Les grandes batailles de l’antiquité :
Bataille du cap Mycale –
Bataille de l’Eurymédon
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire
 

Présentation
Le contexte
Le prélude
Les effectifs et tactiques
      Les forces Grecques
      Les forces Perses
      Les tactiques et stratégies
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  du  cap  Mycale Août ou
Sept. 479
Dessin de la bataille –
Auteur inconnu

 

Présentation

 
   La bataille du cap Mycale (ou Machē tēs Mykalēs, en Grec : Μάχη τς Μυκάλης) fut l’une des deux grandes batailles qui mirent fin à la deuxième invasion Perse de la Grèce pendant les Guerres Médiques (499-479). Elle eut lieu le, ou vers, le 27 Août 479 av.J.C., sur les pentes du mont Mycale, sur la côte d’Ionie, en face de l’île de Samos. La bataille opposa une coalition de cités-États Grecques, y compris Sparte, Athènes et Corinthe, contre l’Empire Perse de Xerxès I (486-465). L’année précédente, les Perses avaient remporté deux succès militaires, à la bataille des Thermopyles et à la bataille de l’Artémision et avait conquis la Thessalie, la Béotie et l’Attique. Cependant, lors de la bataille de Salamine qui suivit, la flotte Grecque coalisée avait remporté la victoire et empêché la conquête du Péloponnèse.
 

   À ce moment Xerxès I fit une chose que les historiens ne s’expliquent toujours pas, il laissa le commandement d’une importante armée à Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye), abandonna ses troupes et retourna vers sa capitale Suse. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) donne le chiffre de 300.000 hommes qui hivernèrent en Grèce continentale, pour attaquer le Péloponnèse au printemps. À l’été 479 Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎) envahit de nouveau l’Attique, réoccupa Athènes et confronta en Béotie une grande armée Grecque. Lors de cette bataille de Platées, les Perses furent vaincus et Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) tué. Dans le même temps, la flotte alliée navigua vers Samos, où les restes démoralisés de la marine Perse étaient cantonnées.

   Les Perses, cherchant à éviter une bataille en mer, échouèrent leur flotte sous les pentes de mont Mycale, et, avec le soutien d’un groupe de leur armée de terre, construisirent un camp palissadé. Le commandant Grec, le Roi de Sparte Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) décida d’attaquer les Perses malgré cette protection. Bien que les forces Perses opposèrent une résistance solide, les hoplites alliés, lourdement armé, se montrèrent supérieurs au combat, et finalement mirent en déroute les troupes ennemies, qui fuirent vers leur camp. Les contingents Grecs Ioniens de l’armée Perses firent défection, le camp fut assailli et un grand nombre de Perses fut abattus.

 
   Leurs navires furent pris et brûlés amenant la destruction complète de leur marine. Dans le même temps, la destruction de l’armée de Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) à Platées (prétendue le même jour que la bataille de Mycale), mit un terme l’invasion de la Grèce. Après Platées et Mycale, les alliés prirent l’offensive contre les Perses, marquant une nouvelle phase des Guerres Médiques. Bien que Mycale fut, dans tous les sens du terme, une victoire retentissante, elle n’eut pas le même impact que, par exemple, la victoire Athénienne à la bataille de Marathon ou la défaite Spartiate à la bataille des Thermopyles. Pratiquement la seule source sur la bataille du cap Mycale nous est parvenue de l’historien Hérodote (Historien Grec, 484-v.425).

 

Le contexte

 
   Les cités Grecques d’Athènes et d’Erétrie avaient soutenu la révolte Ionienne, en 499-494 av.J.C, contre l’Empire Perse de Darius I le Grand (522-486), dirigée par le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos). L’Empire Perse était encore relativement jeune et sujet à des révoltes parmi ses peuples soumis. La révolte Ionienne avait directement menacé l’intégrité de l’Empire Perse et les états de la Grèce continentale restaient une menace potentielle à sa future stabilité. C’est ce qui poussa le Roi à vouloir pacifier la Grèce et la mer Egée et punir les cités qui s’étaient impliquées dans la révolte Ionienne, Athènes et Érétrie.
 
   Le Roi vit également là une possibilité d’étendre son Empire dans ce monde Grec turbulent. Avec l’expédition préliminaire sous Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye), en 492 av.J.C., pour sécuriser ses territoires et se rapprocher de la Grèce, prit fin la reconquête de la Thrace et força la Macédoine à devenir un royaume client de la Perse. En 490, Darius I décida d’envoyer une expédition maritime dirigée par le Satrape Perse Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês, neveu de Darius I) et le Général Mède Datis. Après un succès d’île en île en mer Egée, la force Perse arriva à l’île d’Eubée en plein été, pour punir Érétrie. Elle prit et ravagea la cité et déporta la population près de Suse. (Voir le Siège d’Érétrie).


 

Vue du mont Mycale depuis Priène
Photo avant retouches : wikipedia.org

 
   Après ce succès le but était maintenant de punir Athènes. La flotte Perse se dirigea sur l’Attique. Elle accosta, le 12 Septembre 490, sur la baie de Marathon où elle fut accueillie par l’armée Athénienne qui bien qu’en infériorité numérique, au bout du 5e jour de combat, le 17 Septembre 490, remporta une grande victoire sur les Perses, ce qui entraîna leur retrait vers l’Asie. (Voir la Bataille de Marathon).
 
   Darius I voulait préparer sa revanche et une nouvelle expédition, mais il mourut avant que l’invasion ne commença. Son fils Xerxès I (486-465) rapidement reprit la lutte. Il commença les préparatifs pour une nouvelle invasion de la Grèce. Le Roi se donna les moyens de son ambition et monta une opération à très grande échelle. Celle-ci demandait une planification à long terme, entre l’intendance, le stockage des biens utiles et le recrutement de l’armée. Enfin prêt, au début de l’année 480, le Roi et son immense armada terrestre partirent de Sardes (en Lydie) et traversèrent l’Hellespont pour arriver en Thrace, soutenus par une flotte amenant le ravitaillement.
 
    Dans le même temps, les Athéniens se préparèrent également au retour des Perses et, en 482, la décision avait été prise, sous la direction de Thémistocle (ou Themistokles, en Grec : Θεμιστοκλς, v.525-v.460/459), de construire une énorme flotte de trirèmes. Toutefois, les Athéniens étaient conscients qu’ils n’étaient pas assez nombreux pour combattre seuls sur terre et sur mer. À la fin de l’automne 481 une alliance confédérale fut formée entre plusieurs cités-États qui s’étaient réunies à Corinthe. La coalition se réunit à nouveau au printemps 480 et décida une stratégie de blocage sur terre. L’idée était de bloquer la route vers le Sud de la Grèce (Béotie, Attique et Péloponnèse) à Xerxès I. Mais ce plan nécessitait d’arrêter le Roi au passage des Thermopyles. La configuration du site permettait plus facilement aux hoplites Grecs de contenir l’immense armée Perse. Dans le même temps, le plan prévoyait que pour prévenir un contournement par la mer la flotte alliée devrait bloquer le détroit de l’Artémision. Cette double stratégie fut adoptée par le congrès.
 
   Le Roi de Sparte, Léonidas I (490-480) prit le commandement de la coalition Grecque et, en Août 480, décida d’occuper le défilé des Thermopyles avec 7.000 hommes. (Voir la Bataille des Thermopyles). Malgré un sacrifice héroïque des Spartiates, les Grecs furent écrasés. Léonidas I décida alors de se sacrifier avec les 300 hoplites, ainsi que 700 soldats des cités de Thèbes et de Thespies (ou Thespiai), pour laisser aux Grecs le temps d’organiser leur défense et à l’armée de se retirer en bon ordre. La défaite des Thermopyles allait rendre la position de la flotte Grecque intenable.

 

    Elle était au mouillage comme prévu au cap Artémision (Situé au Nord-est d’Eubée) quand se déclencha la bataille des Thermopyles. Lorsque les nouvelles désastreuses des Thermopyles arrivèrent, les Grecs se retrouvèrent dans l’obligation de reculer, pour mieux tenir le détroit de l’Artémision qui devenait d’un coup un point qui allait être très discuté avec la flotte Perse. (Voir la Bataille de l’Artémision).
 
   Suite aux Thermopyles l’armée Perse brûla et saccagea les villes de Béotie qui n’avait pas cédées, avant de prendre possession de la ville désormais évacuée d’Athènes. L’armée alliée, quant à elle se tenait prête à défendre l’isthme de Corinthe. Xerxès I souhaitait une cuisante défaite finale sur les alliés qui marquerait la fin de la conquête de la Grèce, à l’inverse, les alliés cherchaient une victoire décisive sur la flotte Perse qui leur garantirait la sécurité dans le Péloponnèse. La bataille navale de Salamine qui suivit se termina par une victoire décisive des alliés, marquant un tournant dans le conflit.

   À ce moment l’attitude de e de e de e de Xerxès I pose de nombreuses interrogations aux historiens. Celui-ci laissa le commandement à Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye), abandonna ses troupes et retourna vers sa capitale Suse. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), ce fut parce qu’il craignait que les Grecs naviguent vers l’Hellespont et détruisent les ponts de bateaux, piégeant ainsi son armée en Europe ?. Il laissa en Grèce une importante armée, Hérodote donne le chiffre de 300.000 hommes qui hivernèrent en Grèce continentale, pour attaquer le Péloponnèse au printemps.
 
   À ce moment Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye‎‎) envahit de nouveau l’Attique, réoccupa Athènes et s’installa en Béotie. Au cours de l’hiver, il y eut des tensions entre les alliés. En particulier, les Athéniens qui n’étaient pas protégés par l’isthme, mais qui fournissaient le gros de la flotte qui le défendait, vivaient mal cette situation et demandèrent aux alliés d’avancer vers le Nord l’année suivante. Les alliés refusèrent, ce qui fit que la flotte Athénienne refusa de rejoindre les autres marines au printemps.

 
   À partir de ce moment ce fut le Roi de Sparte Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) qui prit le commandement de la marine. Les alliés quittèrent sans se faire remarquer Délos, tandis que le reste de la flotte Perse quittait Samos, les deux camps cherchant à éviter une confrontation avec l’adversaire. De même, Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) cantonna en Thessalie, sachant qu’une attaque de l’isthme était inutile. Cependant, la situation ne pouvant rester ainsi, il tenta une sortie de l’impasse en essayant de se rallier les Athéniens et leur flotte. Pour se faire il se fit aider par le Roi de Macédoine Alexandre I Philhellène (498-454). Il leur offrit la paix, l’autonomie et même de nouveaux territoires. Les Athéniens s’assurèrent qu’une délégation Spartiate était également sur place pour entendre l’offre et la rejetèrent.
 
   Sur ce refus, les Perses marchèrent vers le Sud. Athènes fut de nouveau évacuée et abandonnée et laissée à l’ennemi. Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) renouvela son offre de paix aux Athéniens réfugiés sur l’île de Salamine. Athènes, Mégare et Platées, envoyèrent des émissaires à Sparte pour demander son assistance en menaçant d’accepter les termes de paix des Perses s’ils refusaient de les aider. Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), les Spartiates qui célébraient le festival de Hyacinthe (ou Hyacinthus) retardèrent leur prise de décision jusqu’à ce qu’un de leurs invités, Chiléos de Tégée fit remarquer le danger que ferait courir à toute la Grèce une reddition des Athéniens. Le lendemain, les émissaires Athéniens apprirent qu’une armée Spartiate était en marche contre les Perses.
 
   En réponse, la flotte Athénienne, sous les ordres de Xanthippe (ou Xanthippus, en Grec : Ξάνθιππος, homme politique et Général Athénien, v.525-475 av.J.C.), se joignit à la flotte alliée hors de Délos. Ils furent ensuite approchés par une délégation de Samos, qui leur garanti que les villes Ioniennes se révolteraient si la flotte alliée engageait avec succès la flotte Perse. Ils soulignèrent, de plus, le mauvais état, et du moral, et de la navigabilité de cette flotte réduite. Le Roi Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) décida alors d’attaquer.

 

Le prélude

 
   Lorsque les Perses apprirent que la flotte alliée approchait, ils mirent voile vers Samos et le continent Ionien. Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), ce fut parce qu’ils avaient décidé en conseil qu’ils ne pouvaient pas battre les alliés dans une bataille navale. Ils envoyèrent les navires Phéniciens le plus loin possible (Hérodote n’explique pas pourquoi), puis ils naviguèrent vers le rivage au pied du mont Mycale. Le Roi Perse Xerxès I (486-465) avait laissé là une armée, sous le commandement du Général Tigrane, pour garder l’Ionie. Les Perses échouèrent leurs navires et construisirent autour une palissade et se préparèrent à défendre leur campement fortifié.
 
   En voyant que la flotte Perse avait quitté Samos, les Grecs, après une période d’incertitude, se résolurent à la poursuivre. Ils se dirigèrent également vers le continent pensant débuter une bataille navale. Cependant, en arrivant au cap Mycale ils virent que les Perses ne leur livreraient pas bataille sur mer, car ils avaient échoué leurs navires et s’étaient retranchés dans leur camp fortifié. Le Roi Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) navigua alors au plus près du camp que possible, et depuis son navire hurla aux Ioniens :

“Hommes d’Ionie, vous qui m’entendez et comprenez ce que je dis….. je vous adjure que nous nous joignons dans la bataille…. il est bon pour chacun de se rappeler sa liberté et côte à côte dans la bataille crier Hébé …. “

Hérodote suggère que le but de ce message était double. D’une part pour encourager les Ioniens, à l’insu des Perses, de se battre pour les alliés, ou au moins de ne pas se battre contre eux, ou, si le message était connu des Perses, pour les rendre les méfiant des Ioniens.
 


 

Représentation d’un
soldat Perse

   Suite à cet appel, les alliés échouèrent également leurs navires, et commencèrent à se préparer à l’assaut du camp. Les Perses, devinant que leur contingent Samien soutiendrait les alliés, emportèrent leur armure. En plus, ils envoyèrent les Milésiens pour garder les passes sur le mont Mycale, soupçonnant que ces derniers pourraient aussi faire défaut. Ainsi débarrassé de deux menaces internes potentielles, ils quittèrent leur camp, et se préparèrent pour la bataille. Il est probable que le nombre relativement faible de marins que les alliés avaient débarqué pour la bataille les mit aussi en confiance, les encourageant à quitter la sécurité de leur camp.
 
   Hérodote rapporte que lorsque les alliés approchèrent le camp des Perses, le bruit se répandit parmi eux de leur victoire à Platées. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) affirme également que Léotychidas II informa les alliés de la victoire avant le début de la bataille. Leur moral s’en trouvant ainsi renforcé, ils partirent pour gagner leur propre victoire. Diverses explications ont tenté d’expliquer cet événement, et aussi le fait avancé que Platées et Mycale eurent lieu le même jour. Peter Green suggère que, suite à la victoire de Platées, le Général Spartiate Pausanias prit le contrôle du système de communication que Xerxès I utilisait pour communiquer avec l’Asie Mineure, et l’utilisa pour envoyer des nouvelles de Platées à la flotte alliée. Ce qui expliquerait la rumeur de la victoire et l’attaque presque simultanée, mais ce n’est seulement qu’une possible théorie.

 

Les effectifs  et  tactiques

 
      Les forces Grecques :
 
   Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) donne une description des effectifs qui furent rassemblés mais les chiffres sont controversés. L’auteur prétend que le Roi Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) avait 110 trirèmes sous son commandement. Cependant, l’année précédente, les alliés avaient dépêché 271 trirèmes à la bataille de l’Artémision, puis 378 à la bataille de Salamine. Il dit également que les alliés avaient la suprématie sur mer après Salamine, ce qui impliquerait qu’ils eurent une flotte au moins égale à celle des Perses. Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), d’autre part, compte 250 navires pour les alliés, ce qui est plus conforme à leur niveau de force de l’année précédente.
 
   Ces deux chiffres peuvent être rapprochés en supposant que Léotychidas II avait 110 trirèmes sous son commandement, avant d’être rejoint par Xanthippe (ou Xanthippus, en Grec : Ξάνθιππος, homme politique et Général Athénien, v.525-475 av.J.C.) et les vaisseaux Athéniens, après que l’armée alliée soit sortie du Péloponnèse. Telle est l’approche adoptée par Tom Holland, qui donne une force navale qui pourrait correspondre aux restes de la flotte Perses. Bien que les Athéniens aient envoyé 8.000 hoplites à Platées, ils auraient encore eu amplement la quantité d’homme pour monter une grande flotte de trirèmes. Les spécialistes suggèrent qu’une trirème pouvait probablement transporter un maximum de 40-45 soldats. La combinaison de ces chiffres donne un éventail de 22.000 à 58.000 hommes pour les alliés, avec 3.300 à 11.250 marins. Les estimations d’environ 40.000 hommes qui sont données dans certaines sources, représentent environ la fourchette médiane possible.
 
      Les forces Perses :
 
   Le nombre de navires et hommes Perses impliqués dans la bataille est, comme souvent dans les Guerres Médiques, quelque peu problématique. Il est clair que si la flotte Perse n’a pas osé mener des opérations contre les alliés c’est qu’elle devait être à peu près égale ou inférieure à la flotte Grecque. Hérodote donne pour la flotte Perse 300 navires, ce qui dans cette hypothèse serait juste puisque les Grecs avaient 378 navires à Salamine, mais ont subi des pertes importantes, et donc il devait probablement leur en rester environ 300. Les navires Phéniciens furent renvoyés de la flotte Perse avant la bataille, ce qui réduisit le contingent. Diodore de Sicile nous dit que pour garder le camp et les navires, les Perses rassemblèrent 100.000 hommes, tandis qu’Hérodote suggère qu’il y en avait 60.000 dans toute l’armée sous le commandement du Général Tigrane. Ces deux décomptes pourraient suggérer qu’il y avait environ 40.000 hommes avec la flotte.
 
   Étant donné que la quantité de la flotte Perse est indéterminée à la suite de Salamine, mais que l’on estime à 200-300 navires, les effectifs seraient bien ce nombre de marin (en utilisant le compte standard de 200 hommes par navire). Le total de 100.000 de Diodore est probablement trop élevé. Pour accueillir 100.000 hommes et plus de 200 navires, le camp Perse aurait dû être énorme. Les estimations de l’immense camp du Général Mardonios (ou Mardonius ou Mardoniye) à la bataille de Platées, qui fut construit en beaucoup plus de temps, suggèrent qu’il n’aurait pu loger que 70.000 à 120.000 hommes. Il est peu probable qu’un tel grand camp fut construit à Mycale dans le délai qu’Hérodote suggère. Il est donc possible que le chiffre de 60.000 hommes cité par ce dernier soit en fait juste.
   
      Les tactiques et stratégies :
 
   Une grande stratégie ne fut pas nécessaire pour les deux camps pour cette bataille. Bien que la destruction de la flotte ennemie se traduisait par un avantage stratégique clair pour les deux parties, de tenter une attaque risquait la perte de leur propre marine. Les actions des deux côtés reflètent donc plus un aspect moral et de confiance que sur des considérations stratégiques. Les Perses, voyant peu à gagner dans cette bataille, démoralisés, avec une flotte usée et avec des dissidences en leur sein, cherchèrent à éviter une bataille navale. À l’inverse, les alliés cherchèrent à fondre sur l’ennemi une fois qu’ils furent informés de l’avantage moral et de l’état de la flotte Perse. Tactiquement, cette dernière aurait dû tenir l’avantage sur mer, puisque la partie Athénienne de la flotte Grecque était, en dépit de leurs efforts aux batailles de l’Artémision et de Salamine, toujours en cours de recrutement et de réparations.
 
   Cependant, du fait de leur moral au plus bas, ou tout simplement parce que ils étaient en fait en infériorité numérique, les Perses choisirent l’option de l’avantage tactique d’une jonction avec l’armée sous le commandement de Général Tigrane, et de fortifier une position. Lorsque les Grecs choisirent d’attaquer sur terre, les Perses perdirent l’avantage de leurs fortifications et sortirent pour lutter contre les alliés sur un champ ouvert. En outre, comme les batailles de Marathon et des Thermopyles l’avaient montré, un grand nombre conférait peu d’avantage contre des hoplites plus lourdement armés et protégés. Ainsi lorsque la bataille commença, ce fut les Grecs qui eurent l’avantage tactiquement.

 

Le déroulement

 
   Les alliés semblent avoir formé deux ailes. Sur la droite se tenaient les troupes terrestres d’Athènes, de Corinthe, de Sicyone et de Trézène, alors que les Spartiates et les autres contingents se trouvaient sur la gauche. L’aile droite avança sur un terrain plat droit sur le camp Perse, alors que l’aile gauche tenta de les déborder en passant par un terrain plus accidenté. L’aile droite engagea le combat avec les Perses pendant que l’aile gauche était encore en approche. Hérodote (Historien Grec, 484-v.425) rapporte que les Perses combattirent bien au début mais que les Athéniens et leurs alliés souhaitaient remporter la victoire avant l’arrivée des Spartiates et attaquèrent avec encore plus de hargne.


 

Hoplite Athénien
image avant retouches : cgsociety.org

 
   Bien que les Perses tiennent leurs positions pendant un temps, ils finirent par rompre et s’enfuirent vers la palissade de leur camp. Les alliés de l’aile droite les poursuivirent et engagèrent le combat avec ceux qui s’étaient regroupés dans le camp, alors qu’une partie de l’armée Perse fuyait déjà le champ de bataille. Finalement, l’aile gauche arriva, encercla le camp et tomba sur l’arrière des forces Perses restantes, complétant ainsi la déroute. Hérodote nous dit qu’en voyant le résultat de la bataille, les Samiens désarmèrent et rejoignirent le camp des alliés. Cela inspira les autres contingent Ioniens qui quittèrent eux aussi les Perses. Ce n’est pas clair à quelle étape dans la bataille ces désertions arrivèrent. Les Samiens n’étaient sans doute pas dans la ligne principale de bataille, de sorte qu’ils peuvent n’avoir déserté qu’après que les Perses se furent retirés dans le camp.
 
   Pendant ce temps, les Milésiens qui gardaient les passes de Mycale, tournèrent également le dos aux Perses. Au début, ils aiguillèrent leurs contingents de fuyards de sorte qu’ils retombent parmi les troupes alliées, puis, voyant peut-être que le résultat de la bataille était certain, ils commencèrent à les massacrer. Hérodote ne quantifie pas les pertes dans cette bataille, mais précise qu’elles furent lourdes des deux côtés. De celui des Grecs, le contingent de Sicyone semble avoir particulièrement souffert et ils perdirent leur Général Perilaus, alors que du côté Perse l’Amiral Mardontès et le Général Tigrane furent tous deux tués et le Général Artaynta (ou Artayntes) s’échappa.
 
   Hérodote dit que quelques soldats Perses s’échappèrent de la bataille et partir vers Sardes (en Lydie). Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) prétend que les pertes subies par les Perses s’élevèrent à 40.000 hommes, et suggère également que les survivants firent chemin vers Sardes. Lorsque les Spartiates arrivèrent sur le campement Perse ils le mirent à sac et détruisirent leurs navires échoués. Les Grecs retournèrent ensuite à Samos où ils discutèrent de leurs prochains mouvements. Le Roi Léotychidas II (ou Leotychides ou Latychidas, 491-469) proposa de faire évacuer les cités Grecques d’Ionie et d’emmener leurs habitants en Grèce car il serait difficile de défendre l’Ionie contre d’autres attaques Perses. Toutefois, Xanthippe (ou Xanthippus, en Grec : Ξάνθιππος, homme politique et Général Athénien, v.525-475 av.J.C.) s’y opposa fermement et les Grecs d’Ionie rejoignirent plus tard les Athéniens dans la Ligue de Délos contre la Perse.
 
   Avec les victoires de Mycale et de Platées, la seconde invasion Perse de la Grèce prit fin. En outre, la menace d’une invasion future était réduite et, bien que les Grecs demeuraient inquiets à l’idée que Xerxès I (486-465) veuille essayer à nouveau, au fil du temps, il devint évident que les ambitions Perses de conquête de la Grèce s’étaient éteintes. Après la victoire de Mycale, la flotte Spartiate regagna le Péloponnèse, mais les Athéniens naviguèrent vers l’Hellespont pour attaquer la Chersonèse, toujours tenue par les Perses. Ils arrivèrent devant Sestos, qui était la plus grande ville de la région, et s’en emparèrent après un siège prolongé de plusieurs mois, marquant ainsi le début de la contre-attaque Grecque. Hérodote termine ses Histoires après le siège de Sestos. Durant les trente années suivantes, les Grecs, et principalement la Ligue de Délos, expulsèrent les Perses de Macédoine, de Thrace, des îles de la mer Égée et d’Ionie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
  
Timothy Baker Shutt :
Wars that made the western world : The Persian wars, the Peloponnesian War, and the Punic wars, Recorded Books, Prince Frederick, 2004.
Paul A.Cartledge :
After Thermopylae : The oath of Plataea and the end of the Graeco-Persian wars, Oxford university press, Oxford, New York, 2013.
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Hans Delbrück :
History of the art of war within the framework of political history / Vol. 1, Antiquity, Greenwood Press, Westport, London, 1975.
Peter Green :
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996-1998.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the West, Little, Brown, Londres, 2005.
John Francis Lazenby :
The defence of Greece, 490-479 B.C., Aris & Phillips, Warminster, 1993.
Jesse Russell :
Battle of mycale, Book On Demand Ltd, 2013.
Herman Tammo Wallinga :
Xerxes, Greek adventure : The naval perspective, E.J. Brill, Leiden, 2005.

 

 

Sommaire
 

Présentation
Les sources et chronologie
Le contexte
Le prélude
Les effectifs
      Les forces Grecques
      Les forces Perses
Le déroulement
Bibliographie

Bataille  de  l’Eurymédon 469
Pont aujourd’hui sur
l’Eurymédon à Aspendos

 

Présentation

 
   La bataille de l’Eurymédon (En Grec : Μάχη του Ευρυμέδοντα) fut une double bataille qui se déroula à la fois sur l’eau et terre. Ce fut une confrontation entre la Ligue de Délos emmenée par les Athéniens et commandée par le Stratège Cimon (ou Kimôn, en Grec : Κίμων, v.510-450/449), et l’Empire Perse du Roi Xerxès I (486-465). La date précise de son déroulement est encore discutée. Le consensus va sur l’an 469 av.J.C., mais beaucoup de sources donnent 466 av.J.C. Elle se déroula dans les environs de l’embouchure de la rivière Eurymédon (Aujourd’hui le Köprüçay) en Pamphylie. Elle fait partie des guerres menée par la Ligue de Délos (477-404).
 
   La Ligue fut formée entre Athènes et la plupart des cités-États de la mer Égée à la suite des batailles de Platées et Mycale, à la fin des Guerres Médiques (499-479) pour continuer la lutte contre les Perses et les chasser définitivement de Macédoine, de Thrace, des îles de la mer Égée et d’Ionie. À la fin des Guerres les alliés Grecs avaient pris l’offensive et ils assiégeaient les villes de Sestos et Byzance. Puis la Ligue prit la responsabilité de la lutte et continua à attaquer les bases Perses en mer Egée tout au long de la décennie suivante.
 
   En 469 (ou 466), les Perses commencèrent à monter une grande armée de terre et marine, pour une contre-offensive majeure contre les Grecs. Ils la rassemblèrent près de l’Eurymédon. Il est possible que l’expédition visait à se déplacer vers le Nord des côtes d’Asie Mineure, afin de prendre possession des cités de la région et de s’en servir comme bases navales à partir desquelles ils auraient lancé de nouvelles expéditions en la mer Egée ?. Pour contrer ces préparatifs Perses, le Général et Stratège Athénien Cimon prit 200 trirèmes et navigua vers Phaselis en Lycie, qui accepta de se joindre à la Ligue de Délos. Puis Cimon, lors d’une attaque préemptive, força les Perses près de l’Eurymédon et dans l’embouchure de la rivière.
 
   Il mit rapidement en déroute la flotte Perse rassemblée là. La plupart des marins fuirent à l’abri de l’armée Perse près de la rivière. Cimon accosta ensuite avec ses marins Grecs et attaqua l’armée Perse, qu’il mit également en déroute. Les Grecs prirent le camp Perse, en faisant beaucoup de prisonniers, et détruisirent 200 trirèmes Perses échouées. Cette superbe double victoire semble avoir beaucoup démoralisé les Perses, et empêchée toute nouvelle campagne de leur part en mer Égée, au moins jusqu’en 451 av.J.C.

 

Les sources et chronologie

 
   L’histoire militaire de la Grèce, entre la fin de la deuxième invasion Perse (479) et la Guerre du Péloponnèse (431-404) est mal attestée par les sources antiques. Cette période, parfois appelée Pentécontaétie (ou pentēkontaetía, en Grec : πεντηκονταετία, “période de cinquante ans“) par les savants anciens, était une période de paix relative et de prospérité au sein de la Grèce. La source la plus riche pour la période, et aussi la plus contemporaine avec elle, est l’Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395), qui est généralement considérée par les historiens modernes comme fiable. L’auteur ne mentionne toutefois cette période que pour montrer la croissance de la puissance Athénienne dans la course qui mena à la Guerre du Péloponnèse, et son compte est probablement sélectif et manque de dates. Néanmoins, l’histoire de Thucydide est utilisée par les historiens afin d’établir une chronologie pour la période, sur laquelle les détails des dossiers archéologiques et d’autres écrivains peuvent être superposés.
 


 

Buste de Thucydide –
Musée royal de l’Ontario

   Une grande partie des détails supplémentaires pour la période est fournie par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) et surtout Cimon (ou Kimôn, Stratège et Général Athénien, v.510-450/449). Plutarque écrivit quelques 550 ans après les événements en question, et est donc une source secondaire, mais il donne souvent explicitement les noms de ses sources, ce qui permet un certain degré de vérification de ses déclarations. La source finale majeure pour la période est la Bibliothèque Historique (Bibliotheca historica) du Ier siècle av.J.C de Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30). Une grande partie de l’écriture de l’auteur concerne cette période qui semble être importante pour l’historien. Toutefois, il faut souligner que Diodore fut souvent rejeté par les historiens modernes et n’est donc pas une source particulièrement bonne pour cette période.
 
   Thucydide fournit une liste succincte des principaux événements survenus entre la fin de la deuxième invasion Perse et le déclenchement de la Guerre du Péloponnèse, mais presque aucune information chronologique. Diverses tentatives ont été faites pour remonter la chronologie, mais il n’y a pas de réponse définitive. L’hypothèse générale est toutefois que Thucydide décrivit les événements dans l’ordre chronologique approprié. Une date ferme qui est acceptée est 465 av.J.C., pour le début du siège de Thasos (Île Grecque au Nord de la mer Égée) qui s’était révoltée et qui prit fin dans sa troisième année, donc en 463. Ceci est basé sur l’annotation d’une ancienne scholie (ou scolie ou skholế, commentaire, note philologique) d’une copie d’œuvres d’Æschine.
 
   La bataille de l’Eurymédon est datée en 469 av.J.C par Plutarque en choisissant Cimon et ses collègues Généraux comme juges dans une compétition. Il est dit que Cimon avait récemment obtenu une grande victoire. La candidate la plus probable est celle de l’Eurymédon. Cette bataille eut lieu après que l’Athénien fit le siège de Naxos, mais avant le siège de Thasos, la date de l’Eurymédon serait clairement limitée par la date de Naxos ?. Alors que certains acceptent une date de 469 (ou plus tôt) pour Naxos, une autre école de pensée la donne plus tard en 467 av.J.C. La date alternative pour la bataille de l’Eurymédon serait dans ce cas 466 av.J.C. les historiens modernes sont divisés, certains : George Cawkwell, Raphael Sealey, soutenant 469 comme la date la plus probable, et d’autres : John Van Antwerp Fine, Tom Holland, Rogers D.Spotswood, optent pour 466.

 

Le contexte

 
   Les Guerres Médiques (499-479) eurent leurs racines dans la conquête des villes Grecques de l’Asie Mineure, et en particulier d’Ionie, par l’Empire Perse de Cyrus II le Grand (559-529), peu après 550 av.J.C. Les Perses trouvaient les Ioniens difficile à gouverner et finalement ils se contentèrent de nommer un Tyran dans chaque ville Ionienne prise. Alors que les États Grecs avaient dans le passé souvent été gouvernés par des Tyrans, c’était une forme de gouvernement sur le déclin. Vers 500 av.J.C, l’Ionie fut mûre pour une rébellion contre ces Tyrans pro-Perses. La tension frémissante finalement gonfla et se transforma en révolte ouverte attisée par le Tyran de Milet, Aristagoras (En Grec : Αρισταγόρας ο Μιλήσιος  Aristagoras de Milêtos), qui choisit de déclarer sa ville une démocratie. Cela déclencha des révolutions similaires dans toutes les cités-États d’Ionie, ce fut le début de la révolte Ionienne.
 

    Les cités-États Grecques d’Athènes et d’Erétrie se laissèrent entraîner dans ce conflit par Aristagoras, et pendant leur seule saison de campagne (498) contribuèrent à la prise et à la destruction de la capitale régionale Perse de Lydie, Sardes. Après cela, l’Ionie révoltée tint, sans aide extérieure, pendant 5 années supplémentaires, face au géant Perse jusqu’à ce que finalement les alliées soient complètement écrasées par ces derniers.
 
   Toutefois, dans une décision d’une grande importance historique, le Roi Perse Darius I le Grand (522-486) décida qu’en dépit d’avoir écrasée avec succès la révolte, il se devait d’exiger la punition d’Athènes et d’Erétrie pour avoir soutenu la révolte. Cette révolte avait sévèrement menacé la stabilité de l’Empire de Darius I, et les États de la Grèce continentale continueraient de menacer encore plus cette stabilité, à moins d’un traitée avec eux ou de s’en rendre maître. Darius I envisagea donc la conquête complète de la Grèce, en commençant par la destruction d’Athènes et d’Erétrie.

  Au cours des deux décennies suivantes, il y eut deux tentatives d’invasions Perses de la Grèce, qui donnèrent certaines des plus célèbres batailles de l’histoire. Au cours de la première invasion, la Thrace, la Macédoine et les îles de la mer Égée furent ajoutés à l’Empire Perse et Erétrie fut détruite. Cependant, l’invasion prit fin en 490 av.J.C avec la victoire décisive Athénienne à la bataille de Marathon. Entre les deux invasions, Darius I décéda et la responsabilité de la guerre passa à son fils Xerxès I (486-465).
 
   Ce dernier, après de longs préparatifs, en 480 dirigea la seconde invasion personnellement, en menant une énorme armée et flotte (Dont les effectifs furent bien souvent exagérés) vers la Grèce. Les Grecs coalisés qui avaient choisi de résister furent défaits dans les combats des Thermopyles et de l’Artémision respectivement sur terre et sur mer. Toute la Grèce à l’exception du Péloponnèse tomba ainsi dans les mains des Perses, mais en cherchant à détruire définitivement la flotte alliée, ils subirent une défaite décisive à la bataille de Salamine.

 
   L’année suivante, en 479, les alliés réunirent la plus grande armée Grecque encore jamais vu et écrasèrent la force d’invasion Perse à la bataille de Platées, qui rebroussa chemin, terminant avec cette victoire la menace de l’invasion totale de la Grèce. Selon la tradition, le même jour que Platées, la flotte alliée défit les restes démoralisés de la flotte Perse à la bataille du cap Mycale. Cette action marqua donc la fin de l’invasion Perse et le début de la phase suivante, la contre-attaque Grecque. Après Mycale, les cités Grecques d’Asie Mineure se révoltèrent à nouveau, mais cette fois les Perses étaient impuissants à les arrêter. La flotte alliée navigua en Chersonèse, toujours détenue par les Perses et assiégea et prit la ville de Sestos. L’année suivante, en 478, les alliés envoyèrent une force pour prendre Byzance. Le siège réussit de Byzance fut la dernière action de l’alliance Hellénique qui vainc l’invasion Perse.
 
   Après Byzance, Sparte fut désireux de mettre fin à sa participation à la guerre. Les Spartiates étaient d’avis qu’avec la libération de la Grèce continentale et des villes Grecques d’Asie Mineure, le but de la guerre avait été atteint. Il y avait peut-être aussi le sentiment que maintenir la sécurité à long terme pour les Grecs d’Asie se révélerait impossible ?. L’alliance lâcha alors les cités-États qui s’étaient battues contre l’invasion de Xerxès I et qui étaient dominées par Sparte et la Ligue du Péloponnèse. Avec le retrait de Sparte, la direction des Grecs fut explicitement transmise aux Athéniens.
 
   Un congrès fut organisé sur l’île de Délos afin d’instituer une nouvelle alliance pour poursuivre la lutte contre les Perses. Cette alliance, qui comprenait désormais aussi la plupart des îles de la mer Égée, fut officiellement constituée comme la Première Confédération Athénienne, communément connue sous le nom de Ligue de Délos (Le nom original était : “Les Athéniens et de leurs compagnons d’armes” “hoi hoi kai Athenaíoi sýmmachoi“). Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395), l’objectif officiel de la Ligue était de venger les torts que les alliés avaient subis en ravageant le territoire du Roi Perse. Les forces de la Ligue passèrent une grande partie de la décennie suivante à expulser les garnisons Perses restantes en Thrace et étendirent le territoire de la Ligue en mer Egée.

 

Le prélude

 
   Une fois que les forces Perses en Europe largement neutralisées, les Athéniens semblent avoir commencer à vouloir étendre la Ligue de Délos en Asie Mineure. Les îles de Samos, Chios (ou Kios) et Lesbos devinrent membres de l’alliance juste après la bataille de Mycale, et sans doute furent-elles également membres dès les origines de la Ligue de Délos. Cependant, on ne sait pas exactement quand les autres villes Ioniennes, voire les autres villes Grecques d’Asie Mineure, rejoignirent la Ligue. Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395) atteste la présence de Ioniens au siège de Byzance en 478 av.J.C., donc il est possible qu’au moins quelques-unes des villes Ioniennes rejoignirent la Ligue au début de cette année.
 
   Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) nous dit qu’à la suite du rassemblement d’une importante flotte Perse en Pamphylie à Aspendos, près de l’embouchure de l’Eurymédon, dans le but de lancer une offensive majeure contre les cités Grecques d’Asie Mineure, le Stratège Athénien Cimon (ou Kimôn, en Grec : Κίμων, v.510-450/449) réunit une flotte de 200 trirèmes en Carie à Cnide et fit la voile vers la cité Lycienne de Phaselis, qui refusa tout d’abord de l’accueillir. Cimon commença par conséquent à ravager les terres environnantes de cette cité et, avec la médiation du contingent de Chios (ou Kios) de sa flotte, les citoyens de Phaselis acceptèrent finalement de se joindre à la Ligue de Délos. Ils furent obligés de fournir des troupes à l’expédition et de payer aux Athéniens une amende de dix talents.
 
   La nature de la guerre navale dans le monde antique, était la charge en grande partie d’importantes équipes de rameurs. Cela signifiait que les navires devaient toucher terre tous les jours pour ravitailler de la nourriture et de l’eau. Cette situation limitait fortement la gamme d’action d’une flotte, et signifiait que les marins ne pouvaient rester à proximité des bases navales sécurisées. George Cawkwell suggère donc que les forces Perses réunis à Aspendos visaient à se déplacer le long de la côte de l’Asie Mineure, prenant chaque ville, jusqu’à ce que finalement leur flotte puisse commencer à fonctionner à nouveau correctement en Ionie. Voilà pourquoi en s’emparant de Phaselis, qui était la cité Grecque la plus à l’Est de l’Asie Mineure et située juste un peu à l’Ouest de l’Eurymédon, Cimon bloquait la campagne Perse avant même qu’elle n’ait commencé en privant ces derniers de la première base navale qu’ils avaient besoin de contrôler. Prenant encore davantage d’initiative, Cimon emmena ensuite sa flotte directement à l’attaque de celle des Perses à Aspendos.

 

Les effectifs

 
      Les forces Grecques :
 
   Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), la flotte de la Ligue de Délos était composée de 200 trirèmes. Celle-ci avait été en grande partie construite sur les ordres du Stratège Athénien Thémistocle (ou Themistokles, en Grec : Θεμιστοκλς, v.525-v.460/459), à l’origine du développement de la flotte Athénienne. Puis elle fut modifiée par le Stratège Athénien Cimon (ou Kimôn, en Grec : Κίμων, v.510-450/449) pour améliorer l’aptitude des navires à des actions d’embarquement. L’équipement standard d’une trirème était de 200 hommes, dont 14 marins soldats. Dans la seconde invasion Perse de la Grèce, chaque navire Perse avait affecté 30 marins supplémentaires, et ce fut probablement aussi vrai dans la première invasion lorsque l’ensemble de la force d’invasion fut apparemment transporté dans des trirèmes. En outre, les navires de Chios (ou Kios) à la bataille de Ladé avaient également un effectif de 40 marins chacun. Cela suggère qu’une trirème pouvait probablement transporter un maximum de 40-45 marins-soldats. Selon Plutarque y avait environ 5.000 marins-hoplites avec la flotte de la Ligue de Délos, chiffre qui semble raisonnable.
 
      Les forces Perses :
 
   Le nombre de navires Perses impliqués dans la bataille nous est donné par plusieurs estimations différentes. Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395), qui est généralement considéré comme la source la plus fiable, dit qu’il y avait une flotte de 200 navires Phéniciens. Plutarque donne le nombre de 350 à partir de textes d’Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, orateur et historien Grec, v.400-v.330 av.J.C.). En outre, l’auteur dit que la flotte Perse attendait 80 navires Phéniciens supplémentaires naviguant depuis Chypre. Bien que le décompte de Thucydide soit à privilégier, il peut y avoir un élément de vérité dans l’affirmation de Plutarque comme quoi les Perses attendaient des renforts. Cela expliquerait pourquoi Cimon lança une attaque préventive contre eux. Il n’y a pas d’estimations dans les sources anciennes pour la taille de l’armée de terre Perse. Cependant, on estime que le nombre de marins-soldats accompagnant la flotte était vraisemblablement du même ordre que celui des marins-soldats Grecs (autour de 5.000), étant donné que les navires Perses portaient le même effectif de troupes. Plutarque, citant Éphore de Cymé, nous dit que Tithraustès était le Commandant de la flotte royale, et Phérendatès († 469 ou 466) le Général de l’infanterie, mais qu’Ariomandès (Fils de Gobryas) fut le Commandant Général (Généralissime).

 

Le déroulement

 
   Le récit de la bataille le plus complet nous est donné par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125). Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395) ne donne que le strict minimum des détails. Selon Plutarque, la flotte Perse fut ancrée au large de l’embouchure de l’Eurymédon, en attendant l’arrivée de renfort de 80 navires Phéniciens venant de Chypre. Lorsqu’il apprit cela, le Stratège Athénien Cimon (ou Kimôn, en Grec : Κίμων, v.510-450/449), partant de Phaselis en Lycie, fit voile pour attaquer les Perses avant l’arrivée de ces renforts, mais les Perses, désireux d’éviter les combats, se retirèrent dans l’embouchure de la rivière elle-même. Toutefois, lorsque Cimon continua de les harceler, ils finirent par accepter la bataille. Bien qu’il semble qu’ils furent numériquement supérieurs, leur ligne de front fut rapidement brisée et les navires Perses s’échouèrent sur la rive, afin que les équipages partent chercher la protection d’une armée Perse qui stationnait à proximité.


 

Buste de Cimon sur la plage
de Larnaca – Chypre

 
   Plusieurs navires Perses furent pris et détruits pendant la bataille, mais il est probable que la grande majorité put alors s’échouer. L’armée de terre Perse, afin de porter secours à leurs marins, fit mouvement vers la flotte Grecque, qui s’était également échouée dans le but de capturer les derniers navires Perses. Malgré la fatigue de ses troupes après cette première bataille, Cimon, vit que ses hommes étaient exaltés par l’élan et la fierté de leur première victoire. Désireux d’en finir avec les barbares, il attisa cette exaltation et ordonna l’attaque de l’armée de terre Perse qui venait à leur rencontre. Dans un premier temps la ligne Perse tint l’assaut des soldats de la Ligue, mais finalement, comme à la bataille du cap Mycale, les hoplites plus lourdement armés prouvèrent leur supériorité.
 
   Ils mirent en déroute l’armée Perse qui fuit espérant trouver refuge dans son campement, mais les hoplites capturèrent les fuyards et prirent le campement. Thucydide dit que 200 navires Perses et Phéniciens furent pris et détruits. Plutarque parle de 200 navires pris en plus de ceux qui furent coulés. Thucydide ne donne pas explicitement de chiffre sur les pertes de la flotte de la Ligue et encore moins sur les pertes des deux côtés de leur armée de terre. Il n’y a pas non plus d’estimations dans d’autres sources anciennes. Il est possible de concilier les chiffres de Plutarque et de Thucydide, mais il est clair que ce n’est pas la meilleure approche. D’après Plutarque, Cimon emmena ensuite sa flotte aussi rapidement que possible intercepter les 80 navires de renforts Phéniciens que les Perses attendaient. Il les prit par surprise, et captura et détruisit entièrement la flotte. Il faut noter que Thucydide, ne fait aucune allusion à cette action secondaire et certains spécialistes mettent en doute sa véracité ?.
 
   Selon Plutarque, une tradition veut que le Roi de Perse Xerxès I ait accepté un traité de paix humiliant à la suite des batailles de l’Eurymédon ?. Cependant, d’autres auteurs ont nié qu’une telle paix put être faite à ce moment, et la date plus logique pour tout traité de paix est après la campagne de Chypre de 450 av.J.C. Il est généralement également considéré comme peu probable par les historiens modernes qu’un tel traité de paix put être fait à la suite de l’Eurymédon. Ce qui est sûr c’est que les batailles de l’Eurymédon furent des victoires hautement significative pour la Ligue de Délos, car elle mirent définitivement fin à la menace d’une autre invasion Perse de la Grèce. Elles semblent aussi avoir empêché toutes tentatives Perses de reconquérir les cités Grecques d’Asie Mineure au moins jusqu’en 451 av.J.C. Ce qui conduisit plusieurs cités-États, particulièrement de Carie, à rejoindre la Ligue de Délos. Malgré la victoire massive de Cimon, le conflit tomba dans l’impasse et un statu quo s’installa entre la Perse et la Ligue. Les Grecs ne poussant pas plus loin leur avantage de manière significative et les Perses, comme le précise Plutarque, adoptèrent une stratégie très défensive en mer Egée pendant les 15 ans suivants.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Timothy Baker Shutt :
Wars that made the western world : The Persian wars, the Peloponnesian War, and the Punic wars, Recorded Books, Prince Frederick, 2004.
Pierre Briant et Amélie Kuhrt :
Perses Wars : The Persian viewpoint, Oxford Classical Dictionary, Oxford University Press, 2015.
Peter Connolly :
Greece and Rome at war, Frontline Books, Havertown, 2012.
George Cawkwell :
The Greek wars: The failure of Persia, Oxford University Press, New York, 2005.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Hans Delbrück :
History of the art of war within the framework of political history / Vol. 1, Antiquity, Greenwood Press, Westport, London, 1975.
Peter Green :
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996-1998.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the West, Little, Brown, Londres, 2005 – Abacus, 2006.
Jesse Russell :
Battle of the eurymedon, Book On Demand Ltd, 2013.
Raphael Sealey :
A history of the Greek city states, ca. 700-338 B.C., University of California Press, Berkeley, 1976.
John Van Antwerp Fine et Rogers D.Spotswood :
The ancient Greeks : A critical history, Belknap Press of Harvard University Press, Cambridge, 1983.

 

 

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