Autres royaumes et villes :
L’Épire

 

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Sommaire

 
Localisation et généralités
La population
L’histoire
Bibliographie

Buste de Pyrrhos I –
Glyptothèque Ny Carlsberg
– Copenhague

 

Localisation et généralités

 
   L’Épire (ou Ípiros ou Epīrus ou Apeiros, en Attique : Ήπειρος en Grec : ‘Aπειρος "Continent") fut un royaume au Nord-Ouest de la Grèce, dans l’Ouest des Balkans, habité primitivement par les Hellènes. Il était partagé entre l’Albanie d’aujourd’hui et la Grèce. La patrie des anciens Épirotes était bordée à l’Ouest par la mer Ionienne, au Nord par la Macédoine et des tribus Illyriennes, à l’Est toujours par la Macédoine et la Thessalie et au Sud par la Ligue Étolienne. L’Épire antique fut une région montagneuse au climat très rude correspondant en fait au versant occidental de la chaîne du Pinde (ou Pindus) jusqu’à la mer Ionienne, entre le golfe d’Ambracie (ou Ambrǎcǐa l’actuelle Arta) au Sud et les monts Acrocérauniens (ou Acrǒcěrauniǎ) au Nord.
 
   À l’époque antique elle n’était pas considérée comme faisant partie de la Grèce, bien que la population y fût de race Hellénique, mais avec une forte influence Illyrienne. Elle passait pour peuplée de Barbares. À la frontière du monde Grec elle fut presque toujours en conflit avec les Illyriens au Nord. Ses habitants parlaient un dialecte Grec du Nord-Ouest, proche du dialecte Dorien.
 
   Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395). C’est en Épire que l’Odyssée place l’oracle des morts, au-delà du monde des vivants, dans la vallée de l’Achéron, dont le nom correspond à celui du fleuve des Enfers.
 
   L’hellénisation se fit grâce à la famille royale des Molosses, puis gagna progressivement la population. Les Molosses prétendaient se rattacher, par Néoptolème I (370-360), à Achille. Pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), l’Épire fut l’alliée d’Athènes, mais ce ne fut qu’au IIIe siècle qu’elle prit de l’importance parmi les États Grecs. Les Molosses constituèrent un puissant royaume qui dura jusqu’à 235/4 et que le Roi Pyrrhos I (307-272) porta à son apogée.

 

 


 

Les thermes Romaines de Nicopolis
Photo avant retouches :wikipedia.org

La population

 
   Dès le IIe millénaire de nombreuses colonies Grecques s’installèrent sur la côte d’Épire et furent le foyer d’une civilisation. Le célèbre oracle de Zeus à Dodone y était situé. Les Corinthiens y fondèrent des colonies à Corfou, (La Corcyre antique) et à Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta). Quatorze tribus (ou ethnè) se partageaient le territoire Épirote, les plus importantes furent :
 
Les Dolopes (En Grec : Δόλοψ), qui étaient une tribu Thrace d’origine, qui vivaient Sud-ouest de la Thessalie, au pied du Pinde (ou Pindus), non loin de l’Étolie, dans une contrée montagneuse appelée Dolopie, dans les terres du cours supérieur de la rivière Achéloos. Selon l’Iliade, les Dolopes installés sur les frontières de Phthia prirent part à la guerre de Troie sous la conduite de leur Roi Phénix, vassal du Roi Pélée. Les Dolopes restèrent vassaux des Thessaliens mais furent membres du Conseil des Amphictyons et furent les alliés des Perses en 480 lors de l’invasion de Xerxès I (486-465). En 420, ils menèrent une guerre à la ville d’Héraclée de Trachis dans le dème de Trachis et furent également alliés de La Ligue de Corinthe sous le Roi de Macédoine Philippe II (359-336). Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), les Dolopes de l’île de Skyros étaient des pirates.
 
Les Chaones (ou Chaoniens ou Chaonides ou Chāǒnis, en Grec : Χάονες, en Latin : Chāǒnes ou Chāǒnum) qui habitaient la côte entre les monts Cérauniens au Nord et la rivière Thyamis (ou Thiamis, aujourd’hui Kâlâma) au Sud, autour de deux bassins, celui du Drinos, dominé par Antigoneia et celui de la Bistrica, autour de Phoiniké (ou Phœnicè). Ils avaient pour voisins les Molosses et les Thesprôtes. Selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), les Chaones et les Molosses furent les plus célèbres des quatorze tribus de l’Épire, car, pendant un temps, ils gouvernèrent toute la région. Les Illyriens et les Chaones semblent avoir eu une relation de confrontation. Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) raconte une attaque dévastatrice en 230 av.J.C. menée par les Illyriens contre Phoiniké (ou Phœnicè), la cité principale des Chaones. L’incident eut d’importantes conséquences politiques. Beaucoup de commerçants Italiens qui se trouvaient dans la ville à l’époque de la mise-à-sac, furent assassinés ou emmenés comme esclaves par les Illyriens, ce qui incita Rome à s’engager dans la première des deux Guerres d’Illyriennes l’année suivante.
 
Les Thesprôtes (ou Thesprōtoi, en Grec : Θεσπροτοί, en Latin : Thesprōti ou Tesprōrum), qui peuplaient la Thesprôtie (ou Thesprotia ou Thesprotis), la zone côtière Sud-ouest de l’Épire, depuis la Cestriné au Nord de la vallée de la Thyamis (ou Thiamis, aujourd’hui Kâlâma), jusqu’à celle de l’Achéon, entre les monts Pinde (ou Pindus) et la mer Ionienne. Sur leur frontière Nord, ils avaient les Chaones (ou Chaoniens) et les Molosses. Les Thesprôtes firent partie de la Ligue de l’Épire jusqu’à ce qu’ils fussent annexés dans l’Empire Romain. Selon la légende, la nation tira son nom d’un chef Pélasge, premier Gouverneur de Thesprotos, qui construisit Kichyros (ou Cichorus ou Kichyro), qui plus tard fut appelée Éphyre (ou Ephyra), la capitale de Thesprôtie. Le poète Homère mentionne souvent Thesprotia qui avait des relations amicales avec l’Ithaque et et Céphalonie (ou Kéfallonia).
 
Les Molosses (ou Mǒlosses ou Molosos ou Molossoi, en Grec : Μολοσσοί, en Latin : Molossi ou Molōrum), localisés à l’intérieur des terres, autour du bassin de Ionina, de la ville de Passaron et du sanctuaire de Dodone arraché aux Thesprôtes au Ve siècle av.J.C. Ils étaient gouvernés par la dynastie Éacide. Le poète Homère mentionne souvent qu’il avait des relations amicales avec l’Ithaque et Céphalonie (ou Kéfallonia). Ils prétendaient descendre de Molossos, un des trois fils de Néoptolème (Le fils d’Achille et de Deidameia) et d’Andromaque. Olympias, la mère d’Alexandre le Grand (336-323), fut une Princesse Molosse. Le plus célèbre membre de la dynastie Molosse fut Pyrrhos I (ou Pyrrhus, 307-302 et 297-272). Les Molosses furent également réputés pour leurs chiens de combat que les bergers utilisaient pour garder leurs troupeaux, comme l’atteste Virgile dans ses Géorgiques. Le plus célèbre de ces chiens fut Péritas, celui d’Alexandre. Parmi ces différents "États" et tribus les Molosses prévalurent au VIe siècle av.J.C et formèrent une confédération.

 

L’histoire …….

 
   L’Épire fut occupée depuis au moins le néolithique par des peuplades installées le long de la côte qui vivaient de la mer et par des chasseurs et des bergers à l’intérieur des terres qui apportèrent avec eux la langue Grecque. Ces peuples enterraient leurs dirigeants dans des grands tumulus contenant des tombes à fosse, semblable aux tombeaux Mycéniens, indiquant un lien ancestral entre l’Épire et la civilisation Mycénienne. Un certain nombre de vestiges Mycéniens ont d’ailleurs été mis au jour en Épire, en particulier sur les sites religieux, comme à Dodone. Les Doriens envahirent la Grèce, l’Épire et la Macédoine à la fin du IIe millénaire (vers 1100-1000), mais les raisons de leur migration sont encore obscures. Les habitants de la région furent chassés vers le Sud, en Grèce continentale, par cette invasion et au début du Ier millénaire trois principaux groupes de tribus, parlant le Grec, émergèrent en Épire parmi les autres. Ce fut les Chaones au Nord, les Molosses dans les terres et les Thesprôtes au Sud-ouest qui allaient se partager le pays.
 
   Les informations sur cette période, jusqu’au milieu du VIIIe siècle av.J.C son rares. On sait que lors de cette époque Dodone devint la cité religieuse du domaine des Thesprôtes. À peu près à la même époque, certainement autour 700, furent fondées quelques colonies dans la bouche de l’Achéron : Pandosia, Elaea, Bouchetion et Elatreia. Ainsi, le Sud de l’Épire, et en particulier les Thesprôtes, entra en contact plus étroit avec les Grecs. Après 650 fut créée à l’embouchure de l’Arachthos (ou Arahthos ou Árakhthos) la colonie Corinthienne d’Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta), située dans une boucle du fleuve. Ce fut l’endroit d’Épire le plus important pour le commerce avec les Grecs. Chacune de ces trois tribus fut à son tour divisée en plusieurs sous-tribus. Puis elles formèrent une association, tout en restant autonome, dans laquelle il n’y avait pas de relations politiques étroites. Le pouvoir était aux mains d’assemblées tribales, sauf les Molosses qui avaient des Rois qui avaient le commandement de l’armée.
 
   L’origine ethnique des tribus d’Épire est incertaine. D’une part, on note des similitudes dans leur organisation sociale et leurs culture matérielle avec leurs voisins Illyriens du Nord. D’autre part les mythes et légendes d’Épire furent apportés par les Grecs. Néanmoins, les Épirotes ne furent pas considérés par les Grecs comme leur égaux. Ils n’étaient pas, par exemple, autorisés à participer aux Jeux olympiques. À ce moment les Chaones étaient la première puissance parmi les Épirotes. À la fin du 5ème siècle, les Molosses envahirent les territoires au niveau d’Hellopia. Ils prirent aussi pris le contrôle de l’oracle de Dodone, qui jusque-là appartenait aux Thesprôtes. La dynastie des Rois Éacides (Fils ou descendants d’Éaque, fils de Zeus et Roi d’Égine) de ce peuple Molosses fonda alors un puissant royaume en regroupant sous leur coupe les Chaones et les Thesprôtes. Les Molosses prétendaient descendre de Molossos, un des trois fils de Néoptolème (Le fils d’Achille et de Deidameia) et d’Andromaque. Selon la mythologie Grecque, après la chute de Troie, Néoptolème et ses armées s’établirent en Épire où ils se mêlèrent à la population Dorienne locale et repoussèrent les tribus barbares vers le Nord. Molossos hérita du royaume d’Épire à la mort d’Hélénos (Le fils de Priam et d’Hécube de Troie).
 
   Leur Roi Tharyps (ou Tharybas ou Tharrhypas ou Taripas ou Tharypus ou Tharypas, en Grec : Θάρυψ ou Θαρύπας, v.430 à 390 ou v.430 à 385 av.J.C), qui est le premier dont on ait une trace, passa sa jeunesse à Athènes où il fit ses études et devint familier avec la culture Grecque classique et fut honoré de la citoyenneté Athénienne. De son père, Admète (ou Admetus, en Grec : Αδμητος, v.470 à v.430 av.J.C), seul le nom est connu. À peine au pouvoir il dut faire face à une conspiration oligarchique et dut fuir l’Épire et se réfugier donc à Athènes. En 429 av.J.C, les conspirateurs en profitèrent, pour s’allier à Sparte et participer sur le front occidental, lors de la Guerre du Péloponnèse (431-404), à l’attaque sur Amphilochie (ou Amphilochia ou Anphiloquia) et Acarnanie (Région occidentale de la Grèce, délimitée au Nord par le golfe Ambracique et à l’Ouest et au Sud-ouest par la mer Ionienne). Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395) nous dit que vers 430, Tharyps qui était encore un enfant avait comme tuteur Sabylinthos qui intervint aux côtés des Chaones. Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), à son retour d’Athènes, Tharyps réorganisa le royaume sous de nouvelles lois et mis en place un sénat avec des magistrats annuels, dans le style des Archontes Athéniens, pour le régir. Il fut le fondateur de plusieurs villes, mises en place par synœcisme (réunion de plusieurs villages). Il dirigea l’alphabétisation de son peuple et frappa sa propre monnaie. Selon Aristote (Philosophe Grec, 384-322), les Rois Molosses n’avaient toutefois pas le pouvoir absolu comme les souverains Macédoniens. Son fils lui succéda.
 
   Alcétas I (En Grec : ‘Aλκέτας, 390 à 370 ou 385 à 370 av.J.C) naquit vers 410. Le début de son règne fut éclipsé par des guerres civiles dévastatrices pour les tribus d’Épire dont certaines ne reconnaissaient pas sa légitimité. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), pour une raison que l’on ignore, il fut expulsé de son royaume par ses sujets. Il trouva alors refuge auprès du Tyran de Syracuse, Denys I l’Ancien (ou Dionysos, 405-367). Toujours selon l’auteur, celui-ci profita de sa présence pour mettre en œuvre un projet qui était d’établir des cités sous son contrôle le long des côtes de la mer Adriatique. Son but était d’assurer à ses navires le passage de la mer Ionienne pour aller jusqu’en Épire et avoir des ports dans ce pays où il voulait baser une grande force navale destinée à piller, entre autres, le temple de Delphes qu’il savait plein de trésors. Denys I fit également alliance avec les Illyriens eux-mêmes alliés d’Alcétas I dont ils avaient favorisé la fuite à Syracuse.

  

   Les Illyriens étaient à cette époque en guerre pour rétablir Alcétas I sur son trône, Denys I leur envoya un contingent de 2.000 hommes et 500 paires d’armures pour soutenir leur action. Ils rassemblèrent toutes leurs forces et traversèrent l’Épire pour atteindre le pays des Molosses où ils ne rencontrèrent que peu de résistance. Ils pillèrent la région ainsi que la totalité de l’Épire et réussirent à remettre Alcétas I au pouvoir. Toutefois, une résistance Molosse s’étant rassemblés en corps d’armée, leur livra combat, mais les Illyriens furent vainqueurs et tuèrent plus de 15.000 hommes. Les Lacédémoniens apprenant les dommages que le peuple d’Épire avait endurés, leur envoyèrent des secours grâce auxquels ils repoussent l’incursion des envahisseurs.

  Après sa restauration, Alcétas I étendit sa domination au Nord de la côte Adriatique et s’affirma en tant que Roi d’Épire. Il s’allia au Tyran de Phères, Jason (v.390-370) qui était un membre de la deuxième Ligue de Délos et qui essayait de refaire l’unité de la Thessalie à son profit. Il confirma, comme son père, celle avec les Athéniens. Sous son règne la Ligue de l’Épire connut l’apogée de son histoire. En 373, Il entra dans Athènes avec Jason, dans le but de défendre Timothée (Stratège et un homme politique Athénien, fils de Conon), qui, grâce à leur influence, fut acquitté. À la mort d’Alcétas I le royaume fut divisé entre ses deux fils : Néoptolème I (ou Néoptolémée) et Arymbas.

 
   Néoptolème I (ou Néoptolémée ou Neoptolemus “nouvelle guerre” ou Néoptolème d’Epire, en Grec : Νεοπτόλεμος Α ‘Ηπείρου, co-Roi 370 à 360 ou 370 à 357 av.J.C) naquit vers 390. Après la mort de son père, avec son frère Arymbas ils décidèrent de se partager le trône. Il eut trois enfants : Alexandre I (Roi 342-331), Troas qui épousa son oncle Arymbas et Olympias qui épousa le Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) et qui fut la mère d’Alexandre le Grand (336-323).
 
   À la mort son frère en 360 (ou 357), Arymbas (ou Arrybas ou Arybbas ou Arribas ou Arym-bas, en Grec : ‘Aρύββας, co-Roi 370 à 342 et 323 à 322 av.J.C), que Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30- Bibliothèque Historique, Livre XIX. 88) et Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180 – Livre I 11. § 3) appellent Arybilus, écarta de la succession son jeune neveu Alexandre I pour régner seul et épousa Troas l’une de ses deux nièces dont il eut deux enfants : Éacide et Alcétas II qui furent Roi. Arymbas dut faire face pendant son règne à la montée en puissance du Roi de Macédoine, Philippe II. En 357, l’alliance fut scellée entre les deux États par le mariage de sa nièce Olympias (ou Myrtale ou Polyxena d’Épire) au Roi Macédoine, mais elle évolua rapidement vers un véritable protectorat Macédonien. En 351 Arymbas dut céder au royaume voisin des territoires frontaliers entre l’Épire et la Macédoine et il perdit, semble-t-il, une partie de sa souveraineté car il cessa de battre monnaie.
 
   Philippe II, afin de s’assurer l’allégeance de l’Épirote emmena à Pella en otage Alexandre I, frère d’Olympias, dont il fit son ami dévoué. En 342 le Macédonien détrôna Arymbas et le remplaça par Alexandre I. Celui-ci s’exila à Athènes, où, comme son père, il obtint la citoyenneté Athénienne. Il récupérera son trône pour un an en 323, au cours de la Guerre Lamiaque (ou Guerre Hellénique), conflit qui se déclencha en Grèce à la mort d’Alexandre le Grand en Juin 323 et qui opposa des cités Grecques révoltées, parmi lesquelles Athènes, aux Macédoniens dirigés par Antipatros (ou Antipater, Régent 321-319). Le sort d’Arymbas et l’année de sa mort sont encore débattus. Julius Kaerst avance qu’il mourut en exil.
 

   Alexandre I (ou Alexandre le Molosse, en Grec : ‘Aλέξανδρος ο Μολοσσός, 342 à 331 av.J.C), naquit en 362 (on trouve aussi 370 ?) et fut le fils de Néoptolème I et le frère de la Reine de Macédoine, Olympias. Il fut installé sur le trône d’Épire, à l’âge d’environ 20 ans, soit pour des raisons politiques, soit pour des intérêts privés familiaux, par son beau-frère et ami le Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) qui avait pris possession du pays et renversé Arymbas. La montée d’Alexandre I comme Roi d’Épire se produisit donc dans un contexte d’un royaume vassal de la Macédoine. Les victoires militaires successives de Philippe II l’avaient amené à établir l’hégémonie politique, administrative et militaire sur les grandes villes qui faisaient la Grèce de l’époque. Sous le règne d’Alexandre I la capitale du royaume fut établie dans la ville de Dodone qui était connue pour avoir l’oracle le plus célèbre de toute l’antiquité, après Delphes.


 

Statère d’Alexandre I


   En 337, lorsqu’Olympias fut répudiée par son époux, elle s’allia à son frère et essaya de lui faire faire la guerre à Philippe II. Alexandre I toutefois refusa et au contraire reforma une deuxième alliance avec le Roi Macédonien. En Août 336, probablement dans le but de maintenir ou de renforcer l’unité entre les deux royaumes, Alexandre I épousa sa nièce Cléopâtre, fille d’Olympias et Philippe II, et sœur du futur Alexandre le Grand. Ce fut au cours de ce mariage que Philippe II fut assassiné par Pausanias d’Orestis qui était un de ses sept officiers gardes du corps. Immédiatement après l’assassinat du Roi, les jeunes mariés regagnèrent la ville de Dodone.
 
   Laissant l’Orient à son neveu et beau-frère Alexandre le Grand, Alexandre I s’intéressa à la situation en Grande Grèce, nom qui était donné à l’époque au Sud de la péninsule Italienne et à la Sicile, où le Roi de Sparte Archidamos III (360-338), allié de Tarente (Ville et port au Sud de l’Italie sur le golfe de Tarente), avait été tué, en 338, en luttant contre les peuples Messéniens et Lucaniens.
 
   En 334 (ou 332 selon d’autres sources), Alexandre I reçu à sa cour une délégation de la colonie Grecque de Tarente (ou Taras ou Taraš ou Táras, en Grec : Τάρας, ou Tarentum ou Tarde) qui lui demandait une aide militaire d’urgence. Elle était harcelée par différentes populations proches des Tarentins : Les Messapiens (Péninsule du Salento et du flan méridional du massif des Murges), les Lucaniens (Région qui couvrait une partie de la Basilicate actuelle), les Bruttiens (La Calabre actuelle), plus des Samnites qui menaçaient les villes Gréco-italiques appartenant à la Grande Grèce dont une des plus importante était Tarente.

  

   Historiquement, la campagne d’Alexandre I en Italie est remplie d’incertitude, car il n’y a jamais eut un historien pour la raconter et lui donner un sens solide et cohérent. Le seul auteur à en parler fut Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, 59 av.J.C-17 ap.J.C) qui donne quelques références historiques rares, devenant ainsi la seule source disponible pour la fin du règne d’Alexandre I. Cette même année, Alexandre I s’allia aux Tarentins, il traversa la mer Adriatique et débarqua en Italie du Sud pour faire campagne contre les tribus d’Italique et la Lucanie et il laissa Cléopâtre comme Régente, seule à la tête du royaume d’Épire. Il s’installa à Locres (Aujourd’hui commune de la province de Reggio de Calabre), puis il prit Apulie. Il signa un traité avec Métaponte (ou Metapontion ou Metapontum, aujourd’hui Metaponto, province de Matera, en Basilicate), qui était un port sur le golfe de Tarente.

   En 332, les Lucaniens et les Samnites furent vaincus dans une grande bataille près de Paestum et ainsi Alexandre I put pénétrer le cœur du Bruttium, territoire des Bruttiens. La même année il signa également un traité avec les Romains et remporta encore quelques belles victoires. Les Samnites, vaincus finirent par signer un traité de paix avec le Roi d’Épire et cessèrent les hostilités vers les villes de grande Grèce. Cependant, lorsqu’Alexandre I essaya de mettre en œuvre une souveraineté Épirote/Macédonienne sur les villes à qui il avait offert une protection, celles-ci, comme Tarente et d’autres villes de Grande Grèce, se confédérèrent contre lui. Selon Tite-Live, ses méthodes brutales lui aliénèrent bientôt ses hôtes et il exila 300 familles en otages en Épire. Alexandre I fut donc obliger de reprendre le combat, mais cette fois contre ses propres colonies.

 
   En 331, il conquit Héraclée de Lucanie (ou Heraclea Lucania, aujourd’hui Policoro), petite cité sur le golfe de Tarente, à proximité du fleuve Siris, puis Cosenza, Terina et Sipontum du Bruttium. Il poursuivit sa campagne en remontant le Bruttium, mais du fait de la trahison de certains exilés Lucaniens, il fut contraint de s’engager dans des circonstances défavorables dans une bataille à Pandosia et il fut assassiné lors de la traversée à gué d’une rivière, par son garde du corps, un des exilés Lucaniens. Tite-Live et Marcus Junianus Justinus (ou Justin, historien Romain du IIIe siècle) rapportent qu’une prophétie de Jupiter de Dodone avait mis en garde Alexandre I contre la cité de Pandosia et le fleuve Achéron. Il fut justement tué près de Pandosia. Selon Justin, la cité de Thourioi (ou Thurii ou Thurium, ville de la Grande Grèce sur le Golfe de Tarente) aurait racheté sa dépouille et l’aurait ensevelie. D’après Tite-Live, son corps fut démembré par ses tueurs, qui le prirent comme cible pour leurs flèches. Ses restes furent transportés à Métaponte, avant d’être renvoyés finalement en Épire à son épouse Cléopâtre et sa fille Cadméa (ou Cadmée ou Cadmia).
 
   Il laissa son jeune fils Néoptolème II (ou Néoptolémée) comme héritier, mais celui-ci étant trop jeune pour régner Cléopâtre devint Régente. Il était d’usage en Épire que la femme d’une famille devienne chef de famille quand son mari mourrait et que leurs fils étaient trop jeunes, à la différence du reste de la Grèce. Le plus étonnant c’est qu’elle fut aussi apparemment temporairement chef d’État religieux pour les Molosses. Son nom apparaît sur une liste des Ambassadeurs sacrés. Cléopâtre est de manière significative la seule femme sur la liste. Autour de 324, elle décida de rentrer dans son pays natal, en Macédoine, alors que sa mère, Olympias venait assumer la régence de l’Épire, car les relations entre la Reine-mère et le Régent de Macédoine Antipatros (ou Antipater), étaient très tendues.
 


 

Buste de Pyrrhos I provenant de
la villa des papyri d’Herculanum –
Museo Archeologico Nazionale
– Naples

   Néoptolème II (ou Néoptolémée ou Neoptolemus, en Grec : en Grec : Νεοπτόλεμος, Β’, 331 à 322) arriva au pouvoir très jeune vit son règne divisé en trois périodes :
De 331 à 323, trop jeune pour régner il fut sous la tutelle de sa mère Cléopâtre, puis de sa grand-mère Olympias. Il fut détrôné un temps par Arymbas (son oncle et grand-oncle) qui récupéra le trône de 323 à 322 et qui à sa mort laissa la place à son fils Éacide (ou Eacides ou Eácides ou Aiakides, en Grec : Αακίδης, 322 à 317) né en 361. Celui-ci épousa Phthia (Fille de Ménon de Pharsale, un des Généraux de la Guerre Lamiaque contre Antipatros). Il eut trois enfants : Pyrrhos I, Troas et Deidameia. Cette dernière fut d’abord fiancée au Roi de Macédoine, Alexandre IV Aigos (317-310), fils de Roxane et Alexandre le Grand, mais, en 309, elle épousa en fait Démétrios I Poliorcète (294-287), fils d’Antigonos I Monophtalmos (306-301).
 
   En 317, Éacide qui épuisait le peuple dans des combats incessants contre les Macédoniens, s’attira la défaveur des citoyens et fut envoyé en exil. Il s’était allié au Régent de Macédoine, Polyperchon (319-317) contre Cassandre (Roi, 301-297) et avait aidé Olympias à revenir en Macédoine. Chassé par Cassandre, il dut s’enfuir en Étolie et laissa sur le trône son fils Pyrrhos I, un bébé de deux ans à peine, mais l’enfant fut alors recherché pour être tué et dut lui aussi être exilé. Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180 – Description de la Grèce, i. 11), Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30 – Bibliothèque, xix. 11, 36, 74) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 – “Pyrrhus”, 1-2), il fut tué dans une bataille.
 
En 317, Néoptolème II en profita pour récupérer son trône, qu’il garda jusqu’en 313, où Éacide revint en Épire et reprit le pouvoir pour un an avant d’être tué. Le trône échappa toutefois à Néoptolème II au profit du frère aîné d’Éacide, Alcétas II (En Grec : ‘Aλκέτας B’, 313 à 307), qui avait été exilé par leur père Arymbas et qui s’était toujours montré hostile à Cassandre de Macédoine. Lyciscos, nommé par Cassandre au commandement militaire de l’Acarnanie, entra avec son armée en Épire, afin de détrôner Alcétas II dont l’autorité n’était pas encore bien affermie. Le Roi, de son côté, envoya ses deux fils ainés, Alexandre (ou Alexandros) et Teucros, dans tout le royaume afin de lever une grande armée. Quant à lui, il partit à la tête de son armée et arrivé à peu de distance de l’ennemi, il attendit le retour de ses fils. Mais, il fut attaqué par Lyciscos qui avait des forces bien supérieures. Les Épirotes furent terrorisés par cette puissance et abandonnèrent Alcétas II qui se réfugia à Eurymenas (ville de l’Épire).
 
   Pendant qu’il y était assiégé, son fils Alexandre (ou Alexandros) lui porta secours. La bataille fit rage dans laquelle furent tués plusieurs chefs, entre autres Micythos et l’Athénien Lysandre, nommé par Cassandre Gouverneur de la Leucade. Puis Lyciscos reçut des renforts et renouvela ses attaques. Alexandre (ou Alexandros) et Teucros furent cette fois vaincus et se réfugièrent avec leur père dans une forteresse. Lyciscos prit la ville d’Eurymenas et la détruisit. Lorsque Cassandre apprit la défaite de ses troupes, il se rendit en Épire pour secourir Lyciscos, car il ignorait encore le succès de ce dernier lors de la seconde bataille. Trouvant Lyciscos victorieux, il fit la paix avec Alcétas II et conclut avec lui un traité d’alliance. Celui-ci continua quelque temps à gouverner, mais il était extrêmement violent et se montra trop dur envers le peuple. En 307, il fut égorgé avec ses deux fils cadets encore enfant, Eioneus (ou Hésionée) et Nisos. Nous ne savons pas encore aujourd’hui ce que devinrent les deux aînés. Le Roi d’Illyrie Glaucias (ou Glaukias, 317-303) saisit l’occasion pour restaurer sur le trône Pyrrhos I, le fils d’Éacide, âgé d’une douzaine d’années.
 
En 302, lorsque Démétrios I Poliorcète dut quitter la Grèce pour soutenir en Asie Mineure la résistance d’Antigonos I Monophtalmos contre le Roi de Thrace, Lysimaque (322-281) et le Roi Séleucide, Séleucos I Nikatôr (305-280), les Épirotes, hostiles à Pyrrhos I, en profitèrent pour se révolter et le fils d’Éacide dut quitter son royaume et se réfugier auprès de Démétrios I Poliorcète, avant d’être envoyé comme otage à Alexandrie auprès du Roi d’Égypte, Ptolémée I (305-282). Néoptolème II reprit le pouvoir pour la troisième fois. Il fit allégeance à son puissant voisin Cassandre et traita fort durement ses sujets. Toutefois, en 297, la mort de ce protecteur le priva de tout appui et il dut se résigner au retour de son rival Pyrrhos I. Selon Plutarque Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125 – Vie de Pyrrhos chapitre VIII), il se partagèrent le pouvoir pendant deux ans dans une atmosphère très tendue. Toujours selon l’auteur, lorsque Myrtile, l’échanson de Pyrrhos I découvrit les intentions criminelles de Néoptolème II envers son collègue et en fit part à Pyrrhos I qui, en 295, le fit assassiner lors d’un banquet auquel il l’avait convié à l’occasion d’une cérémonie religieuse.
 
   Lors de l’exil d’Éacide, alors qu’on le recherchait pour le tuer par haine de son père, Pyrrhos I (ou Pýrrhus, en Grec : Πύρρος της Ηπείρου, en Latin : Pyrrhus, en Latin  : Burrus, 307 à 302 et de 297 à 272) et nom pas Pyrrhus comme on peut malheureusement trop souvent le voir en Français (cf : Larousse), en 319/318, fut enlevé en secret et apporté chez les Illyriens. Afin d’être élevé en cachette, il fut remis à Béroè (ou Bérée), l’épouse de Glaucias (ou Glaukias, 317-303), le Roi des Taulantiens, qui était une tribu Illyrienne implantée aux alentours de Lezhë (ou Lissus, ou Alessia), au Nord de l’Albanie actuelle. Celle-ci était elle-même de la famille des Éacides, elle adopta l’enfant et le protégea longtemps contre le Roi de Macédoine, Cassandre, malgré que ce dernier le réclamait sous menace d’une guerre. En 307, les Épirotes, émus par cette histoire, changèrent d’attitude et rappellèrent Pyrrhos I dans le royaume, alors qu’il venait d’avoir onze/douze ans. Adolescent, Pyrrhos I passa son temps dans les batailles. Du fait du succès de ses entreprises, il fut rapidement jugé comme un grand homme de guerre.
 
   Il est vrai que Pyrrhos I fut considéré par les Anciens comme le plus grand Général après Alexandre le Grand, mais ce stratège et tacticien remarquable ne remporta jamais que des succès sans lendemains. Il perdit même à une époque, la Macédoine et la Thessalie. Son rêve de reconstituer l’Empire d’Alexandre le Grand, en s’assurant d’abord la suprématie sur la Méditerranée occidentale l’entraînera en Italie du Sud et en Sicile (280-274), où il ne put pas se maintenir. Pyrrhos I resta célèbre pour ses guerres coûteuses contre les Romains, aussi bien en hommes qu’en argent. Il prit pour capitale Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta) située dans une boucle du fleuve Arakhthos (ou Arahthos). En 302, il fut dépossédé de son trône par Néoptolème II qui reprit le pouvoir pour la troisième fois jusqu’en 297.


 

Buste de Pyrrhos I –
Palais Pitti – Florence

 
   Pyrrhos I se lia avec les Macédoniens, Antigonos I Monophtalmos (306-301) et Démétrios I Poliorcète (294-287). Il combattit à leurs côtés, en 301, à la bataille d’Ipsos. Après cette bataille perdue, il fut emmené comme otage en Égypte, où il épousa pendant sa captivité, Antigoné (ou Antigone), la fille de la Reine d’Égypte Bérénice I et de Philippe, un noble Macédonien. En 297, Pyrrhos I fut rétabli sur son trône par le Roi d’Égypte, Ptolémée I Sôter (305-282). Il modernisa l’économie et l’armée et en 288, il repartit à la conquête de la Macédoine. Allié avec la coalition du Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280), Ptolémée I et du Roi de Thrace, Lysimaque (322-281), il détrôna Démétrios I et se proclama, en 287, Roi de Macédoine (Titre qu’il ne garda que jusqu’en 285).
 
   De 281 à 275 Pyrrhos I combattit contre les Romains avec plus ou moins de réussites, mais il se heurtera à une autre puissance, celle de Carthage. Parallèlement, il s’empara de nouveau de la Macédoine où il reprit le titre de Roi en 277 à Antigonos II Gonatas (277-239), qui retrouva rapidement son trône. En 274, Il reprit l’offensive contre la Macédoine d’Antigonos II qui dut se replier à Thessalonique où se trouvait sa flotte. Pyrrhos I quitta le pays et en laissa la garde à son fils Ptolémée. Antigonos II profita de l’occasion et reprit l’offensive. Il fut battu une première fois par Ptolémée, mais en 272, il finit par le chasser de Macédoine et envoya des secours à Sparte sous la menace de Pyrrhos I. La même année, après avoir envahit le Péloponnèse, Pyrrhos I mourut à Argos tué par un soldat d’Antigonos II.
 
   Pyrrhos I eut six épouses et cinq ou six enfants. Ce fut son fils Alexandre II, que lui donna Lanassa, fille d’Agathoclès (317-289), Tyran de Syracuse, qui lui succéda.
 

  Pour plus de détail voir : La vie de Pyrrhos I

 
   Alexandre II (En Grec : ‘Aλέξανδρος B’, 272 à 240), naquit vers 295. Il fut le fils de Pyrrhos I et Lanassa et il épousa sa demi-sœur Olympias II. Entre 271 et 265, à l’occasion d’une guerre en Illyrie contre le Roi Mytilos (ou Mytilus, v.270-231), Alexandre II étendit son royaume sur le Sud de ce pays, jusqu’au fleuve Shkumbin (ou Genusus). Il envoya ensuite à Rome des Ambassadeurs conduit par Apollonie.
 
   En 264, Alexandre II, désireux de venger la mort de son père, ravagea les territoires de la Macédoine, alors qu’Antigonos II Gonatas (277-239) était retenu en Grèce dans la guerre Chrémonidéenne. Il perdait petit à petit le royaume de Macédoine, mais son fils Démétrios II l’Étolique, futur Roi (239-229), encore adolescent, reforma une armée en l’absence de son père. Il battit Alexandre II à Dedeia et reprit la Macédoine. L’année suivante, ce dernier lança une contre-offensive mais fut de nouveau battu ce qui provoqua l’invasion de l’Épire, puis il se vit dépouiller d’une partie de son royaume. L’Épirote n’eut d’autre choix que de conclure la paix avec le Macédonien et renonça à toutes les conquêtes de Pyrrhos I dans le Péloponnèse, en Thessalie et en Macédoine.
 
   Alexandre II, se réfugia alors en Acarnanie (Région occidentale de la Grèce) et un traité de paix signé en 263/262 entre ses alliés de la Ligue Étolienne et les Acarnaniens permit sa restauration sur son trône par les Épirotes. Afin de calmer les relations avec la Macédoine, il maria sa fille Phthia (née vers 270, mère de Philippe V de Macédoine) à Démétrios II l’Étolique.
 
   Selon un des édits rupestres de l’Empereur Maurya Ashoka (ou Ashoka Vardhana ou Asoka ou Açoka ou Açôka), vers 255, ce dernier aurait envoyé des missionnaires Bouddhistes au Roi Séleucide Antiochos II Théos (261-246), au Roi d’Égypte Ptolémée II Philadelphe (282-246), à Antigonos II Gonatas et à Alexandre II comme l’un des bénéficiaires de l’Empereur.
 
   En 253/247, suite à la révolte d’Alexandre de Corinthe (Tyran de Corinthe; † 247), contre son oncle Antigonos II Gonatas, Alexandre II, avec ses alliés de la Ligue Étolienne, contribua au démembrement de la Ligue Acarnanienne et annexa Médion et le Nord-ouest de l’Acarnanie. La mort d’Alexandre II est encore discutée par les spécialistes, dont certains la situent vers 247 et d’autres en 242. Ce qui est sûr c’est qu’il laissa la régence de ses deux fils mineurs, Pyrrhos II et Ptolémée à leur mère Olympias II.
 
   Pyrrhos II (ou Pyrrhus, en Grec : Πύρρος B’, 240 à 236) naquit en 275 (ou 271 ?) et à la mort de son père il fut associé au trône d’Épire avec son frère cadet Ptolémée sous la régence de leur mère Olympias II. À cette époque les jeunes Rois durent faire face aux menaces de la Ligue Étolienne sur l’Acarnanie occidentale Épirote. On ne connait pas le nom de l’épouse de Pyrrhos II mais elle lui donna deux filles : Néréis, qui naquit vers 250 et qui épousa vers 233 Gélon II (240-216), fils et successeur de Hiéron II de Syracuse ; Deidameia (ou Deidameia II ou Déidamie, en Grec: Δηϊδάμεια, ou Laodamia, en Grec : Λαοδάμεια) qui mourut sans enfant en 232.
 
   Ptolémée (En Grec : Πτολεμαος, 240 à 235/4) naquit en 272, fut donc le frère du précédent et lui succéda à une époque où Rome eut de plus en plus de prétention sur la région. Son royaume fut aussi une tentation pour le Roi de Macédoine Démétrios II l’Étolique qui désira s’en emparer en 235/234. Il ne régna que très peu de temps, lors d’une expédition militaire pour sauver son trône, au cours de laquelle il tomba malade, il mourut. Polyen (ou Polýainos ou Polyène, orateur et écrivain militaire Grec, mi IIe siècle ap.J.C) nous rapporte une histoire différente. Il déclare qu’il fut traîtreusement assassiné. La date exacte de son règne et de sa mort font, comme pour son frère, toujours objet de débats. Il fut succédé par sa nièce Deidamia.
 
   Deidamia (ou Deidamia II ou Déidamie, en Grec : Δηϊδάμεια ou Laodamia, en Grec : Λαοδάμεια, 235/4 à 233), fille de Pyrrhos II, succéda à son oncle. Elle eut une sœur, Néréis épouse de Gélon II de Syracuse (240-216), qui au cours d’une rébellion en Épire lui envoya 800 mercenaires de Gaule. Une partie des Molosses l’a soutint, et avec l’aide des mercenaires elle prit brièvement Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta). Après la mort de son père et de son oncle Ptolémée, elle fut le dernier représentant survivant de la famille royale des Éacides. Elle fut assiégée dans Ambracie, mais négocia une capitulation honorable et se rendit. Le Épirotes, cependant, déterminés à obtenir leur liberté en extirpant toute la famille royale, décidèrent de la mettre à mort. Elle se réfugia dans le temple d’Artémis, mais en 233 elle fut assassinée dans le sanctuaire par Milo, un homme déjà responsable de matricide, qui peu de temps après ce crime se suicida. Il faut préciser que la date exacte de cet événement ne peut pas être fixée avec précision, mais elle eut lieu sous le règne de Démétrios II l’Étolique (239-229).
 
   Corcyre et l’Épire furent les premières terres Grecques abordées par les Romains. En 229, Corcyre se plaça sous la protection de Rome pour échapper aux Illyriens, puis en 197, elle et l’Épire s’allièrent à Rome contre le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179), elles perdirent ainsi leur indépendance. Toutefois, cet accord n’empêcha pas le pillage en 189 de la capitale, Ambracie (ou Ambrǎcǐa, l’actuelle Arta), par les Romains. La ville fut le port de débarquement des armées du Général et Consul Romain Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique, v.230-160), en guerre contre le Roi de Macédoine Persée (179-168). Paullus de retour sans butin de la bataille de Pydna remportée sur les Macédoniens, pilla et emporta la plus grande partie de la population de la ville qui fut vendue sur les marchés aux esclaves à Rome. L’histoire raconte que leur nombre fut si grand (Les sources antiques avancent le chiffre de 150.000 personnes) qu’il fît chuter le prix des esclaves de manière durable.
 
   L’Épire devint province Romaine en 148 et deux ans après elle fut incorporée dans la province Romaine de Macédoine. En 31 av.J.C, le futur Empereur Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) y fonda la ville de Nicopolis d’Épire (ou Actia Nicopolis ou Nicopolis ad Actium "la cité de la victoire") à l’embouchure du golfe Ambracique, pour célébrer sa victoire à la bataille d’Actium contre Marc Antoine (83-30 av.J.C) et Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30). Cette cité avait un statut exceptionnel, autant par son territoire très vaste que par son statut de ville libre. En raison notamment de l’exonération de la taxe impériale, elle fut rapidement de loin la plus grande ville et la plus forte économiquement du pays. Elle fut, comme port, une étape importante sur le chemin de l’Italie et l’Est de l’Empire. Après la fin de la guerre civile Romaine, la région connut une période de plusieurs dizaines d’années de paix et de prospérité. Sous le règne d’Auguste, l’Épire fut partagée entre les provinces de Macédoine et d’Achaïe. En 27 ap.J.C, elle fut attribuée à la nouvelle province Sénatoriale d’Achaïe. 
 
   Vers 108, sous le règne de l’Empereur Trajan (98-117), l’Épire fut détachée de la Macédoine et érigée en province. À la fin du IIIe siècle, sous le règne de l’Empereur Dioclétien (284-305), l’Épire fut divisée de nouveau en deux provinces : l’Épire Nouvelle (ou Epirus novus) et l’Épire Ancienne (ou Epirus vetus). Le Christianisme se répandit en Épire et la première église Chrétienne à Nicopolis remonte à l’apôtre Paul, qui passa dans la ville quelques mois. Nicopolis plus tard devint le siège métropolitain pour l’ensemble de l’Épire. Sous la domination Romaine, marquée par la construction de la voie Égnatienne (ou Via Egnatia, voie Romaine qui traversait les Balkans, en reprenant un ancien tracé de voie Macédonienne), une partie de la population fut Romanisée.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur l’Épire voir les ouvrages de :
 
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