Localisation et généralités
Eshnunna (ou Eshnounna ou Eshunna ou Ešnunna)
fut une ville de Basse-Mésopotamie et un Royaume
Amorite appelé Warum,
situé dans la basse vallée de la Diyala. On a retrouvé sa trace sur le site de l’actuel Tell Asmar, qui fit l’objet de fouilles
en 1930 par les équipes de l’Oriental Institute de Chicago. Le site fait plus de 100 hectares et un premier ensemble de
construction se trouve au Nord, à côté d’un rempart entourant la ville. Le Palais Nord est une résidence de 66 m. x 30 m.
Juste à côté, on trouve un temple dédié au Dieu Abu. Un important quartier résidentiel fut mis au jour dans un état de
conservation impeccable. On peut très bien identifier les rues et les maisons. Dans la partie Sud, d’autres bâtiments furent
construit entre la période d’Ur III et celle
d’Isin/Larsa. On y trouve :
▪ Un temple dédié au Roi d’Ur,
Shu-Sin (ou Shu-Sin ou Su-sîn,
2037-2029). ▪ Une grande salle d’audience bâtie par le Roi Naram-Sin (1818-1788)
▪ Un palais construit par Ilushu-Ilia (ou Shu-iluya, 2027-v.2010), mais resté inachevé et un autre
bâtiment de la période d’Ur III.
Eshnunna devint indépendante en 2027/2026, sous le Roi Ilushu-Ilia (ou Shu-iluya, 2027-v.2010) qui se libéra des
Sumériens. Ses successeurs agrandirent leur territoire et
contrôlèrent les routes commerciales entre
l’Élam, la haute-Mésopotamie
et le Sumer. La cité occupa alors une place prépondérante
dans le commerce entre le plateau Iranien et la Mésopotamie. Le rôle
politique de la ville est surtout connu par les archives de
Mari de 1850 à 1763. Celles-ci attestent de la très grande importance
d’Eshnunna à cette époque. Le Dieu principal de la cité à la période
Amorrite était Tishpak. Les grandes cités du pays de Warum
furent abandonnées dans le courant du IIe millénaire et cette région n’eut dès lors plus aucune importance politique.
L’histoire…….
Lors de la IIIe dynastie
d’Ur (de 2113 à v.2104)
Eshnunna fut la capitale d’une province de leur Empire et elle fut le siège d’un Gouverneur. À la fin de cette dynastie, sous sa
gouvernance, le Roi d’Ur,
Ibbi-Sin (2028-2004) dut lutter contre les
Hourrites
(Royaumes du Hourri et du
Mitanni). En
Élam, il
soumit Suse, puis le pays
d’Anshan qui s’étaient révoltés, mais
usé par ces guerres incessantes son Empire s’effrita. Face à la
faiblesse du pouvoir central les cités-États reprirent leur indépendance. En 2027/2026, ce fut Eshnunna la première à reprendre
sa liberté sous l’impulsion de Ilushu-Ilia (ou Shu-iluya ou Ilushu-ille ou Su-Iliya ou Ilushuilia ou Šû-Iliya, 2027 à
v.2010), dont on ignore l’origine. Puis ce fut au tour de
Suse,
Lagash et
Oumma. Ilushu-Ilia, à l’image des souverains
d’Ur III, se
prétendit “fils de Tishpak”, la divinité tutélaire d’Eshnunna. Il érigea un palais royal dans sa ville qui fut mis au jour par
une équipe de fouilles Américaine dans les années 1930. À la même époque de sa prise de pouvoir les
Amorrites envahirent le
Sumer,
coupant les routes entre la capitale et le reste du pays.
Copie d’une statue acéphale d’un Prince
d’Eshnunna, emportée de Babylonie à
Suse par Shutruk-Nahhunté I (1185-1153) |
Les guerres provoquèrent la destruction des récoltes et la famine dans le royaume.
Ibbi-Sin envoya le Gouverneur
de Mari, pour se procurer du grain à
Isin, mais les
Amorrites coupèrent la route et empêchèrent le ravitaillement. À
Isin,
Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra, 2017-1985) profita de cette situation et en 2017, il proclama l’indépendance de la région et repoussa
les envahisseurs Amorrites. Il s’empara de
Nippur, de
Kish, et vers 2010, d’Eshnunna.
Isbi-Erra plaça
Nur-Ahum (ou Nur-akhum ou
Noor-Ahum ou Nûr-A?um, v.2010 à ?) comme Gouverneur de la cité. Peu de temps après, ce dernier chercha à s’émanciper et se
proclama Prince (rubum) d’Eshnunna, mais son influence fut très limité compte tenu d’autres petites cités indépendantes
installées dans la région, Nerebtum (l’actuelle Ishchali),
Tutub et Shadlash.
Isbi-Erra avec l’aide des
Élamites conquit ces États voisins. En 2009,
la Mésopotamie fut coupée en deux :
Ibbi-Sin à
Ur et
Isbi-Erra à Isin. En 2007/2006, le Roi
Élamite,
Kindattu s’allia à
Suse, traversa le Tigre et attaqua
Ur où
Ibbi-Sin s’était retranché.
Isbi-Erra changea de camps et vint au
secours de la cité et la sauva de l’invasion. Mais la
coalition lança une nouvelle offensive et plus rien n’arrêta ses troupes. En 2004,
Kindattu prit la ville
d’Ur qui fut mise à sac.
Les habitants qui ne pouvaient pas s’enfuir furent égorgés.
Ibbi-Sin fut fait prisonnier et exilé en Anshan.
Les trésors prit à l’ennemi enrichirent l’Élam.
Ce fut la fin de la IIIe dynastie d’Ur. À partir de cette
époque la région passa sous la prédominance des Amorrites, qui créèrent plusieurs royaumes depuis les citées dont ils avaient
le contrôle. À Eshnunna, tombée désormais sous l’influence
d’Isin, se fonda rapidement une dynastie locale
qui allait devenir assez puissante.
Le souverain le plus connu de cette période fut Bilalama (v.1980 à v.1960), qui ne fut pour beaucoup qu’un
Gouverneur. Il régna pendant au moins 20 ans et fut un contemporain des Rois
d’Isin, Su-Ilisu (ou Su-Ilišus, 1985-1975) et
Iddin-Dagan (ou iddin-Dagon, 1975-1954). La plupart des souvenirs historiques de lui tournent autour du mariage de sa fille,
Mekubi, avec Tan-Ruhuratir (ou Tan-Rukhurater ou Tan-Ruhurater, v.1960-v.1950), le fils du Roi
d’Élam, Indattu-Inshushinak I (ou
Idaddu, v.1980-v.1960). Les années de son règne témoignent de plusieurs batailles contre les Amorrites, qui sont confirmées par
des lettres retrouvées et également d’une activité de bâtisseur avec la restauration et la construction de bâtiments publics à
Eshnunna.
Il fut succédé par Ishar-Ramashshu (ou Išar-Râmâšu ou Isharramashu ou Ishar-Ramashshu ou Iskar-Ramashshu,
v.1960 à v.1940) qui fut peut-être son fils,
mais dont nous ne savons rien. Le Roi le plus connu suivant fut Ibal-pi-El I (ou Ibal-pî-El ou Ibâl-pî-El, ? à
1863 ou v.1860), surtout grâce à ses campagnes militaires. Il occupa Râpiqum sur l’Euphrate,
Assur sur le Tigre, Qabrâ dans la plaine d’Erbil et
Ashnakkum sur le Khābūr (ou Habur ou Khabur, actuel Haut-Djézireh), dans le but de contrôler toutes les routes commerciales qui
convergeaient vers Eshnunna, puis
Suse.
À partir de 1850, la ville devint la capitale d’un très grand royaume grâce au long règne (Environ 40 ans) de
son Roi Ibiq-Adad II (ou Ipiq-Adad,
1862 à 1818 ou v.1850 à v.1810 ou v.1835 à v.1795). Il entreprit par des conquêtes militaires
d’agrandir son royaume. Il soumit toute la vallée de la Diyala et s’empara de toutes les Principautés. Il prit
Arrapha
(Aujourd’hui Kirkouk, en Iraq) et Râpiqum sur l’Euphrate qui voulait se débarrasser de la tutelle d’Eshnunna. Puis il combattit
Aminum, un Roi du Nord de la Mésopotamie, qui avait repris Shaduppum (ou Šaduppum, aujourd’hui Tell Harmal, au Sud de Bagdad),
qu’il va battre après de rudes combats. Il se tourna alors vers l’Est où il se heurta aux
Élamites, qui arrêtèrent sa progression.
Il signa avec la ville de Mari un pacte de protection mutuelle.
L’influence culturelle d’Eshnunna sur Mari fut alors très
importante et se traduisit à Mari par l’adoption des même codes d’écriture
que ceux des scribes d’Eshnunna et le Roi de Mari,
Yahdun-Lim (1815-1796) dut accepter la suzeraineté d’Eshnunna.
À la mort d’Ibiq-Adad II, le royaume d’Eshnunna (Warum) fut l’un des plus puissants du Proche-Orient. Son fils lui succéda.
Figurine d’un adorateur debout,
faisant parti d’un groupe de statuettes
excavées à Eshnunna – 2750 – 2600.
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Naram-Sin (ou Naram-Suen ou Naram-Sîn, 1818 ou v.1810 à 1788
ou v.1810 à 1781 ou 1808 à 1798) dès son arrivé au
pouvoir poursuivit l’œuvre militaire de son père, en direction du Nord-ouest. Il mena des campagnes victorieuses en remontant le
Tigre, la vallée de l’Euphrate jusqu’au confluent du Khābūr (ou Habur, actuel Haut-Djézireh) dans le royaume du Subartu (ou
Soubartou ou Subartum). Il s’empara également du pays de Suhum, sur le Moyen-Euphrate. Il attaqua le Roi
d’Ekallāté (ou
Ekallatum), futur Empereur d’Assyrie,
Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu,
1814-1775) et le força à se réfugier à Babylone, chez le
Roi Sin-Muballit (ou Sîn-Muballit, 1813-1793).
L’Assyrien résida un moment à
Babylone, puis, à la mort de Naram-Sin, il monta une
armée dans le but de reprendre la forteresse
d’Ekallāté, qui commandait la
région à l’Est du Tigre.
Dadusha (ou Daduša, 1788 à
1780 ou 1788 à 1779 ou 1781 à 1780) arriva sur le trône d’Eshnunna en 1788. Il est un des rares dirigeants pour qui
on a la trace qu’il prit le titre de Roi (Lugal). Certains spécialistes pensent qu’il eut à combattre un usurpateur du nom
de Dannum-Tahaz (ou Dannum-Ta?az) qui aurait évincé le fils de son frère Naram-Sin pour prendre le
pouvoir ?. Il est historiquement bien attesté, dans de nombreuses villes sous sa
domination on a retrouvé des sceaux cylindriques et des scellés à son nom. Dès
sa prise de pouvoir, il dut faire face à l’expansion du Roi
d’Ekallāté (ou Ekallatum), futur
Empereur d’Assyrie,
Shamshi-Adad I
(ou Samsi-Addu, 1814-1775). Dans un premier temps il fut obligé de reculer à la hauteur du Moyen-Euphrate.
Le fils de celui-ci Isme-Dagan I (ou Ishme-Dagan, 1775-1741) en effet pénétra dans la vallée de la Diyala, puis
remonta vers le Nord et s’empara
d’Arrapha
(aujourd’hui Kirkuk) et détruisit les riches récoltes de la région.
Il prit les villes du pays d’Erbil (ou Urbel) et installa des garnisons partout. Les Turukum (ou Turukkû ou
Turukkäer), peuple du Zagros, profitèrent de l’occasion pour se mettre en guerre. Dans le même temps Dadusha contre-attaqua
victorieusement. Après ce conflit, les deux adversaires signèrent la paix et devinrent alliés. Dadusha envoya même des renforts
à Shamshi-Adad I
lorsque celui-ci fut en guerre contre le royaume
d’Alep.
Sur une stèle de Shamshi-Adad I,
Dadusha est représenté avec son pied qui écrase le Roi d’Arbela (Nord de l’Irak). L’inscription indique qu’en collaboration avec
l’Assyrien il reconquit
le territoire de Qabrâ dans la plaine d’Erbil. Dadusha est aussi réputé pour avoir repris les villes de Shaduppum (ou Šaduppum,
aujourd’hui Tell Harmal, au Sud de Bagdad) et Nerebtum. Enfin la grande majorité des spécialistes avancent que ce fut lui qui
fit rédiger le recueil de lois, dites Lois d’Eshnunna (ou Codex d’Eshnunna).
Son fils Ibal-pi-El II (ou Ibal-pî-El ou Ibâl-pî-El, 1779 à 1766
ou 1764 à 1762) lui succéda et son règne fut,
semble t-il, très prospère. L’extension et l’influence grandissante d’Eshnunna se trouvèrent cependant freinées par son puissant
voisin et allié Assyrien,
Shamshi-Adad I
qui entre-temps pris Mari
et y a installa son fils sur le trône. Ibal-pi-El II honora d’abord le traité de
paix signé par son père avec les Assyriens, pour le dénoncer ensuite et
participer à la chute du royaume d’Ekallāté
(ou Ekallatum) à la mort de
Shamshi-Adad I, en 1775. À
Mari, le fils de ce dernier ne tint pas longtemps au pouvoir
sans le soutien de son père. Il fut chassé par le Prince
Zimri-Lim (1775-1761/60), qui se réclama l’héritier du trône et qui
profita du soutien d’Ibal-pi-El II pour le récupérer.
Les relations entre
Mari et Eshnunna ne furent pas pour autant excellentes,
Zimri-Lim préférant avoir l’appui
d’Alep.
Il comprit en effet rapidement qu’Ibal-pi-El II voulait récupérer pour lui seul
l’ancien royaume d’Ekallāté. La région
du Haut-Euphrate, le pays de Suhum, situé à la frontière séparant ces deux territoires, va rester un sujet de dissension avec
Ibal-pi-El II qui envahit la région en 1772. Il envoya une armée sur l’Euphrate en direction de
Mari et une autre sur le Tigre, qui prit
Ekallāté
(ou Ekallatum), puis Shekhna (ou Tell Leilan ou Shubat-Enlil, capitale du pays d’Apum, dans la vallée du Khābūr
(ou Habur).
En 1770, les deux cités ayant à tour de rôle essuyées plusieurs revers, une paix fut conclue qui semble donner une
certaine souveraineté à Eshnunna sur Mari, malgré de véritables avantages territoriaux que cette dernière
obtint dans le partage des territoires conquis. En 1766/65, le Roi
d’Élam,
Siwe-Palar-Khuppak (ou Siwepalarhuhpak ou Siwe-Palar-Huppak, 1770-1745)
lança une attaque en Basse-Mésopotamie dans le but de s’emparer du royaume d’Eshnunna. Il se fit aidé par le Roi de
Babylone,
Hammourabi (1792-1750) et
Zimri-Lim, qui voyaient là un moyen de se débarrasser d’un ennemi
gênant aux portes de leur royaume. La coalition s’empara rapidement de la cité d’Eshnunna, tuant Ibal-Pi-El II.
Siwe-Palar-Khuppak et
Hammourabi nommèrent alors dans la ville, sous la pression de
l’armée, un Gouverneur militaire, Silli-Sin (ou ?illî-Sîn, 1766 à 1750), qui épousa la fille du
Babylonien, bien qu’il semble
qu’Hammourabi souhaitait
assurer lui-même la royauté de la cité. L’armée
Élamite s’installa dans la cité, d’où elle
entreprit de conquérir la région du Haut-Tigre, puis du Khābūr (ou Habur).
Siwe-Palar-Khuppak décida alors de séparer son armée en deux. Il dirigea une première partie au commande du Général
Élamite, Kunnam et d’un
Amorrite, Atamrum, au Nord sur la ville
d’Ekallāté (ou Ekallatum),
forteresse qui commandait la région Est du Tigre. La ville fut prise rapidement ainsi que celle de Shekhna (ou Tell Leilan ou
Shubat-Enlil, dans la vallée du Khābūr). La deuxième partie de l’armée de
Siwe-Palar-Khuppak se dirigea au Sud sur la
Babylonie
contre ses ex alliés. Ceci prit au dépourvu
Hammourabi et
Zimri-Lim, qui se retrouvèrent à faire face aux volontés
expansionnistes des
Élamites sur leur territoire.
Le Roi de Mari, menacée directement par cette avancée rapide, passa une nouvelle alliance avec le Roi de
Babylone et de nombreux Rois
Amorrites, dont celui
d’Alep,
Sumu-Epukh
( ? -1781) et lui fit face. En 1764, cette coalition réussit à arrêter l’offensive
Élamite sur les deux fronts.
Hammourabi stoppa l’armée ennemie alors qu’elle s’apprêtait à
marcher sur Babylone.
Zimri-Lim plus les troupes envoyées par le Babylonien, dans la région
du Khābūr (ou Habur), à Hiritum, rencontra
Siwe-Palar-Khuppak. Les
Élamites furent écrasés assez facilement, Atamrum
ayant trahit Siwe-Palar-Khuppak
en se ralliant à Zimri-Lim. L’armée
Élamite se replia sur Eshnunna, qu’elle pilla
avant de repartir en Élam,
Siwe-Palar-Khuppak déléguant la
direction des armées à son fils (ou son frère ?) Kuduzulush I (ou Kudu-Zulush I, 1745-1730) et à ses Généraux. Par cette
défaite le royaume d’Élam perdit d’un seul coup tout
appui en Mésopotamie, mais il ne fut pas affaibli pour autant et ne semblent pas avoir été inquiété par les
Babyloniens qui prenaient progressivement le contrôle de la Mésopotamie
car cette victoire marquait un nouveau pas dans l’expansion de
Babylone.
En 1763, l’alliance
Zimri-Lim /
Hammourabi s’attaqua au royaume de
Larsa, dirigé par le Roi
Rim-Sin I (ou Rîm-Sîn, 1822-1763). Ils prirent la ville et
Hammourabi devint alors maître de la Mésopotamie. En 1762, le conflit
éclata entre Silli-Sin et Hammourabi qui désirait s’emparer d’Eshnunna.
L’affrontement tourna rapidement à l’avantage de
Babylone qui prit
Eshnunna et le royaume de Warum.
En 1761/1760, sans que l’on n’en connaisse les raisons, peut être du fait de son soutien à
Eshnunna, Hammourabi se retourna contre son ancien allié,
Zimri-Lim. Il attaqua son royaume qu’il détruisit complètement et en
1759, il rasa Mari après l’avoir pillée. Eshnunna fut encore mentionnée
sous le règne d’Hammourabi où il dut mater à plusieurs
reprises des aspirations d’indépendance, mais après le règne de ce Roi on trouve très peu de sources qui mentionnent la cité.
On sait qu’en 1755, une importante crue dévasta la ville. Ce fut
Iqish-Tishpak (ou Iqîš-Tišpak, 1750 à 1727),
placé là par le Roi Babylonien, qui succéda à Silli-Sin, mais très
certainement qu’avec le titre de Gouverneur. Vers 1727,
Eshnunna fut libérée par Anni (ou Iluni, 1727) qui réussit à mettre en danger le nouveau Roi de
Babylone,
Samsu-Iluna(ou Samsuiluna ou Samsou-Ilouna, 1750-1712) et
l’attaqua jusqu’en pays de
Sumer.
Mais il fut finalement vaincu et Eshnunna tomba
de nouveau sous la domination
Babylonienne.
Samsu-Iluna restaura la citée. Vers 1700, une nouvelle
révolte eut lieu sous le souverain
Babylonien suivant, Abi-Eshuh (ou Ebisum ou Ebišum, 1711-1684),
dirigée par un certain Ahushina (ou Aḫušina)
qui fut lui aussi battu. La suite de l’histoire d’Eshnunna est mal connue. Les
grandes cités du pays de Warum furent abandonnées dans le courant du IIe
millénaire et cette région n’eut dès lors plus aucune importance politique.
Les lois d’Eshnunna
Les Lois d’Eshnunna (ou Codex d’Eshnunna) se réfèrent à un recueil législatif,
datant de la première moitié du XVIIIe siècle av.J.C, qui fut rédigé en
Akkadien. Elles furent écrites sur deux tablettes,
mises au jour par Taha Baqir à Tell Harmal (ancienne Shaduppum ou Šaduppum) en 1945 et 1947, et une copie fut faite sur une
troisième, retrouvée en 1980 à Tell Haddad, qui en préservent la presque totalité des textes. La datation exacte de leur
rédaction n’est pas claire. Pour grand nombre de spécialistes, dont Albrecht Götze, il semble qu’il faille attribuer ce
recueil au Roi Dadusha (ou Daduša, 1788-1780), mais d’autres donnent les Rois Naram-Sin (v.1810-1781) ou encore Ibal-pi-El II
(1779 à 1766). La rédaction de ce texte serait donc contemporaine du règne
d’Hammourabi (1792-1750) à
Babylone, ce qui fait
qu’elles furent peut-être inspirées du fameux code de lois de ce Roi
(Code d’Hammourabi), qui présente de nombreux points
communs avec elles, à moins, en fonction du Roi, que ce ne fut l’inverse, la question reste posée ?.
Comme avec d’autres
manuscrits de l’ancien Proche-Orient l’histoire du Codex d’Eshnunna n’est pas définitivement résolue à
aujourd’hui. Il faut souligner que contrairement au
Code d’Hammourabi, les Lois d’Eshnunna ne sont pas qualifiées de “Code”
car il leur manque un prologue et un épilogue considérés comme caractéristiques de ce type de texte. Quelques spécialistes
pensent qu’il est possible qu’il y en ait eu à l’origine, mais les copies ne les ont pas préservés. Comme le précise Burkhart
Kienast, au lieu de cela, se tenait au début du texte un préambule qui n’est pas sans rappeler les décrets de justice des
dirigeants de l’Est de l’ancien Proche-Orient.
Le texte se compose (dans ce qui est encore visible aujourd’hui) de 60 points (ou lois), qui ne sont pas
forcément des lois au sens moderne du terme, mais ont pu avoir plutôt un rôle de traité de justice à destination de ceux qui
devaient rendre des décisions lors d’affaires judiciaires. En 1948, Albrecht Götze de l’Université de Yale en fit une traduction
qu’il publia. Il fit remarquer le style spécifique de l’expression, en effet les lois furent composées dans un mode qui facilite
la mémorisation.
Ce codex concerne divers domaines, il comprend des lois sur : La négociation collective ; Le droit du bail, les
litiges pouvant survenir suite à la location d’un bateau ou de chariots tirés par un bœuf ; Le droit pénal ; Le droit commercial
avec des correspondances de prix entre différents moyens de paiement et les produits courants comme le grain d’orge, l’argent,
la laine etc. ; Le droit de la famille, les litiges sur les propriétés, les affaires familiales comme les héritages ou mariages ;
Les dettes et les taux d’intérêt ; Les esclaves ; Le droit de la responsabilité, les coups et blessures ; La location de
différents travailleurs …etc. La majorité de ces infractions étaient pénalisées par des amendes pécuniaires, mais certaines
jugées plus graves telles que le vol, l’assassinat, les infractions sexuelles (viol, adultère) étaient pénalisées par la peine
de mort. Il semble toutefois que celle-ci était évitable, contrairement au
Code d’Hammourabi.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Jean Bottéro et Marie-Josèphe Stève :
– Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
Jean Bottéro et Barthel Hrouda :
– L’Orient ancien : Histoire et civilisations, Bordas, Paris, 1991 – En Allemand : Der Alte Orient :
Geschichte und Kultur des alten Vorderasien, Orbis-Verl, München, 1991-1998.
Maria De Jong Ellis :
– Notes on the chronology of the later Eshnunna dynasty, pp : 61–85, Journal of Cuneiform Studies 37, N° 1, American Schools of
Oriental Research, New Haven, Janvier 1985.
John J.Finkelstein :
– On Some Recent Studies in Cuneiform Law, pp : 243-256, Journal of the American Oriental Society 90, N°2, New Haven, Avril-
Juin, 1970.
Henri Frankfort, Thorkild Jacobsen et Conrad Preusser :
– Tell Asmar and Khafaje, the first season’s work in Eshnunna, 1930/31, University of Chicago Press, Chicago, 1932.
Henri Frankfort :
– Tell Asmar, Khafaje and Khorsabad, second preliminary report of the Iraq Expedition, University of Chicago Press, Chicago, 1933.
Ignace J.Gelb :
– A Tablet of Unusual Type from Tell Asmar, pp : 219-226, Journal of Near Eastern Studies 1, N°2, University of Chicago Press,
Chicago, 1942.
Albrecht Götze : ou Albrecht Goetze
– The laws of Eshnunna, The Annual of the American Schools of Oriental Research 31, New Haven, 1956.
Michaël Guichard :
– Les relations diplomatiques entre Ibal-pi-El II et Zimri-Lim : Deux étapes vers la discorde, OAIster, 2002 – Revue d’assyriologie et
d’archéologie orientale 96, N°2, Février 2002.
Martha Tobi Roth, Harry A Hoffner et Piotr Michalowski :
– Law collections from Mesopotamia and Asia Minor, Scholars Press, Altanta, 1995.
Claudio Saporetti :
– La rivale di Babilonia : Storia di Es?nunna, un potente regno che sfido` Hammurapi, Newton & Compton, Roma, 2002.
Emile Szlechter :
– Les lois d’Ešnunna, Recueil Sirey, Paris, 1954.
Robert M.Whiting :
– Old Babylonian letters from Tell Asmar, Assyriological Studies 22, Chicago, 1987.
Reuven Yaron :
– The laws of Eshnunna, Magnes Press, Hebrew University, Jérusalem, 1969-1988.
Wu Yuhong :
– A political history of Eshnunna, Mari and Assyria during the early old babylonian period : From the end of Ur III to the death of
Shamshi-Adad, Institute of History of Ancient Civilizations, Northeast Normal University, Changchun, 1994
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