Dans la plupart des livres d’histoire, la période suivant le
Nouvel Empire est nommée
la "Troisième Période Intermédiaire". Elle est composée des dynasties
XXI
à XXV.
Cette période est souvent décrite comme une période de déclin et de chaos où les
dynasties vont régner en parallèle et se disputer le pouvoir.
Il est vrai que pendant la majeure partie de la prétendue Troisième Période
Intermédiaire, il y eut plus d’un centre de pouvoir en Égypte :
– À Tanis,
dans le Delta du Nil où il y avait les Rois des
XXIe et
XXIIe dynastie, qui nominalement régnaient sur tout le pays, mais qui en fait partageaient le pouvoir avec les
Grands Prêtres d’Amon.
– À Thèbes, d’où ces derniers exerçaient leur pouvoir.
– Plus quelques autres dynasties locales telles que la
XXIIIe qui prit résidence successivement à
Léontopolis,
Tanis,
Héracléopolis,
Hermopolis Magma et Lycopolis.
– À Saïs où s’installa
la XXIV dynastie.
– Et enfin la XXVe dynastie, dite dynastie
Kouchite, qui, originaire de Napata exerça son pouvoir depuis
Thèbes et
Tanis.
Une période donc très mouvementée qui va durer plus de
quatre siècles. Elle va séparer celle décadente des derniers Ramsès
de la XXe dynastie, du jour de la réunification du pays par
Psammétique I
(664-610, XXVIe dynastie), qui inaugure la renaissance
Saïte.
La multiplication des pouvoirs régionaux se traduit par la
coexistence de plusieurs Rois et l’affaiblissement de l’expansion de l’Égypte qui va subir, des infiltrations,
puis des invasions étrangères. La Troisième Période Intermédiaire commence sous le règne du dernier Ramsès,
mais il est convenu de la faire débuter lorsque le général et
Grand Prêtre d’Amon
Hérihor
(1080-1074) prend le pouvoir en 1080, avec la création du royaume de
Thèbes. Tandis que son fils,
Smendès I à
Tanis,
assure la gestion de la Basse-Égypte. Cette division de pouvoir, cependant, n’a
pas menée aux guerres civiles, ou à un déclin des richesses. À l’effet
contraire, cette époque était une période de paix et de stabilité relative par rapport à celle qui suivit.
Les tombeaux royaux de la XXIe dynastie à
Tanis,
sont parmi les plus riches découvertes de l’histoire de l’archéologie Égyptienne.
Cette période intermédiaire peut-être divisée en quatre phases :
Smendès I
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1 – La période des Rois
Tanites
et des Grands Prêtres Rois
Thébains
(XXIe dynastie, 1070-945) :
Pendant la majeure partie du
Nouvel Empire, la richesse et la puissance des
Grands Prêtres d’Amon à
Thèbes avaient lentement augmenté.
Il est possible que la "révolution Amarnienne"
du Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton,
1353/52-1338) de la XVIIIe dynastie, ait été une
tentative de casser cette puissance, ce qui est généralement admis aujourd’hui. Si c’est le cas, cette tentative
échoua, car à peine 20 ans après ce souverain les temples avaient ouverts de nouveau et les
Grands Prêtres d’Amon avaient été rétablis
dans leurs fonctions. En 1080, sous le règne de
Ramsès XI (1099-1069), un de ceux-ci,
Hérihor (1080-1074), profite
de ses prérogatives et s’attribut des titres royaux en proclamant la renaissance basée à
Thèbes. Quand
Ramsès XI mourut, la dynastie des
Grands Prêtres d’Amon était devenue
un facteur politique important avec la main mise sur une partie du pays. La lignée des
Grands Prêtres Roi, va s’enrichir par les grands domaines ruraux, dont les
profits devaient normalement revenir au Roi et gouvernent sur tout le Sud de l’Égypte.
Le fils
d’Hérihor,
Smendès I devient
le nouveau Pharaon et inaugure une XXIe dynastie dont le plus illustre
représentant sera Psousennès I (1043-991), fils du
Grand Prêtre d’Amon
Pinedjem I (1070-1054).
Afin de légitimer son accession au trône il épouse une fille de
Ramsès XI. Il déplace la capitale de
Pi-Ramsès à
Tanis,
probablement d’après certains spécialistes parce que le canal de
Pi-Ramsès voisin s’était desséché.
À Tanis,
lui et ses successeurs vont avoir une activité de bâtisseur que les
spécialistes de l’art
qualifie de raffinée. Ils voulaient rivaliser avec le temple
d’Amon
à Thèbes.
À la même époque les Libyens infiltrent la Basse et la Moyenne-Égypte. La fin de la
XXIe dynastie, à la mort de
Siamon (978-959) sans héritier,
voit l’arrivé au pouvoir du très controversé Roi
Psousennès II et de nouvelles luttes de succession.
De plus le pays est en pleine crise économique et le désordre c’est à nouveau installé. On assiste à un grand pillage de la
nécropole Thébaine,
qui conduit les Grands
Prêtres d’Amon, pour sauver ce qui l’est encore, à ensevelir à nouveau les
momies royales
dans une cachette dans une tombe (DB320)
à Deir el-Bahari.
Inscription d’Elibaal, Roi de Byblos, exécutée sur une statue en quartzite du
Pharaon Osorkon I, trouvée à Byblos – Musée du Louvre |
– L’apogée des Rois d’origine Libyenne
(XXIIe dynastie, 945-850) :
Un autre facteur politique important était les militaires Libyens.
Ils avaient été intégrés dans l’armée Égyptienne et la police pendant le
Nouvel Empire. Particulièrement les militaires descendants d’anciens prisonniers de guerre Libyens,
les Méchouech (ou Meshwesh ou
Mâchaouach). Ils s’étaient installés à Bubastis, puis
Tanis dans le Delta et avaient petit à petit
étendu leur territoire jusqu’au Fayoum et détenaient la force armée du royaume. À la fin de la
XXIe dynastie, un de leurs chefs,
Sheshonq I (945-924) profite de l’anarchie
dans laquelle le pays est tombé et des problèmes de succession, et fonde la
XXIIe dynastie, dite
Bubastite.
Les premiers Rois Bubastes furent des souverains puissants qui pendant un siècle rétablirent la présence Égyptienne en
Syrie-Palestine.
Ils avaient également le pouvoir de nommer
les Grands Prêtres d’Amon à
Thèbes et ils
ont souvent sélectionné leur propre fils ou quelqu’un de la famille royale, de
ce fait ils renforçaient l’unité du pays. Ils nommèrent aussi des Princes
Gouverneurs à Héracléopolis
et d’Hermopolis
Magma, en Égypte centrale, qui leur étaient fidèles et qui contrôlaient pour eux la région dont ils avaient
la charge. Les Libyens voulaient s’assurer le soutient de tous les clergés. De ce fait, il ont
respecté les principes religieux traditionnels des Égyptiens. Ils ont aussi continué la politique monumentale
en faveur des temples, à Abydos,
Bubastis,
Héliopolis,
Tanis et
Thèbes (Karnak).
Pendant cette période on assiste au développement de l’art du travail du
bronze qui devient d’une grande qualité.
3 – L’anarchie Libyenne, période de décomposition.
(XXIIe,
XXIIIe,
XXIVe dynastie, 850-730) :
La rivalité dynastique et les compétitions entre différentes lignées
de Rois pour le trône, plus la coexistence de plusieurs "royaumes",
Thèbes,
Héracléopolis,
Hermopolis Magma,
vont affaiblir la XXIIe dynastie en place et amener à la guerre civile.
Finalement, en 818, un Prince Bubaste,
Pétoubastis I
(ou Padibastet I, 818-793), profite de ce cahot et des conflits de succession en l’an 8 de
Sheshonq III (825-773) pour se faire couronner Roi de
Léontopolis (ou Taremou). Il se fait reconnaître
également par les villes d’Héracléopolis,
de Memphis et de
Thèbes et fonde la
XXIIIe dynastie. Toutefois les Rois
Léontopolites
qui vont faire cette dynastie ont aussi un pouvoir très limité et en 747,
sous le règne de Ioupout II (754-715) et
de Sheshonq V (767-730) à
Tanis, on assiste à une nouvelle
division de l’Égypte avec la création de trois nouveaux royaumes
qui existaient déjà mais qui prirent leur indépendance.
À cette date, le pays est alors partagé entre cinq Rois :
Sheshonq V à
Tanis ;
Ioupout II à
Léontopolis ;
Payeftjaouembastet (754-720),
gendre de Roudamon (757-754), à
Héracléopolis ;
Nimlot III (747-725) à
Hermopolis Magma et
Padimenti I (747-715) à
Lycopolis (ou Assiout).
Les provinces et royaumes du Nord (des "grands chefs") reconnaissent, au mieux, la suzeraineté
d’un de ces Roitelets. Cet exemple serait bientôt suivi de
Tefnakht I (727-716), un Prince de
Saïs
dans le Delta, qui fonde la XXIVe dynastie. Celui-ci réussit à
unifier presque tous les nomes du Delta et devient Grand chef des Libous et des Mâ et Grand Prince des provinces
Occidentales du Delta.
Taharqa – Musée de Nubie – Assouan
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4 – Le conflit pour la réunification, les Kouchites
(XXVe dynastie, 730-656) :
Profitant de ces conflits
internes, une nouvelle puissance émergea dans le Sud, en Nubie, avec la ferme intention de conquérir l’Égypte. Un de ces Rois Kouch,
Piânkhy (ou Piye, 747-716), s’annexe définitivement cette partie du
pays et fonde la XXVe dynastie. Dans un effort de contrecarrer cette
invasion Nubienne, les trois dynasties du Delta s’allient, mais elles sont battues. Les fils de
Piânkhy, qui vont lui succéder,
Chabataka (707/6-690)
et Taharqa (690-664), vont conquérir toute l’Égypte. Cette dynastie
Nubienne, souvent appelée les "Pharaons Noirs", parvient à unifier le pays, mais l’unité royale est
fragile et ne sera pas préservée. La XXIVe
dynastie de Saïs semble avoir maintenu
son indépendance et ses successeurs de la XXVIe
dynasties disputent aux Nubiens Memphis et le Delta.
Les Rois Nubiens de la dynastie ont suivi les traditions artistiques Égyptiennes, comme le montre une statue de
Taharqa,
ainsi qu’une grande part des coutumes religieuses. La relative paix et la
stabilité résultant de la conquête Nubienne vont être perturbés par un facteur externe représenté par les
Assyriens.
Ceux-ci tentent une première conquête de l’Égypte vers 695, mais leur armée est
décimée par une terrible épidémie de peste. Le pays connaîtra alors un temps de
répit jusqu’aux nouvelles invasions des souverains
Assyriens,
Assarhaddon (681-669) et
d’Assurbanipal
(669-631 ou 626), qui ravagent et pillent Thèbes,
détruisent les temples et refoulent les Nubiens dans leur pays. Heureusement pour l’Égypte, les
Assyriens
sont forcés de retourner à
Assur. C’est ce moment que choisit le Roi
Saïte,
Psammétique I (664-610)
pour se faire couronner Pharaon en 656, en fondant la
XXVIe dynastie et refaire rapidement l’unité du pays.
Par cette dynastie commence une nouvelle ère de stabilité et de prospérité en Égypte qui durera plus d’un siècle,
inaugurant la période appelée Basse Époque.
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