La Grande Épouse Royale
Le titre de "Grande Épouse Royale" était donné à la Reine,
première épouse du Roi, ou du Pharaon. Il apparaît pour la première fois sous le règne de
Sésostris III (1878-1843).
D’après les spécialistes c’est à la Reine Méretseger (ou Mereretséger ou Mertseger ou Meretseger ou Mertseger ou Mert-Seger) qu’il fut la première fois attribué. Ce titre permettait
de la différencier des autres épouses, dites "Épouses secondaires". Il semble que dans la majorité des cas,
jusqu’à la fin du
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080), le titre était réservé uniquement à des femmes de
filiation Égyptienne. Bien que Ramsès II l’attribua à son
épouse Maâthor-Néferourê, fille de l’Empereur
Hittite,
Hattousili III (1264-1234) et de la Reine
Poudoukhépa (ou Poudouhepot ou Puduheba ou Puduhepa).
Hetephérès II et sa fille Méresânkh III – Musée de Boston |
Au cours de la XVIIIe dynastie (1549-1295) le
titre évolue et l’on constate des changements dans la titulature de la Reine qui pouvaient être soit :
"Épouse Divine" et "Grande Épouse Royale", ou "Grande Épouse
Royale" , ou juste "Épouse Royale".
La Grande Épouse Royale ne disposait pas, à la différence du Roi, ou du Pharaon,
d’insignes particuliers. Lors de
l’Ancien Empire (2647-2150),
les "Mères royales" furent représentées portant sur la tête une dépouille de vautour. Puis au
Nouvel Empire,
elles sont assimilées à Sothis et dans l’iconographie elles vont alors porter
une coiffure sous la forme d’une couronne formée d’un disque solaire et de deux
faucons encadrés par des cornes (De gazelles ?).
Seule la Grande Épouse Royale avait le privilège de concevoir le futur héritier
au trône lors d’un "mariage sacré", appelé théogamie, avec le Dieu
Amon,
qui pour l’occasion prenait l’apparence de son époux. Elle devenait alors, "Mère de Dieu",
l’Incarnation de Mout. À
ce titre elle secondait le Roi dans les manifestations religieuses et dans la pratique du culte. À partir de la
XVIIIe dynastie la Grande Épouse Royale
prendra aussi le titre et la fonction
"d’Épouse du Dieu Amon"
et elle possèdera un domaine, avec tout le personnel nécessaire, qui lui permettra de diriger un collège de Prêtresses,
géré par un intendant aidé de plusieurs scribes. La Reine
Ahmès–Néfertari I, Grande Épouse Royale
d’Ahmès I (ou Ahmosis, 1549-1525/24), sera la première à
exercer officiellement cette fonction sacerdotale.
Elle fera édifier une stèle célébrant l’instauration de cette fonction. Fonction qui évoluera lors de la
Troisième Période Intermédiaire (1080-656)
où le ministère "d’Épouse
du Dieu Amon" sera attribué en priorité à une des filles du Pharaon.
(Voir les Divines Adoratrices d’Amon)
Cette "Première Reine" avait une mission très importante dans la politique et dans
certains cas dans la gestion du royaume, elle avait un rôle de conseillère
auprès du Pharaon. C’est la grande Épouse Royale qui gérait les
affaires de l’État lorsque le souverain était en campagne. Elle était chargée de
l’éducation de son fils dans ses futures fonctions.
Lorsque l’héritier du trône était trop jeune pour régner c’est elle qui assurait
la régence. Un Prince né d’une épouse secondaire, pouvait accéder au trône, mais il devait
se faire légitimer, en épousant par exemple l’une de ses demi-sœurs, fille de la Grande Épouse Royale.
Parmi les Grandes Épouses Royales qui marquèrent l’histoire de l’Égypte, autre que celles qui devinrent Roi
ou Pharaon comme : Nitocris,
Sobeknéferourê,
Hatchepsout I Maâtkarê,
Ânkh-Khéperourê ou encore
Taousert,
on compte :
Hetephérès II,
Khentkaous I,
Iâh-Hotep I,
Ahmès–Néfertari I,
Tiyi I,
Néfertiti,
Moutemouia,
Néfertari, et
quelques Bérénice, Cléopâtre et
Arsinoé.
Les concubines
Néfertiti – Metropolitan Muséum |
D’un rang nettement inférieur aux
Grandes Épouses Royales, les concubines n’en furent pas moins importantes dans la vie de la cour. Elle
étaient logées généralement dans le palais et constituaient le harem du Roi. Certaines
prirent une telle importance, notamment dans les cas de crise de successions où
les héritiers mâles des Reines principales faisaient défaut, qu’elles se virent attribuer le titre de
Mère du Roi (mwT-nswt) et leur "rejeton"
promu au rang de Prince héritiers. Les harems étaient des institutions économiquement indépendantes qui
hébergeaient également toutes les parentes du souverains.
Comme le précise
Joyce Anne Tyldesley : Les sœurs, les tantes, bien sur les épouses et, comme le voulait la tradition,
toutes autres femmes héritées par le Roi à la mort de son père, ainsi que les enfants
de toutes ces personnes, leurs serviteurs et personnel qui composait leur suite.
Bien que toutes les concubines furent Reines, elles ne jouirent pas du même statut.
Certaines furent les propres filles, ou sœurs du souverains, d’autres furent des Princesses
de haut rang envoyées en Égypte pour conclure des mariages diplomatiques. Enfin
la dernière catégorie étaient des femmes d’origine plus modeste, que les auteurs
modernes qualifièrent souvent de "maitresses". Ces dernières n’avaient
bien sur pas grande chance d’accéder aux affaires de l’État.
Toutes ces femmes dans le harem menèrent une vie très différente de celle de
l’Épouse Royale, ce qui provoqua très souvent de graves tentions.
Les concubines étaient dispensées d’obligations officielles et n’avaient pas non plus
de bien à gérer ce qui faisait qu’elles n’avaient que peu d’influence sur la vie politique
et religieuse du pays. Elles n’apparurent que rarement dans les écrits et dans les représentations (peintures ou
statues). Toutefois, au cours de l’histoire, notamment lors des périodes de troubles,
certaines sortirent de l’ombre et firent jeu égal avec les Épouses Royales en
agissant sur les évènements.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la Reine d’Égypte voir les ouvrages de :
Dorothée Arnold, Lynn Green et
James Peter Allen :
– The royal women of Amarna. Images of beauty in ancient Egypt,
Harry N. Abrams, New York Metropolitan Museum of Art, 1996.
Janet R.Buttles :
– The queens of Egypt, A. Constable, London, 1908.
Anne K.Capel et Glenn Markoe :
– Mistress of the House, Mistress of Heaven : Women in ancient Egypt,
Cincinnati Art Museum, Brooklyn Museum, Hudson Hills Press in association with Cincinnati Art Museum,
Central and South America by National Book Network, Canada, Mexico, New York, 1996.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
– The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Aidan Marc Dodson :
– The Takhats and some other royal ladies of the Ramesside period, pp
: 224-29,
JEA 73, London, 1987.
Dennis C.Forbes :
– Imperial lives : Illustrated biographies of significant new kingdom Egyptians. v. 1. The late 17th dynasty
through Thutmose IV, KMT Communications, Sebastopol, Janvier 2005.
Michel Gitton :
– Les divines épouses de la XVIIIe dynastie, Centre de recherches
d’histoire ancienne, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles-Lettres, Paris, 1984 et 1989.
Jean-Claude Goyon et Mohamed A.El-Bialy :
– Les Reines et Princesses de la XVIIIe dynastie a Thèbes-Ouest, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005.
Wolfram Grajetzki :
– Die Töchter Echnatons, pp : 17–18, Kemet 1, 2002.
– Ancient Egyptian Queens : A hieroglyphic dictionary, Golden House Publications, London, 2005.
Audran Labrousse et Marc Albouy :
– Les pyramides des Reines : Une nouvelle nécropole à Saqqarah, Hazan, Paris, 1999.
Christian Leblanc :
– Reines du Nil au Nouvel Empire, Bibliothèque des introuvables, Juillet 2010.
Sarah M.Nelson :
– Ancient queens – Archaeological explorations, Rowman Altamira, Lanham, Maryland, 2003.
Rosanna Pirelli, préface de Suzanne Moubarak : (Sources)
– Les Reines de l’Égypte ancienne, Édition Wite Star S.p.A, Vercelli, Italie, 2008.
Gay Robins :
– Women in ancient Egypt, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1993.
Silke Roth :
– Die Königsmütter des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie, Otto Harrassowitz,
Wiesbaden, 2001.
Wilfried Seipel :
– Les études sur les reines égyptiennes de la période de début et de l’Ancien Empire (Untersuchungen zu den ägyptischen
Königinnen der Frühzeit und des Alten Reiches), Éditeur inconnu, 1980.
Barbara Switalski Lesko :
– The remarkable women of Ancient Egypt, B.C. Scribe Publications, Berkley, 1978.
Lana Kay Troy :
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Uppsala studies in ancient mediterranean and near eastern civilisations, R. Holthloer, T. Linders, Uppsala, 1986.
Joyce Anne Tyldesley,
Aude Gros de Beler et Pierre Girard :
– Chronicle of the queens of Egypt : From early dynastic times to the death of Cleopatra, Thames & Hudson Ltd,
Octobre 2006 et Janvier 2007 – En Français, Chronique des Reines d’Egypte : Des origines à la mort de Cléopâtre,
Éditions : Actes Sud, Collection : Essais Sciences, Juillet 2008 – En Allemand, Die königinnen des alten Ägypten :
Von den frühen dynastien bis zum tod Kleopatras, Koehler + Amelang Gmbh, Février 2008.
Christiane Ziegler,
Hartwig Altenmüller et Marine Yoyotte :
– Reines d’Égypte : D’Hetephérès à Cléopâtre, et en Anglais,
Queens of Egypt : From Hetepheres to Cleopatra, Somogy,
Paris, Juillet 2008 et Grimaldi forum, Monaco, Octobre 2008.
Pour voir les titres de la plupart des Reines d’Égypte :
joanlansberry.com/setfind/queens
(www.joanlansberry)
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