Les grandes batailles de l’antiquité :
Les batailles de Megiddo
 

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Première  bataille  de  Megiddo 14/15  Avril  1457

 

La  présentation  et  le contexte

 
   Megiddo (En Hébreu : מגידו, en Égyptien : Mktj Meketi, en Assyrien : magidū, en arabe : مجیدو) est située à environ 90 km. au Nord de Jérusalem et à 31 km. au Sud-ouest de la ville actuelle de Haïfa. C’est une colline dans l’Israël d’aujourd’hui près du kibboutz de Megiddo, connu pour des raisons historiques, géographiques et théologiques. Dans l’antiquité Megiddo fut une importante cité-État.
 


 

Vue aérienne du site

   La première bataille de Megiddo (En Hébreu : קרב מגידו) se déroula entre les forces Égyptiennes sous le commandement du Roi Thoutmosis III (1479-1425) et celle d’une grande coalition rebelle d’États Cananéens vassaux menés par le Prince de Kadesh. C’est la première bataille de l’histoire dont les détails, très précis et relativement fiables, nous soient connus. Megiddo vit aussi la première utilisation de l’arc composite et le premier décompte des corps. La victoire fut Égyptienne et l’ennemi se réfugia dans Megiddo, qui se rendit après un siège de sept mois. En rétablissant la domination Égyptienne au Levant, Thoutmosis III commença un règne où l’Empire Égyptien atteignit sa plus grande étendue.
 

La datation

 
   Aujourd’hui encore les spécialistes ne sont pas d’accord (Comme pour beaucoup de chose sur l’Égypte) sur les dates à laquelle se déroulèrent ces faits. Différentes dates ont été proposées : On trouve entre la période de 1450 à 1457, celle de 1480 à 1482 et celle de 1470 à 1479. Pour certains, l’ancien compte Égyptien donne la date de la bataille le 21e jour du premier mois (Pakhon) de la troisième saison (Shemou), de l’an 23 du règne de Thoutmosis III. Il a été affirmé que cela donnait le 14 ou 15 ou 16 ou le 26 Avril 1457. Comme dit plus haut, d’autres publications placent la bataille en 1482 ou 1479.


 

Les annales de Thoutmosis III
à Karnak

 
Les sources

 
   La source la plus importante de la campagne, où l’on trouve tous les détails et le compte rendu sur la bataille, provient principalement des Égyptiens. Elle fut écrite dans une longue inscription que le Roi fit graver sur les parois du mur Nord du temple d’Amon-Rê à Karnak. Elle fut rédigée par le scribe de l’armée Tjanouny (ou Tjenen ou Thanuny) en un texte de 225 lignes, chacune mesurant 25 m. de long. Les historiens l’appellent les Annales de Thoutmosis III. Dans ces annales le texte est une forme révisée d’un journal quotidien, que l’écrivain fit au cours de la campagne.
 
   Bien que les sources Égyptiennes aient toujours tendance à l’exagération pour des raisons idéologiques, afin de montrer leur supériorité sur les étrangers, les annales de Thoutmosis III sont largement considérées comme une source d’événements relativement fiables. Les sources pour les campagnes de Thoutmosis III sont plus détaillées que pour toutes autres dans l’histoire Égyptiennes. Néanmoins, Martin Noth souligne que les dates des extraits, les données et les lieux ne sont pas précis. De plus il est important de préciser que ces faits ne sont pas relatés par ordre chronologique et les descriptions sont souvent courtes et peu précises. D’autre part, une partie des annales est perdue, parfois les archéologues retrouvent des morceaux dans le grand temple de Karnak. Une des difficultés pour les guerres de ce Roi concerne la traduction et la localisation des listes géographiques, plus de 350 noms. Ainsi, il peut y avoir un écart entre les faits historiques et ceux développés.
 
   Une autre source importante des événements est une stèle de Thoutmosis III dans la lointaine Napata (Gebel Barkal) qui y fut érigée. Elle fournit aussi des détails importants des campagnes. Cependant, elle a une révélation très différente des événements, de celle des annales. Les textes font partie d’un résumé des réalisations accomplies par le Roi lors de l’an 25 de son règne. Une autre stèle de granit rose retrouvée à Armant, contient un résumé des points forts du règne du Roi. Le texte d’un genre littéraire est l’éloge du souverain. Enfin les autres sources faisant mentions de la campagne sont : Une inscription de l’an 23 sur un pilier du temple de Bouhen. Un décret au temple de Karnak. Dans la moitié Nord du 6e pylône du temple Karnak sont mentionnés les sacrifices que le souverain fit après la campagne au Dieu Amon.

 


 

Relief du temple de Karnak montrant
Thoutmosis III tuant des Cananéens captifs de la
bataille de Megiddo
Photo avant retouches : wikipedia.org

Le déroulement

 
   Thoutmôsis III (1479-1425) fut un grand conquérant, il est largement considéré comme un génie par les historiens militaires et, de ce fait, il est surtout remarqué pour ses activités guerrières, dont nous connaissons la chronologie grâce au mur dit "Des annales" qui entourait le sanctuaire d’Amon à Karnak, mais aussi grâce à son scribe royal et commandant de l’armée, Tjanouny (ou Tjenen ou Thanuny), qui décrit toutes ses conquêtes au cours de son règne. Dès sa prise de pouvoir, après la mort de la Reine Hatchepsout, Thoutmôsis III reprit la politique d‘expansion de son père. Il porta le Nouvel Empire à son apogée. Il mena 16 (on trouve aussi 17) campagnes en vingt ans pour établir un contrôle total sur la Syrie/Palestine et une en Nubie pour consolider la domination Égyptienne.
 
   La première fut en l’an 22/23, à la tête de 10.000 soldats, chars, archers et fantassins, suivis par les convois de l’intendance. Elle fut faite pour écarter la menace que faisait peser une coalition de Princes Syriens, autour du Prince de Kadesh (ou Qadesh), située sur les bords de l’Oronte, qui avait pris la tête des coalisés, soutenue par le Mitanni l’éternel rival de l’Égypte. Selon Georg Steindorff, le Roi aurait craint une invasion dirigée par les descendants des Rois d’Avaris, les textes de l’époque parlent eux plus d’une action dans le but d’agrandir les frontières du pays.
 
   La date de départ réelle de Memphis de l’armée Égyptienne n’est pas mentionnée dans les annales, mais sur la stèle d’Armant. Elle partit le 25e jour, du 4e mois (Pharmouti), de la saison Peret, de l’an 22 (Soit pour certains le 10 Mars ou pour d’autres le 31 Mars). Elle passa la forteresse de Tjarou (ou Zaru ou Tharu ou Djaru ou Tjel, connue des Grecs sous le nom de Zele ou Silé) à la limite Nord-est du Delta et atteignit Gaza en à peine 10 jours (on trouve aussi 9, près de 300 km., soit pour certains le 9 Avril), qui fut prise d’assaut et où elle cantonna afin de se réapprovisionner.

Thoutmôsis III – Statue en granit
– Musée du Caire

 

 
   Puis, dès le lendemain, elle reprit sa progression et 11 jours plus tard, après une marche de 117 km., elle arriva à Yehem (ou Yemma au pied du mont Carmel), nous étions le 16e jour, du 1er mois (Pakhon) de la saison Shemou, de l’an 23 (Soit pour certains le 11 mars et pour d’autres le 21 Avril). L’histoire ne dit pas si la ville résista ou pas, quoi qu’il en fût, elle ouvrit ses portes au souverain Égyptien. Le Roi apprit alors que la coalition ennemie était stationnée dans la ville de Megiddo, à 30 km. au Nord de sa position. Cette cité, où se déroula la bataille, était au débouché des passes du mont Carmel, au carrefour de plusieurs pistes commerciales et militaires menant vers la côte Méditerranéenne et la Mésopotamie. En raison de sa position stratégique de première importance, les coalisés y avaient concentré leurs troupes.
 
   Le Roi envoya des éclaireurs reconnaître les environs. À ce moment plusieurs solutions s’offrirent à lui pour atteindre Megiddo. La route du Nord, par Ziftá (ou Zefti ou Djefti) et la route du Sud, par Taanakh, obligeaient l’armée à avancer en terrain découvert dans la vallée de Jezréel. Par contre, la route centrale, plus courte, par le dangereux défilé rocheux d’Arouna (Moderne Ouadi Ara) traversant les montagnes, permettrait éventuellement de surprendre les coalisés. Toutefois dans ce défilé étroit les troupes ne pouvaient passer qu’en file indienne. Si l’ennemi attendait à la sortie, l’armée n’avait pas le temps de se déployer et les Égyptiens seraient massacrés. Malgré une armée éreintée et contre l’avis de son état-major, le Roi choisit l’option la plus dure, mais aussi celle que ses ennemis étaient loin de se douter qu’il prenne. Il avait pensé que si ses Généraux lui conseillaient de prendre la route facile, alors son ennemi aurait aussi supposé qu’il le ferait.
 
   Trois jours après (Le 3 Avril ou le 13/14 Avril), Thoutmôsis III arriva à Arouna. Le Prince de Kadesh (ou Qadesh) avait laissé d’importants détachements d’infanterie pour garder les deux voies les plus susceptibles d’être prises par les Égyptiens et pratiquement ignoré Arouna. La passe n’était pas gardée, ou du moins pas suffisamment. Pour réduire le risque, Thoutmôsis III mena lui-même ses hommes à travers le col et les Égyptiens s’en rendirent maître rapidement. Dès le lendemain (le 4 Avril ou le 14/15 Avril ou le 21 Avril-1457) à l’aube, ils arrivèrent sous les murs de Megiddo, légèrement gardés, où l’ennemi était cantonné. Un second conseil de guerre se tint alors. Que faire ?, agir rapidement ou attendre le reste de l’armée pour attaquer au complet l’ennemi ?. Les officiers, comme au premier conseil, voulaient jouer la sécurité et demandèrent d’attendre le regroupement. Thoutmôsis III accepta.
 
   Un campement s’installa au Sud de Megiddo et durant toute la journée suivante (le 4/5 Avril ou le 14/15 Avril ou le 22 Avril-1457), toute l’armée Égyptienne s’organisa, prépara l’armement, remonta les chars, attela les chevaux. Côté ennemi, nous ne savons pas que fut la réaction. Sans doute l’étonnement et la peur, car le gros de l’armée était dispersé sur les routes Nord et Sud. À l’aube du 5 avril, tout était prêt. Sans attendre, Thoutmôsis III lança une attaque rapide contre la coalition. À en croire les textes Égyptiens, Megiddo aurait été un grand affrontement. Mais il semble plutôt que l’affrontement ait tourné court très rapidement. L’armée ennemie n’était pas aussi homogène que celle des Égyptiens, avec tous les problèmes de coordination et de communication que cela implique. Ce fut la débâcle parmi les troupes adverses, celles-ci abandonnèrent leur équipement, chars, or, argent, tentes etc.., et s’enfuirent dans la campagne avoisinante. Une partie essayant de se réfugier dans la cité se faisant hisser en haut des remparts comme de vulgaires sacs. Malheureusement pour nous, les Annales égyptiennes donnent très peu de détails sur la bataille et son déroulement.
 
   Les rebelles dispersés Thoutmôsis III entra dans la vallée sans opposition. Cette première victoire de Thoutmôsis III est due en partie à sa position stratégique sur le terrain. Les Égyptiens, déployés de chaque côté de la rivière Kyna, menaçaient les deux flancs Cananéens et étaient en surnombre et sur une hauteur. Sur ce terrain les chars de la coalition ne furent d’aucune utilité, de plus, du fait de la disparité des peuples qui la composait, qui ne parlaient sûrement pas tous la même langue et n’étaient pas habitués à manœuvrer ensemble, il lui fut difficile de réagir rapidement. Malgré cet avantage, tant les Égyptiens que les Cananéens estimèrent avoir perdu environ 1.000 chars et 10.000 hommes d’infanterie.
 
   Les Égyptiens pillèrent le camp ennemi et prirent 924 chars et 200 armures et ils pourchassèrent les fugitifs. Malheureusement pour eux, au cours de cette confusion, les forces Cananéenne dispersés, y compris les Princes de Kadesh (ou Qadesh) et Megiddo, purent rejoindre des défenseurs à l’intérieur de la citadelle. Les Égyptiens étaient à partir de ce moment en très net avantage, cependant leur manque d’expérience dans les assauts de cités fortement murées fit qu’ils ne parvinrent pas à prendre la ville. Thoutmôsis III décida alors d’y mettre le siège en faisant encercler la cité par de larges fossés et une palissade de bois. La dernière récolte ayant été confisquée par les Égyptiens, après un siège de sept mois la ville finit par se rendre pour ne pas mourir de faim, mais le Prince de Kadesh (ou Qadesh) réussit à s’échapper. La reddition de la cité livra la Palestine à Thoutmôsis III.
 


 

Ruines au sommet du Tel

   Le scribe Tjanouny (ou Tjenen ou Thanuny) qui accompagnait l’armée dressa un décompte précis du butin. Celui-ci est inscrit sur les murs de Karnak :

 “L’armée victorieuse remporta 340 prisonniers (sqrw cnxw), 2.041 juments (ssmwt), 191 poulains (msywt nywt ssmwt), 6 étalons (jbrw), un char (wrrt) incrusté d’or ayant appartenu au Grand de Megiddo, 924 chars ayant appartenu à sa méprisable armée, 200 armures (mssw n cHA “tuniques de combat”), 502 arcs (pDwt), 1.929 bovins (jwAw), 2.000 grandes chèvres (cwt wrwt), 20.500 moutons (cwt HDt)”.

  La ville et les citoyens furent épargnés, mais pour s’assurer la loyauté des vaincus, Thoutmôsis III emmena en Égypte les femmes et les enfants ayant appartenu à l’ennemi, de même que les femmes des Chefs qui s’étaient joints à la coalition. Sa victoire sur les Asiatiques, la première d’une longue série, valut un immense prestige au Roi.
 
    Même les pays qui échappaient à l’hégémonie Égyptienne envoyèrent du tribut en hommage : Chypre, le pays de Hatti,  la lointaine Babylone. Tous les souverains et Princes de Syrie envoyèrent des présents à Thoutmôsis III en guise d’allégeance, même le Roi d’Assyrie Nur Ili (1464-1454) lui fit porter des cadeaux somptueux. Ce dernier en effet était menacé par les Mitanniens et espérait la protection Égyptienne. Thoutmôsis III poursuivit ensuite vers Tyr, puis il brisera au cours des trois campagnes suivantes, de l’an 24 à l’an 29, la branche occidentale de la coalition avec la prise de Kadesh. L’Égypte possédait alors le contrôle des ports de la Méditerranée jusqu’à Arwad (ou Aradus ou Arados ou Arvad ou Arpad ou Antioche en Pieria ou île de Ruad) en Syrie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Eric H.Cline :
The battles of Armageddon: Megiddo and the Jezreel valley from the bronze age to the nuclear age, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2000 – Mai 2002.
Eric H.Cline et David O’Connor :
Thutmose III : A new biography, University of Michigan Press, Ann Arbor, Mars 2006.
Kelly DeVries :
Battles that changed history : 1457 BC-AD 1991, Trans Atlantic, Croxley Green, 2010.
Andrew Duncan et Michel Opatowski :
War in the holy land : From Meggido to the west bank, Gloucestershire : Sutton Pub., Stroud, 1998.
Trevor Nesbit Dupuy :
The evolution of weapons and warfare, Bobbs-Merrill, Indianapolis, 1980.
David Eggenberger :
An Encyclopedia of battles : Accounts of Over 1,560 battles from 1479 B.C. to the Present, Dover Publications, Newburyport, 2012.
Raymond Oliver Faulkner :
The battle of Megiddo, pp : 2-15, JEA 29, London, 1942.
Richard A.Gabriel :
Egypt, Megiddo – 1479 B.C, Army War College (U.S.), Department of National Security and Strategy, Carlisle Barracks, 1992.
Thutmose III : The military biography of Egypt’s greatest warrior king, Potomac Books, Washington, D.C., 2009.
Hans Goedicke :
The battle of Megiddo, Halgo, Baltimore, 2000 et Août 2001.
Hans Wolfgang Helck :
Das datum der schlacht von Megiddo, MDAIK 28, le Caire, 1972.
Harold Hayden Nelson :
The battle of Megiddo, University of Chicago, Chicago, 1921.
Martin Noth :
Die annalen Thutmoses III. als geschichtsquelle, pp : 156–174, Zeitschrift des Deutschen Palästina-Vereins 66.(ZDPV), 1943.
Donald Bruce Redford :
The wars in Syria and Palestine of Thutmoses III, Culture and history of the ancient near east 16, Leiden Brill, Mai 2003.
Anthony John Spalinger :
War in ancient Egypt, Collection : Ancient World at War, Blackwell Publishing Ltd, Décembre 2004.

 

 

Deuxième  bataille  de  Megiddo

Juin 609

 

Présentation

 
   Megiddo (En Hébreu : מגידו, en Égyptien : Mktj Meketi, en Assyrien : magidū, en arabe : مجیدو) est située à environ 90 km. au Nord de Jérusalem et à 31 km. au Sud-ouest de la ville actuelle de Haïfa. C’est une colline dans l’Israël d’aujourd’hui près du kibboutz de Megiddo, connu pour des raisons historiques, géographiques et théologiques. Dans l’antiquité Megiddo fut une importante cité-État.
 
   La Deuxième bataille de Megiddo (En Hébreu : קרב מגידו) se déroula entre les forces Égyptiennes sous le commandement du Pharaon Néchao II (610-595) sur les troupes du royaume de Juda menées par leur Roi Josias (640-609).

 

Le  contexte  et  le  déroulement

 
   Un peu avant la disparition de son père, l’Empereur Assyrien Assur-Uballit II (ou Aššur-Uballit ou Ashuruballit, 612-609) avait demandé son aide au Pharaon Psammétique I (664-610) contre les Babyloniens, mais le souverain était décédé en pleine préparation de la campagne. Au printemps 609, son fils et successeur, Néchao II (610-595) décida de répondre à la demande. Commandant personnellement une importante force, il partit en direction de Karkemish pour aider les Assyriens. En Juin, à la tête d’une grande armée, composée essentiellement de mercenaires, il prit la route de la côte, par la Via Maris, en Syrie (Nom moderne de l’ancienne route de commerce, reliant l’Égypte au Nord de la Syrie, l’Anatolie et la Mésopotamie), avec l’appui des cités méditerranéennes le long de la route.
 
   Il se préparait à traverser la crête des collines qui coupe dans le Sud la grande vallée de Jezraël (ou Jezréel ou Jezrahel ou Jizreel ou Yizréel), mais il trouva le passage bloqué par l’armée du Roi de Juda, Josias (640-609). Ce dernier lui fit face, rallié aux Babyloniens et tenta de bloquer son avance à Megiddo, où une féroce bataille se déroula. Néchao II remporta la victoire et Josias fut tué.  En Juillet, le Pharaon continua son avancée pour joindre ses forces à celles de l’Empereur d’Assyrie Assur-Uballit II qui était assiégé à Harran, mais il ne parvint pas à repousser les Babyloniens, Néchao II se retira alors en Syrie du Nord.


 

Néchao II –
Brooklyn Museum

 
Les  polémiques  sur  l’issue  de  la  bataille

 
   Herbert Donner conteste cette "grande" victoire Égyptienne dont il dit que la fin fut très incertaine. Effectivement, car comme le précise Marvin A.Sweeney, il existe plusieurs versions de cette bataille et de la mort de Josias. Celle du Second Livre des Rois où il fut tué à Megiddo (23:29-30). Celle du Second Livre des Chroniques (35:20-25) où l’auteur décrit Josias et Néchao II à la bataille et où Josias est mortellement blessé par des archers Égyptiens et ses serviteurs l’amenèrent à Jérusalem pour mourir et l’enterrèrent dans son tombeau.

Les archers ont tiré sur le Roi Josias, et le roi dit à ses serviteurs : Emmenez-moi, car je suis gravement blessé. Ses serviteurs le retirèrent de son char et le portèrent sur un second, et l’amenèrent à Jérusalem où il mourut et fut enterré dans les tombes de ses pères. Tout Juda et Jérusalem pleurèrent Josias…..”

 
   Il y a également la version du compte d’Esdras qui ajoute quelques détails mineurs, mais qui présente une différence fondamentale avec le Livre des Chroniques car Josias y est décrit seulement comme se sentant “faible” à Megiddo il demanda à être rapatrié à Jérusalem, où il mourut. Eric H.Cline souligne que cette version rapporte l’histoire plus avec une prophétie faite plus tôt par la Prophétesse Houldah (ou Hulda – Deuxième Livre des Rois 22: 15-20).
 
   Sept siècles après la mort de Josias, Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100) a également écrit un compte rendu des événements. (Antiquités Judaïques ou Antiquités Juives, X.5.1 10.75-77). Celui-ci contient plus de détails sur les mouvements de Josias sur le champ de bataille qui proviennent de documents aujourd’hui malheureusement perdus. Eric H.Cline suggère qu’il est basé sur les récits Bibliques et peut-être une version romancée propres à Flavius Josèphe.
 
   Il y a la suggestion qu’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) enregistre sur cette bataille et campagne de l’Égypte dans ses écrits sur le Pharaon Néchao II, qui sont inclus dans ses célèbres Histoires.

 "…… Néchao II a également engagé dans une bataille rangée à Megiddo avec les Syriens, et les vainquit; et après cela, il a pris Cadytis, qui est une grande ville de Syrie. Il a envoyé les vêtements qu’il avait portés dans ces batailles à Branchides de Milet et de les dédié à Apollon."

  Enfin, la bataille est également abordée dans le Talmud où il est dit que Josias n’a pas laissé les Égyptiens passer à cause d’un passage de la Bible qui disait "qu’une épée ne passera point par votre pays” (Lévitique 26: 6 Taanis 22b).
 
   Eric H.Cline explique qu’il y a une divergence d’opinion quant à l’exactitude du récit. D’un côté il y a certains chercheurs qui sont en faveur du compte du Livre des Chroniques, car il correspond mieux à ce qui est connu des événements de cette époque et qui pensent qu’il est un rapport précis d’une attaque surprise par Josias.
 
   De l’autre il y a ceux qui soulignent que ce ne serait pas la seule fois où le chroniqueur “améliore” une histoire. Depuis le moment ou le Roi est blessé par une flèche jusqu’à son enterrement à Jérusalem, l’histoire ressemble trop étroitement aux histoires des Rois Achab (873-852) d’Israël et Ochozias (843-841) de Juda, racontées dans les Premiers et Deuxième Livres des Rois. Des événements survenus deux siècles avant la mort de Josias.
 
   Eric H.Cline suggère également que l’on peut envisager aussi la possibilité qu’il peut ne pas y avoir eu de bataille historique à Megiddo impliquant Josias, car il y a peu d’attestation historique en dehors de la Bible. Par exemple, Josias a peut-être été tué par Néchao II dans d’autres circonstances ?.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Eric H.Cline :
The battles of Armageddon: Megiddo and the Jezreel valley from the bronze age to the nuclear age, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2000 – Mai 2002. 
Kelly DeVries :
Battles that changed history : 1457 BC-AD 1991, Trans Atlantic, Croxley Green, 2010.
Trevor Nesbit Dupuy :
The evolution of weapons and warfare, Bobbs-Merrill, Indianapolis, 1980.
David Eggenberger :
An Encyclopedia of battles : Accounts of Over 1,560 battles from 1479 B.C. to the Present, Dover Publications, Newburyport, 2012.

 

 

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