En Asie Mineure, eut lieu une
bataille qui marqua pour toujours le futur du monde Hellénistique. Vue aujourd’hui comme la plus grande bataille des "Guerres Diadoques",
la bataille d’Ipsos impliqua des commandants légendaires, ayant personnellement combattus aux côtés
d’Alexandre le Grand.
Les longues années d’attentes, de désirs de conquêtes et de rivalités entre les successeurs du Roi
Macédonien, pouvaient être résolues définitivement
sur un seul champ de bataille. Deux armées identiques, opposèrent leur phalange, leur cavalerie et leurs éléphants sur les vastes plaines de
Phrygie et marquèrent ainsi
l’événement, qui est connu sous le nom de : "La bataille des cinq Rois".
Tétradrachme argent d’Antigonos
|
Présentation
La bataille d’Ipsos (ou Naumachia tēs Ipsos, en
Grec :
Ναυμαχία της Ιψού) se déroula au printemps de l’année 301 av.J.C., dans
plaine du Dolai-Chai * (À l’époque appartenant à la région de
Phrygie), 20 km. Nord de l’actuelle ville d’Afyon (en Turc : Afyonkarahisar), dans les environs de l’ancien village Turc de Sipsin (Dérivant du
Grec : εἰς (‘ς)
‘Iψον, on y voit donc, en laissant de côté le εἰ, la racine du mot sipsin),
actuellement Çayırbağ (Le Chai, dérive de Çayır, qui en Turc signifie "prairie", ou dans un sens indirect "plaine").
La bataille opposa l’armée Antigonide, menée par
le Roi de Macédoine,
Antigonos I Monophtalmos (ou Antigone le Borgne, dû au fait qu’il
avait perdu un œil, 306-301) et son fils Démétrios I Poliorcète (297-287),
à l’armée de la coalition des anciens Diadoques, menée par le Roi
Séleucide,
Séleucos I Nikatôr (305-280), le Roi de
Thrace,
Lysimaque (322-281)
et Cassandre (Régent de
Macédoine 317-306/305 et Roi de
Macédoine 301-297).
La bataille s’inscrit dans le cadre de la Troisième Guerre des Diadoques et elle vit la victoire décisive de la coalition.
* Ces données se basent sur les recherches du professeur byzantiniste Ernest Honigmann
dans son essai intitulé "Sur quelques évêchés d’Asie Mineure"
(Byzantion Vol. 10 (1935) pp : 643-654), où il réussit à démontrer, de façon détaillée, la localisation du champ de bataille d’Ipsos. En effet, jusqu’à cette
époque, les uniques auteurs ayant indiqué la localité d’"Ipsos" étaient
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec,
46-v.125), Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain, v.86-v.175) et
Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160) (bien que
Plutarque reste la source primaire).
Une des rares représentation statuaire attribuée à Démétrios I
– Copie Romaine d’un original hellénistique de la villa des Papyrus d’Herculanum –
Musée Archéologique National de Naples |
Le contexte
La mort d’Alexandre le Grand (336-323)
à Babylone, en Juin 323, marqua un tournant dans l’histoire du monde
Hellénistique. En effet, étant le pilier qui maintenait ses Généraux unis, sa disparition lança le début de l’écroulement d’un des Empires les plus vastes de
l’histoire. Il laissa celui-ci sans successeur officiellement reconnu par lui-même. En effet, son unique héritier, le futur
Alexandre IV, qu’il fit avec
Roxane, fille du "Roi" de
Sogdiane, Oxyartès (ou Oxyarte ou Oxyartes ou Oxyathrès) n’était même pas
né (Il naquit en Août 323) et bien que l’armée Macédonienne l’ait reconnu
comme le digne successeur de son père, il mourut très jeune (Assassiné, sur l’ordre de
Cassandre).
L’autre candidat, Philippe III Arrhidée (323-317), demi-frère
d’Alexandre, souffrait de maladie mentale, ce qui en fit un simple pion dans
les mains des Généraux (ou Diadoques, du Grec :
διάδοχοι diádochoi, signifiant “successeurs“)
Macédoniens. Son “règne” fut également de courte durée.
Finalement, la succession devait revenir à un des fidèles Généraux du grand Roi, mais,
Alexandre n’avait donné aucune indication précise, sur qui devrait être
son successeur légitime. Lorsqu’on lui demanda sur son lit de mort, pour empirer les choses, il abandonna le monde des mortels en disant, avec son dernier
souffle : “Au plus grand/fort” (en Grec :
κράτιστος krátistos). Ce fut à ce moment-là, que la dispute entre les Diadoques commença réellement.
Méfiants entre eux depuis toujours, leur rivalité s’embrasa d’un coup violemment. Leur but était maintenant d’obtenir la plus grande part possible de l’Empire.
Parmi la multitude de Généraux, très rapidement, cinq se montrèrent les plus dominants et influents : Ptolémée (Futur
Ptolémée I Sôter
Roi d’Égypte) ; Séleucos (Futur
Séleucos I Nikatôr, possédant le plus vaste territoire,
ainsi que les immenses richesses de l’ancien Empire Perse) ;
Cassandre, fils
d’Antipatros qui était Régent de
Macédoine lors des campagnes
d’Alexandre. Lorsqu’il mourut,
Cassandre prit le contrôle du royaume
Macédonien ;
Lysimaque (Il gouverna la
Thrace et fut un allié fidèle de
Cassandre) et naturellement
Antigonos I Monophtalmos qui, avec son fils,
(vers 316), domina une grande partie de l’Asie Mineure.
Cette extension de son territoire avait été rendue possible grâce à sa victoire sur Eumène de Cardia (ou Eumènès
ou Eumenês, 362-316), un autre Diadoque, qui gouvernait sur une grande partie du Nord-Ouest de
l’Asie Mineure. Avec la mort d’Eumène,
Antigonos I eut accès à un grand nombre de vétérans
Macédoniens (Dont des argyraspides, les
“Boucliers d’argents" comparables aux hypaspistes) ainsi qu’à toutes les richesses de celui-ci. De suite, il eut donc à sa disposition une grande armée
bien entraînée et de larges ressources financières. À la mort d’Antipatros, en 319,
Antigonos I développa l’idée de regrouper les différents
royaumes des Diadoques pour reformer l’Empire d’Alexandre
à son profit. Après s’être rendu maître de l’Asie Mineure,
de la
Grèce et d’une partie de la
Syrie/Palestine, il tourna son armée vers la
Babylonie, pour attaquer
Séleucos.
Ce dernier, fut pris de surprise par cette attaque et dut fuir, trouvant refuge en
Égypte à la cour de
Ptolémée.
Antigonos I prit le contrôle sur la région et élargit son territoire
en conquérant une grande partie de la Syrie du Nord. Cette action déclencha un conflit avec les Diadoques, car lorsqu’il avança à travers la Syrie,
sa puissance grandissante commença à les inquiéter. Une coalition se monta contre lui regroupant :
Cassandre,
Lysimaque,
Ptolémée et
Séleucos. Ils lui envoyèrent une Ambassade qui réclama un
nouveau partage des satrapies sous forme
d’ultimatum. Selon Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30, Livre XIX, 19, 57),
ceux-ci proposèrent les accords suivants à Antigonos I :
"[…] ils demandèrent la Lycie pour
Cassandre, la
Phrygie sur l’Hellespont pour
Lysimaque, la Syrie entière pour
Ptolémée et la
Babylonie pour
Séleucos. Outre cela, ils proposèrent un partage
égal entre eux des territoires qu’Antigonos I,
avait recueillis à la défaite d’Eumène, autrement ils se réuniraient tous contre lui […] ".
Antigonos I
comprit que cette "offre" ne servait qu’à l’affaiblir et à rassasier l’envie de possession territoriale des autres Diadoques.
Il refusa, préférant la guerre, sachant qu’il n’avait rien à perdre et fit donc le contraire de ce que voulaient
les Diadoques. Il conquit le restant de la Syrie du Sud ainsi que quelques territoires en
Asie Mineure
qu’il ne possédait pas à ce moment-là. En 315, il essaya, tout d’abord, de déstabiliser et séparer les différents Diadoques. Sa première cible fut
Cassandre. Il tenta de provoquer une révolte en
Grèce (Sous le prétexte de redonner aux anciennes cités
Grecques leur indépendance) pour affaiblir son pouvoir,
mais ce fut sans effet.
Buste en bronze de Séleucos I – Musée d’archéologie – Naples
|
Dans les années qui suivirent, il finit par conquérir
Tyr. Il essaya également d’obtenir
Chypre (alors
Ptolémaïque) et Rhodes (alliée de
Ptolémée). Cependant, l’an 312 marqua un tournant dans l’histoire du pouvoir
Antigonide. En effet,
Ptolémée avait mené une contre-offensive au Sud de la Syrie.
Antigonos I, décida donc d’envoyer son fils
Démétrios I pour l’arrêter. La carrière militaire de
Démétrios I commença avec une dure défaite contre les troupes
Ptolémaïques, à la bataille de Gaza (312).
Ptolémée offrit alors son soutien militaire à
Séleucos pour qu’il puisse reconquérir la
Babylonie, ce qu’il fit la même année.
Démétrios I tenta de reprendre la région, mais il échoua. Ces défaites,
obligèrent Antigonos I à signer, en 311 un traité de paix avec les
autres Diadoques.
Celui-ci établit que chacun des Diadoques gardait ses possessions tandis que la liberté fut accordée aux cités
Grecques, mettant ainsi fin à la
Troisième Guerre des Diadoques. Il fut nommé officiellement Stratège d’Asie, alors que
Cassandre obtint le titre de Stratège d’Europe.
Antigonos I fut le vainqueur provisoire de ce conflit. Son Empire, centré sur
l’Asie Mineure, restait intact moins la
Babylonie. De plus, il garda la possession des trésors dérobés
dont il ne fut pas question dans les négociations de paix. Cependant il n’avait pas atteint pleinement ses objectifs.
Le traité lui permit de prendre brièvement son souffle et de préparer son prochain mouvement.
Cette paix entre les Diadoques fut malheureusement rapidement rompue.
Ptolémée, allié à
Cassandre, voulut reprendre possession de territoires appartenant à Antigonos,
en mer Égée et en Grèce continentale.
Antigonos I reprit la lutte, à la fois, contre
Séleucos en
Asie Mineure, contre
Ptolémée en Syrie et contre
Cassandre en mer Égée.
En 310, Ptolémée mena une campagne victorieuse contre des
cités côtières d’Asie Mineure et dans plusieurs îles de la mer Égée.
En représailles Démétrios I attaqua les possessions
Grecques de
Cassandre qui fut vaincu aux Thermopyles. Mais en 309,
Ptolémée s’empara des cités de
Carie et de
Lydie.
En 308, Cassandre vit ses possessions en
Grèce convoitées par
Ptolémée qui changea de camp et conclut un accord avec
Antigonos I. Dès cette année,
Ptolémée débarqua dans le Péloponnèse et soumit des cités
aux dépens de Cassandre tout en appelant, comme
Antigonos I, à la liberté pour les
Grecs. Bien que le succès fut mineur,
Ptolémée réussit à obtenir des villes comme
Corinthe,
Mégare et
Sicyone.
Mais Ptolémée,
depuis longtemps loin de ses bases, pas très sûr de ses forces, changea d’optique et plutôt que de se lancer dans une campagne
hasardeuse, il choisit de rentrer en Égypte
après avoir signé un traité avec Cassandre. Dans le même temps,
Antigonos I négociait lui avec
Séleucos en lui reconnaissant l’autorité sur les
satrapies
orientales. Il avait désormais le champ libre en Grèce continentale.
Puis toujours en 308, il tourna ses ambitions sur la Grèce et la
Macédoine. Il fit armer une flotte de 250 navires qu’il confia à
Démétrios I. Le premier objectif de ce dernier fut
Athènes. Le but était d’en chasser l’Oligarque Démétrios de
Phalère (Orateur et homme d’État Athénien, 360-282) élu Archonte décennal,
qui gouvernait la cité au nom de son allié Cassandre. Selon
Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), en 307, le jeune
Démétrios I quitta
Ephèse avec tout un arsenal d’engins de siège performants et innovants.
Il prit le Pirée, puis après deux jours d’âpres combats, les défenseurs se rendirent et la ville tomba. Ainsi
Athènes, qui avait perdu son autonomie pendant la guerre
Lamiaque quinze ans auparavant, retrouva son ancienne traditionnelle démocratie. Les citoyens exprimèrent leur gratitude
en érigeant des statues en or de Démétrios I et
Antigonos I, ainsi que la construction d’un autel en l’honneur
des "sauveurs".
Lysimaque – Musée archéologique de Selçuk – Turquie
|
Ce succès inquiéta énormément
Cassandre et
Ptolémée, qui pensèrent même tenter une expédition vers la
Grèce pour arrêter
Démétrios I. Cependant,
Antigonos I anticipa ce mouvement et décida de rappeler son fils,
pour que celui-ci s’empare de Chypre et inflige ainsi une défaite à
Ptolémée. L’entreprise réussit et en 306, l’île tomba aux mains des
Antigonides. Ces victoires motivèrent
Antigonos I qui s’autoproclama "Roi d’Asie".
Puis il tenta de mener une campagne invasive vers l’Égypte,
qui échoua et son fils tenta de conquérir Rhodes, également sans succès.
Cassandre profita de l’absence (et défaite) de
Démétrios I pour pénétrer avec son armée en Attique et
faire le siège d’Athènes.
Démétrios I accourut à l’aide de la ville et réussit à
chasser les troupes de Cassandre. Sa campagne militaire en
Grèce fut un énorme succès.
Entre 304 et 303 il réussit à chasser Cassandre du centre de la
Grèce et à conquérir les plus importantes fortifications de ce dernier.
Ainsi, Démétrios I fut en possession d’une grande partie du Péloponnèse,
de l’Attique et de la Béotie. Les portes vers la Macédoine lui étaient
maintenant ouvertes. Cassandre comprenant que sa propre existence était
en danger se tourna vers Lysimaque qui fut immédiatement prêt à
le soutenir, d’autant plus que si Démétrios I réussissait à conquérir la
Macédoine, il ne tarderait pas à faire de même avec la
Thrace.
Ils firent également une alliance avec
Séleucos I et
Ptolémée I, qui acceptèrent sans grandes discussions, craignant eux aussi
pour leur royaume. Cassandre et
Lysimaque décidèrent de jouer tout sur
l’offensive. En 302, tandis que Cassandre occupait
Démétrios I avec des combats en
Thessalie,
Lysimaque envahit
l’Asie Mineure. L’armée invasive triompha
sur les différentes garnisons Antigonides, s’appropriant ainsi plusieurs
villes majeures. Antigonos I réagit en remontant la Syrie
avec une importante armée et un jeu de chat et souris commença.
Antigonos I rappela son fils de
Grèce, qui fit un traité de paix rapide avec
Cassandre et rejoignit son père avec les troupes qu’il avait,
en passant par les côtes de l’Ionie, pour reprendre les villes perdues
face à Lysimaque. À l’automne 302,
Séleucos I pénétra avec son armée en
Cappadoce, mais avec l’approche de l’hiver,
il décida d’installer ses quartiers près de la ville d’Ancyre (actuelle Ankara).
Démétrios I, de son côté, avait reconquis toute la zone Nord-Ouest de
l’Asie Mineure et contrôlait, les côtes de l’Hellespont.
Cependant, ne sachant pas que Séleucos I avait pénétrer en
Cappadoce, il ne vit aucune urgence
à rejoindre son père et installa ses quartier d’hiver près de l’Hellespont. De l’autre côté,
Lysimaque qui avait toujours réussi à échapper à l’armée
d’Antigonos I,
craignant une pénurie d’approvisionnement, jugea plus approprié d’attendre l’arrivée de
Séleucos I avant de s’engager dans la
bataille. Il installa ses quartiers au Sud de la ville
d’Héraclée du Pont, en
Bithynie, près Dorylée
(ou Dorylaeum, près de la ville moderne d’Eskişehir), dont la géomorphologie
facilitait la défense.
Cassandre, voyant que le grand conflit aurait lieu en Asie,
décida d’envoyer une force sous le commandement de son frère Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos, en
Grec : Πλείσταρχος
“Grand Commandant”), de 12.000 hommes et 500 cavaliers pour renforcer l’armée de
Lysimaque, alors que lui restait en Macédoine et il rompit le traité de
paix qu’il avait passé avec Démétrios I.
Puis il marcha sur la Thessalie.
Au printemps 302,
Lysimaque débarqua en
Phrygie Hellespontique et reçut la soumission de nombreuses cités sur les côtes de
Lycie et de
Carie, dont
Colophon,
Éphèse et
Sardes en
Lydie,
puis il renversa le Roi d’Épire,
Pyrrhos I (307-302 et 297-272)
allié d’Antigonos I.
Cependant, lorsque Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos) arriva sur les côtes de l’Hellespont, il vit que les navires de
Démétrios I bloquaient le passage
(Une garnison de 3.000 fantassins et 30 navires). Il décida donc de rejoindre
Héraclée du Pont par voie maritime et ainsi espérait retrouver
Lysimaque.
Toutefois, n’ayant pas assez de bateaux, il divisa ses forces en trois groupes qui passèrent l’un après l’autre.
Le premier groupe réussit à traverser la mer Noire sans problème, mais les navires des deux autres groupes furent soit détruits par les forces navales
de Démétrios I, soit par une tempête. Pleistarchos
(ou Plistarque ou Pleístarkhos) survécut miraculeusement et atteignit
Héraclée du Pont avec
une poignée d’hommes. Durant l’hiver du 302/301, le conflit resta à l’état léthargique, chacun restant dans son campement.
Ce ne fut qu’au printemps 301, que les rouages de la guerre se remirent en marche. Chaque commandant essaya alors de rejoindre son allié :
Héraclée du Pont son père à Dorylée ;
Lysimaque,
Séleucos I près d’Ancyre.
Antigonos I était presque sûr
que ces deux derniers utiliseraient
l’ancienne Voie Royale Perse pour pouvoir l’atteindre le plus rapidement possible.
Il décida de jouer le rôle du prédateur, maintenant que son armée avait été renforcée par les troupes de son fils. Il se dirigea vers le Sud et campa
près de la Voie Royale, dans la plaine d’Ipsos (Plaine idéale pour les mouvements de phalange et de cavalerie).
Les coalisés positionnèrent également leurs troupes dans la plaine, prêts à affronter
Antigonos I. La "Bataille des cinq Rois" pouvait commencer.
Hetâiroi Macédoniens |
Les effectifs
En ce qui concerne les effectifs au moment de la bataille, l’unique source détaillée provient de l’auteur
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125) dans son œuvre “Vie de
Démétrios“.
Dans les œuvres de Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), seul le nombre de troupes
avant la bataille, nous a été transmis. L’auteur affirme que
Démétrios I avait environ 56.000 fantassins lorsqu’il était en
Grèce (8.000 phalangistes
Macédoniens, 15.000 mercenaires, 25.000 hommes des villes
Grecques
alliées et 8.000 troupes légères), mais on ne sait pas quelle proportion de cette infanterie l’a accompagné en Asie.
En analysant les descriptions des deux auteurs nous arrivons au résultat suivant :
Antigonos I et son fils
Démétrios I possédaient au total :
– Environ 70.000 phalangistes, dont le plus grand nombre étaient des vétérans
Macédoniens ainsi que des argyraspides
(les "Boucliers d’argents" comparables aux hypaspistes),
– Environ 10.000 cavaliers, dont principalement de la cavalerie lourde, ainsi qu’un certain nombre de cavalerie légère,
– 75 éléphants.
Sur la base d’autres batailles entre Diadoques, les experts modernes, comme Bob Bennett et Mike Roberts, estiment l’infanterie à 70.000 hommes,
peut-être 40.000 étaient phalangistes et 30.000 étaient des troupes légères de types divers.
Selon Plutarque,
Lysimaque et
Séleucos I de leurs côtés, possédaient :
– Environ 64.000 phalangistes,
– 15.000 * cavaliers, dont principalement de la cavalerie légère ou des archers à cheval ramenés par
Séleucos I ** d’Orient,
– 400 éléphants ramenés d’Inde,
– Environ 120 chars de guerre, bien qu’on peut mettre en doute leur participation à la bataille.
Diodore prétend que
Séleucos I
à lui seul avait 20.000 fantassins, 12.000 cavaliers (y compris des archers montés), 480 éléphants et plus d’une centaine de chars à faux
venant des satrapies orientales.
Le nombre d’éléphants et de chars censés être présents à la bataille sont relativement constant entre ces sources.
Cependant, la composante de cavalerie de Séleucos I
selon Diodore est plus importante que les allégations de
Plutarque pour toute la cavalerie alliée alors que
Lysimaque
dut aligner au moins 1.000 cavaliers.
Les experts modernes, comme Paul K.Davis, estiment ainsi le nombre total de la cavalerie alliée à 15.000. Sur les 44.000 fantassins
on ne sait pas quelle proportion fut fournie par
Cassandre et
Lysimaque.
Lysimaque
envoya 12.000 hommes sous le commandement de son frère Pleistarchos (ou Plistarque ou Pleístarkhos)
dont les deux tiers furent perdus en traversant la mer Noire, mais on ne sait
pas combien d’hommes étaient dans un premier envoi de troupes. Les spécialistes aujourd’hui, comme Bob Bennett et Mike Roberts, estiment que
l’infanterie totale des coalisés, était peut-être de 30.000 à 40.000 phalangistes, le reste étant des troupes légères.
* Ce nombre a été proposé par l’historien Bezalel Bar-Kochva. Son raisonnement logique est très plausible.
En effet, Diodore de Sicile nous raconte que lorsque
Séleucos I pénétra en
Cappadoce,
il avait 12.000 cavaliers (bien que Diodore parle de “12.000
archers à cheval”, il est très probable qu’il s’agisse plutôt de cavalerie légère), 480 éléphants et plus de 100 chars de guerre
munis de faux. Le fait que le nombre d’éléphants soit descendu de 480 à 400 est plausible, étant donné que le taux de mortalité de ces animaux
durant les campagnes militaire était élevé. Cependant, ce qui n’est pas plausible c’est la diminution drastique d’environ 2.000 cavaliers.
De plus, Diodore ne mentionne même pas la cavalerie dans l’armée de
Lysimaque (Ce qui était pratiquement impossible dans le cas d’une
“armée Macédonienne“), sans parler de la cavalerie que
Cassandre avait mis à la disposition de son ami.
Ainsi, si on suppose (Et on peut même être certain) que Lysimaque possédait
quelques milliers de cavaliers, alors il est fort probable que le nombre total de cavaliers de l’armée des deux Rois, soit arrivé à 15.000 et non pas 10.500
comme nous écrit Plutarque.
** Le fait que Séleucos I possédait le plus grand Empire,
rendait sa gestion encore plus difficile (Du fait des nombreuses révoltes) et ainsi, politiquement, il pouvait être vu comme le plus “faible” des Diadoques.
De plus, il souffrait d’un manque de phalangistes, essentiels pour la formation d’une
armée Macédonienne typique. Or,
Séleucos I était connu pour son originalité et son ingéniosité
au combat. En effet, il essayait de compenser ce défaut avec l’ajout de troupes orientales (Cavalerie légère ou archers à cheval) ainsi qu’à travers
l’utilisation d’un grand nombre de chars et naturellement d’éléphants.
En fin de compte, alors que lui possédait la cavalerie et les troupes “animalières et mobiles” (On pourrait décrire l’armée de
Séleucos I comme “l’artillerie” des Diadoques),
Lysimaque possédait les phalangistes. La combinaison des deux armées,
annulait de suite leurs faiblesses.
Baliste utilisée par Démétrios I durant le siège de Rhodes |
Le prélude
Tandis que les différents Rois prenaient leurs positions respectives (Malheureusement,
nous n’avons aucune source qui nous décrive ce qui se passa dans le camp de
Séleucos I et
Lysimaque), on vit un changement dans l’attitude
d’Antigonos I. En effet, il était connu pour son arrogance et sa vitalité
avant une bataille. Cependant ce jour-là, ce ne fut pas le cas. Plutarque
décrivit parfaitement ce changement : “Toujours fier et plein d’audace dans les combats, ayant la parole haute, tenant des discours arrogants et
souvent même disant des mots plaisants et railleurs, qui témoignaient de sa présomption et de son mépris pour l’ennemi, on le voyait alors pensif et taciturne
[…]” (“Vie de Démétrios“, XXVIII, 28).
Les raisons pour lesquelles il se comporta ainsi, sont, jusqu’à nos jours, inconnues. Peut-être était-ce par pure superstition,
vu que Plutarque nous raconte qu’il avait eu un rêve représentant
Alexandre qui passait du côté des ennemis, ou par le fait qu’il réalisa
que l’adversaire était plus puissant que son armée, ou simplement parce qu’il était affaibli par l’âge ?. En effet, comme le dit
Appien d’Alexandrie (Historien
Grec, 90-v.160), il avait dépassé les 80 ans (Pour être plus exacte,
il en avait 81) et donc la probabilité de “survivre” à un nouveau combat était minime. Quoi qu’il en soit, cette peur le porta à désigner,
publiquement devant toute l’armée réunie,
Démétrios I comme son successeur, dans le cas où il n’en sortirait vivant. Cela fait, les rois prirent leur position, prêts à combattre.
Le déroulement
Bien que
Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec,
46-v.125), ne décrive pas directement le positionnement des troupes, nous pouvons déduire aujourd’hui, à travers les connaissances que nous avons sur les
stratégies de guerre Macédoniennes, ainsi que des quelques fragments
d’informations parvenus de Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30) et du mouvement des troupes durant la bataille, quel était la formation de combat des deux armées. De son côté,
Antigonos I se plaça au commandement de ses phalanges au centre,
tandis que son fils (Accompagné du Roi détrôné d’Épire
Pyrrhos I, 307-302 et 297-272), occupa l’aile droite avec la cavalerie lourde.
Les éléphants furent positionnés devant les phalanges et le restant de la cavalerie (Principalement celle légère) fut très probablement placée sur l’aile
gauche pour la protégée d’éventuelles attaques.
Du côté des coalisés,
Lysimaque prit le contrôle du centre avec toutes les phalangistes à sa disposition,
alors que son aile droite était protégée par un très grand nombre d’archers à cheval. De plus, d’après les informations de
Diodore de Sicile, nous pouvons supposer que
Séleucos I lui ait donné entre 80 à 100 éléphants,
que le Roi de Thrace plaça devant ses phalanges.
L’aile gauche était, majoritairement, occupée par de la cavalerie légère, commandée par le fils de
Séleucos I, Antiochos (Futur
Antiochos I Sôter),
tandis que le père prit position à l’arrière, avec le restant de ses éléphants (Plus ou moins 300), pour pouvoir être prêt à venir au secours d’un
“front” nécessitant l’appui des pachydermes. Aujourd’hui, certains spécialistes se demandent pourquoi
Cassandre ne voulut pas participer à la bataille.
La réponse est simple et logique : Il était militairement affaibli et son
intérêt politique réel se trouvait en
Macédoine, voire en
Grèce. Dans le même ordre d’idée
Ptolémée I aurait pu, en remontant la Syrie avec son armée,
participer aussi aux combats. Cependant, prudent, il ne voulait pas tout risquer sur une seule bataille.
Ainsi il préféra conquérir la Cœlé-Syrie avant que
Séleucos I ne le fasse, ou qu’on
la lui cède dans le cas d’une
victoire contre Antigonos I.
La stratégie d’Antigonos I était très simple :
Utiliser la cavalerie lourde de Démétrios I pour se débarrasser de
l’aile gauche ennemie et immédiatement prendre ce dernier sur ses arrières, tandis que lui, avec ses phalanges et éléphants, attaquait les centre de
Lysimaque.
Cependant, sa stratégie, typique de l’époque, était trop évidente et reconnaissable sur une plaine.
Démétrios I, étant plus jeune et vif d’esprit, aurait pu modifier
cette stratégie de combat, mais il était trop lié et influencé par son père, pour oser s’opposer à lui.
Séleucos I profita de ce défaut.
En effet, par le passé, il avait souvent combattu contre des armée supérieures en nombre et savait donc affronter ces situations d’instinct,
posant tous les avantages possibles de son côté *.
Lysimaque était connu pour être un brave combattant,
mais son talent stratégique n’atteignit jamais celui Séleucos I.
Combat entre la cavalerie de
Démétrios I et celle de Ptolémée I |
Comme prévu,
Démétrios I lança un puissant assaut avec sa cavalerie lourde
(Ou selon Plutarque sa “cavalerie d’élite”) contre la cavalerie légère
d’Antiochos et réussit à la mettre en fuite et il le poursuivit loin hors du champ de bataille. Selon
Plutarque la persécution à ce point d’Antiochos
était un acte complètement insensé de la part de Démétrios I.
Les spécialistes se demandent encore aujourd’hui pourquoi
Antigonos I, commandant de toute l’armée, laissa
s’absenter à ce point Démétrios I, se privant de la couverture de sa cavalerie.
Nous savons, grâce à
Diodore, que les deux groupes d’éléphants du centre, avaient engagé le combat. Cependant, le résultat n’est jusqu’à aujourd’hui pas clair, très
probablement, le combat se termina avec une multitude d’éléphants blessés et en panique, ayant certainement causé des dommages aux deux phalanges.
Quoi qu’il en soit, la phalange d’Antigonos I livra le combat à celle de
Lysimaque et il est très probable que ses vétérans aient mis la pression aux
phalangistes du Roi Thrace.
Jusque-là, la bataille semblait aller comme Antigonos I
le voulait et selon Plutarque, il crut jusqu’à la dernière minute que son
fils allait le secourir. En effet, ce qui manquait seulement était l’arrivée de ce dernier avec sa cavalerie pour attaquer les arrières de
Lysimaque.
Mais, Démétrios I
s’était laisser prendre par l’enthousiasme de la victoire et avait poursuivi la cavalerie légère d’Antiochos bien longtemps, perdant ainsi du temps précieux.
Lorsqu’il décida finalement de “[…] rev(enir) de cette chasse, il ne lui fut plus possible de joindre son infanterie ;
les éléphants des ennemis ayant pris la place entre les deux.” (Plutarque,
Vie de Démétrios, XXIX, 29). Ce fut à ce moment-là, que ce montra le génie stratégique de
Séleucos I.
Il avait parfaitement utilisé ses pachydermes et il envoya ses archers à cheval de l’aile droite contre l’aile gauche
d’Antigonos I.
Cette cavalerie rapide n’eut aucun problème à causer de sérieux dommages à la cavalerie légère
Antigonide.
L’attaque ne se concentra pas seulement sur ce point. En effet, un très grand nombre des archers à cheval (Ou javeliniers à cheval)
détournèrent cet obstacle et relâchèrent une pluie de flèches sur l’arrière des phalanges
d’Antigonos I.
La pression faite sur les différents côtés causa finalement un effondrement, suivi par la déroute de la phalange
Antigonide
(Plutarque écrit même qu’un
grand nombre de phalangistes se détachèrent volontairement de la phalange pour se rendre à
Séleucos I).
Antigonos I n’écouta pas les avertissements de ses
Généraux et décida de rester, avec les quelques “formations” intactes, sur le champ de bataille, pour attendre l’arrivée de son fils.
Or, Démétrios I ne réussit pas à pénétrer la barrière des
éléphants de guerre et donc n’atteignit jamais son père.
Finalement, le moment fatal arriva. Une pluie de flèches et javelots atteignit sa cible. Un javelot toucha et mit fin à la vie
d’Antigonos I. Lorsque
Démétrios I reconnu que plus rien ne pouvait être sauvé,
il décida d’abandonner le champ de bataille avec le restant de sa cavalerie. Il fuit à
Ephèse avec 5.000 fantassins et 4.000 cavaliers.
La bataille d’Ipsos, était terminée. Le nombre de morts ou de capturés ne nous est pas parvenu. On peut conclure
qu’il y eut deux points majeurs qui causèrent la défaite
Antigonide :
– Le premier fut la poursuite frénétique de Démétrios I
(Phénomène étant une des causes majeures guidant à la défaite, pouvant être observé, par exemple, durant la
bataille de Raphia ou de
Magnésie du Sipyle).
– Le deuxième, fut l’intervention des 300 éléphants de guerre qui séparèrent les deux corps principaux
Antigonide (cavalerie et phalanges), essentiels pour le fonctionnement
de la stratégie Macédonienne.
* L’auteur John D.Graigner propose que
Séleucos I ait positionné expressément ses 300 éléphants en arrière pour les cacher à la vue
d’Antigonos I, lui faisant ainsi penser avoir à faire à une armée
inférieure (ou égale) en nombre d’éléphants et d’hommes à la sienne et ainsi le pousser à utiliser une stratégie non adaptée à la réalité des effectifs ennemis.
Après la bataille
La bataille d’Ipsos donna le coup de grâce à
Antigonos I
et son fils à tous leurs efforts de reconstruction de l’Empire d’Alexandre.
En un seul jour, le rêve d’Antigonos I
de recréer cet Empire fut détruit. Elle fut également décisive puisqu’elle entraîna la dislocation définitive de l’Empire,
les vainqueurs se partageant le royaume d’Antigonos I :
Cassandre se maintint en
Macédoine et en
Grèce. Il donna la
Cilicie et la
Lycie à son frère Pleistarchos (ou Pleístarkhos)
probablement pour le remercier d’avoir participé à la bataille. Ptolémée I
obtint la Cœlé-Syrie. Lysimaque annexa la partie Ouest de
l’Asie Mineure
(jusqu’aux monts Taurus) et Séleucos I obtint la partie
Sud de la Cappadoce (Aussi connue sous le nom de
"Cappadoce-Séleucide") et la partie
orientale de la Syrie, mais très rapidement, il entra en conflit avec Ptolémée I
qui avait sécurisé la Palestine et la
Phénicie, lors de l’absence du premier (La dispute sur ses
territoires sera la cause des nombreuses Guerres Syriennes).
Démétrios I réussit à se maintenir à
Mégare, à
Corinthe et garda la
Phénicie que
Ptolémée I espérait.
Pyrrhos I, vers 300/299, qui avait apporté son soutien à
Antigonos I fut emmené comme otage
en Égypte.
Il fut traité à la cour de Ptolémée I avec de grands égards.
Cependant, si d’un côté les Diadoques coalisés avaient réussi à éliminer leur "plus grand rivale", il restait encore son fils
et la maison des Antigonides était encore bien vivante,
représentant une nouvelle source de conflits.
Démétrios I avait échappé,
à la dernière minute, à la capture et se dirigea vers
Éphèse, tout en regroupant rapidement une force de 5.000 hommes et 4.000 cavaliers, car en ce qui concerne ses phalangistes (Ayant survécus à la bataille),
nombreux furent intégrés dans les armées de Lysimaque et
Séleucos I.
Pour lui, les choses ce compliquaient énormément, il avait perdu tout le royaume de son père, ainsi que presque toute son armée.
Cependant, il possédait encore des territoires/villes en Grèce,
ainsi que de nombreuses îles de la mer Égée, sécurisées par sa puissante flotte.
Son premier but, fut de rejoindre Athènes, sa base principale.
Cependant, la surprise fut amère lorsqu’il apprit que les
Athéniens avaient envoyé une délégation pour l’avertir qu’ils ne voulaient
plus aucun Roi dans leur ville. Démétrios I commença alors
consolider son pouvoir sur les différents îles, voire à ravager les côtes de la
Thrace.
L’occasion qui permit au Roi d’agir à grand échelle militaire, fut la mort de
Cassandre
en 297, de nouvelles occasions de conquêtes s’ouvraient. Pendant les années qui
suivirent les alliances changèrent sans cesse au rythme des conflits.
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Bibliographie
Pour d’autres détails sur les batailles voir les ouvrages de :
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– The Seleucid army : Organization and tactics in the great campaigns, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1976.
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– The wars of Alexander’s successors 323–281 BC, Volume I : Commanders and campaigns, Pen & Sword Military, Barnsley, 2008.
– The wars of Alexander’s successors 323–281 BC, Volume II : Battles and tactics, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
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James Bradford DeLong :
– Liveblogging 301 BC, fall : The battle of Ipsus, Grasping Reality, Janvier 2015.
Pierre Briant :
– Antigone le Borgne. Les débuts de sa carrière et les problèmes de l’assemblée Macédonienne, Les Belles Lettres,
Paris, 1973 et 1989 – Revue belge de philologie et d’histoire, Persée, 1975.
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– 100 decisive battles from ancient times to the present : The world’s major battles and how they shaped history,
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– The rise of the Seleukid empire (323-223 BC) : Seleukos I to Seleukos III, Pen & Sword Military, Barnsley, 2014.
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Simon Hornblower, Antony Spawforth et Esther Eidinow :
– The Oxford classical dictionary, Oxford University Press, Oxford, 2012.
Franca Landucci Gattinoni :
– Lisimaco di Tracia : Un sovrano nella prospettiva del primo ellenismo, Jaca book, Milano, 1992.
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– Great battles of the Hellenistic world, Pen & Sword Military, Barnsley, 2009.
Pat Wheatley :
– Ipsus, Battle of, Oxford University Press, Oxford, 2004.
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