Autres  Royaumes  et  Villes :
Lesbos   et  
Mytilène
 

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Sommaire
 

Localisation et généralités
L’histoire
Sappho
Théophraste
Alcée
Méthymne
Mytilène
Bibliographie

 

Statue d’Artémis trouvée à Lesbos
– Musée d’Istanbul – IIe siècle

 

Localisation  et  généralités

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   Lesbos (En Grec : Λέσβος Lésvos) est une île de la mer Égée au large des côtes Nord-est d’Asie Mineure (Turquie) et plus particulièrement de l’Éolide. L’île aurait eu plusieurs noms, qui nous sont rapportés par Pline l’Ancien (Auteur et naturaliste Romain, 23-79) et Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) qui sont :
• Pelasgia, parce que ses premiers occupants seraient les Pélasges.
• Macaria (ou Mascar) qui viendrait de Macarée fils d’Éole,
• Issa qui viendrait d’Issus fils de Macarée,
• Lesbos qui viendrait de Lesbus, petit-fils d’Æole, gendre de Macarée ou devrait son nom à la poétesse Sappho.
 
   Lesbos était la septième plus grande île de la mer Égée et elle aurait été colonisée par le fils d’Agamemnon dont la colonie devint la plus puissante de l’Éolide. Les principaux centres de l’île étaient Mytilène, Méthymne (ou Methymna ou Mithymna), Eresus et Pyrrha 
 
   Les poètes : Alcée (v.640-v.600) et son frère Antiménidas ; Anacréon (v.550-464) ; Arion (VIIe siècle av.J.C) ; Asclépiade (IIIe Siècle ap.J.C) ; Sappho (ou Sappho, v.630/612-v.570 av.J.C) ; Théophraste (ou Tyrtamos ou Tyrtame, 372-287) et Terpandre (v.700-v.650) ; le rhétoricien Diophanes et l’historien Théophane contemporain du Romain Pompée (106-48) naquirent à Lesbos. Strabon ajoute à cette liste, l’historien Hellanicus (495-411).
 
   Anacréon (Poète lyrique Grec, v.550-v.464), fait allusion à Lesbos d’une façon qui suggère qu’elle était réputée pour ses pratiques homosexuelles féminines. Lesbos fut aussi connue dans le monde antique pour l’excellente qualité ses vins et de son bois de construction pour les navires. Pour son marbre bleu clair très estimé, qui ornait de nombreux édifices et servait aussi à la fabrication des vases et bien évidemment elle était particulièrement célèbre pour son intense activité culturelle.
 
   Elle fut le berceau des principaux représentants de la poésie lyrique Grecque archaïque. À cette époque, les principaux centres de création et de diffusion de la culture étaient des “cercles culturels” où les poètes et écrivains, tous issus de familles riches, se réunissaient pour discuter de thèmes communs et exprimer librement leur créativité, appelés hétairies (ceux fréquentés par hommes) ou Tìasi (ceux fréquentés par les femmes).

 

L’histoire…..

 
   Lesbos, selon certains spécialistes, aurait été colonisée par les Éoliens dès le IIe millénaire. Selon Alberto Bernabé Pajares, elle est mentionnée dans les inscriptions Hittites sous le nom de Lazpa. Dès le début de son histoire l’île fut partagée en plusieurs cités rivales (Elle compta jusqu’à neuf villes importantes), dont Mytilène, nom souvent donné à l’ensemble de l’île, qui fut fondée au XIe siècle par Pentílidas (ou Penthilos ou Penthilus) prétendument arrivé de Thessalie ; Méthymne (ou Methymna ou Mithymna) et Pyrrha. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) prétend également que Pentílidas (ou Penthilos ou Penthilus), fils d’Oreste, fut celui qui s’empara de l’île. Ce fut Mytilène qui finit par l’emporter et ranger les autres villes sous son autorité.
 
   L’histoire de l’île se confond alors avec celle de sa capitale, qui était l’un des centres de la population Éolienne. Lesbos absorba par la suite le petit royaume de Lemnos. L’île, plus particulièrement Méthymne et Mytilène, fut membre de la Ligue de Délos (477-404) et selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395) pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), Lesbos (Sauf Méthymne) abandonna le camp des Athéniens ce qui lui valut, en 428, d’être châtiée fermement.

 
Les 7 sages
 

▪ Thalès de Milet
▪ Bias de Priène
Solon d’Athènes
▪ Chilon de Sparte
Périandre Corinthe
Pittacos de Mytilène 
▪ Cléobule de Rhodes

 

 
   Comme beaucoup de cités-États Grecques, Lesbos fut dirigée depuis Mytilène, par des Tyrans : Mélandros (ou Mélanchros, 612 à 608) qui fut assassiné, puis Myrsilos (ou Myrsilé, 608 à 595). Ils se succédèrent de coup d’État en coup d’État. Comme le précise Steven Jackson, Alcée prit part à un de ceux-ci, qui eut pour but de renverser la tyrannie de Myrsilos, mais les conspirateurs échouèrent et Alcée fut obligé de se retirer à Pyrrha. Puis il quitta Lesbos et se rendit en Thrace. À la mort de Myrsilos, Alcée composa ses vers les plus connus, par lesquels il célébrait la mort du Tyran. Suivit la tyrannie de Pittacos (ou Pittagos ou Pittacus, 595 à 585), fils d’Hyrradios, qui avait pris part lui aussi au coup d’État contre Myrsilos.
 
   Son "règne" ne dura qu’une dizaine d’années, mais pendant cette période, il rétablit la paix et réorganisa l’État. Il mit fin aux privilèges de l’aristocratie et permit à Sappho, Alcée et ses frères de revenir à Lesbos. Nous avons peu d’informations avérées sur cet homme politique, qui fut l’un des Sept Sages, car beaucoup de légendes entourent son nom. Il abdiqua volontairement et vécut encore dix ans. Les Mytiléniens lui donnèrent une terre, qu’il consacra aux Dieux et qui porte maintenant son nom.
 
   Plus tard un éphémère Tyran, Aristonicos (ou Aristonikos, 334 à 333) de Méthymne, fut installé à la tête de la cité par Memnon de Rhodes (v.380-333) favorable aux Perses Achéménides et hostile à Alexandre le Grand (336-323). Il fut fait prisonnier à Chios. Le Général Macédonien Hégélochos (ou Hegéloco) conquit l’île vers 331 pour Alexandre qui resta Macédonienne jusqu’en 167. Date où elle signa un traité avec les Romains. En 89 av.J.C, lors de la Première Guerre de Mithridate (89/80-85) contre les Romains, toutes les cités de l’île capitulèrent et se rangèrent en faveur du Roi du Pont. les Romains prirent l’île en 88 et s’y installèrent de façon permanente, détruisant Mytilène, accusée d’avoir dirigé l’alliance Pontique.
 
   La dernière ville fidèle à Mithridate VI fut conquise par Marcus Minucius Thermus, et se distingua dans la bataille un nommé Jules César qui reçut une couronne pour avoir sauvé un soldat. Quelques années plus tard, en 79, Pompée (106-48) à la demande de l’historien Théophane, reconnut une certaine autonomie aux cités de l’île comme villes libres sous domination Romaine. La femme et le fils de Pompée résidèrent à Mytilène jusqu’à la fin de la campagne qui prit fin à Pharsale. En 70 l’Empereur Vespasien (69-79), abolit les privilèges, qui, cependant, furent restaurés en 117 par Hadrien (117-138). Avec la division provinciale de l’Empereur Constantin I (305-337), l’île fut incluse dans la province Insularum.

 


 

Sappho – Claude Ramey – 1801
Musée du Louvre

Sappho

 
   Sappho (ou Sapphô ou Sapho, en Grec : Σαπφώ, en Éolien : Ψάπφω Psappho ou Psapphô ou Psappha), fut une poétesse lyrique (v.630/612-v.570 av.J.C), selon Athénée (Grammairien Grec, v.170-v.225) elle aurait été contemporaine du Roi de Lydie, Alyatte II (610-561). Elle naquit à Mytilène, mais on sait peu de chose sur sa vie. Le personnage de Sappho et la question de sa sexualité ont fait l’objet au cours des siècles de différentes interprétations, souvent liées aux évolutions sociales et culturelles. Elle fut la fille de Scamandre ou selon d’autres sources, d’Euménos, de Scamandronymos ou de Sémos et sa mère s’appelait Cléis. Elle eut trois frères : Larichos l’aîné, Charaxos et Eurygios (ou Érigyios). Elle épousa un riche noble, Cercylas d’Andros (ou Kerkolas) et eut une fille, Cléïs. Il faut signaler que les auteurs anciens et après eux les modernes, ont débattu sur la question de savoir si Sappho fut mariée ou non, car il n’est nulle part fait mention de son époux dans ses poèmes. Elle eut trois "compagnes", Atthis, Mégara et Télésippa et tomba en diffamation pour ses relations avec ces femmes, qu’on qualifia d’impures.
 
   Sappho aurait composé neuf livres de poésie lyrique. Ce sont les philologues Alexandrins qui ont classé ses œuvres telles qu’on les connait aujourd’hui, parfois selon leur sujet. C’est du moins ce que nous pouvons observer dans l’ouvrage de Théodore Reinach publié sous le patronage de l’Association Guillaume Budé. Si Sappho est surtout connue pour sa poésie amoureuse, les fragments découverts au cours du XXe siècle ont révélé quelques vers de nature plus politique. Sa famille appartenait à l’ancienne aristocratie de l’île de Lesbos, celle qui tirait sa richesse de ses possessions terriennes. Plusieurs poèmes de Sappho contiennent des invectives contre des familles appartenant à cette aristocratie, ce qui montre des conflits en son sein. Elle se serait jetée dans la mer du haut du rocher de Leucade, par amour pour Phaon de Mytilène. La même légende, sur sa mort, est attribuée à la Reine Artémise I d’Halicarnasse.

 

Pour plus de détails sur Sappho voir l’article : Sappho – Wikipédia (fr)

 


 

Statue de Théophraste –
Jardin botanique de Palerme

Théophraste

 

   Théophraste (ou Tyrtamos ou Tyrtame, en Grec : Θεόφραστος Théophrastos, 372-287), philosophe et naturaliste, fut surnommé par les Grecs qu’il charmait, Théophrastos "Le divin parleur". Il naquit à Eresos (ou Eressos) et se nommait Tyrtamos de son véritable nom. Il partit dès son jeune âge à Athènes pour étudier et il fut d’abords un disciple de Platon (Philosophe Grec, 427-346). Il se lia d’amitié avec Callisthène (Historien Grec) auquel il dédia, quelques années plus tard, son Callisthène ou De la douleur. Après la mort de Platon, il s’attacha à Aristote (Philosophe Grec, 384-322) qui lui légua ses écrits et en 322, le choisit comme son successeur pour le remplacer lorsqu’il cessa d’enseigner au Lycée. Théophraste garda le poste pendant 35 ans, prenant ainsi la tête de l’école des péripatéticiens (Partisans de la doctrine d’Aristote) qui prospéra considérablement.
 
   Les intérêts de Théophraste furent très variés. Il intervint dans de nombreux domaines comme la poésie, la métaphysique et les sciences ou il poursuivit les travaux d’Hippocrate sur les plantes médicinales et il inventa une classification botanique selon des principes encore en vigueur aujourd’hui. Il est souvent considéré comme le “père de la botanique” pour ses travaux sur les plantes. En philosophie, il étudia la grammaire et la langue et continua l’œuvre d’Aristote sur la logique. Il considérait également l’espace comme le simple arrangement et la position des corps, le temps comme un accident de mouvement et le mouvement comme une conséquence nécessaire de toute activité. Après sa mort, les Athéniens l’honorèrent par des funérailles publiques. Son successeur à la tête de l’école fut Straton de Lampsaque. La plupart des informations biographiques que nous avons de Théophraste ont été fournies par Diogène Laërce Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, écrit plus de quatre cents ans après Théophraste.
 
   Théophraste écrivit près de 240 ouvrages, dont trois seulement nous sont parvenus. Le premier (9 volumes) concerne ses recherches sur la botanique, le deuxième (Causis Plantarum, 6 volumes) est consacré à l’explication des différences entre les espèces et le troisième, philosophique, explique les types humains en 31 caractères ou études morales.

 

Pour plus de détails sur Théophraste voir l’article : Théophraste – Wikipédia (fr)

 


 

Sappho et Alcée,
par Lawrence Alma Tadema – 1881
Walters Art Museum – Baltimore

Alcée

 
  Alcée (En Grec : ‘Aλκαος  Alkaïos, en Latin : Alcaeus) fut un poète lyrique (v. 640 ou 630-v.580) qui naquit à Mytilène. Il fut inclus dans la liste du Canon Alexandrin comme un des neuf poètes lyriques par les savants Hellénistiques d’Alexandrie. Il appartint à une famille noble, les Archéanactides. Il fut contemporain de la poétesse Sappho, pour laquelle il éprouvait un grand amour. Pendant sa jeunesse, sa famille fut activement engagée dans la politique de Mytilène contre les Tyrans régnants. Il s’attira la colère de Myrsilos par ses vers satyriques et il se rangea alors parmi les ennemis de sa cité.
 

   Il prit part à un coup d’État pour renverser le Tyran, mais les conspirateurs échouèrent et Alcée fut obligé de se retirer à Pyrrha. Puis il quitta Lesbos et se rendit en Thrace. À la mort de Myrsilos, après un long exil, pendant lequel il visita l’Égypte, il fut amnistié par Pittacos et revint à Mytilène.
 
   Alcée composa, outre ses vers les plus connus par lesquels il célébrait la mort de Myrsilos, des hymnes, des odes, des chansons et des épigrammes. Horace (Quintus Horatius Flaccus, poète latin, 65-8) et Quintilien (Marcus Fabius Quintilianus, rhéteur et pédagogue latin, v.35-96) firent l’éloge de ses poésies qui se distinguaient par leur verve et leur originalité.
 

Pour plus de détails sur Alcée voir l’article : Alcaeus of Mytilene – Wikipédia (uk)

 


 

Statue d’Anacréon –
Musée du Louvre

Méthymne

 
   Méthymne (ou Molyvos ou Methymna ou Mithymna, en Grec : Μήθυμνα) fut une cité sur la côte Nord de l’île de Lesbos à une soixantaine de kilomètres de Mytilène. Elle fut fondée par les Éoliens vers le Xe siècle av.J.C. Dans la tradition mythologique, la ville tire son nom d’une des filles éponyme Methymna du Roi Macarée (ou Macar ou Macareus le fils d’Hélios). Celle-ci avait pour sœurs Mytilène (Μυτιλήνη), Antissa (Αντισσα), Arisvi (Αρίσβη) et pour frère Eressos (Ερεσσος), qui donnèrent également leur nom à des cités de l’île. Dans le dialecte Éolien, le nom apparaît initialement sous la forme Mathymna (Μάθυμνα) comme en témoignent les inscriptions sur les pièces de monnaie, en revanche, dans le dialecte Ionien-attique, le nom apparaît sous la forme Méthymne (Μήθυμνα), qui finit par s’imposer dans tout le monde Grec.
 
   On sait très peu de chose sur la ville à l’époque archaïque. Quelques sources datant de la fin du VIIe siècle av.J.C, suggèrent qu’elle était déjà une ville importante avec des contacts de grande envergure à travers le monde Grec de cette époque. Elle tomba ensuite sous la domination des Perses Achéménides et participa à la révolte de l’Ionie. Elle fut obligée, comme toutes les cités Ioniennes, de fournir des navires de guerre au Roi Perse, Darius I (522-486), puis à Xerxès I (486-465) au cours des Guerres Médiques (499-479). Elle fit partie avec Mytilène de la Ligue de Délos (477-404), mais en 429, elle refusa l’alliance avec Sparte et ne se révolta pas contre Athènes. La cité fut ainsi épargnée, en 428, lors des terribles représailles Athéniennes. Vers 334, Memnon de Rhodes (v.380-333), favorable aux Perses, en lutte contre Alexandre le Grand (336-323), installa à la tête de la cité le Tyran, Aristonicos (334-333). Ce dernier fut fait prisonnier à Chios et Méthymne se rallia à Alexandre. À partir du milieu du IVe siècle av.J.C elle commença à décliner et allait disparaître progressivement de l’histoire. En 295 elle frappa des drachmes d’argent pour le Roi de Thrace, Lysimaque (322-281), indiquant que la ville faisait partie de son royaume à cette époque.
 
   Vers 250 Méthymne tomba sous l’emprise des Ptolémée d’Égypte. Au cours de cette période, un festival en l’honneur de ses Rois, la Ptolemaia, fut institué, et les documents publics produits par la ville furent datés par les années de règne de ceux-ci. Le culte de Sérapis, un culte Égyptien introduit par les Ptolémée, a probablement été également introduit dans la ville à cette époque, et resta important pendant plusieurs siècles. En 154 av.J.C elle est mentionnée dans un traité entre Rome, Pergame et la Bithynie, où elle fut récompensée par Rome pour sa fidélité. En 129, une inscription montre que la ville forma une alliance formelle avec Rome. Méthymne gagna une réputation particulière parmi les Romains pour sa viticulture au cours de la période impériale. Virgile (ou Publius Vergilius Maro, poète latin, 70-19 av.J.C) parle des vignes de la cité comme les meilleures et les plus nombreuses sur l’île. La cité fut la patrie des poètes et musiciens : Arion de Molyvos (VIIe siècle av.J.C) et Asclépiade (IIIe Siècle ap.J.C).
 

Pour plus de détails sur Méthymne voir l’article : Methymna – Wikipédia (uk)

 


 

Vue du site de Mytilène

Mytilène

 
   Mytilène (ou Metelino, en Grec : Μυτιλήνη  Mytilíni, en Turc : Midilli, en Latin : Mytilenae, aujourd’hui Metelin), nom souvent donné à l’ensemble de l’île, fut fondée par les Éoliens venus de Thessalie et de Béotie au XIe siècle. Plus précisément par Pentílidas (ou Penthilos). Elle fut la principale ville de Lesbos. Elle participa de manière importante à la colonisation Grecque, en particulier vers la Troade, l’Hellespont et la Thrace. Elle vit également une partie de sa population s’installer à Naucratis, ville du Delta du Nil en Égypte. Dès le VIIe siècle av.J.C elle devint le centre de la prospérité de l’arrière pays Est de l’île. Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) dit que Mytilène était "La plus grande de son temps" et Cicéron (Homme d’État et auteur Romain, 106-43) et Vitruve (Architecte Romain, v.90-v.20) ne parlent que de son faste et sa beauté.
 
   Les fouilles archéologiques à Mytilène ont commencé à la fin du XIXe siècle, lorsque Robert Koldewey et un groupe de collègues Allemands ont passé plusieurs mois sur l’île à établir des plans des vestiges visibles à divers endroits, comme à Mytilène. Les fouilles importantes, cependant, ne semblent avoir commencées qu’après la Première Guerre Mondiale, quand au milieu des années 1920 ont découvrit une grande partie du théâtre sur la colline, côté Ouest de la ville. Des travaux ultérieurs dans les années 1950, 1960 et 1970 par divers archéologues ont révélé de plus amples parties de ce théâtre. Des fouilles de sauvetage menées par le service archéologique dans de nombreux quartiers de la ville ont révélé des sites datant de l’âge du bronze, mais la plupart ont été daté de beaucoup plus tard (Hellénistique et Romain). Un grand portique de plus de 100 m. de long est particulièrement significatif de cette époque. Les fouilles archéologiques effectuées entre 1984 et 1994 dans le château médiéval de Mytilène par l’University of British Columbia et dirigés par Caroline et Hector Williams ont révélé un sanctuaire inconnu auparavant dédié à Déméter. Le sanctuaire de Déméter comprenait cinq autels de sacrifices et fut plus tard dédié également à Cybèle, la grande Déesse Mère de l’Anatolie.


 

Buste de Pittacos, copie
Romaine d’un original Grec
– Musée du Louvre

 
   Ses citoyens les plus célèbres furent les poètes Sappho et Alcée et l’homme d’État Pittacos (l’un des Sept Sages de la Grèce antique). La ville fut célèbre pour sa frappe de monnaie en électrum à partir de la fin du VIe jusqu’au mi IVe siècles. Elle fut dominée par deux clans aristocratiques : Les Penthilides, descendants du légendaire Roi Pentílidas (ou Penthilos) et les Cléanactides. Au VIIe siècle av.J.C, de 612 à 608, elle passa sous la domination d’un Tyran, Mélandros (ou Mélanchros, 612 à 608), qui fut assassiné, puis Myrsilos (ou Myrsilé, 608 à 595). Ils se succédèrent de coup d’État en coup d’État. Comme le précise Steven Jackson, Alcée prit part à un de ceux-ci, qui eut pour but de renverser la tyrannie de Myrsilos, mais les conspirateurs échouèrent et Alcée fut obligé de se retirer à Pyrrha.
 
   Suivit la tyrannie de Pittacos (ou Pittagos ou Pittacus, en Grec : Μυτιληναος de Πιττακς ou Πιττακς de Λέσβιος 595 à 585), un des Sept Sages. Il fut le fils d’Hyrradios (ou Hyrradius) qui avait pris part lui aussi au coup d’État contre Myrsilos. Selon certains spécialistes il naquit vers 651/650. Pittacos fut victorieux dans une bataille contre les Athéniens et leur Général Phrynon. La légende raconte que lorsque ceux-ci étaient sur le point d’attaquer la ville, Pittacos provoqua leur Général en duel, étant entendu que le résultat déciderait de l’issue de la guerre, et que de ce fait beaucoup de sang ne serait ainsi pas versé. Le défi fut accepté et Pittacos tua son ennemi avec une large épée. En conséquence de cette victoire, les Mytiléniens lui offrirent le plus grand honneur en lui donnant le pouvoir suprême. Son "règne" ne dura qu’une dizaine d’années, mais pendant cette période, il rétablit la paix et réorganisa l’État. Il fut l’exemple même de la prudence et fut un personnage politique qui se distingua par sa retenue, sa discrétion et par son honnêteté politique.
 
   Certains auteurs mentionnent qu’il avait un fils appelé Tyrrhaeus. La légende dit que celui-ci fut tué et lorsque le meurtrier fut arrêté, Pittacos accorda la liberté à l’assassin, en disant : “Le pardon vaut mieux que le repentir“. Il publia les premiers écrits de lois. Ses compétences politiques significatives sont prouvées par les nombreuses législations dont il fut l’auteur. On distingue entre autres lois, celle imposant une peine double pour toute infraction commise en état d’ivresse. Il mit fin aux privilèges de l’aristocratie et permit à Sappho, Alcée et ses frères de revenir d’exil. Il faut souligner que nous avons peu d’informations avérées sur cet homme politique, car beaucoup de légendes entourent son nom. Il abdiqua volontairement avec la remarque qu’il était trop difficile d’être vertueux à long terme, et vécut encore dix ans. Certaines sources donnent sa mort en 568 (Dans la troisième année de la cinquante-deuxième Olympiade). Les Mytiléniens lui donnèrent une terre, qu’il consacra aux Dieux et qui porte maintenant son nom.
 


 

Vue de l’aqueduc Romain

   Au VIe siècle, La ville passa sous domination des Perses Achéménides. Lors de la révolte d’Ionie, les citoyens lapidèrent le Tyran Kôés et en 493 ils participèrent à la révolte contre les Perses, mais l’île et la ville furent pillées par ces derniers. Mytilène fut libérée à la fin des Guerres Médiques, époque où elle rejoignit la Ligue de Délos. Contrairement aux autres alliés d’Athènes, elle ne versa pas de tribut mais équipa ses propres trières et envoya ses propres troupes combattre aux côtés des Athéniens. De ce fait, les Mytiléniens se considérèrent comme indépendants. Malgré ce traitement de faveur, elle tomba sous la domination d’Athènes avec toute l’île et pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), en 428, elle se révolta contre l’impérialisme Athénien. La révolte gagna rapidement toute l’île mais après un an de siège, Mytilène dut capituler devant les Athéniens qui, après avoir décrété, à l’initiative de Cléon († 422), la condamnation à mort de toute la population mâle de l’île, revinrent sur ce premier décret avant son exécution et conclurent une alliance avec l’installation de clérouques (Assignation par tirage au sort de lots de terre civique à des soldats-citoyens).
 
   Vers 334, après l’arrestation du Tyran Hermias d’Atarnée, le philosophe Aristote de Stagire quitta Assos pour se réfugier à Mytilène dans la propriété du philosophe péripatéticien Théophraste d’Eresos. À cette époque un éphémère Tyran, Aristonicos (ou Aristonikos, 334 à 333), fut installé à la tête de la cité par Memnon de Rhodes (v.380-333) favorable aux Perses Achéménides et hostile à Alexandre le Grand (336-323). Il fut fait prisonnier à Chios. Memnon de Rhodes mourut sous les murs de la ville assiégée essayant de couper le ravitaillement des troupes Macédoniennes. En 332, la cité fut reprise par le commandant de la flotte Macédonienne, Amphotéros (ou Amphotères ou Amphoterus, † après 331). Le Général Macédonien Hégélochos (ou Hegéloco) conquit pour Alexandre, le reste de l’île vers 331, qui resta Macédonienne jusqu’en 167. Après 321, Épicure (ou Epicouros, philosophe Grec, 342/34-270) s’installa un temps à Mytilène et commença à y enseigner.
 
   En 89 av.J.C, lors de la Première Guerre de Mithridatique (89/88-85) contre les Romains, toutes les cités de l’île capitulèrent et se rangèrent en faveur du Roi du Pont. Ce dernier captura à Mytilène le Général et Consul Romain Manius Aquilius Nepos. En 88, les Romains reprirent l’île. En 86, Lucius Licinius Lucullus (Homme d’État et Général Romain, 115-v.57), prit et détruisit Mytilène, accusée d’avoir dirigé l’alliance Pontique. La ville, dévastée fut rebâtie par Pompée (106-48) qui lui rendit sa liberté. À Rome, Pompée construisit le premier théâtre permanent en briques sur le modèle de celui Hellénistique de Mytilène. Plus tard, l’Empereur Romain Trajan (98-117) qui adorait la ville, l’embellit et lui donna son nom.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur l’île et ses cités voir les ouvrages de :
 
Lillian Acheilara :
The Kastro of Mytilene, Archaeological Receipts Fund, Directorate of Publications, Athènes, 1999.
Antony Andrewes :
The Greek tyrants, Harper & Row, New York, 1963.
Aglaia Archontidou et Lillian Acheilar :
Archaeological Museum of Mytilene, K’ Ephorate of Prehistoric & Classical Antiquities, Mytilene, 1999.
Mary Barnard :
Sappho : A new translation, University of California Press, Berkeley, 1958 – 1986 – 2012.
Hans Günter Buchholz et Peter Robert Franke :
Methymna : Archäologische Beiträge zur topographie und geschichte von nordlesbos, Philipp von Zabern, Mainz, 1975.
Constantine Cavarnos :
The seven sages of ancient Greece : The lives and teachings of the earliest Greek philosophers, Thales, Pittacos, Bias, Solon, Cleobulos, Myson, Chilon, Institute for Byzantine and Modern Greek Studies, Belmont, 1996.
Conrad Cichorius :
Rom und Mytilene …., Teubner, Leipzig, 1888.
Alexander Dale :
Alcaeus on the career of Myrsilos : Greeks, Lydians and Luwians at the east Aegean-west Anatolian interface, pp : 15-24, The Journal of Hellenic Studies 131, Janvier 2011.
Steven Jackson :
Myrsilus of Methymna, Hellenistic paradoxographer, Adolf M. Hakkert, Amsterdam, 1995.
Guy Labarre :
Les cités de Lesbos, aux époques hellénistique et impériale, Diffusion de Boccard, Paris, 1996.
Dēm P.Mantzouranēs :
Pittakos ho Mytilēnaios: apo tēn historia tēs Lesvou, typ. Dēm. D. Kaldē, Mytilène, 1948.
Denys Lionel Page :
Sappho and Alcaeus, Clarendon Press, Oxford, 1955 – 1965.
Mary Mills Patrick et Thomas Nabbia :
Asia minor in the time of the seven wise men, National Geographic Society (U.S.), Washington, 1920 – Angwin Book Bindery, Angwin, 1920.
Charles Picard :
Où fut à Lesbos, au VII siècle, l’asile temporaire du poète Alcée ?, PUF, Paris, 1962.
Hans Pistorius :
Beiträge zur geschichte von Lesbos im vierten jahrhundert v. Chr., A. Marcus & E. Weber, Bonn, 1913.
Aimé Puech et Théodore Reinach :
Sappho, Alcée : Fragments, [texte et traduction], Belles Lettres, Paris, 2003.
Margaret Reynolds :
The Sappho companion, Palgrave Macmillan, New York, 2001.
Giannēs Touratsoglou et Eugenia Chalkia :
The Kratigos, Mytilene treasure : Coins and valuables of the 7th centure AD, Hellenic Ministry of Culture, Byzantine & Christian Museum, Athènes, 2008.
Vladimír Vavřínek :
La révolte d’Aristonicos, Ceskoslovenska Akad. ved., Prague, 1957.
Renée Vivien :
Sappho, Erosonyx, Paris, 2009.

 

 
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