Présentation
La bataille de Gaugamèles (ou Naumachia tēs Gaugamela, en
Grec :
Ναυμαχία της Γαυγάμηλα)
fut une bataille qui se déroula le 1er Octobre 331 av.J.C. Elle eut lieu dans la plaine de Gaugamèles, dans le Nord de l’Irak actuel,
même si la localisation exacte de la bataille n’est pas clairement établie, on la situe généralement sur le site à l’Est de la ville de Mossoul,
probablement Tel Gomel.
Ce fut un affrontement décisif entre l’armée Hellénique dirigée par le Roi de
Macédoine
Alexandre le Grand (336-323) et celle du Roi
Perse Achéménide
Darius III (336-330).
Par cette bataille, considérée comme l’une des plus importantes de l’antiquité par le nombre de participants, le royaume de
Macédoine, pourtant largement en
infériorité numérique, vaincu définitivement l’Empire Perse
en raison de la tactique supérieure de son armée.
Cette bataille est parfois appelée “bataille d’Arbèles” en référence à la cité d’Arbèles (ou Erbil en Adiabène), située
pourtant assez loin du champ de bataille.
Le contexte
L’armée Macédonienne débarqua en
Asie Mineure en Mai 334 et défit les
Satrapes
Perses à la
bataille du Granique (Près du site de Troie, sur la route d’Abydos, sur les rives du
fleuve Granique, aujourd’hui Biga Çayı). En Novembre 333, l’armée
Perse, commandée cette fois par le Roi Darius III en personne,
fut vaincue une nouvelle fois par Alexandre à la
bataille d’Issos (Près de l’actuel İskenderun, près de l’embouchure du petit
fleuve côtier Pinaros, à l’Est dans la province actuelle Turque d’Hatay, près de la frontière avec la Syrie).
La victoire à Issos avait donné à Alexandre le contrôle du Sud de
l’Asie Mineure.
Il entama alors la conquête de la Phénicie
(Siège de Tyr de Janvier à Août 332). Après sa victoire à
Gaza, le nombre des troupes
Perses était faible et le
Macédonien partit à la conquête de
l’Égypte,
Darius III reculant à
Babylone, où il regroupa l’armée restante de la bataille précédente.
Alexandre – Musée archéologique de Pergame
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Darius III
essaya alors de négocier et par la diplomatie de dissuader Alexandre à de nouvelles
attaques sur son Empire. Les historiens anciens fournissent différents récits de ces négociations, qui peuvent être séparés en trois tentatives
que le Roi Perse aurait tentées.
Justin (ou Marcus Junianus Justinus ou Justinus Frontinus, historien Romain du IIIe siècle), Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus
Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien
Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) et
Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) écrivent que
Darius III envoya une lettre à
Alexandre après la
bataille d’Issos.
La lettre exigeait qu’il se retire d’Asie Mineure
et libèrent ses prisonniers.
Selon Quinte-Curce et Justin, il offrit une rançon pour ses prisonniers, mais Arrien ne mentionne pas de rançon.
Quinte-Curce décrit le ton de la lettre comme offensant. Alexandre
bien sûr refusa ses demandes. Une seconde tentative de négociation eut lieu après la prise de
Tyr.
Darius III offrit à
Alexandre un mariage avec sa fille
Stateira II et tout
le territoire à l’Ouest de la rivière Halys. Justin est moins spécifique, ne mentionnant pas une fille
particulièrement, en ne parlant que d’une partie
du royaume de Darius III.
Diodore de Sicile (Historien
Grec, v.90-v.30) mentionne également l’offre de tous territoires à
l’Ouest de la rivière Halys, avec un traité d’amitié et une grosse rançon pour les captifs.
L’auteur est le seul ancien historien qui mentionne qu’Alexandre cacha cette lettre et présenta à ses amis une fausse lettre favorable à ses propres intérêts.
Encore une fois le Macédonien refusa.
Darius III commença alors à se préparer à une autre
bataille après l’échec de la deuxième tentative de négociation. Il fit un troisième et dernier effort pour négocier après le départ
d’Égypte
d’Alexandre. Cette dernière offre était beaucoup plus généreuse.
Il saluait Alexandre pour le traitement qu’il avait réservé à sa mère
Sisygambis (ou Sisygambes),
après la bataille d’Issos et il lui offrait tout le territoire à
l’Ouest de l’Euphrate, la main d’une de ses filles et 30.000 talents d’argent. Dans le récit de
Diodore de Sicile,
Alexandre
mentionna délibérément cette offre à ses amis.
Parménion fut le seul qui lui parla, en disant : “Si j’étais Alexandre, j’accepterai ce qui m’est proposé et je ferai un traité.”
Alexandre
aurait répondu : “Alors dois-je être Parménion“, et il refusa de nouveau
l’offre, insistant sur le fait qu’il ne pouvait y avoir
qu’un seul Roi d’Asie. Il demanda à Darius III soit de se rendre,
soit de le rencontrer dans une ultime bataille qui déciderait de qui était le seul Roi d’Asie.
Les descriptions données par les autres historiens sur la troisième tentative de négociation sont
similaires au récit de Diodore, mais diffèrent dans les détails.
Diodore,
Quinte-Curce et Arrien écrivent que des Ambassadeurs furent envoyés à la place d’une lettre, qui est revendiquée par Justin et
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125 ap.J.C).
Ce dernier et Justin mentionnent la rançon offerte pour les prisonniers mais d’un
montant de 10.000 talents (Diodore, Quinte-Curce et
Justin donnent le chiffre de 30.000). Arrien écrit que cette troisième tentative eut lieu pendant le
siège de Tyr, où les autres historiens placent la deuxième tentative de négociation.
Avec l’échec de la diplomatie, Darius III
dut se résoudre à devoir confronter une troisième fois l’armée
d’Alexandre.
Le prélude
Devenu maître de l’Asie hellénique et Méditerranéenne, au printemps 331,
Alexandre se remit en marche vers l’Est et il prit la route de la
Mésopotamie.
Darius III pendant ce temps reforma une nouvelle armée en intégrant
cette fois-ci un grand nombre de contingents des
satrapies orientales (Dont quelques éléphants de guerre). Il prit soin aussi de choisir un terrain favorable à son innombrable cavalerie et à ses chars à
faux. Alexandre franchit fin Juillet de la même année l’Euphrate à Thapsaque
(ou Thapsacus, ville de Syrie du Nord, sa localisation reste encore incertaine et est discutée
par les historiens contemporains), sur un pont de bateaux sans rencontrer de réelle opposition.
Le
Satrape Perse
Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday, † 328), en charge
de la région avec quelques milliers d’hommes, se replia rapidement à l’arrivée de son adversaire.
Mazaios s’était également vu confier la tâche de bloquer les approvisionnements alimentaires aux
Macédoniens et brûlé les champs. Les éclaireurs
d’Alexandre repérèrent
l’armée de Darius III plus au Nord, aussi le Roi de
Macédoine au lieu de marcher sur
Babylone comme initialement prévu, remonta vers le Nord, vers
Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans
la province de Mardin, au Sud-est de la Turquie) et franchit le Tigre, sans subir aucune attaque de l’ennemi, le 20
Septembre 331 dans le haut-Djézireh (Irak actuel), contournant son adversaire par le Nord.
Il reprit alors la direction du Sud avec le Tigre sur sa droite. Au bout de quatre jours de marche il apprit, grâce aux aveux quelques prisonniers fait
par les soldats Macédoniens, que l’armée
Perse, venant de toutes les
satrapies de l’Empire, l’attendait
à Gaugamèles (Dans le Nord de l’Irak actuel, sur le site à l’Est de la ville de Mossoul, probablement Tel Gomel).
Les tactiques et les effectifs
Conscient de son infériorité numérique,
Alexandre proposa un plan de bataille ambitieux à ses Généraux. Sa stratégie est
encore enseignée aujourd’hui dans les écoles militaires. Il savait que l’issu de cet affrontement déciderait du sort des deux adversaires. Si
Alexandre gagnait
il deviendrait le maître incontesté de l’Asie, si
Darius III l’emportait, les Grecs se retrouveraient de nouveau
envahis et asservis. En ce qui concerne Darius III,
plusieurs chercheurs ont critiqué les Perses pour leur échec à
harceler l’armée d’Alexandre afin de perturber ses lignes d’alimentation
lorsqu’il avançait à travers la Mésopotamie.
Peter Green pense que le choix du Macédonien
pour la route du Nord prit les Perses au dépourvu.
Darius III se serait attendu à ce
qu’Alexandre prit la route du Sud,
plus rapide et plus directe pour rejoindre Babylone.
comme Cyrus le Jeune (v.424-401) l’avait fait le 3 Septembre 401 av.J.C,
avant sa défaite à la bataille de Counaxa
face à son frère Artaxerxès II Mnémon (404-359).
L’utilisation de la tactique de la terre brûlée et des chars à faux par le Roi
Perse suggère qu’il voulait répéter cette bataille. |
Alexandre aurait été incapable d’approvisionner suffisamment son armée
s’il avait pris la route du Sud, même si la tactique de la terre brûlée échouait.
L’armée Macédonienne, sous-alimentée et épuisée par la chaleur,
aurait alors été défaite dans la plaine de Counaxa par celle de Darius III.
Lorsqu’Alexandre prit la route du Nord,
le Satrape
Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday)
dut retourné à Babylone pour apporter les nouvelles.
Darius III était très probablement décidé d’empêcher
Alexandre de traverser le Tigre.
Ce plan échoua parce que le Macédonien traversa la rivière à
Thapsaque (ou Thapsacus) qui était plus proche, plutôt qu’à Babylone.
Darius III aurait alors improvisé et choisit
Gaugamèles comme site le plus favorable pour une bataille. Jona Lendering soutient le contraire et félicite Mazaios et
Darius III pour leur stratégie.
Le Roi aurait délibérément laissé Alexandre traverser les fleuves
sans opposition dans le but de le guider vers le champ de bataille de son choix ?.
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En ce qui concerne les effectifs dans chaque camp, comme pour pratiquement
toutes les batailles de l’antiquité les chiffres varient et sont contredits en fonction des auteurs, que ce soit les anciens ou
les historiens d’aujourd’hui. Pour l’armée
Perse, certains anciens historiens
Grecs suggèrent que leur principale armée comptait entre 200.000 et 300.000
hommes, mais certains chercheurs modernes, tels que Hans Delbrück, suggèrent qu’ils n’étaient pas plus de 50.000 en raison de la difficulté logistique
pour plus de 50.000 soldats dans une bataille à l’époque.
Cependant, beaucoup d’historiens pensent qu’il est possible que l’armée
Perse atteignait plus de 100.000 hommes.
Parmi les principaux spécialistes on trouve :
Hans Delbrück (1978) qui estime un total de 52.000 ; Nick Welman 90.000 ; John Gibson Warry (1998) 91.000 hommes;
Donald W.Engels (1920) et Peter Morris Green (1990) ne dépassent pas 100.000 ; Thomas Benfield Harbottle 120.000.
Une estimation reconnue par une grande partie donne : 25.000 peltastes , 10.000
"Immortels" ,
2.000 mercenaires hoplites
Grecs, 1.000
hoplites
Bactriens , 40.000 cavaliers , 200 chars à faux et 15 éléphants de guerre.
Hans Delbrück estime la cavalerie à 12.000 en raison de problèmes de gestion et les mercenaires
Grecs à 8.000.
Bataille de Gaugamèles par Jaques Courtois,
(Le Bourguignon – 1621-1676) – Châteaux de Versailles |
En ce qui concerne les auteurs antiques : Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de
Nicomédie, historien
Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145)
avance 40.000 cavaliers, 1.000.000 infanterie, 200 chars et 15 éléphants de guerre ;
Diodore de Sicile (Historien
Grec,
v.90-v.30) avance 200.000 cavaliers, 800.000 infanterie et 200 chars ;
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec,
46-v.125 ap.J.C) avance 1.000.000 hommes (Sans ventilation dans la composition) ; Quinte-Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C)
avance 45.000 cavaliers, 200.000 infanterie et 200 chars.
Bien que Darius III ait un avantage
numérique significatif, la plupart de ses troupes étaient d’une qualité inférieure à celles
d’Alexandre.
Sa seule infanterie respectable était ses 2.000 mercenaires
hoplites
Grecs et sa garde du corps personnelle, 10.000
"Immortels". Parmi les autres troupes
Perses les plus lourdement armés se trouvaient les
Arméniens qui étaient armés à la
Grecque et probablement combattaient en phalange.
Le reste des contingents de Darius III était
beaucoup plus légèrement armé. L’arme principale de l’armée
Achéménide était historiquement l’arc, la flèche et le javelot.
Pour l’armée d’Alexandre nous avons encore moins de détail.
Il commandait les forces Grecques, celles de
Macédoine et celles de la
Ligue de Corinthe avec ses alliés
Thraces. Selon Arrien, l’historien le plus fiable
d’Alexandre, ses forces comptaient :
7.000 cavaliers et 40.000 infanterie. La plupart des historiens conviennent que
l’armée Macédonienne était composée de 31.000 infanterie lourde,
y compris les mercenaires et hoplites d’autres états
Grecs alliés en réserve, 9.000 infanterie légère
supplémentaire constituée principalement de peltastes avec quelques archers et la cavalerie
Grecque était d’environ 7.000 hommes
(on trouve aussi 5.000).
Le déroulement
Lorsque la bataille commença,
Darius III, ayant tiré les leçons de la
bataille d’Issos, avait déjà
choisi le terrain qui semblait le plus favorable à son immense armée. Selon Pierre Briant,
une grande plaine régulière, dont il fit retirer les gros cailloux, les buissons et la végétation, afin que sa cavalerie et surtout ses chars à faux
puissent manœuvrer plus facilement. Toujours selon l’auteur, il fit également planter des piques en fer dans le sol afin de blesser les chevaux adverses.
Il avait recruté les meilleurs cavaliers de ses
Satrapies de l’Est et de ses alliés Scythes. Il avait de plus 15 éléphants de guerre Indiens soutenus par des chars
et comptait bien profiter de sa supériorité numérique. Malgré l’hétérogénéité de son armée, car contrairement à la
bataille d’Issos où il n’avait aligné que des
Perses et des mercenaires
Grecs, à Gaugamèles
il opposa à Alexandre des soldats venus de tout son Empire.
Darius III se plaça au centre de l’élite de son infanterie,
comme c’était la tradition chez les Rois Perses.
Il était entouré à sa droite, de la cavalerie de Carie,
des mercenaires Grecs et des cavaliers
Perses.
Au centre-droit, il plaça ses gardes du corps à pied (les Immortels), la cavalerie Indienne et ses archers Amards
(ou Amardis ou Amui ou Amardi ou Amardien, tribu vivant le long de la région montagneuse bordant la mer Caspienne).
Sur les deux flancs on trouvait de la cavalerie.
Le Satrape de
Bactriane
Bessos (ou Bessus ou Artaxerxès V, en Persan :
اردشیر پنجم Ardeshir V,
Grec : Βήσσος,
† été 329)
commandait le flanc gauche avec les Bactriens, les cavaliers de
Dahae (ou Daae ou Dahas ou Dahaeans ou Daoi, apparentés aux Scythes), les cavaliers
d’Arachosie, la cavalerie
Susienne, les cavaliers de Cadusii (Peuple dans le Nord-ouest de l’Iran actuel)
et les cavaliers Scythes. Les Chars étaient placés à l’avant avec un petit groupe de
Bactriens.
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Le Satrape de Cilicie,
Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday, † 328) commandait le flanc droit avec les Syriens, les
Mèdes, les
Mésopotamiens, les
Parthes,
les Saces, les soldats de Tabaristan (ou Tapurian, Sud et Sud-est de la mer Caspienne),
d’Hyrcanie, du Caucase Albanais, de
Cappadoce et la cavalerie
Arménienne. Les
Cappadociens et les
Arméniens étaient stationnés devant les autres unités de
cavalerie et menèrent l’attaque. Les Macédoniens eux étaient
divisés en deux.
Le côté droit sous le commandement direct d’Alexandre et
le gauche sous celui de Parménion. Alexandre combattait avec sa cavalerie
les “Compagnons“. Avec elle on trouvait les Péoniens et la cavalerie légère
Grecque.
La cavalerie de mercenaires était divisée en deux groupes, les anciens combattants sur le flanc droit et le reste devant les
Argiens (d’Argos) et les archers
Grecs, qui étaient stationnés à côté de la phalange.
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Parménion était stationné sur la gauche avec les
Thessaliens, les mercenaires
Grecs et la cavalerie
Thrace. Ils étaient là pour pratiquer une manœuvre de maintien tandis
qu’Alexandre porterait le coup décisif sur la droite.
Sur le centre droit on trouvait les mercenaires Crétois et derrière
eux se trouvaient la cavalerie Thessalienne et les mercenaires
Achéens.
À leur droite se trouvait une autre partie de la cavalerie Grecque alliée.
Puis, de là venait la phalange, sur une double ligne. Les troupes
Perses, supérieures à environ 4/5 contre 1, avaient un front qui
s’étirait sur près de 4 km., et il semblait inévitable que les Grecs
seraient submergés par les Perses.
Ne pouvant donc contourner l’immense formation Perse avec sa
technique habituelle du marteau et de l’enclume, Alexandre dut déployer son
armée différemment de la stratégie habituelle.
Il décida d’utiliser un placement en échelon, exceptionnel à l’époque, qui devait lui permettre d’occuper le maximum de terrain et de prendre à
revers les flancs adverses. Les troupes furent donc positionnées décalées les unes par rapport aux autres.
Les phalanges étaient organisées en carré de 256 hommes (16 hommes sur 16 lignes) avec les combattants les plus aguerris aux premières lignes.
Comme de coutume, Alexandre avait placé au centre de son dispositif la phalange,
protégée sur son flanc gauche par les hoplites et les peltastes
et sur son flanc droit par les hypaspistes. Il répartit la cavalerie sur les flancs, prit le commandement du flanc droit à la tête de la cavalerie lourde
(les Compagnons) et de frondeurs d’élite cachés par ceux-ci. Il ordonna à son infanterie de marcher en formation vers le centre de la ligne ennemie.
Cette avancée Macédonienne, avec les ailes échelonnées à 45 degrés,
pour attirer la cavalerie Perse à l’attaque.
Alexandre participait donc directement aux combats comme pour toutes ses
batailles, alors que Darius III, lui, commandait son armée depuis l’arrière.
Bataille de Gaugamèles – Charles Le Brun
(1669) – Musée du Louvre –
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Darius III
fut le premier à faire avancer ses troupes.
Alors que les phalanges combattaient l’infanterie Perse, il envoya une
grande partie de sa cavalerie et une partie de son infanterie régulière pour attaquer les forces de Parménion sur le flanc gauche, qui était le plus replié,
là où elles pouvaient manœuvrer au mieux. Cette tactique était prévue par
Alexandre et il allait utiliser une stratégie inhabituelle.
Pendant que son infanterie luttait contre les troupes Perses au centre,
le Roi Macédonien en profita pour partir sur sa droite accompagné de sa
cavalerie et remonta tout le champ de bataille, tout en restant à distance.
Le front s’étendit alors énormément en largeur.
Son plan était d’attirer autant de la cavalerie Perse que possible
sur les flancs, pour créer un espace au sein de la ligne ennemie où un coup décisif au centre pourrait alors être frappé.
Ce plan audacieux nécessitait un timing et des manœuvres presque parfaites, sans compter qu’il fallait à tous prix qu’une partie des troupes
Perses suive le déplacement de la cavalerie
d’Alexandre.
Voyant cela Darius III fut forcé d’attaquer.
Il envoya ses chars à faux dans le but de vaincre rapidement le centre adverse.
La phalange Macédonienne repoussa la charge en s’écartant à l’arrivée des chars.
En ouvrant leurs rangs, les phalangistes créaient de petites impasses dans leur formation à travers lesquelles les chars passaient sans danger.
En effet, les chevaux, par instinct, se précipitaient vers ces ouvertures plutôt que d’entrer de plein fouet sur les phalangistes qui pointaient leurs sarisses.
Les conducteurs de chars étaient alors rapidement mis hors de combat. Ses unités en difficulté, le Roi
Perse, lança une grande partie de son infanterie légère dans la mêlée.
Dans le même temps, le plan d’Alexandre allait fonctionner.
À la tête des “Compagnons” il étendit tellement le front Perse qui
suivait son déplacement, qu’il n’était plus solidaire. Darius III remarqua
ce mouvement et fit poursuivre le Roi. La cavalerie Scythe de son l’aile Gauche devrait ouvrir la bataille en tentant de flanquer l’extrême droite
d’Alexandre.
Alors que les deux colonnes de cavalerie allaient se rencontrer,
Alexandre changea soudain de direction, découvrant les frondeurs d’élite, cachés
derrière sa cavalerie, qui attaquèrent et bloquèrent aussitôt la cavalerie
Perse. Son plan était maintenant de foncer sur le centre dégarni
de l’armée Perse où se trouvait
Darius III. Ce qui suivit fut une bataille de cavalerie longue et acharnée
entre la Gauche Perse et la droite
Macédonienne, dans laquelle, cette dernière étant beaucoup
moins nombreuse, fut souvent mal menée. Cependant, par une utilisation prudente des réserves et des charges disciplinés, les soldats
Grecs furent en
mesure de contenir leurs homologues Perses, ce qui était vital pour
le succès de l’attaque décisive d’Alexandre.
En effet, compte tenu des effectifs, Alexandre avait prévu de tuer le plus
rapidement possible Darius III afin qu’une fois le Roi mort, son armée se rende.
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Néanmoins, sur le flanc gauche Macédonien, alors que la
percée d’Alexandre était un succès, les combats tournèrent à l’avantage des
Perses, sous l’action du
Satrape Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo), qui
parvint à créer une brèche jusqu’à l’arrière-garde de Parménion. L’infanterie
Perse au centre combattait encore les phalanges, tentant d’empêcher
la charge d’Alexandre.
Le Roi et sa cavalerie et une partie de l’infanterie légère, réussissait à repousser les assauts de l’armée
Perse, se rapprochant de plus en plus de
Darius III.
Les Macédoniens étaient en train d’écraser un coin du centre
Perse affaibli.
Darius III sentant que sa fin était proche, prit la fuite et quitta
le champ de bataille suivit par sa garde. Cette vision de cette partie de la bataille, aujourd’hui largement
rependue, est basée sur les récits
d’Arrien, mais elle est contredite par quelques historiens actuels.
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Alexandre,
à ce stade, aurait pu poursuivre
Darius III. Cependant, il reçut des messages désespérés de Parménion
en grande difficulté sur la gauche. L’aile du Général était apparemment encerclée par la cavalerie de l’aile droite
Perse, et, attaqué de tous les côtés il était
prêt à rompre. Alexandre dut choisir entre la poursuite de
Darius III et avoir la chance de le tuer, mettant fin à la guerre
d’un seul coup, ou retourner sur le flanc gauche aider Parménion et préserver ses forces.
Il fit le choix de la raison, il abandonna la poursuite, laissant ainsi le Roi
Perse s’échapper dans les montagnes environnantes, pour
venir en aide à son armée malmenée.
Darius III en fuite, des ordres de
replis furent donnés à l’armée Perse,
mais ils eurent du mal à parvenir à toute l’armée et les combats se poursuivirent donc durant plusieurs heures.
La cavalerie Perse et Indienne, le centre où se trouvait
Darius III franchit, au lieu de prendre l’arrière de la phalange de
Parménion, continuèrent vers leur camp. Ils furent alors attaqués à leur tour par la phalange
Grecque de réserve et furent contraint de plier.
Ce qui arriva ensuite fut décrit par Arrien comme le plus féroce engagement de la bataille.
Alexandre et ses
"Compagnons" rencontrèrent la cavalerie de l’aile droite
Perse, essayant désespérément de s’échapper,
qu’ils anéantirent, la bataille était gagnée. Soixante compagnons furent tués dans l’engagement et les Généraux Héphestion
(ou Héphaestion ou Héphaistion ou Hêphaistíôn, 356-324), Koinos (ou Coenus, † 326) et
Menidas (Chef de la cavalerie Scythes) furent blessés.
En ce qui concerne les pertes de chaque côté, comme pour les effectifs les chiffres changent d’un auteur à l’autre.
On trouve aujourd’hui côté Grec, selon
Nick Welman 500 tués et 3.000 blessés ; selon Arrien
(ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Grec
et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) 100 fantassins et 1.000 cavaliers tués ; selon Quinte
Curce (ou Quintus Curtius Rufus, historien Romain, Ier siècle ap.J.C) 300 fantassins ; selon
Diodore de Sicile (Historien
Grec,
v.90-v.30) 500 fantassins. Pour les
Perses, selon Quinte Curce 40.000 tués
;
selon Nick Welman 47.000 ; selon Diodore de Sicile 90.000 ;
selon Arrien 300.000.
Après la bataille
Darius III parvint à s’enfuir vers
Arbèles (ou Erbil ou Hewlêr) avec son bataillon “d’Immortels“, des cavaliers de
Bactriane commandés par Bessos (ou Bessus) et 2.000 mercenaires
Grecs, mais abandonna son trésor, estimé à 4.000 talents,
ses armes personnelles et les éléphants de guerre. Ce fut une défaite désastreuse pour les
Perses et l’une des
plus belles victoires d’Alexandre.
À la suite de celle-ci, Alexandre fut couronné Roi d’Asie lors
d’une cérémonie fastueuse célébrée à Arbèles, puis il entra en vainqueur dans
Babylone en Octobre 331. À ce stade,
l’Empire Perse était divisé en deux moitiés, Est et Ouest.
Darius III avait prévu de se diriger plus à l’Est et reconstituer une
autre armée pour faire face à Alexandre, supposant, à juste titre, que les
Grecs se dirigeaient vers
Babylone.
Dans le même temps, il envoya des lettres à ses
Satrapes orientaux, leur demandant de rester fidèle. Ceux-ci, cependant, avaient d’autres intentions.
Darius III, prit une nouvelle fois la fuite et se
réfugia à Ecbatane.
Il tenta de réunir une nouvelle armée dans les hautes
satrapies de Parthie, mais il ne réussit pas à lever
une force comparable à celle qui avait combattu à Gaugamèles. Lorsqu’à
Ecbatane,
Darius III apprit
l’approche de l’armée d’Alexandre, il
décida de se retirer en Bactriane
où il pourrait mieux utiliser sa cavalerie et ses forces de mercenaires sur ces plaines d’Asie. Il mena son armée à travers les
Portes de la mer Caspienne, la route principale à travers les montagnes, mais cela épuisa et ralentit considérablement ses troupes.
Trois de ses officiers, Satibarzane (Nabarzane ou Nabarzanes), Barsaentès (ou Barsaentes) et Bessos (ou Bessus),
lui proposèrent de regrouper l’armée sous le commandement de ce dernier et que le pouvoir
lui serait rendu lorsqu’Alexandre
serait défait. Le Roi évidemment n’accepta pas ce plan et ses complices, devenus soucieux
après ses échecs successifs contre Alexandre,
commencèrent à penser à le destituer.
En Juillet 330 (on trouve aussi selon les sources Juin 330),
Darius III, toujours
en fuite et de plus en plus seul, fut poignardé par les rebelles et Bessos (ou Bessus) se proclama Roi sous le nom d’Artaxerxès V le même mois.
Toutefois, il fut ensuite capturé par
Alexandre,
torturé et exécuté. L’histoire nous dit que lorsqu’Alexandre
trouva le corps de Darius III, il le couvrit avec son manteau
et prit la chevalière au doigt du Roi défunt. Ensuite, il envoya le corps du souverain à
Persépolis où il le fit enterrer dans la nécropole royale et
lui donna des funérailles grandioses avec les honneurs dus à son rang. Le Roi
Macédonien se considéra alors comme son légitime successeur. La majorité des
Satrapes restants firent
vœux de fidélité à Alexandre et, de ce fait, furent autorisés à
garder leurs positions. L’Empire Perse Achéménide est traditionnellement considéré comme ayant pris fin à cette date.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la bataille voir
une sélection d’ouvrages ci-dessous, car il existe énormément de livres sur
cette bataille :
Gregory S.Aldrete :
– The decisive battles of world history, Teaching Company, Chantilly,
VA, 2014.
Frédéric Bey :
– Issus & Gaugamela : Alexander the Great versus Darius III, Histoire & Collections, Paris, 2014.
Pierre Briant :
– Alexandre le Grand, de la Grèce à l’Inde, Gallimard, Paris, 1987.
Theodore Ayrault Dodge :
– Alexander : A history of the origin and growth of the art of war from the earliest times to the battle of Ipsus,
301 BC, with a detailed account of the campaigns of the great Macedonian, Da Capo Press, New York, 1996.
Edward Dąbrowa :
– Gaugamela 331 p.n.e., Bellona, cop., Warszawa, 2010.
Raffaele D’Amato :
– La più grande battaglia di Alessandro Magno : Gaugamela e la conquista del mondo, Newton & Compton, Roma, 2012.
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– Warfare in the Classical World : An illustrated encyclopedia of weapons, warriors, and warfare in the ancient civilizations of Greece and Rome,
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Filmographie |
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– Alexander the Great : The battle of Gaugamela, Réalisation : North Ryde,
DVD
Vidéo, Éditeur : North Ryde, N.S.W. : DV1 [distributor], 2007.
– Battles B.C. : Alexander lord of war, Réalisation :
Arts and Entertainment Network, New Video Group et History (Television network),
DVD
vidéo, Éditeur : A & E Television Networks, New York, 2008.
– Decisive battles : Gaugamela, Réalisation : History Channel (Television network), Arts and Entertainment Network, New Video Group,
DVD
vidéo, Éditeur : A & E Television Networks : Distributed by New Video Group, New York, 2004.
– The great commanders : 6 battles that changed history, Réalisation :
Phil Grabsky, Brian Cox, David G.Chandler, Channel Four (Great Britain),
DVD
vidéo, Éditeur : Direct Cinema Ltd., Santa Monica, 2008.
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