Les grandes batailles de l’antiquité :
Siège de Jérusalem –
Bataille du Halys
 

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Siège  de  Jérusalem  15 Janvier 588 au
29 Septembre 587

 


 

Prise de Jérusalem par
Nabuchodonosor –
Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques,
enluminure de Jean Fouquet,
vers 1470-1475, BnF, département
des manuscrits Français.

Présentation

 
   La bataille et le siège de Jérusalem se déroula en 587-586 av.J.C (on trouve aussi de 589 à 587 ?). Il opposa l’armée néo-Babylonienne (Les Chaldéens) de Nabuchodonosor II (605-562) à la ville de Jérusalem, alors capitale du royaume de Juda. Malheureusement pour la cité le conflit s’acheva par sa destruction ainsi que celle du Temple et par la déportation d’une importante partie de la population à Babylone. La défaite de Juda mit un terme définitif au conflit de dix ans qui opposait les deux royaumes.
 
   La destruction du Temple fut un événement majeur pour l’histoire et la tradition Juives qui est commémoré annuellement par les quatre jeûnes évoqués dans Zacharie 8:19. Le déroulement de ces faits historiques est exposé dans la Bible, en particulier dans le Deuxième Livre des Rois et le Livre de Jérémie. Il est également relaté dans les Chroniques Babyloniennes ainsi que, selon Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), par Bérose (ou Bérossos ou Bérose le Chaldéen, Prêtre Chaldéen, astronome et historien, IIIe siècle av.J.C).

 

Le  contexte  et  le  déroulement

 
   Au début de son règne, Nabuchodonosor II guerroya de la Syrie à l’Arabie pour chasser les derniers Égyptiens d’Asie et établir son autorité sur les Rois vassaux. Il conquit la Palestine et après deux campagnes, en 597, il prit Damas, puis la même année en Janvier/Février, il fit le siège de Jérusalem. Le Roi de Juda, Joachim II (ou Joaquin ou Jeconiah, en Hébreu : יהויכין Yehoyaqim, 598-597) se rendit le 16 Mars 597 (Après trois mois et dix jours de règne) et fut déporté avec le Prophète Jérémie, alors très jeune, la noblesse Juive et 3.000 habitants, en majorité des artisans, à Babylone où il vécut 37 ans. (D’autres sources donnent 10.000 personnes : La cour, les Prêtres, les artisans travaillant les métaux).
 
   Il sera libéré par le Roi suivant de Babylone, Amel-Marduk (ou Awêl-Marduk) en 562. Nabuchodonosor II pilla les trésors du Temple et du palais royal et institua comme Gouverneur "Roi" de la ville un oncle de Joachim II, Mattanyahu, qui prit le nom de Sédécias (ou Zedecias ou Zedekiah, en Hébreu : צדקיהו Şidhqiyyāhû, 597-586). Pour mieux contrôler la région, le Babylonien fit ériger une forteresse dans le Mukish (Liban aujourd’hui), à Riblah (Nord de l’Israël). Toutefois, cela n’empêcha pas les souverains locaux de continuer à se révolter. En 593, un soulèvement eut lieu également en Babylonie qui fut vite réprimée dans la violence.
 
   En 589, Sédécias, homme faible, se laissa entraîner, avec l’aide du Roi d’Ammon, Baalis (v.600-v.585), dans une coalition avec le Roi de Tyr, Ithobaal III (590-573) et celui de Sidon, contre les Babyloniens. Cette politique anti-Babylonienne, poussée dans cette voie par le Pharaon Apriès (589-570), amena à une nouvelle intervention de Nabuchodonosor II qui battit les coalisés et mit le siège devant Tyr. Celui-ci dura pendant 13 ans, mais sans succès pour le Babylonien. Quelques hypothèses présument qu’une sorte de compromis fut signé entre les Tyriens et les Babyloniens au terme duquel Tyr conserva une certaine autonomie.
 


 

Le massacre des enfants de Sédécias
sous ses yeux – Tableau de
François-Xavier Fabre – 1787 –
Musée Fabre – Montpellier

   Puis, le 15 Janvier 588 (On trouve aussi 10 Janvier [10 Tebetu], Deuxième Livre des Rois 25,1 ; Ézéchiel 24,1), il assiégea de nouveau Jérusalem, qu’il prit d’assaut le 29 Septembre 587 (On trouve aussi Octobre, ou 23 Juillet [9 Du’uzu]) et dont l’attaque fut dirigée par le Général Babylonien Nériglissar (ou Nergal-sarra-usur). Le récit du siège ainsi que la description de la ville sont principalement tributaires des récits Bibliques car aucune fouille n’a pu être menée sur le site, extrêmement sensible tant d’un point de vue religieux que géopolitique. De nombreux habitants furent tués ou une nouvelle fois déportés à Babylone. Sédécias tenta de s’enfuir vers le Jourdain, mais il fut rejoint et capturé près de Jéricho et emmenés à Ribla. Il fut condamné à avoir les yeux crevés et ses enfants furent massacrés et il mourut en captivité à Babylone. Cet épisode est connu sous le nom d’Exil dans la Bible.
 
   Après la chute de la ville, un Général Babylonien, Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina, en Hébreu : נבוזראדן, “Nabû a donné une engeance“) fut envoyé pour compléter sa destruction. Jérusalem fut pillée, le Temple de Salomon fut détruit, le quartier aristocratique fut brûlé et la ville et les remparts furent détruits. La plupart de l’élite de la cité fut envoyé en captivité à Babylone. L’archéologie confirme la trame de ce récit ainsi que l’existence de certains personnages. Les “lettres de Lakish” écrites sur une période brève par Hoshaya, un officier en poste à Yoash, près de Jérusalem, témoignent des troubles qui secouèrent cette période.
 
   Malgré les déportations, il resta cependant une partie de la population de Jérusalem rescapée et surtout les habitants des campagnes et des villages Judéens. Parmi ces derniers, un groupe, qui résista aux côtés des Moabites et des Ammonites jusqu’en 582, réussit à assassiner le Gouverneur Godolias placé par les Babyloniens à la tête de la province et s’enfuit en Égypte. Il fallut une nouvelle déportation des rebelles, cinq ans plus tard, pour que le calme revienne dans la région et la province passa directement sous administration Babylonienne.

 

Précisions  sur  la  chronologie

 
   Les Chroniques Babylonienne, publiés en 1956, indiquent que “Nebucadnetsar” (Nabuchodonosor II) prit Jérusalem la première fois et mit fin au règne de Joachim II (ou Joaquin ou Jeconiah, 598-597) le 2 Adar (16 Mars) 597. Sur ces premiers faits les historiens sont relativement d’accord. Par contre, il y a un débat entre les spécialistes quant à la date du deuxième siège de de la ville. Bien que pour certains, il n’y ait aucun doute que la chute de la cité eut lieu dans le mois Tammuz (Jérémie 52: 6).
 
   William F.Albright date la fin du règne de Sédécias (et la chute de Jérusalem) en 587, tandis que Edwin R.Thiele donne 586. La position de Thiele est basée sur la présentation du règne de Sédécias qui est parfois utilisée pour les Rois de Juda. Dans ce cas, l’année où Sédécias monta sur le trône serait son année zéro, sa première année complète serait 597/596, et sa onzième année, l’année de la chute de Jérusalem, serait 587/586. Cependant, les Chroniques Babyloniennes soutiennent la première année de Sédécias, lorsqu’il fut installé sur le trône par Nabuchodonosor II, en 598/597. La chute de la ville dans sa onzième année serait alors à l’été 587. Les Chroniques Babyloniennes permettent la datation assez précise de la capture de Joachim II et le début du règne de Sédécias, et fournissent également l’année de l’arrivée au pouvoir du successeur de Nabuchodonosor II, Amel-Marduk (ou Amel-Mardouk ou Amil-Marduk, dans la Bible : Ewil Mérodak ou Evil-Mérodach ou Evil-Merodac ou Evilmerodac, 562-560), qui était la 37e année de la captivité de Joachim II selon le Deuxième Livre des Rois 25:27. Ces documents Babyloniens liés au règne de Joachim II sont donc compatibles avec la chute de la ville en 587 et sont incompatibles avec la date 586.
 
   La chronologie des événements du dernier siège serait donc celle-ci. (Les dates sont tirées du livre sur la chronologie Biblique par Andrew E.Steinmann)
27 Janvier 589 (10 Tébeth). Début du deuxième siège de la ville. Deuxième Livre des Rois 25: 1; Ézéchiel 24: 1-2.
29 Septembre 588 (1 Tishri). Libération des esclaves Hébreux au début d’une année sabbatique. Jérémie 34: 8-10.
Octobre 588 à Avril 587 (Entre Tishri 588 et Nisan 587). Les Babyloniens lèvent temporairement le siège en raison de l’approche de l’armée Égyptienne. Jérémie arrêté et déporté. Jérémie 34: 11-22; 37: 5-16.
29 Avril 587 (7 Nisan). Les Égyptiens sont vaincus. Le siège de la ville reprend. Jérémie 34:22; Ézéchiel 30: 20-21.
29 Juillet 587 (9 Tammuz). Prise de la ville. Sédécias capturé. Deuxième Livre des Rois 25: 2-4; Jérémie 39: 2, 52: 7; Ézéchiel 33:21, 40: 1.
25 Août 587 (7 Ab). Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina) arrive à Jérusalem et commence consultation avec les Commandants sur le terrain concernant le pillage de la ville. Deuxième Livre des Rois 25: 8.
28 Août 587 (10 Ab). Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina) conduit ses forces dans Jérusalem pour piller, détruire et brûler la ville et son Temple. Deuxième Livre des Rois 25: 9-19; Deuxième Livre des Chroniques 36: 18-19; Jérémie 52: 12-25.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
William Foxwell Albright :
New light from Egypt on the chronology and history of Israel and Judah, pp : 4–11, BASOR 130, Baltimore, 1953.
The Bible in the ancient near east, Festschrift for Albright, edited by G.Ernest Wright, Garden City, Doubleday, 1965.
Daniel Arnaud :
– Nabuchodonosor, roi de Babylone, Fayard, Paris, 2004 – En Italien, Nabucodonosor II : re di Babilionia, Salerno, Roma, 2005 – En Russe, Navukhodonosor II, t︠s︡arʹ Vavilonskiĭ, Molodai︠a︡ gvardii︠a︡, Moskva, 2009.
Abraham Malamat :
The last wars of the kingdom of Judah, Éditeur inconu, 1950.
Leslie Mc Fall :
A translation guide to the chronological data in Kings and chronicles, Bibliotheca Sacra 148, 1991.
Andrew E.Steinmann :
From Abraham to Paul : A Biblical chronology. Concordia, St. Louis, 2011.
Edwin R.Thiele :
The chronology of the Kings of Judah and Israel, pp : 137-186, JNES 3, N°3, Chicago, Juillet 1944.
A chronology of the Hebrew kings, Zondervan Pub. House, Grand Rapids, 1977.
Donald John Wiseman :
Chronicles of Chaldean kings (626-556 B.C.) in the British Museum, Trustees of British Museum, London, 1961.

 

 

             Bataille  du  Halys

28 Mai 585

 

Présentation

 
   La bataille du Halys (ou de l’éclipse), opposa les Mèdes et les Lydiens le 28 Mai 585 av.J.C. sur les rives du fleuve Halys (Lydie). Cette bataille termina la guerre qui opposait depuis 5 ans les Rois Alyatte (ou Aliatte ou Alyattès, 610-561) de Lydie et Cyaxare (ou Ciáxares ou Oumakishtar, 633-585), des Mèdes. Il n’y eut ni vainqueur ni perdant, la bataille s’arrêta en raison d’une éclipse totale de Soleil. Cette éclipse fut perçue comme un présage indiquant que les Dieux exigeaient la fin du combat.
 

Le contexte

 
   Le Roi des Mèdes, Cyaxare (ou Ciáxares ou Oumakishtar, 633-585), s’était allié avec le Roi Babylonien, Nabopolassar (626-605) pour écraser l’Empereur d’Assyrie Assur-Uballit II (612-609) aidé des troupes Égyptiennes, du Pharaon Néchao II (610-595). Ce dernier toutefois ne réussit pas à joindre ses forces à celles d’Assur-Uballit II, le laissant à son triste sort, face à son puissant ennemi. L’Assyrien se réfugia à Harran et fut impuissant face à l’avancée du Babylonien et de Cyaxare et il fut vaincu, ce qui mit fin à l’Empire Assyrien.
 
   Après la victoire et le partage de cet Empire, le Roi Mède régna sur une grande partie de l’Iran, l’Assyrie et le Nord de la Mésopotamie, l’Arménie et la Cappadoce. Puis il poursuivit ses conquêtes vers l’Ouest et s’attaqua à l’Ourartou, s’emparant de sa capitale Tushpa, en 590, ce qui lui garantit la suprématie dans les montagnes au Nord de la Mésopotamie. La même année, il chercha à envahir la Lydie du Roi Alyatte II (ou Aliatte ou Alyattès, 610-561), qui était en pleine expansion et dont les richesses découlaient d’un commerce important.

 

Le déroulement

 
   Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), la guerre entre les Lydiens et les Mèdes avait deux raisons : Les intérêts contradictoires en Asie Mineure, et aussi un motif de vengeance. L’auteur, dans ses Histoires – 1.73-74, affirme que des chasseurs Scythes employés par les Mèdes, revenant les mains vides furent insultés par le Roi Cyaxare (ou Ciáxares ou Oumakishtar, 633-585). Pour se venger de l’affront, les chasseurs tuèrent un des fils du souverain et le servirent en repas aux Mèdes. Puis s’enfuirent ensuite vers Sardes, capitale de la Lydie. Cyaxare exigea que les Scythes lui soient remis, mais le Roi de Lydie, Alyatte II (ou Aliatte ou Alyattès, 610-561) refusa. En réponse, les Mèdes envahirent alors le territoire des Lydiens.
 
   La guerre continua pendant cinq ans, avec des succès divers. Chaque partie gagnant des victoires alternativement sur l’adversaire. Toujours selon Hérodote, lors de la sixième année, comme, la balance ne penchait ni en faveur de l’un, ni en faveur de l’autre, les deux parties décidèrent de se rencontrer dans une bataille décisive, le 28 Mai 585 (ou 601 ou 597 selon d’autres sources ?), sur les rives du fleuve Halys (aujourd’hui Kızılırmak) Les armées commencèrent à s’affronter lorsque survint une éclipse totale du Soleil et tout à coup le jour se changea en nuit.
 
   Cet événement avait été annoncé par Thalès, de Milet, qui avait averti les Ioniens du jour et de l’année où il aurait effectivement lieu. Dans sa prophétie il avait dit que la guerre prendrait fin si la journée devenait soudainement nuit. Les Lydiens et les Mèdes, lorsqu’ils observèrent le changement, effrayés, y virent un signe des Dieux et cessèrent immédiatement les combats, désireux d’en venir à des conditions de paix et Cyaxare conclut un traité avec Alyatte II. Dans le cadre des termes de l’accord de paix, la fille d’Alyatte II, Aryenis, fut mariée au fils de Cyaxare, Astyage (585 à 550 ou 549), et le Halys fut établi comme frontière entre les deux nations.

 

La datation

 
   Les dates des éclipses pouvant être précisément calculées, la bataille du Halys est la plus ancienne date connue avec une telle précision. D’après la NASA, le pic de l’éclipse se situa sur l’océan Atlantique par 37° 54′ N 46° 12′ O, et la zone d’ombre atteignit le Sud-ouest de l’Anatolie dans la soirée. Il faut signaler qu’une polémique existe entre spécialistes, dont certains émettent une théorie alternative concernant la date de la bataille. Ils suggèrent qu’Hérodote fit une erreur en contant les événements (Dont il ne fut pas témoin personnellement) et que l’éclipse solaire est une mauvaise interprétation de son texte. Selon eux, ce qui arriva aurait pu être une éclipse lunaire, juste avant le levé de la lune, au crépuscule. Si les guerriers avaient planifié leur début de bataille avec la pleine Lune, comme les jours précédents, ils auraient eu un choc d’avoir au crépuscule cette éclipse. Si cette théorie est correcte, la date de la bataille ne serait pas 585, mais peut-être le 3 Septembre 609, ou le 4 Juillet 587, dates où des éclipses lunaires eurent lieu.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
George Biddell Airy :
On the eclipses of Agathocles, Thales, and Xerxes, Editeur inconnu, 1853 – Philosophical Transactions of the Royal Society of London 143, pp : 179-200, 1853.
Tony Jacques:
Dictionary of battles and sieges : A Guide to 8,500 battles from Antiquity through the twenty-first century, Publishing Group, Greenwood, 2007. Alden A.Mosshammer :
Thales’ Eclipse, pp : 145-155, American Philological Association 111, 1981.
Thomas D.Worthen :
Herodotus’s report on Thales’s eclipse, Electronic Antiquity, vol. 3.7, Mai 1997.

 

 

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