Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille de l’Artémision –
Bataille des Thermopyles
 

Nous avons besoin de vous

 Pour plus de détails voir aussi : Les Guerres Médiques

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Le prélude
Les effectifs et tactiques
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  de  l’Artémision

Août 480

 

Présentation

 
   La bataille de l’Artémision (ou d’Artemisium ou du cap Artémision, en Grec : Ναυμαχία του Αρτεμισίου, en Persan : نبرد آرتمیزیوم), fut en fait une série d’accrochages navals, pendant plus de trois jours, lors de la deuxième invasion Perse de la Grèce (Seconde Guerre Médique, 480-479). Elle opposa une coalition de cités-États Grecques, dont Sparte, Athènes, Corinthe et autres, à l’Empire Perse du Roi Xerxès I (486-465), au large de la côte Nord de l’île d’Eubée. Les dates exactes de son déroulement son encore discutées. On retient généralement qu’elle eut lieu simultanément avec la bataille des Thermopyles à la fin de l’été 480. Mais est-ce les mêmes dates au jour près ?.

Représentation de trière Grecque


   La deuxième tentative d’invasion des Perses de la Grèce fut une réponse tardive de ces derniers à leur défaite de la première invasion, qui s’était terminée par la victoire Athénienne à la bataille de Marathon (17 Septembre 490). Le Roi Xerxès I rassembla une immense armée et flotte et partit à la conquête de la Grèce. Le Général Athénien Thémistocle (ou Themistokles, en Grec : Θεμιστοκλς, v.525-v.460/459), dans le but de stopper l’invasion, proposa que la coalition Grecque bloque l’avance de l’armée Perse sur terre au col des Thermopyles et simultanément bloque la flotte au détroit de l’Artémision (ou cap Artémision ou Artemisium). La force navale de la coalition Grecque, de 271 trières, fut envoyée dans le détroit attendre l’arrivée de l’armada Perse.
 
   Ces derniers approchèrent le cap vers la fin de l’été et furent pris dans une tempête au large de la côte de Magnésie (du Pirée) et perdirent environ un tiers de leurs 1200 navires. À leur arrivée au cap, les Perse envoyèrent un détachement de 200 navires au large de la côte d’Eubée dans une tentative pour piéger les Grecs, mais ceux-ci furent également pris dans une tempête et beaucoup de bateaux sombrèrent. L’action principale de la bataille, qui fut très indécise, eut lieu après deux jours de petites escarmouches entre les deux flottes et dura toute une journée. Les deux parties eurent des pertes à peu près égales, plusieurs dizaines de navires de chaque côté.
 
   Cependant la petite flotte alliée ne pouvait pas se permettre trop de pertes. Ce qui fait que lorsque les Grecs apprirent la défaite du Roi Léonidas I (ou Leônidas, en Grec : Λεωνίδας Α’, 490-480) aux Thermopyles ils décidèrent de se retirer sur Salamine (Île Grecque de l’Attique, fermant la baie d’Éleusis dans le golfe Saronique, dont elle est la plus grande île) où allait se dérouler une nouvelle grande bataille navale. Les Perses profitèrent de ce retrait et envahirent la Béotie, l’attique et prirent Athènes. Pratiquement la seule source sur la bataille de l’Artémision nous est parvenue de l’historien Hérodote (Historien Grec, 484-v.425).

 

Le contexte

 
   Quelques temps auparavant les cités d’Athènes et d’Érétrie avaient soutenu la Révolte de l’Ionie (499-494) contre l’Empire Perse de Darius I (522-486). La révolte Ionienne avait menacé l’intégrité de son Empire, et, une fois matée, le Roi promit de se venger des États étrangers qui l’avaient soutenue, en particulier ceux qui ne faisaient pas déjà partie de l’Empire. Le souverain avait également vu là un moyen d’étendre son Empire sur le monde Égéen et les riches cités Grecques.
 
   Une première campagne fut lancée en 492 par le Perse, commandée par Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎, en Grec : Μαρδόνιος, † 479, son gendre époux de sa fille Artazostre [ou Artozastra ou Arta-zausri]). Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) reconquit la Thrace et contraint le Roi de Macédoine Alexandre I Philhellène (498-454) à faire de son royaume un client de la Perse. En 491, Darius I envoya des émissaires dans toutes les cités Grecques demander “un don de la terre et l’eau” en signe de leur soumission et la majorité des villes acceptèrent. Cependant, à Athènes et à Sparte, les ambassadeurs furent exécutés. La réponse de Darius I fut rapide. En 490, il décida d’envoyer une expédition maritime dirigée par le Satrape Perse Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et le Général Mède Datis. Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎) qui ayant été blessé à la campagne précédente, était tombé en disgrâce. L’expédition avait pour but d’amener les Cyclades dans l’Empire Perse, puis forcer Érétrie et Athènes à se soumettre ou être détruites.

 

   Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse arriva à l’île d’Eubée en plein été, prête à entreprendre son objectif majeur, punir Érétrie. L’armée Perse atteignit la pointe Sud de l’île et mis le siège à la ville d’Érétrie. Elle prit et ravagea la cité et déporta la population près de Suse. Après ce succès le but était maintenant de punir Athènes. Partant de l’île d’Eubée, la flotte Perse se dirigea sur l’Attique. Elle navigua le long des côtes et accosta, le 12 Septembre 490, sur la baie de Marathon. Elle débarqua, sur les conseils de l’ancien Tyran d’Athènes, Hippias (527-510), sur la côte orientale, sur la plage qui borde la plaine de Marathon, à environ 40 kilomètres d’Athènes qui devait affronter seule l’envahisseur. Bien qu’en infériorité numérique l’armée Athénienne, au bout du 5e jour de combat, le 17 Septembre 490, remporta une grande victoire sur les Perses, ce qui entraîna leur retrait vers l’Asie.

  Darius I voulait préparer sa revanche et une nouvelle expédition. Mais, en 486, les paysans Égyptiens dirigés par le Satrape, Aryandès (ou Ariandes) de Memphis, se révoltèrent, ce qui occupa les derniers mois du Roi, qui mourut la même année. Son fils Xerxès I (486-465) reprit la lutte et il écrasa la révolte en Égypte. Puis il commença les préparatifs pour une nouvelle invasion de la Grèce. Le Roi se donna les moyens de son ambition et monta une opération à très grande échelle. Celle-ci demandait une planification à long terme, entre l’intendance, le stockage des biens utiles et le recrutement de l’armée. Enfin prêt, au début de l’année 480, le Roi et son immense armada terrestre partirent de Sardes (en Lydie) et traversèrent l’Hellespont pour arriver en Thrace, soutenus par une flotte amenant le ravitaillement et chargée d’empêcher les attaques de la flotte Grecque sur leurs arrières.

 


 

Buste de Thémistocle
Musée archéologique d’Ostie

   Dans le même temps, les Athéniens se préparèrent également au retour des Perses et, en 482, la décision fut prise, sous la direction de Thémistocle (ou Themistokles, en Grec : Θεμιστοκλς, v.525-v.460/459), de construire une énorme flotte de trirèmes. Toutefois, les Athéniens étaient conscients qu’ils n’étaient pas assez nombreux pour combattre seuls sur terre et sur mer. La lutte contre les Perses exigeait une alliance des cités Grecques. À la fin de l’automne 481 une alliance confédérale fut formée entre plusieurs les cités-États qui s’étaient réunies à Corinthe. La coalition se réunit à nouveau au printemps 480 et la délégation de Thessalie suggéra que les alliés devaient se rassembler dans l’étroite vallée de Tempé, aux frontières de la Thessalie, pour bloquer l’avancée de Xerxès I qui était censé passer par là. Une armée de 10.000 hoplites fut envoyée dans la vallée.
 
   Cependant, une fois là-bas, ils furent avertis par le Roi de Macédoine, Alexandre I que la vallée pouvait être contournée par le biais de la passe de Sarantoporo et que l’immense armée de Xerxès I avait traversé l’Hellespont. Thémistocle proposa alors une seconde stratégie aux alliés. L’idée était de bloquer la route vers le Sud de la Grèce (Béotie, Attique et Péloponnèse) à Xerxès I. Mais ce plan nécessitait d’arrêter le Roi au passage des Thermopyles. La configuration du site permettait plus facilement aux hoplites Grecs de contenir l’immense armée Perse. Dans le même temps, le plan prévoyait que pour prévenir un contournement par la mer la flotte alliée devrait bloquer le détroit de l’Artémision. Cette double stratégie fut adoptée par le congrès. Cependant, les villes du Péloponnèse firent des plans de repli pour défendre l’isthme de Corinthe au cas où tout le reste échouerait, tandis que les femmes et les enfants d’Athènes évacuaient en masse la ville pour gagner Trézène dans le Péloponnèse sur la côte Nord de l’Argolide.

 

Le prélude

 
   Vers la fin Juillet, début Août, la flotte alliée, qui naviguait au Nord du cap Artémision, apprit que la flotte Perse avançait le long de la côte du mont Olympe. Une fois sur place les Grecs échouèrent leurs navires à la pointe du cap de manière à pouvoir les remettre rapidement à l’eau si le besoin s’en faisait sentir. Puis, les alliés envoyèrent trois bateaux vers l’île de Skiathos en éclaireurs afin de les alerter lorsque la flotte Perse serait en vue. Deux semaines passèrent sans nouvelle de cette dernière, puis, finalement dix trirèmes de Sidon arrivèrent au large de Skiathos et la flotte principale des Grecs fut informée par un feu allumé sur l’ile. Cependant, les navires de patrouille alliés furent pris au dépourvu et deux furent capturés, tandis qu’un s’échoua.
 

  Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), dans la confusion, les Grecs ne surent pas si le signal annonçait l’arrivée de l’ensemble de la flotte Perse ou d’un simple détachement. Par mesure de précaution l’ensemble de la flotte alliée se lança dans le détroit de l’Artémision. Lorsqu’il s’aperçurent qu’il ne s’agissait pas de la flotte Perse au complet ils firent route vers Chalcis, laissant un petit contingent d’hommes sur les hauteurs pour avertir de l’arrivée effective des navires Perses. Certains historiens pensent que les Grecs interprétèrent mal les mouvements Perses et qu’ils vinrent à la conclusion erronée que ces derniers naviguaient vers l’Est, autour de Skiathos et se dirigeaient vers la côte orientale d’Eubée d’où le départ pour Chalcis. Si les navires Perses avaient contourné Eubée par sa côte Est, ils auraient eu un accès direct sur l’Attique et ainsi couper la ligne de retraite de la flotte Grecque. Le retrait sur Chalcis était donc l’occasion de pouvoir s’échapper du détroit pour éviter le contournement Perse, mais aussi leur permettait de revenir à l’Artémision si ce contournement n’avait pas lieu. La flotte alliée a donc continué à attendre à Chalcis.

    Tom Holland nous dit qu’une dizaine de jours plus tard, l’armée Perse arriva aux Thermopyles et les Grecs à Chalcis en furent informés par le navire du Capitaine Abronychius, (ou Abronchios ou Abronchius, en Grec : ‘Aβρώνυχος) qui avait été désigné pour assurer la liaison entre l’armée du Roi Léonidas I (490-480) et la flotte. Le lendemain ce fut la flotte Perse qui arriva au cap Artémision, en passant entre la côte de Magnésie et Skiathos. Mais une tempête (Selon John Francis Lazenby, une hellespontias) éclata d’un coup l’entraînant vers la côte rocheuse. Elle dura deux jours et détruisit environ un tiers des navires Perses. La tempête terminée les Grecs se dirigèrent vers l’Artémision afin de protéger le flanc de l’armée aux Thermopyles. Le jour suivant, le cinquième depuis l’arrivée des Perses aux Thermopyles, ceux-ci commencèrent leurs offensives sur la passe. Le même jour la flotte Perse arriva finalement par le détroit formé entre Magnésie et l’île de Skiathos et commença à accoster sur la côte au niveau des Aphètes (ou Aphetae) en face de l’Artémision.

 
   Selon Hérodote, 15 navires Perses auraient alors été capturé. Malgré cela et la tempête précédente, selon Tom Holland, la flotte Perse était encore beaucoup plus nombreuse que celle des alliés, de près de 3 contre 1, de ce fait les alliés décidèrent de se retirer complètement. Les Eubéens, demandèrent, à Eurybiade (ou Eurybiádês, en Grec : Εűρυβιάδης), Amiral Spartiate qui dirigeait, avec Thémistocle (v.525-v.460/459), la flotte Grecque, d’attendre qu’ils aient mis en lieu sûr leurs familles avant de partir. Ce dernier refusant, ils allèrent demander à Thémistocle, moyennant le somme de trente talents, de mener le combat contre les Perses ici à l’Artémision. Avec l’argent Thémistocle put corrompre Eurybiade et l’Amiral Adimantos (En Grec : ‘Aδείμαντος) de Corinthe de rester. Le même jour, un déserteur de la flotte Perse, un Grec appelé Scyllias, nagea vers le camp des alliés. Il leur apprit qu’alors que la plupart de la flotte Perse était en cours de réparation, ils avaient détaché 200 navires pour contourner la côte extérieure d’Eubée, afin de bloquer la route d’évacuation de la flotte alliée. Les Perses ne voulaient pas attaquer immédiatement les Grecs, car ils pensaient qu’ils allaient fuir, ils cherchaient donc à les piéger
 
   Sans autre solution, les Grecs décidèrent alors d’aller à la rencontre de ce détachement pour éviter d’être pris au piège, mais de nuit pour ne pas éveiller les soupçons. De plus ils se rendirent compte qu’à ce moment la situation leur permettait de détruire une partie de la flotte Perse isolée. Hérodote, dans son récit, n’est pas clair sur l’endroit où les alliés comptaient attaquer ce détachement, il dit seulement qu’ils décidèrent de le faire. Tom Holland pense qu’il est possible qu’ils comptaient naviguer sur le détroit d’Eubée en espérant que les autres bateaux alliés qui patrouillaient le long de la côte Attique aient suivi les Perses lors de leur passage au Sud du détroit d’Eubée, afin de les prendre en tenaille. De plus, les Grecs avaient peut-être prévu de tendre une embuscade au détachement lors de son passage par l’Artémision, sur la route des Aphètes (ou Aphetae). De toute façon, ils décidèrent cette démonstration qui leur permettait également de tester la capacité des Perses à la manœuvre et, selon Hérodote, de voir leurs tactiques. Ce sont ces décisions qui finalement conduisirent au début de la bataille.

 

Les effectifs et tactiques

 
   Hérodote  (Historien Grec, 484-v.425) donne une description détaillée de la flotte Perse qui fut rassemblée au printemps 480. On trouvait :
Carie 70 navires ; Chypre 150 navires ; Cilicie 100 navires ; Cyclades 17 navires ; Doriens d’Asie Mineure 30 navires ; Égypte 200 navires ; Éolide 60 navires ; Hellespont 100 navires ; Ionie 100 navires ; Lycie 50 navires ; Pamphylie 30 navires ; Phénicie et Syrie 300 = Total 1.207/
Cependant, après que la flotte eut été frappée par la tempête au large de la côte de Magnésie, environ un tiers de celle-ci fut perdue. Ainsi, les spécialistes, en tenant compte des chiffres d’Hérodote, estiment la flotte Perse à l’Artémision à environ 800 trirèmes. Les historiens modernes comme Tom Holland et John Francis Lazenby, acceptent ces chiffres, d’autant plus que les sources antiques sont très cohérentes sur ce point. D’autres auteurs rejettent ce nombre de 1.207 et acceptent un chiffre entre 600 à 700 vaisseaux de guerre.
 
   En ce qui concerne les Grecs, Hérodote nous donne pour la flotte présente à l’Artémision les contingents suivants. Les chiffres entre parenthèses correspondent à des navires légers, les pentécontères (cinquante rames). Tous les autres navires sont des trirèmes.
Athènes 127 navires ; Céos (ou ou Kéa) 2 + (2) navires ; Chalcis 20 navires ; Corinthe 40 navires ; Égine 18 navires ; Épidaure 8 navires ; Érétrie 7 navires ; Locride (7) navires ; Mégare 20 navires ; Sicyone 12 navires ; Sparte 10 navires ; Styra (ou Styre, ville d’Eubée) 2 navires ; Trézène 5 navires = Total 271 (9).
Les Athéniens avaient mis en place une grande flotte depuis 483, soi-disant pour sortir vainqueur dans leur conflit avec Égine. Cependant, comme le propose Tom Holland, il est probable que cette accumulation de navire, faite sous la direction de Thémistocle (v.525-v.460/459), fut également mise en place à l’époque en vue d’un futur conflit avec les Perses.

Autre représentation d’une trière Grecque


   Stratégiquement, la mission des Grecs était simple. La flotte devait nécessaire protéger le flanc de l’armée aux Thermopyles sans être elle-même débordée. Pour les Perses, la situation stratégique était tout aussi simple, mais ils avaient plus d’options. Les Grecs ne devaient céder ni aux Thermopyles ni à l’Artémision, alors que les Perses pouvaient se contenter de ne déborder qu’une seule de ces positions. Celle du détroit d’Artémision était théoriquement beaucoup plus facile qu’au Thermopyles, en naviguant autour de la côte Est d’Eubée. Les Perses avaient un avantage tactique important. Ils surpassaient les Grecs en nombre (3 contre 1) et leurs bateaux étaient plus facilement manœuvrables. Selon Hérodote cet avantage était dû à la supériorité des équipages Perses, la plupart des navires d’Athènes (Soit la majorité de la flotte) étaient récents et leurs équipages peu expérimentés.
 
   À cette époque, les tactiques de combats navals les plus courantes dans la région Méditerranéenne étaient d’éperonner l’ennemi. Les trirèmes étaient équipées pour cela d’un bélier à l’avant. Les Perses et les Grecs d’Asie commencèrent à utiliser à cette époque une nouvelle manœuvre connue sous le nom de diekplous (en Grec : διέκπλους navigation à travers). Toutefois, cette manœuvre demandait des matelots bien entraînés et par conséquent était plus de la compétence des Perses. Les alliés développèrent spécifiquement des tactiques pour contrer cette manœuvre. Hérodote précise que les navires alliés étaient plus lourds, et donc moins maniables, ce qui devait les empêcher d’utiliser la technique du diekplous. La manœuvrabilité de leurs navires conditionna sans doute la tactique des Grecs en leur imposant plutôt l’abordage pour s’emparer des navires ennemis. L’auteur avance qu’ils cherchaient plus à capturer les navires Perses plutôt qu’à les faire couler.

 

Le déroulement

 
   Le premier jour, lorsque les Perses virent la flotte alliée se diriger sur eux, ils décidèrent de saisir l’occasion et d’attaquer, même si il était tard dans la journée, car ils pensaient qu’ils allaient avoir une victoire facile. Ils se jetèrent rapidement sur la plus petite des flottes alliées. Cependant, ceux-ci avaient mis au point une tactique pour faire face à cette situation. Une formation de défense en “cercle” avec la proue et les béliers en direction de l’ennemi et l’arrière de leurs navires en direction du centre. Il faut souligner qu’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) n’utilise pas le mot cercle et John Francis Lazenby souligne la difficulté de former un cercle avec 250 navires. Il est plus probable que les alliés utilisèrent une formation en forme de croissant. Quoi qu’il en fut, cette manœuvre avait pour but de compenser la supériorité en manœuvre des Perses et l’utilisation du diekplous (en Grec : διέκπλους navigation à travers).
 
   Les navires Grecs ayant pris cette position à l’aide d’un signal convenu à l’avance, un second signal les fit se déplacer brusquement vers l’extérieur à partir de cette position en cercle pour attaquer l’ennemi de front et les prendre au dépourvu. Leur supériorité de manœuvre annulée, les Perses perdirent 30 de leurs navires lors de cette attaque. Parmi ceux-ci, durant la bataille, Philaon, un des Commandants les plus respectés dans la flotte Perses, fut pris et le Capitaine Antidorus (En Grec : ‘Aντίδωρος) de Lemnos changea de camp en faveur des Grecs. La nuit tomba et mit fin à l’affrontement. Chacune des deux flottes retourna à son mouillage sans qu’un vainqueur n’en ressortit mais avec pour les alliés un meilleur résultat qu’ils avaient éventuellement prévu.

 

   Pendant la nuit, un orage éclata avec un fort vent de Sud-est, ce qui empêcha le départ d’un groupe de navires Grecs vers le Sud qui devaient intercepter le détachement Perse chargé de contourner l’île d’Eubée. Toutefois, Hérodote nous dit que la tempête toucha également la flotte Perse au mouillage aux Aphètes et le détachement Perse perdit la plupart de ses navires. Le second jour de la bataille (Qui pour certains spécialistes fut aussi le second jour de la bataille des Thermopyles), la flotte Perse, en pleine récupération des tempêtes, refusa d’attaquer les alliés.
 
   Le même jour, leur arriva la nouvelle du naufrage de leur flotte au large d’Eubée ainsi que celle d’un renfort de 53 navires Athéniens pour les Grecs. Fort de cela, en fin de journée, une patrouille de navires alliés Ciliciens attaqua des Perses et les coula avant de se replier à la nuit tombante. Ces navires n’étaient peut-être que des survivants du détachement envoyé autour d’Eubée ?.

   Le troisième jour de la bataille, la flotte Perse, en pleine possession de ses moyens, était prête à attaquer les lignes alliées et les Amiraux Perses prirent cette fois l’initiative. Ils avancèrent sur les Grecs de l’Artémision en effectuant une manœuvre d’encerclement en disposant leurs navires sur une ligne en forme de croissant.
 
   En voyant la flotte Perse s’assembler, les alliés tentèrent de bloquer le détroit du mieux qu’ils pouvaient et attendirent leur attaque. Selon Tom Holland, la bataille fit rage toute la journée et les Grecs eurent du mal à tenir leurs lignes de défense. Lorsque les flottes se séparèrent à la nuit tombée, les deux parties avaient subi des pertes à peu près égales. Toutefois, pour la flotte Grecque plus petite, ces pertes avaient une importance considérable. Près de la moitié des navires Athéniens étaient endommagés ou coulés.

  
   De retour à l’Artémision, les alliés comprirent qu’ils ne seraient probablement pas capables de tenir contre les Perses une journée supplémentaire compte tenu du nombre de navires qu’il leur restait. Ils débattirent pour savoir s’ils devaient se retirer de l’Artémision en attendant des nouvelles des Thermopyles. Thémistocle (v.525-v.460/459) ordonna la politique de la terre brûlée et il fit tuer les troupeaux des Eubéens afin qu’ils ne tombent pas aux mains de l’ennemi. Abronychius, (ou Abronchios ou Abronchius, en Grec : ‘Aβρώνυχος) un Athénien avec un navire chargé de faire la liaison entre le Roi Léonidas I (490-480) aux Thermopyles et la flotte à l’Artémision, apprit alors la nouvelle aux Grecs de la chute des Thermopyles et de la mort du Roi. Tenir le détroit de l’Artémision n’avait maintenant plus aucun objectif stratégique et les alliés décidèrent de l’évacuer sur le champ.
 
   Les Perses furent alertés du retrait des Grecs par un bateau en provenance d’Histiée (ou Talantia ou Histiaea ou Istiaía, ville au Nord  d’Eubée), mais ne voulurent pas le croire. Ils envoyèrent des navires de reconnaissance et purent constater que la totalité de la flotte Grecque avait quitté la bataille. Ils naviguèrent alors vers Histiée et saccagèrent la région environnante. La flotte alliée restante naviguait elle en direction de l’île de Salamine (Petite île à quelques kilomètres au large du Pirée), pour participer à l’évacuation d’Athènes. Sur le chemin, Thémistocle adressa un message aux Ioniens, équipages Grecs alliés des Perses leur demandant de faire défection à ces derniers et de se rallier à la cause Grecque ou de se retirer du combat, et d’engager les Cariens à suivre leur exemple. Les Ioniens en arrivant le lendemain dans la rade de l’Artémision, prirent connaissance du message de Thémistocle.
 
   La situation étant inquiétante pour les Grecs, ils fuirent devant l’avancée des Perses. Ces derniers envahirent la Béotie, ils pillèrent et détruisirent
Thespies (ou Thespiai) et Platées, puis l’Attique et Athènes maintenant évacuée. Les populations se replièrent vers le Péloponnèse et l’isthme de Corinthe pour se protéger et afin de le défendre en le fortifiant. Dans le même temps la flotte Grecque mouillait à l’île de Salamine sur les conseils de Thémistocle. Lieu où allait se dérouler encore une fois une grande rencontre navale, la bataille de Salamine.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
John S.Claughton :
Herodotus and the Persian wars, Cambridge Univ. Press, Cambridge, New York, 2008.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Hans Delbrück :
Warfare in antiquity, University of Nebraska Press, Lincoln, 1990, 1975.
Peter Green :
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996.
Les Guerres Médiques, Librairie Jules Tallandier, Paris, 2008.
Peter Green et Denis-Armand Canal :
Les Guerres Médiques, Tallandier, Paris, 2008.
Tom Holland :
Persian Fire : The first world Empire, Battle for the west, Abacus, 2006.
Margaret C.Howatson :
Battle of Artemi’sium, Oxford University Press, 1993.
Konstantinos P.Kontorlis :
Graeco-Persian wars : Marathon, Thermopylae, Salamis, Plataeae, K. Kontorlis, Athens, 1963.
John Francis Lazenby :
The defence of Greece, 490-479 B.C., Aris & Phillips, Warminster, 1993.
John Drogo Montagu :
Battles of the Greek and Roman worlds : A chronological compendium of 667 battles to 31 B.C., from the historians of the ancient world, Greenhill Books, London, Stackpole Books, Mechanicsburg, 2000.
Jesse Russell :
Battle of artemisium, Book On Demand Ltd, 2013.

  

 

Sommaire
 

Présentation et sources
Le contexte
Le prélude et stratégie
Le déroulement
Après la bataille
Bibliographie

Bataille  des  Thermopyles

18/19/20 
Août 480

 

Léonidas I aux Thermopyles –
Jacques-Louis David – 1814 – Musée du Louvre

 

 
Présentation  et  sources

 
   La bataille des Thermopyles (ou Thermopylae ou Machē tōn Thermopylōn, en Grec : Μάχη τν Θερμοπυλν) opposa, pendant trois jours, une alliance des cités Grecques menée par le Roi de Sparte Léonidas I (490-480) contre l’Empire Perse Achéménide au cours de leur deuxième invasion de la Grèce. C’est l’un des plus célèbres faits d’armes de l’histoire antique. Elle eut lieu, les 18/19 et 20 Août 480, dans la passe de l’étroite bande côtière des Thermopyles "les Portes chaudes" (À cause des sources thermales qui s’y trouvent).

 
   La principale source pour les guerres Gréco-perses est l’historien Grec Hérodote (v.484-v.425). Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), écrivant au Ier siècle av.J.C dans son Historica Bibliotheca, fournit également un compte rendu des guerres Gréco-perses, en partie issu d’un autre historien Grec avant lui, Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, historien Grec, IVe S. av.J.C). Sa description est assez cohérente avec celle d’Hérodote.
 
   Ces guerres furent également décrites, avec moins de détails, par un certain nombre d’autres historiens de l’Antiquité dont : Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), Ctésias de Cnide (Médecin Grec et historien de la Perse et de l’Inde d’Artaxerxès II, mort v.398) et Eschyle (ou Aiskhúlos, v.526- 456). Des preuves archéologiques, tels que la colonne de Serpent (aujourd’hui à l’Hippodrome d’Istanbul), reprennent également une partie d’informations particulières d’Hérodote.

 

Le contexte

 
   Les cités Grecques d’Athènes et d’Érétrie avaient encouragé les révoltes Ioniennes contre l’Empire Perse Darius I (522-486) de 499 à 494. Cette rébellion menaçait l’intégrité de son Empire et le Roi promis de punir ceux qui s’y impliquèrent, en particulier les Athéniens. Darius I voyait également la possibilité d’étendre son Empire dans le monde Grèce. Malheureusement pour lui, cette campagne se termina par la victoire Athénienne à la bataille de Marathon en 490. La deuxième invasion Perse fut une réponse tardive à cette défaite de leur première tentative. Darius I leva une énorme nouvelle armée avec laquelle il visait d’asservir complètement la Grèce. Cependant, en 486, ses sujets Égyptiens se révoltèrent, reportant toute expédition Grecque. Darius I mourut lors de la préparation de la marche sur l’Égypte, et le trône de Perse passa à son fils Xerxès I (486-465). Celui-ci écrasa la révolte Égyptienne et très rapidement renouvela les préparatifs de l’invasion de la Grèce. Comme il s’agissait d’une invasion à grande échelle, elle exigea une longue planification.
 
  Au printemps 480, l’immense armée Perse de Xerxès I (486-465) prit le départ. Les troupes à pied depuis leur base hivernale de Sardes (Lydie) et la flotte depuis Phocée (Voir carte Ionie). Elle passa par Abydos pour franchir les ponts de bateaux installés sur l’Hellespont. Au total, selon la tradition, ce passage dura sept jours et sept nuits. Ensuite l’armée se dirigea vers Sestos, puis Doriscos où s’opéra la jonction avec la flotte, puis elle envahit la Piérie. Les Athéniens avaient également été préparés pour la guerre, depuis le milieu de 480, et, en 482, la décision fut prise, sous l’impulsion du Général Athénien Thémistocle (v.525-v.460/459), de construire une flotte massive de galères qui serait essentiel pour les Grecs pour lutter contre les Perses. Cependant, les Athéniens n’avaient pas les effectifs nécessaires pour combattre sur terre et sur mer et la guerre nécessitait une alliance de cités Grecques. Un congrès des États se réunit à Corinthe, fin de l’automne 481 et une alliance confédérée de cités Grecques fut formée.
 


 

Le site de la bataille d’aujourd’hui passer la zone
du mur Phocidien – La route à la droite a été construite sur des terrains gagnés qui
étaient la côte à l’époque

Photo avant retouches : wikipedia.org

   L’alliance décida au printemps 480 que les Grecs devaient se rassembler dans l’étroite vallée de Tempé, sur les frontières de la Thessalie à travers laquelle ils pensaient que l’armée Perse devrait passer. Cependant, une fois là-bas, les Grecs furent avertis que la vallée pouvait être contournée par le col Sarantoporo, et que l’armée de Xerxès I était écrasante, les Grecs décidèrent de se retirer. Sur les conseils de Thémistocle, ils changèrent de stratégie. Compte tenu de la route qu’avait prise l’armée ennemie il était maintenant indispensable de bloquer l’avance de Xerxès I au défilé des Thermopyles, et dans le même temps de bloquer leur marine au détroit du cap Artémision (Situé au Nord-est d’Eubée) pour éviter qu’ils ne contournent les Thermopyles par la mer. Ce défilé était le seul passage entre la Thessalie et la plaine de l’Attique, coincé entre la montagne et le golfe Maliaque. Les Perses, pour garder le contact avec leur flotte, devaient emprunter cette seule route importante qui passait par les Thermopyles.
 

Le prélude et la stratégie

 
   L’armée Perse semble avoir fait des progrès lents à travers la Thrace et la Macédoine. La nouvelles de son approche imminente atteignit la Grèce en Août de la même année grâce à un espion Grec. Hérodote nous dit que bien que le Roi de Sparte Léonidas I (490-480) suite à une prophétie, était convaincu qu’il allait à une mort certaine, il prit le commandement de la coalition Grecque et décida d’occuper ce défilé des Thermopyles. Ses forces furent renforcées en route par les contingents de différentes villes et comptait plus de 7.000 au moment où il arriva au col des Thermopyles.
 
   Tandis que la flotte Grecque commandée par Eurybiade prit position dans le canal d’Oréos, au Nord d’Eubée. Léonidas I choisit d’établir et de défendre son camp à la “porte du milieu“, la partie la plus étroite du défilé des Thermopyles, où les Phocidiens avaient construit un mur défensif quelque temps auparavant. Le Roi apprit de la ville voisine de Trachis (Ce fut une ville et un dème au Sud du fleuve Spercheios), qu’il y avait une piste de montagne, le sentier d’Anopée, qui pouvait être utilisée pour déborder les Thermopyles. Il y stationna 1.000 Phocidiens sur les hauteurs pour éviter une telle manœuvre.
 
   À la mi-Août, l’armée Perse fut aperçue approchant dans le golfe Maliaque. Les Grecs tinrent un conseil de guerre. Certains Péloponnésiens suggérèrent le retrait de l’isthme de Corinthe et de bloquer le passage dans le Péloponnèse. Les Phocidiens et Locriens, dont les États étaient situés à proximité, s’indignèrent et conseillèrent de défendre les Thermopyles et l’envoi de plus d’aide. Léonidas I calma la panique et décida de défendre les Thermopyles lui-même. À ce moment un émissaire Perse fut envoyé par Xerxès I pour négocier avec le Roi Sparte. S’ils se rendaient, il offrait aux Grecs leur liberté et le titre d'”Amis du peuple Perse” en outre, ils seraient réinstallés sur des terres mieux que celles qu’ils possédaient.
 
   Ces conditions furent rejetées par Léonidas I et la bataille devint inévitable. Le nombre des troupes rassemblées par Xerxès I pour la totalité de sa campagne en Grèce fait toujours l’objet de discussions, parce que les chiffres donnés dans les sources antiques sont très différents. Les estimations des scientifiques modernes sont généralement dans la fourchette 700.000-300.000. Ces estimations proviennent généralement de l’étude de leurs capacités logistiques à cette époque, et les contraintes de main-d’œuvre globale qui les concernaient. Le nombre de troupes Perses présentes aux Thermopyles est donc aussi incertain. Par exemple, il est difficile de savoir si toute l’armée marchait par les Thermopyles, ou si le Roi Perse avait laissé des garnisons en Macédoine ou en Thessalie.

Statue moderne en bronze de
Léonidas I dans le centre de Sparte

 

 
   D’un point de vue stratégique, en défendant les Thermopyles, les Grecs faisaient le meilleur usage possible de leurs forces. Tant qu’ils pouvaient empêcher la poursuite de l’avance Perse en Grèce, ils n’avaient pas besoin de chercher une bataille décisive et pouvaient rester ainsi sur la défensive. De plus, en défendant deux passages rétrécis (Thermopyles et Artémision), leur infériorité numérique devenait moins problématique. Les Perses devaient donc se retirer ou avancer, et prendre le défilé des Thermopyles leur était impératif. Le point faible majeur pour les Grecs était un sentier de montagne qui conduisait à travers celle-ci parallèlement aux Thermopyles, et permettrait à leur position d’être débordée.
 
   Comme dit plus haut Léonidas I renforça avec les troupes Phocidiennes cette position afin de la bloquer. Le point fort, à l’époque, ce défilé des Thermopyles était composé d’une piste le long de la côte du golfe Maliaque si étroite qu’un seul char pouvait passer à la fois. On évitait donc ainsi toute charge de cavalerie. Sur le côté Sud de la piste se tenaient les falaises qui donnaient sur le col, et sur le côté Nord se trouvait le golfe Maliaque. Le long de la voie elle-même se trouvait une série de trois constrictions, ou “portes” (ou pylai), et la porte centrale avait un petit mur érigé par les Phocidiens au siècle précédent pour aider à leur défense contre les invasions Thessaliennes.

 

Le déroulement

 
   Le cinquième jour après l’arrivée des Perses aux Thermopyles allait être le premier jour de la bataille. Le 18 Août Xerxès I se résolut à attaquer. Tout d’abord, il ordonna à 5.000 archers de tirer un barrage de flèches sur les Grecs, mais les boucliers de bronze et les casques de ces derniers dévièrent les projectiles, ne faisant aucun dommage. Après cela, le Roi envoya une force de 10.000 Mèdes et Susiens contre les Grecs, pour les faire prisonniers. Les Perses se retrouvèrent lancer en un assaut frontal devant le mur Phocidien. Les détails de la tactique Grecque donnés par Diodore de Sicile disent : “les hommes se tenaient au coude à coude et les Grecs étaient supérieurs en valeur du fait de la grande taille de leurs boucliers”.
 
   Ceci est probablement la description de la phalange Grecque standard, dans laquelle les hommes formaient un mur de boucliers qui se chevauchaient avec les pointes de leur lance dirigées en saillie sur les côtés des boucliers. Les boucliers plus faibles et les lances et épées plus courtes des Perses les empêchèrent d’attaquer efficacement les hoplites Grecs. Ceux-ci massacrèrent tant de Mèdes que Xerxès I, après avoir pris la mesure de l’ennemi, jeta ses meilleures troupes dans un second assaut le même jour, les Immortels, un corps d’élite de 10.000 hommes. Cependant, les Immortels ne s’en sortirent pas mieux que les Mèdes. Les Spartiates utilisèrent apparemment comme tactique de feindre la retraite, puis ils se retournèrent et tuèrent les troupes ennemies qui leur courraient après.
 
   Le deuxième jour (19 Août) Xerxès I envoya de nouveau l’infanterie attaquer le col, supposant que son ennemi avait perdu des effectifs et était si peu nombreux qu’il ne pouvait désormais plus résister. Cependant, les Perses ne s’en sortent mieux que lors du premier jour. Xerxès I arrêta enfin l’assaut et se retira dans son camp, totalement perplexe. À la fin de cette deuxième journée de bataille, alors que le Roi Perse était à réfléchir sur ce qu’il fallait faire pour venir à bout des Grecs, la chance tourna en sa faveur. Il reçut la visite d’un Trachinien (de Trachis) nommé Éphialtès (ou Éphialte de Trachis ou Ephiáltês “cauchemar“, en Grec : ‘Eφιάλτης) qui l’informa du sentier de montagne, le sentier d’Anopée, autour des Thermopyles, qui permettait de prendre les Grec à revers, par lequel il s’offrait de guider l’armée Perse. Éphialtès était motivée par le désir d’une forte récompense.
 
   Hérodote rapporte que Xerxès I envoya ce soir-là son commandant Hydarnes, avec des hommes, pour encercler les Grecs par le chemin. Cependant, il ne dit pas qui sont ces hommes. Les Immortels avaient été en grande partie décimés le premier jour, il est donc possible qu’Hydarnes put prendre le commandement d’une force hétéroclite, y compris avec ce qui restait des Immortels. Selon Diodore de Sicile, il avait sous ses ordres de 20.000 hommes pour la mission. Le sentier d’Anopée conduisait de l’Est du camp Perse le long de la crête du mont, derrière les falaises qui flanquaient la passe. Il se ramifiait ensuite avec un chemin menant d’un côté à la Phocide et de de l’autre côté vers le golfe Maliaque.
 


 

Le monument de Léonidas I et
des Spartiates aux Thermopyles

   À l’aube du troisième jour, les Phocidiens qui gardaient le chemin ci-dessus prirent conscience qu’une colonne Perse essayait de les déborder. Ils se retirèrent sur une colline proche pour refaire leur campement en supposant que les Perses allaient venir les attaquer. Cependant, ne voulant pas être retardés, ceux-ci leur envoyèrent une volée de flèches, avant de continuer leur encerclement. Léonidas I apprit par un coureur Phocidiens qu’ils n’avaient pas réussis à tenir le sentier et il appela à l’aube à un conseil de guerre. Selon Diodore de Sicile ce fut un Perse, appelé Tyrrhastiadas, qui avertit les Grecs. Parmi ces derniers beaucoup firent valoir le désir d’une retraite, mais Léonidas I, se voyant perdu, décida alors de se sacrifier et de maintenir la passe avec les 300 hoplites Spartiates, ainsi que 700 soldats de Thespies (ou Thespiai, cité de Béotie) conduits par leur Général Démophilos (ou Demophilus).
 
   L’idée fut de tenir pour laisser à l’armée Grecque le temps de se retirer en bon ordre et d’organiser sa défense. La plupart des contingents Grecs choisirent alors de se retirer, mais on ignore si ce fut sur l’ordre du Roi de Sparte ou de leur propre chef. Les 400 combattants de Thèbes, probablement des hilotes qui avaient accompagné les Spartiates, reçurent aussi l’ordre de participer à cette défense, mais selon Peter Connoly, ils désertèrent. Le sacrifice de Léonidas I et ses hommes couvrant la retraite et en continuant à bloquer le passage, aurait sauvé plus de 3.000 hommes.
 

   À l’aube de ce 20 Août, Xerxès I fit des sacrifices aux Dieux et donna suffisamment de temps pour permettre aux Immortels de descendre la montagne, puis il commença sa progression. Une force Perse de 10.000 hommes, composée d’infanterie légère et de cavalerie, chargea à l’avant de la formation Grecque. Les Grecs cette fois sortirent des murs de protection de la porte pour répondre à l’attaque Perse dans la partie la plus large de la passe dans l’idée d’abattre autant d’ennemis qu’ils le pouvaient. Ils se battirent avec des lances jusqu’à ce que chaque lance fût brisée, puis passèrent aux xiphos (courte épée).
 
   Dans cette lutte, Hérodote affirme que deux des demi-frères de Xerxès I tombèrent, Abrocomas (ou Abrocome ou Abrocomes ou Abrokomas) et Hypherantès (ou Hyperanthes) (Fils de Phratagounè (ou Phratagune ou Phratagone)). Léonidas I fut également tué dans cet assaut, abattu par les archers Perses, et les deux parties se battirent sur son corps. Les Grecs alors se retirèrent et prirent position sur une colline derrière le mur. Hérodote dit : “Ils se défendirent jusqu’au dernier, ceux qui avaient encore des épées les utilisaient, et les autres résistaient avec leurs poings et leurs dents“. Xerxès I ordonna d’abattre une partie du mur et de faire pleuvoir des flèches jusqu’à ce que chaque Grec soit mort.
 


 

Dessin de Peter Connoly –
Greece and Rome at War
– London, 1981, p. 22

 
   En 1939, l’archéologue Spyridon Marinatos, qui excavait aux Thermopyles, trouva un grand nombre de pointes de flèches Perses en bronze sur la colline Kolonós, ce qui changea l’identification de la colline sur laquelle les Grecs auraient été massacrés vers une plus petite près du mur. Le passage des Thermopyles fut ainsi ouvert à l’armée Perse. Selon Hérodote, les pertes pour eux s’élevèrent à 20.000.
 
   L’arrière-garde Grecque, quant à elle, fut anéantie, avec une perte probable de 2.000 hommes, y compris ceux tués sur les deux premiers jours de la bataille. Hérodote dit à un moment que 4.000 Grecs moururent, mais en supposant que les Phocidiens qui gardaient la piste ne furent pas tués lors de la bataille (comme il l’indique), ce serait presque chaque soldat Grec présent qui serait mort, mais ce nombre est probablement trop élevé.

 

Après la bataille

 
   Ce sacrifice permit aux Grecs de poursuivre leur lutte de libération. Quelques sources ont perpétué cet exploit insensé, ce sacrifice et cet acte patriotique. Cette bataille devint même l’emblème de la résistance Grecque à l’envahisseur. Au sommet du Kolonós, théâtre de l’ultime résistance Spartiate, sur lequel est érigé un mausolée, une inscription du poète Simonide de Céos (556-467), commémore cette action : "Passant, va dire à Sparte que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois".
 
   La défaite des Thermopyles rendit la situation de la flotte Grecque intenable. Elle recula jusqu’au golfe Saronique, au cœur même du pays. Cette retraite livra à l’ennemi la Grèce centrale tout entière. Xerxès I reprit sa progression sur mer et sur terre afin de prendre Athènes. Les Perses pénétrèrent en Attique et s’avancèrent vers la cité. La ville ne possédant pas un système de défense assez puissant, Thémistocle décida d’évacuer la population vers Égine, Trézène et Salamine.
 
   La ville fut ainsi abandonnée à l’exception de quelques centaines d’hommes qui souhaitaient défendre l’Acropole et qui le payèrent de leur vie. Les Perses prirent la ville, puis l’Acropole et mirent à sac la cité. La flotte des Athéniens était toujours intacte, à la demande de Thémistocle elle s’installa alors à Salamine où le 29 Septembre 480, les navires Grecs écrasèrent la flotte Perse. (Pour d’autres détails voir : La bataille de Salamine).

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Ernle Dusgate Selby Bradford :
The year of Thermopylae, Macmillan, London, 1980.
Thermopylae : The battle for the West, McGraw-Hill, New York, 1980 – Da Capo press, New York, 1993.
Ernle Dusgate Selby Bradford et Wolfgang Crass :
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Paul A.Cartledge :
Thermopylae : The battle that changed the world, Overlook Press, Woodstock, 2006.
After Thermopylae : The oath of Plataea and the end of the Graeco-Persian wars, Oxford University Press, Oxford, New York, 2013.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Jacqueline Christien et Yohann Le Tallec :
Leéonidas : Histoire et mémoire d’un sacrifice, Ellipses, Paris, 2013.
Apostolos Basileiou Dascalakis :  
Problèmes historiques autour de la bataille des Thermopyles, École Française d’Athènes, Éditions De Boccard, Paris, 1962.
Nic Fields et Steve Noon :
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Peter Green :
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996.
Nicholas Geoffrey Lemprière Hammond :
The expedition of Xerxes: Persian preparations and the advance to therma in Macedonia, collection : The Cambridge Ancient History / IV Persia, Greece and the Western Mediterranean, Cambridge University Press, 2000.
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Konstantinos P.Kontorlis :
Graeco-Persian wars : Marathon, Thermopylae, Salamis, Plataeae, K. Kontorlis, Athens, 1963.
The battle of Thermopylae, K. Kontorlis, Athens, 1972.
Jean Malye :
La véritable histoire de Sparte et de la bataille des Thermopyles, Belles lettres, Paris, 2007.
Christopher Anthony Matthew et Matthew Trundle :
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Rupert Matthews :
The battle of Thermopylae : A campaign in context, Spellmout Publ., Staplehurst, 2006.
Ian Macgregor Morris :
To make a new Thermopylae : Hellenism, Greek liberation, and the battle of Thermopylae, pp. 211–230, Greece & Rome 47, N°2, 2000.
Leonidas : Hero of Thermopylae, Rosen Central, New York, 2004.
Luc Mary :
Les Thermopyles : La plus célèbre bataille de l’Antiquité, Larousse imprimerie, Paris, 2011.
Philip Steele :
Thermopylae, Maxwell Macmillan International, New York, 1993 – New Discovery Books, New York, 2011 – Maxwell Macmillan Canada, Toronto, 2011.
George John Szemler, William Joseph Cherf et John Christian Kraft :
Thermopylai : Myth and Reality in 480 B.C, Ares, Chicago, 1996.

 

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