La
Guerre du Péloponnèse désigne le conflit qui dura de 431 à 404, avec quelques périodes d’interruption et qui opposa
Athènes et
Sparte.
Sparte ne participa qu’avec réticence à la
Première Guerre Médique, mais accepta
le commandement des forces Grecques durant la deuxième partie du conflit (Voir
Deuxième Guerres Médique). Après avoir
abandonné les profits de la victoire aux Athéniens,
les Spartiates se replièrent sur le Péloponnèse où ils tentèrent :
De défendre leur suprématie face à leurs anciens coalisés (Tégée et Élis), de faire face à
Argos, soutenue par Athènes et enfin de mater une révolte des
Hilotes de
Messénie (464-458). En 446,
un accord est passé entre les puissances rivales, qui repose sur le partage du monde Grec.
Sparte se voit octroyer
le Péloponnèse, Corinthe les mers et le commerce occidental et Athènes
la mer Égée et le commerce du Nord.
Buste de Thucydide –
Musée royal de l’Ontario
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Selon
Thucydide
(Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395),
Sparte et ses alliées,
notamment Thèbes et
Corinthe, redoutaient la montée en puissance de l’impérialisme
Athénien. Ils craignaient pour leur propre
position. Corinthe, qui était membre de la
Ligue du Péloponnèse,
supportait de plus en plus mal les visées d’Athènes sur ses
colonies. En 435, une querelle éclata entre Épidamne (Cité de la mer Adriatique en
Illyrie, Durrës Aujourd’hui) et Corcyre.
Bien que Corcyre fut une colonie de Corinthe,
celle-ci prit le parti d’Épidamne et une guerre
opposa alors Corinthe à sa colonie. Corcyre, qui n’appartenait à aucune
alliance, fit appel aux Athéniens et se retrouva en position
de pouvoir évincer Corinthe de la mer Ionienne. En 432,
Corinthe, membre de la
Ligue du Péloponnèse,
fit alors pression sur son ancienne colonie Potidée, qui était située sur la pointe Ouest de la Chalcidique
(Sur la côte Thrace), afin qu’elle quitte
la Ligue de Délos.
Potidée obéit et quitta la Ligue après avoir
passé un accord secret avec Sparte, qui stipulait
qu’en cas de conflit avec Athènes,
Sparte envahirait l’Attique. Les
Athéniens envoyèrent alors une expédition pour assiéger
Potidée, qui tomba et fut obligée par Athènes
de raser ses murailles. Potidée se révolta contre Athènes et
reçut le soutien officieux de Corinthe.
Dans le même temps, Athènes interdit l’accès
de l’Attique et ses ports aux marchands de Mégare.
Elle reprochait à la cité de soutenir son adversaire Corinthe et
d’accueillir les esclaves fugitifs.
Mégare, comme
Corinthe, fit alors appel à
Sparte, qui sous la menace de voir deux de ses principales
alliées quitter la Ligue du Péloponnèse
et aussi du fait de ses promesses et alliances avec Potidée, mobilisa la
Ligue. Elle se laissa entraîner dans la
guerre et quelques mois plus tard la ville et ses alliés de la
Ligue, pressés d’agir par les
Corinthiens décidèrent d’attaquer
Athènes.
Athènes ne désirait pas
vraiment la guerre, sa flotte avait ordre de ne pas combattre à moins que les
Corinthiens n’attaquent Corcyre. Pendant l’été 431, les
Spartiates envahirent l’Attique, la région entourant
Athènes, sans
rencontrer de résistance, ils trouvèrent un pays déserté. Ils ravagèrent la région pendant un mois avant de se retirer. Les
effectifs terriens Athéniens étant bien inférieurs à ceux
de Sparte,
Périclès (v.495-429), Stratège pour la 13e fois,
prouva à ses concitoyens que la fin du conflit était inéluctable. Il persuada alors les
Athéniens de se réfugier derrière les longs
murs qui reliaient la ville à ses ports, de manière à ce
qu’Athènes, transformée en forteresse, puisse
se ravitailler par la mer. Tandis que dans le même temps la cité, grâce à sa flotte, ruinait les côtes ennemies et
finit même par s’emparer d’Égine en 430.
En Avril 431, Platées, alliée d’Athènes
fut attaquée et écrasée par Thèbes. En 430, Potidée fut
forcée de capituler devant Athènes. Pendant
les années qui suivirent, Sparte et ses alliés
continuèrent d’attaquer l’Attique sans remporter de succès décisif. Fin 430, une épidémie de peste (ou typhus ?) décima près de
la moitié de la population d’Athènes.
Périclès qui venait d’être élu Stratège pour la 15e fois
figura parmi les victimes. En 427, Athènes envoya une
expédition punitive à Mytilène
sur l’île de Lesbos, qui voulait
quitter la Ligue de Délos. Ses murailles furent rasées et les
autres cités de l’île passèrent sous domination Athénienne.
Un autre succès d’Athènes, en 425, fut la prise de
Pylos (Sur la côte Ouest de la
Messénie,
voir
bataille de Pylos). À la mort de
Périclès,
Athènes se divisa en deux camps :
Celui de Nicias qui voulait une guerre défensive
et voulait continuer d’appliquer la tactique de
Périclès, en évitant les combats terrestres et
celui de Cléon (Stratège en 424), qui lui prêchait pour l’attaque.
Durant l’été 424, les Athéniens décidèrent une invasion
de la Béotie.
Buste de Périclès,
copie de l’œuvre de Crésilas – Musée Pio-Clementino – Rome
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Cependant le projet, avorté par une trahison, ne donna aucun résultat et permit aux
forces Béotiennes de se rassembler et d’aller au devant de l’armée
Athénienne. La
bataille de Délion
(ou Delium) au début de l’hiver 424,
fut une défaite pour Athènes, qui perdit aussi sa position
fortifiée et tout espoir de reconquête de la région. Dans le même temps, le Général
Spartiate, Brasidas secourut
Mégare assiégée par les
Athéniens
(Voir
bataille de Mégare). Puis, la même année, il surprit ses
adversaires par une manœuvre rapide qui lui permit de traverser la Grèce et de s’emparer d’Amphipolis en
Thrace. Une
trêve d’un an fut alors conclue entre Athènes et
Sparte. À la fin de la trêve, alors que les
Athéniens essayaient de
reprendre Amphipolis, Cléon se fit tuer et son armée fut défaite par Brasidas qui mourut aussi dans la bataille.
(Voir
bataille d’Amphipolis)
Finalement, en 421,
Athènes signa la paix avec ses adversaires,
“La Paix de Nicias“. Cet accord, qui devait durer 50 ans, fut plus un compromis et ne régla aucun problème.
Ce fut un succès pour Athènes, qui conserva son Empire intact
tandis que ses ennemis étaient divisés, car cette paix ne fut conclue qu’entre
Athènes et
Sparte.
Corinthe,
Mégare et
Thèbes refusèrent de la voter, car
elle permettait à Athènes de garder ses prétentions
territoriales et aux deux nouveaux “alliés” de se mettre d’accord pour modifier le traité comme ils souhaitaient,
sans en référer à la Ligue du Péloponnèse.
La cité d’Argos créa alors sa propre Ligue concurrente de la
Ligue du Péloponnèse qui
entraîna la désagrégation de cette dernière.
Les Athéniens,
sous l’influence d’Alcibiade (450-404),
s’allièrent avec Argos, Élis
(Capitale d’Élide) et Mantinée, en conflit avec
Sparte. En 418, les alliés
attaquèrent Épidaure et avancèrent sur Tégée. Sparte fut obligée
de faire mouvement contre eux et remporta une grande victoire à la
bataille de Mantinée.
Argos abandonna alors l’alliance avec
Athènes qui se retrouva de nouveau isolée. En 416,
pourtant la cité attaqua et ravagea l’île de Mélos, qui était restée neutre, mais s’était montrée amicale envers
Sparte.
Alliances pendant la Guerre du Péloponnèse
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Cliquez sur un nom de ville ou de région
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Poterie représentant la Guerre
du Péloponnèse
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En 415, poussée par son ambitieux
dirigeant Alcibiade,
Athènes lança une expédition en Sicile pour
conquérir Syracuse et l’île, expédition à laquelle
Nicias s’opposait.
Le prétexte invoqué par Athènes était la réponse
à l’appel de Ségeste, qui en 416 avait été attaquée par Sélinonte et Syracuse. En réalité, l’expédition était surtout
montée pour contrer la puissance grandissante de Syracuse et s’assurer d’un contrôle total de la mer, surtout qu’à
cette époque Athènes avaient des problèmes
d’approvisionnements en blé du fait des défections de certains de ses alliées. L’expédition, qui partit en Juin 415,
fut sous le commandement de
Nicias, Alcibiade et Lamachos (Stratège en
435). Cependant, durant la campagne,
Alcibiade fut mis en cause dans le scandale des Hermès (ou
Hermai) mutilés (L’affaire des Hermocopides).
Athènes dépêcha un vaisseau pour le ramener
dans la cité, mais Alcibiade s’enfuit alors à
Sparte. Dans le même temps Syracuse fit appel
à Corinthe et
Sparte à son secours.
Alcibiade réussit à convaincre les
Spartiates de la nécessité d’envoyer des renfort à Syracuse
contre les Athéniens et d’occuper Décélie (Dème de l’Attique).
Les Spartiates reprirent alors l’offensive en Attique.
Ils furent aidés en 413 par la Perse. En
Sicile, Lamachos fut tué et
Nicias resta seul à la tête de l’expédition.
En Octobre 414, L’armée
Athénienne, face au Général
Spartiate Gylippos, ne parvint pas à prendre
Syracuse et la flotte se trouva même emprisonnée dans la rade.
Athènes envoya alors une force de secours
commandée par Eurymédon. En Août 413 la flotte Athénienne fut
presque anéantie à la bataille des Épipoles, puis l’armée fut battue sur terre. Les
Athéniens perdirent plus de 200 bateaux
et 50.000 hommes, dont 7.000 furent fait prisonniers enfermés dans les Latomies (Catacombes) puis vendus comme esclaves
et les autres furent massacrés devant Syracuse.
Copie d’un buste d’Alcibiade –
Musée du Capitole
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L’impopularité d’Athènes grandit et
seules restèrent fidèles les cités de
Lesbos et
Samos qui offrit asile
à une nouvelle flotte Athénienne. En
412, les cités d’Ionie abandonnèrent la
Ligue de Délos.
À Athènes, en 411, un coup
d’État renversa le gouvernement La boulê et le remplaça
par une oligarchie appelée le régime des Quatre Cents.
Ceux-ci demandèrent la paix à Sparte.
Mais l’armée et la flotte refusèrent de reconnaître le changement et au bout de
quatre mois d’existence, le régime oligarchique fut renversé.
Malgré la défection d’un grand nombre de ses alliés,
Athènes résista vaillamment pendant
plusieurs années. Eubée se souleva et les Spartiates remportèrent une victoire navale à
Érétrie.
Athènes rappela alors
Alcibiade qui remporta trois victoires
navales contre les Spartiates, à
Cynosséma
(Hiver 411),
Abydos
(Novembre 411) et au printemps 410 à la
bataille de Cyzique (ou
Cyzicus). Athènes refusa alors la proposition de
paix de Sparte et
Alcibiade reprit le contrôle des Détroits.
En 409, il assiégea et prit Byzance, mais il fut de nouveau exilé après la défaite
à la
bataille de Notion, dont il fut accusé
responsable. Il se réfugia auprès du
Satrape
Perse de
Lydie
Tissapherne et mourut en
exil, assassiné sur l’ordre (Printemps 407) du
Satrape
Perse de
Bithynie Pharnabaze.
Les Spartiates demandèrent de l’aide au
Roi Perse,
Darius II (423-404), qui
envoya son fils, le Prince Cyrus le Jeune.
Celui-ci accorda au Navarque Spartiate
Lysandre une importante aide
financière. En 406, l’arrivée de la flotte de la
Ligue du Péloponnèse en
Ionie et en Hellespont réduisit
l’Empire Athénien à néant,
le Général Spartiate Callicratidas, successeur de
Lysandre, battant Conon.
Puis,
Athènes trouva un
second souffle et promit la citoyenneté aux métèques et aux esclaves afin de se constituer une nouvelle force.
Elle reconstruisit une flotte qui battit Callicratidas à la
Bataille des îles Arginuses (Entre
Lesbos et la côte de
l’Asie Mineure, près
d’Éphèse).
Lysandre reprit le
commandement de la flotte Spartiate
et attaqua de nouveau. Athènes fut écrasée et eut du mal à
réarmer une petite flotte qui prit position dans l’Hellespont afin de se garantir la route du blé venant de Mer Noire.
Mais en Septembre 405, elle fut surprise et écrasée à la
bataille d’Aigos Potamos (Cité en Chersonèse de Thrace, aujourd’hui la
presqu’île de Gallipoli) par le Spartiate
Lysandre. Toutes les cités
restées fidèles à Athènes lui firent alors défection
et se soumirent à Lysandre (Sauf Samos).
Les dernières sources de ravitaillement d’Athènes disparurent
et elle tenta de résister en offrant le droit de cité aux Samiens (Habitants de
Samos) et
consolida ses fortifications. Mais elle fut soumise au blocus terrestre et maritime. Finalement, en Avril 404,
la famine contraint Athènes à capituler sans condition.
Les clauses du traité de paix furent très humiliantes pour les
Athéniens, mais la ville évita le pire.
Représentation d’une Pentacontère Spartiate
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Thèbes et
Corinthe demandèrent
qu’Athènes soit rasée, mais
Sparte s’y opposa et se contenta de la saisie du reste
de la flotte et exigea juste la destruction des murailles qui protégeaient la vile. La défaite
d’Athènes instaura une hégémonie totale de
Sparte en Grèce.
Une oligarchie, les
30 Tyrans, qui soutenait
Sparte, dirigée par
Critias (Homme
politique et Sophiste Athénien, v.455-403),
imposa alors un règne de terreur aux Athéniens.
Après cette longue guerre l’Attique fut dévastée que ce soit matériellement ou sur le plan économique.
Le traité de paix stipulait qu’Athènes adhérait à la
Ligue du Péloponnèse,
que sa flotte fut transmise à Sparte et qu’elle
changea de régime politique. Il s’agira du gouvernement des
Trentes Tyrans,
dont Aristote (384-322, philosophe Grec)
traite aux chapitres 35 et 36 de “la Constitution
d’Athènes“.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la
guerre du Péloponnèse voir les ouvrages de :
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Olivier Battistini et Jean-Pierre Reversat :
– La guerre du Péloponnèse, Thucydide d’Athènes, Ellipses, Paris, 2002.
Jean-François Bommelaer :
– Lysandre de Sparte : Histoire et traditions, École Française d’Athènes Athènes, 1981 –
Diffusion de Boccard, Paris, 1981.
George Cawkwell :
– Thucydides and the Peloponnesian war, Routledge, London, 1997.
Gregory Crane :
– Thucydides and the ancient simplicity : The limits of political realism,
University of California Press, Berkeley, 1998.
Victor Davis Hanson :
– La guerre du Péloponnèse, Flammarion, Paris, 2008.
Edouard Delebecque :
– Thucydide et Alcibiade, Éditions Ophrys, Gap, 1965.
Jacqueline De Romilly :
– Alcibiade, ou, les dangers de l’ambition, Éditions de Fallois, Paris, 1995.
Jacqueline De Romilly et Louis Marie Jean Bodin :
– La guerre du Péloponnèse, (de Thucydides), Belles Lettres, Paris, 1953.
Donald Kagan :
– The Peloponnesian War, Viking, New York, 2003
Denis Roussel :
– La guerre du Péloponnèse, Le Livre de poche, Paris, 1964, 1966.
Marshall David Sahlins :
– Apologies to Thucydides : Understanding history as culture and vice versa,
University of Chicago Press, Chicago, 2004.
Raymond Weil :
– La guerre du Péloponnèse : Périclès (ii, 1 a 65),
PUF, Paris, 1965.
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