Localisation
Kadesh (ou Qadesh ou
Kadès dans la Genèse), est une référence dans l’historique des inscriptions et des archives de deux grandes civilisations de l’Antiquité, les
Hittites et les
Égyptiens.
En Palestine on recense trois Kadesh : Une Kadesh sur l’Oronte,
Kadesh-Barnea et Kadesh de Galilée, ce qui à fait dire à plusieurs égyptologues que les trois grandes batailles, dites "de Kadesh", ne ce
sont peut-être pas déroulées au même endroit. Selon, entre autres
Kenneth Anderson Kitchen, la Kadesh de
Séthi I (1294-1279) ou de
Ramsès II (1279-1213) est une ancienne ville fortifiée de
Syrie, située sur (ou près) du fleuve Oronte, au confluant de l’Oronte et du Tannour.
Elle est aujourd’hui identifiée au site de Tell Nebi Mend, à environ 24 km. au Sud-ouest d’Émèse
(ou Homs), près d’Al Qusayr, dans ce qui est maintenant l’Ouest de la
Syrie.
Cliquez sur un nom de ville ou de région
|
Kadesh fut un point stratégique pour qui voulait conquérir la région et de ce fait fut fréquemment disputée entre les
Égyptiens et les
Hittites, surtout aux XVIIe et XVe et XIIIe siècles. La Kadesh de Galilée
était située plus au Sud et présente une topographie différente de celle gravée sur les monuments par les artistes de
Séthi I ou Ramsès II
¹. La confusion entre ces cités vient de l’interprétation de la campagne en
Syrie de l’an 22/23 du règne de
Thoutmôsis III (1479-1425) et de la position de cette ville par rapport à
Megiddo, qui est un sujet
énormément débattu ¹.
La dernière Kadesh, Kadesh-Barnea, se situait à l’extrême Sud, à la lisière du désert elle correspondrait au site de la
moderne Ain el-Qudeirat et ne peut donc pas être confondue avec les deux premières. Elle est très souvent cité dans la Bible, la première fois sous le nom de En-Mischpath
ou Kadès (Genèse 14:7). Le pays d’origine des Édomites, selon le Tanakh (Bible Hébraïque), s’étendait de la péninsule
du Sinaï jusqu’à la ville de Kadesh-Barnea.
Le toponyme
¹
Le nom Kadesh ne semble apparaître en
Égypte pour la première fois que sous le règne du Roi
Thoutmôsis III (1479-1425) lors de sa campagne en Syrie de l’an 22/23 de son règne.
Il mentionne le chef de "Qédéshou" ou "Qidshu" (QdSw)
qui était allié au Prince de Megiddo. On le rencontre sur de
nombreux monuments datant de cette époque jusqu’à celle du Pharaon Ramsès II (1279-1213) :
▪ Il apparaît dans la liste des annales de Karnak de
Thoutmôsis III.
▪
Dans les sous-bassement d’une chapelle d’Amenhotep
II (1428/27-1401), ainsi que dans les écrits de sa campagne en l’an 9 de son règne contre le
Mitanni.
▪ Sur un char de
Thoutmôsis IV (1401/00-1390) retrouvé dans sa tombe.
▪ Dans la liste d’Amenhotep
III (1390-1353/52) à Soleb (Soleb est située sur la rive gauche du Nil, à
environ 500 km d’Assouan, en Nubie).
▪ Dans les "Lettres
d’Amarna"
sceaux, en langue Akkadienne, qui sont en fait les archives diplomatiques de la correspondance des Rois
Amenhotep III
(1390-1353/52) et d’Amenhotep IV
avec leurs contemporains d’autres royaumes.
Stèle de la bataille de Kadesh –
Musée du Louvre
|
▪ Sur la base des colosses
d’Horemheb (1323-1295) de la face Nord du Xe pylône de Karnak.
▪ Sous le règne du Pharaon
Séthi I
(1294-1279) où on le trouve
plusieurs fois sur les murs de la salle hypostyle de Karnak et dans les listes
topographiques de
Sheikh Abd el-Gourna (ou Gournah).
▪ Enfin il est cité une quantité de fois
innombrable sur les monuments et dans la littérature abondante de
Ramsès II.
Le nom Égyptien Kadesh est toujours
écrit de la même manière : QdS(w). Quelques spécialistes avancent qu’il ne s’agit pas d’un nom de ville,
comme le présente la majorité des chercheurs, mais qu’il faudrait parler "du pays de Qadesh". Ce nom est un nom Sémitique très rependu que l’on pourrait
traduire par : "Saint", dans le sens de ce qui est sanctifié. On le retrouve en
Hébreu sous la forme QdS et en
Hittite KidSi (ou KidiS). En
Palestine on recense trois Kadesh : Une Kadesh sur l’Oronte, Kadesh-Barnea et Kadesh de Galilée. Les annales de
l’Empereur Hittite
Souppilouliouma I (1355-1322)
nous apportent certains renseignements sur les évènements qui bouleversèrent la Palestine à son époque et qui furent les prémices des incidents qui
menèrent plus tard aux futures batailles de Séthi I et
Ramsès II.
¹– D’après l’article de Raymond Monfort, pp : 54-57,
Toutânkhamon Magazine N°36, Décembre/Janvier
2007/2008.
L’histoire de Kadesh sur l’Oronte
Bataille de Thoutmôsis III –
v.1447 et v.1437
Kadesh fut d’abord occupée
au cours de l’âge de bronze, puis à l’âge de fer. La ville est citée pour la première fois comme l’une des deux villes
Cananéennes, l’autre étant
Megiddo, qui ont mené une
coalition de cités-États opposées à la conquête du Levant du Roi
Thoutmôsis III (1479-1425)
de la XVIIIe dynastie. Dans
cette opposition de forces, Kadesh, connue à cette époque sous le nom de Qédéshou ou Qidshu, fut sans doute guidée par les souverains du
Mitanni,
l’Égypte étant son principal concurrent étranger dans le contrôle
du Levant. Une coalition de Princes Syriens, autour du Prince de Kadesh tenta d’affronter
L’armée Égyptienne.
Statue de Thoutmôsis III Kunshistorisches Museum, Vienne
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Celle-ci, composée de dix mille soldats, partit de
Memphis
et atteignit Gaza en à peine dix jours
où elle cantonna afin de se réapprovisionner. Puis continua sa progression et
onze jours plus tard arriva à Yehem (Yemma au pied du Mont Carmel.
Le Roi apprit alors que la coalition ennemie était stationnée dans la ville de
Megiddo,
à 30 km. au Nord de sa position. Malgré une armée éreintée, le Roi choisit l’option la plus dure, mais aussi celle que ses ennemis étaient loin de se douter qu’il prenne.
Trois jours après, Thoutmôsis III arriva à Arouna, la passe n’était pas gardée, ou du moins pas suffisamment,
et les
Égyptiens s’en rendirent maître rapidement. Dès le lendemain (14/15-04-1457) à
l’aube, ils arrivèrent sous les murs de Megiddo, où l’ennemi était cantonné.
Sans attendre, ils lancèrent une attaque contre la coalition. Ce fut la débâcle parmi les troupes adverses, celles-ci abandonnèrent leur équipement, char, or, argent,
tentes etc.. et s’enfuirent et se réfugièrent dans la cité.
Char du Mitanni – Musée du Louvre |
Le Roi poursuivit ensuite vers Tyr,
puis il brisa au cours des trois campagnes suivantes,
de l’an 24 à l’an 29, la branche occidentale de la coalition avec la prise complète de Kadesh.
Dans le même temps le Mitanni
étendit sa domination du bord du Zagros à l’Est, jusqu’à la
Méditerranée à l’Ouest et du mont Taurus au Nord, jusqu’aux alentours de Kadesh et du
Hana
au Sud. Englobant le Kizzuwatna,
toute la Syrie du Nord, ainsi que l’Assyrie
et le Kurdistan Irakien. Il y a une polémique entre les spécialistes sur la sixième campagne de
Thoutmôsis III où il est dit que les Égyptiens arrivèrent en
Syrie par la mer, car il n’y a aucune preuve directe que ce fut par ce moyen qu’ils lancèrent l’attaque.
Quoi qu’il en soit ils avancèrent jusqu’à
Kadesh, qu’ils prirent et pillent à nouveau. Puis, peu de temps après, la ville passa aux mains des
Mitanniens ce qui obligea, en l’an 34 de son règne,
Thoutmôsis III à retourner en
Syrie afin de les repousser en Naharina (ou Mitanni).
En l’an 35 de Thoutmôsis III, l’Empereur du
Mitanni,
Parshatatar qui avait toujours le soutien de ses vassaux, souleva une grande armée
et engagea les Égyptiens aux environs
d’ Alep.
Thoutmôsis III l’emporta de nouveau et se prévalut d’une victoire totale. Le
Mitanni n’ayant toujours pas renoncé à laisser les
Égyptiens prendre le contrôle de la
Syrie poussa les Princes des villes Phéniciennes à la révolte.
Thoutmôsis III fit prendre la voie le long de la côte à son armée pour aller écraser la
révolte de deux cités dans la plaine de l’Arka, à cette occasion le souverain s’empara du port d’Arqata (ou Irqata ou Arqa ou Archas) près de
Tripoli du Liban.
Puis il prit et ravagea Tunip (ou Tounip) et sans attendre il tourna ensuite son attention vers trois garnisons
Mitanniennes qui se situaient autour de la ville de Kadesh. Cependant la forte résistance
de celles-ci poussa le Roi à renoncer à prendre la cité qui était pourtant un point stratégique. Cette campagne de l’an 42, en demi-teinte, montre les limites de la puissance
Égyptienne. Elle fut la dernière du souverain sur cette région.
La Kadesh Hittite
Le
Mitanni n’eut plus après cela une très longue histoire, il s’écroula et perdit tous
ses territoires sous les assauts de ses anciens vassaux, les Assyriens
menés par leur Roi
Assur-Uballit I (1366-1330) et surtout la dernière dynastie Hittite,
menée par Souppilouliouma I (1355-1322), qui par
ses conquêtes territoriales créa un Empire. Au début de son règne celui-ci lutta contre le
Mitanni, dont il
réduisit la puissance, le souverain du Mitanni
Tushratta n’étant que faiblement soutenu par
l’Égypte.
Puis il lança une campagne contre le Kizzuwatna,
qu’il annexa. Souppilouliouma I passa les
dix premières années de son règne à rétablir la situation à son avantage en
Asie Mineure,
puis vers 1372, il attaqua toutes les régions de la Méditerranée et prit Alep qui devint vassale.
Char de guerre Hittite
|
Tushratta
va tenta de réagir mais Souppilouliouma I mena son armée directement au cœur de l’Hanigalbat
(ou Mitanni)
et le souverain Mitannien s’enfuit en laissant sa capitale
Wassouganni sans défense. Cette nouvelle puissance, qu’était les Hittites, bouleversa l’équilibre
du Proche-Orient. Les Égyptiens qui exerçaient un contrôle sur le couloir commercial entre la
Syrie et la Palestine, étaient maintenant directement menacés. Cependant le Roi
Amenhotep III (1390-1353/52) ne réagit que timidement aux succès Hittites.
L’Égypte au contraire, selon certains spécialistes, aurait même signé un traité avec eux.
Souppilouliouma I finit par profiter de la
situation. Il envahit l’Ouest de la vallée de l’Euphrate et conquit l’Amourrou (ou Liban) du Roi
Azirou (ou Aziru, v.1344-v.1315), qui intriguait avec le Roi de Kadesh
Etakkama (ou Aitakama) pour former une coalition de petits États, puis Ougarit,
Alalah et Kadesh.
Pendant ce temps, en
Égypte le Pharaon Amenhotep IV (ou Akhénaton, 1353/52-1338)
succéda à son père Amenhotep III.
Comme lui il ne porta que peu d’intérêts à l’imparable avancée des
Hittites.
Selon de nombreux historiens, il aurait toléré la chute de la cité commerciale
d’Ougarit et celle de Kadesh sans intervenir pour les défendre. La correspondance
entre les Rois de Kadesh et de l’Amourrou avec
l’Égypte est conservée dans les Lettres de
Tell el-Amarna.
Elle permet de retracer la progression des Hittites.
Les noms de Rois de Kadesh, qui y sont indiqués, servent dans nos sources contemporaines :
Shuttarna (ou Šutatarra, v.1355), son fils Etakkama (ou Aitakama, v.1355-1312), Niqmaddou (ou Niqmadu, fils d’Etakkama).
Contemporains de ceux-ci y est aussi indiqués le nom du Roi d’Amourrou,
Azirou (ou Aziru).
En réalité, la conquête de Kadesh par les Hittites
fut la conséquence non désirée d’un impondérable, il semble que Souppilouliouma I était
désireux de respecter le traité de paix avec les
Égyptiens et ne souhaitait pas attaquer la ville qui était leur possession. Cependant, le Roi de Kadesh, Etakkama, manœuvrant pour son propre compte et sans avoir consulté
Amenhotep IV,
interdit le passage de la vallée de l’Oronte aux troupes
Hittites, obligeant
Souppilouliouma I à l’attaquer et à s’emparer de sa cité.
Etakkama fut fait prisonnier et emmené dans la capitale Hittite,
Hattousa.
Toutefois
Souppilouliouma I le relâcha rapidement pour ne pas donner un prétexte
à Amenhotep IV de lui déclarer la guerre, ce que ce dernier n’aurait d’ailleurs peut-être
même pas fait et il redonna Kadesh aux Égyptiens, tout redevint normal, mais pour peu de temps.
Etakkama fut au début un allié fidèle de l’Égypte,
puis il refit parler de lui en commençant à se comporter comme s’il était en réalité un agent
Hittite,
avant de rejoindre une coalition menée par le Roi d’Amourrou,
Azirou qui venait de trahir
Amenhotep IV dans une affaire entre
Byblos et Sidon
que le Pharaon lui avait demandé de régler. Une fois de plus, l’Égypte
décida de ne pas intervenir.
Lettre d’Azirou au Pharaon |
Dans les Lettres d’Amarna,
le Pharaon Amenhotep IV nomme Etakkama comme : "Un traître et un partisan
de l’ennemi de l’Égypte, avec lequel on ne s’assoit pas à une table".
Souppilouliouma I décida alors d’attaquer le Nord de la
Syrie, il prit Ougarit,
Alalah et se tourna vers l'<Amourrou
afin d’enrayer rapidement les prétentions d’Azirou.
L’événement de la trahison d’Azirou
est mentionné dans la lettre de
Tell el-Amarna EA 162, d’Amenhotep IV adressée
à ce dernier, dans laquelle le Pharaon exige qu’Azirou vienne en
Égypte pour expliquer ses actes.
Le Roi une fois en Égypte fut arrêté pendant au moins un an avant d’être
libéré pour faire face à l’avancée des Hittites, qui avaient déjà conquis la ville d’Amki,
ce qui constituait une menace pour l’Amourrou (Lettre EA 170). Une fois dans son royaume
Azirou prit
contacts avec Souppilouliouma I. Il changea alors son
allégeance et resta fidèle aux Hittites jusqu’à sa mort, dont on ignore la date exacte.
Informé qu’Azirou avait à sa cour une mission diplomatique
Hittite afin de trouver un accord de paix, et qu’en plus Kadesh, dont
Etakkama venait de changer de camp et prêter allégeance à Souppilouliouma I afin de garder
son trône, se retrouvait dans leur camp, Amenhotep IV compris qu’il fallait intervenir et
envisagea une solution militaire. Bien que l’on n’ait trouvé aucun document qui le confirme, on pense aujourd’hui que le Pharaon
envoya une armée qui fut semble-t-il battue. Bien plus encore, les Hittites
attaquèrent les places fortes Égyptiennes de
Byblos et
Damas. Ils continuèrent leur progression, que les
Égyptiens n’arrivèrent pas à freiner et ils grignotèrent petit à petit toutes les conquêtes
Égyptiennes en Palestine.
En 1314/1312, Etakkama rêvant de retrouver son indépendance d’antan, dirigea un soulèvement contre les
Hittites, lors du règne de l’Empereur
Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1321-1295), mais il fut assassiné lors du
siège de Kadesh par les Hittites
et son fils Niqmaddou (ou Niqmadu) lui succéda, mais on ignore pour combien de temps. L’Égypte
essaya sous le règne des Pharaons suivants de récupérer ses territoires Palestiniens perdus par Akhénaton,
Toutânkhamon (1336/35-1327) et Horemheb
(1323-1295) en 1296, furent tout près de reprendre Kadesh aux Hittites,
mais ils échouèrent.
Bataille de Sethi I – v.1290
Représentation de la scène de la bataille de Kadesh gravée sur le mur Sud de la salle hypostyle de Karnak |
Avec
l’avènement de la XIXe dynastie
Égyptienne (1295-1186), les conflits continuèrent d’avoir lieu dans la région. La plus grande réussite en politique étrangère de
Séthi I (1294-1279), le nouveau Pharaon, fut au cours de sa campagne vers la
Syrie avec la reprise aux Hittites
de Kadesh et des territoires voisins de l’Amourrou.
Séthi I réussit à y vaincre une importante armée
Hittite dirigée par l’Empereur
Mouwatalli II (1295-1272) qui
essayait de défendre la ville. Il entra triomphalement dans la cité avec sons fils, le futur Pharaon
Ramsès II (1279-1213) et y érigea une stèle de la victoire.
La scène de cette bataille de Kadesh de Séthi I est retranscrite sur la
paroi extérieure de la salle hypostyle de Karnak et dans une inscription à Abydos
dans un temple commémoratif de Ramsès I. Il y a cependant un grand
débat entre les spécialistes depuis près d’une décennie, sur le fait que la Kadesh de Séthi I ne
serait peut-être pas Kadesh sur l’Oronte, mais Kadesh de Galilée ?.
La ville revint cependant dans l’escarcelle des
Hittites.
En effet les Égyptiens ne pouvaient pas maintenir une occupation militaire permanente
dans la cité et sur tout l’Amourrou qui était trop proche de l’Empire
Hittite. Il est peu probable que
Séthi I est signé un traité de paix avec les
Hittites, ou qu’il leur ait rendu volontairement la cité, mais le
Pharaon peut avoir conclu une entente informelle avec
Mouwatalli II sur les frontières
précises des deux Empires. Quoi qu’il en fut, ce ne fut pas respecté puisque dès que
Séthi I retourna en
Égypte,
Mouwatalli II marcha au Sud de l’Oronte et reprit Kadesh, qui devint le fief des défenses
Hittites en Syrie, bien que les
Hittites firent diriger la ville par le vice-Roi de
Karkemish. Les
Égyptiens ne lâchèrent pas prise pour autant et une guérilla s’installa dans la région.
La bataille de Kadesh, représentation dans le temple d’Abou Simbel
|
Bataille de Ramsès II – 1274
Cinq
ans après la mort de Séthi I, son fils
Ramsès II (1279-1213) allait reprendre officiellement les hostilités.
Le Pharaon était conscient que pour garder la Syrie, il lui fallait prendre la ville de Kadesh qui était un point stratégique en
Amourrou. Fin Mai 1274, il partit de sa capitale
Pi-Ramsès vers le Nord à la tête d’une immense troupe.
Ramsès II conduisit personnellement une armée de quatre divisions aux noms :
D’Amon,
Ptah,
Rê
(P’re) et Seth (Suteh).
L’expédition, menée à un train d’enfer afin de surprendre les
Hittites, passa en
Canaan, en Galilée, puis remonta par la plaine de la Bekaa pour s’enfoncer
en Amourrou jusqu’à Kadesh. Lorsqu’il vit cette force impressionnante arriver le Roi
d’Amourrou, Benteshina
(ou Bentešina ou Pendishena, 1280-1274, puis de 1260-v.1230) choisit finalement de se rallier à
Ramsès II, alors que depuis le Roi
Azirou son pays était vassal des
Hittites. Il rompu de ce fait le traité passé par son prédécesseur avec les
Hittites.
Benteshina joignit ses forces aux troupes Shardanes dont il prit le commandement.
En
Hatti,
Mouwatalli II
était lucide des intentions du Pharaon et il savait très bien que l’Égypte devait
récupérer absolument Kadesh si elle espérait reprendre un jour le contrôle de la Syrie. Avec la trahison de
Benteshina pour le camp
Égyptien, si son royaume
tombait entre leurs mains, les Hittites risquaient de perdre tout le
Nord et le centre de la Syrie, dont les villes stratégiques d’Alep
ou Karkemish.
Cependant il avait maintenant un nouvel atout en main qu’ignorait peut-être
Ramsès II. En effet, il venait de
signer un traité de paix avec les Assyriens, ce qui fait qu’il pouvait
maintenant se concentrer sur un seul front. Il réunit alors une immense armée composée d’une coalition de près de vingt peuples de ses vassaux
Anatoliens
et Syriens.
Le champ de bataille se trouvait sur la plaine au Sud de la ville et à l’Ouest de l’Oronte. Cette bataille est
considérée comme le plus grand affrontement de chars de tous les temps (Entre 5.000/6.000 pour les deux parties). Elle est décrite en détail dans un long poème
épique d’un scribe connu sous le nom de Penthaour qui est un recueil de
souvenirs de guerre. Des espions Hittites, des
Shasous (Shsw "vagabond"), réussirent à convaincre les Égyptiens que
Mouwatalli II, craignant
Ramsès II, préférait resté avec son armée aux
environs d’Alep. Ramsès II
pensant être tranquille fit installer son camp sur la rive Ouest de l’Oronte, à
proximité de la forteresse, sans attendre le renfort de ses divisions qui le
suivaient à plusieurs heures de marche.
Toutefois, après un interrogatoire, les bédouins finirent par avouer que l’armée
Hittite était en fait tout près,
derrière la ville sur la rive Est de l’Oronte. Le Pharaon envoya alors des messagers prévenir ses divisions à l’arrière.
Celles-ci eurent à peine le temps d’arriver. L’armée de
Mouwatalli II traversa le fleuve et attaqua la division de
Rê qui tentait de rejoindre le campement et l’écrasa. Elle fondit alors sur le
camp Égyptien alors que la division de
Ptah traversait à peine l’Oronte et que celle de
Seth se trouvait encore. Ramsès II et la division
d’Amon se retrouvèrent donc seuls face aux 2.500 chars et
aux milliers de fantassins de Mouwatalli II.
Ils furent décimés et ils étaient sur le point de se rendre.
Bataille de Kadesh de Ramsès II sur le mur extérieur de la salle
hypostyle de Karnak |
Selon la légende Ramsès II
aurait alors demandé de l’aide au Dieu Amon et avec le
pouvoir de ce dernier, il se serait jeté dans la bataille pour massacrer l’ennemi. Les
Shardanes (^rdn.w, ou Sardanes ou Sherden ou Shirdana ou Chardanes), qui constituaient sa garde, résistèrent
jusqu’à l’arrivée des renforts de la division de Ptah, sûrement enrichie des derniers hommes
de la division de Rê, mais sa "victoire"
Ramsès II la du surtout à l’arrivée des Néarins
(ou Ne’arin), les forces d’Amourrou de
Benteshina.
Grâce à eux le Pharaon fut en mesure de reprendre l’initiative. Les coalisés étaient maintenant encerclés.
Il n’y eut pas vraiment de
vainqueur à cette bataille, mais les deux camps déclarèrent l’avoir gagné. Le lendemain,
Mouwatalli II envoya une proposition
d’armistice et demanda la clémence des Égyptiens que
Ramsès II lui accorda bien volontiers, sûrement pressé de quitter la région.
Il rentra en Égypte sans avoir pris Kadesh.
Il fit graver sur le mur de plusieurs temples, comme à Abou Simbel, le récit de sa "grande victoire" sur les troupes
Hittites.
Cependant Mouwatalli II ne fit pas immédiatement
retraite vers sa capitale Hattousa.
Du fait du recul des Égyptiens, les
Hittites profitèrent de la
situation pour descendre vers le Sud. Benteshina se retrouva isolé et abandonné
a ces derniers qui reprirent l’Amourrou et la
région Syrienne de Ube (ou Upe), près de la cité-État
Araméenne de
Damas.
Mouwatalli II captura le Roi et donna son royaume à un homme de
leur confiance, Shapili (ou Šapili, v.1274-v.1260), qui fut nommé Roi d’Amourrou.
En dehors de sa nomination par Mouwatalli II on ne sait rien à
propos de cet individu. Le récit de la nomination de Shapili est brièvement décrit dans le traité du Roi
Shaushga-Muwa (v.1230-v.1210) et dans des textes parallèles.
Par la suite un traité de paix fut signé entre les deux grandes puissances et avec lui le partage de la
Syrie avec les Hittites
donna à l’Égypte une paix relative de plus de quarante ans.
Quand à Kadesh, elle disparut de l’histoire en même temps que la chute des
Hittites,
lorsque la cité fut détruite par l’invasion des Peuples
de la mer autour de 1178. Toutefois, des vestiges de la période Hellénistique ont été trouvés dans les niveaux supérieurs du tell (monticule de ruines)
dont le sommet est encore occupé aujourd’hui. Une occupation continue pendant toute la période islamique est probable, le monticule aurait été nommé
d’après un saint musulman local ou un prophète, Nebi Mend. À l’époque Byzantine, l’occupation généralisée est attestée par des vestiges au pied du
tell, qui sont censés représenter la ville de Libanum ad Laodicée construite donc sur l’ancienne Kadesh.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
James Henry Breasted :
– The battle of Kadesh : A study in the earliest known military strategy, The University of Chicago Press, 1903.
Trevor Bryce :
– The Kingdom of the Hittites, Clarendon Press, Oxford, 1998 – Oxford University Press, New York, 1998.
Ernst Deissinger et Sascha Priester :
– Als Pharao Ramses gegen die hethiter zog, Deutscher Taschenbuch Verlag, München, 2004.
Robert Du Mesnil du Buisson :
– Le site de Qadesh Tell Nebi Mend,
Imprimerie de l’IFAO,
Le Caire, 1936 et 1938.
Raymond Oliver Faulkner :
– The battle of Kadesh,
MDAIK 16, Le Caire, Mainz, 1958.
Gerhard Fecht :
– Ramses II und die schlacht bei Qadesch (Quidsa), pp : 23–54,
GM 80, Göttingen, 1984.
– Nachträge zu meinem, das poème über die Qadesch-Schlacht, pp : 55–58,
GM 80, Göttingen, 1984.
Jacques Freu :
– Histoire du Mitanni, L’Harmattan, Paris, 2003.
John Garstang :
– The land of the Hittites, Constable and Company Ltd., London, 1910.
– The Hittite empire : Being a survey of the
history, geography and monuments of Hittite Asia Minor and Syria, Constable and Company Ltd., London, 1929.
Hans Goedicke :
– Perspectives on the battle of Kadesh, Halgo, 1985.
Selim Hassan :
– Le poème dit de Pentaour et le rapport officiel sur la bataille de Qadesh, Recueil de travaux publiés par la
Faculté des Lettres, Université égyptienne 2, Imprimerie Nationale, Le Caire, 1929.
Mark Healy :
– The warrior pharaoh : Rameses II and the Battle of Qadesh, Osprey, Oxford, London, 1993 et 2000.
– Qadesh 1300 BC : clash of the warrior kings, Collection : Campaign 22 , Osprey Military, London, 2001.
Florence Maruéjol et Monique Bruant :
– Ramsès II affronte les Hittites : La bataille de Qadesh : 1274 avant J.C, Collection : Les Tournants de
l’histoire du monde, Hachette Éditions, Paris, 1990.
William Joseph Murnane :
– The road to Kadesh : A historical interpretation of the battle reliefs of King Sety I at Karnak,
Studies in ancient oriental civilization, Oriental Institute of the University of Chicago, 2nd ed. rev edition, Décembre 1990.
Boyo Ockinga :
– On the interpretation of the Kadesh Record, pp : 38-48, Chronique d’Égyptologie 62, 1987.
Katrin Schmidt :
– Friede durch vertrag : Der friedensvertrag
von Kadesch von 1270 v. Chr., der friede des Antalkidas von 386 v. Chr. und der
friedensvertrag zwischen Byzanz und Persien von 562 n. Chr, Europäischer Verlag der Wissenschaften, Frankfurt, 2002.
Alan Richard Schulman :
– The N’rn at the battle of Kadesh, American Research Center in Egypt, New York, 1962 – Society for the Study of
Egyptian Antiquities, Toronto, 1981.
Claude Vandersleyen et Josef Sturm :
– La guerre de Ramsès II contre les Hittites, (Der Hettiterkrieg Ramses’II) Réédition du texte allemand (Vienne, 1939) et
traduction Française de Claude Vandersleyen, Collection : Connaissance de l’Égypte Ancienne, Éditions Safran, Bruxelles, 1996.
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