Les cités Ioniennes :
Magnésie du Méandre,  Myonte,  Phocée
 

Nous avons besoin de vous

 

  Pour plus de détails voir aussi les autres cités Ioniennes :  Chios, Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée,

Lébédos, Milet, Priène, Samos, Smyrne, Téos

 

 

Magnésie  du  Méandre

 

   Magnésie du Méandre (En Grec : Μαγνησία πρς Μαιάνδρ ou Μαγνησία ἡ ἐπὶ Μαιάνδρ) fut une cité Grecque d’Ionie de taille considérable, située à un endroit important commercialement et stratégiquement. Elle fut fondée vers 530 av.J.C, à l’Ouest de l’Asie Mineure, non loin de Pergame.  Les ruines de la ville sont situées à l’Ouest du village moderne de Tekin dans le district actuel de Germencik de la province d’Aydın sur la route de Selçuk.
 


 

Vue du site de Magnésie

   Aristote (Philosophe Grec, 384-322), dit dans ses Commentaires, que : "les Magnésiens des bords du Méandre étaient une colonie de Delphes. Ils offrirent aux étrangers le logement, le sel, l’huile, le vinaigre, la lumière, les lits, les tapis et les tables“. On trouve aussi que la cité fut nommée d’après les Magnètes de Thessalie qui s’installèrent le long de la zone avec des Crétois.
 
   Le territoire autour de Magnésie était extrêmement fertile et produisait d’excellents vins, des figues et des concombres. Elle fut construite sur la pente du mont Thorax, sur les rives de la petite rivière Lethacus, un affluent du Méandre. On retrouve Magnésie mentionnée, entre autres, dans les œuvres d’Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) et
Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180).
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 
L’histoire…….

 
   Magnésie du Méandre fut, selon une légende, créée une génération avant la guerre de Troie. Elle se situait en Ionie, mais parce qu’elle fut dirigée par les Éoliens elle ne fut pas acceptée dans la Ligue Ionienne. Puis elle passa sous la domination du Roi de Lydie, Gygès (ou Guges ou Gýgês, en Grec : Γύγης, 687-652). Magnésie atteignit rapidement une grande puissance et prospérité et fut en mesure de rivaliser avec Éphèse. Cependant, vers 655 (on trouve aussi entre 726 et 660), elle fut conquise et détruite par les Cimmériens. Le site fut alors abandonné, puis réoccupé et reconstruit par les Milésiens ou, selon Athénée de Naucratis (Grammairien et historien Grec, v. 170-v. 230), par les Ephésiens et devint leur possession.


 

Vue de certaines fresques et bas-relief –
Musée de Pergame – Berlin

 
   Elle fut ensuite occupée par les Perses Achéménides, lors de la conquête de l’Asie Mineure par le Roi Cyrus II le Grand (559-529). Détruite, elle fut alors refondée sur un autre site, sur le fleuve Méandre, dans un lieu nommé Leucophrys (littéralement “Sourcils blancs“), autour d’un sanctuaire dédié à la Déesse Artémis. Elle devint lors de la période Perses la résidence du Satrape de Lydie. Au Ve siècle av.J.C, l’Athénien exilé, Thémistocle (ou Themistokles, v.525-v.460/459) qui offrit ses services au Roi Artaxerxès I (465-424), obtint le contrôle de Magnésie en récompense. Il y établit sa résidence et y mourut en 400/399. Il est dit qu’elle fut plus tard reconstruite par le Général Spartiate Thibron († 391) après la guerre entre Sparte et Corinthe.
 
   Après la mort d’Alexandre le Grand (336-323), qui libéra les cités Grecques d’Asie Mineure, et du partage de son Empire, elle devint la possession des Rois Séleucide jusqu’en 221 sous le règne du Roi Antiochos III Mégas (223-187). Elle fut ensuite la propriété du royaume de Pergame d’Eumène II (ou Eumènès, 197-159), allié des Romains. La ville connut à cette période son apogée. En 196 Magnésie entra en guerre contre la ville de Milet qui se termina par un accord de paix en 190.  En 133 Magnésie fut rattachée à l’Empire Romain mais plus tard elle reçut le statut de ville libre par le Général et Consul Romain Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78), en récompense à son soutien à Rome dans la guerre de ces derniers contre le Roi du Pont, Mithridate VI (120-63).
 
   En 17 ap.J.C elle fut détruite par un tremblement de terre. Elle fut reconstruite 12 ans plus tard, avec ses fonds propres, par l’Empereur Romain Tibère (14-37 ap.J.C).  En 114 fut construite une église dite “paléochrétienne”, ses Évêques furent envoyés aux différents conciles qui eurent lieu dans les siècles qui suivirent. Certaines sources prétendent qu’à cette époque elle prit le nom de Maeandropolis ?. L’existence de la ville à l’époque des Empereurs Marc Aurèle (161-180) et Gallien (253-268) est attestée par des pièces de monnaie. En 262, Magnésie fut pillée par les Goths et comme ses voisines Éphèse et Milet elle ne s’en remis jamais vraiment. Lors de sa période Byzantine elle subit les assauts des Perses Sassanides et des Seldjoukides (ou Seljoukides ou Saljûqides, membres d’une tribu Turque qui émigra du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran), servant de forteresse frontière Byzantine.

 


 

Pronaos du temple de Zeus Sosipolis
avec devant une statue d’Artémis
Leucophryène – Musée de Pergame
 – Berlin

L’archéologie

 
   Magnésie fut érigée sur un plan hippodamien. La ville et plusieurs monuments furent construits par Hermogène (Architecte Grec, fin IIIe s.- début IIe s.). Au XIXe siècle, trois campagnes de fouilles y furent menées pour les musées d’Istanbul, de Berlin et du Louvre, par des scientifiques Français, Allemands et Britanniques.  Les premières fouilles sur le site furent réalisées dans les années 1891-1893 par une équipe d’archéologues Allemands, pour les musées de Berlin, et dirigées par Carl Humann. Il fut mis au jour, entre autres, les vestiges du temple de Zeus, du temple d’Artémis et l’Autel de Pergame. Elles durèrent 21 mois et révélèrent également partiellement le théâtre, les agoras et le prytanée.
 
   Après l’achèvement de la première saison (1893-1984), les fouilles furent arrêtées. Magnésie fut alors oubliée pendant près de cent ans et les vestiges furent soumis aux sédiments alluviaux et furent érodés par l’eau de pluie, en partie jusqu’à 4/5 m d’épaisseur. Les zones et les bâtiments recouverts durent être fouillés à nouveau. Depuis 1984, l’Université d’Ankara et le ministère Turc de la Culture ont engagé de nouvelles fouilles dirigées par Orhan Bingöl. Les constatations du site sont maintenant affichées aux musées d’Istanbul, Berlin et Paris.
 
   Des copies du portique (pronaos) du temple de Zeus et d’une baie du temple d’Artémis peuvent être visitées au musée de Pergame à Berlin (ou Pergamonmuseum). Une grande partie des vestiges architecturaux de Magnésie furent détruits depuis longtemps par la population locale. Il fut dégagé sur le site :
 
– Une grande agora dallée de 26.000 m², entourée de portiques s’inspirant de ceux d’une autre ville d’Ionie, Priène.
 
– Un grand autel en forme de pi dont le modèle se mit en place à l’époque Hellénistique, comme à Pergame.


 

Fragment de bas-relief soulignant l’autel
du temple d’Artémis Leucophryène –
Musée de Pergame – Berlin

 
– Le temple d’Artémis Leucophryène (ou Leukophryne) qui fut construit par Hermogène vers 130 av.J.C. C’était un temple pseudodiptère (Se dit d’un édifice périptère dont le péristyle est aussi large que celui d’un diptère) de huit colonnes par quinze, dans les mêmes proportions que celui de Zeus. Il présente un fronton ouvert de trois baies quadrangulaires destinées à alléger la structure. Sa frise, une amazonomachie (littéralement le combat des Amazones, est un thème iconographique fréquent dans l’Antiquité Grecque et Romaine), est une des mieux conservée de l’Antiquité. La plupart des objets mis au jour, les frises du temple, l’autel et autres reliefs etc.., sont maintenant divisés entre les musées de Londres, Paris, Berlin et Istanbul.
 
– Le temple de Zeus Sosipolis, dégagé par Carl Humann de 1893 à 1895, qui fut construit également par Hermogène vers 130 av.J.C. Il est de style Ionique et il fut érigé après une victoire de Magnésie sur la ville de Milet. Ouvert vers l’Ouest, ce temple prostyle (Se dit d’un temple présentant une colonnade sur sa seule façade antérieure) à 4 colonnes en façade, présente un pronaos (ou vestibule) et un opisthodome (Partie postérieure d’un temple, à l’opposé du pronaos, où l’on déposait les offrandes) de mêmes dimensions. Les études sur ce bâtiments avant 1893, servirent de base pour la reconstruction de la façade de pronaos au Musée de Pergame à Berlin (ou Pergamonmuseum).
 
– Des édifices datant de la période Romaine : Un théâtre, situé 500 m. au Sud-ouest du site en bordure de la route ; Un odéon qui se situe entre le temple d’Artémis et le théâtre ; Un stade de 25.000 places ; Un autre théâtre resté inachevé ; Un gymnase sur le modèle de celui de Milet ; Des bains. Plus tard, à l’époque Byzantine, il fut érigé une basilique qui n’a pas encore été dégagée ainsi qu’un rempart, de la même époque, qui entoure le temple d’Artémis.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Johannes Althoff :
Ein meister des verwirklichens. Der archäologe Theodor Wiegand, Theodor Wiegand und die Villa in Dahlem, Klaus Rheidt and Barbara A. Lutz (ed.), Philipp von Zabern, Mainz, 2004.
George Ewart Bean :
– Myus, Turkey, The Princeton encyclopedia of classical sites, University Press, Princeton, 1976.
Orhan Bingöl :
Magnesia am Mäander / Magnesia ad Maeandrum, Ankara, 1998.
Magnesia am Mäander / Magnesia ad Maeandrum. Die stadt von Artemis mit “weißen augenbrauen”, Homer Kitabevi, Istanbul, 2007.
Alain Davesne :
La frise du temple d’Artémis à Magnésie du Méandre, Musée du Louvre, Institut Français d’Études Anatoliennes d’Istanbul, Adpf, Paris, 1982.
Emil Herkenrath :
Der fries des Artemisions von Magnesia a. M., G. Schade, Berlin, 1902.
Carl Humann, Carl Watzinger et Julius Kohte:
Magnesia am Maeander. Bericht über die ergebnisse der ausgrabungen der jahre 1891–1893, G.Reimer, Berlin, 1904.
Volker Kästner :
Der tempel des Zeus Sosipolis von Magnesia am Mäander, pp : 230-231, Die Antikensammlung, Philipp von Zabern, Mainz, 1998,
Otto Kern :
Die inschriften von Magnesia am Maeander, W.Spemann, Berlin, 1900.
Maria Luisa Napolitano :
Philoktetes e l’arco : Dalla Magnesia all’Oeta, Accademia nazionale dei Lincei, Roma, 2002.
Sabine Schultz :
Die münzprägung von Magnesia am mäander in der römischen kaiserzeit, G. Olms, Hildesheim, New York, 1975 – Akademie Verlag, Berlin, 1975.
Abdullah Yaylalı :
Der fries des Artemisions von Magnesia am Maeander, Wasmuth, Tübingen, 1976.

 

 

Myonte

 

   Myonte (ou Myus ou Myous ou Myos ou Myes ou Muoũs, en Grec : Myoûs ou Μυος) était située à l’embouchure du Méandre sur la rive Sud-est du golfe Latmique, qui est aujourd’hui comblé par des alluvions. Le site de Myonte est près du village actuel d’Avsar, sur les bords du lac de Bafa, à 16 km de Milet. Selon Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30), ses eaux étaient particulièrement poissonneuses.


 

Ruines du fort Byzantin

 
   Les ruines de la cité s’étendent sur une colline dominant le fleuve. On y trouve au sommet les vestiges d’un fort Byzantin dont les remparts sont encore en partie debout, ainsi qu’un temple dédié à Dionysos à flan de colline, dont quelques structures ont été mises au jour. Ce temple Ionique fut construit au milieu du VIe siècle av.J.C. Il avait des dimensions relativement importantes de 30 m. x 17 m. avec un péristyle de (apparemment) 10 colonnes et un profond pronaos (ou portique), mais pas d’opisthodomes (Partie distincte d’un temple, tout comme le pronaos).
 
   Plus bas, sur la terrasse supérieure, se situait un temple Dorique dédié probablement à Apollon Terbinthéus, la principale divinité de Myonte, dont il reste seulement une partie de la fondation. Entre les deux terrasses, on trouve un mur de soutènement d’une grande irrégularité au niveau des blocs. Le site possède encore d’autres édifices mais qui sont malheureusement dans un état de délabrement important, dont un sanctuaire avec plusieurs tombeaux et des citernes. Ne faisant pas l’objet de fouilles systématiques la ville pourrait dévoiler surement encore d’autres bâtiments.
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 
L’histoire…….

 
   Myonte aurait été fondée, selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) par Cyarétos (ou Kyaretos ou Cyaretus, Pausanias. 7.2.10) ou selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Strabon 6.33) par Kydrelos (ou Cydrelus), un des nombreux fils du 17e et dernier Roi d’Athènes, Codros (ou Kodros), qui aurait amené les colons Ioniens au XIe siècle et qui chassa les Cariens qui occupaient la région. Elle fut l’une des moins importantes parmi les douze cités de la confédération Ionienne regroupant : Chios (ou Chio ou Kios), Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Phocée, Priène, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne.


 

Autre vue des ruines du fort

 
   Myonte se joignit aux autres cités Grecques lors de la grande révolte de 499 à l’origine des Guerres Médiques (499-479). Lorsque les cités Ioniennes se retrouvèrent opposées à la flotte Perse de Darius I (522-486) à la bataille de Ladé, près de Milet, à l’été 494 av.J.C, Myonte qui ne fut jamais à proprement parlé une grande ville, envoya tout de même trois navires. Cependant la coalition fut battue et la population paya très cher cette rébellion. Ce ne fut qu’après les victoires des cités de la Grèce continentale, que les Ioniens retrouvèrent leur liberté. Myonte fut débarrassée de la tutelle des Perses.
 
   Cette liberté fut de courte durée car ce fut au tour d’Athènes, qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire, de tirer profit de la région avec en 478 la fondation de la Ligue de Délos, qui entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie de la cité sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Comme beaucoup de villes Ioniennes entra dans la Ligue. L’Ionie et ses cités subirent ensuite les Guerres du Péloponnèse (431-404).
 
   En 472, lorsque l’Athénien, Thémistocle (525-460) fut Banni, frappé d’ostracisme (Institution qui permettait de bannir pendant dix ans un citoyen, sans que celui-ci perde ses biens) par les Athéniens, il se réfugia dans un premier temps à Argos où il fomenta des révoltes contre Sparte. Puis il trouva refuge auprès du Roi Perse, Artaxerxès I (465-424) qui lui octroya la direction de trois cités Grecques d’Asie Mineure : Lampsaque (ou Pityussa) sur la rive Sud de l’Hellespont en Troade et Myonte et Magnésie du Méandre, en Ionie, qu’il géra jusqu’à sa mort depuis cette dernière. Artaxerxès I envisageait de lui confier le commandement d’un corps expéditionnaire en Égypte contre les Athéniens mais d’après Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), Thémistocle, en 460, préféra se suicider.


 

Autre vue des ruines du fort

 
   En 412, sur l’instigation d’Alcibiade (450-404), Myonte se révolta avec le reste de l’Ionie, contre Athènes, mais elles furent battues vers 411/410 par la cité Attique. En 405, le Sparte Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes lui firent défection et se soumirent à Lysandre.  En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395, le Roi de Sparte, Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Achéménide.
 
   Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour peu de temps. En Juillet 371, à la bataille de Leuctres la suprématie Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut que peu d’impact sur le monde Anatolien.  Les Perses, profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités furent similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts. En 334, le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) fit campagne sur l’Orient. Il entra à son tour en Anatolie et libéra les cités d’Ionie. La ville fut maintenant sous la domination Macédonienne. Puis elle suivit la destinée de sa grande voisine Milet passant sous la tutelle des différentes puissances de l’époque.
 
   En 301, après la bataille d’Ipsos, en Phrygie, contre Antigonos I Monophtalmos (306-301), elle tomba sous la domination du Roi de Thrace, Lysimaque (322-281). Puis en Février 281, à la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie), Lysimaque fut battue et tué par le Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280). La ville se retrouva au centre des conflits d’influences et d’intérêts entre les Séleucides à l’Est, les Rois de Pergame au Nord et les Ptolémée d’Égypte au Sud. En 201, Myonte redevint possession de la Macédoine après la prise de la ville par le Roi Philippe V (221-179). La cité fut progressivement coupée de la mer par l’ensablement de la bouche d’entrée du Méandre, la transformant en lac insalubre. Assaillit par des essaims de moustiques les habitants furent contraints d’évacuer la cité et rejoindre Milet, emportant avec eux leurs divinités. Selon Vitruve (ou Marcus Vitruvius Pollio, architecte Romain, v.90-v.20), Myonte fut complètement désertée. Lors de sa visite, au IIe siècle ap.J.C, Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180 – Livre 7.2.11) n’y trouva plus qu’un temple dédié à Dionysos.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
George Ewart Bean :
– Myus, Turkey, The Princeton encyclopedia of classical sites, University Press, Princeton, 1976.
Renate Bol, Ursula Hoöckmann et Patrick Schollmeyer :
Kult(ur)kontakte : Apollon in Milet/Didyma, Histria, Myus, Naukratis und auf Zypern : Akten der table ronde in Mainz vom 11.-12. März 2004, VML, Verlag Marie Leidorf, Rahden, 2008.

 

 

Phocée

 

   Phocée (En Latin : Phocaea, en Grec : Phokaia ou Φώκαια Phokaia ou Phkaia, en Turc : Foça) est une ancienne ville Grecque Ionienne, sur la côte Ouest de l’Asie Mineure dont le site est identifié près de la ville moderne de Foça (Turquie). C’est la plus septentrionale des villes de la mer Ionienne, sur la frontière avec l’Éolide (ou Æolis). Elle est située près de l’embouchure de la rivière Hermion (Le Gediz aujourd’hui), sur la côte de la péninsule séparant le Golfe de Kymé (ou Cyme) vers le Nord et le golfe de Smyrne (Izmir aujourd’hui) au Sud. Elle possédait deux bons ports. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) nous rapporte que la ville était implantée dans la région qui jouissait du meilleur climat du monde, adossée à des collines au bord d’une vaste baie bien protégée. Probablement tout de suite après l’occupation Lydienne, les Phocéens furent parmi les premiers au monde à fabriquer et utiliser des pièces de monnaie. Ses premières pièces étaient faites d’électrum, un alliage naturel d’or et d’argent. Le British Museum possède une pièce Phocéenne datant d’entre 600 et 550.


 

Statère de Phocée – vers 625-575

 
   Les Phocéens étaient réputés pour avoir créé de nombreuses colonies très prospères. En 600, ils fondèrent en France les colonies de : Massalia (De nos jours de Marseille), puis Agathe Tychée (Aujourd’hui Agde), Antipolis (Aujourd’hui Antibes) et Nikaïa (Aujourd’hui Nice). En 575, Emporion (ou Empúries ou Ampurias) en Catalogne (Espagne), en 545, Alalia (Aujourd’hui Aléria), un comptoir sur la côte orientale de la Corse et vers 540, Eléa (ou Élée ou Velia) en Campanie (Italie), alors qu’ils fuyaient l’invasion Perse. Au sud, ils menèrent probablement des échanges avec la colonie Grecque de Naucratis en Égypte, qui était la colonie de leurs concitoyens Ioniens de Milet. Au Nord, il est de plus en plus probable que ce fut eux qui aidèrent les Milésiens à la construction d’Amisos (ou Simsum ou Samsun) sur la mer Noire et Lampsacus à l’extrémité Nord de l’Hellespont (aujourd’hui le détroit des Dardanelles).
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte d’Ionie

 

L’histoire…….

 
   Les textes anciens donnent peu d’indications sur l’origine de la cité. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) nous dit qu’elle fut fondée par des Phocidiens (Habitants de Phocide, région de Grèce) sous la direction d’un l’Athénien du nom de Philogène, après que des habitants de Kymé lui aient donnés des terres à la frontière de l’Éolide et de l’Ionie. Elle fit partie ensuite d’une confédération Ionienne regroupant douze cités : Chios (ou Chio ou Kios), Clazomènes, Colophon, Éphèse, Érythrée, Lébédos, Milet, Myonte, Priène, Samos et Téos. Smyrne (ou Izmir) fut ensuite rattachée à la confédération et Halicarnasse les rejoignit après avoir été chassée pour impiété de la sienne. Des poteries retrouvées sur le site nous indiquent une présence Éolienne aussi tard que le IXe siècle av.J.C et une présence Ionienne à la fin de ce même siècle. À partir de cette date approximative une construction de Phocée peut être déduite.
 


 

Ruines d’Alalia, aujourd’hui Aléria, Corse

   Selon Hérodote, les Phocéens furent les premiers Grecs à faire de longs voyages en mer le long des côtes de l’Adriatique et de l’Espagne. Il rapporte que le Roi de Tartessos (en Andalousie, Sud de l’Espagne), Arganthonios (ou Argantonio) fut très impressionné par leur savoir faire maritime et les invita à s’installer dans sa cité, mais lorsque ceux-ci refusèrent il leur donna une grosse somme d’argent pour construire un mur autour de leur ville. Phocée resta indépendante même devant la monté en puissance du royaume de Lydie, à partir de 700, jusqu’au règne de leur Roi Crésus (ou Kroisos, 562-546 ou 561-547) lorsque ce dernier entama sa conquête de toutes les cités d’Ionie.
  
   Lorsque Crésus fut défait par le Roi Perse, Cyrus II (559-529), les riches cités d’Ionie passèrent sous la domination des Achéménides. Plutôt que de se soumettre aux Perses les Phocéens abandonnèrent leur ville. Certains fuirent dans l’île de Chios, d’autres dans leurs colonies de Corse et de France, très peu revinrent à Phocée. En 499 Phocée se joignit aux autres cités Grecques lors de la grande révolte à l’origine des Guerres Médiques (499-479) et elle envoya trois trières à la bataille de Ladé, à l’été 494, près de Milet. Du fait de ses prouesses navales, ce fut un Phocéen, Dionysias (ou Dionysius) qui fut choisi pour commander la flotte Ionienne. La coalition fut cependant battue et Phocée fut de nouveau soumise par les Perses ainsi que les autres cités d’Ionie.
  


 

Vestiges du théâtre de Phocée

   Ce furent les victoires sur les Perses des cités de la Grèce continentale : En 490 à Marathon, qui mit fin à la Première Guerre Médique, puis celles des batailles de Salamine, le 29/9/480, et de Platées, le 27/08/479 et du cap Mycale en Août (ou Septembre) 479, qui mirent fin à la Deuxième Guerre Médique (480-479), que les cités Ioniennes retrouvèrent leur liberté dont Phocée qui fut débarrassée de la tutelle Achéménide. Cette liberté fut de courte durée car ce fut au tour d’Athènes, qui avait joué un rôle prépondérant dans la victoire, de tirer profit de la région avec en 478 la fondation de la Ligue de Délos, qui entreprit de constituer un Empire maritime assurant l’hégémonie de la cité sur la mer Égée et sa domination sur le monde Grec. Phocée comme beaucoup de villes Ioniennes entra dans la Ligue.
 
   En 412, sur l’instigation d’Alcibiade (450-404), Phocée se révolta avec d’autres cités Ioniennes. L’aventure fut de courte durée, l’Ionie fut ramenée à l’obéissance vers 411/410 par la cité Attique. En 405, le Sparte Lysandre battit la flotte Athénienne à la bataille d’Aigos Potamos. Après sa victoire, toutes les cités restées fidèles à Athènes lui firent défection et se soumirent à Lysandre. En 404 l’hégémonie Athénienne n’exista plus et la Ligue de Délos fut dissoute. Les cités d’Ionie passèrent alors de nouveau sous la tutelle des Perses. En 395 le Roi de Sparte, Agésilas II (398-360) lança une campagne en Asie Mineure contre le Satrape Perse de Lydie et de Carie, Tissapherne (v.413-395). La campagne d’Agésilas II se solda par la libération des cités d’Ionie de la tutelle Achéménide, dont Phocée. Elles subirent ensuite la domination de Sparte, mais pour peu de temps. Le climat politique était très tendu et en 387/386, Sparte menacée de tous côtés, conclut la paix d’Antalcidas ou paix du Roi avec les Perses et tous les Grecs.


 

Monnaie de Phocée en électrum – vers 340-335

 
    Elle acceptait la domination des Achéménides et leur cédait des cités Grecques d’Asie Mineure. Après un sursaut de Sparte, en Juillet 371, à la bataille de Leuctres la suprématie Spartiate sur le monde Égéen fut définitivement terminée. L’hégémonie du vainqueur, Thèbes qui s’ensuivit n’eut toutefois que peu d’impact sur le monde Anatolien. Les Perses, profitant du cahot du monde Grec, reprirent possession de l’Ionie. Leurs nouvelles dominations, physique et politique, sur les cités fut similaires à celles qui précédaient les Guerres Médiques, en particulier sur les très lourds impôts. En 343, les Phocéens, firent sans succès faire le siège de Kydonia sur l’île de Crète. Il fallut que Phocée attende encore une quinzaine d’années pour être libérée des Perses par le Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323). Après la mort de ce dernier la ville suivit l’histoire de l’Ionie, passant sous la domination des Rois Séleucides, puis de ceux de Pergame, puis de l’Empire Romain.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Ekrem Akurgal :
Foça Kazıları ve Kyme sondajları,pp : 33-40, Anatolia I, 1956.
Phokaia (Foça) Turkey, The Princeton encyclopedia of classical sites, Princeton University Press, Princeton, 1976 – Tifset A.Ş., Izmir, 1979.
George Ewart Bean :
Kleinasien. Band 1. Die ägäische Türkei von Pergamon bis Didyma, Kohlhammer Auflag , Stuttgart, 1987.
Michel Clerc :
La prise de Phocée par les Perses et ses conséquences, Ernest Leroux, Paris, 1905.
Vera Hell :
Istanbul, Ankara und die antiken stätten an der westküste der Türkei, Hopfer Verlag Tübingen, 1959.
Ernst Langlotz :
Die kulturelle und künstlerische hellenisierung der küsten des mittelmeers durch die stadt Phokaia, Westdeutscher Verlag, Opladen, Köln, Janvier 1966.
Ettore Lepore :
Colonie greche dell’Occidente antico, La Nuova Italia Scientifica, Rome, 1989.
Suzan Özyiğit :
Foça = Phokaia, Arkadaş Matbaacılık, Kahramanlar, Izmir, 1998.
Félix Sartiaux :
De la nouvelle à l’ancienne Phocée; conférence faite à Marseille le 3 avril 1914, F. Lévy, Paris, 1914.
Note sur l’exploration de l’ancienne Phocée, par F. Sartiaux, en septembre-octobre 1913, Communication lue à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, le 6 janvier 1914.

 

 
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