Son origine
Antipatros (ou Antipater, en Grec :
‘Aντίπατρος) fut régent de
Macédoine de 321 à 319 av.J.C. Général
Macédonien, il fut un des plus grands Lieutenants (ou Diadoques) de
Philippe II
(359-336) puis de son fils d’Alexandre le Grand
(336-323). Selon certaines sources il naquit en 398 ou 397 et il fut l’un des fils d’un noble
Macédonien appelé Iolas (ou Iollas). Sa famille était des parents
éloignés de la dynastie Argéade, originaire de la ville
Macédonienne de Paliura. Il eut un frère appelé Cassandre.

Buste de Philippe II – Ny Carlsberg Glyptotek – Copenhague
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Carrière sous Philippe II
On ne sait rien de son début de carrière
jusqu’à 342, lorsqu’il fut nommé par Philippe II
pour gouverner la Macédoine en son absence lorsqu’il partit guerroyer
contre des tribus Thraces et Scythes qui s’étendaient des
frontières Macédoniennes jusqu’à la Hellespont.
La même année, lorsque les Athéniens essayèrent de prendre le
contrôle des villes d’Eubée et expulser leurs dirigeants pro-Macédoniens,
il se distingua en envoyant des troupes pour les arrêter. À l’automne, Antipatros gagna
Delphes, en tant que représentant de
Philippe II dans la
Ligue Amphictyonique.
À partir de 340, lorsque Philippe II
partit assiéger Byzance, la régence échut à son jeune fils
Alexandre. Après la victoire
Macédonienne triomphale à la
bataille de Chéronée en 338, en 337-336
Antipatros fut envoyé comme Ambassadeur à Athènes pour
négocier un traité de paix et rendre les dépouilles des
Athéniens morts au combat.
Il devint à cette époque un grand ami à la fois du jeune
Alexandre et de la mère de l’enfant,
Olympias, il y eut même des rumeurs qu’il fut
le véritable père
d’Alexandre.
Après l’assassinat de Philippe II en 336, il aida
Alexandre à accéder au trône.
Carrière sous Alexandre le Grand
Antipatros avec Parménion furent les Généraux les plus expérimentés à cette époque.
Ils conseillèrent à Alexandre de ne pas commencer
son expédition Asiatique tant qu’il n’avait pas un héritier pour sa succession au trône. Le Roi ne tint pas compte de ces
recommandations et en 334 il lança sa campagne. Il laissa la Macédoine
en régence à Antipatros avec des pouvoirs très étendus en le faisant “Stratège d’Europe“, avec la charge en plus de
préserver la Ligue de Corinthe (Créée
pendant l’hiver 338/337) et de réprimer d’éventuels mouvements de rébellion en Grèce, poste qu’il occupera jusqu’en 323.
Antipatros mena une politique avisée et montra son attachement à une monarchie traditionnelle dans laquelle la noblesse put
s’exprimer librement au sein du Conseil Royal et il apparut de fait comme le souverain aux yeux des
Macédoniens. Il utilisa la
Ligue de Corinthe afin de maintenir les
Grecs dans la dépendance tout en s’appuyant, sur des régimes oligarchiques ou tyranniques soutenus par des garnisons
Macédoniennes car le front Européen était assez agité.
Dans le même temps, durant l’hiver 334-333, il envoya des renforts à
Alexandre pendant son séjour à
Gordion.
Cependant, Antipatros fut rapidement aux prises avec les cités Grecques qui profitèrent de l’absence
d’Alexandre pour se soulever, comme par exemple
Memnon de Rhodes qui prit contact avec le Roi de
Sparte,
Agis III (338-331) et les cités les plus hostiles aux
Macédoniens. Il dut également faire face en mer Égée à la flotte
Perse commandée par
Memnon et Pharnabaze, le
Satrape
de l’Hellespont et de la Phrygie,
qui était un danger considérable pour lui et menaçait d’une guerre en Europe. Heureusement pour Antipatros, au début de 333,
Memnon mourut durant le siège de
Mytilène sur l’île de
Lesbos et le reste de la flotte
Perse se dispersa la même année, après la
victoire d’Alexandre à la
bataille d’Issos
(1 ou 5 ou 12 Novembre 333).
Antipatros eut également à faire avec un ennemi aussi dangereux car plus près de son royaume.
En 332, des tribus de Thrace se révoltèrent, dirigées par
Memnon de Thrace, le Gouverneur
Macédonien de la région envoyé pour contenir la révolte qui prit le
parti des populations insurgées. Ce nouveau conflit fut suivi de peu, au printemps 331, par la révolte du Roi de
Sparte
Agis III qui attaqua Antipatros, à la tête d’une
coalition Péloponnésienne. Les Spartiates, qui n’étaient pas
membres de la Ligue de Corinthe et ne
participaient pas à l’expédition d’Alexandre
avaient vu dans la campagne Asiatique une chance de reprendre le contrôle du Péloponnèse après les défaites désastreuses à la
bataille de Leuctres et à la
bataille de Mantinée.

Alexandre III le Grand – British Museum
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Agis III, avec le soutien de contingents
Achéens, Élidiens et Arcadiens,
Athènes restant neutre, mit le siège à
Mégalopolis, la capitale résolument anti-Spartiate d’Arcadie.
Les Perses, généreusement,
financèrent ses ambitions, permettant la formation d’une armée forte de 20.000 hommes. De son côté Antipatros reçut une partit
du trésor de Suse, ce qui lui permit de recruter de
nombreux mercenaires et de lever une armée deux fois plus nombreuse que son adversaire.
Pour ne pas avoir à affronter deux ennemis simultanément, Antipatros pardonna à
Memnon de Thrace et
lui laissa même son poste en Thrace,
et mena en personne en 330, l’offensive dans le Péloponnèse.
Au printemps de
cette année, les deux armées s’affrontèrent près de Megalopolis.
Agis III fut battu et il trouva la mort avec plusieurs de ses meilleurs soldats, mais pas sans infliger de lourdes pertes aux
Macédoniens.
Complètement défait, les Spartiates négocièrent la paix
directement avec Alexandre qui leur imposa le
paiement de 120 talents d’or et surtout leur entrée obligatoire dans la
Ligue de Corinthe.
Après cette victoire la Grèce entra sous la férule d’Antipatros et, selon
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125),
Alexandre semble avoir été très jaloux des succès d’Antipatros.
Au fil de la conquête Asiatique
d’Alexandre, Antipatros manifesta de plus en plus
sa réticence envers la politique orientalisante de son Roi. En outre, il ne concevait pas qu’un souverain puisse recevoir des
honneurs divins. En 324, Alexandre avait en effet
annoncé aux Grecs qu’ils devaient désormais l’honorer d’un culte public en tant que “Théos Anikètos” (Dieu Invaincu).
De plus, Antipatros était détesté pour son soutien aux Oligarques et Tyrans en Grèce car il n’admettait pas la nouvelle politique
impériale d’Alexandre dans le pays.
Il considérait que le Roi s’immisçait trop dans les affaires intérieures des cités. Dans le même temps, ses relations étroites
avec l’ambitieuse Olympias se détériorèrent grandement et
son hostilité à l’égard de cette politique remonta jusqu’à
Alexandre par le biais de la Reine.
Cette dernière envoyant à son fils plusieurs lettres dénonçant la déloyauté du Régent.
Du fait de sa jalousie, ou de la nécessité de se prémunir contre les conséquences néfastes de la dissension entre sa mère et
Antipatros, à la fin du printemps 324, Alexandre
ordonna à ce dernier de mener des troupes fraîches en Asie et de le rejoindre à
Babylone pour lui rendre des comptes,
tandis que
Cratère (ou Kraterós,
v.370-321), serait en charge des anciens combattants démobilisés qui rentraient chez eux et fut sommé de
prendre la régence de la Macédoine. Mais le régent refusa et envoya
ses fils, Cassandre
(Régent 317-306/305 et Roi de Macédoine 301-297) et Iolas (ou Iollas) pour plaider sa cause.
En vain, puisqu’Alexandre chargea
Cratère (ou Kraterós)
de rentrer en Macédoine en urgence avec pour mission de destituer
Antipatros, par la force si nécessaire. Mais avant que
Cratère (ou Kraterós) n’arriva en
Macédoine la mort du Roi, en Juin 323, modifia ce plan.
Après la mort d’Alexandre
À la mort
d’Alexandre en Juin 323,
selon la légende, ce dernier aurait passé sur son lit de mort à
Babylone sa chevalière à
Perdiccas, avec le
souhait que “le plus fort” régna sur son Empire, ce qui semblait le désigner à la succession. Afin de conserver l’intégrité
de l’Empire d’Alexandre,
Perdiccas
prétendit lui succéder dans l’exercice du pouvoir. En tant que Chiliarque (ou Khiliarkhês) de cet Empire,
il voulut alors exercer l’autorité au nom des deux Rois qui devaient succéder à
Alexandre,
Philippe III Arrhidée et
Alexandre IV Aigos, tous les deux étant dans
l’incapacité de gouverner. Philippe III passant
pour déficient mental et Alexandre IV
(Fils d’Alexandre et de
Roxane), qui n’allait naître que quelques mois plus tard.
Mais ce fut une révolte face à sa décision et il se retrouva rapidement en opposition face aux divers Diadoques,
méfiants envers son autoritarisme et désireux eux-mêmes d’accroître leur pouvoir.
Avant d’arriver à une guerre civile à grande échelle entre les anciens chefs une médiation fut trouvée.
Ce compromis allait désigner Roi Philippe III
malgré son handicap, Perdiccas dut rester comme chef militaire
et commandant des troupes d’élites et le porte-parole de l’infanterie, Méléagre, fut nommé commandant suprême. En outre,
Antipatros fut confirmé en tant que Stratège d’Europe et
Cratère (ou Kraterós) fut nommé protecteur de la royauté (ou Prostatès)
pour Philippe III et le futur
Alexandre IV
Cette répartition conduisit à une scission entre
Perdiccas et
Méléagre pour la régence. Afin de régler leur conflit un rituel de réconciliation eut lieu devant les murs de
Babylone. Méléagre, qui s’opposait à lui lors du règlement de la succession
accusa Perdiccas
de tentative d’assassina sur lui et fuit vers un temple, où toutefois il fut rattrapé et exécuté. |
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Dans son nouveau poste
Perdiccas dirigea immédiatement une redistribution des
satrapies.
Son idée étant de tenir les puissants Généraux qui auraient pu rivaliser avec lui, à l’écart de l’armée impériale et donc du
centre du pouvoir. Ses principales décisions furent de donner :
L’Égypte à
Ptolémée (Roi 305-282), la
Carie à Asandros,
le Pont Hellénique et la
Phrygie
à Léonnatos (ou Léonnat ou Leónnatos, v.356-322), la
Médie à Peithon (ou Pithon, v.355-316),
la Thrace à
Lysimaque (ou Lysimachus, co-Roi 322-306,
Roi 306-281) et la Cappadoce qui était
encore à conquérir, à Eumène de Cardia (ou Eumènès, 362-316). Antipatros et surtout
Antigonos (Roi 306-301) devaient poursuivre sur
les provinces qui leur avaient déjà été affectées par
Alexandre.
Cratère (ou Kraterós)
resta à son poste de Prostatès de la royauté, mais la fonction était en fait exercée par
Perdiccas, parce que les Rois
étaient de son côté.
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Il ordonna alors à Eumène de Cardia, Léonnatos et
Antigonos la conquête de la
Cappadoce.
Cependant les Diadoques allaient s’unir contre lui. Son autorité fut remise en question dès 323 par
Antigonos et Léonnatos qui refusèrent de mener en
Cappadoce la guerre au profit
d’Eumène de Cardia (ou Eumènès). De son côté Léonnatos, une fois arrivé aux portes de la
Cappadoce, changea de direction et partit
au secours d’Antipatros empêtré à Lamia. C’est ce que l’on appela la Guerre Lamiaque,
conflit qui se déclencha en Grèce qui opposa
des cités Grecques révoltées aux Macédoniens
(323/322).
Dès la mort d’Alexandre, les
Athéniens se soulevèrent contre la domination
Macédonienne. Hypéride (ou Hypereídês, homme d’État
Athénien, 389-322) suscita une alliance avec
principalement des Étoliens, des Locriens, des Phocidiens et des
Thessaliens.
Grâce à un contingent de
mercenaires payé avec le trésor pris à Harpale (Trésorier
d’Alexandre), le Stratège
Athénien Léosthène défit les
Macédoniens en Béotie. Antipatros dut abandonner les Thermopyles et
décida, vu l’infériorité de son armée, de se barricader dans Lamia en attendant les renforts
venus d’Asie prévus fin 323. Ce fut à ce moment qu’il envoya Hécatée, le Tyran de Cardia, auprès de Léonnatos afin que celui-ci,
qui était censé mener campagne en Cappadoce
au profit d’Eumène de Cardia (ou Eumènès), passe en Macédoine avec
l’armée prévue pour la conquête de la
Cappadoce.
Lysimaque ne put quant à lui venir en aide à
Antipatros car il était occupé à soumettre les tribus Thrace.
L’Amiral Macédonien Cleithos
(ou Cleitus, † 317), défit la flotte
Athénienne dans l’Hellespont permettant à Léonnatos de faire
traverser ses troupes. Celui-ci trouva malheureusement la mort aux pieds des remparts de Lamia mais l’arrivée de son armée permit
à Antipatros d’évacuer la cité. Au printemps 322, la flotte
Athénienne fut détruite au large d’Amorgos (Île Grecque, la plus
orientale des Cyclades) Cette défaite marqua la fin de leur puissance navale et permit de libérer la mer Égée et d’amener en
Grèce les renforts de
Cratère (ou Kraterós). À la tête d’un contingent de 50.000 fantassins et 5.000 cavaliers vétérans,
celui-ci rejoignit Antipatros, à l’été 322, qui pour sceller cette alliance offrit à
Cratère (ou Kraterós) d’épouser sa fille
Phila I.
L’apport de ces troupes fut décisif. En Août 322, en
Thessalie, la coalition Grecque fut écrasée à la bataille de Crannon. À la suite de cette victoire, Antipatros imposa à
Athènes une paix drastique
et mis en place une oligarchie dans la ville. Antipatros et
Cratère (ou Kraterós) comptaient
envahir l’Étolie mais l’arrivée en Macédoine
d’Antigonos qui leur fit part des ambitions royales de
Perdiccas les incita à abandonner ce projet.
Il firent la paix avec les Étoliens et décidèrent de partir en guerre contre
Perdiccas, s’alliant avec
Ptolémée le
Satrape
d’Égypte.
En effet, dans le même temps, Eumène de Cardia était retourné à
Babylone signaler les événements à
Perdiccas.
En 323/322, convoqué à comparaître par
Perdiccas devant un tribunal de l’armée pour avoir désobéi
aux ordres, Antigonos fuit auprès
d’Antipatros et de
Cratère (ou Kraterós). Au printemps de 322, Eumène et
Perdiccas prirent le commandement de l’armée royale et se
déplacèrent avec vers l’Asie Mineure
et la Cappadoce.
Ils battirent le dynaste Perse de
Cappadoce, Ariarathès I
(330-322) que Perdiccas fit crucifier et il installa Eumène de
Cardia (ou Eumènès ou Eumenês) à la tête de ce royaume, ce dernier devenant alors son principal allié. Suite à cette victoire,
Perdiccas usurpa à
Cratère (ou Kraterós)
le titre de Prostatès des Rois et il essaya de maintenir à son profit l’unité de l’Empire.
La guerre contre Perdiccas
Perdiccas allait commettre des maladresses stratégiques dans sa tentative de
conservation de l’autorité impériale. Pour renforcer sa position, il essaya avec Antipatros de parvenir à un meilleur
accord en demandant en mariage sa fille Nicée (ou Nicæa ou Nikaia).
Le conflit éclata totalement avec les Diadoques lorsqu’Antigonos révéla à
Antipatros les ambitions monarchique de Perdiccas. De plus
celui-ci, qui avait demandé la main de Nicée (ou Nicæa ou Nikaia),
épousa Cléopâtre, la fille
d’Olympias et de
Philippe II, ce qui le faisait entrer du même coup dans la famille
royale Macédonienne. Cette union bien plus prestigieuse,
lui aliéna Antipatros qui mit sur pied une coalition contre lui. Celle-ci réunit principalement Antipatros,
Cratère (ou Kraterós),
Ptolémée et
Antigonos.
Dans son malheur, au printemps 321, le cortège funèbre
contenant la dépouille d’Alexandre pour la
Macédoine, fut attaqué et le corps subtilisé par
Ptolémée et emmené en
Égypte. Afin de lutter contre la
coalition Perdiccas laissa Eumène de Cardia,
son ami le plus fidèle, en Asie Mineure
avec son frère, Alcétas, faire face à Antipatros,
Cratère (ou Kraterós) et
Antigonos. Au printemps 321, ce dernier débarqua ses troupes à
Éphèse tandis qu’Antipatros et
Cratère
(ou Kraterós) traversaient l’Hellespont. Perdiccas stationné en
Cilicie
avec les Rois se dirigea avec l’armée royale, au printemps de 320, vers
l’Égypte pour
guerroyer contre Ptolémée. |
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Cependant, à Péluse, Ptolémée qui
avait bien sécurisé l’entrée du Delta du Nil, avec seulement 8.000 hommes écrasa plusieurs essais de traversée du fleuve de
l’armée de Perdiccas qui en perdit lui plus de 2.000.
Toutes ses tentatives échouèrent devant la résistance acharnée de
Ptolémée et les réserves alimentaire de son armée
s’épuisèrent, ses soldats souffrirent de la pénurie et commencèrent à se rebeller contre lui, dont les Argyraspides
(ou Argyráspides “les Boucliers d’argent“, corps de fantassins d’élite). En 321, une nuit, il fut assassiné
dans sa tente par trois de ses officiers : Le
Satrape de
Médie, Peithon (ou Pithon), le maître de sa cavalerie
Séleucos (Roi
Séleucide, 305-280) et le maître des
Argyraspides Antigènes.
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L’historien Grec Jérôme de Cardia (ou Hiéronymos de Cardia, v.360-v.272) a signalé que peu de temps après
l’assassinat, les nouvelles de la victoire d’Eumène contre
Cratère (ou Kraterós) atteignirent le camp. Si elles étaient arrivées
deux jours plutôt, les assassins n’auraient peut-être pas mis leur projet à exécution. À l’automne 321, Eumène manqua de livrer
bataille à Antipatros en Lydie, mais
Cléopâtre parvint à le convaincre de quitter
Sardes et d’éviter le combat avec lui.
Le Régent, les pleins pouvoirs
La mort de Perdiccas
ne régla pas les problèmes, au contraire, elle donna un premier coup sérieux contre l’unité de l’Empire
d’Alexandre.
Les forces incarnées par les Diadoques n’eurent alors de cesse de se déchirer pour le partage de l’Empire.
Les accords de Triparadisos en 321 qui eurent lieu au Nord de la Syrie, en vue de réorganiser le
commandement et les
satrapies,
marquèrent le renforcement du pouvoir d’Antipatros à la tête de la régence
Macédonienne, il reçut le titre d’Épimélète (Protecteur) des Rois.
Il devint de ce fait à la fois Régent de l’Empire et le tuteur des Rois.
Les grands Satrapes,
Ptolémée,
Séleucos et
Lysimaque (ou Lysimachus) n’eurent plus à
rendre de comptes à une autorité centrale. Cependant, l’autorité d’Antipatros fut brièvement contestée et il subit une mutinerie
fomentée par Adéa-Eurydice (ou Eurydice ou Euridika), l’épouse de
Philippe III.
Des troupes d’Antigonos permirent au Régent de reprendre le contrôle de
la situation. Antipatros confia alors de vastes pouvoirs à ce dernier qui reçut, en plus d’un maintien dans ses
satrapies, le titre de
“Stratège d’Asie”, avec la mission d’écraser Eumène de Cardia (ou Eumènès).
Antigonos bénéficia dès lors de pouvoirs équivalents à
ceux confiés à Antipatros sous le règne d’Alexandre.
Dans l’esprit de garder toutefois un œil sur ses activités, Antipatros lui adjoint comme second son propre fils
Cassandre,
désigné Chiliarque de la cavalerie. La mésentente entre les deux hommes allait rapidement éclater.
Cassandre parvint
quand même à convaincre son père de ne
pas se séparer de la tutelle des Rois et à les emmener avec lui en
Macédoine. Ce geste de défiance envers
Antigonos, qui avait
obtenu la garde des souverains, fut compensé par le mariage entre
Phila I, la fille d’Antipatros et la veuve de
Cratère
(ou Kraterós) avec le fils d’Antigonos,
Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287).
Désormais les deux hommes forts de l’Empire se partageaient l’autorité impériale, Antipatros en Europe et
Antigonos en Asie.
En 321, Antipatros continua sa politique de rassemblement et chercha à s’allier les bonnes grâces de
Ptolémée en lui offrant la main
de sa fille Eurydice I qui lui donnera six enfants.
La régence d’Antipatros fut marquée en Grèce par la reprise du conflit contre les Étoliens qui, profitèrent
de son départ et celui de
Cratère (ou Kraterós) pour l’Asie pour envahirent la
Thessalie. Elle fut reconquise par
Polyperchon (Régent 319-317), son second depuis 324,
aidé par une invasion d’Acarnaniens (Région occidentale de la Grèce, délimitée
au Nord par le golfe Ambracique et à l’Ouest et au Sud-ouest par la mer
Ionienne). Au début 319, la menace que représentait désormais
Antigonos en Asie obligea Antipatros à infléchir sa politique
et à préparer un appel à Eumène de Cardia. Celui-ci, réfugié dans la forteresse de Nora en
Cappadoce,
proposa des négociations de paix à Antipatros par l’intermédiaire l’historien Grec Jérôme de Cardia (ou Hiéronymos de Cardia,
v.360-v.272), et, comme le précise l’historien Romain Justin (III siècle ap.J.C), il semble qu’un rapprochement eut lieu entre les deux hommes
au détriment d’Antigonos.
Malheureusement, à l’été 319
Antipatros mourut à l’âge de 78 ans. Sa succession fut confiée à
Polyperchon, ainé des Généraux, qui fut désigné
Épimélète des Rois avec la lourde tâche de maintenir la Macédoine hors
du giron d’Antigonos et de
Ptolémée. Son fils aîné
Cassandre fut quant à lui confirmé dans ses fonctions de
Chiliarque. Cette nouvelle organisation, relança les conflits les uns refusant de se soumettre, d’autres revendiquant pour
eux-mêmes l’héritage etc… En
Macédoine, des factions s’organisèrent autour de chacun des protagonistes,
Olympias prit le parti de
Polyperchon, qui rallia à sa cause Eumène de Cardia,
qu’il désigna Stratège d’Asie au nom des Rois, avec la charge de combattre
Antigonos, tandis que
Cassandre obtint le soutien
d’Antigonos.
Sa famille
Antipatros eut dix enfants de différentes femmes dont les noms
nous sont inconnus.
Trois filles :
▪ Phila I (ou Philæ, en Grec :
Φίλα)
qui naquit vers 340 et qui épousa en premières noces, Balakros (ou Balacrus), le garde du corps
d’Alexandre le Grand, qui fut nommé Gouverneur de
Cilicie
et avec qui elle eut trois fils. Puis à la mort de ce dernier elle rentra en
Macédoine et épousa
Cratère (ou Kraterós) et enfin après
la mort
de ce dernier elle épousa le Roi de Macédoine,
Démétrios I Poliorcète (294-287) avec qui elle eut deux
enfants.
▪ Eurydice (En Grec : Eυρυδικη), qui épousa en 321 le futur
Roi d’Égypte, Ptolémée I Sôter (305-282).
Elle lui donna six enfants. Elle fut répudiée par le Roi qui épousa
Bérénice I et elle finit ses jours à
Millet.
▪ Nicée (ou Nicæa ou Nikaia,
en Grec : Nίκαια)
dont certains spécialistes indiquent que Perdiccas qui
avait accepté sa main, épousa en fait Cléopâtre, la
fille d’Olympias et de
Philippe II, ce qui le faisait entrer du même coup dans la famille
royale Macédonienne. D’autres mentionnent au
contraire qu’il aurait vraiment épousé Nicée, afin de ne pas froisser
Antipatros, pour la répudier aussitôt et épouser Cléopâtre.
Quelques temps après, mais on ignore à quelle date, elle épousa le Roi
de Thrace
Lysimaque (322-281).
Sept fils :
▪
Cassandre (ou Kássandros,
en Grec : Κάσσανδρος) qui naquit vers 358 et qui fut
Régent de Macédoine de 317 à 306/305 et Roi de
Macédoine de 301 à 297.
▪ Iolas (ou Iollas ou Iolaus, en Grec : Ίόλας ou
Ίόλλας), qui fut l’échanson
d’Alexandre le Grand
à la fin de son règne. Il serait mort autour de 318.
▪ Pleistarchos (ou Pleístarkhos, en Grec :
Πλείσταρχος) qui fut Général. Il dirigea notamment une expédition de
secours envoyée par son frère
Cassandre à
Lysimaque (ou Lysimachus, co-Roi
322-306, Roi 306-281) en Asie Mineure.
Il mourut après 295.
▪ Philippe (ou Philippos, en Grec : Φίλιππος) qui fut
le père d’Antipatros II Étésias qui fut un éphémère Roi de
Macédoine (279). Des
spécialistes avancent qu’ils mourut
en 277.
▪ Nicanor (ou Nikanor) qui fut assassiné en Septembre 317 (ou le 25 Décembre 317 selon les sources), sur l’ordre
d’Olympias, avec Philippe III
et cent de ses partisans.
▪ Alexarchos (ou Alexarco ou Alexarchus ou Alexarch, en Grec :
‘Aλέξαρχος) qui fut le fondateur d’Uranopolis (ou Ouranoupoli ou
Ouranoúpolis), une ville de Chalcidique.
▪ Triparadeisos dont nous ne savons rien.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur le Régent voir les ouvrages de :
André Aymard :
– Le monde Grec au temps de Philippe II de Macédoine et d’Alexandre le Grand
(359-323 av. J.-C.), Centre de Documentation Universitaire, Paris, 1976.
Richard A.Billows :
– Kings and colonists : Aspects of Macedonian imperialism, E.J.Brill, Leiden, New York, 1995.
Christopher W.Blackwell :
– In the absence of Alexander : Harpalus and the failure of of Macedonian authority,
Peter Lang, New York, 1999.
Paul Cloché :
– Histoire de la Macédoine, jusqu’a l’avènement d’ Alexandre le Grand, 336 av.J.C, Payot, Paris, 1960.
René Ginouves, Giannēs M.Akamatēs et Manolēs Andronikos :
– La Macédoine de Philippe II à la conquête Romaine,
CNRS Editions, Paris, 1993 – Ekdotike Athenon,
Athènes, 1993 – En Anglais, Macedonia : from Philip II to the Roman conquest,
Princeton University Press, Princeton, 1994 – Ekdotike Athenon, Athènes, 1994.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond :
– A History of Macedonia, vol. 3, 336-167 B.C, Clarendon Press, Oxford, 1972 et 1988.
Waldemar Heckel :
– A grandson of Antipatros in Delos, Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 70, 1987.
– The marshals of Alexander’s empire, Routledge, London, 1992.
Graham Shipley :
– The Greek world after Alexander, 323–30 BC, Routledge, London, New York, 2000.
Tran Tam Tinh :
– La Macédoine de Philippe II a la conquête Romaine, Phoenix – Toronto 50, N°1, 1996.
Robin Waterfield :
– Dividing the spoils – The war for Alexander the Great’s Empire, Oxford University Press, New York, 2011.
Gerhard Wirth :
– Geschichte Makedoniens. / 1- Philipp II, W.Kohlhammer, Stuttgart, 1985.
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