Prise de Jérusalem par Nabuchodonosor – Flavius Josèphe, Antiquités
Judaïques, enluminure de Jean Fouquet, vers 1470-1475,
BnF, département des manuscrits Français.
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Présentation
La bataille et le siège de
Jérusalem se déroula en 587-586 av.J.C
(on trouve aussi de 589 à 587 ?). Il opposa l’armée
néo-Babylonienne (Les Chaldéens)
de
Nabuchodonosor II (605-562) à la ville de
Jérusalem, alors capitale du royaume de
Juda. Malheureusement pour la cité le conflit s’acheva par sa
destruction ainsi que celle du Temple et par la déportation d’une importante partie de la population à
Babylone. La défaite de
Juda mit
un terme définitif au conflit de dix ans qui opposait les deux royaumes.
La destruction du Temple fut un événement majeur pour l’histoire et la tradition Juives qui est commémoré annuellement par les quatre jeûnes
évoqués dans Zacharie 8:19. Le déroulement de ces faits historiques est exposé dans la Bible, en particulier dans le
Deuxième Livre des Rois et le Livre de Jérémie. Il est également relaté dans les Chroniques Babyloniennes ainsi que,
selon Flavius Josèphe
(ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), par Bérose (ou Bérossos ou Bérose le Chaldéen,
Prêtre Chaldéen, astronome et historien, IIIe siècle av.J.C).
Le contexte et
le déroulement
Au début de son règne,
Nabuchodonosor II guerroya de la
Syrie à l’Arabie pour chasser les
derniers Égyptiens d’Asie et établir son
autorité sur les Rois vassaux. Il conquit la
Palestine et après deux
campagnes, en 597, il prit
Damas, puis la même année en Janvier/Février, il fit le siège de
Jérusalem.
Le Roi de Juda,
Joachim II
(ou Joaquin ou Jeconiah, en
Hébreu : יהויכין Yehoyaqim, 598-597) se rendit
le 16 Mars 597 (Après trois mois et dix jours de règne) et fut déporté avec le Prophète Jérémie, alors très jeune,
la noblesse Juive et 3.000 habitants, en majorité des artisans, à
Babylone où il vécut 37 ans. (D’autres sources donnent 10.000 personnes : La cour, les Prêtres, les artisans travaillant les métaux).
Il sera libéré par le Roi suivant de
Babylone,
Amel-Marduk (ou Awêl-Marduk) en 562.
Nabuchodonosor II pilla
les trésors du Temple et du palais royal et institua comme Gouverneur "Roi" de la ville un oncle de
Joachim II,
Mattanyahu, qui prit le nom de Sédécias
(ou Zedecias ou Zedekiah, en
Hébreu : צדקיהו Şidhqiyyāhû, 597-586).
Pour mieux contrôler la région, le
Babylonien fit ériger une forteresse dans le
Mukish (Liban aujourd’hui), à Riblah
(Nord de l’Israël). Toutefois, cela n’empêcha pas les souverains locaux de continuer à se révolter.
En 593, un soulèvement eut lieu également en
Babylonie qui fut vite réprimée dans la violence.
En 589,
Sédécias, homme faible, se laissa entraîner, avec l’aide du Roi
d’Ammon, Baalis (v.600-v.585), dans une coalition avec le Roi de
Tyr, Ithobaal III
(590-573) et celui de Sidon, contre les
Babyloniens. Cette politique
anti-Babylonienne,
poussée dans cette voie par le Pharaon Apriès (589-570), amena à une
nouvelle intervention de Nabuchodonosor II
qui battit les coalisés et mit le siège devant Tyr.
Celui-ci dura pendant 13 ans, mais sans succès pour le
Babylonien. Quelques hypothèses présument qu’une sorte de compromis fut signé entre les
Tyriens et les
Babyloniens au terme duquel
Tyr conserva une certaine autonomie.
Le massacre des enfants de Sédécias
sous ses yeux – Tableau de François-Xavier Fabre – 1787 – Musée Fabre – Montpellier |
Puis, le 15 Janvier 588 (On trouve aussi 10 Janvier [10 Tebetu], Deuxième Livre des Rois 25,1 ;
Ézéchiel 24,1), il assiégea de nouveau Jérusalem,
qu’il prit d’assaut le 29 Septembre 587 (On trouve aussi Octobre, ou 23 Juillet [9 Du’uzu]) et dont l’attaque fut dirigée par le Général
Babylonien
Nériglissar
(ou Nergal-sarra-usur).
Le récit du siège ainsi que la description de la ville sont principalement tributaires des récits Bibliques car aucune fouille n’a pu être menée sur le site,
extrêmement sensible tant d’un point de vue religieux que géopolitique.
De nombreux habitants furent tués ou une nouvelle fois déportés à
Babylone.
Sédécias tenta de
s’enfuir vers le Jourdain, mais il fut rejoint et capturé près de
Jéricho et emmenés à Ribla. Il fut condamné à avoir les
yeux crevés et ses enfants furent massacrés et il mourut en captivité à
Babylone. Cet épisode est connu sous le nom d’Exil dans la Bible.
Après la chute de la ville, un Général
Babylonien, Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina, en
Hébreu :
נבוזראדן,
“Nabû a donné une engeance“) fut envoyé pour compléter sa destruction.
Jérusalem fut pillée, le Temple de Salomon fut détruit,
le quartier aristocratique fut brûlé et la ville et les remparts furent détruits.
La plupart de l’élite de la cité fut envoyé en captivité à Babylone.
L’archéologie confirme la trame de ce récit ainsi que l’existence de certains personnages.
Les “lettres de Lakish” écrites sur une période brève par Hoshaya, un officier en poste à Yoash, près de Jérusalem,
témoignent des troubles qui secouèrent cette période.
Malgré les déportations, il resta cependant une partie de la population de
Jérusalem rescapée et surtout
les habitants des campagnes et des villages Judéens.
Parmi ces derniers, un groupe, qui résista aux côtés des Moabites et des
Ammonites
jusqu’en 582, réussit à assassiner le Gouverneur Godolias placé par les
Babyloniens à la tête de la province et s’enfuit en
Égypte. Il fallut une nouvelle déportation des rebelles, cinq ans plus
tard, pour que le calme revienne dans la région et la province passa directement sous administration
Babylonienne.
Précisions sur la chronologie
Les Chroniques
Babylonienne, publiés en 1956, indiquent que “Nebucadnetsar”
(Nabuchodonosor II) prit
Jérusalem la première fois et mit fin au règne de
Joachim II
(ou Joaquin ou Jeconiah, 598-597) le 2 Adar (16 Mars) 597. Sur ces premiers faits les historiens sont relativement d’accord. Par contre, il y a un
débat entre les spécialistes quant à la date du deuxième siège de de la ville. Bien que pour certains, il n’y ait aucun doute que la chute de la cité
eut lieu dans le mois Tammuz (Jérémie 52: 6).
William F.Albright date la fin du règne de
Sédécias (et la chute de Jérusalem) en 587,
tandis que Edwin R.Thiele donne 586. La position de Thiele est basée sur la présentation du règne de
Sédécias qui est parfois utilisée pour les Rois de
Juda. Dans ce cas, l’année
où Sédécias monta sur le trône serait son année zéro,
sa première année complète serait 597/596, et sa onzième année, l’année de la chute de
Jérusalem, serait 587/586.
Cependant, les Chroniques
Babyloniennes soutiennent la première année de
Sédécias, lorsqu’il fut installé sur le trône par
Nabuchodonosor II, en 598/597. La chute de la ville dans sa onzième année serait alors à l’été 587.
Les Chroniques
Babyloniennes permettent la datation assez précise de la capture de
Joachim II
et le début du règne de Sédécias,
et fournissent également l’année de l’arrivée au pouvoir du successeur de
Nabuchodonosor II,
Amel-Marduk (ou Amel-Mardouk ou
Amil-Marduk, dans la Bible : Ewil Mérodak ou Evil-Mérodach ou Evil-Merodac ou Evilmerodac, 562-560), qui était la 37e année de la captivité de
Joachim II
selon le Deuxième Livre des Rois 25:27. Ces documents
Babyloniens liés au règne de Joachim II
sont donc compatibles avec la chute de la ville en 587 et sont incompatibles avec la date 586.
La chronologie des événements du dernier siège serait donc celle-ci.
(Les dates sont tirées du livre sur la chronologie Biblique par Andrew E.Steinmann)
▪ 27 Janvier 589 (10 Tébeth). Début du deuxième siège
de la ville. Deuxième Livre des Rois 25: 1; Ézéchiel 24: 1-2.
▪ 29 Septembre 588 (1 Tishri). Libération des esclaves
Hébreux au début d’une année sabbatique. Jérémie 34: 8-10.
▪ Octobre 588 à Avril 587 (Entre Tishri 588 et Nisan 587). Les
Babyloniens lèvent temporairement le
siège en raison de l’approche de l’armée Égyptienne.
Jérémie arrêté et déporté. Jérémie 34: 11-22; 37: 5-16.
▪ 29 Avril 587 (7 Nisan). Les Égyptiens
sont vaincus. Le siège de la ville reprend. Jérémie 34:22; Ézéchiel 30: 20-21.
▪ 29 Juillet 587 (9 Tammuz). Prise de la ville.
Sédécias capturé.
Deuxième Livre des Rois 25: 2-4; Jérémie 39: 2, 52: 7; Ézéchiel 33:21, 40: 1.
▪ 25 Août 587 (7 Ab). Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina) arrive à
Jérusalem et commence consultation avec
les Commandants sur le terrain concernant le pillage de la ville. Deuxième Livre des Rois 25: 8.
▪ 28 Août 587 (10 Ab). Nebuzaraddan (ou Navouzaradan ou Nabu-zēr-iddina) conduit ses forces dans
Jérusalem pour piller,
détruire et brûler la ville et son Temple. Deuxième Livre des Rois 25: 9-19; Deuxième Livre des Chroniques 36: 18-19; Jérémie 52: 12-25.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
William Foxwell Albright :
– New light from Egypt on the chronology and history of Israel and Judah, pp : 4–11,
BASOR 130, Baltimore, 1953.
– The Bible in the ancient near east, Festschrift for Albright, edited by G.Ernest Wright, Garden City, Doubleday, 1965.
Daniel Arnaud :
– Nabuchodonosor, roi de Babylone, Fayard, Paris, 2004 – En Italien, Nabucodonosor II : re di Babilionia,
Salerno, Roma, 2005 – En Russe, Navukhodonosor II, t︠s︡arʹ Vavilonskiĭ, Molodai︠a︡ gvardii︠a︡,
Moskva, 2009.
Abraham Malamat :
– The last wars of the kingdom of Judah, Éditeur inconu, 1950.
Leslie Mc Fall :
– A translation guide to the chronological data in Kings and chronicles, Bibliotheca Sacra 148, 1991.
Andrew E.Steinmann :
– From Abraham to Paul : A Biblical chronology. Concordia, St. Louis, 2011.
Edwin R.Thiele :
– The chronology of the Kings of Judah and Israel, pp : 137-186,
JNES 3, N°3, Chicago, Juillet 1944.
– A chronology of the Hebrew kings, Zondervan Pub. House, Grand Rapids, 1977.
Donald John Wiseman :
– Chronicles of Chaldean kings (626-556 B.C.) in the British Museum, Trustees of British Museum, London, 1961.
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