Quelques Rois Importants :
Toutânkhamon
1336/35 – 1327
 

Nous avons besoin de vous

….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 
Sommaire
 

Sa titulature
Son origine
Son histoire, son règne
La cour, les hauts fonctionnaires
Ses constructions
Sa mort
Sa famille
Sa sépulture
Bibliographie
Filmographie

 


 
Toutânkhamon – Musée du Caire

      DATES  de  RÈGNE
    1336/35-1327
  N.Grimal, J.Malek, I.Shaw
1355-1346  D.B.Redford
1348-1339  R.A.Parker
1348-1338  D.Arnold
1347-1339  A.H.Gardiner
1347-1338  E.Hornung
1347-1336  A.Eggebrecht
1343-1333  A.M.Dodson
1340-1331  C.Aldred, K.A.Kitchen
1335-1326  P.Vernus, J.Yoyotte
1334-1325  P.A.Clayton, J.Kinnaer,
P.A.Piccione
1334-1324  E.F.Wente
1333-1323  J.R.Baines, S.Quirke
1333-1319  J.von Beckerath
1332-1323  R.Krauss
1332-1322  W.J.Murnane
1321-1311  D.Sitek
1319-1309  H.W.Helck

 

Sa titulature
  • Hr kA-nxt twt-mswt
  • nbti nfr-hpw sgrH-tAwi sHtp-nTrw , nbti nfr-hpw sgrH-tAwi wr-aH-imn neb-r-Djer
  • bik nbw wTs-xaw sHtp-nTrw HqA-maat-shtp-ntrw
  • nb-xprw-ra HqA-mAat
  • Ière titulature :  twt-anx-itn
    IIe  titulature :  twt-anx-imn HqA-iwnw-Smai
     
  • Rathôtis  ou  Rathôs   (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kanekhet Toutmesout
(Horus taureau victorieux, celui qui est beau de naissance)
Hr kA-nxt twt-mswt
Nom de
Nebty
Nebty Néferkhépou Segerehtaoui Sehotepnetjerouherou
(Celui dont les lois sont parfaites, qui apaise [pacifie] les Deux Terres, satisfait tous les Dieux et fait la paix)
nbti nfr-hpw sgrH-tAwi sHtp-nTrw-hrw
Nom d’Horus
d’or
Bik Nebou Outjeskhâou Sehotepnetjerou Heqamaâtsehotepnetjerou 
(Celui qui porte les couronnes, qui réjouit les Dieux, Seigneur de la vérité, qui satisfait les Dieux)

bik nbw wTs-xaw sHtp-nTrw HqA-maat-shtp-ntrw

Nom de Roi Nebkhéperourê Heqamaât
(Rê est le maître des transformations, Seigneur de Justice)
nb-xprw-ra HqA-mAat
Noms de
naissance
Ière Toutânkhaton
(Aton est complètement vivant)
twt-anx-itn
IIe Toutânkhamon Heqaiounou-Shemaï
(Amon est complètement vivant, Seigneur d’Héliopolis du Sud) twt-anx-imn HqA-iwnw-Smai

 


 

Coffre en forme de
cartouche, découvert
dans la tombe
de Toutânkhamon

Son origine

 
   Toutânkhamon (ou Toutânkhaton ou Tutanchamun ou Tutenchamun ou Tutanchaton) est le 13e souverain de la XVIIIe dynastie, où 12e si l’on compte Ânkh-Khéperourê et Semenkhkarê comme un seul Roi. La recherche de l’origine exacte de ce Roi date depuis 1910, ou une première suggestion fut faite par l’égyptologue Arthur Edward Pearse Brome Weigall. Il proposait que Toutânkhamon soit identifié à Toutou (ou Tutu), un noble dont la tombe (TA 8) fut découverte à Amarna, dans les tombes Nord du cimetière des Nobles. Ce Toutou aurait usurpé le trône et épousé la fille du Roi ?. Depuis cette date de nombreuses hypothèses furent avancées.
 
   En 1923/1924, Ernest Alfred Thomson Walis Budge affirma qu’il était impossible de prétendre avec certitude le nom du père de ce Roi, père qui était à cette époque identifié à Amenhotep III (1390-1353/52), mais que sa mère s’appelait Mérit-Râ. En 1926, J.Baikie confirme ce père pour Toutânkhamon, mais propose que ce soit avec une épouse secondaire, dont il ne cite pas le nom d’ailleurs. En 1932, un nouveau père possible pour le jeune Roi est proposé par Percy Edouard Newberry, avec Aÿ (futur Aÿ II, 1327-1323). Il mentionne aussi que Semenkhkarê serait son frère.
 
   Vers 1940, l’égyptologue Alexandre Varille, avec toujours Amenhotep III pour le père, propose comme mère Sitamon (ou Satamon), la fille ainée et épouse de ce Roi. En 1955, on change à nouveau de parents, K.Seele propose comme maman : Tiyi, une fille d’Amenhotep III et comme papa : Un fils d’Aÿ (futur Aÿ II). Ces deux derniers seraient aussi les parents de Semenkhkarê. À partir des années 70, la thèse selon laquelle Amenhotep III serait le père est complètement écartée. Amenhotep IV/Akhénaton (1353/52-1338), son fils et successeur, ayant régné au moins 17 ans et Toutânkhamon ayant moins de 9 ans lors de son avènement.
 
   Amenhotep IV devenait alors le père probable, théorie qui va faire très vite presque l’unanimité, bien que récemment James P.Allen ait proposé Amenhotep IV comme grand-père ?, se basant sur le texte d’un instrument d’arpentage où Toutânkhamon le présente ainsi. Ce qui est sûr c’est que le jeune Toutânkhamon est fils de Roi, qu’aujourd’hui on pense être avec une quasi certitude Amenhotep IV, mais alors qui est la mère ?.


 

Toutânkhamon sur un relief usurpé par
Horemheb – Temple de Louxor

 
   Là encore plusieurs propositions on courues. Si l’on repart des années 70, la première femme citée, par James Edward Harris, fut Kiya, une des épouses d’Amenhotep IV. J.E.Harris et ses disciples affirmèrent que Semenkhkarê serait aussi son fils. En 1979, Donald Bruce Redford propose à nouveau Sitamon (ou Satamon), sœur d’Amenhotep IV. Elle serait aussi la mère de Semenkhkarê, ces deux Rois qu’elle aurait eut avec son frère ?.
 
   Début des années 80, L.Bongrani-Fanfoni avance le nom de Moutnedjemet, la sœur de Néfertiti, qui sera l’épouse d’Horemheb (1323-1295). Il sera bien seul pour défendre cette idée !. Puis beaucoup d’égyptologues, Marc Gabolde en tête, proposeront la Reine Néfertiti.
 
   Jusqu’au 17 février 2010, la grande majorité des spécialistes optait pour suivre la proposition de Marc Gabolde et confirmait Amenhotep IV et Néfertiti comme parents de Toutânkhamon, qui serait le seul fils de la Reine. Ils se basaient cependant sur une unique attestation, un relief de la tombe royale d’Amarna trouvé dans la chambre gamma (mur A) qui avait été étudié de nouveau et réinterprété par Marc Gabolde. Hors depuis cette date, l’extravagant Zahi Hawass, comme à l’accoutumé avide d’honneurs médiatiques, a révélé devant les caméras du monde entier, les principaux résultats d’une étude génétique et médico-légale qui aura durée deux ans, publiée aux États-Unis par le Journal of the American Medical Association (JAMA).
 
   Pour réaliser cette étude les chercheurs ont mis en œuvres plusieurs méthodes, dont deux très importantes, la radiologie et surtout l’analyse ADN. Celle-ci fut effectuée sur seize momies, dont onze, y compris celle de Toutânkhamon, étaient supposées être membres de la famille royale. L’étude a permis d’identifier avec certitude le père du jeune Roi comme étant Amenhotep IV. Les deux momies partagent plusieurs caractéristiques morphologiques uniques et ont le même groupe sanguin.

 

Chevalière au nom de Toutânkhamon –
Musée du Louvre

     En ce qui concerne sa mère, Zahi Hawass avance :
"Les chercheurs sont unanimes, ce n’est pas Néfertiti, comme il a longtemps été supposé".
La mère serait une sœur et épouse secondaire d’Amenhotep IV, dont le corps est celui d’une momie connue aujourd’hui sous le nom de code KV35YL, ou dite la "Young Lady". Cette dernière était jusque là attribuée à la Reine Kiya, mais cette Reine, comme Néfertiti, n’a jamais porté les titres de Fille du Roi (s3T-nswt) ou Sœur du Roi (snt-nswt). Zahi Hawass conclut :

"Soit Baketaton, soit Nebetâh, les jeunes filles d’Amenhotep III et Tiyi I, (mais qui ne sont pas connues pour avoir épousé leur frère ?), sont les candidates les plus susceptibles de prendre l’identité de la "Young Lady" et donc d’être la mère de Toutânkhamon".
"On ne connaît pas avec certitude son nom, mais le plus important c’est que cette dame fut la fille d’Amenhotep III et de la Reine Tiyi I, les grands-parents de Toutânkhamon, il n’est donc pas possible qu’elle soit Néfertiti", a-t-il déclaré.
 
   Il serait prudent d’attendre un peu avant d’arriver à des conclusions car, on le voit, l’affaire reste encore très compliquée. Comme le précise François Tonic dans son article sur le sujet (Pharaon magazine N°1 – 5/6/7/2010) la question se pose : Si la “Young Lady” n’est ni Néfertiti, ni Kiya, qui est-elle ?. Momie anonyme (Aucun texte ne permet de l’identifier, ni signe particulier), elle suscite beaucoup de questions.
 
   De tous les documents, textes, temples, tombes de l’époque d’Amenhotep IV, nous ne connaissons que deux Reines de premier plan, citées et représentées : Néfertiti et Kiya. Faut-il alors en rajouter une troisième qui n’apparaîtrait jamais dans aucun décor, aucun texte, aucune statue, à prendre parmi les épouses secondaires ?. Certaines Reines secondaires ou concubines n’apparaissent pas dans les documents officiels, mais quelques allusions permettent de connaître les noms, là rien. Est-il possible de considérer une sœur d’Amenhotep IV, mère d’un Prince héritier (Toutankhamon), qui aurait été considérée à l’époque comme une obscure épouse sans intérêt ?. Nous restons dubitatifs. Là aussi, de nouvelles investigations s’avéreront nécessaires dans les prochaines années. Acceptons juste le fait que la mère de Toutânkhamon ne soit pas Néfertiti, dont la momie nous serait bien utile.

 


 

Un des quatre cercueils
miniatures en or
contenant les viscères
de Toutânkhamon –
Musée Égyptien du Caire

Son histoire, son règne

 
   Manéthon l’appelle
Rathôtis (Flavius Josèphe) ou Rathôs (Africanus) et lui compte 9 ans de règne (Flavius Josèphe) ou 6 ans (Africanus), ce qui semble confirmé d’après les dates les plus tardives des jarres à vin retrouvées dans sa tombe. Il ne figure pas sur les Tables d’Abydos. On ne sait pas pourquoi ce n’est pas directement lui qui succède à son père. Peut-être son trop jeune âge à l’époque, dans une période de troubles et de risque de guerre avec les Hittites. Il est sur que sa sœur Méritaton était plus âgée et qu’elle avait déjà à Amarna la notoriété requise auprès des vassaux, puisque Grande Épouse Royale. De plus on peu porter à son profit le fait qu’elle possédait une certaine expérience du pouvoir. Bien que ce soit sûrement le Pharaon le plus populaire de l’histoire Égyptienne, de part la découverte de son tombeau, c’est à l’inverse pour les historiens, un souverain dont le règne et la vie sont assez mal connus. Il serait né en l’an 10/11 du règne d’Amenhotep IV/Akhénaton.
 
   Puis il est confié à Maya (ou Maïa), sa nourrice, comme nous le montre un relief dans la nécropole de Saqqarah où l’on voit celle-ci tenir le jeune Prince sur ces genoux. Le souvenir de cette femme est aussi attesté sur d’autres monuments à Memphis et Guizèh. En revanche on ignore où il fut élevé et éduqué. Quelques égyptologue avancent à Amarna en compagnie des six filles d’Akhénaton et de Néfertiti, car on y a retrouvé quelques objets à son nom. Notamment dans le secteur Nord su palais, mais rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il y résida en permanence. Il accède à l’âge de huit ou neuf ans au trône sous le nom de Toutânkhaton, en hommage au culte d’Aton qu’avait instauré son père.


 

  Toutânkhamon – Scène de chasse sur
un coffre – Musée Égyptien du Caire

 
   Dans sa troisième année de règne, Toutânkhaton va opérer plusieurs modifications mises en place lors de celui de son père. Il semble que ce soit lors de cet an 3 que le jeune Roi change de titulature et devient Toutânkhamon. Il abolit, sous la pression des Prêtres d’Amon, le culte d’Aton et rétablit définitivement, à Thèbes, Amon comme Dieu suprême. Mais on ne constate pas de répression contre les idées "Atoniennes". Ainsi, le nom d’Aton dans les cartouches n’est pas martelé. Tout cela se fait sous l’influence, du "Père Divin" et Vizir, Aÿ II et du général en chef de la cavalerie (Ou Grand chef des troupes) Horemheb, qui sont les vrais maîtres du pays.
 
   Vers l’an 4, la ville d’Amarna est abandonnée par les services centraux et Memphis redevient la capitale de l’Empire, pas Thèbes comme on entend trop souvent dire. En effet aujourd’hui les égyptologues sont sceptiques sur l’endroit où vécu le jeune Roi, si beaucoup pensent qu’il s’installa au palais de Malkata (ou Malkatta ou Malqatta) à Thèbes, pas le moindre indice archéologique ne vient en apporter la confirmation. La plupart des éléments de preuve importants sur les actions de Toutânkhamon en politique seront plus tard par usurpés par Horemheb, qui les inscrira à son profit sur sa stèle dite "de la restauration".
 
   En politique extérieure le pays est économiquement faible et encore dans la tourmente occasionnée par le règne d’Akhénaton. Les relations diplomatiques avec d’autres royaumes avaient été négligées et la situation au Proche Orient avait empiré avec la mort de Zananza (ou Zannanza, alias Semenkhkarê ?), ce qui fait que l’Égypte ne pouvait garder ses zones d’influences. Toutânkhamon va chercher à les restaurer en renouant des relations, en particulier avec le Mitanni. La preuve de son succès est suggérée par l’enregistrement de dons provenant de divers pays retrouvés dans sa tombe. Malgré ses efforts pour l’amélioration des relations, des batailles avec les Nubiens et des Asiatiques ont été enregistrées dans son temple funéraire de Thèbes. Son tombeau contenait des "gilets armures" et tabourets pliants appropriés pour les campagnes militaires. Toutefois, compte tenu de sa jeunesse et de ses handicaps physiques, les historiens supposent qu’il n’a pas pris part personnellement à ces combats.
 
   La date de son enterrement peut-être estimée entre la mi-mars et le début mai. En effet des traces de fleurs sur son mobilier funéraire ont été trouvées, dont la floraison se fait exclusivement à cette période de l’année. Les chercheurs ont donc estimé la date de son décès entre la fin décembre 1328 et la mi-février 1327, y compris les 70 jours pour le rituel de l’embaumement. Sans enfant, après sa mort, le pouvoir passera aux mains d’Aÿ II, puis d’Horemheb.

 


 

Maya et son épouse Mérit –
Musée de Leyde – Pays-Bas

La cour, les hauts fonctionnaires

 
   D’autres fonctionnaires, hors Aÿ II et Horemheb, ayant été en fonction sous le règne de Toutânkhamon, nous sont connus : Le Vizir du Sud était un certain Ousermont ; un autre Vizir est attesté au nom de Penthou (ou Pentou ou Pentu). Il nous est connu seulement par une inscription sur un pot retrouvé dans la tombe (KV62) de Toutânkhamon. Il est possible qu’il soit la même personne que le Penthou qui fut aussi "scribe royal" et "serviteur en chef d’Aton" dans le Domaine du Dieu à Amarna et "médecin en chef" d’Akhénaton. Il semble avoir survécu aux bouleversements de la fin de la période Amarnienne et servit jusque sous le règne d’Aÿ II (1327-1323). Sa tombe (T5) dans la nécropole Nord des nobles à Amarna est en forme de croix. Elle contient une salle extérieure en longueur et une salle transversale. Seule la salle extérieure est décorée.
 
   Un autre personnage important de l’État fut le "Chef du trésor" Maya, qui resta en poste jusque sous le règne d’Horemheb. Il est évidemment qu’il joua un rôle important dans la réorganisation du pays après le règne d’Amenhotep IV. Son existence nous est principalement connue de sa tombe à Saqqarah, elle fut découverte par l’expédition de Karl Richard Lepsius, et aussi d’objets retrouvés à son nom dans la tombe de Toutânkhamon, qu’il portait lors des funérailles du jeune monarque. Enfin on connait aussi : Le "Surintendant du bétail d’Amon" et "Scribe royal" Iniouia (ou Iniuia). Il est également principalement identifié par sa tombe à Saqqarah. Des artéfacts de celle-ci se trouvent depuis le XIXe Siècle dans différents musées à travers le monde. Parmi eux son sarcophage qui est aujourd’hui au musée du Louvre ; Le vice Roi de Kouch (Fils royal de Kouch), Houy (ou Amenhotep Huy). Il est principalement connu de sa tombe (TT40) à Gournet Mourraï, près de Thèbes.


 

Masque de la momie de
Toutânkhamon – Musée du Caire

 

Ses constructions

 
   Son activité de bâtisseur, malgré son court règne, est assez importante. Dans tout le pays, le jeune Pharaon fait restaurer les temples endommagés sous la période Amarnienne. Dans le temple de Louxor, il fait achever la décoration de la colonnade. À Karnak il fait construire deux nouvelles chapelles et l’allée des Sphinx est retravailler. À Médinet Habou (Thèbes Ouest), il se fait ériger un temple que certains spécialistes pensent qu’il construit sur les vestiges d’un ayant appartenu à son prédécesseur Ânkh-Khéperourê. De Guizèh à la Nubie il existe des preuves de ses constructions.
 
   Certains de ses monuments, seront plus tard usurpés par Horemheb. Au niveau de l’art et du style de construction, la transition de la période Amarnienne à la nouvelle situation n’a pas eu lieu d’un coup, preuve en est dans la tombe de Toutânkhamon il y a beaucoup d’objets encore dans le style Amarnien. L’exemple le plus connu est son trône, fait dans la dernière année de son règne. De ces faits, beaucoup d’égyptologues considèrent la période dite "Amarnienne", avec une durée allant jusqu’au règne d’Aÿ II (1327-1323).

 

Sa mort

 
   Toutânkhamon n’a pas le temps de se faire construire sa demeure d’éternité. Il meurt à l’âge de 18 ans (Certains spécialistes disent 20, voire 23 ou 27), entre la fin décembre 1328 et la mi-février 1327, d’un accident (On a longtemps pensé assassiné), après un règne très obscur. Comme pour beaucoup de membres de sa famille, les avis sur les causes de la mort du jeune Roi auront été très partagés, entre les différents spécialistes, au cours des dernières décennies. Les premières analyses aux rayons X de sa momie avaient révélées une blessure au bas du crâne, qui confirmait la thèse d’une mort non naturelle et qui laissait planer le doute sur un éventuel assassinat. C’est l’égyptologue Robert Bob Brier qui avait émis cette hypothèse, reprise par beaucoup de ses confrères. Cette proposition fut très controversée dans la communauté médicale, car il s’agissait en fait d’un malentendu sur l’interprétation du cliché, causé par un morceau d’os ébréché rompu après la mort.

 
   Les nouvelles analyses faites par scanner, le 6 Janvier 2005, confirmaient la mort à un âge entre 18 à 20 ans, ce qui correspondait au précédentes estimations scientifiques de l’Institut Douglas E.Derry, faites par l’anatomiste et radiologue Robert G.Harrison, le chirurgien-dentiste et biologiste Frank Filce Leek et l’égyptologue Renate Germer. La proposition d’une mort à un âge entre 23 à 27 ans, faites par quelques égyptologues comme, Marc Gabolde, Edward Frank Wente et James Edward Harris, se trouvait donc réfutée. À la surprise générale, ces analyses révélaient aussi une fracture, non détectée auparavant, de l’os de la cuisse gauche.
 
   Elles laissaient supposer que Toutânkhamon serait mort des suites d’une infection généralisée provoquée par une plaie à cette jambe. De ce nouveau fait, la conclusion allait maintenant sur la thèse de l’accident et apportait la preuve que le jeune Roi n’avait pas été assassiné. La plupart des égyptologues pensèrent que cette fracture avait été faite lors d’un accident de chasse. L’extravagant Zahi Hawass avait approuvé cette thèse et vigoureusement nié la théorie de l’assassinat, ce qui contrastait nettement avec ses déclarations antérieures !.
 
   Après une enquête plus approfondie des images aux rayons X, le radiologue Richard Boyer avait conclu que Toutânkhamon souffrait également d’une importante scoliose. Cependant, l’enquête effectuée par tomographie assistée par ordinateur de 2005 n’a pas pu confirmer cette scoliose, mais mis en évidence que la colonne vertébrale avait une légère déformation incontestable, sûrement causée par le processus de momification. Le 17 février 2010, la même étude que pour établir la vérité sur sa filiation allait redonner raison à Boyer et nous révéler aussi les conditions exactes de la cause du décès du jeune Roi.

 


 

Toutânkhamon sous la forme
du dieu Amon – Musée de Louxor

   Toutânkhamon avait hérité de nombreuses tares génétiques de ses parents. Notamment ce que Boyer avait pris pour une scoliose était en fait le syndrome de Klippel-Feil, qui est une maladie rare congénitale provoquant une malformation de la colonne cervicale, résultant en une fusion des vertèbres cervicales. Le Roi avait aussi une déformation osseuse des pieds, la maladie de Köhler Albau, une ostéonécrose au pied gauche qui devait lui rendre la marche difficile. Ce diagnostic est confirmé par la présence de canes et d’une boîte à pharmacie trouvées dans sa tombe. Il semblait ainsi préparé pour combattre sa maladie dans l’au-delà.
 
   Mais ces analyses révélèrent surtout qu’il était paludéen au dernier degré. De l’ADN du parasite Plasmodium falciparum fut retrouvé dans sa momie et dans celles de trois autres membres de sa famille. Toutânkhamon est donc probablement mort de paludisme combiné à une affection osseuse et à une constitution physique, semble t-il, déjà très fragile à la suite d’une fracture. Le Dr Pusch souligne :

"Toutânkhamon semble avoir souffert de la forme la plus grave de paludisme, la malaria tropica, causée par le Plasmodium falciparum…… L’association de cette infection avec la nécrose osseuse pourrait avoir été fatale".

Les chercheurs de l’Institut de Médecine Tropicale Bernhard Noch soupçonnent que le Roi serait mort d’une drépanocytose, également appelée hémoglobinose S, ou anémie à cellules falciformes, qui est une maladie héréditaire qui se caractérise par l’altération de l’hémoglobine la protéine assurant le transport de l’oxygène dans le sang.
 
   Le monde de l’archéologie est partagé par ces annonces, entre l’espoir d’une percée historique et sur le caractère encore aléatoire des analyses. Comme le précise l’égyptologue Pascal Versus :

"Qu’il soit mort du paludisme, reste encore à prouver, car on peut être porteur sain de la maladie. En revanche, les découvertes sur les carences osseuses de Toutânkhamon sont une véritable avancée !".

  
Abdel Halim Noureddine, professeur d’archéologie à l’Université du Caire nous dit :

"Les tests ADN en archéologie ne sont pas suffisants" …. " Il faut d’autres preuves archéologiques qui nous permettent d’établir avec certitude la généalogie et l’état physique de Toutankhamon".

Michel Wuttmann, de l’Institut Français d’archéologie orientale (IFAO), au Caire, espère néanmoins que ces études permettront de progresser dans le domaine de l’utilisation de l’ADN.
 


 

Ânkhesenamon –
Ägyptisches Museum – Berlin

Sa famille

 
   Toutânkhamon n’aura, du fait de son jeune âge, qu’une épouse.
 
Ânkhesenamon (anx-sn-Jmn) ou Ânkhesenpaaton (anx-sn-Jtn) sa demi-sœur aînée, fille d’Amenhotep IV/Akhénaton et de la Reine Néfertiti, qui changera de nom lors de l’abolition du culte d’Aton et deviendra Ânkhesenamon. Elle nait en l’an 5/6 du règne de son père. On trouve aussi selon les spécialistes l’an 4 ou la fin de l’an 7. Sa date de naissance n’est donc pas encore connue avec certitude. Elle épouse à l’âge de onze ans (On trouve aussi 12 ans) son père. Puis elle devient la Grande Épouse Royale de Toutânkhamon. À tout juste 22 ans, après la mort de celui-ci, elle devient l’héritière du trône n’ayant pas à ce moment d’enfant. Cependant elle sait qu’elle va devoir lutter contre les complots de palais.
 
   Selon Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton, elle est donc peut-être obligée d’épouser Aÿ II, véritable maître du pouvoir, qui prend le titre de Pharaon, mais on a pas de preuve irréfutable de cette union. À partir d’après 1324, plus aucune trace d’Ânkhesenamon ne subsiste. Elle disparaît de la vie politique du jour au lendemain. Est-elle répudiée ? Est-elle tuée ? Quand est-elle vraiment morte et où est-elle enterrée ?. Autant de questions sans réponse à aujourd’hui.
 
   Il faut souligner les grandes incertitudes sur les dates de cette union et l’âge des époux lors des faits, voir l’article sur Ânkhesenamon.

 
   Il n’a pas été trouvé d’inscriptions qui prouvent que Toutankhamon et sa femme eurent des enfants. Cependant, indépendamment de la momie de Toutânkhamon, on a retrouvé dans le "trésor" de sa tombe, deux petits cercueils anthropoïdes avec des fœtus momifiés, deux filles de Toutânkhamon et de la Reine Ânkhesenamon ?. Le plus petit fait 25,75 cm de long et serait, selon le professeur Douglas Derry, un prématuré de cinq mois. Le second fait 36,10 cm de long et serait, toujours selon Derry, mort au 7 mois de gestation. Les recherches récentes dirigées par le professeur R.G.Harrison de l’université de Liverpool ont montré que le bébé serait mort à la naissance et en février 2010, les résultats publiés des tests d’ADN (étude cité plus haut) ont montré que les deux enfants sont presque certainement des filles de Toutankhamon. Toutefois, l’étude ne permet pas de préciser qui était la mère, il n’y a que de forte présomption que ce fut Ânkhesenamon, mais la qualité de l’ADN et les difficultés d’analyse empêchent d’établir la moindre filiation avec certitude.

 


 

Momie de Toutânkhamon

Sa sépulture

 
   Sa tombe, KV62, est découverte le 4 novembre 1922 par Howard Carter (Pour le compte de Lord George Herbert Carnarvon). Les objets trouvés seront photographiés en 1923 par Harry Burton, pour le Metropolitan Museum of Art et le tombeau sera excavé de 1923-1932 par Howard Carter. La tombe de Toutânkhamon est le tombeau royal retrouvé le plus intact de la vallée des Rois. Il a fallu 10 ans à Howard Carter pour répertorier les 2100 objets qui s’y trouvaient. Le trésor était composé d’objets d’or, d’albâtre et d’ivoire. Sa richesse est au delà de l’imagination. La collection prend la majeure partie du 1er étage du musée du Caire. Quand on pense qu’elle ne s’adressait qu’à un Pharaon mineur, il est impossible de s’imaginer ce que devait être la richesse des objets funéraires d’un Pharaon comme Ramsès II.
 
   Certains spécialistes, dont Carl Nicholas Reeves, affirment que les objets qui y ont été trouvés n’étaient pas prévus au départ pour le jeune Roi, mais qu’ils furent déposés dans la tombe par son successeur le Pharaon Aÿ II, compte tenu de la mort rapide de Toutânkhamon. Entre autres preuves ils avancent : Le masque funéraire et le sarcophage auraient été retouchés pour être adaptés aux dimensions du Roi, des objets trouvés dans le tombeau sont de fabrication identique à ceux venant d’Amarna etc… Il est probable que l’entrée du caveau ait été cachée par les gravats provenant des tombes de Ramsès V (1147-1143) et Ramsès VI (1143-1136), le protégeant ainsi des éventuels pillards, jusqu’à sa découverte par Howard Carter. Le tombeau se compose d’une entrée avec un escalier suivie d’un couloir descendant qui mène à une antichambre rectangulaire. Sur le mur de droite de celle-ci, des traces de creusement abandonné indiquent que cette pièce aurait du être plus grande d’environ 2 mètres vers le Nord.
 
Pour plus de détails voir l’article sur : La tombe KV62

 

Détail d’une fresque d’Amarna,
Ânkhesenamon et Toutânkhamon
Ägyptisches Museum – Berlin
Détail d’une paroi d’un coffret du
mobilier funéraire de Toutânkhamon,
Ânkhesenamon offre deux bouquets
à son époux – Musée Égyptien du Caire
Ânkhesenamon et Toutânkhamon,
détail du fauteuil trouvé dans la tombe
de Toutânkhamon –
Musée Égyptien du Caire

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Pharaon voir les ouvrages de :
 
Jan Assmann :
Tutanchamun und seine Zeit. pp : 24–33, Thomas Schneider, Mirco Hüneburg : MA’AT – Archäologie Ägyptens, Heft 1. Books on Demand, Norderstedt, 2004.
Robert Bob Brier :
The murder of Tutankhamen : A 3000-year-old murder mystery, A true story, Putnam Pub Group, New York, Mars 1998 – Weidenfeld & Nicolson, London, Avril 1998 – Phoenix, Avril 1999 – Berkley Publishing Group, Mai 2005 – En Allemand, Der mordfall Tutanchamun, eine wahre geschichte, Piper, Février 2000 – En Français, Le meurtre de Toutânkhamon, J.C. Lattès, Paris, 1999 – LGF, Livre de Poche, Novembre 2002.
Howard Carter et Arthur Cruttenden Mace :
The Tomb of Tut-Ankh-Amen, 3 vol., Cassell, London, 1923, 1927, 1930 et 1933 – Odkrycie grobowca Tutanchamona,  Warsaw, (posthume) 1997 – En Allemand, Tutenchamun, Ein ägyptisches Königsgrab, Bde 3, Leipzig, 1927.
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Jean-Pierre Corteggiani :
Toutânkhamon, le trésor, Collection : Hors série Découvertes, Gallimard, Paris, 2000.
Christiane Desroches Noblecourt :
Toutânkhamon, Éditions Pygmalion, Paris, 1999.
Rosemarie Drenkhahn :
Eine Umbettung Tutanchamuns ?, pp : 29–37, MDAIK 39, Philipp von Zaber, Mainz, 1983.
Marianne Eaton-Krauss :
Tutanchamun als Jäger, pp : 49–50, GM 61, Göttingen, 1983.
Tutankhamun at Karnak, pp : 1–11, MDAIK 44, Philipp von Zabern, Mainz, 1988.
Marianne Eaton-Krauss et Jacobus van Dijk :
Tutankhamun at Memphis, pp : 35–41, MDAIK 42, Philipp von Zabern, Mainz, 1986.
Iorwerth Eiddon Stephen Edwards et Lord Trevelyan :
The treasures of Tutankhamun, The Viking press, New York, 1973 et 1974 – Ballantine Books, 1976 and 1977.
Iorwerth Eiddon Stephen Edwards et Harry Burton, Lee Boltin et Robert Bré :
Tutankhamun, His tomb and its treasures, Metropolitan Museum of Art, Random House Inc (T), New York, 1976 – En Français, Toutankhamon : Sa tombe et ses trésors, Seghers, 1978.
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Tutanchamun, Leben und Sterben des jungen Pharao, Goldmann, München, 2004.
Marc Gabolde :
D’Akhénaton à Toutânkhamon, CIAIA 3, Lyon, Paris, 1998 et Institut d’Archéologie et d’Histoire Antiquité, 2000.
La parenté de Toutânkhamon, pp : 32-48, BSFE 155, Octobre 2002.
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Toutânkhamon, Collection : Splendeurs, édition Molière, Juillet 2000.
Jaromir Malek :
The treasures of Tutankhamun, Carlton Books Ltd, Août 2006 – Andre Deutsch Ltd, London, Octobre 2006 – Whitman Publishing, Septembre 2006 – En Français, Les trésors de Toutânkhamon, Traduction de Odette Grille, Readers’s Digest Publication, Octobre 2006.
Michael Höveler-Müller, Maja Nielsen, Magdalene Krumbeck, Peter Palm et Edgar Bruno Pusch :
Tutanchamun : Das vergessene Königsgrab, Gerstenberg, Hildesheim, 2006.
Thomas Hoving :
The search for Tutankhamun: The untold story of adventure and intrigue surrounding the greatest modern archeological find, Simon & Schuster, New York, Octobre 1978.
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Toutânkhamon, Collection : Berceaux de l’histoire, Gründ, Août 2000 – Friedman/Fairfax, New York, Septembre 2000.
Tutankhamun, treasures of ancient Egypt, White Star, May 2006 – White Star, De Luxe édition, Octobre 2007.
Carl Nicholas Reeves :
Toutânkhamon : Vie, mort et découverte d’un pharaon, Editions Errance, Paris, Mai 2003.
Hermann Alexander Schlögl :
Echnaton – Tutanchamun : Daten, fakten, literatur, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, Décembre, 1993.

 

Filmographie

Toutankhamon, Réalisation : Christopher Rowley,   Vidéo VHS, Éditeur : Cinenova Productions, 1993.
– The mystery of Toutankhamon / Toutankhamon : Une mort mystérieuse, Réalisation : Peter Spry-Leverton, Vidéo VHS, Éditeur: Discovery communications, Inc., Etats-Unis, 1998.
Les secrets du trésor de Toutankhamon : Texte et direction scientifique de Christiane Desroches Noblecourt, Réalisation : Michel François, DVD vidéo, Éditeur : Editions Montparnasse / Dovida Prod, Paris, 2004.
Rois et reines d’Egypte : Sur les pas des grands pharaons, Réalisation : History channel, DVD vidéo, Éditeur : Polygram direct et History channel cop, 2008.

 

….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 

 
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