Vue des vestiges du théâtre |
Localisation et généralités
Érétrie (ou Eretria, en Grec : Ερέτρια)
était située sur la côte occidentale de l’île d’Eubée et elle contribua largement au développement
et au rayonnement de la civilisation Grecque.
Les premières fouilles archéologiques sur son site eurent lieu en 1885 par la société archéologique d’Athènes et l’École
Américaine. Depuis 1964, elle fait l’objet de recherches archéologiques conduites par l’École Suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) et
de publications dans le cadre de la collection Eretria, Fouilles et Recherches.
La vie politique d’Érétrie fut marquée par la figure du philosophe Ménédème (v.350–v.277, philosophe Grec).
L’histoire …….
Les plus anciennes traces de fréquentation du site remontent à
la fin du Néolithique (Néolithique Récent v.3500-3000). Elles sont attestée par quelques tessons de céramique et par des objet en pierre taillée,
recueillis sur le sommet de l’acropole, ainsi qu’en plaine, tout près du littoral.
La période qui suivit, l’Helladique Ancien (v.3000–2000), est mieux connue. L’occupation du site se densifia, particulièrement dans la plaine.
Un important établissement succéda au précédent sur les côtes et dura près d’un millénaire.
Datant de l’Helladique Moyen (v.2000-1600), divers bâtiments ont été mis au jour, dont l’un a été interprété comme un grenier.
Un four de potier mis au jour, exceptionnellement bien préservé, est aujourd’hui exposé au Musée d’Érétrie.
L’établissement devait être étendu, si l’on en juge par de récentes découvertes faites dans le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros,
distant d’environ 150 m. L’occupation du site côtier diminua vers 2000, ce que corroborent les analyses de sédiments pour se réinstaller plus haut
sur l’acropole.
Un habitat de type village y prospéra, avec des maisons et des ruelles, des tombes, implantées dans les cuvettes naturelles de
la roche ont été mises au jour. La céramique trouvée de cette période se compose essentiellement de vaisselle à usage domestique et de quelques
vases plus fins en argile lissée. L’occupation de l’acropole perdura à l’époque
Mycénienne (v.1450-v.1200 av.J.C) où
Eubée tomba sous sa domination. Toutefois seuls quelques tessons de céramique de cette
époque et une petite structure que l’on interprète comme un poste d’observation érigé sur des soubassements plus anciens ont été mis au jour.
La plus ancienne mention écrite d’Érétrie est enregistrée dans l’Iliade (Iliade II – 537), où elle fut mentionnée
dans le catalogue des vaisseaux sur la même ligne que sa rivale Chalcis,
fournissant des navires et des troupes à Agamemnon
en vue de l’expédition contre Troie.
Ruines des murs ouest de la ville –
Photo avant retouches :
École Suisse d’Archéologie
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Au cours de la période dite “âges sombres”
(ou Période Intermédiaire – XIe-Xe siècles av.J.C.), qui fit suite, l’absence de vestiges dans les environs d’Érétrie donne l’impression d’un abandon du site,
dont il reste à déterminer s’il fut total ou partiel. Au IXe siècle av.J.C., des tombes et de la céramique témoignent d’une présence peu importante,
puisqu’aucun habitat contemporain n’a été mis au jour jusqu’ici.
Au cours du VIIIe siècle av.J.C. apparaissent les marques d’un habitat beaucoup plus important. Les constructions se multiplièrent
signe d’un accroissement rapide de la population. Comme celui du site proche de Lefkandi décline à la même période, un transfert d’habitants
est à envisager. L’habitat s’étendit du bord de la mer au pied de l’acropole. Il semble qu’à cette époque Érétrie passa à une société de type “polis”.
Beaucoup pensent que comme sa rivale Chalcis, Érétrie fut dirigée par des Grecs
Ioniens d’Attique, d’où partirent au VIIIe et VIIe siècle de
nombreux colons qui fondèrent de nombreuses colonies dans la Grande-Grèce (ou Magna Grecia ou hê megálê Hellás ou Magna Græcia, côtes méridionales de la
péninsule Italienne), la Sicile et en Chalcidique. On sait que la ville fut active dans l’établissement de relations commerciales avec l’Orient et durant
les premières étapes de cette colonisation Grecque. Les objets d’origine Égéenne, orientale ou
Égyptienne découverts dans la ville indiquent
qu’Érétrie était reliée à plusieurs réseaux d’échanges commerciaux.
D’autre part, l’écriture alphabétique fit une apparition précoce à Erétrie, sous la forme de graffiti sur la céramique.
La cité constitua l’un des foyers de diffusion dans le monde Grec de cette importante innovation.
Dans la seconde moitié du VIIIe siècle av.J.C., Érétrie évolua rapidement et sa communauté se dota de nouveaux lieux de culte.
Les dernières décennies du VIIIe siècle, virent la ville prendre un essor important.
Chalcis et Érétrie
furent des cités rivales et semblent avoir été aussi puissante l’une que l’autre pendant un certain temps. Comme le précise Victor Parker, un
des premiers grands conflits militaires dans l’histoire Grecque eut
lieu entre elles vers 700 av.J.C., et est connu sous le nom Guerre Lélantine, dans lequel de nombreuses autres cités Grecques prirent également part.
Chalcis défit Érétrie et à la suite de cette victoire domina tout Eubée.
Au cours de la seconde moitié du VIe siècle av.J.C., Érétrie entra dans une phase particulièrement mouvementée de son histoire.
Ce fut au milieu de ce siècle que la cité se dota de remparts.
Vers 540 av.J.C, elle accueillit le Tyran d’Athènes
Pisistrate (ou Peisitratos ou Peisistratus ou Pisistratus,
en Grec : Πεισίστρατος, v.600-527), et ses fils, en exil, qui y récoltèrent
des fonds et y levèrent des mercenaires en provenance de toute la Grèce pour reprendre le pouvoir à
Athènes. Selon
Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425)
ce fut à Erétrie que Pisistrate et les siens s’embarquèrent pour
reconquérir le pouvoir en Attique.
Lors de la Première
Guerre Médique, en 499, le Roi Perse
Darius I (522-486) dut faire face à la révolte des cités
d’Ionie et de
Carie.
Une escadre d’Erétrie de dix navires se porta avec la flotte Athénienne au
secours des Milésiens et des autres Grecs
d’Ionie. En 493
Darius I décida de se venger
d’Athènes et d’Érétrie
pour leur soutien à la révolte et il prépara une expédition punitive contre les
cités. En 490, l’armée Perse, dirigée par les Généraux :
Artapherne, pour l’armée de terre et Datis pour la flotte, traversa la mer Égée et se dirigea sur l’Attique avec 600
navires et entre 25.000 et 50.000 soldats. L’armée atteignit la pointe Sud d’Eubée s’empara de
Carystos et pilla la ville. Érétrie menacée à son tour, demanda l’aide
d’Athènes qui envoya 4.000 colons
Athéniens de Chalcis.
Cependant, les Érétriens, divisés, capitulèrent après six jours de siège.
Ruines du Heroon
Photo avant retouches :
École Suisse d’Archéologie
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La ville fut pillée, et sa population en partie déportée en captivité près de
Suse, leur présence y est attestée jusqu’au début du IVe siècle av.J.C.
Cependant pour beaucoup de spécialistes il n’est guère facile d’évaluer l’impact de cet événement sur les habitants et les édifices de la cité.
Car si les sanctuaires furent incendiés, rien ne prouve que toute la ville fut rasée ou réduite en cendres.
D’autre part, la déportation ne toucha qu’une partie réduite de la population,
beaucoup d’Érétriens ayant pu trouver refuge dans les zones montagneuses du
territoire, restées inaccessibles à l’armée Perse.
Continuant sur sa lancée, en Septembre 490, l’armée débarqua,
sur les conseils de l’ancien Tyran d’Athènes,
Hippias (527-510), sur la côte orientale, sur la plage qui borde la plaine de
Marathon, à environ 40 km.
d’Athènes qui
devait affronter seule l’envahisseur.
Après la
bataille de Marathon (Septembre 490)
Érétrie fut reconstruite un peu plus loin de son emplacement d’origine, mais même si
elle fut en mesure de maintenir son classement comme deuxième ville la plus importante de l’île, elle ne retrouva jamais son ancienne prépondérance.
Aristagoras (494-?) de
Milet Souleva les Cités Grecques
d’Ionie contre les
Perses.
Il s’empara de plusieurs navires Achéménides et
Phéniciens et il proclama ensuite l’égalité des cités
Ioniennes. Mais cette alliance manquait toutefois de moyen et de stratège militaire. Les cités demandèrent alors de l’aide aux Grecs du continent.
Sparte, qui était divisée par la rivalité de
ses deux Rois Cléomène I (ou Cléomènes, 520-490)
et Démarate (v.515-491), refusa.
Seules Athènes avec 20 bateaux et
Érétrie avec 5 bateaux acceptèrent. Cette coalition Ionienne,
malgré son faible effectif, on pense qu’elle n’avait pas plus de 2.000 hommes, tint tête aux
Perses et les premiers combats lui furent même favorables.
Les Érétriens participèrent, tant sur mer que sur terre, à la lutte contre l’invasion du Roi
Perse
Xerxès I (486-465) lors de la
Seconde Guerre Médique
en 480 et 479.
Des émissions monétaires en argent, frappées dès le milieu du Ve siècle av.J.C. et jusque vers 430/425 av.J.C., attestent d’une certaine prospérité.
Cependant, après ce conflit, tout comme les autres
Eubéens, les Érétriens eurent à compter avec les ambitions
d’Athènes qui transforma progressivement en un empire autoritaire
la Ligue où beaucoup de cités adhéraient, fondée en 478.
La cité Attique colonisa tout Eubée et les villes furent réduites à une dépendance
Athénienne pendant plusieurs siècles.
Chalcis et Érétrie qui pendant les
Guerres Médiques avaient réussi à se libérer de la tutelle
Athénienne, perdirent de nouveau progressivement leur influence au détriment de cette dernière,
qui vit Eubée comme un territoire stratégique. L’île était une source importante de céréales et
de bétail, et son contrôle signifiait qu’Athènes pouvait empêcher l’invasion
de l’Attique et mieux protéger ses routes commerciales de la piraterie. Plusieurs révoltes des cités
Eubéennes contre Athènes furent réprimées au cours du Ve siècle.
Ruines des murs de l’acropole
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Une de ces luttes entre les villes d’Eubée et la cité de l’Attique éclata en 446.
Dirigés par Périclès (v.495-429),
lorsque les Eubéens formèrent la Ligue Eubéenne, les
Athéniens écrasèrent durement la révolte et prirent
Histiée (ou Talantia ou Istiée ou Histiaea ou Istiaía ou Istiea) dans le Nord de l’île.
Finalement, profitant des déboires d’Athènes pendant la
Guerre du Péloponnèse (431-404), notamment l’issue catastrophique
de l’expédition Athénienne en Sicile, les Érétriens, dès 413, préparèrent une nouvelle révolte.
Le renversement de la démocratie à Athènes
vers 411, suivie de peu par la défaite, devant le port d’Érétrie, d’une escadre
Athénienne face à la flotte Péloponnésienne commandée par un Amiral de
Sparte, leur fournit l’occasion de réaliser leur projet.
Les villes d’Eubée retrouvèrent leur indépendance en 411/410 après
une dernière révolte menée par Érétrie.
En Septembre 405, le Lacédémonien
Lysandre (Homme politique
et Navarque de
Sparte)
infligea aux Athéniens
l’ultime défaite navale à la
bataille d’Aigos Potamos (Plus de 3.000 hommes furent faits prisonniers). Un chef d’escadre d’Érétrie, Autonomos, fils de Samios,
se trouvait au nombre des Navarques vainqueurs.
Cette libération du joug Athénien permit aux Érétriens d’étendre leur État en direction du
Sud de l’île, aux dépens notamment de la petite ville de Styra, qui devint l’un des quelque soixante dèmes de l’Érétriade.
Puis, à la toute fin du Ve siècle et au IVe siècle eurent lieu sur l’île d’Eubée
des tentatives de constituer un État fédéral. Lors de ce renouveau politique, il est clair que les Érétriens ne pouvaient pas rester
éternellement en conflit avec des voisins aussi proches que les Athéniens,
économiquement et culturellement si influents. La réconciliation arriva dix ans après la fin de la
Guerre du Péloponnèse (431–404).
En 394 fut signé un traité de paix entre Athènes et Érétrie.
Cette alliance connut des hauts et des bas dans les décennies suivantes.
En 378/7, les Érétriens, comme leurs voisins de Chalcis et
de Carystos, soutinrent Athènes en vue de reconstituer une nouvelle
Ligue maritime,
mais le renouveau de l’impérialisme Athénien après 375 ne tarda pas à les inquiéter.
Ils se détachèrent alors de la cité Attique pour s’allier aux Thébains
désormais en situation de force. Les Eubéens firent une
première tentative pour constituer une Confédération de cités, comme le montrent des émissions de monnaies.
La situation politique fut alors marquée par une instabilité, avec des périodes de Tyrannie dans les villes
d’Érétrie et de Chalcis, et des dissensions internes entre
les partisans d’Athènes et de la démocratie et les partisans de la
Macédoine en pleine ascension.
À partir de 366, date d’un coup de main d’Érétrie pour prendre la cité d’Oropos (Ville portuaire de l’Attique située à la frontière de la Béotie)
avec l’appui de Thèbes, la situation de la cité commença à devenir très critique,
tant sur le plan intérieur, que sur le plan international, toute la Grèce se trouvant alors en proie à d’interminables conflits.
Les Érétriens furent ballottés entre oligarques et démocrates que conduisaient des chefs de faction
n’aspirant en réalité qu’au pouvoir autoritaire, comme le Tyrans Plutarque (ou Ploutarchos).
En 341, ce dernier fut renversé et chassé par une intervention
Athénienne dirigée par Phocion (ou Phokion, Stratège et orateur
Athénien, 402-318). La démocratie fut progressivement rétablie dans la ville et dans l’île d’Eubée
à partir de cette date lorsqu’une nouvelle intervention Athénienne chassa les Tyrans,
Clitarque (ou Cleitarchus ou Cleitarchos ou Kleitarchos) qui avait succédé à Plutarque (ou Ploutarchos) et Philistidès d’Oraioi (ou Oréos ou Oreus ou Oréi).
Les Érétriens rétablirent la démocratie et ils promulguèrent une loi contre la Tyrannie et l’Oligarchie.
Ruines des temples dans le sanctuaire d’Apollon Daphnéphoros –
Photo avant retouches :
École Suisse d’Archéologie
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Érétrie participa aux affaires Grecques jusqu’à ce qu’elle tombe sous le contrôle du Roi de
Macédoine,
Philippe II (359-336) après la
bataille de Chéronée en 338 av.J.C., où ce dernier
remporta une grande victoire contre une coalition Grecque, dont faisaient partie les cités
Eubéennes fédérées en une Confédération.
La plupart des États de Grèce tombèrent sous la tutelle du Roi, puis, à partir de 336, sous celle de son fils
Alexandre le Grand (336-323).
Toutefois, Érétrie garda tout de même une petite marge de manœuvre sur le plan politique.
Par exemple les Érétriens refusèrent, à l’annonce de la mort Alexandre,
d’adhérer à l’insurrection d’Athènes et de plusieurs autres cités de Grèce,
contre le pouvoir Macédonien.
Par cet acte de soutient ils espéraient récupérer Oropos et ses territoires que les
Athéniens avaient récupérés en 335,
donnés par Alexandre et ce fut ce qui arriva.
Entre la Guerre Lamiaque (ou guerre Hellénique), conflit qui se
déclencha à la mort d’Alexandre le Grand en Juin 323
qui opposa des cités Grecques révoltées, parmi lesquelles Athènes, aux
Macédoniens menés par
Antipatros (Régent 321-319),
et la Guerre Chrémonidéenne, conflit qui opposa de 268 à 261 une coalition de cités Grecques menée par
Athènes et
Sparte avec le soutien des
Lagide contre la
Macédoniens
d’Antigonos II Gonatas (277-274 et 272-239), les
Macédoniens
maintinrent leur hégémonie sur la Grèce centrale. À cette époque, la vie politique d’Érétrie fut marquée par la figure du philosophe Ménédème
(v.350–v.277, philosophe Grec) et jouit d’une période de relative indépendance. C’est de cette époque que l’on dispose du plus grand nombre d’inscriptions
publiques, surtout des décrets honorifiques et des catalogues de citoyens où se dégage l’image d’une cité bien vivante et même prospère. On note la construction
d’un nouveau théâtre et le début des travaux, vers 315, pour essayer d’assécher une étendue marécageuse située assez loin de la ville.
Toutefois, comme dit plus haut, les Macédoniens maintinrent
leur hégémonie sur la Grèce centrale et le souci des hommes politiques de la ville fut de défendre les intérêts vitaux pour leur cité face aux successeurs
d’Alexandre.
C’est ainsi qu’Érétrie parvint à contrer les projets sur Eubée de
Cassandre (Régent 317-306/305 et Roi 301-297) en prenant d’abord le parti du
Régent
Polyperchon (319-317). Avec son aide, en 318,
la démocratie fut rétablie dans la cité après un intermède Oligarchique de plusieurs années. En 312, la ville elle fit face à Polémaios, Lieutenant
d’Antigonos I (Roi 306-301). Cependant, en 304, elle dut, se soumettre au
fils de ce dernier, Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287).
Grâce à Ménédème les contacts se firent plus étroits avec le fils de Démétrios I,
Antigonos II Gonatas (277-274 et 272-239), qui alla jusqu’à se proclamer son élève.
En 278, le Roi ayant repoussé une invasion Celte en Grèce du Nord, Ménédème s’empressa de faire voter par les Érétriens un décret en l’honneur du vainqueur.
Cette politique, sur un fil, fit que pendant toutes ces années la position de la cité resta précaire. Comme le montrent les faits, vers 285
où Érétrie et sa voisine Chalcis, pour sortir de leur isolement, avaient décidé d’adhérer à la
Confédération Béotienne alors en plein essor.
Mais à partir de la fin de la décennie 280–270, Antigonos II,
menaça l’indépendance retrouvée des cités Grecques, y compris Athènes qui pourtant
avaient le soutien des Rois d’Égypte,
Ptolémée I (305-282) et
Ptolémée II Philadelphe (282-246).
Un conflit s’engagea alors (La Guerre de Chrémonidès) entre les
Athéniens, soutenus par divers alliés, dont précisément les souverains
d’Égypte, et le Roi de
Macédoine. Au tout début de celui-ci (voire juste avant en automne 268)
Antigonos II mit le siège devant Érétrie qui fut prise au printemps 267.
Malgré ses efforts, Ménédème, pourtant ami du Roi, ne parvint pas à obtenir le rétablissement de la démocratie et de son autonomie politique et il finit
par se suicider, à l’âge de 83 ans. Peu de temps après, ce fut
Athènes qui devait capituler devant le
Macédonien.
Vue des vestiges des Tholos dans l’agora-
Photo avant retouches :
École Suisse d’Archéologie |
Vers 255 av.J.C., certaines concessions furent accordées à la
cité et elle obtint une plus large autonomie politique. Mais en 251, le
Gouverneur d’Eubée pour le Roi
Antigonos II, fils de Cratère,
fit sécession et prit le titre royal. Ce royaume indépendant paraît avoir duré jusque vers 245. Les Érétriens furent donc de nouveau placés sous la
tutelle directe du Roi de Macédoine.
La dernière décennie du IIIe siècle av.J.C. vit l’intervention des Romains pour la première fois en
Eubée, dans le cadre de la guerre qu’ils menaient en Grèce contre le Roi de
Macédoine
Philippe V (221-179), maître de la région.
Au début, seule la ville d’Histiée, à l’extrémité Nord de l’île fut touchée directement par les opérations.
Puis Chalcis, en 199, subit une attaque du Légat Caius Claudius.
Puis l’année suivante, en 198, les habitants d’Érétrie et ceux de Carystos furent confrontés aux armées Romaines.
Arrivés par voie de mer avec une flotte importante, les Romains prirent les cités, aux mains de garnisons
Macédoniennes.
Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, v.59 av.J.C-17 ap.J.C.) les cités se livrèrent aux vainqueurs.
Les opérations militaires furent conduites par Lucius Quinctius Flamininus, frère du Consul Titus Quinctius Flamininus de 198, mais ce fut ce dernier
qui mena finalement les négociations en vue de définir pour les cités un nouveau statut.
Érétrie ne fut formellement libérée de la tutelle Macédoniennes qu’en 196.
En 194, après avoir fait partir toutes les garnisons Romaines, Titus Quinctius Flamininus créa en
Eubée, avec
Chalcis pour capitale et
Amarynthos comme centre religieux, un véritable État fédéral, dont l’existence est confirmée par des inscriptions et des monnaies.
Mais en 192, cette nouvelle Confédération Eubéenne sombra dans la Guerre dite “Antiochique”, qui vit le Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas
(223-187), intervenir en Grèce aux côtés de la Ligue étolienne,
ennemis de Rome. Chalcis
où, pourtant se trouvait une importante faction proromaine, ouvrit ses portes au Roi libérateur, et les Érétriens,
furent obligés, de suivre le mouvement, qui les mettait subitement au centre d’un conflit, qui fut assez vite réglé au profit des Romains.
Grâce à l’intervention de l’ancien Consul Flamininus, les cités
Eubéennes, qui avaient aidé le
Séleucide furent épargnées par le vainqueur.
Au cours du IIe siècle av.J.C, Érétrie put reconstituer une partie de ses ressources, puisqu’elle fut avec
Athènes et
Chalcis la seule cité de Grèce à pouvoir émettre, vers 180-170, une monnaie d’argent.
Érétrie, fut ensuite touchée par la Guerre d’Achaïe, soulèvement, en 146, de la
Ligue Achéenne
et de la Béotie presque tout entière contre le pouvoir de Rome, suivi de répressions féroces par le Consul Lucius Mummius Achaicus qui acheva la conquête
de la Grèce. La ville adopta dans la guerre une attitude diamétralement opposée à celle de ses voisines immédiates et soutint Rome. Presque seule d’entre les
Grecs à s’être rangée aux côtés de Lucius Mummius Achaicus, elle obtint du Consul une fois vainqueur quelques récompenses, comme le territoire d’Oropos, convoité
depuis toujours. Malheureusement pour eux, les Érétriens un demi-siècle plus tard, en 87-86, jouèrent la mauvaise carte dans la guerre de Rome contre le Roi
du Pont
Mithridate VI (120-63), et perdirent non seulement
cette possession continentale, mais leur statut privilégié et ils ne devaient jamais plus s’en relever tout à fait.
Drachme argent d’Érétrie
|
En 27 av.J.C. les citées d’Eubée furent officiellement intégrées dans
l’Empire Romain avec la création de la province d’Achaïe.
Il fallut attendre près de deux générations pour qu’Erétrie se relève partiellement, avec l’avènement de l’Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C).
Selon Dion Cassius (Historien Romain, v.155-v.235, Histoire Romaine, 68.30.2), en 21 av.J.C. Auguste affranchit
Érétrie de la souveraineté Athénienne, à laquelle l’avait soumise, en 42, une décision du
triumvir Marc Antoine (83-30 av.J.C.). La cité recouvrit ainsi une certaine autonomie et se vit surtout libérée de l’obligation de s’acquitter de lourdes
taxes en faveur d’Athènes, ce qui favorisera un nouvel essor et les constructions se
multiplient (Temples, bâtiments publics, gymnase, théâtre etc…).
Érétrie frappa encore monnaie jusqu’à la fin du IIe siècle ap.J.C., ce qui suggère que les institutions civiques
fonctionnèrent au moins jusqu’à cette période.
On a longtemps pensé qu’Érétrie avait été peu à peu désertée à partir de la fin du IIIe siècle ap.J.C. et qu’un puissant séisme, en 365 de notre ère,
avait sans doute achevé de dépeupler la cité. La récente découverte du temple du culte impérial, qui fut sans doute détruit par les Chrétiens au Ve siècle,
et une série de sépultures datées très probablement du VIe siècle suggèrent toutefois qu’une communauté continua à vivre dans la ville, au moins jusqu’à
cette époque. On sait qu’un séisme secoua à nouveau la région en 511, faisant peut-être fuir définitivement les derniers habitants.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur Érétrie voir les ouvrages de :
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
– Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Paul Auberson :
– Führer durch Eretria, Francke, Bern, 1972.
Hermann Bengtson : – Herrschergestalten des Hellenismus, C.H.Beck, München, 1975.
Andreas Blachopulos :
– Archaeology, Euboea & Central Greece, Melissa Publishing House, Athènes, 2009.
Peter Connoly :
– Greece and Rome at war, Greenhill Books, Londres, 1981 et 1998.
Pierre Ducrey et Steven Rendall :
– Eretria : A guide to the ancient city, Infolio Éditions, Gallion, 2004.
Sylvian Fachard :
– La garde du territoire d’Érétrie. Étude de la chôra et de ses fortifications, Infolio Éditions, Gallion, 2012.
André Hurstn, Jean-Paul Descœudres et Paul Auberson :
– Ombres de l’Eubée ?, Francke, Bern, 1976.
Alexandros Kalemēs :
– Eretria kai Amarynthos : periēgēsē stē Kentrikē Euvoia, Euvoïkes Ekdoseis Kinētro,
N. Pyrgos Hōreōn, 2007.
Denis Knoepfler :
– Les relations des cités eubéennes avec Antigone Gonatas et la chronologie delphique au début de l’époque étolienne,
Bulletin de correspondance hellénique, PERSEE, 1995.
Ingrid R.Metzger :
–Die hellenistische Keramik in Eretria, Francke, Bern, 1969.
Ferdinand Pajor :
– Eretria, Nea Psara : To chroniko mias politeias, Ekdot. Oikos Melissa : Elvetikē Archaiologikē Scholē
stēn Hellada, Athànes, 2010.
Victor Parker :
– Untersuchungen zum Lelantischen krieg und verwandten problemen der frühgriechischen geschichte, F.Steiner, Stuttgart, 1997.
Chantal Martin Pruvot, Karl Reber et Thierry Theurillat :
– Cité sous terre : Des archéologues suisses explorent la cité grecque d’Erétrie, Infolio Éditions, Gollion, 2010.
Richard Glen Vedder :
– Ancient Euboea : Studies in the history of a Greek island from earliest times to 404 B.C.,
University Microfilms International, Ann Arbor, 1978.
William P.Wallace :
– The history of Eretria to 198 B.C., Johns Hopkins University, 1936.
Keith G.Walker :
– Archaic Eretria. A political and social history from the earliest times to 490 BC., Routledge, London, 2004.
Edouard Will :
– Histoire politique du monde hellénistique : 323-30 av. J.-C., Impr.
Berger-Levrault, Nancy, 1966 – Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1979 et
1982 – Editions du Seuil, Paris, 2003.
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