Quelques Rois Importants :
Amenhotep II
1428/27 – 1401
 

Nous avons besoin de vous

….Retour à la XVIIIe dynastie

 

 
Sommaire
 

Sa titulature
Son origine et sa jeunesse
Ses dates et durée de règne
Son règne
La cour et les hauts fonctionnaires
La corégence avec son fils
Ses constructions
Sa sépulture
Sa famille
Bibliographie

 


 
        Amenhotep II – Musée de Louxor

                  DATES  de  RÈGNE
            1428/27-1401
    D.Arnold, J.Malek
1454-1419  D.B.Redford
1453-1419  P.A.Clayton, P.A.Piccione, C.C.Van Siclen III, E.F.Wente
1439-1413  A.Eggebrecht, R.A.Parker
1438-1412  E.Hornung
1436-1413  A.H.Gardiner
1428-1397  S.Quirke, J.von Beckerath
1427-1400  I.Shaw
1427-1396  K.A.Kitchen
1427-1393  C.Aldred
1426-1401  P.Vernus, J.Yoyotte
1426-1400  R.Krauss, W.J.Murnane
1425-1401  N.Grimal, J.Kinnaer
1424-1398  A.M.Dodson
1414-1388  D.Sitek
1413-1388  H.W.Helck

 

Sa titulature
  • Hr kA-nxt wr-pHti , aA-pHti , aA-pHti
  • nbti wsr-fAw sxai-m-wAst , xai-xaw-m-ipt-swt
  • iTi-sxm f-m-tAw-nb(w)
  • aA-xprw-ra
  • imn-Htp(w) HqA-iwnw , nsw-HqA-wAst , nTr-HqA-iwnw , HqA-iwnw , nTr-HqA-wAst

     

  • Mêphramuthôsis  ou  Misphragmuthôsis   (Manéthon)

 

Nom d’Horus Horus Kanekhet Ouerpehti
(Horus taureau victorieux, grand par sa vaillance [imposant de vigueur])
Hr kA-nxt wr-pHti
Nom de Nebty Nebty Ouserfaou Sekhâemouaset
(Nebty, celui dont l’énergie est efficace,
intronisé à Thèbes)

nbti wsr-fAw sxai-m-wAst
Nom d’Horus d’or Itjisekheme Femtaounebou
(Le faucon d’or qui s’empare de toutes les terres
grâce à sa force)
iTi-sxm f-m-tAw-nb(w)
Nom de Roi
Abydos 71
 Âakhéperourê
(Les manifestations de Rê sont grandes)
aA-xprw-ra
Nom de naissance Amenhotep Heqaiounou
(Amon est satisfait, Seigneur d’Héliopolis)
imn-Htp(w) HqA-iwnw

 

 

Statue d’Amenhotep II –
Fine Arts Museum – Boston

Son origine et sa jeunesse

 
   Amenhotep II (ou en Grec Aménophis) est le 7e Roi (6e si on ne compte pas régnante la Reine Hatchepsout) de la XVIIIe dynastie. Il est appelé par Manéthon, Mêphramuthôsis (Flavius Josèphe) ou Misphragmuthôsis (Africanus, Eusebius), mais ces noms sont aussi donnés pour Thoutmôsis III. Il est le fils de Thoutmôsis III et de la Reine Méritrê-Hatchepsout. À l’origine Amenhotep II n’était pas l’héritier du trône, celui-ci revenait à son demi-frère aîné, Amenemhat (ou Aménémès), qui mourut probablement au début du règne seul de son père, vers l’an 24, soit peu de temps après la disparition de la Reine Hatchepsout.
 
  Thoutmôsis III meurt le dernier jour du 7e mois de sa 53e année de règne, selon certains égyptologues le 30e jour du 3e mois de la saison Peret. Amenhotep II lui succède à l’âge de dix-huit ans. D’après Peter Der Manuelian Amenhotep II est né et a grandi à Memphis au lieu de Thèbes, la capitale traditionnelle. Jeune, il supervisait déjà les livraisons de bois envoyé à l’arsenal de Memphis et fut fait Grand-Prêtre de Sem pour la Basse-Égypte.
 
   Christian Leblanc nous dit que le jeune Roi reçu une éducation très poussée et que durant son enfance il fut très entouré. Sa nourrice fut Aménémopet (ou Amenemipet), la mère de Kenamon, dévoué serviteur de l’État sous le règne de Thoutmôsis III. Celle-ci le porte fièrement sur ses genoux dans une scène figurée dans le tombeau de son fils. Un peu plus tard la formation du futur Roi fut confiée aux bons soins de Min, propriétaire de la tombe TT109, à Sheikh Abd el-Gourna, qui était le Précepteur en titre. Il cumulait cette fonction avec celle de Maire de Thinis et des Oasis et de Directeur de Prêtres d’Anhour (ou Onouris). Amenhotep II laissa plusieurs inscriptions vantant ses qualités athlétiques alors qu’il était chef de l’armée, avant son couronnement. Il prétendait avoir été en mesure de tirer une flèche dans une cible de cuivre d’une palme d’épaisseur.

 

Dates et durée de règne

 
   Manéthon lui compte 25 ans et 10 mois de règne (Josèphe Flavius) ou 26 ans (Africanus, Eusebius), mais ces durées sont aussi données pour Thoutmôsis III. Amenhotep II accède au trône le 1er jour du 4e mois de la saison Akhet. Le couronnement de ce Roi peut être daté sans trop de difficulté en raison d’un certain nombre de dates lunaires connues sous le règne de son père, Thoutmosis III. Ces observations limite la date de prise de pouvoir de Thoutmosis III, soit en 1504, soit en 1479, cette dernière qui est généralement retenue aujourd’hui par la majorité des spécialistes. Comme on sait avec certitude que son règne dura un peu plus de 53 ans cela nous porte son décès, soit en 1451, soit en 1426. Amenhotep II accède au trône après une courte corégence de 2/3 ans, selon Charles Cornell Van Siclen, 2 ans et 4 mois. Nous sommes donc sur des dates de prise de pouvoir en 1454/53, en hypothèse haute, et 1428/27 en hypothèse basse, date retenue aujourd’hui. La longueur de son règne est indiquée par un pot à vin inscrit avec son nom de Roi (Sa-Rê), trouvé dans son temple funéraire à Thèbes, il est daté de l’an 26, la date la plus haute connue à ce jour et indique également le nom du vigneron du Roi, Panéhésy.
 
   Comme le confirme Donald Bruce Redford (Qui pourtant opte pour une durée plus longue de règne), les temples funéraires n’entreposaient plus de denrée lorsque le Roi était mort, ou près de l’être. Amenhotep II ne peut donc pas avoir vécu beaucoup plus tard qu’au-delà de sa 26e année. Il existe des théories alternatives qui tentent de lui attribuer un règne de 35 ans ?. Dans cette chronologie, proposée entre autres par Charles Cornell Van Siclen, il aurait régné de 1454 à 1419. Cependant, cette théorie ne rencontre que peu d’adeptes, pour plusieurs raisons qui ne peuvent être résolues. En particulier, cela signifierait que le Roi serait mort à l’âge de 52 ans, hors une analyse aux rayons X de sa momie a démontré qu’il n’avait qu’environ 40 ans lorsqu’il mourut. En conséquence, on lui attribue généralement un règne de 26 ans, de 1427 à 1401.

 


 

Buste d’Amenhotep II –
Ägyptisches Museum

Photo avant retouche : Wikipédia

Son règne

 
   Le jeune Roi va maintenir l’intégrité de l’Empire Égyptien par une politique d’une extrême fermeté. La stèle du Sphinx à Guizèh, le représente comme un homme très physique, de grande taille, doué d’une force exceptionnelle. Ses exploits sportifs en course, à l’aviron, au dressage équestre (chars) et au tir à l’arc sont rapportés dans beaucoup de documents. Roi guerrier et cruel, il va réaliser deux ou trois campagnes au Proche Orient pour maintenir les conquêtes de son père. En l’an 3/4 de son règne les affrontements contre le Mitanni se soldent par une expédition, "La première campagne des victoires", contre la coalition des chefs de la région de Takhsy (Ou Tikhsy, entre l’Oronte et l’Euphrate), dans le Rétjénou (ou Réténou).
 
   Certains égyptologues, dont Alan Henderson Gardiner, contredisent cette localisation et situe l’action près de Kadesh. Ahmed M.Badawi a fait une étude de la stèle retraçant cette campagne. Son travail est un complément de celui de Georges Legrain en 1903. Ils en déduisent la chronologie de la campagne, cependant ils n’apportent pas une lumière complète sur l’itinéraire suivi par le Roi. Amenhotep II a commencé par envahir le Rétjénou (ou Réténou).
 
  Il s’empare le 25e jour du 1er mois de la saison Shemou (22 avril 1424) de la ville de Shamash-Edom à l’Ouest de l’Oronte. Gaston Maspero identifie cette cité à la ville de Khirbet-Admah. D’autres spécialistes pensent qu’il s’agit de Shamsin au croisement de la route Émèse (ou Homs) / Damas, avec celle qui mène à Tripoli du Liban. Puis, le mois suivant le souverain prend Qatna, identifiée aujourd’hui au site de Tell-el-Mishrife. La ville est située dans le ouâdi al-Aswad, un affluent de l’Oronte, à 18 km. au Nord-est d’Émèse.
 
   Badawi suppose que l’armée Égyptienne longe la côte du Sud au Nord, traverse l’Oronte à gué vers le Djisr el-Hadid, pour redescendre ensuite, autour du 6 mai, au Sud, vers Apamée (Le pays de Nii ou Niy ou Niya ou Nija), "dont les habitants l’avaient salué comme un Dieu dans la stupéfaction". Le Roi mate une émeute à Akete, ce qui calme toute la région du Rétjénou. Puis l’armée fait demi-tour et fond sur la ville d’Ougarit, qui se soumet rapidement.
 


 

Tête d’une grande statue
d’Amenhotep II –
Brooklyn Museum

   Le 16 et 17 mai, Amenhotep II décide de faire faire une pause à son armée. Il s’installe alors autour de Tjerech, à Zalhi, à l’Est de Shamash-Ram (ou Schescherem). Puis il pille la ville de Mindatou (ou Mindatu). Les Princes de Hizra et du Pays de Unqi (ou Unque) lui prêtent allégeances et l’accueillent. Les spécialistes identifient ces dernières régions avec la plaine de Amq, qui se situe au Nord du coude de l’Oronte, autour de l’actuel lac d’Antioche. Ce territoire est connu pour avoir hébergée, à cette époque, plusieurs localités très prospères. Le 23 mai, Amenhotep II se présente devant la ville de Kadesh où les Princes de la cité lui portent aussi allégeance.
 
   Pour célébrer cette alliance une chasse est organisée dans les bois de la montagne Reba (ou Rabiu). Une grande quantité d’animaux sont tués : Gazelles, lièvres, poulains et ânes sauvages. On pense aujourd’hui que Reba (ou Rabiu) serait probablement l’Aribua que l’on retrouve citée dans les textes Assyriens et qui est identifiée avec l’actuel Rab’o, à l’Est de Masyaf, dans la province actuelle de Hama.
 
   Puis le souverain Égyptien s’empare de Khashabu (ou Khashabou ou Chaschabu), que Manfred Clauss identifie à la moderne Tell Haschbe (ou Hasbeiya), près des sources du Jourdain et que Alan Henderson Gardiner situe près de la côte entre le Carmel et Jaffa. D’autres proposent qu’il s’agisse de la localité de Khisfin, sur la route qui passait au Sud du lac Tibériade et qui permettait de rejoindre la plaine de Sharon (ou Saron), où se rendra le Roi afin de regagner l’Égypte. Lors de cette bataille Amenhotep II fait prisonniers, en personne, 26 Maryannou, qui étaient des soldats d’élite conducteurs de char. Enfin l’armée Égyptienne victorieuse retourne à Memphis, où le 27e jour du 3e mois de la saison Shemou (22 juin), elle ramène un incroyable butin.
 
   Dans son récit retraçant cette campagne, le scribe ne paraît pas s’être astreint à fixer l’itinéraire avec précision, mais seulement à rapporter les principaux épisodes de la campagne et les exploits de son Roi. Comme par exemple le fait qu’Amenhotep II, "Sa Majesté étant pareille à un taureau puissant", exécute lui même à coups de massue, sept Princes de Takhsy (ou Tikhsy). Six sont ramenés à Thèbes où ils sont attachés par les pieds, la tête en bas, le long de la muraille de la ville. Selon Claire Lalouette, un septième subit le même sort, mais dans la ville de Napata, en Nubie "Afin de rendre manifestes les victoires de Sa Majesté, pour des temps éternels et infinis, dans toutes les plaines et montagnes de Nubie.
 
   En avril de l’an 7 de son règne, Amenhotep II est confronté à une rébellion majeure en Syrie fomentée par les ex États vassaux du Mitanni. Il est obligé d’envoyer rapidement son armée au Levant afin de la réprimer. Selon Donald Bruce Redford cette rébellion fut probablement provoquée par un chef Égyptien proche de l’ancien rival de l’Est. La stèle de la victoire sculptée après cette campagne est un document qui est censé retracer ses plus grandes batailles, hors il peut être interprété de plusieurs façons. Toujours selon Redford, il se peut que cette campagne fut plus semblable à l’un des raids sur la Syrie, où son père avait combattu, et que le Roi n’engagea que des garnisons mineures dans la bataille, ce qui fait que les villes contraintes de lui prêter serment, brisèrent celui-ci immédiatement après son départ. Peter Der Manuelian en déduit, lui, qu’en fait il se peut que son armée fût battue.


 

Tête d’Amenhotep II –
Metropolitan Museum

 
   En l’an 9, le 25e jour du 3e mois de la saison Akhet (mi-septembre), une nouvelle expédition en Palestine, "La deuxième campagne victorieuse", va assurer à Amenhotep II une emprise totale sur le Mitanni. Cependant il semble, d’après certains spécialistes, que le Roi ne dépassa pas la mer de Galilée. Le 13 Octobre, il attaqua la ville Cananéenne d’Antipatris (ou Tell Afek ou Aphek) au Nord de la plaine du Sharon dans le centre d’Israël. De là, il se dirigea sur Yehem (ou Yahmay ou Yemma ou El-Yamon), au pied du Mont Carmel, qui n’offrit que peu de résistance. Sur le chemin son armée pilla les villes de Mapasin et Hatizan, à l’Ouest de Soko (ou Socho). Puis deux villes sont mentionnées à la suite, Itwryn et Migdol-Yun, mais elles ne sont pas encore identifiées. On sait que le 19 octobre, le Roi prend et pille la ville d’Anaharath (ou Anakharath), entre Nazareth et le lac Génésareth, qui lui livre un butin considérable, puis celle de Geba’ Sumneh, dont il fait prisonnier le Prince Gargur.
 
   Le souverain Égyptien arriva à Megiddo, dont il fit prisonnier le Prince Qeb-Semen, avec sa femme, ses enfants et sa suite, qu’il remplaça par un de ses fidèles. Enfin le Roi et son armée rentrèrent à Memphis, probablement mi-Novembre, juste avant le début de l’hiver. Une stèle retraçant cette campagne sera érige à Karnak. Au cours de celle-ci, Amenhotep II fera 89.600 prisonniers, comme l’indique la stèle de Memphis dont : 127 Princes de Rétjénou et 179 frères des Princes". Selon Claire Lalouette, les prisonniers arrivent avec "Leurs biens innombrables, tout le bétail leur appartenant représentant des troupeaux sans fin".
 
   Les spécialistes pensent que ce chiffre indiquant le nombre de prisonnier est très exagéré et qu’il comprend ceux capturés sur le total de ses campagnes, plus éventuellement ceux que son père fit lors des siennes (?). Toujours selon Claire Lalouette, les Rois du Mitanni, des Hittites et de Babylone, contient de la puissance que représentait maintenant l’Égypte, s’empressèrent d’envoyer à Amenhotep II des présents. Surtout le Mitanni vaincu, car le Nouvel Empire Hittite fondé par Tudhaliya I (v.1430-v.1420) le menaçait maintenant directement, et le temps était venu pour les Mitanniens de se chercher de nouvelles alliances. Les deux états ne se combattront d’ailleurs plus jamais au cours de l’histoire.


 

Tête d’Amenhotep II en diorite –
Ägyptisches Museum

 

La cour et les hauts fonctionnaires

 
   Nous ne connaissons pas grand chose de la cour d’Amenhotep II et des personnages qui la composent à cette époque. On sait toutefois que le pays semble traverser une période d’opulence, qui se constate en premier lieu dans le luxe des tombeaux. La richesse est due en grande partie aux tributs réguliers versés par les pays vassaux. Ceux-ci fournissent aussi de nombreux prisonniers qui constituent une importante main-d’œuvre employée dans les champs et les projets de constructions. Le Roi ne fera pas de modification dans la structure de l’administration, qui était, depuis ces prédécesseurs, déjà bien rodée.
 
   Par contre il va s’entourer de fidèles, pour la plupart des amis d’enfance ou des compagnons d’armes. Parmi ceux-ci, nous connaissons un Vizir nommé Rekhmirê qui était déjà en poste sous Thoutmosis III. Il se fera construire un magnifique tombeau (TT100) à Sheikh Abd el-Gourna. Il était aussi Maire de Thèbes et l’intendant du temple d’Amon dans le complexe de Karnak. Après lui servit Aménémopet (ou Aménémopé-Pairi), qui occupa les mêmes fonctions de Vizir et Gouverneur de la ville.
 
   Aménémopet se fit construire un premier tombeau (TT 29) à Sheikh Abd el-Gourna. Cependant, comme le plus important des hauts fonctionnaires, il eut le droit d’être enterré dans la vallée des Rois, tombeau KV48. Ce dernier fut découvert en 1906 par Edward Russell Ayrton et présente la particularité de n’avoir aucune décoration. Nous connaissons aussi : Ousersatet (ou Wesersatet), qui fut Vice-Roi de Kouch (Gouverneur des pays du Sud). Il avait pris part aux "campagnes des victoires"; le Grand Prêtre d’Amon, Menkhéperrêséneb, qui servait déjà sous Thoutmosis III, dont il supervisait aussi les travaux de construction ; Sennéfer qui fut Maire de Thèbes et son épouse Meryt. Il est dit que leur tombe (TT96), à Sheikh Abd el-Gourna, dite "la tombe aux vignes" en raison de sa décoration, est l’une des plus richement décorées de la nécropole Thébaine. Ce tombeau est situé au-dessus de celui de Rekhmirê ; enfin Kenamon (ou Qénamon) qui fut Régisseur, Directeur du Trésor et Superviseur de tous les pays septentrionaux. Lui aussi se fit construire un tombeau (TT93) à Sheikh Abd el-Gourna. À la mort d’Amenhotep II, à l’âge d’environ 40 ans, la couronne échoue à son fils Thoutmôsis IV.

 


 

Amenhotep II – Musée de Louxor

La corégence avec son fils

 
   Aujourd’hui les spécialistes débattent sur le fait : Y a t-il eu ou pas une corégence avec son fils Thoutmôsis IV ?. La réponse est délicate car il y a des anomalies dans la célébration des jubilés d’Amenhotep II et de Thoutmôsis IV qui pencheraient pour une réponse positive. L’égyptologue Cyril Aldred confirme l’hypothèse d’une corégence par l’interprétation de plusieurs objets, entre autres : Une sculpture qui se trouve dans le temple du jubilé d’Amenhotep II à Karnak qui représente pour certain un Dieu et un Roi, alors que Cyril Aldred y voit deux Rois ? ; une statue royale, aujourd’hui au musée du Louvre, où le nom de Thoutmôsis IV est gravé sur la boucle de la ceinture et celui d’Amenhotep II sur la base. Un autre égyptologue, William Joseph Murnane, partisan de la non corégence, donne lui comme preuve une chapelle d’Amenhotep II, qui fut terminée par Thoutmôsis IV où le nom de ce dernier est inscrit sous la forme de Roi. Le débat reste ouvert.
 

Ses constructions

 
   Amenhotep II n’est pas un grand bâtisseur, il va surtout centrer son énergie sur Karnak et achever, agrandir et restaurer les monuments de son prédécesseur. Il réalise notamment des travaux à : à Éléphantine ; à El Kab, où il va achever la construction du temple entrepris par Thoutmôsis III ; à Héliopolis ; à Coptos et dans l’île de Sehel située au Sud d’Assouan. Il a également construit un temple près du Grand Sphinx à Guizèh. En Haute-Égypte, des petits sanctuaires sont attestés à Armant, El-Tod, Médamoud. En Nubie, Amenhotep II construit à Amada le temple d’Amon.
 
   Thoutmosis III avait commencé à construire un temple qui, techniquement, était dédié à Horus ; à Bouhen ; à Qasr Ibrim ; à Semna et, selon Nicolas Grimal, il ordonne la décoration du Temple à Kalabsha. Enfin, il fait creuser sa tombe, KV35, dans la vallée des Rois. À Karnak, il fait construire une chapelle entre le neuvième et le dixième pylône. Il se fait représenter sur le huitième pylône, construit par Hatshepsout, massacrant ses ennemis à coups de massue. Aujourd’hui il subsiste encore le pavillon de sa fête Sed (ou Heb-Sed), situé entre les 9e et le 10e pylônes. Son règne est marqué par un renouveau dans l’art, avec un style artistique où les formes sont plus sensuelles, plus épurées.
 


 

Momie d’Amenhotep II

Sa sépulture

 
   Son tombeau, KV35, est découvert en 1898 par Victor Loret. La conception architecturale du tombeau établit les éléments de base d’un plan qui se poursuivra tout le reste des XVIIIe et XIXe dynastie. Dans ce tombeau seulement la chambre funéraire est décorée, la plupart du temps avec des motifs copiés sur la tombe KV34 de son père. Les murs sont parés de frises avec des scènes de l’Amdouat et ses piliers sont embellis de représentations du Roi devant les Dieux Osiris, Hathor et Anubis. Dans la première des salles latérales situées à droite de la chambre funéraire, Victor Loret a trouvé trois momies dépouillées sans cercueil. Ce tombeau servit de cachette pour des momies à la fin de la XXe dynastie. Il en contenait plus d’une douzaine, dont certaines de Rois du Nouvel Empire.
 
   Elles furent cachées là, sous Pinedjem I (1070-1054, XXIe dynastie), par les autorités Thébaines, afin de les préserver des pilleurs de tombes très nombreux à cette période. Cette cache représente la deuxième cachette royale avec celle de Deir el-Bahari. On trouve notamment les momies des Rois : Amenhotep III, Mérenptah, Ramsès IV, Ramsès V, Ramsès VI, Séthi II, Siptah et Thoutmôsis IV. D’autres restes ont aussi été trouvés dans la tombe, dont deux squelettes et un bras momifié, ainsi que des vestiges du mobilier funéraire d’Amenhotep II. Outre le sarcophage du Roi avec sa momie encore en place on a découvert : Le coffre à vases canopes en albâtre.

 


 

Thoutmôsis IV et sa mère Tiâa I –
Musée Égyptien du Caire

Sa famille

 
   Amenhotep II n’a qu’une épouse attestée :
 
Tiâa I (ou Tia’a – §jAA) dont les origines sont encore aujourd’hui inconnues car elle porte le titre de Mère du Roi (mwt-nswt), mais pas celui de Fille du Roi (sAT-nswt). Il a été spéculé qu’elle fut la sœur d’Amenhotep II, ou sa demi-sœur, mais c’est loin d’être certain. Elle sera la dernière Reine de la XVIIIe dynastie à porter le titre d’Épouse du Dieu (HmT-nTr), hérité par les femmes de la famille royale depuis sa création par la Reine Ahmès–Néfertari I. Elle bénéficiait aussi du titre de Main du Dieu (Drt nTr) et ne recevra ceux de Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrt) et Mère du Roi (mwt-nswt) que sous le règne de son fils.
 
   Tiâa I fut très peu représentée sur les monuments construits par son mari, par contre elle fut très présente sur ceux qui furent achevés par son fils, Thoutmôsis IV. Elle donne à Amenhotep II probablement cinq enfants, les avis des spécialistes sont très partagés, surtout pour les garçons. Par exemple Christian Leblanc affirme que la Reine n’eut qu’un fils, le futur Thoutmôsis IV et que les autres enfants mâles sont d’autres mère. Aidan Marc Dodson, Dyan Hilton ou Donald Bruce Redford, pour ne citer qu’eux, en compte trois. Sans plus de preuves il convient de respecter toutes les propositions.
 

Ouebsenou (ou Oubensénou ou Webensenu ou Ubensenu) dont on ne sait rien, mais qui meurt semble t-il jeune. Dans la tombe KV35 dans la vallée des Rois, d’Amenhotep II on a retrouvé des fragments de vase canope au nom d’Ouebsenou qui nous confirment sa filiation avec lui. Sur ceux-ci il est nommé "Fils royal, aimé de lui, superviseur des chevaux". Ouebsenou est aussi nommé "Fils royal, aimé de lui" sur la statue (CG638) du Scribe royal, Superviseur des ouvriers à Karnak et Architecte en chef, Minmès (ou Minmose). Il est possible que la stèle B du temple d’Amenhotep II à Guizèh ait pu lui appartenir.
 
Iaret (ou Ouadjet ou Varet ou Jaret) qui épouse Thoutmôsis IV vers l’an 7 de son règne. Elle porte les titres de : Grande Épouse Royale (HmT-nswt wrt) , Fille du Roi (sAT-nswt) et Sœur du Roi (snt-nswt). Selon Betsy Morrell Bryan, elle est représentée sur une stèle, datant de cet an 7, a Konosso et dans le temple d’Amada en Nubie, ainsi que sur les inscriptions aux mines de turquoise à Serabit el-Khadim dans le Sinaï, qui datent aussi de la même année. La transcription de son nom est incertaine, il est écrit avec un seul cobra, ce qui fait qu’il y a un certain nombre de lectures possibles.
 
Ahmosis (ou Ahmosé) qui sera Grand Prêtre de à Héliopolis sous le règne de son frère Thoutmôsis IV. Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd’hui au musée de Berlin et une statue brisée est à celui du Caire.
 
Aménémopet (ou Amenemipet). Selon Peter Der Manuelian, il est attesté comme fils d’Amenhotep II sur la stèle C, trouvée dans le temple du Sphinx du Roi. Donald Bruce Redford propose qu’Aménémopet soit le fils aîné.
 
Thoutmôsis IV qui lui succède. Christian Leblanc avance qu’il naquit en l’an 6 du règne d’Amenhotep II. Cette filiation est contestée par certains égyptologues.

Le sarcophage du Roi

   On atteste aussi à Amenhotep II cinq autres enfants, dont on ne connaît pas la (les) mère(s) :
Nedjem, qui n’est connu que d’une seule source. Il est mentionné, "Fils royal, aimé de lui" , avec son frère (ou demi-frère), Ouebsenou, sur la statue (CG638) de Minmès (ou Minmose), Superviseur des ouvriers à Karnak.
Amenhotep. Selon Peter Der Manuelian, le Papyrus BM 10056, qui remonte à l’an 10 d’Amenhotep II, fait référence à ce fil en tant que Grand-Prêtre de Sem. Toujours d’après Der Manuelian cet Amenhotep pourrait également être indiqué sur une stèle du temple d’Amenhotep II à Guizèh, mais le nom a été effacé de sorte qu’une identification positive est impossible. Cette stèle B a pu appartenir à un autre fils, Ouebsenou (ou Oubensénou ou Webensenu ou Ubensenu).
Khâemouaset qui est attesté comme fils du Roi sur deux graffitis retrouvés dans le Sahel.
Âakhéperkarê.
Âakhéperourê (ou Âa-chepru-Rê). Il est mentionné dans un graffito endommagé enregistré sur un rocher, à Konosso en Nubie, aux côtés d’un Prince Amenhotep. Si l’on suppose que cet Amenhotep est la même personne que celle du Papyrus BM 10056, Âakhéperourê serait bien le fils d’Amenhotep II. Toutefois, dans ces deux cas, certains égyptologues pensent que les inscriptions font plutôt références au Roi Amenhotep III ce qui rendrait ces deux Princes fils de Thoutmôsis IV.
 
   Selon Claude Vandersleyen, Ouebsenou et Nedjem ne sont pas des noms habituels que l’on trouvait à cette époque pour des Princes destinés à être Roi. Ce qui lui fait suggérer que leur mère était peut-être d’origine étrangère. Un autres fils au nom d’Ousersatet, était dans le passé attribué à Amenhotep II, cependant, il a depuis été prouvé qu’il servit simplement comme haut fonctionnaire d’Amenhotep II en Nubie et n’avait aucun lien de parenté avec le Roi.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Roi voir les ouvrages de :
 
Yohanan Aharoni :
Some geographical remarks concerning the campaigns of Amenhotep II, pp : 177-183, JNES 19, Chicago, 1960.
Albrecht Alt :
Amenophis II in Syrien und in Palästina, Berlin-verlag, Berlin, 1950.
Amin A.M.A.Amer :
Asiatic Prisoners taken in the Reign of Amenophis II, pp : 27-28, Scripta Mediterranean 5,Toronto, 1984.
Ahmed M.Badawi :
Die neue historische Stele Amenophis’ II, ASAE 43, Le Caire, 1943.
Franco Brussino
Amenofi II : l’epopea di un faraone guerriero, Seshat, Ananke, Torino, 2009.
Peter A.Clayton :
Chronicle of the Pharaohs : The reign-by-reign record of the rulers and dynasties of ancient Egypt, Thames and Hudson, New York, 1994, 1996, Novembre 2006 et janvier 2007 – American University in Cairo Press, Le Caire, 2006 – En Français, Avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995.
Michel Defossez :
L’inscription d’Amenhotep II à Giza. Notes de lecture, pp : 25-36, GM 85, Göttingen, 1985.
Peter Der Manuelian :
Studies in the reign of Amenophis II, Hildesheimer Ägyptologische Beiträge Verlag, Gerstenberg, Hildesheim, 1987.
Aidan Marc Dodson et Dyan Hilton :
The complete royal families of ancient Egypt, Thames and Hudson, London, Septembre 2004 et Février 2010.
Jacques Freu :
Hittites et Achéens : données nouvelles concernant le pays d’Ahhiyawa, Nice, 1990.
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