Autres  royaumes  et  villes :
Palmyre  et  
Émèse
 

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Palmyre

 


 

Vue d’une partie du site

   Palmyre (ou Tadmor ou Tadmore ou Tadmur ou Tudmur ou Tadmar, en Araméen : ܬܕܡܘܪܬܐ , en arabe : تدمر, en Hébreu : תַּדְמוֹר , en Grec : Παλμύρα), fut une cité-État, capitale de la Palmyrène, qui est déjà mentionnée au IIIe millénaire. Elle est une grande palmeraie de Syrie centrale, à 215 km. au Nord de Damas, à mi-chemin entre l’Oronte et l’Euphrate, passage obligé du désert Syrien. Véritable oasis au milieu de la steppe, la Palmyrène était une vaste plaine fertile et riche en sources. Palmyre était une étape vitale du commerce caravanier pour les voyageurs traversant le désert Syrien pour la Mésopotamie.
 
   Elle était connue sous le nom de "l’épouse du désert". Sa prospérité venait de l’ampleur des trafics des produits de l’Inde et de l’extrême Orient, très prisés par les Romains. Les premières références à la ville sous son nom pré-sémitique de Tadmor (ou Tadmur ou Tudmur), son consignées dans des textes Babyloniens trouvés dans les tablettes de Mari et datés du XVIIIe siècle av.J.C. Bien que l’ancien site soit tombé en désuétude après le XVIe siècle, il était encore connu sous le nom de Tadmor en arabe.
 
   Les habitants de Palmyre construisirent une série de grands monuments funéraires contenant des dalles de calcaire avec des bustes représentant le défunt. L’étymologie exacte du nom "Palmyre" est inconnue, bien que certains chercheurs pensent qu’il était lié à des palmiers dans la région. D’autres, en revanche, pensent qu’il provient d’une mauvaise traduction du nom "Tadmor" (cf. Colledge, Seyrig, Starcky etc..). Les spécialistes notent que Palmyre est devenu l’une des villes les plus riches du Proche-Orient et que les Palmyréniens (ou Palmyriens) ont réussi l’exploit d’être les seules personnes à vivre aux côtés de Rome sans être romanisés. Il semble qu’ils aient tout simplement fait semblant d’être Romains.

 

L’histoire…….

 


 

Temple du Dieu Baal – Porte Ouest

   Palmyre est déjà mentionnée au IIIe millénaire. On en a une trace plus précise dans un document daté de vers 2000 av.J.C. Ce dernier est une transaction commerciale entre un certain Puzur-Ishtar le Tadmoréen et la colonie Assyrienne de Kanesh (aujourd’hui Kültepe ou Kaniš ou Neša). Puis au XVIIIe siècle dans les tablettes de Mari sous son nom pré-sémitique de Tadmor. Elle est mentionnée comme une étape pour les caravanes commerciales et le lieu de halte pour beaucoup tribus nomades comme les Sutéens. Enfin on a des traces que l’Empereur Assyrie, Shamshi-Adad I (ou Shamshi-Addu, 1814-1775) y séjourna lors de ses campagnes dans le but d’étreindre la mer Méditerranée
 
   Puis elle fit longtemps partie du royaume de Qatna dont elle fut le point le plus oriental. Cependant l’histoire de la cité à l’Âge du Bronze est mal connue car la ville s’est développée plus tard sur un tell qui fut au Ier siècle recouvert par la terrasse du sanctuaire dédié au Dieu Baal. On la retrouve ensuite mentionnée dans un sceau découvert à Emar (Aujourd’hui Maskanah en Syrie du Nord) datée du XIIIe siècle av.J.C. Au début du XIe siècle av.J.C, l’Empereur d’Assyrie, Téglath-Phalasar I (ou Tiglath-Pileser, 1116-1077) enregistra dans ses annales la défaite qu’il infligea aux Araméens de “Tadmar”. La Bible Hébraïque enregistre Tadmor comme une ville du désert construite (ou fortifiée) par le Roi d’Israël Salomon (ou Chelomoh ou Šзlomo ou Šlomo, 970-931) “Et il bâtit Tadmor dans le désert” (Deuxième livre des Chroniques – Chr VIII 8:4).
 
   Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif de langue Grecque, 37-v.100) la mentionne sous son Grec de Palmyra et attribue également sa fondation à Salomon (Les Antiquités Judaïques – Livre VIII). Dans le premier Livre des Rois (9:18), elle est mentionnée aussi construite par Salomon sous le nom תמר Tamor ou Tamar, mais il est traditionnellement lu Tadmor. Plusieurs citations dans les ouvrages du Talmud (Yebamot 17a-b) et du Midrash se réfèrent à cette ville dans le désert Syrien (Parfois avec l’échange des lettres “d” et “t” – “Tatmor” au lieu de “Tadmor”). Certains savants modernes, dont Trevor Bryce, ont écrit que ces documents pourraient se référer à un autre lieu à proximité de la mer Morte ?. Ce serait une confusion entre Palmyre (Tadmor), et une ville construite par le Roi en terre de Judée, mentionnée donc dans le Livre des Rois en tant que “Tamar”. Toujours selon l’auteur, la description dans la Bible de Tadmor et de ses bâtiments, ne correspond pas aux découvertes archéologiques connues du site de Palmyre, qui était une simple bourgade pendant le règne de Salomon.


 

Le théâtre – La tribune du Gouverneur 

 
   Après la mort d’Alexandre le Grand (336-323) et les guerres qui suivirent le partage de son Empire en 323, les Séleucides prirent le contrôle de la Syrie et Palmyre devint indépendante mais devait allégeance aux monarques Séleucides. En Juin 217 av.J.C, une force Palmyrénienne dirigée par un nommé Zabdibel (ou Zabdibelus ou Zabdibelos), rejoignit l’armée du Roi Antiochos III Mégas (223-187) à la bataille de Raphia qui fut gagnée par le Roi d’Égypte Ptolémée IV Philopator (222-204) qui annexa une partie importante de la Syrie. Vers le milieu de l’époque Hellénistique, Palmyre, autrefois limitée dans le Sud à l’oued al-Qubur, commença à s’étendre au-delà de la rive Nord. À la fin du IIe siècle av.J.C, les tombes dans la “vallée des tombeaux” à Palmyre commencèrent à être construites, en plus des temples de la ville, en particulier celui dédié à Baalshamin (ou Baal Shamen, en Araméen : ܒܥܠ ܫܡܝܢ) et le temple Hellénistique. Le culte de Baal fut important particulièrement le Ier siècle ap.J.C, et ce temple fut l’un des édifices religieux les plus importants dans l’ensemble du Moyen-Orient. Le culte de Baal est resté pratiqué à Palmyre jusqu’à la fin de l’Antiquité.
 
   Au cours du Ier siècle av.J.C Palmyre fit partie d’un réseau marchand caravanier reliant la côte Méditerranéenne Romaine de Phénicie et la Syrie à la Mésopotamie et la Perse, ce qui lui apporta rapidement une grande prospérité. En 64 av.J.C, la République Romaine annexa le royaume Séleucide et le Général Romain Pompée (106-48 av.J.C) créa la province de Syrie, mais Palmyre resta indépendante commerçant avec Rome et les Parthes et n’appartenant à aucun des deux. La plus ancienne inscription connue de la ville de cette époque est datée 44 av.J.C ou elle est notée comme un oasis mineur offrant l’eau pour les caravanes qui prenaient la route du désert, mais en pleine évolution. La ville attira les convoitises, et selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), en 41 av.J.C les Romains, conduits par le Général Marc Antoine (83-30 av.J.C), essayèrent de la piller mais ils échouèrent. Les Palmyréniens avaient eu l’intelligence à l’approche de l’armée Romaine de se réfugier avec leurs biens de l’autre côté de l’Euphrate, coté Parthe. Certains spécialistes en déduisent qu’à cette époque les habitants étaient encore essentiellement des nomades vivant de l’élevage et du commerce caravanier ?.
 
   Cependant, à peine plus tard, dans la deuxième moitié du Ier siècle, la cité est mentionnée dans les sources Gréco-romaines comme une ville riche et élégante. Ainsi à l’époque des Empereurs Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C), ou Tibère (14-37), l’Empire Romain noue ses premières relations diplomatiques avec Palmyre. Sous le règne de ce dernier, en 18 ap.J.C, la cité fut rattachée à l’Empire, incorporée à la province Romaine de Syrie, et prit le nom de Portus Palmyra "Le port de Palmyre" dans les documents officiels Romains. Sa population masculine servit d’effectif militaire, 1.000 archers Palmyréniens prirent part au siège de Jérusalem. La période impériale Romaine apporta une grande prospérité à Palmyre, qui jouit d’un statut privilégié sous l’Empire et conserva beaucoup de son autonomie interne. Elle augmenta régulièrement en puissance contrôlant la route commerciale reliant la Perse, l’Inde, la Chine à l’Empire Romain.


 

Autre vue du temple de Baal

 
   La cité prit aussi une grande importance stratégique en raison de sa situation de ville tampon entre l’Empire Romain et les territoires sous domination des Parthes. Selon Warwick Ball, les Romains avaient défini les limites de la région de Palmyre, avec des frontières établies par le Gouverneur Romain de Syrie (de 13 à 17), Quintus Caecilius Metellus Creticus Silanus qui ont été retrouvées 75 km. au Nord-ouest de Palmyre, à Khirbet el-Bilaas. Un autre marqueur, qui définissait les frontières du Sud-ouest de la ville, fut trouvé à Qasr al-Khayr al-Gharbi, tandis que les frontières Est se trouvaient à la vallée de l’Euphrate. Au cours de cette période de grande prospérité, les habitants Araméens de Palmyre adoptèrent les coutumes et les modes vestimentaires à la fois du monde Iranien Parthe à l’Est et Gréco-romain à l’Ouest.
 
   Le premier texte de Palmyre qui atteste l’existence Romaine dans la ville est daté de 18 ap.J.C, lorsque le Général Romain Germanicus Julius Caesar (15 av.J.C-19 ap.J.C), chercha à établir une relation amicale avec les Parthes, et envoya un Palmyrénien, nommé Alexandros, en Characène (ou Mésène) un royaume vassal des Parthes situé dans l’extrême Sud de la région fertile qui se trouve à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, sur le golfe Arabo-persique. Il fut suivi en 19, par l’arrivée de la Legio X Fretensis. Cependant l’autorité Romaine fut relativement minime au cours du premier siècle. Ils avaient juste des collecteurs d’impôts dans la ville, et en 75 ap.J.C ils construisirent une route qui relia Palmyra avec Sura (ou Suriya), ville sur l’Euphrate dans le Nord de la Syrie.
 
   Comme le précise Fergus Millar, on n’enregistre aucun Magistrat ou Préfet local dans la ville comme c’était le cas pour les cités Romaines typiques. Toujours selon l’auteur, Palmyre, au cours de ce premier siècle, fut alors témoin d’un intense mouvement de construction, qui comprit les premières fortifications de la ville, et le temple de Baal, qui fut terminé et consacré en 32 ap.J.C. On assista donc à la transformation de Palmyre, en une étape de désert mineure pour caravanes à un centre commercial de premier plan, avec les marchands Palmyréniens qui établirent des colonies commerciales dans beaucoup de villes importantes. Le commerce de Palmyre atteignit son apogée au cours du IIe siècle ap.J.C. La ville était alors une forme de république marchande dirigée par deux Archontes.
 
   Deux facteurs contribuèrent à atteindre ce statut : Le premier était la route commerciale que les Palmyréniens construisirent. Elle fut protégée par le maintien de garnisons, unités auxiliaires créées en 116 par l’Empereur Romain Trajan (98-117), à des endroits importants, y compris une à Doura Europos (Située à l’extrême Sud-est de la Syrie sur le moyen Euphrate) qui fut installée en 117. Le deuxième facteur fut l’annexion par les Romains, en 106, du royaume Nabatéen et sa capitale Petra, qui conduisit à l’effondrement du contrôle de ces derniers sur les routes commerciales du Sud de l’Arabie, et leur déplacement à Palmyre.
 


 

Autre vue du théâtre

   Le statut particulier de la république marchande de Palmyre fut de nouveau renouvelé en 129/130 lors de la visite de l’Empereur Hadrien (117-138) qui proclama Palmyre ville libre, ce qui laissait au Sénat le droit de fixer et collecter les impôts. La cité prit alors le nom d’Hadriana Palmyra et ses habitants se qualifiaient eux-mêmes "d’Hadrianapolitain". Hadrien fut reçu avec beaucoup d’égards par les habitants. Sa popularité était telle que ceux-ci le déifièrent. La dynastie des Sévère (195-235), en partie d’origine Syrienne, était favorable au développement de Palmyre. Au cours du troisième siècle, la ville commença une transition stable vers un système monarchique au lieu d’un modèle traditionnel de cité-État Grecque. Le développement urbain diminua la ville atteignant l’apogée de ses projets de construction.
 
   Comme nous le précise Andrew M.Smith, l’essor des Sévère au trône impérial à Rome joua un rôle majeur dans la transition de la Palmyre. Tout d’abord, la nouvelle dynastie favorisa la ville, et y stationnera, en 206. la première Cohorte Flavia Chalcidenorum comme garnison dans un camp au Nord de la ville. Cependant, il faut noter que la guerre Romano-perse, que menèrent les Sévère de 194 à 217, influença la sécurité régionale et affecta le commerce de la ville. Dès 199, des bandits commencèrent à attaquer les caravanes. La cité, leader de la région, renforça les capacités de son armée, mais les forces Palmyréniennes s’engagèrent davantage dans la protection de l’Orient Romain au lieu de protéger le commerce, conduisant à une augmentation de l’importance de la ville.
 
    À partir de 212, le commerce de Palmyre diminua en raison de l’occupation de l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate par les Sassanides. Les milices de Palmyre eurent un rôle important dans la protection des frontières Romaines à l’Est de la Syrie et en 216/217, l’Empereur Caracalla (198-217 ap.J.C) éleva la ville, et la cité voisine d’Émèse, au statut de colonie Romaine, ce qui apporta de nouvelles institutions constitutionnelles qui remplacèrent beaucoup de celles des Grecs. Elle fut visité par l’Empereur Sévère Alexandre (222-235) avant sa mort en 235. La montée en puissance de la dynastie des Perses Sassanides affaiblit énormément le commerce Palmyrénien. Ces derniers démantelèrent une à une les colonies de Palmyre sur leurs terres et commencèrent une guerre à grande échelle contre l’Empire Romain. Dans le même temps la vile fut de nouveau détachée pour devenir un État à part entière mais vassal de l’Empire Romain. Elle fut dirigée par des Princes à la solde de Rome.
 
   Le premier connu, autour de 250, qui apparait dans les documents avec le titre d’Exarque (ou Exarchos, sorte de Gouverneur, en Grec : ξαρχος) de Palmyre, fut Odénath (ou Lucius Septime Odénat ou Odaenathus ou Odénat, en Araméen : ܐܕܝܢܬ  Oaina, en Grec : Οδαίναθος  Hodainathos, en Hébreu : בן נצר  Ben (fils de) Neser, en arabe : أذينة  Udhaynah ou Othayna, en Latin : Odainath, vers 250 à 267). Il naquit vers 220 et était issu d’une famille, la dynastie des Hairainides, qui jouissait de l’estime de ses contemporains et qui avait reçu la dignité de Sénateur "vir consularis" (Statut d’ancien Consul). Certains spécialistes prétendent que son nom était d’origine Araméenne, tandis qu’une autre opinion en fait un nom arabe dérivé du mot arabe “Odaina” qui signifie “petite oreille”. Sa généalogie indique plutôt une ascendance arabe, il resta d’ailleurs très arabe dans ses traditions. L’année exacte où il devint Exarque de Palmyre n’est pas connue, mais il y est déjà dans une inscription datée de 258, indiqué "l’illustre Consul notre Seigneur" (INS N° 126).


 

La triade palmyrénienne :
Aglibôl, Baalshamin, Malakbêl –
Musée du Louvre.

Photo avant retouches : wikimedia.org

 
  Il partagea ses titres avec son fils Hairan (ou Lucius Septimius Hérode) et dans sa seconde femme qu’il épousa en 255 (ou 258), la célèbre Zénobie, il trouva un partisan à la mesure de sa politique.   Odénath tenta dans un premier temps de parvenir à un accord diplomatique avec les Sassanides et il approcha leur Roi Châhpûhr I (ou Šāpūr ou Šābuhr ou Shapur, 241 à 272) pour garantir les intérêts de Palmyre en Perse, mais il fut repoussé. La défaite désastreuse des armées Romaines de Valérien I (253-260), contre ce dernier, à la bataille d’Édesse en 260, où Valérien I fut même capturé et mit à mort, laissa les provinces de l’Est à la merci des Sassanides.
 
   Il y a des informations contradictoires quant à la mort de Valérien I. Certains spécialistes pensent qu’il ne fut pas tué par le Roi Perse. Les traditions Iraniennes, reproduites par des auteurs médiévaux comme Tha’alibi, Tabari et Firdûzî (ou Firdousi), disent que Valérien I fut traité avec égards, tandis que Lactance (L. Cæcilius Firmianus, v.250-v.325) prétendit que l’Empereur fut maltraité puis, après sa mort en captivité fut empaillé et exposé dans un temple. Châhpûhr I, fort de son succès, voulut continuer à avancer en Asie Mineure, mais il fut repoussé par un Général Romain nommé Ballista qui réussit à attaquer les Perses qui assiégeaient Pompeleioupolis, en venant par la mer depuis la Cilicie. Il massacra plusieurs milliers de soldats Perses et captura le harem royal. En 262, Châhpûhr I dut battre précipitamment en retraite.
 
   La perspective d’une suprématie Perse sur sa région n’était pas du tout en mesure de satisfaire Palmyre. Devant le refus de Châhpûhr I à ses avances courtoises, d’après les auteurs de l’époque avec mépris, Odénath décida de lier son sort à la cause de Romaine. La neutralité qui avait fait la fortune de Palmyre fut abandonnée pour une politique militaire agressive. Il attaqua les Perses sur le chemin du retour, après le sac d’Antioche, et avant qu’ils ne puissent traverser l’Euphrate. Il leur infligea une défaite considérable et repoussa l’armée Sassanide avec ses chameliers.
 


 

Fresque sur un sarcophage d’une famille de Palmyre

   Dans le même temps, en 260/261, deux Empereurs Romains, Quietus et Ballista, usurpèrent le trône et se proclamèrent à l’Est, reconnus par l’Égypte. Odénath prit le parti de Gallien (253-268), le fils et successeur de Valérien I. Il attaqua et mit à mort l’usurpateur Quietus à Émèse. Il fut récompensé en 262 pour sa loyauté par l’octroi d’une situation exceptionnelle. Il acquit, de fait, le pouvoir quasi absolu sur les provinces d’Orient à l’exception du Pont-Bithynie. Il prit peut-être à ce moment le titre de Roi sans en avoir vraiment les pouvoirs.
 
   Officiellement il était devenu Totius imperator Orientis "Correcteur de tout l’Orient" et eut le commandement de ce qui restait des onze légions Romaines de cette partie de l’Empire et de toutes les forces Palmyréniennes disponibles, nommé "Dux Romanorum" (Commandeur des Romains). Il eut aussi un droit de regard sur l’administration civile et fiscale de toute l’Asie Mineure, la Syrie, la Mésopotamie et l’Arabie Pétrée. À partir de cette époque le “Roi” prit ses distances avec l’Empire Romain et décida de profiter de ses succès pour mener une offensive contre les Sassanides.
 
   Il lança alors deux grandes campagnes militaires réussies contre les Perses en 263, puis en 266-267. Il traversa l’Euphrate et aidé par son adjoint Septime Worod, il prit Édesse, il récupéra ensuite Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans la province de Mardin, au Sud-est de la Turquie) et Harran (ou Carrahes ou Carrhes) en 264. Il continua son offensive contre la puissance des Perses, qu’il écrasa et il les poursuivit jusqu’à Ctésiphon, qu’il ne prit toutefois pas, mais il contrôlait alors la majeure partie des terres Sassanides occidentales. Ces succès restaurèrent la domination Romaine en Orient.


 

Détail d’une arche des ruines

 
   Odénath célébra ses victoires à l’Est en se proclamant “Roi des Rois” à la manière des Perses, titre qu’il partagea avec son fils aîné Hairan (ou Lucius Septimius Hérode). Tout en observant toutes les formalités exigibles envers son suzerain, il y a des preuves considérables qu’Odénath visait à devenir Empereur, mais au cours de sa vie il n’y eut pas de conflit avec Rome. Par exemple il ne prit pas le titre “d’Auguste“, sa biographie est malgré tout dans La vie des Trente Tyrans (Série d’usurpateurs qui auraient vécu à l’époque de Valérien I, de Gallien, de Claude le Gothique et d’Aurélien entre 253 et 270). Le rédacteur de l’Histoire Auguste (Recueil de biographies d’Empereurs Romains) lui prête beaucoup de qualités, comme à sa femme et le décrit comme un bon Général et un excellent chasseur.
 
   Il était sur le point de départ pour la Cappadoce pour lutter contre les Goths, lorsqu’il fut assassiné avec Hairan, à Émèse, selon Jean Zoneras (ou Iôánnês Zônarãs, historien, théologien et canoniste Byzantin, † après 1160) par son neveu Maeonius. Il a été suggéré que cet acte de violence fut initié par Gallien, inquiet du pouvoir d’Odénath en Orient, ou peut-être commis à l’instigation de sa deuxième épouse, Zénobie, qui souhaitait voir hériter son propre fils, mais rien ne nous renseigne dans les documents historiques pour corroborer telle ou telle accusation. Wahballat (ou Lucius Julius Aurélius Septimius Vaballathus Athénodorus), deuxième fils d’Odénath, avec Zénobie donc, lui succéda à la tête de Palmyre. La Reine profita de la situation pour prendre le contrôle des armées.

 

 
   Zénobie (ou Septimia Bathzabbai ou Septimia Zenobia ou Julia Aurélia Zenobia,  en Araméen : בת זבי  Bat-Zabbaï,  en arabe : الزباء بنت عمرو بن  Znwbya Bat Zaddai ou al-Zabba ou Zaynab, en Palmyrénien : spymy’  btzby, en Grec : Ζηνοβία  Xenobia ou Zenobia, 267-272/3, † 274) va diriger le royaume, du fait de la jeunesse de son fils Wahballat, qui hérita du trône en 267. Wahballat (ou Lucius Julius Aurélius Septimius Vaballathus Athénodorus) succéda à son père alors qu’il avait tout juste un an en reprenant les mêmes titres. Après la rupture avec l’Empereur Aurélien, Zénobie proclamera Wahballat Auguste et prit elle-même le titre d’Augusta.
 
   Zénobie devint la deuxième épouse d’Odénath II en 258. En 267 et 268 elle conquit de nouveaux territoires pour la mémoire de son mari et comme héritage pour son fils, qui augmentent encore l’Empire de Palmyre. Son objectif déclaré était de protéger l’Empire Romain d’Orient de l’Empire Sassanide, pour la paix de Rome, cependant, ses efforts ont surtout augmenté de manière significative la puissance de son royaume. Elle prit le contrôle des armées d’Orient et partit pour conquérir l’Égypte, avec l’aide de son Général, Zabdas et de leur allié Égyptien, Timagenes et brisa ses relations définitivement avec Rome. En 269, elle soumit le pays et expulsa le Préfet Romain, puis, elle se proclama elle même Reine d’Égypte qu’elle gouverna jusqu’en 271/2. La Reine étendit ensuite sa domination jusqu’aux confins du désert Syrien. Avec sa grande armée elle fit des expéditions et soumit l’Anatolie. Dans son Empire de courte durée, Zénobie sut se rendre maîtresse des routes commerciales vitales dans ces domaines jusque là Romains.


 

Rue à colonnades et arc de triomphe

 
   En 272-273, la relation avec les Romains continua à dégénérer lorsqu’Aurélien entama une campagne militaire visant à réunifier l’Empire Romain. L’Empereur et ses forces quittèrent la Gaule où ils bataillaient et arrivèrent en Syrie. Les armées de Zénobie et d’Aurélien se rencontrèrent et combattirent près d’Antioche. Après une défaite écrasante, les troupes Palmyréniennes quittèrent Antioche et Émèse. Zénobie ne fut pas en mesure de récupérer son trésor dans cette dernière avant qu’Aurélien ne l’assiège.
 
   Elle prit la fuite, mais ils furent appréhendés sur l’Euphrate par les cavaliers d’Aurélien. L’Empire de Zénobie prit fin et les Palmyréniens qui refusaient de se rendre furent capturés par Aurélien et exécutés sur son ordre. Parmi ceux-ci se trouvait le conseiller en chef de Zénobie, le Sophiste et philosophe Grec, Cassius Longinus (213-273). En 274, Zénobie fut jugée à Émèse et fut condamnée à l’exil et ramenée en otage à Rome où elle fut exhibée, attachée par des chaînes en or, lors de la parade militaire pour le triomphe d’Aurélien. Il existe plusieurs version de sa fin, voir l’article sur elle. En fait on ne sait pas exactement à quelle date ni comment mourut la Reine.
 

   Pour plus de détails sur la Reine : La vie de Zénobie

 


 

Vue du Tétrapyle, à la croisée du
decumanus et du cardo

À Palmyre, après qu’Aurélien soit retourné à Rome, les habitants de la ville, à l’instigation d’un citoyen nommé Apsaeus, se révoltèrent contre la garnison Romaine de 600 archers laissée sur place. Apsaeus tenta de pousser à la trahison Marcellinus, le commandant militaire de la province d’Orient, en lui proposant de se proclamer Empereur. Mais Marcellinus le trahie et avertie Aurélien de ce qui se tramait. Ce dernier reprit son armée et revint alors en Asie. Il arriva si rapidement à Antioche qu’il précéda l’annonce de son entrée. Sans donner un seul jour de repos à ses légions, Aurélien traversa le désert et surprit Palmyre avant même qu’elle eut le temps de se mettre en état de défense. Ses soldats, pour venger la mort de leurs compagnons d’armes, pendant huit jours saccagèrent la cité, les palais, les églises, les temples, les édifices publics et les oasis qui entouraient Palmyre furent incendiés.
 
   Tout ce qui avait de la valeur fut volé et envoyé à Rome. Ils massacrèrent une partie de la population, l’autre fut réduite en esclavage et les prêtres furent égorgés dans leurs sanctuaires. Un peu plus tard, l’Empereur Dioclétien (284-305) fit fortifier la ville pour qu’elle constitue l’un des maillons de sa ligne de forteresses orientales. La cité constitua à cette époque une importante communauté Chrétienne. Elle comporta plusieurs églises et envoya un Évêque, Marinus, au Concile de Nicée en 320. Les temples de Baal (ou Bel) et Baalshamin (ou Baal-Shamîn) furent alors transformés en église. La période Byzantine va seulement aboutir à la construction de quelques églises et une grande partie de la ville sera en ruine. Palmyre fut détruite complètement par les arabes en 634.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Royaume et la ville voir les ouvrages de :
 
Warwick Ball :
Rome in the east : The transformation of an empire, Routledge, London, New York, 2000.
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia : From the early Bronze Age to the fall of the Persian Empire, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Lucinda Dirven :
The Palmyrenes of Dura-Europos : A study of religious interaction in Roman Syria, E.J.Brill, Boston, 1999.
Peter M.Edwell :
Between Rome and Persia : The middle Euphrates, Mesopotamia and Palmyra under Roman control, Routledge, Londres ; New York, 2008.
Eugenia Equini Schneider :
Septimia Zenobia Augusta, Rome, L’Erma, 1993.
Thorsten Fleck :
Das sonderreich von Palmyra. Seine geschichte im spiegel der römischen münzprägung, pp : 245–252, Geldgeschichtliche Nachrichten 199, Septembre 2000.
Jacques Charles Gaffiot, Henri Lavagne et Jean-Marc Hofman :
Moi, Zénobie, Reine de Palmyre, Skira, Milan, 2001.
Udo Hartmann :
Das palmyrenische teilreich, Steiner, Stuttgart, 2001.
Philip K.Hitti :
History of Syria, including Lebanon and Palestine, Macmillan, Londres, 1951.
Ted Kaizer :
The religious life of Palmyra. A study of the social patterns of worship in the Roman period, Steiner, Stuttgart, 2002.
Tadeusz Kotula :
– Aurélien et Zénobie : L’unité ou la division de l’Empire ?, Uniwersytetu Wrocławskiego, Wrocław, Wydawn, 1997. 
Fergus Millar :
The Roman near east, 31 B.C.-A.D. 337, Harvard University Press, Cambridge, 1993.
Maurice Sartre :
D’Alexandre à Zénobie : Une Histoire du Levant antique IVe s. av.J.C.-IIIe s. ap.J.C., 2e éd., Paris, 2003.
Maurice Sartre et A.Sartre-Fauriat:
Palmyre, la cité des caravanes, Paris, Gallimard Découvertes, 2008.
Andrew M.Smith :
Identity, community, and state formation at Roman Palmyra, University of Maryland, College Park, 2004.
Roman Palmyra : Identity, community, and state formation, Oxford University Press, New York, 2013.
Pat Southern :
Empress Zenobia: Palmyra’s rebel Queen, Continuum, London, New York, 2008.
Jean Starcky :
Palmyre; guide archéologique, Imprimerie Catholique, Beyrouth, 1941.
Jean Starcky et Ṣalāḥ al-Dīn Munajjid :
Palmyra : the bride of the desert, Directorate-General of Information, Damas, 1948.
Jean Starcky et Michel Gawlikowski :
Palmyre, J.Maisonneuve, Paris, 1952-1985.
Richard Stoneman :
Palmyra and its Empire : Zenobia’s revolt against Rome, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1992 – 1994 – 1995.
Javier Teixidor :
The pantheon of Palmyra, E.J.Brill, Leiden, 1979.
Anthony Wilden :
Man and woman, War and peace : The strategist’s companion, Routledge, Kegan Paul, Londres, New York, 1987.
Ernest Will :
Les Palmyréniens. La Venise des sables (Ier siècle avant–IIIème siècle après J.-C.), Colin, Paris, 1992.
Rex Winsbury :
Zenobia of Palmyra : history, myth and the neo-classical imagination, Duckworth, London, 2010.
 
   Voir aussi les sites :
Metropolitan Museum of Art – Palmyra
● Temple of Baal, Palmyra, Syria

 

 

Émèse

 

   Émèse (ou aujourd’hui Homs, en Grec : Έμεσα  Emesa, en Latin : Émessa ou "La Chamelle" lors des Croisades, en arabe : حمص  Hims, en turc : Humus) est une ville dans l’Ouest de la Syrie, sur l’Oronte. Elle est aujourd’hui la capitale du gouvernorat d’Homs. Elle se situe 450 m. au-dessus du niveau de la mer et est située à 160 km. de Damas et 190 km. d’Alep. Elle est également le maillon central entre les villes de l’intérieur et celles de la côte de la mer Méditerranée. À l’époque Romaine, elle était connue sous le nom d’Émessa. L’épouse de l’Empereur Sévère, Julia Domma y naquit. Elle fut surtout remarquée par son temple du soleil : El-Gabal (En Araméen), également appelé Elagabalus (En Latin) et Heliogabalus (En Grec). Ce Dieu soleil était adoré sous une forme de pierre noire. Les Prêtres, formaient une entité aristocratique puissante et influente.


 

Ruines de l’ancienne citadelle – vers 2400

 
   Les fouilles de la citadelle d’Emèse par une équipe Syro-britannique ont mis en évidence des récipients en céramique retrouvés juste au-dessus du lit de la rivière à la base Sud-est du tell (Colline). Ils indiquent que le site fut occupé dès 2300 av.J.C. Des Prêtres-Rois régnèrent sur Émèse de Sampsigeram I en 64 av.J.C jusqu’à au moins 254 ap.J.C, sous Sulpice II Lucius Julius Aurèle Sévère Uranius Antonin. Émèse fut le berceau de : L’Impératrice Romaine Julia Domna et sa sœur Julia Domna Maesa ; De L’Empereur Romain Élagabal (ou Elagabalus, 218-222) qui était à l’origine un Grand Prêtre de la cité. Il fut proclamé Auguste par les légionnaires et tua l’Empereur Macrin.
 
   Julia Domna Maesa (Assassinée en 235) épousa le Grand Prêtre Caius Julius Bassianus. Leurs descendants inclus les Empereurs Romains Caracalla (198-217), son frère Publius Septimius Geta (211-212), Élagabal et Alexandre Sévère (222-235). La ville fut également le siège de l’Empereur Aurélien (269-275) au cours de sa campagne contre la Reine de Palmyre Zénobie (267-272/3).

 

L’histoire…….
 

   Les historiens estiment qu’Émèse date du début du IIIe millénaire av.J.C. La citadelle de la ville est considérée comme le lieu des premières habitations. L’historien Issa Asaad fait d’Émèse la capitale du royaume d’Aram Soba, toutefois sa théorie est vivement contestée par plusieurs de ses confrères. Ceux-ci, s’appuyant sur des découvertes archéologiques, avancent que le centre d’Aram Soba fut la ville d’Anjar (Liban actuel). Aujourd’hui nous n’avons une présence attestée d’Émèse qu’à l’époque Romaine. L’histoire de la région d’Émèse, comme métropole, reste obscure jusqu’à l’époque de l’Empire des Séleucides, date à laquelle elle fut refondée après la mort d’Alexandre le Grand (336-323). L’ancienne Émèse se situait dans le district Séleucide d’Apamée sur l’Oronte. Elle était consacrée au culte du Dieu soleil El-Gabal, également connu sous le nom de Baal. Beaucoup de spécialistes avancent que la cité fut fondée par le Roi Séleucide Séleucos I (305-280), bien que la ville n’apparut à la lumière de l’histoire qu’au cour du Ier siècle av.J.C.
 
   À cette époque, Strabon (Philosophe et géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) parle d’une tribu appelée “Émèsani” vivant dans la zone autour de l’Oronte et au Sud de la région d’Apamée. S’étaient une tribu Syriaque qui s’installa ensuite dans la région d’Émèse, d’où il semble que le nom de la ville fut tiré. Lorsque le Général et homme d’État Romain Pompée (106-48 av.J.C) incorpora la Syrie Séleucide dans l’Empire Romain, en 64 av.J.C, les dirigeants de la dynastie Émèsani furent confirmés comme "Prêtres-Rois" Clients des Romains pour aider leurs troupes dans diverses guerres. Cette famille royale Araméenne était originaire de Syrie, mais il est possible que certains des membres aient eu une ascendance issue de la population Grecque de Syrie. Les Prêtres-Rois furent considérés comme des chefs de file dans le royaume Romain d’Orient. Toutefois, nous savons peu de chose sur cette famille royale. Plusieurs membres ont reçu des noms Araméen, Romain ou Grec ou un nom de la combinaison des trois cultures. Les femmes avaient toutes en tant que prénom le nom Latin Julia et prenaient ensuite un nom en Araméen ou parfois en Latin ou en Grec.


 

La nouvelle citadelle (1013) et
la ville aujourd’hui

 
   Le premier connu de ses souverains fut Sampsigeram I (ou Sampsiceramus ou Sampsigeramos ou Shams’alkeram, 69 à 43 ou 64 à 43 av.J.C). Au cours de la période Séleucide, il fut un allié du Roi Séleucide Antiochos XIII Dionysos Asiaticos "l’Asiatique" (83-64). À ce moment-là, l’Empire Séleucide devenait un État de plus en plus faible. En 64 av.J.C, à la demande de Pompée, Sampsigeram I captura et tua Antiochos XIII l’avant-dernier Roi Séleucide. En remerciement pour son aide Pompée nomma Sampsigeram I : Roi-Prêtre Client de Rome sur Émèse et Aréthuse (ou Arethusa ou Aretusa ou Rastane ou Al-Rastan), une ville à 25 km. au Nord d’Émèse, également le long de la rivière Oronte. Il fut le fondateur d’une longue dynastie connue sous le nom de Sampsigeramide (ou Sampsiceramide). Il prit pour capitale Aréthuse.
 
   Lors de son règne les limites du royaume s’étendirent de la vallée de la Bekaa à l’Ouest à la frontière avec Palmyre à l’Est, et de Yabroud (ou Yabrud, à environ 80 km. au Nord de Damas) dans le Sud à Aréthuse (ou Arethusa ou Aretusa ou Rastane ou Al-Rastan) dans le Nord. Au cours de cette période, la culture Hellénistique fut florissante, mais la langue Araméenne prévalut tout le long des régions de l’Est comme la langue des autochtones. Mis à part Antioche, Émèse devint une ville très importante pour les Romains dans cette partie de l’Empire. Cette cité portuaire, prospéra sous la domination Romaine comme vassale. Le royaume de Sampsigeram I, fut le premier royaume arabe Client de Rome sur les franges du désert. Sampsigeram I eut deux fils qui lui succédèrent : Jamblique I (ou Imblichus, en Grec : ‘Iάμβλιχος , 43 à 31 av.J.C) et Alexandre (31 à 29 av.J.C).

 
   Jamblique I avait le titre de Phylarque (En Grec : φύλαρχος, en Latin : Phylarchus, signifiant "Chef de tribu"). Il est mentionné par Cicéron (ou Marcus Tullius Cicero, 106-43, homme d’État et auteur Romain) dans une dépêche, qu’il envoya de Cilicie au Sénat à Rome, en 51, dans laquelle il affirmait que Jamblique I lui avait envoyé des renseignements sur les mouvements des troupes Parthes qui avaient traversé l’Euphrate et se déplaçaient en Syrie, et il dit de lui “que c’est un homme aux vues honnêtes et un ami de la république“. En 48, avec Antipater I (ou Antipater l’Iduméen, 47-43), Gouverneur, puis procurateur de Judée, le Roi d’Iturée et d’autres alliés des Romains, il rejoignit la campagne du Roi Mithridate de Pergame (47-45) en Égypte qui portait secours à Jules César (100-44), assiégé dans Alexandrie et il participa à la victoire finale sur Ptolémée XIII Philopator (Co-Roi d’
Égypte, 51-47).
 


 

Monnaie de L’Empereur Romain Élagabal
(ou Elagabalus) frappée à Émèse

   Selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), au milieu des années 40 il changea de camps et soutint la rébellion de Quintus Caecilius Bassus († après 43), l’organisateur de la révolte contre César pendant la guerre civile de 49 à 45. On ne connait pas la position de Jamblique I pendant l’occupation Parthe de la Syrie de 40 à 38. Il est supposé qu’il fut volontaire pour faire défection à ces derniers ?. Ceci est indirectement confirmé par le fait que, comme d’autres dirigeants de l’Est, il fut un allié de Marc Antoine (83-30), dans la guerre civile entre ce dernier et Octave (Empereur Auguste, 27 av.J.C-14 ap.J.C) en 31.
 
   Il devint toutefois suspect aux yeux d’Antoine après la trahison de Cnaeus Domitius Ahenobarbus (Consul en 32) qui rejoignit Octave. Il fut victime d’une dénonciation de son frère Alexandre, il fut arrêté et mourut sous la torture et Antoine donna ses biens à son frère considéré par beaucoup comme un escroc. Après l’occupation de la Syrie par les troupes d’Octave, Alexandre fut arrêté, en 29 il fut dépouillé de ses biens et envoyé prisonnier à Rome, où il participa au un triomphe d’Octave, puis fut exécuté.
 
   De 29 à 20 av.J.C, Émèse sous administration Romaine, devenue une principauté, fut restaurée, ainsi que d’autres États tampons Clients de Rome, et donnée au fils de Jamblique I, Jamblique II (20 av.J.C à 11 ap.J.C). Sous son règne stable émergea une nouvelle ère de paix, connue sous le nom “d’Âge d’or d’Émèse“. Son fils Sampsigeram II Caius Julius (ou Gaius Julius ou Sampsiceramus ou Sampsigeramos ou Shams’alkeram, 11 à 42) lui succéda. En 32 ap.J.C, Baalbek (ou Baalbeck ou Baalback ou Balbeck ou Balback ou Baalbec ou Héliopolis) et la vallée de la Bekaa furent ajoutées à son royaume. Il épousa Jotapé (ou Iotapa ou Iotape) qui fut la fille de Mithridate III Antiochos Épiphane de Commagène (20-12 av.J.C). On ne sait pas exactement à quelle époque, sûrement à la fin de son règne en 42, sa fille Jotapé I (ou Iotapa ou Iotape ou Julia Jotapé) et son gendre Aristobule le Jeune (ou Aristobulus II, petit-fils d’Hérode le Grand, 41-4 av.J.C) prirent le pouvoir. Mais pour peu de temps car la même année Aziz (ou Caius Julius Azizus ou Gaius Julius, 42 à 54), le fils aîné de Sampsigeram II récupéra le trône. En 53, il épousa Drusilla, sœur d’Hérode Agrippa II (Roi des Juifs de Judée de 54-92 ap.J.C) à la condition posée par celui-ci, qu’il se fasse circoncire. Toutefois, après environ un an de mariage, elle le quitta pour Antonius Felix, alors Procurateur Romain de Judée (52-60). Aziz mourut en 54, et son frère cadet lui succéda.
 
   Sohaemus I Caius Julius Philocaesar Philorhomaeus (ou Gaius Julius ou Sohaimos ou Sohémos ou Sohème d’Émèse ou de Sophène, en Grec : Γαίος Ιούλιος Σόαιμος Φιλόκαισαρ Φιλορώμαίος, en Arménien : Սոհեմոս,  54 à 73) arriva au pouvoir et avec lui les relations avec le gouvernement Romain se rapprochèrent. L’année de son arrivée sur le trône l’Empereur Romain Néron (54-68 ap.J.C) détacha la Sophène de l’Arménie et fit de Sohaemus son Roi, titre qu’il garda jusqu’en 63. L’Arménie revenant elle à l’Arsacide Tiridate I (54-73). Il fut également le Chef de la colonie Romaine de Berytos (ou Béryte, aujourd’hui Beyrouth) et dirigea comme son père, Baalbek (ou Baalbeck ou Baalback ou Balbeck ou Balback ou Baalbec ou Héliopolis) où une statue honorifique lui fut consacrée. Selon Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100), Sohaemus I envoya à l’armée Romaine des archers et des cavaliers (4000 hommes) lors de la révolte de la Judée en 66 et les aida dans le siège de Jérusalem en 70. Il prit parti lors de la guerre civile Romaine de 68-69 en soutenant Vespasien (69-79) à qui il prêta allégeance, et envoya de nouveau des troupes en appui, en 72, lors de la déposition d’Antiochos IV Caius Julius Épiphane (ou Antiochus, 38-72) de Commagène. Sohaemus I épousa en 56, Drusilla de Maurétanie la Jeune (38-79), secondes noces pour elle, fille de Junia Urania et du Roi de Maurétanie et de Numidie Ptolémée de Maurétanie (23-40), lui-même fils du Roi Juba II (25 av.J.C-24 ap.J.C) et de sa première épouse la Reine Cléopâtre VIII Sélène II. Elle lui donna un fils qui lui succéda.
 
   Alexio Caius Julius (ou Gaius Julius ou Alexio II, en Grec : Γάϊος ‘Iούλιος Άλεξινος  73 à 78) monta sur le trône, mais malgré le fait que la dynastie Émèsani était une alliée fidèle de Rome, pour des raisons inconnues l’État Romain lui supprima son autonomie. Alexio et ses successeurs n’eurent plus qu’une autorité cérémonielle. Le peu que l’on sait sur lui provient d’une inscription sépulcrale notée sur un monument de la ville et datée de 78/79. Elle est dédiée par son fils à sa famille. Il épousa une femme de la noblesse, dont on ne connait pas le nom, qui lui donna un fils qui lui succéda. Après la mort d’Alexio, les générations après lui ne sont pas enregistrées suffisamment pour présenter précisément leur règne.


 

Tétradrachme d’Antonin Uranius

 
   Sampsigeram III Caius Julius Fabia Silas (ou Gaius Julius ou Sampsiceramus ou Sampsigeramos ou Shams’alkeram, 79 à 120) fut le nouveau Roi-Prêtre. Malgré un règne très long, on sait peu sur sa vie et son règne. Son fils Sohaemus II Longinus Caius Julius (ou Gaius Julius Longinus ou Sohaimos ou Sohémos ou Sohème d’Émèse, 120 à 160) lui succéda. Pour lui aussi on ne sait rien. Sous les Romains, la ville commença à montrer tous les attributs d’une cité-État Grecque mais avec des traces de planification Romaine. Sa transformation en une grande ville fut achevée sous le règne de l’Empereur Antonin le Pieux (138-161) lorsqu’elle commença à battre sa propre monnaie.
 
   Puis arriva sur le trône Sulpice I Caius Julius (ou Gaius Julius Sulpicius, 160 à v.210). Il semble qu’au IIIe siècle les souverains de la ville n’eurent plus que le titre de Gouverneur. Entre 211 et 217, l’Empereur Romain Caracalla (198-217) fit d’Émèse une colonie Romaine. La colonie étant le statut le plus élevé en milieu urbain dans l’Empire Romain. Il fut succédé par Antonin Uranius (210 à 235), mais on ne connait pas leur lien de parenté. Lui-même succédé par Sulpice II Lucius Julius Aurelius Sévère Uranius Antonin (ou Sulpicius, 235 à 254) qui à l’origine se nommait Sampsiceramus. Il fut le dernier souverain enregistré de la cité. Plus tard, elle devint la capitale d’une petite province, Phoenicea Libanesia (ou ad Libanum). Après la division de l’Empire Romain en 395 ap.J.C, Émèse fit partie de l’Empire Chrétien Byzantin jusqu’à ce que les forces arabes de Rashidun prennent la cité en Mars 636 et qu’il la rebaptisent Homs.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Maamoun Abdulkarim :
Recherches sur la cité d’Emèse à l’époque romaine, Université de Versailles, 1997.
Warwick Ball :
Rome in the East: The transformation of an Empire, Routledge, New York, 2000.
Karin Bartl et Michel al-Maqdissi :
New prospecting in the Orontes region. First results of archaeological fieldwork, VML Verlag Marie Leidorf, Rahden, Westfalen, 2014.
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia : From the early Bronze Age to the fall of the Persian Empire, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Philip K.Hitti :
History of Syria, including Lebanon and Palestine, Macmillan, Londres, 1951.
Michaela Konrad :
Emesa zwischen klientelreich und provinz : Identität und identitätswandel einer lokalen fürstendynastie im spiegel der archäologischen quellen, VML Verlag Marie Leidorf, Rahden, Westfalen, 2014.
Richard D.Sullivan :
The dynasty of Emesa, pp : 198–219, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt 8, de Gruyter, Berlin, 1977.
Carl Watzinger :
Das Grabmal des Samsigeramos von Emesa, Stoccolma, 1923.

 

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