, était de 27 m de hauteur, malheureusement aujourd’hui aucune présence de ces murs n’est visible. Sur la terrasse se trouvent les ruines d’un nombre très important de bâtiments, tous construits en marbre gris foncé. Quinze piliers de la terrasse sont encore intacts, trois autres ont été reconstruits depuis 1970. Plusieurs des bâtiments de la cité ne furent jamais été terminés.
 
   Franz Stolze a démontré que dans certains cas, même les déchets des ouvriers n’ont pas été retirés. Derrière la cité trois sépultures sont creusées dans la roche à flanc de colline. Les façades, dont l’une est incomplète, sont richement décorées avec des reliefs. Il y avait d’autres constructions sur le site dont, le Tachara le palais qui fut construit sous Darius I (522-486), le Trésor Impérial qui fut commencé par Darius I en 510 et terminé par Xerxès I (486-465) en 480. Le palais Hadish de Xerxès I, qui occupe le plus haut niveau de la terrasse. Le Hall du Conseil, le Hall Tryplion, d’autres palais, des entrepôts, des écuries.
 
   À environ 5 km, sur le côté opposé de la rivière Pulvâr, s’élève un mur perpendiculaire dans la roche, dans lequel quatre tombes furent creusées, à une hauteur considérable. Les Perses d’aujourd’hui appellent ce lieu, Naqsh-e-Rostam (ou Naqsh-e Rustam ou Nakshi Rostam نقش رستم  "L’image de Rostam"). Ils tirent ce nom des reliefs sous les ouvertures, qui datent de la période Sassanide (224-637), qui sont une représentation du héros mythique Rostam. Les occupants de ces tombes furent des Rois Achéménides.

 

   Une de ces sépultures est expressément attestée dans une inscription comme étant celle de Darius I. Tombe au sujet de laquelle Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398) rapporte qu’elle était en face d’un rocher et ne pouvait être atteinte que par l’utilisation de cordes. Les trois autres tombes sont supposée être celle de Xerxès I, Artaxerxès I (465-424) et Darius II (423-404). Une cinquième inachevée pourrait être celle d’Artaxerxès IV/Arsès (338-336), qui régna au plus deux ans, mais il est possible qu’elle fut commencée pour Darius III (336-330), dernier des dynastes Achéménides.
 

Les recherches et les fouilles

 
   Les ruines de Persépolis, dont le nom Chehel Minar "les quarante colonnes ou des minarets" peut remonter au XIIIe siècle, sont maintenant connu sous le nom de Takht-e Jamshid تخت جمشید "Le trône de Jamshid". Le premier occidental à visiter le site fut Odoric de Pordenone, qui était un moine voyageur Vénitien. Il fut le premier Européen à mentionner le site. Il est suivi, un siècle plus tard, en 1474, par un autre Vénitien, Josaphat Barbaro. On notera ensuite la visite d’Antonio de Gouveia du Portugal, qui a beaucoup écrit sur les inscriptions cunéiformes après sa visite en 1602. Son premier rapport, la "Jornada", fut publié en 1606.
 


 

Bas-relief, par Eugène Flandin – 1840


 

Persépolis vue par Jean Chardin – 1711

   Puis de 1615 à 1626, le Romain Pietro Della Valle rapporte de Persépolis des copies d’inscriptions cunéiformes qui vont servirent plus tard au déchiffrage de l’écriture. Il est suivi en 1628 et 1629 par les Anglais, Dodmore Cotton et Thomas Herbert, dont le voyage a pour objet l’étude et le déchiffrage des écritures orientales. De 1664 à 1667, la cité est étudiée par les Français, Jean Thévenot et Jean Chardin. Thévenot notera à tort dans son ouvrage "Voyage au Levant", que ces ruines sont pour lui trop petites pour être la résidence des Rois de l’ancienne Perse.
  

  Jean Chardin, par contre, attribue clairement le site à Persépolis. Avec l’aide du dessinateur Guillaume-Joseph Grelot il fera une description remarquable de la ville. En 1694, l’Italien, Giovanni Francesco Gemelli-Carreri, reporte les dimensions de toutes les ruines auxquelles il peut accéder et étudie les inscriptions. En 1704, le Hollandais, Cornelis de Bruijn observe et dessine les ruines, il ne publiera ses travaux qu’en 1711 (1718 pour la traduction Française).
 
   En 1840 et 1841, le peintre Eugène Flandin et l’architecte Pascal Coste, attachés à l’ambassade de France, établissent un relevé topographique de Persépolis. Les premières excavations scientifiques sur le site sont réalisées en 1878 par Motamed-Od Dowleh Farhad Mirza, Gouverneur de Fars. Il fait dégager une partie de la Salle des 100 colonnes. Peu après, les Français Charles Chipiez et Georges Perrot réalisent une exploration très importante du site, grâce à une étude architecturale poussée des ruines et des débris excavés.
 
   Lors de deux missions archéologiques, les archéologues Français, Jane et Marcel Dieulafoy explorent Persépolis dont ils ramènent pour la première fois des documents photographiques et rapportent de nombreuses pièces archéologiques. De 1931 à 1939, des fouilles sont réalisées par les Allemands Ernst Herzfeld, puis Erich Frederich Schmidt. Les fouilles étaient commandées par l’Oriental Institute de l’Université de Chicago. En 1940, le Français André Godard, puis l’Iranien Ali Sami, poursuivent les fouilles pour le compte de l’Iranian Archeological Service (IAS, depuis intégré à l’Organisation de l’héritage culturel d’Iran). Depuis, l’IAS sous la direction d’Ali Tajvidi, dirige des travaux d’excavation et de restauration partielle.


 

Persépolis vue par Charles Chipiez – 1884


 

Colonne de l’Apadana, par
Eugène Flandin -1840

 
   Ces travaux furent en coopération avec les Italiens Guiseppe et Ann Britt Tilia, de l’Instituto Italiano Per il Medio ad Estremo Oriente. Les fouilles ont révélé l’existence de deux autres palais attribués pour l’instant à Artaxerxès I (465-424) et Artaxerxès III (358-338). Cependant toutes les structures de Persépolis n’ont pas encore été fouillées. Il reste deux monticules à l’Est des palais Hadish et Tachara dont les origines ne sont pas encore connues et où les chercheurs ont encore plusieurs années de travaille.
 
   Un programme de protection du site a récemment commencé, visant à limiter les dégradations liées à l’érosion et au passage de visiteurs. Des toitures ont déjà été mises en place protégeant certains éléments comme l’escalier Est de l’Apadana et il est prévu de recouvrir le sol d’un plancher sur les lieux de passage.
 

Les monuments

 

L’apadana
 

           L’Apadana
 
   Darius I (522-486) fit construire le plus grand et le plus célèbre palais de Persépolis. Ce palais fut nommé Apadana du nom de sa grande salle et était utilisé par le Roi pour des manifestations publiques officielles. Les travaux commencèrent en 515 par Darius I et s’achevèrent 30 ans plus tard, sous le règne de son fils Xerxès I (486-465). Le palais avait une grande salle de forme carrée, de 75 m de côté avec 72 colonnes, dont 13 sont encore sur l’énorme plate-forme. Cette salle appelée Apadana était en fait la grande salle d’audience où le souverain recevait ses vassaux.
 
   Chaque colonne de plus de 19 m de hauteur était surmontée d’un chapiteau en forme de griffons, de taureaux ou de lions adossés. Les colonnes portaient le poids du grand et lourd plafond. Les colonnes furent jointe les unes aux autres a l’aide de poutres de cèdre et qui furent importés du Liban. Les murs de l’Apadana étaient recouverts d’une couche de boue et de stuc d’une épaisseur de 5 cm, stuc que l’on trouve dans tout le palais.
 


 

Reconstitution de l’Apadana

   Ils étaient décorés de vernissés et avec des représentations de lions, de taureaux ou de fleurs. À l’Ouest, au Nord et à l’Est, de part et d’autre du palais, s’ouvrait une véranda rectangulaire qui avait deux rangées de six colonnes. Au Sud, le quatrième côté, se trouvaient une série de chambres annexes construites pour le stockage. Pour éviter que le toit s’érode par la pluie des drains verticaux furent construits dans les murs. Aux quatre angles de l’Apadana, quatre tours tournées vers l’extérieur, furent érigées.
 
   Darius I ordonna que son nom et les détails sur son Empire soit écrits en or et argent sur des plaques et de les placer dans les fondations, sous les quatre coins du palais. Deux escaliers symétriques furent construits au Nord à l’Est de part et d’autre de l’Apadana pour compenser une différence de niveau. L’escalier Nord fut achevé au cours du règne de Darius I, mais l’autre escalier fut réalisé beaucoup plus tard. Il y avait également deux autres escaliers au milieu du bâtiment. Ils possédaient des bas-reliefs avec des représentations des gardes royaux, les Immortels.
 

La porte des nations

 

  La porte des nations

 
   La porte des nations, ce nom se référant aux sujets de l’Empire, fut construite par Xerxès I (486-465) en 475. Elle forme une grande salle (ou hall) carrée, de près de 25 m², à quatre colonnes dont deux sont encore visibles aujourd’hui, avec des ouvertures sur trois côtés. Les colonnes de 18,30 m de haut, symbolisent des palmiers et leur sommet sculpté représente des feuilles de palme stylisées. Son entrée se trouvait sur le mur Ouest et des bancs de marbre longeaient les murs du hall qui était couvert à l’origine.
 
   La porte Sud de la porte des nations permet de gagner directement l’Apadana, tandis que la porte Est donne sur une large allée qui mène à une seconde porte monumentale, restée inachevée et à la salle des cent colonnes. Des traces aux coins indiquent que les portes possédaient un système pour les faire pivoter. Elles étaient probablement en bois et recouvertes de feuilles de métal précieux.
 
  Les portes Est et Ouest sont flanquées chacune d’une paires de gigantesques Lamassus debout (Sculptures de taureaux ou de taureaux ailés à tête d’homme barbu) de 5,50 m de haut, fortement influencés par l’art Assyrien, afin de refléter le pouvoir de l’Empire. En Assyrie, cependant, les taureaux sont dotés de cinq pates au lieu de quatre à Persépolis. Ils portent la tiare royale des vieux Princes de Chaldée qui est une toque couronnée d’un rang de plumes. Le nom de Xerxès I fut écrit en trois langues et gravé sur les entrées afin d’informer tout le monde que c’est lui qui ordonna ces constructions.
 


 

Reconstitution de la porte des nations

Les escaliers

 
         L’escalier central
 
   Un escalier monumental symétrique à deux volées divergentes permet d’accéder à la façade Ouest de la terrasse de l’Apadana. Cet escalier principal, ou escalier de Persépolis, est sans aucun doute l’une des œuvres d’art les plus remarquables de l’époque Achéménide. Ajouté par Xerxès I (486-465), cet accès remplace l’accès initial qui se faisait par le Sud de la terrasse et devint alors la seule entrée importante.
 
   Il fut entièrement décoré de bas-reliefs, très bien conservés, qui représentent le cadre des fêtes du Nouvel An (Now Rouz ou Nowruz, le 21 mars), ou les émissaires de tous les peuples soumis à l’Empire Perse apportaient leurs offrandes au pied du Roi et où toutes les satrapies sont représentées. Ce double escalier, en pente douce, mène au sommet, à 20 m au-dessus du sol.
 


 

Détail d’une partie de l’escalier

   Il fut construit de façon symétrique, avec des blocs massifs de pierre taillées et chevillées, sur le côté Ouest de la grande muraille. Il possède 111 marches de 6,90 m de large et 31 centimètres de profondeur pour une hauteur de 10 centimètres. À l’origine ces mesures auraient été pratiquées afin de permettre aux nobles de le monter à cheval. De nouvelles théories proposent qu’elles permettaient aux dignitaires en visite de monter les escaliers, tout en gardant un aspect royal, avec facilité en raison de la faible distance entre chaque marche. Au centre, entre les rampes de l’escalier se tiennent huit gardes, en deux groupes affrontés. Au-dessus d’eux est représenté le symbole du Dieu Ahura-Mazda, un disque solaire ailé et de chaque côté, une même scène d’un lion attaquant un taureau.
 


 

Détails de l’escalier Est

L’escalier Est

 
   Il est recouvert par les débris du toit incendié de l’Apadana et fut remarquablement préservé. Il se divise en trois panneaux (Nord, central, et Sud). Le panneau Nord montre la réception de Perses et de Mèdes. Le panneau Sud montre la réception de personnages provenant des nations assujetties. L’escalier comporte de multiples symboles de fertilité : Germes et fleurs de grenade ou arbres et graines. Les panneaux portent des inscriptions indiquant que ce fut Darius I (522-486) qui construisit le palais et que Xerxès I (486-465) le compléta et demanda à Ahura-Mazda de protéger le pays de la famine et des tremblements de terre.
 
   Initialement polychromes, les frises qui l’orne répondaient aux impératifs fixés par le souverain. Le panneau Sud qui représente l’arrivée des délégations provenant de vingt-trois nations assujetties est remarquable. Cependant, l’identification exacte des tributaires qui y sont représentés est difficile en l’absence d’inscription. On se base généralement pour la reconstitution sur le costume des personnages, les objets et animaux amenés en tribut.
 
   Les vingt-trois délégations, d’après Dutz, Stierlin et Briant, sont par ordre : Les Mèdes qui apportent des vêtements, des bracelets ou des torques, un glaive, des pots, de la vaisselle et des chevaux. Les Susiens apportent une lionne et ses lionceaux, des glaives et des arcs. Les Arméniens apportent un étalon et un vase à deux anses. Les Ariens apportent une peau de léopard, des pots et un chameau. Les Babyloniens apportent des vêtements, de la vaisselle, un taureau. Les Lydiens apportent de la vaisselle, des vases à gros goderons, de bronze ou d’argent, des bracelets, un char et chevaux. Les Arachosiens apportent des vases et un chameau. Les Assyriens (ou Ciliciens) apportent deux béliers, des peaux, un vêtement, des coupes et des vases. Les Cappadociens apportent des vêtements et un cheval.


 

Les 3 registres du panneau Nord de l’escalier Est

 
   Les Égyptiens apportent des vêtements et un taureau. Les Scythes Sakas apportent de la vaisselle, des bracelets à fermoirs et un cheval. Les Ioniens apportent des tissus et de la vaisselle. Les Parthes apportent des vases et un chameau. Les Gandhariens apportent un bouclier, des lances et un buffle. Les Bactriens apportent un chameau et des vases. Les Sagartiens apportent des vêtements et un cheval. Les Sogdiens apportent un cheval, des haches, des objets pouvant être des torques et un glaive. Les Indiens apportent des haches, des paniers de provisions et un âne.
 
   Les Thraces (ou Scythes Européens) apportent des boucliers et un cheval. Les arabes apportent un dromadaire. Les Drangiens apportent un bouclier et un bœuf. Les Somalis (ou Lydiens), l’origine de cette délégation est controversée, apportent un bouquetin, un charriot et deux chevaux. Enfin les Nubiens (ou Éthiopiens ou Abyssiniens, il s’agit de sujets négroïdes) apportent un okapi ou une girafe, des défenses d’éléphant et un vase.
 


 

Escalier Nord

L’escalier Nord :

 
    Il fut ajouté par Xerxès I (486-465) afin de faciliter l’accès à l’Apadana à partir de la porte des nations. Les reliefs de cet escalier déclinent les mêmes thèmes que ceux de l’escalier Est, mais sont plus dégradés. Le panneau central montrait initialement les Rois Xerxès I et Darius I (522-486) et un officiel. Ce dernier pourrait être un Ganzabara, le Gouverneur du Trésor, ou un Chiliarque (Officier commandant la garde). Ce relief fut par la suite déplacé au Trésor et fut remplacé par un autre montrant huit gardes.
 

La Salle des Cent colonnes  ou  Salle du trône

 
   La plus grande salle de Persépolis est celle dite des : Cent colonnes ou salle du Trône ou encore quelque fois, palais des 100 colonnes. C’est le deuxième plus grand bâtiment de la terrasse. Les travaux de construction de cette salle au carré de 70 m x 70 m furent commencés par Xerxès I (486-465) et ce fut son fils Artaxerxès I (465-424) qui les achèvera. C’était la salle d’honneur de la garde impériale et il est probable qu’une importante cérémonie s’y déroulait. Ses huit portes de pierre sont décorées : Sur le Sud et le Nord avec des reliefs de scènes du trône. À l’Est et l’Ouest avec des scènes représentant le Roi dans des combats avec des monstres. Le portique Nord de l’édifice est flanqué de deux taureaux en pierre colossale.
 


 
Salle des 100 colonnes

 
Détail du relief Sud

 
   Il donnait sur une vaste place de 4 000 m² derrière laquelle se trouve une porte monumentale restée inachevée. À cet endroit aboutit l’avenue qui part de la porte des nations. Au début du règne de Xerxès I la salle du trône fut utilisée principalement pour des réceptions pour les commandants militaires et les représentants de toutes les nations assujetties de l’Empire. Elle faisait aussi peut-être office d’entrepôt des tributs. Après avoir défilé dans la grande place, les porteurs de tribut auraient déposé leurs présents aux pieds du Roi, assis dans la salle. Plus tard, la salle du trône fut utilisée comme un musée impérial.
 

Les palais

 
            Le Tachara
 
   Le palais de Darius I (522-486) est aussi appelé le Tachara. Achevé par Xerxès I (486-465), ce bâtiment fut construit sur un plan carré de 60,50 m de côté. Il est composé d’une salle centrale à 72 colonnes de 20 m de haut dont 13 sont encore debout entourée de chambres plus petites. La salle centrale est parfois appelée "salle des miroirs" en raison de la surface polie de ses pierres. C’est une grande salle hypostyle de forme carrée, comporte 36 colonnes ordonnées en six rangées. Elle est entourée à l’Ouest, au Nord et à l’Est, par trois portiques rectangulaires portés chacun par douze colonnes ordonnées en deux rangées. Ils sont décorées de grands bas-reliefs du Roi combattant un lion, un taureau et une chimère, ainsi que de serviteurs apportant divers objets. Les escaliers Ouest et Sud du palais sont ornés de bas-reliefs de gardes et de vassaux avec leurs offrandes. La partie Sud consiste en une série de petites salles et son escalier permet d’accéder au palais inachevé d’Artaxerxès III (358-338) et au palais de Xerxès I (486-465), le Hadish.
 


 
Le Palais de Darius I, le Tachara

 
Reconstitution du palais par Charles Chipiez – 1884

 
   Les coins étaient occupés par quatre tours. Le plafond était soutenu par des poutres reposant sur des protomés de taureaux et de lions. Les poutres étaient en chêne, en ébène et en cèdre du Liban. L’ensemble était richement peint comme en attestent les multiples traces de pigments retrouvées sur les bases des escaliers, sur celles de certaines colonnes et sur les bas-reliefs des portes. Ceux-ci représentent le Roi suivi de serviteurs portant des parasols, des flacons et des encensoirs. Couverts d’une couche de stuc, les murs étaient ornés de tentures brodées d’or, carrelés de céramiques et décorés de peintures représentant des lions, des taureaux, des fleurs et des plantes.
 
   Les portes de bois et les poutres portaient également des plaques d’or, des inclusions d’ivoire et de métaux précieux. Depuis le Hadish on accède au "harem", construit par Xerxès I qui resta inachevé. En fait la fonction exacte de ce bâtiment n’est pas claire, il s’agissait peut-être d’entrepôt pour la trésorerie. Selon l’archéologue David Stronach, la configuration du palais répond à deux fonctions principales. Ses dimensions autorisent la réception de 10.000 personnes, ce qui assure une audience importante au Roi et sa surélévation lui permet d’observer les cérémonies et les parades se tenant dans la plaine.

 

Reconstitution du Palais

 

              Le Hadish
 
   Le Hadish fut le palais de Xerxès I (486-465). Il se trouve au Sud du Tripylon (ou hall d’audience de Xerxès I ou palais central) et il est bâti sur un plan similaire au Tachara de Darius I (522-486) mais deux fois plus grand. L’attribution à Xerxès I est certaine puisque celui-ci fit graver son nom et sa titulature pas moins de quatorze fois. L’accès du palais se faisait par un escalier monumental à l’Est, à double volées divergentes et un escalier plus petit à volées convergentes à l’Ouest.

 

   Les deux présentent le même décor que l’escalier Sud du Tachara : Des taureaux et des lions, des gardes Perses, un disque ailé et un sphinx. Il comportait un hall central avec 36 colonnes de pierre et de bois dont il ne reste plus rien.
 
   Le hall est entouré à l’Ouest et à l’Est par des petites chambres et des couloirs, dont les portes sont parées de reliefs sculptés. On y voit des processions royales représentant Xerxès I accompagné de serviteurs qui l’abritent sous une ombrelle. La partie Sud du palais est composée d’appartements dont la fonction est encore aujourd’hui très controversée. Certains spécialistes pensent qu’ils servaient à la Reine, d’autres les considèrent plutôt comme des magasins, ou annexes du Trésor. Hadish est un mot en vieux Persan figurant sur une inscription trilingue en quatre exemplaires, sur le portique et l’escalier, il signifie "palais". C’est l’usage des archéologues de nommer ce palais Hadish, le nom original n’étant pas connu.

 

Pierres taillées représentant des cornes

 

Autres constructions attestées comme palais

 
   Un palais semble avoir été construit dans l’angle Sud-ouest de la terrasse, qui est attribué à Artaxerxès I (465-424). Les ruines que l’on peut observer ne correspondent pas à ce palais, mais à une construction résidentielle post-Achéménide. Des sculptures représentant des cornes ont été disposées près du mur de la terrasse, dont on ne connaît pas la fonction. Elles ont été retrouvées enterrées au pied de la terrasse.
 
   Une autre structure, ou palais ("G") inachevé, se trouve au Nord du Hadish, qui correspond également à une construction post-Achéménide. Il semble qu’elle ait été réalisée sur l’emplacement d’une structure détruite qui pourrait être le palais d’Artaxerxès III (358-338). De même, des restes d’une construction, peut-être encore un palais inachevé, appelée palais "D" ont été retrouvés à l’Est du Hadish. Comme les précédentes, cette construction postérieure à la dynastie Achéménide a réutilisé des débris et des ornements provenant des ruines de la terrasse.
 

Les Tombeaux

 
   Situées à quelques dizaines de mètres au-dessus de la terrasse, deux tombes creusées dans la roche du Kuh-e Rahmat "la montagne de la Miséricorde" dominent le site. Ces tombes sont attribuées à Artaxerxès II (404-359) et Artaxerxès III (358-338). Ces tombeaux, de même forme que ceux de Naqsh-e-Rostam (ou Naqsh-e Rustam ou Nakshi Rostam), sont décorés sur la façade extérieure de bas-reliefs et entourés de sculptures à colonnades représentant des façades de palais, surplombées de gravures. Sur les bas-reliefs le Roi est représenté soutenu par les 28 nations vaincues, devant un autel du feu sacré. Au dessus de lui sont représentés les symboles ailés du Dieu Ahura-Mazda, la lune et le soleil. Un mur présente une inscription en trois langues qui rappelle que Darius I (522-486) donna une descendance et qu’il construisit la cité Persépolis. Les inscriptions donnent aussi une liste détaillée de ses biens. Tout au Sud de la terrasse, un troisième tombeau, qui est attribué à Darius III (336-330) est resté inachevé et est en cours de restauration.
 

Le tombeau d’Artaxerxès III

 

   Certains spécialistes attribuent ce tombeau à Artaxerxès IV Arsès (338-336). Pour les autres Rois de la dynastie, il est communément admis que Cyrus II le Grand (559-529) fut enterré à Pasargades et s’il y a quelques vérités dans les écrits de l’époque, le lieu d’enfouissement de Cambyse II (529-522) doit être recherchée quelque part à côté de celui de son père. Ctésias de Cnide (Médecin Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398) suppose que c’était la coutume pour un Roi de préparer sa propre tombe au cours de sa vie.
 
   D’où les Rois dont on est pratiquement sur qu’ils sont enterrés à Naqsh-e-Rostam : Darius I (522-486), Xerxès I (486-465), Artaxerxès I (465-424) et Darius II (423-404). Xerxès II (424), qui a régné pendant un laps de temps très court, ne pouvaient de ce fait obtenir un splendide monument et encore moins l’usurpateur Sogdianos (ou Sekyndianos ou Sogdyậna, 424-423). Un autre petit groupe de ruines dans le même style, peut-être des restes de sépultures post-Achéménides, se trouve au Nord de la terrasse, au village de Hajjiäbäd, sur la rivière Pulvâr à une bonne heure de marche au-dessus du site de Takht-e Jamshid (Persépolis). Il semble former un seul bâtiment, qui était encore intact il y a 900 ans et qui fut utilisé comme mosquée de la ville.
 


 

Allée des processions

L’allée des processions

 
   L’allée des processions longe d’Ouest en Est la partie Nord de la terrasse. Elle mène de la porte des nations à la porte inachevée, aussi appelée le palais inachevé. Elle est nommée ainsi car sa construction tardive n’était pas terminée lors de la destruction du site par Alexandre le Grand (336-323) en 331. Cette porte se trouve à l’angle Nord-est de la Terrasse et compte quatre colonnes. Elle débouche sur une cour qui ouvre sur la salle des 100 colonnes. Un double mur bordait l’allée sur ses deux côtés, protégeant l’Apadana et les palais privés des regards.
 
   Sur toute sa longueur elle comprenait des salles de garde et des réserves. Seules les parties basses de ces murs sont encore debout aujourd’hui. Quelques spécialistes avancent qu’ils atteignaient la hauteur des statues de Lamassus de la porte des nations. Dans une alcôve sur un côté de l’allée, on peut observer deux têtes de griffons partiellement restaurées qui semblent n’avoir jamais été montées sur des colonnes. Elles peuvent avoir été destinées à une construction ultérieure.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
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Iran – La Perse de Cyrus à Alexandre : Suse, Babylone, Ecbatane, Pasargades, Persépolis et ses merveilles, Faton, Dijon, 1997.
Elton L.Daniel :
The history of Iran, CT: Greenwood Press, Westport, 2001-2005.
Werner F.Dutz et Sylvia A.Matheson :
Parsa (Persepolis) Archaelogical sites in Fars (I), Yavassoli Publications, Téhéran 1998.
André Godard
Persépolis, Institut franco-iranien, Téhéran, 1950.
Persépolis, Le Tatchara, Paul Geuthner, Paris, 1951.
Gerd Gropp :
Observations dans Persépolis, Communications archéologiques en provenance de l’Iran 4  (Sonderdruck), Publié de l’institut départementale archéologique Allemande de Téhéran, éd. Dietrich Reimer, Berlin, 1971.
Aziz Hatami :
Persepolis, Pasargade and Naghsh-e-Rustam, General Dept. of Publications and Broadcasting, Téhéran, 1955.
Cédric Hervan et Jacques Martin :
Persépolis, Les voyages d’Alix, Tournai, 2003 – Casterman, Paris, 2003.
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Rapport sur l’état actuel des ruines de Persépolis et propositions pour leur conservation, Berlin, D. Reimer, 1928.
Philip Huyse :  
La Perse antique, Éditions Les Belles Lettres, Guide des Civilisations, Paris, 2005.
Heidemarie Koch :
Persepolis : Hauptstadt des achämenidischen Grossreichs, Farhangsara-Yassavoli, Téhéran, 1997.
Persepolis : Glänzende Hauptstadt des Perserreichs, Philipp Von Zabern, Mainz, 2001.
Ali Reza Nazmjoo :
Persepolis : Monuments historiques du Fârs : Pasargades, Naqch-é-Rostam et Naqch-é Radjab Yassavoli, Téhéran, 2004.
Theodor Nöldeke et Friedrich Carl Andreas :
Persepolis; die achaemenidischen und sasanidischen denkmäler und inschriften von Persepolis, Istakhr, Pasargadae, Shâkpûr, Ahser & Co., Berlin, 1882.
Arthur Upham Pope :
A survey of Persian art from prehistoric times to the present, Charles Scribner’s Sons, New York, 1931.
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Heleen Sancisi-Weerdenburg :
Persepolis en Pasargadae in wisselend Perspectief : Iraanse oudheden beschreven en getekend door europese reizigers, Universiteitsbibliotheek, Groningen, 1989 – Vooraziatisch-Egyptisch genootschap, Leyden, 1989.
Sebastiano Soldi :
Persépolis : La ville secrète, Eyrolles, Paris, 2010.
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Persépolis : Iran, Hachette, Paris, Atelier du livre et de la presse, 1981.
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Splendeurs de l’Empire Perse, Gründ, Paris, 2006.
Gerold Walser :
Persépolis : La cité royale de Darius, Office du livre, Fribourg, 1981.
Donald Newton Wilber :
Persepolis : The archaeology of Parsa, seat of the Persian kings (Rev. ed.), Darwin Press, Princeton, 1989.
Erich Freidrich Schmidt :
Persepolis, University of Chicago Press, Chicago, 1957.

 

Filmographie

 
Persepolis, Réalisation : Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud,  DVD vidéo : PAL, Éditeur : Diaphana, Paris, 2007 – SAV Editora, Barcelone, 2008.
Persepolis, Réalisation : Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi, Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux et Simon Abkarian, DVD vidéo : PAL, Éditeur : NMC, 2007.
Persepolis, Réalisation : Xavier Rigault, Marc-Antoine Robert, Vincent Paronnaud, Marjane Satrapi et Chiara Mastroianni, DVD vidéo : PAL, Éditeur : Celluloid Dreams, France 3 cinéma, Centre national de la cinématographie, Sony Pictures Classics, Optimum Releasing etc.. 2008.
Royaumes disparus, Réalisation : Chris Lent, Olivier Julien, Ricardo Pollack et Philip Day,  DVD vidéo : PAL, Éditeur : Arte Vidéo, 2005.
 
 
  Voir aussi :
  Le site de la reconstitution virtuelle de Persépolis

 

 

 
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