L’ Élam
Période  Paléo-Élamite 
Vers  2700  à  vers  1600

 

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Pour plus de détails voir aussi :
Période proto-Élamite
 
Période médio-Élamite
Dynastie des Kidinuides
Dynastie des Igehalkides
Dynastie des Shutrukides
Période néo-Élamite
 
 
Royaume d’Élymaïs

 


 

Déesse Narundi, statuette
datant de la fin de
la dynastie d’Awan – vers 2200
– Musée du Louvre

   La civilisation proto-Élamite et paléo-Élamite, que beaucoup de chercheurs mêlent en une seule période, grandit à l’Est du Tigre et de l’Euphrate dans les plaines alluviales. La région fut une combinaison de basses terres et de zones montagneuses au Nord et à l’Est. Au moins trois États proto-Élamites fusionnèrent pour former l’Élam : Anshan, Awan et Simashki. Les références à Awan sont généralement plus âgées que celles d’Anshan, et certains chercheurs suggèrent que les deux États englobaient le même territoire, à des époques différentes.
 
   Il faut noter que certains sites proto-Élamites se trouvent en dehors de cette zone, étalés sur le plateau Iranien, tels que Warahshe (ou Warakshe), Sialk (Aujourd’hui une banlieue de la ville de Kashan) et Jiroft dans la province de Kerman. L’État de l’Élam fut formé à partir de ces grandes cités en grande partie comme une réponse aux invasions du Sumer. Traditionnellement, cela s’est fait par le biais d’une structure gouvernementale fédérée. La période proto-Élamite se termine par la mise en place de la dynastie d’Awan.

 

La dynastie d’Awan   –  v.2700-v.2210

 
   À la période paléo-Élamite, l’Élam devint une puissance politique notable, qui entra en lutte avec les Empires Mésopotamiens. La première dynastie Élamite attestée est celle originaire de la ville d’Awan, une cité encore non identifiée se trouvant sans doute dans l’actuel Sud Luristan, près de Dezful, ou au Nord de Suse. Les souverains d’Awan dominèrent le reste des principautés Élamites. Le premier Roi attesté, à qui on attribue la fondation de la ville, fut Peli (v.2450 à v.2400). Toutefois, il semble qu’il y eut plusieurs autres souverains avant lui.
 
   Par exemple, la liste royale Sumérienne site plusieurs fois, le Roi de Kish, Enmen-Baragesi (ou Enmebaragesi ou En-E-Barrage-Si, v.2615-v.2585) qui aurait battu un Roi Élamites, vu qu’il régna plus de 150 ans avant Peli ?. Toujours par cette liste on sait que Roi de Lagash, E-Anna-Tum (ou Eannatum, v.2455-v.2425) affronta plusieurs coalitions montées par l’Élam et lors d’une confrontation il perdra son titre de Roi de Kish. Il est donc évident que les Élamites entrèrent plusieurs fois en conflits avec les Rois du Sumer et de l’Akkad. La liste royale Sumérienne rapporte même que les souverains d’Awan auraient dominé à un moment la Basse Mésopotamie.


 

Femme à tête d’oiseau –
Dynastie d’Awan – vers
2250 – Musée du Louvre

 
   Une autre liste royale retrouvée donne 12 noms de Rois de l’Élam de la dynastie d’Awan. Comme il existe très peu de sources pour cette période, tous ces noms ne sont absolument pas certains. Seulement quelques faits de certains règnes sont connus. Pendant cette dynastie l’Élam semble avoir maintenu des échanges commerciaux importants avec des villes de Mésopotamie comme Lagash, afin d’importer et d’exporter principalement des aliments, du bétail, de la laine, des esclaves et de l’argent. Une cause des conflits avec le Sumer et l’Akkad fut apparemment pour les Sumériens de prendre le marché avec le royaume de Warahshe (Appelé plus tard Marhashi), un allié de l’Élam plus à l’Est sur le plateau Iranien, mais dont l’emplacement exacte n’est pas défini. Ce dernier était riche en produits de luxe de tous types, notamment des pierres précieuses.
 
   Les souverains d’Awan furent néanmoins vaincus par les Rois de l’Empire d’Akkad (2334-2142). Des textes datant de cette époque nous parlent de campagnes menées par les Rois d’Akkad sur le plateau Iranien. Le premier étant Sargon d’Akkad (ou Sargon l’Ancien, 2334-2279) qui soumit le Roi d’Awan Luhî-Ishshan (ou Luh-Ishan ou Luhhishshan, v.2320). À partir de cette époque, les sources Mésopotamiennes concernant l’Élam deviennent plus fréquentes. On sait que depuis que les Mésopotamiens avaient développé un intérêt pour des ressources telles que le bois, la pierre et le métal du plateau iranien, les expéditions militaires dans cette région furent plus fréquentes. Benjamin Read Foster nous dit que Sargon et ses successeurs établirent un contrôle direct sur Suse où un Gouverneur fut installé et où des marchands travaillant pour le compte de l’administration entretinrent un fructueux commerce.
 
   Puis le Roi Sidgau (v.2290-v.2275) de Warahshe aida le Roi d’Élam Khita (ou Hita, v.2280 à v.2250 ?) à se rebeller contre Rimush (ou Ouroumoush, 2279-2270), le fils et successeur de Sargon. Certains spécialistes avancent que ce fut le Roi Hishep-Ratep (ou Hišep-Ratep, v.2270 ?) qui affronta Rimush ?. Selon les inscriptions, Rimush tua 16.212 hommes et fit 4.216 prisonniers de la coalition. Awan conserva cependant son indépendance et resta une menace pour les Akkadiens jusqu’à l’époque de leur Roi Naram-Sin (ou Naram-Sîn, 2255-2218), qui vint à bout d’une nouvelle coalition du Roi Abalgamash (v.2275-v.2250) de Warahshe et Khita. Il signa un traité de paix avec Khita vers 2250 (les sources sont incertaines), mais qui fit d’Awan un vassal des Akkadiens.
 
   Ce traité est le plus ancien document écrit en cunéiforme Élamite qui fut retrouvé. Bien que la dynastie d’Awan fût vaincue, les Élamites furent en mesure d’éviter l’assimilation totale. La capitale, Anshan, située dans une partie montagneuse et escarpée du Sud-ouest de l’Iran, ne fut jamais atteinte par les Akkadiens. En fait, les Élamites restèrent une source de tension qui déstabilisa l’Empire Akkadien jusqu’à sa chute définitive devant les Goutis.


 

Tête d’un Roi non identifié –
2200 / 2000 – Musée du Louvre

 
   Le successeur de Naram-Sin, Shar-Kali-Sharri (ou Shar-Kali-Sharri ou Sarkalisarri, 2218-2195), ne parvint pas à conserver l’Empire dont il avait hérité. Il va être considérablement affaibli par les attaques des peuples du Zagros, les Loulloubis (ou Lullubi ou Lulubi, aujourd’hui le Sharazor dans les plaines du Zagros Iranien) et les Goutis. Il mena des campagnes en Iran, mais dut se résigner à perdre le contrôle de la Susiane. La période qui suivit fut une transition entre la domination de l’Empire d’Akkad et celle de la IIIe dynastie d’Ur, qui régenta à son tour l’Ouest de l’Élam. La durée de cette période est mal établie faute de sources. La chronologie classique lui attribue dans les 80 ans, mais, selon Jean-Jacques Glassner, spécialiste de l’Akkad, elle pourrait n’avoir duré que 30 ans ?.
 
   Quoi qu’il en soit, quand l’Empire d’Akkad s’effondra, le nouveau Roi d’Awan, Puzur-Inshushinak (Ou Puzzur-Inshushinak, en Élamite : Kutik-Inshushinak ou Kutik-Inšušinak, v.2250 à v.2210 ou v.2240 à v.2210) profita de l’occasion pour reprendre sa liberté et constitua un royaume puissant depuis Suse, dont il fit sa capitale. Il n’y a pas de consensus quant à la période exacte durant laquelle Puzur-Inshushinak régna. Originaire de la ville de Zaban, située dans la région Élamite du Simurrum, son père Shinpi-khish-khuk était très probablement un frère du Roi Khita. Puzur-Inshushinak avait été nommé vers 2250, par le Roi d’Akkad, Naram-Sin, Gouverneur de Suse en échange de son aide pour avoir défendu la région contre les Goutis. Mais à la mort de Naram-Sin il reprit sa liberté et sur sa lancée soumit les autres principautés de l’Élam. Il défit les villes voisines de Kimash et Hurtum qui se rebellait contre lui, un écrit vante la destruction de 70 villes en une journée.
 
   Il lança même des offensives en Mésopotamie, où il prit des villes importantes comme Eshnunna. Selon une inscription du Roi d’Ur, Our-Nammou (ou Ur-Nammu ou Namma Ur, 2112-2095), il réussit même à prendre le contrôle de plusieurs villes de la vallée de la Diyala. Il se proclama "Puissant Roi d’Awan" et "Maître des Quatre Régions", qui était le titre que s’était attribué Naram-Sin. Ce Roi est également mentionné dans la liste royale Élamite, comme le douzième et dernier souverain de la dynastie d’Awan.
 
   Une de ses inscriptions détaille les nombreuses conquêtes militaires qu’il effectua dans des régions du plateau Iranien. Puzur-Inshushinak ne fut pas seulement un conquérant, il restructura et réorganisa l’administration de l’Élam. Il rétablit la langue de son pays et fit rédiger des textes aussi bien en Akkadien qu’en Élamite. C’est sous son règne que fut mise au point une nouvelle forme d’écriture basée sur cette langue (Dite Élamite linéaire) qui ne lui survit pas et n’a donc jamais été traduite. La plupart des inscriptions en Élamite linéaire datent de son règne. Au cours de celui-ci la ville de Suse devint la plus importante de l’Élam avec la construction de temples et de monuments.

L’Élam  et  l’Akkad  vers  2210
 

 

Cliquez sur les noms de villes ou régions

 
   Mais son apogée ne dura pas longtemps, son œuvre fut éphémère, une incursion des Goutis en Élam mit fin à son règne et à la dynastie d’Awan. Quelques spécialistes proposent une autre hypothèse quand à la période de son règne qu’ils situent plus tard, vers la fin du XXIIe siècle. Il est comme dans le premier cas le Roi d’Élam et régna depuis Suse sur un royaume important, mais il dut faire face aux visées expansionnistes des souverains néo-Sumériens : Le Roi de Lagash Goudéa (ou Gudea, 2142-2122) et celui d’Ur, Our-Nammou (ou Ur-Nammu), qui prétendirent tous les deux avoir mené des expéditions en Élam.
 
   Ce fut en tout cas le second qui avec la IIIe dynastie d’Ur créa un royaume puissant, qui finalement domina l’Élam sous le règne de son fils, Shulgi (ou Sulgi ou Shoulgi, 2094-2047). Celui-ci fit des campagnes contre Anshan qui devint un État vassal et l’Élam où il prit Suse et il y installa un Gouverneur Sumérien. Le royaume de Puzur-Inshushinak, qui s’étendit un temps sur quelques villes de Basse-Mésopotamie, périclita dans sous les assauts de ces souverains.
 
   Que ce soit la première ou la deuxième version, après la mort de Puzur-Inshushinak, l’Élam fut envahie par les Goutis et les quelques décennies qui suivirent nous sont inconnues. L’histoire de la région reprend avec la dynastie de Simashki. Dans l’ensemble, c’est au moins 12 inscriptions qui nous sont parvenues sur ce Roi. Dans ces textes il y a généralement des dédicaces aux différentes divinités, mais également dans une il est noté la capture par le Roi de 81 villes lors d’une campagne militaire. Un autre rapport mentionne l’ouverture d’un canal.
 
   Le souverain a des titres différents dans ces divers textes. Cela a donné lieu à la présomption que les différents titres (Ensi de Suse, Gouverneur – Lugal, Roi) reflétaient la carrière politique du Roi. mais, puisque les textes ne sont pas datés avec précision, cela ne peut pas être ni prouvé ou réfuté. L’expansion de la IIIe dynastie d’Ur fit à nouveau rentrer l’Élam sous la domination d’un royaume Mésopotamien, tandis que les entités politiques Élamites situées à l’Est restèrent indépendantes mais durent quand même composer avec cette grande puissance. Progressivement, les "Rois" de Simashki parvinrent à dominer les autres "royaumes" Élamites, avant de participer à la chute du royaume d’Ur.

 


 

Statue de lion gardien du temple
d’Inshushinak – Règne de
Puzur-Inshushinak – Musée du Louvre

La dynastie de Simashki  –   v.2030-v.1900

 
   Cette nouvelle dynastie qui va dominer l’Élam, est issue de la ville (ou de la région) de Simashki (ou Simash ou Simaški), située soit dans le Luristan, soit dans le Kerman. La localisation n’est toujours pas certaine. Une liste de 12 Rois est connue. Elle est fondée par le Roi Gir-Namme (ou Girnamme, v.2030) qui dès le début de son règne doit subir la prépondérance de la IIIe dynastie d’Ur. Sous son impulsion Simashki, dans un premier temps, prit l’ascendant sur les autres principautés Élamites, puis devint une rivale pour les Rois d’Ur qui sentaient que la ville tentait de se libérer de leur tutelle.
 
   La partie occidentale de l’Élam, Suse comprise, était alors sous la coupe des Rois d’Ur, qui réussissaient tant bien que mal à soumettre les Rois d’Anshan, de Warahshe (ou Marhashi) et de Zabshali. Cette dernière étant, semble t-il la plus menaçante pour eux et fit l’objet de plusieurs campagnes. Ces guerres renforcèrent probablement la puissance de Simashki, dont les souverains menèrent plusieurs guerres contre la domination d’Ur avec l’appui d’autres souverains Élamites.
 
   Pendant la première partie des règnes des Rois de cette dynastie, l’Élam fut attaqué par intermittence par les Goutis et les Mésopotamiens, alternant avec des périodes de paix et de démarches diplomatiques de ces derniers. Le Roi d’Ur, Shu-Sin (ou Shu-Sin ou Shu-Suen, 2037-2029) donna par exemple sa fille en mariage à un Prince d’Anshan. Le Roi suivant, Ibbi-Sin (2028-2004) dut à son arrivée au pouvoir lutter contre les Élamites et soumettre Suse, puis le pays d’Anshan qui s’étaient révoltés, mais ne pénétra pas très loin en Élam. Usé par des guerres incessantes l’Empire d’Ur s’effritait.
 
   Cependant les souverains de Simashki ne vont guère profiter de cet état de faiblesse. Il faut dire que quatre Rois vont se succéder en moins de 25 ans ce qui fragilisa le pouvoir : Tazitta I (v.2025-v.2020), Ebarat I (v.2020 à v.2015), Tazitta II (v.2015 à v.2010) et Lurrak-Luhha (v.2010 à v.2007). La prédominance des Sumériens était donc décroissante en cette fin du XXIe siècle. Ibbi-Sin dut en plus lutter contre les Hourrites (Royaumes du Hourri et du Mitanni) qui devenaient de plus en plus puissants et menaçaient ses frontières.


 

Tasse en argent de
Marvdasht – Période
de Simashki –
Musée national d’Iran

 
   Face à la faiblesse de ce pouvoir central les cités-États reprirent leur indépendance. En 2027-2026, ce fut la ville d’Eshnunna sous l’impulsion de Ilushu-Ilia (2027- ?), puis Suse, Lagash et Oumma. À la même époque les Amorrites envahirent le Sumer. À Isin, Isbi-Erra (ou Ishbi-Erra, 2017-1985) profita de cette situation et en 2017, il proclama l’indépendance de la région et repoussa les envahisseurs Amorrites. Il s’empara de Nippur, de Kish et d’Eshnunna et avec l’aide des Élamites il conquit les États voisins. En 2009, la Mésopotamie fut coupée en deux : Ibbi-Sin à Ur et Isbi-Erra à Isin.
 
   Vers 2007, Kindattu (ou Kindaddu, v.2007 à v.1980), fils d’Ebarat I, devint le nouveau Roi de Simashki. Comme le précise Jan van Dijk, il profita de la faiblesse d’Ibbi-Sin et libéra sa ville de la domination d’Ur. Il attaqua Isin et sema le trouble dans le Sud. En 2007-2006, il s’allia à Suse, traversa le Tigre et attaqua UrIbbi-Sin s’était retranché. Isbi-Erra contient du danger que représentait l’Élam changea de camp et vint au secours de la cité et la sauva de l’invasion. Mais la coalition lança une nouvelle offensive et plus rien n’arrêta ses troupes. En 2004, Kindattu prit la ville d’Ur qui fut mise à sac.
 
   Les habitants qui ne pouvaient pas s’enfuir furent égorgés. Ibbi-Sin fut fait prisonnier et exilé en Anshan. Les trésors prit à l’ennemi enrichirent l’Élam. Ce fut la fin de la IIIe dynastie d’Ur. Kindattu profita de ses victoires pour s’emparer de tout l’Élam. Il instaura de nouveau l’ordre et redonna un certain dynamisme au commerce. Mais il ne parvint pas à maintenir sa domination sur la Basse-Mésopotamie que les souverains d’Isin, puis de Larsa, allaient se partager. À cette époque, malgré la puissance de la ville de Simashki, Suse et Anshan conservèrent tout de même une place importante dans le royaume. L’influence Mésopotamienne dans l’art, relayée par Suse, s’imposa dans le pays au détriment de l’art Élamite. La langue Akkadienne, toujours utilisée sous les souverains de Simashki, fut progressivement abandonnée au profit de l’Élamite de type syllabique adapté à l’écriture cunéiforme Mésopotamienne.
 
   En fait la situation politique en Élam après la chute d’Ur est encore aujourd’hui mal connue, même si on dispose de plusieurs inscriptions provenant de Suse nous présentant des Rois de Simashki cités dans la liste royale Susienne, ce qui montre, comme le précise Daniel T.Potts, qu’ils dominaient la partie occidentale de l’Élam. La dynastie de Simashki attint son apogée sous le règne de Indattu-Inshushinak I (ou Inaddu, v.1980 à v.1960), fils de Kindattu, qui lui succéda. Il fit de sa capitale, enrichie par les ressources minières abondantes du Luristan, le cœur de l’État Élamite. Son successeur Tan-Ruhuratir (ou Tan-Rukhurater ou Tan-Ruhurater, v.1960 à v.1950) mena une politique extérieure ambitieuse, par des guerres ou par des alliances. Les relations avec la Mésopotamie, alors divisée entre plusieurs royaumes, furent pacifiques.
 
   Par exemple, Tan-Ruhuratir épousa Mekubi, une fille du Roi d’Eshnunna, Bilalama (v.1980-v.1960), et un autre Roi, dont le nom n’est pas connu, peut-être Ebarat II (v.1950 à v.1930), s’unit à une fille du Roi d’Isin (Également Roi de d’Akkad, de Kish, d’Ur, d’Ourouk et d’Oumma), Iddin-Dagan (1975-1954). L’apogée de Simashki dura quelques années, avant que les souverains Amorrites d’Isin, puis de Larsa, nouveaux maîtres du Sumer et de l’Akkad, ne lui infligent plusieurs défaites. Le Roi Gungunum (1933-1906), de Larsa ravagea l’Élam vers la fin de son règne, avant, comme le précise Daniel T.Potts, de s’emparer de Bashime, Anshan et Suse quelques années plus tard, ce qui marqua une nouvelle fois la fin des relations cordiales entre le royaume Élamites et ceux de Mésopotamie.


 

Plateau portant des inscriptions
aux noms d’Indattu-Inshushinak I
et de son Vizir et Chancelier,
Kiten-Rakidadabi.

 

La dynastie Epartide  (ou Sukkalmah)  –  v.1850-v.1500

 
   Alors que les derniers Rois de Simashki furent écrasés par les Mésopotamiens, une nouvelle dynastie émergea depuis Anshan, appelée dynastie Epartide, du nom de son fondateur Eparti I (ou Ebarti II, v.1850 à v.1840, certains spécialistes avancent que le fondateur serait son père le Roi Shilkhakha ?), ou dynastie des Sukkalmah (ou Sukkalmaḫat, Grand Régent), d’après le titre que se donnaient ses souverains. Cette période est confuse et difficile à reconstituer. Selon François Vallat, les premiers Rois de cette lignée auraient peut-être régné en même temps que les derniers souverains de Simashki, établissant graduellement leur pouvoir sur les autres régions Élamites. Eparti I se proclama "Roi d’Anshan et de Suse" après avoir regroupé tout le pays Élamite sous sa coupe au cours d’un règne brillant. Ce titre signifie sa prétention à la domination sur les principales régions de l’Élam, qu’elle fut effective ou non.
 
   Son fils Shilhaha (ou Ilhaha, v.1840 à v.1835), qui lui succéda, continua son œuvre. Il abandonna le titre qu’avait pris son père et prit celui Sumérien de SUKKAL.MAH, signifiant “Grand Ministre“, qui désignait sous la IIIe dynastie d’Ur le “Grand Vizir” secondant le Roi. Ce titre fut repris par les Rois suivants. Parmi les autres titres portés par les souverains de cette dynastie, on note celui de “Pasteur du peuple de Suse” et de “Pasteur du Dieu Inshushinak” que prit Attakhushu (ou Atta-husu, v.1830 à v.1792), qui montre que la fonction royale était similaire à celle que l’on trouve en Mésopotamie. Le Roi était choisi par la divinité souveraine locale, donc Inshushinak à Suse et il devait servir de guide à son peuple. Les premiers souverains de la dynastie reconstruisirent Anshan et en firent la capitale de leur royaume. L’Élam acquit sous leur direction une grande puissance et il semble que d’autres affrontements opposèrent des Rois de Larsa à ceux d’Élam.
 
   Ainsi, sous Shilhaha, Sin-Iqîsam (ou Sîn-iqisham, 1840-1835) de Larsa défit une coalition menée par son grand rival le Roi d’Isin à laquelle s’était jointe une armée Élamite. Ses deux successeurs Warad-Sîn (1834-1823) et Rîm-Sîn I (1823-1763) entretinrent des relations cordiales avec l’Élam. Un des Rois Epartides suivants, Shirukduh (ou Shiruktuh ou Sirukdukh ou Siruk-Tuh, 1792 à 1772) entra dans diverses coalitions militaires pour contenir la montée en puissance de Babylone. Dominique Charpin et Jean-Marie Durand nous disent qu’il réussit à se faire considérer comme un souverain supérieur par ses contemporains, les Rois Amorrites de Babylone, d’Eshnunna, de Larsa ou de Mari, qui l’appelèrent “mon père“, alors qu’entre eux ils se nommaient "frères“. Selon Enrique Quintana Cifuentes, la cour Élamite eut des relations diplomatiques avec les plus puissants royaumes du Moyen-Orient, et envoya des messagers jusqu’à Qatna (Cité-État identifiée aujourd’hui au site de Tell-el-Mishrife en Syrie, dans le ouâdi al-Aswad, un affluent de l’Oronte).
 
   Cette domination s’appuyait en partie sur la puissance que donnait aux Élamites la maîtrise du commerce de l’étain extrait sur le plateau Iranien ou en Afghanistan moderne, qu’ils redistribuaient vers les royaumes de la plaine. Le Roi de Mari profita ainsi de ses relations cordiales avec le Roi Élamite pour obtenir de l’étain en présent diplomatique. Suivit sur le trône pour un règne éphémère, Shimut-Wartash (1772 à 1770) qui fut peut-être le fils de Shirukduh.
 


 

Portrait funéraire déposé dans une
tombe – XVIe siècle
– Musée du Louvre

   Son successeur Siwe-Palar-Khuppak (ou Siwepalarhuhpak ou Siwe-Palar-Huppak, 1770 à 1745), était depuis quelques temps la personne la plus puissante dans la région. Il exerçait une souveraineté nominale sur les Rois de Mésopotamie, qui l’appelèrent "Mon père", et lui donnèrent parfois le titre de "Grand Roi". À ce titre, il arbitra des litiges entre ces royaumes, comme celui opposant le Roi de Babylone, Hammourabi (1792-1750) et le Roi de Mari, Zimri-Lim (1775-1761/0), autour de la ville de Hit. Vers 1766/1765, Siwe-Palar-Khuppak lança une attaque en Basse-Mésopotamie dans le but de s’emparer du royaume d’Eshnunna.
 
   Il se fit aidé par les Rois de Babylone et de Mari, qui en tant que vassaux lui devaient assistance dans les campagnes qu’il entreprenait, mais aussi parce que ces derniers voyaient là un moyen de se débarrasser d’un ennemi gênant aux portes de leur royaume. La coalition s’empara rapidement de la cité d’Eshnunna, tuant son Roi Ibal-Pi-El II (1779-1766). Siwe-Palar-Khuppak y nomma un Gouverneur mettant fin à la dynastie indépendante d’Ibal-Pi-El II. L’armée Élamite s’installa dans la cité, d’où elle entreprit de conquérir la région du haut-Tigre, puis du Khābūr (ou Khabur).
 
   Siwe-Palar-Khuppak décida alors de séparer son armée en deux. Il dirigea une première partie au commande du Général Élamite Kunnam et d’un Amorrite, Atamrum, au Nord sur la ville d’Ekallāté (ou Ekallatum), forteresse qui commandait la région Est du Tigre et qui était la capitale d’un nouveau royaume Assyrien fondé par Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu, 1814-1775). Ce dernier mort depuis peu, le royaume devenait une proie facile et la ville fut prise rapidement ainsi que celle de Shekhna (ou Tell Leilan ou Shubat-Enlil, capitale du pays d’Apum).
 
   Puis, la deuxième partie de son armée se dirigea au Sud sur la Babylonie contre ses ex alliés. Ceci prit au dépourvu Hammourabi et Zimri-Lim, qui se retrouvèrent à faire face aux volontés expansionnistes des Élamites sur leur territoire. Le Roi de Mari, menacée directement par cette avancée rapide, passa une alliance avec le Roi de Babylone et de nombreux Rois Amorrites, dont celui d’Alep, Sumu-Epukh ( ? -1781) et lui fit face.
 
   En 1764, cette coalition réussit à arrêter l’offensive Élamite sur les deux fronts. Hammourabi stoppa l’armée ennemie alors qu’elle s’apprêtait à marcher sur Babylone. Zimri-Lim, dans la région du Khābūr, plus les troupes envoyées par Hammourabi, rencontrèrent Siwe-Palar-Khuppak à Hiritum. Les Élamites furent écrasés assez facilement, Atamrum ayant trahit Siwe-Palar-Khuppak en se ralliant à Zimri-Lim. L’armée Élamite se replia sur Eshnunna, qu’elle pilla avant de repartir en Élam, Siwe-Palar-Khuppak déléguant la direction des armées à son fils (ou son frère ?) Kuduzulush I (ou Kudu-Zulush I, 1745 à 1730) et à ses Généraux. Par cette défaite l’Élam perdit d’un seul coup tout appui en Mésopotamie, mais elle ne fut pas affaiblie pour autant et ne semblent pas avoir été inquiétée par les Babyloniens qui prenaient progressivement le contrôle de la Mésopotamie. Kuduzulush I succéda à son père et tout au long de son règne il prit en charge la réorganisation du royaume.
 
   Il y parvint si bien qu’il laissa à son fils Kutir-Nahhunté I (1730 à 1700) un royaume puissant. Ce dernier profita des suites d’une émeute de la ville d’Ourouk, pour s’emparer de la riche cité lors d’une offensive éclair et la ville fut pillée. Puis il infligea au Roi de Babylone, Samsu-Iluna (ou Samsou-Ilouna, 1750-1712), une cuisante défaite, mais après ce dernier coup d’éclat, l’Élam retomba dans l’obscurité.
 
   On connaît très peu de chose sur les quelques deux cents ans qui composent la dernière partie de cette dynastie. Quelques sources éparses nous sont parvenues, provenant du règne des Rois Kassites de la IIIe dynastie de Babylone (à partir de 1598). On sait qu’après le règne de Kutir-Nahhunté I, 17 Rois arriveront au pouvoir et que ce fut sous le règne du dernier, Kutir-Nahhunté II (v.1505 à v.1500), que la dynastie Epartide s’effondra. L’Élam subit alors une grave crise, conjuguée aux incursions des Amorrites venus de Mésopotamie qui l’affaiblirent considérablement. La période suivante, dite médio-Élamite (1500-1100), débuta par la montée en puissance d’une dynastie Anshanite aux alentours de 1500.
 

Pour la bibliographie voir à :
Élam civilisation Bibliographie

 

 
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