Isin
(En Sumérien
: I 3-si-inki, en arabe : ʾīsin
إيسن)
fut une ville de Basse-Mésopotamie identifiée au site moderne
d’Isan Al-Bahariyat (ou Ishan al-Bahriyat, en arabe :
ʾišān baḥriyāt
أيشان
بحريات “Les lacs d’Ichan”) dans le
Gouvernorat d’Al-Qadisiyyah
(ou Al-Qādisiyyah), en Irak, à une quarantaine de kilomètres au Sud-est
de Diwaniyah et environ 30 km au Sud de Nippur.
La ville se trouvait sur le canal Isinnitum, qui fit partie d’un ensemble de voies navigables qui reliaient
les villes de Mésopotamie.
Bas-relief représentant Nintinuga avec son animal, le chien.
|
Le site fut fouillé entre 1973 et 1989 par une équipe archéologique Allemande, de l’université de Munich,
dirigée par Barthel Hrouda. Toutefois, comme cela s’est produit pour de nombreux sites en Irak, la recherche fut interrompue
par la guerre du Golfe (1990-1991) et la guerre en Irak (2003-2011).
La chute de Saddam Hussein a en quelque sorte nuit aux sites archéologiques, dont la protection est depuis inexistante.
Des fouilleurs clandestins sont en train de détruire celui d’Isin à un rythme alarmant, ruinant tout le travail
accompli au cours des dernières décennies par les archéologues. Des centaines d’artefacts et tablettes d’argile ont été vendues
par les pillards aux occidentaux.
Les fouilles ont révélé que la ville remonte aux dynasties archaïques (Vers 2900 à 2340).
Les plus anciens objets qui furent mis au jour dans la cité datent du Chalcolithique, à partir de la période Obeïd.
D’autres niveaux montrent qu’elle avait déjà acquis une certaine importance à l’époque de l’Empire
d’Akkad (2334-2142). Il a aussi été dégagé une partie
d’un quartier d’habitation ainsi que des textes économiques datant des règnes d’Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra, 2017-1985) et de
son fils Su-Ilisy (1985-1975).
La chute de la IIIe dynastie
d’Ur permit à Isin de devenir indépendante et la
capitale d’un royaume important. Le début de la période
paléo-Babylonienne, appelée parfois
"Période d’Isin-Larsa", fut la période la plus fleurissante de l’histoire d’Isin. Ses scribes continuèrent la tradition
d’Ur III, comme l’attestent les inscriptions royales
retrouvées : Textes littéraires, hymnes etc.. découvertes dans la ville et surtout à
Nippur.
Jusqu’à Isme-Dagan (1954-1935), les souverains d’Isin gardèrent la titulature de
Rois d’Ur.
La cité fut aussi le berceau de la IVe dynastie
Babylonienne (ou IIe dynastie d’Isin) qui régna de 1153 à 1025.
La divinité principale d’Isin et la protectrice de la ville fut la Déesse Nintinuga (ou Gula ou Ninkarrak ou
Nintinugga), Déesse de la guérison et des médecins, identifiée à Ninisina, la dame d’Isin.
Elle fut l’épouse de Ninourta (ou Ninurta). Elle est identique à la Déesse de la mythologie
Akkadienne, connue sous le nom Bau (ou Baba),
mais il semblerait que les deux étaient indépendantes à l’origine.
Le Roi Enlil-Bani (1861-1837) rapporte la construction d’un temple dédié à Nintinuga nommé E-ni-dub-bi,
un autre au Sud nommé E-dim-gal-an-na, un nommé E-ur-gi-ra dédié à Ninisina, ainsi
qu’un dernier pour le Dieu Ningal. Les Rois d’Isin mirent en place la pratique de nommer leurs filles Prêtresses
officielles du Dieu-lune Sin (ou Sîn ou Nanna).
L’histoire…….
Ière dynastie
–
2017 – 1794 / 93
À l’époque ou l’Empire
d’Ur III
s’effondra,
Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra ou Ischbi-Erra ou Išbi-Erra,
2017 à 1985 ou 2017 à 1984 ou 2003 à 1970 ou 1953 à 1921), officier dans l’armée du dernier Roi
d’Ur,
Ibbi-Sin (2028-2004)
et originaire de Mari, reçut en
2017 le commandement de la place d’Isin et de la région.
Ibbi-Sin
ayant son pays touché par la famine, envoya le Gouverneur, pour se procurer du grain à
Isin. Les Amorrites qui avaient envahit le
pays lui coupèrent la route et l’empêchèrent d’effectuer le ravitaillement. Isbi-Erra profita de cette situation et de la faiblesse du
Roi d’Ur en lutte aussi contre les
Élamites, et en 2017, il proclama l’indépendance de
la ville d’Isin. Il prit le titre de Roi et fonda la Ière dynastie d’Isin. Il sera aussi Roi
d’Eshnunna, de
Kish,
d’Ourouk et
d’Oumma.
Il partit alors en campagne et repoussa les envahisseurs
Amorrites.
Il s’empara de Nippur
où il se fit couronner, de
Kish et
d’Eshnunna et avec l’aide des
Élamites il conquit les États voisins.
Sa dynastie se rendit maître d’une partie du Sumer
et de l’Akkad,
mais certaines villes lui échappèrent, notamment Larsa, qui
s’imposa comme sa grande rivale. En 2009, la Mésopotamie fut coupée en deux :
Ibbi-Sin à
Ur et Isbi-Erra
à Isin. En 2007/2006, le Roi
Élamite, Kindattu s’allia à
Suse, traversa
le Tigre et attaqua Ur où
Ibbi-Sin s’était retranché. La cité
fut sauvée par Isbi-Erra, mais en 2004, la coalition lança une nouvelle offensive et prit la ville
qui fut mise à sac, Ibbi-Sin fut fait prisonnier
et exilé en Anshan. Isbi-Erra
put se retirer et garder une certaine emprise sur sa région malgré les attaques des
Élamites.
Les successeurs d’Isbi-Erra réussiront à maintenir la supériorité de la cité
malgré les révoltes. Il eut un fils qui lui succéda.
Tête d’un homme retrouvée à Isin,
peut-être un Roi ? |
Su-Ilisu (ou Shu-ilishu ou Su-Ilišus ou
Šū-ilišu ou Shu-ilishou ou
Shuilishu, 1985 à 1975 ou 1984 à 1975 ou 1984 à 1974 ou 1920 à 1911) arriva sur le trône de la cité.
Les inscriptions lui ont donné les titres : “Homme puissant, Roi d’Ur, Roi puissant, Dieu de sa nation, Aimé des
Dieux Anu, Enlil et Nanna, Roi de la terre de Sumer et d’Akkad, Aimé du Dieu Enlil et de la Déesse Ninisina, et Seigneur
de sa terre“, mais étrangement pas celui de Roi d’Isin.
Il se réconcilia avec les
Élamites et parvint à récupérer la statue du Dieu Nanna
d’Ur (ou Sîn, Dieu de la Lune),
dérobée lors de la guerre et du pillage de la ville.
Il dut guerroyer contre le Roi de Larsa
Samium (1977-1972) pour garder la ville d’Ur.
Son fils Iddin-Dagan (ou Iddin-Dagān ou iddin-Dagon ou Iddindagan, 1975 à 1954
ou 1974 à 1954 ou 1974 à 1953
ou 1910 à 1890) lui succéda, mais on sait très peu de chose de son règne. Il est connu pour les œuvres littéraires qui
furent créées au cours de celui-ci. En particulier pour sa participation au rite du mariage sacré et l’hymne de Ninsun
qui le décrit. Il eut un fils qui lui succéda et une fille qui épousa un Roi
d’Élam dont le nom est inconnu.
Isme-Dagan (ou Ishme-Dagan ou Ishmedagan ou Išme-Dagān, 1954 à 1935 ou 1953 à 1935 ou 1953 à 1934
ou 1889 à 1871) fut le Roi suivant. Il eut le titre de : “Roi puissant, Roi d’Isin, Roi du Sumer et d’Akkad“.
Il fut aussi “Prêtre d’Ourouk” et “Pourvoyeur de Nippur". Son règne marque l’apogée d’Isin aussi bien
en termes de prospérité que de créations littéraires. Il exerça une domination sécuritaire sur le Sud de la
Mésopotamie. On sait également qu’il ordonna un renforcement des murs de protection d’Isin. Il fut aussi actif en politique
intérieure, notamment en refondant la législation sociale, mais ces textes n’ont jusqu’ici pas été retrouvé.
Après lui monta sur le trône, Lipit-Ishtar (ou Lipit-Eshtar ou Lapiteshtar ou Lipit-Ištar, 1935 à
1924 ou 1934 à 1924 ou 1934 à 1923 ou 1870 à 1860) qui fut le cinquième Roi de la dynastie d’Isin.
Il n’est pas certain qu’il fut le fils d’Isme-Dagan. Certains documents et
inscriptions royales de son temps ont survécu. Toutefois, il est surtout connu en raison de cantiques en langue
Sumérienne écrits en son honneur, ainsi que d’un code
juridique écrit en son nom, qui précéda le fameux
Code d’Hammourabi d’environ 100 ans, qui fut utilisé pour l’enseignement à
l’école pendant des centaines d’années après sa mort. Il fit conserver ce code de loi en le faisant inscrire sur une stèle.
L’année où il fit dresser la stèle est appelée "Celle où Lipit-Ishtar instaura la justice dans le pays de
Sumer et
d’Akkad". On connaît de ce
code une douzaine de manuscrits provenant de Nippur,
Kish et
Sippar.
Ce Roi fut déifié, grâce à quoi il nous est parvenu deux hymnes à sa gloire dont l’un débute ainsi :
"O Lipit-Ishtar tête éminente, Prince du sanctuaire, joyau, tige de royauté comme le soleil marchant".
Dans les annales de son règne on apprend qu’il repoussa les
Amorrites.
Toutefois, sous celui-ci va commencer le déclin d’Isin avec l’émergence de la dynastie de
Larsa, dont le Roi Gungunum (1933-1906) réussit à prendre
Ur en 1924, puis
Ourouk et Kisurra,
(ou Kisarra ou Kissura, aujourd’hui Tell Abu Hatab, située sur la rive Ouest de l’Euphrate, à 7 km au Nord de
Shuruppak)
se rendant ainsi maître du Sud Sumérien.
Le Roi d’Isin suivant Our-Ninourta (ou Ur-Ninurta ou Our-Enurta ou Urninurta,
1924 à 1896 ou 1923 à 1896 ou 1923 à 1895 ou 1859 à 1832) serait un usurpateur qui s’empara du trône à la chute de Lipit-Ishtar.
Il fut tué au cours d’un conflit contre le Roi de Larsa,
Abisare (ou Abi-Sare ou Abi-sarê, 1906-1895). Les anciennes cités soumises à Isin se rendirent indépendantes les unes après
les autres, tandis que Larsa devint la nouvelle puissance
de la région. Son fils, le Roi Bur-Sin (ou Bur-Sîn ou Bursin ou Būr-Sin ou Bur-Suen “Fils du Dieu Sin", 1896 à 1874
ou 1895 à 1874 ou
1831 à 1811) redressa temporairement la situation en battant le Roi de
Larsa, Sumu-El (1895-1866). Il reprit
Nippur et
Ur,
mais pour très peu de temps. Une statuette le représentant assis avec probablement une tenue militaire fut mise au jour.
Son fils et successeur Lipit-Enlil (ou Lapit-Enlul ou Libit-Enlil ou Lipitenul,
1874 à 1869 ou 1873 à 1869 ou 1810 à 1806) arriva au pouvoir. Il n’y a aucune inscription connue pour lui.
On note pour son règne l’absence d’hymnes royaux ou de prière de consécration. William W.Hallo spécule que
cela peut être dû au début d’un conflit avec Larsa.
Car on sait qu’il fut battu plusieurs fois par Sumu-El,
qui reprit
Kish, puis la ville sainte de Nippur.
Son court règne mit fin à une période de stabilité relative et il fut remplacé
par Erra-Imitti (ou Erra-Imittī ou Irra-Imitti ou Erraimitti ou Ura-imitti ou èr-ra-i-mit-ti, 1869 à 1861
ou 1868 à 1861 ou 1805 à 1799) dont la filiation est inconnue. Il semble avoir récupéré le contrôle de
Nippur sur
Larsa, au début de son règne, mais
qui fut vite de nouveau perdu. On sait également qu’il prit Kisurra (ou Kisarra ou Kissura, aujourd’hui Tell Abu Hatab,
située sur la rive Ouest de l’Euphrate, à 7 km au Nord de
Shuruppak) par la date de réception
d’un cadeau de mariage et qu’il détruisit le mur de la ville de Kazallu (Située au Nord-ouest d’Adab), une ville alliée avec
Larsa.
Un sceau-cylindre de son serviteur et scribe Iliska-Utul (ou Iliška-uṭul
ou Ilishka-utul), fils de Sin-Ennam fut mis au jour dans à Kisurra. Le nom de la dernière année attestée de son règne nous
informe qu’il construisit le mur de la ville de Gan-x-Erra-Imittī, peut-être une nouvelle ville éponyme.
Il ne put s’opposer au démarrage des travaux hydrauliques de
Larsa destinés à détourner à son profit les canaux irriguant Isin.
Hymne
à Iddin-Dagan – Musée du Louvre |
Comme nous le précise Jean-Jacques Glassner, sa succession est incertaine.
Il abdiqua et il fut remplacé soit par Ikun-PI-Ištar (enregistré comme ayant régné pendant 6 mois ou un an),
selon deux copies variantes de la Liste des Rois Sumériens, ou par son jardinier Enlil-Bâni (ou Enlil-bâni ou
Enlil-Bani ou Enlilbani, 1861 à 1837 ou 1860 à 1837 ou 1798 à 1775), si les autres sources sont correctes.
De ce dernier, on sait qu’il fit construire un nouveau palais et un nouveau mur pour la ville l’ancien étant devenu vétuste.
Il fut le dernier Roi de la ville à avoir un hymne (peut-être deux).
À sa mort, Zambiya (ou
Zambija ou Zambīia ou dza-am-bi-ia, 1837 à 1836 ou 1837 à 1834 ou 1836 à 1834 ou 1774 à 1772)
lui succéda, mais le royaume d’Isin ne fut plus qu’une puissance secondaire. Ce
souverain est surtout connu pour sa défaite vers 1837 face au Roi de
Larsa, Sin-Iqîsam (ou Sîn-Iqîsam ou
Sin-Iqisham, 1840-1835), lorsqu’il se joignit à une coalition contre ce dernier avec
Ourouk, Kazallu (Située au Nord-ouest
d’Adab) et
l’Élam.
On ne sait pas s’il survécut à cette bataille. Une seule inscription est connue pour ce
Roi, sur des fragments de cônes.
Il fut suivit sur le trône par Itêr-Pisha (ou Itêr-piša ou Iter-pisha ou Iterpisha ou Iter-pīša,
1836 à 1830 ou 1834 à 1831 ou 1834 à 1830 ou 1833 à 1831 ou 1771 à 1768) dont on ignore l’origine. La Liste des Rois
Sumériens nous dit que “Le divin Iter-Pisha" régna pendant 4 ans. Celle des Rois d’Ur-Isin, donne un règne
de seulement 3 ans. Il fut suivi par Our-Dukuga (ou Ur-Dukuga ou Urdukuga ou Ur-du-Kuga ou
dur-du6-ku-ga, 1830 à 1828 ou 1830 à 1827 ou 1767 à 1764) dont on ignore également l’origine.
Son pouvoir ne s’étendait que sur une petite région englobant un peu plus que la ville d’Isin et sa voisine
Nippur. Un morceau de brique trouvée à Isin porte sa
titulature, mais l’événement qu’elle commémore n’a pas été conservé. Un cône à son nom commémore la construction d’un
temple dans la ville cultuelle de Dul-Edena, au Nord-est de
Nippur. Enfin, Douglas Frayne nous dit que le creusement du canal Imgur-Ninisin fut célébré dans une autre année de
son règne.
Sin-Magir (ou Sîn-Magir ou Sinmagir ou Sîn-Māgir ou Sîn-mâgir ou Suen-Magir ou dEN.ZU-ma-gir,
1828 à 1817 ou 1827 à 1817 ou 1827 à 1816 ou 1763 à 1753) lui succéda. Il dut
essayer de contenir les ambitions d’extension du Roi de Roi de
Larsa,
Rim-Sin I
(1822-1763). Son fils lui succéda.
Ce dernier Roi d’Isin fut, Damiq-Ilishu
(ou Damiq-ilishu ou Damiq-Ilishu ou Damiq-ilishou ou Damiq-ilīšu ou dda-mi-iq i-Li-Su,
1817 à 1794/1793 ou 1816 à 1794 ou 1816 à 1793 ou 1752 à 1730), son règne fut
celui des invasions. À Babylone,
Sin-Muballit (1813-1793) arriva
au pouvoir et conquit en 1799 la ville d’Ur,
puis, trois ans plus tard il prit Isin. Il ne chassa pas Damiq-Ilihu, mais le laissa sur son trône comme vassal. À la mort de
Sin-Muballit en 1793, le Roi de
Larsa,
Rim-Sin I profita de l’occasion et
prit Isin, Ur et
Ourouk. Il ne jouit pas longtemps de sa
victoire, la ville fut reprise en 1787 par le nouveau Roi de
Babylone,
Hammourabi (1792-1750)
qui l’incorpora à son Empire.
Sous le règne de
Samsu-Iluna (ou Samsuiluna ou Samsou-Ilouna, 1750-1712), fils et successeur
d’Hammourabi, l’ancien pays du
Sumer, dirigé par Isin et
Ourouk,
se révolta contre la domination de Babylone,
mais la rébellion fut vite matée. Quelques temps après les villes de l’extrême
Sud Mésopotamien furent abandonnées, leurs habitants migrant plus au Nord. Ce fut
le cas d’Isin, dont une partie de la population se retrouve apparemment à
Sippar, où le culte de la
Déesse Gula (Déesse de la guérison et des médecins) est transporté.
Isin resta sous la domination
Amorite de Babylone jusqu’en 1732, puis passa
sous celle des Roi du
Pays de la mer jusqu’à vers 1500 où elle fut reprise par
Burnaburiash I (ou Burna-Buriash ou
Bournabouriash, 1521-1502) Roi de la IIIe dynastie Kassites
de Babylone. À cette époque Isin reprit petit à
petit de l’importance et fut réoccupée. C’est de cette période que datent les premiers niveaux du temple de la Déesse
Gula. Ce temple sera restauré par les Rois Kassites de
Babylone, Kadashman-Enlil I (1388-1375) et
Kurigalzu II (1345-1324). Au Nord-est du temple, on a retrouvé 33 tombes de chiens (L’animal symbole de Gula), accompagnés
d’un riche mobilier. La cité suivit pendant les siècles suivants l’histoire des Rois
Kassites de
Babylone.
Burnaburiash I assura sa domination sur toute la
Basse-Mésopotamie.
Le royaume s’étendit encore sous ses successeurs et
Babylone devint une des grandes puissances politiques
de la période. Cette période calme fut brisée par l’émergence en Mésopotamie d’une nouvelle puissance,
l’Assyrie. Ses Rois furent constamment en lutte avec
Babylone pour affirmer leur suprématie. Le pouvoir
Kassites,
fragilisé par les guerres contre l’Assyrie,
tomba en quelques années sous les coups des Rois
Élamites,
Shutruk-Nahhunté I (1185-1153) et
Kutir-Nahhunté III (1153-1150). En 1153, le dernier Roi Kassite,
Enlil-Nadin-Ahhe, fut emmené captif en
Élam et tué, ainsi que les grands de son peuple. La dynastie
Kassite, la plus longue à avoir régné à
Babylone, se termina dans le chaos.
IIe dynastie ou IVe dynastie de Babylone –
1153 – 1025
Après
la défaite de la dynastie Kassite de
Babylone face aux
Élamites, le flambeau de la résistance
Babylonienne fut repris par des
Rois qui furent originaires d’Isin. Le premier, le Prince Marduk-Kabit-Ahhe
(ou Marduk-Kabit-Ahêshu ou Marduk-kābit-aḫḫēšu,
1157 à 1140 ou 1155 à 1137 ou 1153 à 1139), se proclama Roi en 1153 et fonda la Seconde dynastie d’Isin ou
IVe dynastie de Babylone.
Puis arriva au pouvoir Itti-Marduk-Balatu (ou Itti-Marduk-balāṭu,
1139 à 1132) qui choisit de résider à Isin. L’Empire
Élamite était à cette époque à son apogée. Toutefois, son Roi,
Shilhak-Inshushinak I
négligea la Babylonie pendant ses années de conquête et
la nouvelle dynastie, dite "IIe dynastie d’Isin", prit le pouvoir. Une révolte
grandit dans cette région, que le Roi Élamite dut
réprimer. Ce fut ce moment que choisit le Roi Ninourta-Nadin-Shumi (ou Ninurta-nadin-shumi ou Ninurta-nādin-šumi,
1132 à 1127 ou 1131 à 1126 ou 1131 à 1125 ou 1129 à 1123) pour l’attaquer en 1130. Les
Élamites subirent une cuisante défaite et durent
se replier dans leur pays. Cette défaite plongea l’Élam
dans une crise et
Shilhak-Inshushinak I vit toutes ses conquêtes redevenir indépendantes une à une. Ninourta-Nadin-Shumi prit alors le
pouvoir à Babylone et s’y installa, délaissant Isin.
Morceau de fresque représentant la Déesse Ishtar trouvé à Larsa |
Son successeur,
Nabuchodonosor I (ou Nabou-Koudour-Ousour ou Nebuchadnezzar ou Nebukadnezzar ou Nabukudirriusur, en
Akkadien : Nabû-kudurrī-uṣur ou
Nabu-kudurri-usur, 1125 à 1104 ou 1125 à 1103 ou 1123 à 1101) décida d’attaquer le Roi
Élamite Khutelutush-In-Shushinak (1120-1110).
Il fut repoussé une première fois, mais il réussit à l’emporter dans un second temps et força ses adversaires à se retirer
dans le pays d’Anshan jusqu’au Zagros.
Cet exploit est rapporté dans une chronique. Il réussit à envahir
l’Élam et quelques années plus tard, il rapporta
de Suse la statue de Marduk.
Nabuchodonosor I s’occupa alors d’étendre et de fortifier ses frontières, engageant
Babylone
et Isin dans un conflit de nouveau contre les
Assyriens
et leur souverain Assur-Resa-Isi I
(ou Assur-Resh-Ishiou, 1133-1116).
Avec ce dernier il avait pourtant initialement établit une relation amicale.
Cependant le Babylonien, dans la 4ème année de son règne,
assiégea la forteresse Assyrienne de
Zanqu
(ou Zanqi) et quand Assur-Resa-Isi I
approcha avec une force armée de secours, Nabuchodonosor I incendia ses engins de siège pour éviter leur capture et se retira.
Dans une seconde campagne, il mit le siège devant la forteresse d’Idi et l’arrivée de l’armée
Assyrienne donna lieu à une bataille rangée dans
laquelle il subit une défaite totale et dut fuir, laissant 40 de ses chars aux
Assyriens.
La période de la II dynastie d’Isin est donc importante dans l’histoire de
Babylone.
Elle vit l’avènement du Dieu Marduk à la tête des autres Dieux du panthéon Mésopotamien, avec la rédaction de
l’Épopée de la Création (Enūma Eliš ou Enuma Elish, est l’épopée
Babylonienne
de la création du monde. Le texte fut découvert au XIXe siècle dans les ruines de la bibliothèque
d’Assurbanipal à
Ninive),
qui raconte comment il est devenu Roi des Dieux. Le fils de Nabuchodonosor I, Enlil-Nadin-Apli (ou Enlil-nadin-apli ou
Enlil-nādin-apli “Enlil donneur d’héritier“, 1103 à 1099) lui succéda. Mineur lors de sa prise de pouvoir il fut
renversé peut après par son oncle Marduk-Nadin-Ahhe.
En 1099, le frère de
Nabuchodonosor I, Marduk-Nadin-Ahhe (ou Marduk-nadin-ahhe ou Marduk-Nadin-Akhe ou
Marduk-nādin-aḫḫē ou AMAR.UTU-na-din-MU,
1099 à 1082) arriva sur le trône. Il décida de reprendre l’offensive et attaqua
l’Assyrie.
Son adversaire Téglath-Phalasar I
(1116-1077) va non seulement le repousser, mais il envahit la
Babylonie et fit prisonnier Marduk-Nadin-Ahhe. Après cette
défaite, le fils de ce dernier, Adad-apla-iddina (ou Adad-apla-iddina, Roi
1068 à 1047 ou 1068 à 1046 ou 1069 à 1048),
dut résister aux assauts de tribus barbares
Araméennes et Sutéennes qui
pillèrent le royaume. Il restaura le temple de Gula. Cette dynastie comme la précédente succomba sous les assauts des nouveaux
arrivants. À partir de 1050 la Babylonie
fut submergée par les incursions des
Araméens, auxquels
s’ajoutèrent plus tard celles des
Chaldéens.
À peine 25 ans plus tard, en 1025/1024, le dernier Roi de la IIe
dynastie d’Isin,
Nabu-Shum-Libur (ou Nabû-Shum-Libour, 1033 à 1025) fut tué. La fin de son règne marqua pour
Babylone et Isin le début d’un certain chaos. La ville
d’Isin fut encore habitée dans la première moitié du Ier millénaire, bien que n’occupant aucune position politique notable,
en dehors de celle de centre provincial dans les royaumes qui dominèrent successivement la région à
cette période : Assyrien,
néo-Babylonien,
puis Perse Achéménide.
Ce fut de cette dernière période que datent les niveaux les plus récents explorés à Isin. La
ville semble être abandonnée dans le courant de la période
Achéménide, ou peut-être plus tard sous les
Séleucides.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Jean Bottéro et Marie-Joseph Stève :
– Il était une fois la Mésopotamie, Gallimard, Collection Découvertes, Paris, 1993.
John A. Brinkman :
– A second Isin dynasty economic text, NABU, 1996.
Grant Frame :
– Rulers of Babylonia : From the second dynasty of Isin to the end of Assyrian domination (1157-612 BC),
University of Toronto Press, Toronto, 1995.
Jean-Jacques Glassner et Benjamin R Foster :
– Mesopotamian chronicles, Society of Biblical Literature, Atlanta, 2004-2005.
William W.Hallo :
– The world’s oldest literature studies in Sumerian belles lettres, E.J. Brill, Leiden, Boston, 2009-2010.
Barthel Hrouda :
– Isin – Išān Bahrīyāt I. Die Ergebnisse der Ausgrabung 1973–1974,
Verlag der Bayrischen Akademie der Wissenschaften, C.H. Beck, München, Janvier 1977.
– Isin – Išān Bahrīyāt II. Die Ergebnisse der Ausgrabung 1975–1978,
Verlag der Bayrischen Akademie der Wissenschaften, C.H. Beck, München, Janvier 1981.
– Isin – Išān Bahrīyāt III. Die Ergebnisse der Ausgrabung 1983–1984,
Verlag der Bayrischen Akademie der Wissenschaften, C.H. Beck, München, Janvier 1987.
– Isin – Išān Bahrīyāt IV. Die Ergebnisse der Ausgrabung 1986–1989,
Verlag der Bayrischen Akademie der Wissenschaften, C.H. Beck, München, Janvier 1992.
Barthel Hrouda, Dietz Otto Edzard et John A.Brinkman :
– Isin, Reallexikon der Assyriologie Band 5, de Gruyter, Berlin, 1980.
Kathleen Kuiper :
– Mesopotamia : The World’s Earliest Civilization, Britannica Educational Publishing, 2010.
Arno Poebel :
– The second dynasty of Isin according to a new king-list tablet, University of Chicago Press, Chicago, 1955.
Marc Van der Mieroop :
– Crafts in the early Isin period, a study of he Isin craft archives from the reigns of Išbi-Erra a nd Šu-ilišu,
Departement Orientalistiek, Leuven, 1987.
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