Autres  royaumes  et  villes :
Ebla
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire
 

Localisation
Religion
Gouvernement
L’histoire
    Premier royaume d’Ebla
    Deuxième royaume d’Ebla
    Troisième royaume d’Ebla
L’archéologie
Bibliographie

Vue d’une partie
du site d’Ebla  

 


 

Statue d’une Reine
ou d’une Déesse – v.1200

Localisation

 
   Ebla (En arabe :  إيبلا) fut une ancienne cité de l’Amourrou. Elle eut aussi le nom de "roche blanche" qui fait référence à l’affleurement de calcaire sur lequel la ville fut construite. Elle se situait sur le site moderne Tell Mardikh (En arabe : tall mardī, تل مرديخ), à environ 55 km. au Sud-ouest d’Alep sur la route de Hama. Elle occupait une position géographique stratégique, à l’entrée d’un col commandant l’accès à la Méditerranée. Ebla fut une importante cité-État au cours de deux périodes, la première à la fin du IIIe millénaire av.J.C, puis la deuxième entre 1850 et 1600 av.J.C. Le site est très célèbre pour les archives d’environ 15.000 tablettes cunéiformes qui y ont été mises au jour, datant d’environ 2250 av.J.C, dont certaines sont rédigées dans la langue Sumérienne et Eblaïte, une langue sémitique inconnue auparavant.
 
   Ebla était une cité fortifiée, elle était entourée de fortes murailles construites avec des blocs de pierre taillés. Elle tirait sa richesse, de ses ressources agricoles comme l’orge et l’huile d’olive, de ses importants troupeaux de moutons, d’où en découlait l’exportation de tissus de laine qu’elle échangeait contre du cuivre et des pierres précieuses comme le lapis-lazuli.

 

Religion

 
   La religion d’Ebla reprit des divinités Sémites connues comme Dagan, Hadad, Ishtar, Kanish, ou moins connues comme Koura et Nidakoul dont on n’a pas retrouvé de trace ailleurs et quelques divinités Sumériennes comme Enki et Ninki. Plus tard on perçoit une influence Hourrite avec le Dieu de la guerre Ashtapi et les Déesses Hapat et Ishara. Giovanni Pettinato, et quelques spécialistes, ont suggéré que dans les tablettes trouvées dans les archives d’Ebla, le nom d’un Dieu El Yah serait à considérer comme un début de preuve d’utilisation du nom divin Yah "Dieu" qui à leur avis, plus tard, deviendra Yahvé (YHWH). Cependant leur théorie est loin de faire l’unanimité.
 
   Ils constatent aussi de nombreux noms de la Genèse dans l’Ancien Testament, qui n’ont pas été trouvé dans les autres langues du Proche-Orient et ont des formes similaires en Eblaïte comme : Un-da-mu / Adam, H’à-wa / Eve, Abarama / Abraham, Ishma-el, Esaü, Mika-el, Mikaya, Saul, David, etc… On y trouve aussi de nombreux sites bibliques, par exemple Ashtaroth, le Sinaï, Jérusalem (Ye-ru-sa-lu-um), Hazor (ou Hatzor ou ou Tell Hazor ou Tell el-Qedah), Lakhish, Gezer (ou Guézer ou Tel Guezer ou Tell el-Jezer), Dor, Megiddo, Joppa, etc… Giovanni Pettinato a également affirmé trouver des références à Sodome et Gomorrhe. Trois versions de l’hymne Eblaïte de la création ont été trouvées.


 

Vue du palais G

 

Gouvernement

 
   La forme de gouvernement de la cité n’est pas bien connue, mais la ville semble avoir été dirigée par une aristocratie marchande qui élit un Roi et confia la défense de la ville à une armée de métier. Les textes ont permis d’identifier quelques souverains, ils nous apprennent que leur fils était souvent des Gouverneurs de cités vassales. Ils portent le titre Sumérien de EN ou Eblaïte de mâliku (La Reine étant la mâliktu). La fonction royale paraît fortement marquée par l’aspect religieux. Un culte funéraire était rendu aux souverains défunts dans la cité de Darib. L’administration du royaume était assurée par des LUGAL, littéralement "Grand homme" dont certains purent jouer un rôle important. Cela signifiait Roi dans d’autres parties de la Mésopotamie, mais à Ebla le titre était utilisé pour celui de Vizir (ou Gouverneur).
 
   Le Vizir Ebrium et le Roi Ibbi-Sipish ont semble-t-il rompu avec la tradition et mis en place une monarchie absolue. L’organisation politique de la ville à leur époque, malgré les textes retrouvés, est encore à aujourd’hui assez mal connue. Quelques spécialistes affirment qu’il s’agissait peut-être d’une communauté de cités qu’Ebla aurait pu dominer compte tenu de son influence politique qui s’étendait bien au-delà de son territoire sur tout le bassin du fleuve Balikh et le triangle du Khābūr (ou Khabour, région du fleuve Khabour). Ce qui est sûr c’est qu’Ebla acquit assez d’importance pour que d’autres cités situées le long de l’Euphrate lui versent un tribut.

 

L’histoire…….

 
   Le site montre des signes d’une occupation continue depuis vers 3500 av.J.C. Le premier niveau d’habitation (Mardikh I qui se termine v.3000) correspond à cette seconde moitié du IVe millénaire, le second niveau (Mardikh II, 3000 à 2000) couvre la majorité du IIIe millénaire, la puissance d’Ebla augmenta et n’atteignit son apogée que dans la seconde moitié du millénaire suivant. Sa croissance fut soutenue par de nombreuses colonies agricoles satellites. Compte tenu de sa situation elle joua aussi un rôle d’entrepôt dans le commerce international, qui commença probablement avec une demande accrue de la laine de la part du pays du Sumer. Pendant la première période entre vers 3000 et 2300, Ebla fut le royaume le plus important parmi les États de la Haute-Syrie, en particulier au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire, qui est connu comme l’âge des archives après les tablettes d’Ebla. La ville est attestée par des textes Akkadiens et par ces 15.000 tablettes en cunéiforme Eblaïte, première forme d’écriture connue des langues Sémites occidentales, qui confirment qu’il s’agissait, vers 2400 d’un royaume prospère, soit avant l’arrivée des Amorrites nomades (Installés vers 2000) dans lesquels on a d’abords vu le premier peuple Sémite de Syrie.
 
                 Premier royaume d’Ebla
 
   La première période, entre 3000 et 2400, est désignée Mardikh IIA. La première partie de cette période est identifiée avec des bâtiments situés sur le versant Sud de l’acropole, dans une zone désignée sous le nom de CC. Le plus important de ces bâtiments qui fut construit, “G2”, fut apparemment un palais royal érigé vers 2700. Il s’agit du plus ancien palais connu en Syrie. Il devait s’étendre sur environ 10.000 m² sur le secteur Nord de la colline et disposer d’au moins un étage. La période suivante est désignée Mardikh IIB1. Elle dura de 2400 à 2300. Sa fin est connue comme la “première destruction“, principalement du palais (G2) et d’une grande partie de l’acropole. À cette époque Ebla eut une politique militaire de domination sur les autres cités du Nord et de l’Est de la Syrie, qui sont mentionnées dans les tablettes. La plupart des sceaux, qui datent de cette période, portent sur des questions économiques, mais ils comprennent aussi des lettres royales et documents diplomatiques.

 
   Le premier Roi dont le nom est connu est, Sakume (v.3100). La grande majorité des spécialistes situent son règne autour de 3100. Lui suivit une série de 25 Rois, dont on ne sait pas grand-chose, voire rien et dont les dates de règnes sont très controversées, pour arriver à un plus documenté, Kun-Damu (v.2410 ou v.2405 ou v.2400). Son règne marqua la fin d’une longue guerre avec la cité de Mari qui fut prise par Ebla.
 
   Par la suite, on suppose que le pouvoir d’Ebla diminua car comme le précisent Hartmut Kühne, Rainer Maria Czichon et Florian Janoscha Kreppner, pendant le règne de son fils, le Roi suivant, Igrish-Halam (ou Igris-Halam, v.2400 ou v.2380 ou v.2370), ce fut lui qui rendit hommage à Mari. Un Adub-Damu est quelques fois mentionné entre les deux avec un règne très court ?. Selon certains textes, Igrish-Halam, n’aurait régné que 12 ans, mais quelques spécialistes lui donnent un règne de sept ans. Certains historiens le positionnent plus loin dans la chronologie. On sait qu’il fut assisté de deux Vizir (ou Lugal ou Gouverneur, sorte de Premier Ministre, un peu comme en Égypte) : Darmia (ou Darmiya) et Tir qui occupaient une position privilégiée et qui exercèrent aussi sous le Roi suivant. Ils renforcèrent la puissance de la cité. Igrish-Halam épousa Kesdut qui lui donna un fils qui lui succéda.
 
   Irkab-Damu (v.2355 ou v.2340), lorsqu’il prit le pouvoir se trouva dans la situation où sa ville devait rendre hommage à la cité de Mari. Une lettre du Roi Enna-Dagan (v.2350) de Mari a été découverte à Ebla. Elle avait été envoyée par le monarque pour affirmer l’autorité de sa ville, car elle contenait un récit historique de victoires remportées par ses prédécesseurs sur Ebla. Irkab-Damu n’excepta pas longtemps cette soumission. Il lança une contre-offensive victorieuse contre Mari et se libéra de cette domination. Ebla récupéra son hégémonie et redevint prospère. Selon Amanda H.Podany il refit de la ville la puissance dominante du Levant. Il élargit les frontières et contrôla une zone d’environ la moitié de la taille de la Syrie moderne, dont une grande partie était sous le contrôle direct du Roi et administrée par des Gouverneurs, tandis que le reste se composait de royaumes vassaux rendant hommage et fournissant une assistance militaire à Ebla. Il soumit aussi Emar (Aujourd’hui Maskanah en Syrie du Nord, située sur un grand virage au milieu de l’Euphrate).
 
   Au cours de son règne, le Vizir commença à acquérir un rôle important dans la gestion des affaires de l’État et de l’armée. Selon Douglas Frayne, le Vizir Tir fut succédé par Ar-Ennum (ou Reshi-Ennum ou Arrukum) qui garda son bureau pendant cinq ans, et qui eut son fils Ruzi-Malik qui se maria avec la Princesse Iti-Mut, la fille du Roi. Mario Liverani et Joan Aruz, nous précisent que le règne d’Irkab-Damu est également connu pour les larges relations diplomatiques qu’il entretint avec les royaumes environnants. La cité avait semble-t-il de bonnes relations avec la Mésopotamie où des comptoirs commerciaux furent ouvert dans toutes les grandes villes. Au début de son règne, Irkab-Damu conclut un traité de paix et de commerce avec Abarsal (Probablement située à l’Est d’Ebla le long de l’Euphrate). C’est l’un des premiers traités enregistrés dans l’histoire.
 


 

Une des tablettes de la bibliothèque d’Ebla –
Traité économique

   Une tablette d’argile, trouvée dans les archives d’Ebla, porte un message diplomatique envoyé par Irkab-Damu au Roi Zizi d’Hamazi (ou Khamazi, royaume situé vraisemblablement dans les montagnes du Zagros occidental, dans l’Ouest de l’Iran actuel), avec une grande quantité de bois, le saluant comme un frère et lui demandant d’envoyer des mercenaires en échange. Les textes d’Ebla mentionnent beaucoup Kish et Ourouk ainsi que l’Égypte des IVe et VIe dynastie, et des cadeaux, envoyés par les Rois Khafrê (ou Khéphren, 2518-2492) et Pépi I (2289-2255), ont été retrouvés dans les vestiges du palais indiquant les relations de grande envergure d’Ebla.
 
  Une grande majorité de spécialistes, dont Alfonso Archi et Maria Giovanna Biga, lui donnent un règne de 11 ans. Anne Porter nous dit qu’il épousa au-cours de la 5e année de son règne, Dusigu (ou Dousigou). Les deux dernières années du règne d’Irkab-Damu virent une augmentation importante du pourvoir du Vizir (ou Lugal) Ebrium (ou Ibrium), qui avait succédé à son père Ar-Ennum (ou Reshi-Ennum ou Arrukum). Il fit campagne pour le Roi contre Abarsal et devint l’homme le plus important au début du règne du fils et successeur d’Irkab-Damu.
 
   Ishar-Damu (ou Išar-Dâmu ou Ishardamu ou Ish’ar-Damu ou Iskar-Damu, v.2340 à v.2300) monta sur le trône. Cette succession fut contestée par quelques spécialistes qui faisaient suivre directement un personnage au nom de Ar-Ennum (ou Reshi-Ennum ou Arrukum), mais on sait aujourd’hui que ce dernier était le père Ebrium (ou Ibrium) et qu’il exerçait comme Vizir (ou Lugal). Ishar-Damu serait contemporain de Sargon d’Akkad (ou Sargon l’Ancien, 2334-2279) et du Roi d’Égypte, Pépi I (2289-2255). Certains spécialistes comme Alfonso Archi et Maria Giovanna Bigalui lui donnent un règne de 35 ans. Sous son règne le Vizir (ou Lugal) devint le gérant des affaires administratives de la cité et Ebla atteignit l’apogée de sa puissance économique et politique. On sait qu’à ce poste après Ebrium (ou Ibrium), qui garda la fonction près de 20 ans, lui succéda son fils Ibbi-Sipish (ou Ippi-Sipish ou Ibbi-Zikir) pendant 17 ans, établissant ainsi une dynastie parallèle de Vizirs (ou Lugal) après la famille royale. Grâce à lui, l’influence d’Ishar-Damu s’étendit sur la Haute-Mésopotamie, comme à Kish, où il se rendit.
 
   Ibbi-Sipish mena pour le Roi une campagne militaire dans sa troisième année de mandat contre une ville appelée Bagara et il lança également plusieurs attaques sur Armi (Cité dans le Nord de la Syrie, que beaucoup de spécialistes identifient à Alep) avec qui il conclut un traité et qui lui donna en hommage des textiles de lin. Il fit également campagne contre la ville d’Ibal dans le Sud (Près de Qatna). Grâce à lui le Roi entretint de bonnes relations commerciales et cordiales avec la puissante cité de Nagar (ou Tell Brak), dans le Nord de la Mésopotamie. Le souverain donna même en mariage sa fille, Tagrish-Damu, au fils du Roi de Nagar. Il est aussi connu d’une tablette que dans la 32e année du règne d’Ishar-Damu, Ibbi-Sipish passa une alliance avec Nagar et Kish pour vaincre le Roi de Mari, Hida’ar (v.2330), dans une bataille près de Terqa. Ensuite l’alliance attaqua et occupa Armi, laissant le fils d’Ibbi-Sipish, Enzi-Malik en tant que Gouverneur. Au cours du règne, Ishar-Damu et Ibbi-Sipish, durent faire face à une révolte interne, peut-être contre le nouveau concept de la monarchie absolue. Cela conduisit à l’affaiblissement de la ville. Malgré cette coalition, Ebla subit sa première attaque, causée par la montée en puissance de Sargon d’Akkad (2334-2279), ce qui pour certains spécialistes empêcha Dubuhu-Ada un autre fils et héritier désigné d’Ibbi-Sipish d’hériter du bureau de son père. Pour d’autres Dubuhu-Ada lui succéda comme Vizir (ou Lugal).
 
    Ce qui est sûr c’est que la destruction d’Ebla arriva peu de temps après. En effet, vers 2300, la date exacte est encore très controversée, le Roi d’Akkad battit la coalition et Ebla fut dévastée. Un texte Akkadien connu sous le nom : "D’épopée de la bataille du Roi” ou "Combat du Roi", relate ces événements, le texte raconte :

"Il s’élança vers les montagnes claires et la forêt de cèdres" (Liban)…… Sargon, Roi de Kish, remporta trente-quatre batailles, il détruisit les fortifications jusqu’au rivage…… Sargon se prosterna en prières à Tuttul, devant le Dieu Dagan, qui lui donna tout le Pays Supérieur, les royaumes de Mari, Yarmuti et Ebla jusqu’à la forêt des cèdres et aux montagnes de l’argent (le mont Amanus)…..

 Selon Herzl Gordon, Gary Rendsburg et Nathan H.Winter, après la destruction d’Ebla un Prince aurait pu monter sur le trône pour un très court règne, Ir’ak-Damu (v.2300). Pendant la reconstruction de la ville il aurait choisi Armanum comme nouvelle capitale, qui prit sa succession politique.
 


 

Tablette d’argile portant sur le traité
politico-commercial entre Ebla
et Abarsal – Musée d’Idlib

   Cette première destruction d’Ebla amène beaucoup de polémiques. Le palais (G2) fut brûlé ce qui provoqua la cuisson des tablettes d’argile des archives royales et les préserva. De nombreuses théories ont été proposées pour la cause, la date et l’auteur :
● Une première hypothèse est celle (retenue ici) de deux destructions par les Rois d’Akkad, Sargon (2334-2279) et Naram-Sin (ou Naram-Sîn, 2255-2218), qui ont affirmé tous deux avoir détruit une ville appelée Ebla. Le découvreur de la cité, Paolo Matthiae considère Sargon plus probable, et son avis est repris par Trevor Bryce. Naram-Sin, était le petit-neveu de Sargon d’Akkad, il conduisit une expédition militaire en Syrie du Nord pour détruire la cité-État d’Armanum et Ebla. Dans le texte Akkadien qui relate la destruction des deux villes, Naram-Sin cite le nom du Roi d’Armanum, et non celui d’Ebla, il est donc fort probable qu’à l’époque, il n’y avait plus de Roi à Ebla, la ville n’étant pas encore reconstruite, et l’Akkadien n’aurait fait que mettre la main sur les territoires sous l’influence d’Ebla auparavant.
● Giovanni Pettinato soutient une destruction autour de 2500, mais il admet que l’événement aurait pu se produire vers 2450 ou vers 2340, par le Roi Mésopotamien, E-Anna-Tum (v.2455-v.2425) de Lagash, qui se vanta de prendre tribut de Mari, ou encore par Lougal-Zaggesi (v.2340-2316) d’Oumma, qui prétendit avoir atteint la Méditerranée ?.
● D’autres chercheurs comme Amanda Podany et Mario Liverani, avancent l’idée intéressante d’une vengeance de la ville de Mari. La destruction se serait passée trois ans après la bataille de Terqa et aurait donc été faite par la cité en représailles à sa défaite humiliante. Alfonso Archi considèrent qu’un personnage au nom de Isqi de Mari aurait détruit Ebla avant de monter sur le trône de sa ville ?.
● Enfin la dernière hypothèse proposée est celle d’une catastrophe naturelle. Michael Astour suggère qu’une catastrophe naturelle causa l’incendie qui termina la période des archives et que la destruction fut limitée à la zone du palais royal car il n’y a aucune preuve convaincante d’un pillage. Il date le feu de bers 2290 (Moyenne Chronologie).
 
                 Deuxième royaume d’Ebla
 
   Passé cette période nous n’avons que très peu de connaissance de l’histoire de la cité. Un second royaume est désigné Mardikh IIB2. Il dura jusqu’à la seconde destruction, entre 2050 et 1950, là encore les dates sont très contestées. Les Akkadiens descendants de Sargon et Naram-Sin envahirent les frontières Nord d’Ebla. Toutefois, selon Cyrus Herzl Gordon et Gary Rendsburg, ces zones ne furent pas rattachées à Akkad et le royaume resta indépendant. Une nouvelle dynastie locale gouverna donc sur Ebla (Mais on ne connait pas la date exacte). Elle maintint les traditions du premier royaume, y compris son style architectural, la religion et le caractère sacré de l’acropole. La transition de la période d’archivage est marquée que par la destruction du palais G. Un nouveau palais royal fut construit dans la partie Nord de la ville basse, le palais P5, et un nouveau temple qui fut érigé dans la même zone (désigné D) de l’ancien temple de l’acropole.
 
   On connaît peu de chose sur ce deuxième royaume car aucun sceau n’a été découvert et une seule inscription, qui date presque de la fin de la période, nous est parvenue. À partir de 2200 Ebla tourna le dos à la Mésopotamie et commerça avec la méditerranée, notamment Chypre et les Minoens de Crête. Au cours des siècles suivants, la ville fut en mesure de retrouver une certaine importance économique dans la région, mais n’atteignit jamais son ancienne gloire. Ce royaume est toutefois attesté par des sources contemporaines. Nous avons une inscription du Roi Goudéa (2142-2122) de Lagash. Celui-ci demandait à Ebla de lui fournir du bois de cèdre pour la ville d’Urshu (ou Warsuwa ou Urshum, cité-État dans le Sud de la Turquie, probablement située sur la rive Ouest de l’Euphrate, au Nord de Karkemish). Un texte, qui date de la septième année d’Amar-Sin (ou Amar-Su’en ou Amar-Sîn, 2046-2038), Roi de la IIIe dynastie d’Ur, mentionne un messager de l’ENSI (En Sumérien titre désignant le Roi ou le Prince Gouverneur d’une cité-État) d’Ebla, au nom de Megum, montrant que les royaumes étaient en contact. Dans un premier temps les spécialistes pensèrent que ce Megum régna sur Ebla, mais aujourd’hui on pense plutôt qu’il s’agissait d’un titre et non d’un nom de personne.


 

Statue d’une
Déesse d’Ebla

 
   Ce second royaume se désintégra vers la fin du XXIe siècle et prit fin avec une nouvelle destruction de la ville par le feu. La raison de la destruction n’est pas connue, et selon Michael Astour et William James Hamblin, elle fut peut être le résultat d’une invasion Hourrite vers 2030, dirigée par Ikinkalis, une ancienne cité vassal d’Ebla. La destruction d’Ebla est mentionnée dans un fragment de texte épique Hourro-hittite, découvert en 1983. Dans l’épopée un ensemble Eblaïte, dirigé par un homme appelé Zazalla, dont on ne connait pas le rang, empêcha le Roi Meki de miséricorde envers des prisonniers de son ancienne ville vassal d’Ikinkalis, provoquant la colère du Dieu Teshub qui lui ordonna de détruire la ville.

 
                 Troisième royaume d’Ebla
 
   Après la chute de l’Empire d’Akkad et la renaissance Sumérienne (2142-2004) la cité tomba sous le coup de divers États Amorrites mais réussit à récupérer une partie de son importance jusqu’à connaître une nouvelle apogée de 1850 à 1600. Le troisième royaume est désigné : Mardikh III. Il est divisé en périodes : A de 2000 à 1800 et B de 1800 à 1600. En période A le royaume fut dominé par les Amorrites et Ebla fut rapidement reconstruite sur ce qui restait de Mardikh II. Des nouvelles fortifications furent érigées en deux cercles, l’un pour la ville basse et l’autre pour l’acropole et de nouveaux palais et des temples furent construits. La ville était aménagée sur des lignes régulières et les grands bâtiments publics furent construits sur l’acropole, y compris le palais royal E. Elle fut dirigée par des ENSI (En Sumérien titre désignant le Roi ou le Prince Gouverneur d’une cité-État), souvent avec des noms Amorrites.
 
   Le troisième souverain de cette nouvelle période est identifié, Ibbit-Lim (v. 2000), qui se décrivait comme le Mekim d’Ebla. Il est représenté dans un buste de basalte fragmentaire trouvé en 1968, situé aujourd’hui au Musée d’Alep. Le buste aida à identifier le site de Tell-Mardikh à l’ancien royaume Ebla. La statue votive porte une inscription cunéiforme d’Ibbit-Lim pour Ishtar. Les noms du Roi et de son père, Igrish-Heba, qui n’est pas connu pour avoir été Roi, sont Amoréens. Selon Giovanni Pettinato, il est donc probable que les habitants de ce troisième royaume d’Ebla étaient principalement Amorrites, comme la plupart des habitants de la Syrie à l’époque. Les sources sont divisées quant à savoir si ce Roi était bien d’Ebla ou de Mari ?. Une suggestion raisonnable, est qu’il statua sur Ebla en tant que Roi de Mari à un moment de la domination de cette ville, plaçant ainsi Ebla sous le contrôle de Mari. Toutefois, un Roi de la dynastie des Shakkanakku, du nom d’Hittal-Erra, est identifié à cette même période à Mari ?. Dans tous les cas, l’inscription, correspondant à la période du Bronze Moyen Niveau I a été identifiée contemporaine avec la fin de la IIIe dynastie d’Ur, vers 2000.
 


 

Autre vue du site

   Au début du XVIIIe siècle, Hammourabi (1792-1750), VIe Roi de la Ière dynastie Amorrites de Babylone, au début de son règne, s’empara de la ville et la dévasta. La Syrie et la Palestine comptèrent alors plusieurs royaumes Amorrites, dont Byblos et Ougarit, le plus étendu, le Yamkhad et sa capitale Alep, allait du Taurus à l’Euphrate et ses Rois gouvernaient par l’intermédiaire de vassaux tel que le Roi d’Alalah (ou Alalakh). Ebla devint un vassal du Yamkhad et elle garda ce statut jusqu’à la fin du troisième royaume. Un des dirigeants connus de la cité pendant cette période fut Immeya (v.1750), qui reçut des cadeaux du Roi Égyptien, Sehotepibrê III (Roi de la XIIIe dynastie, 1783-1781), indiquant les relations larges et l’importance d’Ebla. La cité est également mentionnée dans des textes de la ville d’Alalah. Il y est indiqué qu’une Princesse Eblaïte épousa un fils d’Ammitakum (ou Ammitaqu, XVIIe siècle), le souverain de ce royaume.
 
   Vers 1600, Ebla et le Yamkhad furent détruits par le Roi Hittite Moursil I (ou Mursili ou Mursilis ou Muršili, v.1620-v.1590). À cette époque Ebla était gouvernée par Indilimgur (v.1600) qui, selon Horst Klengel, fut sûrement le dernier Roi de la ville. Un sceau de son Prince héritier, Maratewari a été mis au jour dans le palais Ouest Q. Ebla ne se releva jamais de cette énième destruction. Elle passa ensuite sous l’influence des Hourrites et du Mitanni, pour retomber de nouveau, vers 1350, sous l’emprise des Hittites grâce à leur Roi Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1355-1322). La ville continua d’exister sous la forme d’un petit village jusqu’au VIIe siècle de notre ère, puis fut abandonnée et oubliée jusqu’à sa redécouverte archéologique en 1968.

  


 

Autre vue du Palais G

Le site archéologique

 
   Le site se présente sous la forme d’un tell ovale de 60 ha. En 1964, des archéologues Italiens de l’Université La Sapienza, de Rome, sous la direction de Paolo Matthiae ont commencé des travaux d’excavation au Tell Mardikh. En 1968, ils récupèrent une statue dédiée à la Déesse Ishtar, portant le nom d’Ibbit-Lim, un Roi d’Ebla de la deuxième période. Cette découverte à permis d’identifier le site de la ville, que l’on connaissait depuis longtemps par des inscriptions en Égyptien et en Akkadien.
 
   Au cours de la décennie suivante, l’équipe mit au jour un palais datant de vers 2400 av.J.C qui fut appelé, palais G. Il serait contemporain du premier palais de la cité de Mari. Les fouilles ont révélé la structure de ce dernier, il possédait : À l’Est, un escalier monumental qui donnait accès aux quartiers résidentiels et à la salle des archives (ou bibliothèque). Une grande cour pour les audiences et une importante place rectangulaire bordée de portiques. Sous celui situé au Nord, on pense qu’il devait se trouver un podium destiné au trône.
 
   À l’Ouest, avait été construit des magasins qui sont aujourd’hui complètement détruits. Dans le palais, furent mis au jour dans les ruines, 15.000 tablettes cunéiformes qui y étaient conservées, dont 2.000 quasiment intactes. Environ 80% des tablettes sont écrites en Sumérien, les autres dans une langue Sémitique jusque-là inconnues qui a été appelée Eblaïte. Giovanni Pettinato pense que l’Eblaïte est une langue Sémitique de l’Ouest, toutefois Ignace J.Gelb et d’autres, l’attribuent comme un dialecte Sémitique de l’Est, plus proche de la langue Akkadienne.


 

Ruines de la porte de Damas et des
murs de fortification d’Ebla

 
   Ebla avait des liens étroits avec le Sud de la Mésopotamie où ce style d’écriture a aussi été trouvé, ce qui met en lumière les liens entre les Sumériens et les cultures Sémitiques à l’époque. Quelques spécialistes pensent aujourd’hui que le bâtiment où furent trouvées les tablettes, n’était pas qu’un palais mais aussi la bibliothèque. L’emplacement où ont été découvertes les tablettes et sa reconstruction, elles étaient placées sur des étagères en bois, a permis de les remettre dans leur position d’origine.
 
   Il est vite apparu qu’elles étaient initialement rangées par thème : Archives d’hommages, documents diplomatiques ou de droit, traités entre Ebla et d’autres villes de la région, actes de vente, accords commerciaux, dictionnaires, manuels scolaires etc… Les tablettes nous renseignent ainsi sur l’administration et la vie économique, la population et l’organisation sociale et sur la religion. Les spécialistes ont notamment découvert que la cité possédait un troupeau de 200.000 têtes de vaches, moutons et chèvres, qu’il se pratiquait aussi un artisanat très actif et que les cérémonies religieuses étaient calquées sur celles des Sumériens.
 
   À l’intérieur de l’enceinte en pierre de la ville, presque en son centre, les archéologues ont aussi mis au jour une acropole, construite en brique crue, qui domine la ville basse. Elle regroupe deux temples dans la ville basse, un grand temple sur le rebord Ouest et le palais royal. Les archéologues ont aussi découvert : De nombreux objets en bois ornés d’or et lapis-lazuli, des vases en diorite, des bas-reliefs en calcaire et des sculptures en stéatite, des meubles en bois incrustés de nacre et différentes pierres de couleur. Le style artistique à Ebla a influencé la qualité du travail dans l’Empire Akkadien.

 

Différentes vues du site

 

Bibliographie


 

   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Mildred Freed Alberg et Fred Warshofsky :
The royal archives of Ebla, WMUL, PTV Publications, Kent, Ohio, 1980.
Alfonso Archi et Maria Giovanna Biga :
A victory over Mari and the fall of Ebla, pp : 1-44, Journal of Cuneiform Studies 55, 2003.
Joan Aruz et Ronald Wallenfels :
Art of the first cities : The third millennium B.C. from the Mediterranean to the Indus, Metropolitan Museum of Art, New Haven Yale University Press, New York, Janvier 2003.
Chaim Bermant et Michael Weitzman :
Ebla : A revelation in archeology, Times Books, New York, 1979.
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia : From the early Bronze Age to the fall of the Persian Empire, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Amalia Catagnoti :
Ebla, pp : 227-239, A History of Ancient Near Eastern Law 1, E.J. Brill, Leyde,‎ 2003.
Jean Marie Durand :
Mari, Ebla, et les Hourrites : Dix ans de travaux, Editions Recherche sur les civilisations, Paris, 1996.
Samuel Edward Finer :
The history of government from the earliest times, Volume I : Ancient monarchies and empires, Oxford University Press, Oxford, 2003.
Douglas Frayne :
Presargonic period, 2700-2350 BC, University of Toronto Press, Toronto, Buffalo, 2008.
Pelio Fronzaroli :
Semitic and Assyriological studies : Presented to Pelio Fronzaroli by pupils and colleagues, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2003.
Ignace J.Gelb :
The inscription of Jibbiṭ-Lîm, King of Ebla, Finnish Oriental Society, Helsinki, 1984.
Herzl Gordon, Gary Rendsburg et Nathan H.Winter :
Essays on the Ebla archives and Eblaïte langage, Publications of the Center for Ebla Research at New York University / Eisenbrauns, 4 vols, Eblaitica, 1987, 1990, 1992 et 2002.
William James Hamblin :
Warfare in the ancient Near East to 1600 BC : Holy warriors at the dawn of history, Routledge, London, New York, 2006.
Horst Klengel :
Syria, 3000 to 300 B.C. : A handbook of political history, Akademie Verlag, Berlin, 1992.
Hartmut Kühne, Rainer Maria Czichon et Florian Janoscha Kreppner :
Art History : Visual Communication (4 ICAANE), Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2008.
Mario Liverani et Soraia Tabatabai :
The ancient near east : History, society and economy, Routledge/Taylor & Francis Group, London, New York, 2014.
Pietro Mander :
Les Dieux et le culte à Ebla, pp : 1-160, Mythologie et religion des sémites occidentaux I. Ébla, Mari, Peeters, Louvain,2008.
Paolo Matthiae et Françoise Liffran :
Aux origines de la Syrie : Ebla retrouvée, Gallimard, Paris, 1996.
Paolo Matthiae :
Ebla à l’époque d’Akkad : Archéologie et histoire, Éditions Klinksieck, Paris, 1976.
Ebla : An Empire rediscovered, Doubleday, Garden City, New York, 1980, 1981.
The royal archives of Ebla, Skira, 2008.
Ebla : La città del trono : Archeologia e storia, G. Einaudi, Turin, 2010.
Paolo Matthiae et Nicolò Marchetti :
Ebla and its landscape : Early state formation in the ancient near east, Left Coast Press, Inc., Walnut Creek, 2013.
Jean Mollard :
Le rayonnement d’Ebla sur l’aire syro-mésopotamienne au IIIe millénaire avant J-C, Université de Montréal, 1990.
Giovanni Pettinato :
The archives of Ebla : An empire inscribed in Clay, Doubleday, 1981.
Ebla, a new look at history, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1991.
Amanda H.Podany :
Brotherhood of kings : How international relations shaped the ancient near east, Oxford University Press, Oxford, New York, 2010.
Francesco Pomponio et Paolo Xella :
Les Dieux d’Ebla : Étude analytique des divinités Eblaïtes l’époque des archives royales du IIIe millénaire, Ugarit, Münster, 1997.
Gabriela Scandone-Matthiae :
Ebla et l’Égypte a l’ancien et au Moyen Empire, Direction générale des antiquités et des musées, v.29-30, Damas, 1979-1980.
Inscriptions royales Égyptiennes de l’Ancien-Empire à Ebla, Dietrich Reimer Verlag, Berlin, 1982.
Margreet L.Steiner et Ann E.Killebrew :
The Oxford handbook of the archaeology of the Levant : c. 8000-332 BCE, Oxford University Press, Oxford, 2014.

 

Copyright © Antikforever.com