Comment se mesurait le temps
C’est très souvent que l’on entend que ce fut les Égyptiens qui inventèrent les horloges ?.
Ce qui est sûr c’est que très tôt ils cherchèrent à calculer le temps, à établir des calendriers, à calculer les années, les mois, les semaines, les jours.
Siècle après siècle, ils réussirent à créer des instruments qui ne cessèrent d’évoluer.
Comme dit plus haut, dans l’ancienne Égypte, l’année était divisée en 3 saisons de 4 mois de 30 jours, soit 3 semaines (ou décades) de 10 jours.
Au total, une année se décomposait en 36 décades soit 360 jours. À cela se rajoutaient 5 jours supplémentaires, les jours dits
Épagomènes. Soit une année de 365 jours.
Horloge à ombre complète – Musée du Louvre
|
En fait il semblerait que ce soit en Mésopotamie
qu’apparut pour la première fois la segmentation de la journée en 24 heures. Les
Babyloniens inventèrent l’idée qu’une heure équivaut à 60 minutes, et plus précisément ce sont les Égyptiens qui inventèrent la division de la journée en
12 heures du jour et 12 heures de nuit, division qui fut un des grands principes de leur civilisation. On retrouve cette symbolique dans certains temples
(24 colonnes pour les 24 heures) et surtout dans plusieurs livres sacrés.
Les Égyptiens comprirent aussi très vite qu’il y avait une fluctuation selon la saison. Durant l’été, la journée était plus longue, la nuit plus courte,
et inversement en hiver, les solstices étant les deux extrêmes. Comme le précise
Ian Shaw, afin de mesurer cette fluctuation, ils
n’inventèrent pas l’heure de 60 minutes, mais ils utilisent un concept particulier, “le moment“, qui n’a pas de longueur, ou de durée, précise.
Les recherches et les ouvrages égyptologiques parlent très peu, ou très rapidement, de la mesure du temps et des horloges. Deux des plus grands
spécialistes sont Ian Shaw et Marshall Clagett.
En 2013, Anne-Claire Salmas publiait un article scientifique, “la mesure du temps de la journée".
Les Égyptiens utilisèrent plusieurs types d’horloges : Clepsydre, horloge à ombre, cadrans solaires. Il est cependant difficile de dresser une chronologie
précise de ces instruments qu’ils désignaient par le mot : mrhyt mrhyt. Mais il pouvait aussi désigner
un élément d’un instrument de mesure.
Les clepsydres Un scribe dénommé Amenemhat affirmait avoir inventé la
clepsydre (ou horloge à eau). Il vécut au début de la XVIIIe dynastie sous
Amenhotep I (ou Aménophis, 1525/24-1504) et
Thoutmosis I (1504-1492). Dans sa tombe, à
Sheikh Abd el-Gourna découverte en 1885, un texte de 16 colonnes décrit
cette invention. Cependant, le plus ancien fragment connu de clepsydre, mis au jour à Karnak en 1904, date du règne
d’Amenhotep III (ou Aménophis, 1390-1353/52).
Elle consistait en une vasque de 36 cm. de haut, en albâtre, gravée de textes et de marques sur les deux faces extérieure et intérieure.
L’objet avait une forme de cône, ouvert sur le dessus avec un petit trou percé pour l’écoulement de l’eau. Un élément métallique était peut être inséré dans cet
orifice. La paroi intérieure était gravée de 12 sections pour les 12 mois de l’année, et pour chaque mois, des graduations pour les heures de la nuit.
Ces graduations variaient avec les mois. Ainsi, la plus grande échelle horaire marquait le solstice d’hiver, alors que le solstice d’été était plus court.
L’horloge était utilisée la nuit pour déterminer l’heure. Un officiant la remplissait d’eau au coucher du soleil.
Il existe en réalité deux types de clepsydres : Celles que l’on remplit d’eau et celles où l’eau tombe dedans pour marquer les heures.
Un récipient rempli d’eau est placé au-dessus d’un second, vide. L’eau s’écoule d’un premier, dans le second. En
Grèce et à Rome, ce modèle d’horloge est assez commun.
En Égypte, nous n’en connaissons qu’un unique exemplaire, découvert en 1901 par
Gaston Maspero durant des fouilles à
Edfou.
Autre horloge à ombre – Musée du Louvre
|
Les horloges à ombre
Si la clepsydre
servait aux heures nocturnes, les Égyptiens calculaient les heures diurnes avec des horloges à ombres. L’origine de ces horloges demeure incertaine.
Les prophéties de Néferti datant du Moyen-Empire (2022-1650) évoqueraient
la mesure du temps par des ombres ce qui pourrait correspondre à l’usage d’une horloge à ombre. Cependant, aucune preuve archéologique n’a jusqu’à
présent prouvé cette hypothèse, ni aucun autre texte. Le premier texte connu décrivant une horloge à ombre et son fonctionnement fut mis au jour dans
l’Osireion de Séthi I (1294-1279) à
Abydos avec la représentation précise des éléments la constituant.
Le plus ancien exemplaire connu date du règne de Thoutmosis III (1479-1425).
Plusieurs exemplaires, complets et fragmentaires sont
visibles dans plusieurs musées. Différents modèles existent. Le principe de fonctionnement est très simple, l’ombre portée sur les graduations de
l’instrument détermine le temps passé (et donc une heure) depuis le lever du soleil.
Au musée du Louvre, plusieurs exemplaires sont visibles. Deux types sont exposés :
– Une longue règle graduée de 5 marques, dotée d’une partie amovible plus haute, percée d’un trou pour y fixer un fils à plomb afin d’assurer le
parfait niveau de l’horloge
– Un modèle plus important comportant une barre verticale, avec un babouin en façade et une sorte de trapèze à l’arrière, avec un côté ayant
une forte pente graduée. Là aussi, un fil à plomb était fixé à l’avant.
Le principe de ces deux modèles était sensiblement le même, on plaçait, à plat et à niveau, l’horloge, orientée Est-Ouest. La barre verticale,
grâce aux rayons solaires, créait une ombre. Cette ombre frappait l’arrière de l’instrument comportant différentes marques.
Il suffisait de voir quelle marque l’ombre frappait pour lire l’heure. Mais ces horloges ne
prenaient pas en compte les différentes saisons, notamment
les solstices ce qui donnaient une lecture de l’heure approximative. Comme le précise Anne-Claire Salmas, les
Égyptiens concevaient le temps comme quelque chose de linéaire et de régulier ce qui n’est pas le cas dans la réalité.
Les cadrans solaires Nous
possédons peu d’exemplaires complets de cadrans solaires, mais il n’est pas impossible que cet instrument ait été inventé par les
Égyptiens. L’exemplaire le plus ancien connu date du règne de Mérenptah (1213-1203) et
fut découvert dans les ruines de Gezer (ou Guézer ou Tel Guezer ou Tell el-Jezer, une ville de
Canaan sous contrôle Égyptien à mi-chemin sur la route entre
Jérusalem et
Jaffa).
Le cadran solaire est un demi-cercle. Une tige, fixée au sommet permet de créer l’ombre. Le cadran est fragmenté en sections.
Celui de Gezer comprend 10 lignes gravées visibles (Sans doute 12 ou 13 à l’origine), dans un autre au Musée du Louvre, il y en a 11. L’angle de chaque
rayon est assez régulier. Là encore, cette horloge ne tenait pas compte des différences horaires selon les saisons et l’endroit où on était dans le pays.
L’instrument était petit et facile à transporter.1
|