Les  Royaumes  Hellénistiques :
Royaume du Pont
de  301  à  64  ap.J.C
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire
 

Localisation
Les ressources
Organisation géographique
La culture
L’histoire 
Bibliographie

 Pour plus de détails voir aussi les royaumes :
De Bithynie, de Cappadoce, des Lagides (Les Ptolémée),
de Pergame, des Séleucides

 

Localisation

 
   Le Pont (ou Royaume du Pont, en Grec : Βασίλειον του Πόντου, en Latin : Regnum Pontii) fut un royaume de langue Grecque au Nord-est de l’Asie Mineure sur le Pont Euxin (mer Noire). Il fut initialement appelé “Cappadoce Pontus“, mais peu à peu son territoire fut identifié avec le simple nom de “Pont“, qui ne devint son nom officiel que seulement sous Mithridate VI (120-63). On situe généralement le royaume originel entre les rivières Phase (ou Fasis) au Nord-est, la côte de la mer Noire au Nord, le Halys à l’Ouest et au Sud ses frontières originelles sont encore mal définies. Au début simple satrapie Perse, puis Macédonienne il fut créé en réaction à la politique agressive de cette dernière.
 
   Selon beaucoup de spécialistes, il doit être considéré culturellement et ethniquement comme un État Iranien de culture Persane, mais qui dès son origine connut une influence continue de l’hellénisme en raison de la présence des nombreuses colonies Grecques sur la Mer Noire et les relations avec les États voisins de l’époque Hellénistique comme le royaume de Pergame, la Cappadoce et l’Empire Séleucide.

 


 

Les montagnes du Pont près de Trapézonte
Photo avant retouches : Wikimedia.org

Les ressources

 
   Le pays tira toutes ses richesses des échanges commerciaux : De sa pêche, de ses constructions navales, de ses élevages de chevaux et de bovins et de son agriculture. Le long de la côte, le commerce du bois, du poisson et de l’huile d’olive furent florissant, et sur la côte Sud il y avait l’exploitation des riches gisements de fer et d’argent. Les vallées du Pont, comme celles du Lycos du Pont (L’actuel Kelkit Çayı) et de l’Iris (L’actuel Yesil ou Yeşilırmak ou Yeşil Irmak), parallèles à la côte, furent très fertiles, permettant l’élevage des bovins et la culture des céréales, ainsi que celle des arbres fruitiers comme les cerisiers, les pommiers et les poiriers.
 
   Dans les régions intérieures furent également extrait le cuivre, le plomb, le zinc et l’arsenic. Ces échanges furent facilités par sa position géographique et ses ports, dont les principaux furent : La cité Grecque d’Amisos et surtout Sinope, ville très riche et prospère qui fut la patrie de Diogène. Le royaume connut sa plus grande expansion sous son Roi Mithridate VI Eupator (120-63) qui guerroya longtemps contre Rome. Après lui, son royaume du Pont fut partagé par Rome. Une partie fut rattachée à la province Romaine de Bithynie et une autre attribuée sous Antoine (83-30) à une dynastie vassale de Rome, les Polémons (Royaume du Pont Polémoniaque) avec Trapézonte pour capitale. (Voir carte Mer Noire).

 

Organisation géographique

 
   Le royaume du Pont fut divisé en districts administratifs appelés diocèses ou éparchies, mais le plus important fut sa division en deux zones culturellement, ethniquement et économiquement bien distinctes. La première fut la zone côtière et intérieure, délimitée par les montagnes Pontiques qui courent parallèlement à la côte. Elle fut dominée par les villes Grecques, comme Amastris (ou Amasra, en Grec : Aμαστρις) techniquement en Paphlagonie, dans la province actuelle de Bartin, et Sinope (ou Sinop, en Grec : Σινώπη  Sinōpē), qui devint la capitale de la Pontique après avoir été conquise en 183 par Pharnace I (ou Pharnacès ou Pharnakes, 184-156). Les autres grandes villes furent : Laodicea Pontica (ou Ladik ou Laodicea, en Grec : Λαοδικεια, en Latino: Laodiceia) ; Amisos (ou Samsun, en Grec : Σαμψούντα Sampsoúnta) ; Kotyora (ou Cotyora, en Grec : Κοτύωρα  Kotyora) ; Polémonium ; Trapézonte (ou Trapezunt, en Grec : Τραπεζοữς Trapezous, en Grec Pontique : Τραπεζούντα Trapezounta, en Latin : Trezibonde) ; Batys et Phasis (ou Phase, en Grec : Φάσις) la plus au Nord-est.
 
   La région intérieure fut caractérisée par le manque de présence de grandes villes. La plus importante fut Amasée (ou Amaseia ou Amasya ou Amasia) que l’on considère aussi en Cappadoce), qui fut la ville de naissance de Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C). Elle fut l’ancienne capitale où les Rois Pontiques firent ériger leur palais et tombeaux royaux jusqu’à la conquête de Sinope. À part elle, l’intérieur du royaume fut dominé par des petits villages avec des temples qui contrôlaient de vastes domaines.

 

La culture

 
   La division entre la côte et l’arrière-pays fut également culturel. La côte se caractérisait principalement par un mode de vie à la Grec, encore une fois du fait de l’influence très forte de leurs colonies sur la mer Noire et le commerce maritime. L’intérieur fut habité par des Cappadociens et des Paphlagoniens gouvernés par une aristocratie qui avait gardé un type de vie à l’Iranienne datant de l’époque où l’Empire Achéménide dominait la région. La religion du royaume était syncrétique, avec des divinités locales de Perse et de Grèce adorées de même manière. Les grands Dieux étaient : Ahura Mazda (“Seigneur de la Sagesse“) également identifié à Zeus Stratios ; Le Dieu de la lune et des hommes, Men (ou Mensis) en tant que protecteur des pauvres, identifié à Cybèle ; mais également Aphrodite et Héraclès. Les Dieux solaires furent particulièrement populaires, la famille royale s’identifiait avec le Dieu Perse Ahura Mazda de la dynastie Achéménide, et les Apollon et Mithra étaient adorés par les dirigeants. En effet, comme le précise David Ulansey, le nom le plus utilisé par les Rois du Pont fut Mithridate, ce qui signifie “Donné par Mithra" ou “Don de Mithra“. La culture Pontique fut donc la fusion de celle des Grecs et des Perses. Les témoignages épigraphiques montrent une grande influence Hellénistique à l’intérieur du pays. À l’époque du règne de Mithridate VI Eupator (120-63), le Grec fut la langue officielle du royaume, même si les langues Anatoliennes continuaient d’être parlées localement.
 

L’histoire…….

 
   L’histoire du royaume ne remonte pas très loin dans le temps. Avant d’être un royaume il fut à l’origine une partie d’une satrapie de l’Empire Perse Achéménide, la satrapie d’Axaïna (ou satrapie de Cappadoce [Katpatuka]) à qui il fut rattaché en 546. Axaïna (“Indigo“) était le nom Iranien de la mer Noire. Cette grande satrapie couvrait toutes côtes de la mer Noire de la rivière Phase (ou Fasis) au Nord-est, jusqu’à la Propontide (Mer de Marmara) à l’Ouest, incluant donc une parie de la Paphlagonie, de la Bithynie et de la Mysie. Ce fut d’ailleurs depuis une ville Grecque attribuée à ces deux dernières, Kios (ou Keios, en Grec : Kίος ou Kείος, en Latin : Cius, ou Prusa ou Prusias), au bord de la Propontide, sur le golfe de Mudanya, que les Satrapes la dirigeaient. Le plus ancien de ces dynastes fut Ariobarzane I de Kios (En Grec : ‘Aριoβαρζάνης A’, 420 à 402). Il est le premier connu de la famille qui gouverna la ville de Kios (ou Keios ou Cius), d’où seront issus les Rois du Pont. Ariobarzane est très certainement à assimiler avec un homonyme qui a accompagné en 405 les Ambassadeurs Athéniens détenus depuis trois ans par Cyrus le Jeune (424-401) dans sa ville côtière de Kios (ou Cius).
 
   Il fut suivit par son fils Mithridate I de Kios (En Grec : Mιθριδάτης A’, 402 à 362). Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) le mentionne comme ayant trahi son père auprès de son suzerain le Roi Perse, ce qu’Aristote (Philosophe Grec, 384-322) confirme. Il est peut-être à confondre avec un Mithridate cité comme compagnon de Cyrus le Jeune (424-401), ou encore avec un Satrape de Cappadoce et de Lycaonie mentionné également par Xénophon qui assassinat Datamès (385-362) de Cappadoce gagnant sa confiance en simulant de l’hostilité envers Artaxerxès II (404-359) contre qui Datamès était en rébellion. Son fils lui succéda.
 
   Ariobarzane II de Kios (ou Cius, en Grec : ‘Aριoβαρζάνης B’, 363 à 337 ou 362 à 337) succéda donc à son père comme dynaste de la ville Grecque de Kios (ou Cius), pour le compte de l’Empire Perse. Il semble avoir occupé une charge importante à la cour Perse cinq ans avant la mort de son père, puisqu’on le trouve, apparemment au nom du Roi, en Ambassadeur auprès des Grecs en 368. Beaucoup de spécialistes pensent que cet Ariobarzane II de Kios ne peut pas avoir été le même que le Satrape Ariobarzane de Phrygie (407-362), que Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) qualifia de Satrape de Phrygie, et Cornélius Népos (Écrivain latin, 100-29 ou 25) de Lydie, de Phrygie et d’Ionie qui se révolta entre 365 et 362 contre le Roi Perse, Artaxerxès II (404-359). Il fut probablement un parent et se révolta lui en 360. Dix ans plus tard, Démosthène (384-322) l’évoqua avec ses trois fils comme ayant reçu récemment la citoyenneté Athénienne. Il le mentionne de nouveau en 351 en précisant que les Athéniens envoyèrent Timothée (Stratège et homme politique Athénien du IVe siècle av.J.C) le secourir, mais que ce dernier, voyant Ariobarzane II en rébellion ouverte contre le Roi, refusa de lui porter secours.
 
  Mithridate II de Kios (En Grec : Mιθριδάτης B’, 337 à 302), peut-être son fils ou son frère cadet, les avis entre les spécialistes, sont partagés, lui succéda pour gouverner la ville de Kios (ou Cius). Selon certains historiens il naquit en 386. Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) lui attribue 35 ans de règne, mais il semble qu’il n’ait pas gouverné de façon continue ses États pendant cette période. On ne sait pratiquement rien de lui ni de son règne. Pendant celui-ci, en 331, la région fut conquise par Alexandre le Grand (336-323). Après sa mort, en 321, lors du partage de Triparadisos de son Empire, elle fut attribuée avec le reste de l’Asie Mineure à un Général d’Alexandre, Antigonos I Monophtalmos ("le Borgne", 306-301). Selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), après avoir prêté allégeance au Macédonien, Mithridate II se rendit suspect aux yeux de ce dernier de vouloir rejoindre la ligue constituée par Cassandre (Régent 317-306/305, Roi 301-297) et ses alliés contre lui, ce qui provoqua en 302 son assassinat à Kios (ou Cius). Toujours selon Appien et Lucien de Samosate (ou Loukianós, rhéteur et satiriste, v.120-v.180), il était âgé de 84 ans au moment de ce meurtre. En 301, Antigonos I fut battu par le Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280) à la bataille d’Ipsos (en Phrygie), mais Séleucos I ne récupéra pas tout de suite l’Asie Mineure, l’Ouest et le centre lui furent contestés par le Roi de Thrace Lysimaque (322-281).

Buste de Mithridate VI –
Allée du château de Versailles

 

 
  Pendant qu’Antigonos I, Séleucos I et Lysimaque se disputaient le pouvoir, arriva sur le trône de Kios, Mithridate I  Ktistès (En Grec : Mιθριδάτης A’ Kτίστης, “le Fondateur“, Satrape de 301 à 281, puis Roi de 281 à 266 ou 296 à 266), Perse hellénisé, dont l’origine est disputée. Pour certains il fut le fils de Mithridate II de Kios (ou Cius) à qui il succéda après son assassinat, pour d’autres il fut son neveu, fils de son frère Orontopatès (ou Rhoontopates) ?. Selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), il fut “le seizième descendant de Darius I, fils d’Hystaspès, Roi des Perses“, et le premier Roi à porter ce nom. En 281 (on trouve aussi 296), il profita de la confusion causée par les guerres entre ces anciens Diadoques devenus Rois et s’échappa de la garde d’Antigonos I qui le détenait prisonnier à sa cour. Il occupa une place forte, appelée Cimiata (ou Kimiata ou Cimiatene, en Grec : Kιμιατηνή), en Paphlagonie. Il y fut rejoint par de nombreux corps de troupes de différentes régions qui souhaitaient eux aussi leur indépendance et progressivement il étendit son territoire.
 
  Il développa son pouvoir en Paphlagonie, puis s’empara de la Cappadoce Pontique et se déclara indépendant en prenant le titre de Roi (Basileus, en Grec : Βασιλεύς,). Il lui fallut toutefois de longues guerres, mal connues, pour s’affranchir définitivement des Séleucides. Pour se faire, selon Memnon d’Héraclée (Historien Grec, I siècle av.J.C), il conclut une alliance défensive avec la cité d’Héraclée en Bithynie afin de se protéger d’une éventuelle agression de Séleucos I Nikâtor (305-280). Selon Étienne de Byzance (ou Stéphanos Byzántios, écrivain Byzantin du VIe siècle ap.J.C), Mithridate I passa ensuite alliance avec des Galates afin de faire face à une offensive du Roi d’Égypte, Ptolémée II Philadelphe, (282-246) nouveau compétiteur pour l’obtention de l’Asie Mineure. Lors de cette création du royaume, la capitale fut placée à Amasée (ou Amaseia ou Amasia ou Amasya aujourd’hui). Beaucoup de spécialistes pensent qu’il fut enterré dans une tombe royale près d’Amasée. À côté de lui seront enterrés tous les Rois du Pont jusqu’à la chute de Sinope en 183 qui devint la nouvelle capitale.  Il est à noté la confusion entre les différents ouvrages, auteurs et historiens, quant à l’attribution du numéro de rang des Rois du Pont. Que ce soit pour les Mithridate ou pour les Ariobarzane. Ceci vient du fait que quelques spécialistes (Mais ils ne sont pas la majorités) continuent la numérotation de ceux-ci après ceux de Kios qui viennent donc décaler les suivants. On ne connait pas le nom de son épouse, son fils lui succéda.
 
   Ariobarzane (ou Ariobarzanês, en Grec : ‘Aριoβαρζάνης, 266 à 258 ou 266 à 256 ou 266 à 250) arriva au pouvoir dans ce jeune royaume. À cette période les frontières du royaume du Pont sont encore imprécises, elles changeaient souvent, de même que les noms des royaumes limitrophes. La seule véritable frontière, qui de plus était vitale pour le royaume, fut celle qui bordait la mer Noire. L’unité territoriale du pays reposait uniquement sur le sentiment de solidarité entre les habitants et la fidélité qu’ils portaient aux Rois. Nous avons très peu de renseignements sur le relativement court règne d’Ariobarzane. Lorsqu’il mourut en 250 (ou 258 ou 256), il était en conflit avec les Galates. Son fils lui succéda.
 
   Mithridate II (En Grec : Mιθριδάτης B’, 258 à 220 ou 256 à 220 ou 250 à 220 ou 250 à 210), selon quelques spécialistes était mineur à son arrivée au pouvoir. Dès sa prise de pouvoir il renoua avec les Séleucides. Afin d’établir des liens solides il épousa Laodice II (ou Laodice A ou Laodiké ou Laodicée, en Grec : Λαοδίκη του Πόντου Laodice du Pont), la fille du Roi Antiochos II Théos (250-246) et de la Reine Laodice I (ou Laodiké ou Laodicée). Selon Eusèbe de Césarée (ou Eusèbe Pamphile de Césarée, Prélat Grec, écrivain, théologien et apologète Chrétien, v.265-v.340) il reçut en dot la “Grande-Phrygie“. Il devint assez puissant pour s’interposer dans leurs querelles de succession. Il soutint Antiochos Hiérax contre son frère Séleucos II Kallinikos (246-225). Mithridate II vaincu Séleucos II dans une grande bataille à Ancyre (ou Ancyra), en 239, dans laquelle Séleucos II perdit 20.000 hommes et échappa de justesse à sa propre vie. Selon Memnon d’Héraclée (Historien Grec, I siècle av.J.C), au cours de son règne il dut combattre les Galates, pour garder l’intégrité de son royaume. Il reçut de l’aide de la cité d’Héraclée du Pont qui était aussi en guerre contre eux à cette époque.


 

Bouclier de bronze au nom du Roi
Pharnace I – Villa Getty

 
   Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), en 227 Rhodes fut touchée par un grave tremblement de terre, Mithridate II aida les habitants de l’île grâce à des dons généreux. Vers 225, il attaqua Sinope, mais il ne prit pas la ville. À partir de cette période les sources sont muettes sur l’histoire du Pont au cours des années suivantes. On sait juste que son fils lui succéda et que sa fille Laodice III (ou Laodiké) épousa en 222, Antiochos III Mégas (223-187) et son autre fille, Laodice (ou Laodiké) épousa en 223, Achaïos II (ou Achaeus) de Perse, fils du Séleucide Andromaque (ou Andromachus ou Andromakhos) lorsque celui-ci réussit à s’implanter en Asie Mineure. Pour la distinguer de sa sœur homonyme Laodice III, elle est dite “Laodice B” dans les généalogies modernes.
 
   Mithridate III (En Grec : Mιθριδάτης Γ’, 220 à 195 ou 220 à 185 ou 220 à 184 ou 210 à 184), monta sur le trône et hérita d’un royaume fort. Ce fut un homme politique habile qui le tint à l’écart des conflits qui opposaient les grands États du moment. Toutefois nous n’avons pratiquement aucune source sur son règne. Certains historiens doutent même de l’existence de ce Roi, l’ignorant dans la dynastie, et ils comptent cette période comme une extension du règne de Mithridate II. Il semble qu’il continua les bonnes relations avec les Séleucides. Il fut aussi l’allié de Rome de qui il obtint la Phrygie en 188, lorsqu’Antiochos III Mégas (223-187), battu fut contraint de signer la paix d’Apamée, qui fut un partage de l’Asie Mineure où il dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du Roi de Pergame Eumène II (ou Eumènès, 197-159) allié des Romains. Il épousa Laodice (ou Laodiké ou Laodicée), que certains donnent comme une Princesse Séleucide, qui lui donna trois enfants : Deux fils, Pharnace I et Mithridate IV qui lui succédèrent et Laodice (ou Laodiké ou Laodicée) qui épousa son frère Mithridate IV.

 

Répartition de l’Asie Mineure au Traité d’Apamée – 188


 
Cliquez sur un nom de ville ou de région

 
   Pharnace I (ou Pharnacès ou Pharnakes ou Pharnákês, en Grec : Φαρνάκης A’, 195 à 170 ou 185 à 170 ou 184 à 170) eut beaucoup plus de succès que ses aïeux dans ses conquêtes contre les villes côtières Grecques de la mer Noire. Au début de son règne il passa alliance avec le Roi de Bithynie, Prusias I Cholus (ou Prousias, 229-182) pour lutter contre le Roi de Pergame, Eumène II (ou Eumènès, 197-159). Mais la Bithynie subit une série de revers. En 183/182 Pharnace I s’empara de Sinope. Les Rhodiens qui étaient maître de la cité se plaignirent à Rome, mais rien n’y fit. Pharnace I continua son extension et s’empara des villes côtières de Kotyora, Pharnacia et Trapézonte (ou Trébizonde) à l’Est. Il prit ainsi un contrôle effectif sur une grande partie des côtes Nord de l’Anatolie. Dans le même temps Prusias I décéda et son fils Prusias II Cynegus (182-149) lui succéda. Bien que Rome tenta de maintenir la paix. De 181 à 179 il dut lutter contre une coalition de Prusias II allié avec Eumène II (ou Eumènès, 197-159) de Pergame et Ariarathès IV Eusèbe (220-163) de Cappadoce.
 


 

Monnaie de Pharnace I

   Pharnace I reprit le combat et alors qu’il remportait initialement plusieurs succès, il fut dépassé en 179 par les forces adverses et il dut signer un traité de paix où il céda l’ensemble de ses conquêtes à l’Ouest dont la Galatie et la Paphlagonie. Il arriva cependant à garder Sinope qui devint sa capitale. Pharnace I chercha alors à étendre son territoire vers le Nord. Il s’allia avec les villes de la Chersonèse Taurique (Aujourd’hui la presqu’île de Gallipoli, détroit des Dardanelles) et avec d’autres cités de la mer Noire, tel qu’Odessos sur la côte Roumaine. En 172/171, Pharnace I épousa Nysa (ou Nyssa, en Grec : Νύσα), petite-fille d’Antiochos III Mégas (223-187), généralement donnée comme la fille d’Antiochos et de Laodice IV (ou Laodicée). Elle lui donna deux enfants : Une fille, Nysa, qui épousa le Roi de Cappadoce Ariarathès V Eusèbe Philopator (163-130) également nommée Laodice (ou Laodiké ou Laodicée, en Grec : Λαοδίκη), et son fils, Mithridate V Évergète qui sera Roi en 150, car ce fut son frère qui lui succéda.
 
   Mithridate IV Philopator Philadelphe (En Grec : Mιθριδάτης Δ΄ Φιλoπάτωρ Φιλάδελφoς “Qui aime son père” “Qui aime son frère“, 170 à 152/151 ou 170 à 150), fut le souverain suivant. Le règne de ce Roi n’est attesté par aucune source littéraire et il n’est connu que par ses quelques monnaies qui nous sont parvenues et de rares inscriptions. Édouard Will estime, du fait de ce contexte, qu’il eut sûrement un règne sans histoire. Dans une inscription relevée au Capitole à Rome, Mithridate IV se proclama amicia et societas avec le peuple Romain. Il s’allia avec le Roi de Cappadoce Ariarathès V (163-130) pour soutenir le Roi de Pergame, Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138), à qui il envoya des troupes auxiliaires, lors de son conflit avec le Roi de Bithynie, Prusias II Cynegus (182-149). Mithridate IV épousa sa sœur Laodice (ou Laodiké ou Laodicée) avec laquelle il est représenté sur ses monnaies. Il ne semble pas qu’il y eut des enfants de cette union. Ce fut son neveu qui lui succéda.
 
   Mithridate V Évergète (En Grec : Μιθριδάτης Ε΄ ὁ εὐεργέτης, “le Bienfaiteur“, 150 à 121 ou 150 à 120), fils de Pharnace I, fut un allié de Rome. En 149, il envoya des navires et une petite force d’auxiliaires à l’aide de la cité dans la troisième guerre Punique (149-146). Il envoya également des troupes pour la guerre contre Aristonicos (ou Aristonikos ou Eumène III ou Eumènès III, 133-129) qui avait usurpé le trône de Pergame après la mort de son demi-frère Attalos III Philométor (ou Attale Philométôr, 138-133). Pour sa loyauté il fut récompensé par le Consul Romain Manius Aquilius (Consul en 129) qui lui céda une partie de la Phrygie, dont la ville d’Apamée qu’il garda jusqu’en 120, bien que la donation ait été annulée par le Sénat Romain pour corruption. Pour cette raison, il semble raisonnable de supposer que le royaume du Pont avait une sorte de contrôle sur la Galatie, depuis la Phrygie. Il est aussi possible qu’il hérita d’une partie de la Paphlagonie après la mort de son Roi, Pylémène II (ou Pylaemenes ou Pylæménés ou Pylaiménès). En effet certaines sources affirment que ce dernier légua à sa mort, en 121, son territoire au Roi du Pont. Il semble également que Mithridate V envahit la Cappadoce d’Ariarathès V Eusèbe Philopator (163-130), bien que les détails de cette guerre ne soient pas connus. Mithridate V fut le premier Roi à recruter des mercenaires Grecs dans toute la mer Égée. Il sera honoré à Délos et décrit comme Apollon sur les pièces de monnaie.


 

Drachme de Sinope

 
    Comme ses prédécesseurs il épousa une Séleucide.
Laodice VI (ou Laodiké ou Laodicée ou Laodice de Syrie, en Grec : Λαοδίκη Στ΄ ou Λαοδίκη της Συρίας), fille du Roi Antiochos IV Épiphane (175-164) et de la Reine Laodice IV. Elle lui donna 7 enfants :
 Deux fils :

Mithridate VI Eupator Dionysos (Le Grand, en Grec : Μιθριδάτης ΣΤ΄Ευπάτωρ Διόνυσος, 120-63) qui succéda à son père.
Mithridate Chrestos (“l’Oint” ou “le Bon”) qui succéda avec son frère à leur père. Il fut sûrement assassiné par Mithridate VI.
 

  Cinq filles :

Laodice (ou Laodice C ou Laodiké ou Laodicée ou Laodice de Cappadoce, en Grec : Λαοδίκη της Καππαδοκίας), qui devint Reine de Cappadoce. Elle épousa le Roi Ariarathès VI Épiphane (130-111), à la suite d’une guerre ratée contre ce dernier, puis elle épousa le Roi de Bithynie, Nicomède III Évergète (127-94).
Laodice (ou Laodicé D ou Laodiké ou Laodicée, en Grec : Λαοδίκη) qui épousa son frère Mithridate VI Eupator Dionysos.
Nysa (ou Nyssa, en Grec : Νσα), parfois orthographié Nysse, dont on ne sait rien.
Roxane (ou Roxana, en Grec : Ρωξάνη) et Stateira (ou Statira, Grec : Στατείρα).

 
   Ces deux dernières furent contraintes de se suicider avec du poison après la chute du royaume du Pont en 63. Nysa fut faite prisonnière par les Romains et fut exhibée lors des triomphes de deux Généraux Romains. Mithridate V fut assassiné à Sinope par des proches lors d’un banquet somptueux qu’il tenait, mais les détails ne sont pas clairs, probablement à l’instigation de son épouse. Il laissa un testament où il léguait le royaume à ses deux fils, Mithridate VI et Chrestos. Les deux garçons étant encore enfants le royaume du Pont passa sous la régence de la Reine Laodice VI.
 
   Mithridate VI Eupator Dionysos (Le Grand, en Grec : Μιθριδάτης ΣΤ΄Ευπάτωρ Διόνυσος, 121 à 63 ou 120 à 63) naquit en 132 à Sinope. Mithridate V à sa mort avait légué le royaume entre la Reine et ses deux fils, Mithridate VI et Chrestos. Mais Mithridate VI fut écarté du pouvoir et exilé dans les montagnes. Il revint en 111, reprit son trône et fit jeter sa mère en prison, puis, peu après il fit assassiner Mithridate Chrestos. Il réorganisa l’armée et partit en campagne et s’empara des villes du littoral de la mer Noire. En 111/110, il aida le Roi du Bosphore Cimmérien, Pairisadès V (v.140-107) dans sa lutte contre les Scythes. De 110 à 107, Mithridate VI réussit à mettre un terme au conflit. À la mort de Pairisadès V, il s’allia avec l’ancien ennemi, le Roi Scythe Skiluros et prit le titre de Roi du Bosphore sous le nom de Mithridate I. Puis, il prit un nouvel allié en la personne du Roi de Bithynie Nicomède III (127-94) et partagea avec lui la Paphlagonie. En 111 il fit assassiner le Roi de Cappadoce, son beau-frère, Ariarathès VI Épiphane Philopator (130-111). Puis il laissa Nicomède III envahir la Cappadoce et épouser sa sœur Laodice (ou Laodice C ou Laodiké ou Laodicée) qui agissait en tant que Régente du royaume pour son jeune fils Ariarathès VII Philométor (111-100). En 100 il changea d’avis, il annula son alliance avec Nicomède III et envahit la Cappadoce. Puis il assassina Ariarathès VII lors d’une rencontre qu’il avait organisée. Il remplaça son neveu par son propre fils de huit ans, sous le nom d’Ariarathès IX Eusèbe Philopator (100 et 95-87).
 
   Après une courte période de domination Pontique, le Sénat obligea Mithridate VI à évacuer la Cappadoce. Puis il approuva ensuite la volonté des Cappadociens de prendre pour Roi un Seigneur Perse, Ariobarzane I Philoromaios (ou Ariobarzanês, 95-62). Mithridate VI passa alors alliance avec le Roi d’Arménie, Tigrane II (95-54) à qui il donna en mariage sa fille Cléopâtre. En 94, il se tourna vers son ex-allié la Bithynie, qu’il attaqua et qui passa dans l’Empire Pontique. Tigrane II envahit lui la Cappadoce, et en chassa Ariobarzane I Philoromaios. Le Sénat Romain décida d’envoyer en 90 une commission conduite par le Général et Consul Manius Aquilius Nepos (†88), pour obtenir la restauration de Nicomède IV de Bithynie et d’Ariobarzane I Philoromaios. Mithridate VI et Tigrane II s’inclinèrent, mais Aquilius demanda d’indemniser le Roi de Bithynie. Devant le refus de Mithridate VI, Aquilius poussa Nicomède IV à envahir le royaume du Pont.
 
   Mithridate VI en profita et en 89 il déclara une nouvelle fois la guerre à Rome. Il remporta deux victoires décisives, qui lui livrèrent toute la Bithynie, la Phrygie du Nord et la Mysie. Il pénétra ensuite dans la province d’Asie. Il envoya une flotte, l’année suivante, à la conquête des îles de la mer Égée, mais qui fut battu par Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix) à la bataille de Chéronée d’abord, puis à la bataille d’Orchomène. Pendant ce temps Mithridate VI s’attaqua à la Macédoine, mais l’armée Romaine franchit le Bosphore et il perdit peu à peu toutes ses conquêtes.
 

Mithridate VI – Musée du Louvre

 

   Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix) le contraint à signer la paix de Dardanos (En Troade). Les Romains réussirent à lui imposer le retour dans son royaume, mais seulement au bout de cinq années de guerre acharnées. Sylla laissa dans la région Lucius Licinius Murena (105-22) en qualité de Propréteur, avec deux légions. Le prétexte pour reprendre les hostilités fut vite trouvé par le Roi du Pont. Il préparait une expédition pour défendre militairement le Royaume du Bosphore Cimmérien contre les Scythes. Murena pensa que ces préparatifs étaient dirigés contre Rome et une série d’accrochements eurent lieu. Sylla afin de faire cesser les hostilités intima l’ordre à Murena de rentrer à Rome. Mithridate VI en profita, il poussa Tigrane II à attaquer la Cappadoce. En 74 avec la mort du Roi de Bithynie, Nicomède IV, les Romains se prétendirent héritiers du trône. Mithridate VI ne pouvait accepter cette situation et au printemps 73, il entra en guerre.
 
   Sa propre armée s’installa à Nicomédie. Il expulsa les résidants Romains et passa dans la province Romaine d’Asie. Rome envoya le Proconsul Lucius Licinius Lucullus (Homme d’État et Général, 115-57) pour le confronter et ce dernier réussit à l’arrêter. Mithridate VI s’échappa et se réfugia chez son gendre Tigrane II et assista impuissant au pillage des villes de son littoral : Amisos et Héraclée tombèrent en 71, Sinope fut prise en 70. Lucullus demanda au Roi d’Arménie l’extradition de Mithridate VI, mais Tigrane II refusa. En 69, les Romains entrèrent en Arménie et écrasèrent l’armée de Tigrane II. Pendant l’hiver 69-68, Mithridate VI et Tigrane II réorganisent leurs forces. Lucullus réussit à remporter encore quelques victoires, mais le 6 Octobre 68, les légions Romaines se mutinèrent et refusèrent de poursuivre les combats et Lucullus rentra en Mésopotamie. Mithridate VI profita de cette faiblesse des Romains pour reconquérir son royaume.
 
   Rome limogea Lucullus et début 67 le remplaça par Acilius Glabrio pour diriger la guerre contre le Roi du Pont mais sans succès. Le Sénat confia alors au Général et Consul Pompée (ou Cnaeus Pompeius Magnus, 106-48) le commandement de la guerre contre ces deux Rois. L’armée Romaine harcela Mithridate VI et Pompée finit par l’anéantir lors une bataille qu’il lui livra sur l’Euphrate pendant la nuit et en 66, le chassa définitivement. Vers 66/65, Mithridate VI s’embarqua alors pour la Chersonèse Taurique (Aujourd’hui la Crimée) et gagna à sa cause plusieurs chefs Scythes. Il entreprit de traverser la péninsule Balkanique et les Alpes, afin d’envahir l’Italie et soulever les esclaves contre Rome. La flotte Romaine bloqua alors les ports. En 63, les habitants du Pont se révoltèrent et couronnèrent son fils Pharnace II (ou Pharnacès, 63-47). Mithridate VI mourut la même année à Panticapée (ou Kertch), assassiné, poignardé par un guerrier Celte. On ne connait pas le nombre exacte d’épouses de Mithridate VI, six à aujourd’hui sont identifiées. Il eut en premier sa sœur, Laodice (ou Laodiké ou Laodicée) qui lui donna quatre fils et deux filles. Il eut de nombreux enfants (Voir la liste dans : La vie de Mithridate VI).
 

Pour plus de détails sur le souverain voir : La vie de Mithridate VI

 


 

Stater or de Pharnace II

   Pharnace II (ou Pharnacès ou Pharnakes, en Grec : Φαρνάκης B’, 63 à 47) devint Roi du Pont et Roi du Bosphore Cimmérien en 63. Il fut soutenu par les Romains mais il les trahit voulant reconstituer le royaume de son père. Rome envoya alors une armée commandée par Jules César (100-44) qui le battit à Zéla (Aujourd’hui Zile, au Nord-est de la Turquie) en 47. Pharnace II fuit par la mer vers le Bosphore, où il réussit à monter une petite force composée de troupes Scythes et Sarmates, avec laquelle il fut en mesure de reprendre le contrôle de quelques villes. Cependant, son gendre Asandros (47 et 45 à 39 sur le Pont et 45 à 17 sur le Bosphore), époux de sa fille Dynamis (ou Dinamia, 45-14 av.J.C), qu’il avait nommé régent du Bosphore en son absence, voulant s’attirer les bonnes grâces des Romains et lui prendre le trône, l’attaqua. L’historien Appien (Historien Grec de l’époque Romaine, 90-v.160) affirme que Pharnace II fut tué dans la bataille alors qu’il tentait de forcer le passage pour regagner son royaume du Bosphore. Dion Cassius (ou Lucius Claudius Cassius Dio, historien Romain, v. 155-v.235) dit qu’il fut capturé puis tué. Après sa mort, son royaume fut partagé par Rome. Une partie du Pont fut rattachée à la province Romaine de Bithynie.
 
   La même année, en 47, Mithridate de Pergame fut nommé par César, Tétrarque du Pont et Roi du Bosphore Cimmérien sous le nom de Mithridate II (47-45 av.J.C) alors qu’Asandros s’attendait à être confirmé à ce poste par le Romain. Mithridate était sûrement le fils d’un citoyen de Pergame nommé Ménodote et il descendait par sa mère Adogaginis (ou Adobogiona ou Abodogimai, v.80-v.50) une concubine de Mithridate VI, des Tétrarques Galates. Toutefois, il fut considéré comme un fils illégitime de Mithridate VI qui le fit élever à sa cour, puis dans son camp au cours de ses campagnes. Dès 64 av.J.C il reçut la souveraineté sur Pergame. Il aida Jules César (100-44) dans sa lutte contre une rébellion en Égypte. Il s’empara de Péluse, mais il fut arrêté lorsqu’il tentait de traverser le Nil. Appuyé par un contingent de Juifs, il participa à la victoire finale sur Ptolémée XIII Philopator (Co-Roi d’Égypte, 51-47 av.J.C). César le récompensa de son aide en lui donnant la Galatie et la Colchide. En 47, Mithridate de Pergame suivit César lors de la campagne contre Pharnace II. Après la victoire des Romains, il reçut de César le titre de Tétrarque du Pont et celui de Roi du Bosphore Cimmérien. Il fut tué en 45 dans un combat contre Asandros qui tentait de conquérir le royaume que lui avait confisqué César.
 
   Asandros, reprit alors le pouvoir, rétablit sur son trône du Bosphore Cimmérien cette fois le Romain Auguste (Empereur, 27 av.J.C-14 ap.J.C). En 39 av.J.C, Lors de sa réorganisation de l’Orient dont il était devenu le maître à la suite de son accord avec Auguste, Marc Antoine (83-30) établit sur le trône du Pont (Pour la partie du Pont proche de la Bithynie), Darius (ou Darios du Pont, 39 à 37 av. J.C). Il était le fils aîné de Pharnace II et de son épouse Sarmate. Darius mourut peu de temps après, en 37. D’après Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), son frère Arsace tenta de lui succéder mais il fut assiégé dans la forteresse de Sagylium, par Polémon I et Lycomède, Grand-Prêtre de Comana. Il fut capturé et mis à mort. Toujours en 37, Marc Antoine reconstitua partiellement le royaume du Pont, qui prit le nom de Pont Polémoniaque avec au départ Trapézonte pour capitale.


 

Monnaie de Polémon I

  
    Il nomma alors Polémon I Eusébès (ou Polémon du Pont, en Grec : Πολέμων A’ Πυθόδωρος , 37 à 8 av.J.C) sur le trône en tant que Roi client. Selon certains spécialistes Polémon I serait né en 60 (on trouve aussi 65 ?). Il fut également Roi de Sophène (Petite Arménie) de 33 à 30 av.J.C. Polémon I était issu d’une riche famille et le fils de Zénon, un Rhéteur de Laodicée du Lycos (Aujourd’hui le village de Goncali, à 6 km du centre de Denizli en Turquie) en Carie. Il fut un fidèle de la politique d’expansion Romaine menée par Marc Antoine (83-30) en Asie Mineure d’où sûrement ses diverses nominations. En 36 il assista Marc Antoine dans sa campagne militaire contre les Parthes. Ces derniers défirent le Romain et Polémon I qui fut capturé et fait prisonnier par le Roi des Parthes. Il dut payer une rançon pour être libéré. A cette époque, Polémon I régnait depuis Iconium (Aujourd’hui Konya) en Lycaonie.
 
   En 35, Polémon I aida Marc Antoine à faire une alliance avec Artavazde I de Médie Atropatène, alors que le Roi des Mèdes était avant un allié des Parthes. Au cours de la navale bataille d’Actium en 31 contre Auguste (Empereur, 27 av.J.C-14 ap.J.C), Polémon I envoya à Marc Antoine des forces auxiliaires. Puis il fit la paix avec le Triumvir et devint son allié. Après la mort d’Antoine, Auguste devint Empereur Romain et reconnut Polémon I comme Roi client de Rome sur les royaumes qu’il gouvernait. Le Romain lui décerna un sceptre d’ivoire, une robe brodée de triomphe et il l’accueillit comme Roi, allié et ami. Cette reconnaissance était une tradition, considérée comme une récompense pour les alliés de Rome. Cependant, du fait de sa fidélité à Antoine, Auguste le priva dès 30 av.J.C. de la Sophène qui fut confiée au Roi Artavazde I d’Atropatène. Il le fit de plus attendre jusqu’en 26 av.J.C. pour lui octroyer la confirmation totale de son autorité sur ses royaumes.
 
   En 17 av.J.C, dans le royaume du Bosphore, alors qu’il était déjà un homme très âgé, Asandros dut faire face à une attaque d’un petit-fils de Mithridate VI, Scribonius (ou Skribonios ou Escribonio, 17 à 16 ou 16 à 15 av.J.C), qui voulait s’emparer du trône. Asandros se laissa mourir de faim de désespoir lorsqu’il vit ses troupes l’abandonner pour l’usurpateur. Scribonius, fit semblant d’être un parent de Dynamis la fille de Pharnace II et la sœur de Darius, afin de légitimer sa prise de pouvoir et celle-ci fut contrainte de l’épouser. Le Romain Agrippa (ou Marcus Vipsanius Agrippa, 64/63–12) découvrit la supercherie et intervint. En 16 av.J.C, il débouta Scribonius et nomma Roi du Bosphore et de Colchide, Polémon I. Scribonius fut tué par les habitants du Bosphore avant l’arrivée de Polémon I, qui en se proclamant Roi, élimina ceux qui s’opposaient à lui. Polémon I désormais dominait à la fois le Pont et le royaume du Bosphore, et donc l’ensemble de la Crimée. Cette même année, afin de se faire accepter par le peuple, il épousa, comme avant lui Asandros et Scribonius, Dynamis.
 
   Après un an de mariage il abandonna son épouse Dynamis qui se réfugia chez Aspurgos (ou Aspurgus ou Tiberius Julius Aspurgos, 14-38), le fils né de son union avec Asandros. De quelques inscriptions, on peut conclure que Polémon I ne fut pas vraiment accepté par les cités Grecques de Chersonèse Taurique (Aujourd’hui la Crimée) en tant que Roi du Bosphore. Des soulèvements contre son régime, probablement initiés par Dynamis, éclatèrent. Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) rapporte que Polémon I entreprit alors des expéditions militaires dans la région qu’il dévasta, y compris la ville de Tanaïs, à l’embouchure du Don. En 8 av.J.C, il s’engagea dans une campagne militaire contre les Aspurgiani, une tribu de nomades qui vivaient au-dessus des montagnes de Phanagoria, partisans de la famille d’Asandros. La même année, il fut attiré dans un piège, fait prisonnier et tué par les Aspurgiani. Après sa mort, sa famille, chassée du royaume par Aspurgos, ne put se maintenir dans le Bosphore et ce fut ce dernier qui récupéra le trône de ce royaume.
 
   Polémon I avait épousé vers 14/13 av.J.C, Pythodoris de Trallès (ou Pythadoris ou Pythodorida Philométôr ou Pantos Pythodorida, en Grec : Πυθοδωρίδα ou Πυθοδωρίς, 8 av.J.C à 38 ap.J.C ou 8 à 33), une petite-fille, par sa mère, de Marc Antoine (83-30). Elle naquit selon certains spécialistes vers 26 (ou 29 ou 24) et grandit à Smyrne. Elle fut la fille unique de l’Ethnarque Pythodoros de Trallès, un riche Grec Anatolien notable de Nyssa et d’Antonia, amis du Triumvir Pompée (106-48 av.J.C). À la mort de son époux, elle lui succéda sur le trône du Pont. De leur union naquirent :
  Deux fils :

Antonius Polemo I Philopatôr (En Grec : Μάρκος Αντώνιος Πολέμων) que beaucoup de spécialistes donnent Corégent avec sa mère et qui fut également Prêtre de Laodicée du Lycos, dynaste d’Olba (ou Diokaisareia ou Diocaesarea, aujourd’hui Uzuncaburç en Cilicie).
Artaxias III Zénon (En Grec : Άρταξίας Γ’, en Arménien : Արտաշես Ծ Երրորդ, né en 13 av.J.C et mort en 34/35 ap.J.C), qui fut Roi d’Arménie (18-34/35).

  Une fille :

Antonia Tryphaena, (Née en 10 av.J.C et morte en 55 ap.J.C.) Reine titulaire du Pont, qui épousa le Roi de Thrace, Sextus Julius Cotys XI (ou III des Sapéens, 19 à 38), et qui donna naissance à cinq enfants dont, en 10/15, à Polémon II (ou Caius Julius Polémon du Pont).

 
  Pythodoris réussit également à conserver la Colchide et la Cilicie et après Polémon I, elle épousa le Roi de Cappadoce, Archélaos (ou Archælaus, 36 av.J.C-17 ap.J.C), mais le couple n’eut pas d’enfants. Grâce à ce mariage, elle devint Reine de Cappadoce et déménagea avec ses enfants du Pont dans son nouveau royaume pour vivre avec Archélaos. Cette union politique entre deux de ses alliés, déplut à Rome qui vers 27 ap.J.C plaça alors le royaume du Pont sous son administration directe. Lorsqu’Archélaos mourut en 17 (on trouve aussi 14 ap.J.C) de causes naturelles, Tacite (ou Publius Cornelius Tacitus, historien et Sénateur Romain, 56/57-v.120) laisse ouverte la possibilité qu’il se soit suicidé ?, l’Empereur Tibère (14-37) fit de la Cappadoce une province Romaine. Pythodoris revint alors avec sa famille vers le Pont. La Reine fut une amie du géographe Grec, Strabon (v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), qui l’aurait décrite comme une femme de caractère vertueux. Il considérait qu’elle avait une grande capacité pour les affaires et que sous son règne le Pont fut prospère.
 
   À sa mort ce fut son petit fils, Polémon II (ou Caius Julius Polémon du Pont, en Grec : Πολέμων B’, 38 à 64) qui arriva sur le trône du Pont et qui fut également Roi du Bosphore et de Colchide de 38/39 à /41 comme client des Romains. Après le meurtre de son père, il fut élevé comme ses frères à Rome avec Caligula (37-41). Ce dernier, devenu Empereur, reconstitua pour lui le royaume du Pont Polémoniaque en 38 et, dans le but d’une unification, le nomma également Roi du Bosphore et de Colchide. Mais les habitants du Bosphore se rebellèrent, ne voulant pas d’un Roi étranger. Cela poussa en 41 l’Empereur Claude I (41-54), successeur de Caligula, à renoncer au projet de réunification. Polémon II décida alors d’attaquer le Bosphore, mais son action fut contrecarrée par Rome et Mithridate, le Roi légitime, fut confirmé sur son trône. En compensation, il reçut de l’Empereur Claude (41-54) des domaines en Cilicie. En 48/50, il adopta la religion Juive sous l’influence de Julia Bérénice (ou Bérénice de Cilicie, 28-après 81), veuve d’Hérode, Roi de Chalcis (ou Qinnasrin), qu’il avait rencontré à Tibériade lors d’une visite à son père le Roi d’Israël, Hérode Agrippa I (37-44), et qu’il épousa. Lorsque le mariage avec Julia Bérénice fut dissous il quitta la religion Juive.
 
   Il épousa en secondes noces une Princesse de la famille royale d’Émèse (ou Homs, dans l’Ouest de la Syrie sur l’Oronte), appelée Julia Mamaea. La relation entre Polémon II et Mamaea est inconnue. Les preuves de son identité ne sont révélées que par des monnaies en bronze. On attribue à Polémon II la fondation de la ville de Polémonium sur la mer Noire, sur le site de la ville Fanizan (aujourd’hui Fatsa, Turquie). En 64, l’Empereur Néron (54-68) força Polémon II à abdiquer du trône du Pont et de Colchide, qui devinrent une province Romaine. De cette date et jusqu’à sa mort en 74, Polémon II se retira en Syrie et ne statua que sur des domaines en Cilicie. Il est très souvent confondu par quelques spécialistes avec son oncle, Antonius Polemo I Philopatôr, que ces derniers donnent comme régnant (aux mêmes dates et même histoire) sous le nom de Polémon II. Faute de plus de preuve il convient de retenir les deux propositions.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le royaume du Pont voir les ouvrages de :
 
Deniz Burcu Erciyas :
Wealth, aristocracy and royal propaganda under the Hellenistic Kingdom of the Mithradatids in the central Black Sea region of Turkey, Collection : Colloquia Pontica 12, University of Cincinnati, 2001 – E.J.Brill, Leiden, 2006.
François De Callatay :
L’histoire des guerres Mithridatique vue par les monnaies, Département d’archéologie et d’histoire de l’art, Séminaire de numismatique Marcel Hoc, Louvain-la-Neuve, 1997.
Marc Desti :
Les civilisations Anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Alfred Leo Duggan :
King of Pontus; the life of Mithradates Eupator, Coward-McCann, New York, 1959.
Torsten Gruber :
Mithridates VI. – Ein Hannibal aus dem Osten ? Die letzten Pläne des Mithridates VI. von Pontos, Grin Verlag GmbH, München, 2010.
Jakob Munk Højte :
Mithridates VI and the Pontic Kingdom, Aarhus University press, Aarhus, 2009.
Mikhaïl Ivanovitch Rostovtzeff :
Pontus, Bithynia and the Bosporus, Annual of the British School at Athens, 22, 1916-1918.
Philip Matyszak :
Mithridates the Great : Rome’s indomitable enemy, Pen & Sword Military, Barnsley, 2008.
Adrienne Mayor :
The poison king : The life and legend of Mithradates, Rome’s deadliest enemy, Princeton University Press, Princeton, 2010.
Brian C.McGing :
The date of the outbreak of the third Mithridatic war, pp : 12-18, The Phoenix 38, N°1, 1984.
The foreign policy of Mithridates VI Eupator, King of Pontus, E.J. Brill, Leiden, 1986.
Christoph Michels :
Kulturtransfer und monarchischer Philhellenismus : Bithynien, Pontos und Kappadokien in Hellenistischer zeit, V & R Unipress, Göttingen, Janvier 2009.
Théodore Reinach :
Mithridate Eupator, Roi de Pont, Firmin-Didot et cie, Paris, 1890.
Bernard Rémy :
Recherches sur l’histoire du pont dans l’Antiquité, Université Jean Monnet, Saint-Étienne, Institut d’Études Anatoliennes, Istanbul, Université de Savoie, Chambéry, 1991.
Royaume du Pont, Collection : Quadrige, Dictionnaire de l’Antiquité, PUF, Paris, 2005.
Maurice Sartre :
L’Asie Mineure et l’Anatolie, d’Alexandre à Dioclétien, Armand Colin, Paris, 1997.
Édouard Will
Histoire politique du monde hellénistique – 1, De la mort d’Alexandre aux avènements d’Antiochos III et de Philippe V, Annales de l’Est, Nancy Université, 1966.
Histoire politique du monde hellénistique – 2, Des avènements d’Antiochos III et de Philippe V à la fin des Lagides, Annales de l’Est, Nancy Université, 1967-1968.

 

Pour voir correctement les traductions des noms en Grec ancien,
vous pouvez télécharger et installer la police de caractère jointe.
  Copyright © Antikforever.com