Tête de statue de Chabataka Musée de Nubie Assouan
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Son origine,
sa durée de règne
Chabataka (ou Shabataka ou Shebitku ou Shebitko ou Shabitko
ou Schebitko) est le IIIe Pharaon de la XXVe dynastie
si l’on compte à partir de Piânkhy. Il fut le 5e Roi de Napata,
capitale du pays de Kouch (Nubie), là encore si l’on compte à partir
d’Alara,
mais s’il est dans la convention que ce dernier fut le fondateur de la dynastie
Kouchite, il apparaît dans divers textes qu’il serait en fait le septième
souverains de la dynastie, fils du Roi Piânkhy Miamoun et de la Reine Kenensat.
Manéthon l’appelle Sebichôs (Africanus, Eusebius) et lui compte 14 ans de règne (Africanus) ou 12 ans (Eusebius de
Cesarea). La plupart des égyptologues s’accordent sur une durée de règne
d’environ 17 ans. Il est Roi de Napata et Pharaon. Il fut le fils de
Piânkhy, mais nous ne connaissons pas sa mère,
peut-être, selon certains spécialistes, la Reine Tabira (ou Tabiry).
Le règne de Chabataka était traditionnellement
daté de 702 à 690. Cependant, la découverte récente d’inscriptions de l’Empereur
d’Assyrie,
Sargon II
(722-705) à Tang-i Var (Iran du Nord-ouest), semblent indiquer que c’est Chabataka, le Roi d’Égypte, qui a extradé
le Roi rebelle Iamanni d’Ashdod (ou Asdod) pour le vendre à
Sargon II, plutôt
que Chabaka comme on le pensait précédemment. Cette action étant daté de 707/6 par
Sargon II, cela
suggère que Chabataka ait régné à partir de 706 au plus tard et peut-être dès 707. Cette nouvelle datation a
été acceptée aujourd’hui par des beaucoup d’égyptologues.
Son Règne
Pendant très longtemps il fut suggéré par des égyptologues, dont
William
Joseph Murnane,
qu’il y eut une corégence entre
Chabaka et Chabataka. Les détracteurs de cette théorie
appuyaient leur proposition d’une stèle (Turin 1467), qui représente les deux
souverains assis ensemble, avec Chabataka en arrière plan, face à deux autres
individus devant une table d’offrandes. Cependant, le
musée de Turin a par la suite reconnu
la stèle comme un faux. Robert George Morkot et
Stephen Quirke qui
ont analysé la stèle ont également confirmé que l’objet était faux et qu’il ne pouvait pas être utilisé
pour confirmer une corégence entre les deux Rois.
L’idée est aujourd’hui abandonnée.
Chabataka fut couronné à
Thèbes, affirmant ainsi sa volonté de
régner sur l’ensemble du Nord et du Sud unifiés. Face aux turbulences politiques
en Asie, il réussit à assurer la paix initiée par son prédécesseur en maintenant
les Assyriens dans le
Nord et empêchant leur avance plus loin dans le pays. En 704, les Rois de
Phénicie et de
Palestine se
soulevèrent contre l’Empire
Assyrien.
Chabataka voulut leurs venir en aide, il envoya un corps expéditionnaire commandé par son frère
Taharqa, pour soutenir les Rois de :
Gaza, Cili-Bel
(720-v.690), d’Ascalon (ou Ashkelon), de
Sidon et
Ézéchias (726-697) de
Juda qui se liguaient contre
les Assyriens (Isaïe 30, 31; 36:6-9). Mais
Taharqa sentant qu’il ne pourrait faire face aux troupes
Assyriennes
préféra rentrer en Égypte.
En 701, l’Empereur d’Assyrie,
Sennachérib (705-681)
défit la coalition pourtant forte de 200 000 hommes près de
Cition (ou Kition). L’Empereur
s’empara alors de Sidon
et plaça son Roi sous contrôle d’un souverain
Tyro-assyrien. Les autres cités
Phéniciennes ainsi
que les Rois de Moab,
Kemoch-Nadab II (ou ou Kammusu-Nadni, v.720),
d’Édom
et d’Ashdod
se soumirent. Les Assyriens
entrèrent en Philistie, et ils déportèrent le Roi
d’Ascalon. La même année,
Sennachérib défit définitivement la coalition dans la plaine à Eltekeh en
Palestine. Cela conduisit à l’invasion du royaume de
Juda (2 Rois 18:13-16) et
Ézéchias fut assiégé dans
Jérusalem. Il dut
payer un lourd tribut pour éviter le ravage de sa cité.
Puis l’Assyrien
se retira, rappelé par des problèmes en
Babylonie, sans parvenir à
entrer en Égypte. Les histoires bibliques, prétendent que la peste dans l’armée
Assyrienne sauva les Égyptiens de la défaite et
Hérodote (Historien
Grec, v.484-v.425) raconte
que la retraite des Assyriens
serait due à des milliers de souris qui auraient mangé le haut des armes, les carquois, les cordes d’arc et les
lanières des boucliers. En politique intérieure Chabataka chercha à renforcer le pouvoir royal, que divers Princes
locaux voulaient saper, par la confiscation de leurs biens.
Au niveau religieux, Le souverain entérina les croyances Égyptiennes et lors de son
règne on constate que l’art se développa
considérablement. Chabataka disparut brutalement en 690. On ne peut affirmer si son frère
Taharqa, s’empara volontairement du pouvoir
comme le suggère
Manéthon. Ce dernier allant même jusqu’à parler d’assassinat.
Partie supérieure d’une stèle
votive où l’on voit Chabataka faire des Offrandes à Osiris |
Ses
constructions
De son activité de bâtisseur on
retient, la poursuite des travaux de
Chabaka à
Memphis et dans le serapeum
de Saqqarah ; La
construction d’une chapelle à Louxor et dans le coin Sud-est du temple, il remplaça certains reliefs de
Ramsès III
(1184-1153) par des scènes de culte aux divinités
Amon,
Hathor et
Mout ;
Des restaurations, l’allongement de la chapelle
d’Osiris
et la construction d’une chapelle à Karnak ; La construction d’une chapelle dans l’Oasis Kawa
; La décoration du temple
d’Osiris Heqadjet à
Thèbes qui
avait été construit sous
Osorkon III
(787-759).
Sa sépulture
Chabataka fut enterré à El-Kourrou
dans la pyramide KU18. On y mit au jour quelques morceaux de l’équipement funéraire, des oushebtis,
une table d’offrande en ivoire, ainsi qu’un crâne et des os. En outre, comme le
précise
Jean Leclant, ainsi que pour
Piânkhy et
Chabaka, ses
chevaux furent enterrés à proximité de sa sépulture.
Sa famille
Chabataka
a deux épouses attestées :
• Arti (ou Irty ou Araty), dont on lui connait les titres de :
Fille du Roi (s3T-nswt) et
Épouse du Roi (hmt-nswt). Nous ne connaissons pas d’enfant de cette union.
Pour quelques spécialistes elle fut la sœur (ou demi-sœur) de Chabataka.
Selon Aidan Marc Dodson,
Dyan Hilton et Wolfram Grajetzki, elle fut enterrée à El-Kourrou, pyramide KU6.
• Kalhat (ou Qalhata), qui avait épousé en premières noces
Chabaka. Selon
Aidan Marc Dodson,
Dyan Hilton et Wolfram Grajetzki, elle fut enterrée à El-Kourrou, pyramide KU5. Elle est donnée
par quelques égyptologues comme la mère de
Tanoutamon. Elle portait les titres de :
Sœur du Roi (snt-nswt) et
Mère du Roi (mwT-nswt).
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le
Pharaon voir les ouvrages de :
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– The Libyan and Nubian Kings of Egypt : Notes on the chronology of dynasties XXII to XXVI, pp
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/ Avril 1973.
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– Chronologic des pharaonischen Ägypten : Die zeitbestimmung der ägyptischen geschichte von der Vorzeit
bis 332 v. Chr., Münchener Universitäts schriften,
MÄS 46, Philipp von Zabern,
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– The Shabaka-Shebitku coregency and the supposed campaign of Sennacherib against Judah : A critical assessment,
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