Magnésie du Méandre (En
Grec :
Μαγνησία ἡ πρὸς
Μαιάνδρῳ
ou Μαγνησία ἡ ἐπὶ
Μαιάνδρῳ) fut une cité
Grecque
d’Ionie de taille considérable, située à un endroit important
commercialement et stratégiquement. Elle fut fondée vers 530 av.J.C, à l’Ouest de
l’Asie Mineure, non loin de
Pergame. Les ruines de la ville
sont situées à l’Ouest du village moderne de Tekin dans le district actuel de Germencik de la province d’Aydın sur la route de Selçuk.
Vue du site de Magnésie |
Aristote
(Philosophe
Grec, 384-322), dit dans ses Commentaires, que : "les Magnésiens des bords du Méandre étaient une colonie de
Delphes.
Ils offrirent aux étrangers le logement, le sel, l’huile, le vinaigre, la lumière, les lits, les tapis et les tables“.
On trouve aussi que la cité fut nommée d’après les Magnètes de
Thessalie qui s’installèrent le long de la zone avec des
Crétois.
Le territoire autour de Magnésie était extrêmement fertile et produisait d’excellents vins, des figues et des concombres.
Elle fut construite sur la pente du mont Thorax, sur les rives de la petite rivière Lethacus, un affluent du Méandre.
On retrouve Magnésie mentionnée, entre autres, dans les œuvres
d’Hérodote (Historien
Grec,
484-v.425), Diodore de Sicile (Historien
Grec, v.90-v.30) et
Pausanias (Géographe
Grec, v.115-v.180).
L’histoire…….
Magnésie
du Méandre fut, selon une légende, créée une génération avant la guerre de Troie.
Elle se situait en Ionie, mais parce qu’elle fut dirigée par
les Éoliens elle ne fut pas acceptée dans la Ligue Ionienne.
Puis elle passa sous la domination du Roi de Lydie,
Gygès (ou Guges ou Gýgês, en
Grec : Γύγης, 687-652).
Magnésie atteignit rapidement une grande puissance et prospérité et fut en mesure de rivaliser avec
Éphèse. Cependant, vers 655 (on trouve aussi entre 726 et 660), elle fut conquise et détruite par les
Cimmériens.
Le site fut alors abandonné, puis réoccupé et reconstruit par les Milésiens ou,
selon Athénée de Naucratis (Grammairien et historien
Grec, v. 170-v. 230), par les
Ephésiens et devint leur possession.
Vue de certaines fresques et bas-relief – Musée de Pergame – Berlin
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Elle fut ensuite occupée par les Perses Achéménides,
lors de la conquête de l’Asie Mineure par le Roi
Cyrus II le Grand (559-529).
Détruite, elle fut alors refondée sur un autre site, sur le fleuve Méandre, dans un lieu nommé Leucophrys (littéralement “Sourcils blancs“),
autour d’un sanctuaire dédié à la Déesse Artémis. Elle devint lors de la période
Perses la résidence du
Satrape de
Lydie.
Au Ve siècle av.J.C, l’Athénien exilé,
Thémistocle (ou Themistokles, v.525-v.460/459)
qui offrit ses services au Roi Artaxerxès I (465-424),
obtint le contrôle de Magnésie en récompense.
Il y établit sa résidence et y mourut en 400/399. Il est dit qu’elle fut plus tard reconstruite par le Général
Spartiate
Thibron († 391) après la guerre entre Sparte et
Corinthe.
Après la mort d’Alexandre le Grand (336-323), qui libéra les cités
Grecques
d’Asie Mineure, et du partage de son Empire, elle devint la possession
des Rois Séleucide jusqu’en 221
sous le règne du Roi Antiochos III Mégas (223-187).
Elle fut ensuite la propriété du royaume de Pergame
d’Eumène II (ou Eumènès, 197-159), allié des Romains. La ville connut
à cette période son apogée. En 196 Magnésie entra en guerre contre la ville de Milet qui se termina par un
accord de paix en 190. En 133 Magnésie fut rattachée à l’Empire Romain mais plus tard elle reçut le statut de ville libre par le
Général et Consul Romain Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78), en récompense à son soutien à Rome dans la guerre de ces derniers contre le Roi du
Pont,
Mithridate VI (120-63).
En 17 ap.J.C elle fut détruite par un tremblement de terre. Elle fut reconstruite 12 ans plus tard, avec ses fonds propres,
par l’Empereur Romain Tibère (14-37 ap.J.C). En 114 fut construite une église dite “paléochrétienne”, ses Évêques furent envoyés aux différents
conciles qui eurent lieu dans les siècles qui suivirent. Certaines sources prétendent qu’à cette époque elle prit le nom de Maeandropolis ?. L’existence de la ville à l’époque des Empereurs Marc Aurèle (161-180) et Gallien (253-268) est attestée par des pièces de monnaie. En 262, Magnésie fut pillée par les Goths et comme ses voisines
Éphèse et
Milet elle ne s’en remis jamais vraiment.
Lors de sa période Byzantine elle subit les assauts des Perses
Sassanides et des Seldjoukides (ou Seljoukides ou Saljûqides, membres d’une tribu Turque qui émigra du Turkestan vers le Proche-Orient
avant de régner sur l’Iran), servant de forteresse frontière Byzantine.
Pronaos du temple de Zeus Sosipolis avec
devant une statue d’Artémis Leucophryène – Musée de Pergame – Berlin
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L’archéologie
Magnésie fut érigée sur
un plan hippodamien. La ville et plusieurs monuments furent construits par Hermogène (Architecte
Grec, fin IIIe s.- début IIe s.).
Au XIXe siècle, trois campagnes de fouilles y furent menées pour les musées d’Istanbul, de Berlin et du Louvre, par des scientifiques Français, Allemands
et Britanniques. Les premières fouilles sur le site furent réalisées dans les années 1891-1893 par une équipe d’archéologues Allemands,
pour les musées de Berlin, et dirigées par Carl Humann. Il fut mis au jour, entre autres, les vestiges du temple de Zeus, du temple d’Artémis et
l’Autel de Pergame. Elles durèrent 21 mois et révélèrent également partiellement le théâtre, les agoras et le prytanée.
Après l’achèvement de la première saison (1893-1984), les fouilles furent arrêtées. Magnésie fut alors oubliée pendant près de cent ans
et les vestiges furent soumis aux sédiments alluviaux et furent érodés par l’eau de pluie, en partie jusqu’à 4/5 m d’épaisseur.
Les zones et les bâtiments recouverts durent être fouillés à nouveau.
Depuis 1984, l’Université d’Ankara et le ministère Turc de la Culture ont engagé de nouvelles fouilles dirigées par Orhan Bingöl.
Les constatations du site sont maintenant affichées aux musées d’Istanbul, Berlin et Paris.
Des copies du portique (pronaos) du temple de Zeus et d’une baie du temple d’Artémis peuvent être visitées au musée
de Pergame à Berlin (ou Pergamonmuseum). Une grande partie des vestiges architecturaux de Magnésie furent détruits depuis longtemps par
la population locale. Il fut dégagé sur le site :
– Une grande agora dallée de 26.000 m², entourée de portiques s’inspirant de ceux
d’une autre ville d’Ionie,
Priène.
– Un grand autel en forme de pi dont le modèle se mit en place à l’époque Hellénistique, comme à
Pergame.
Fragment de bas-relief soulignant l’autel
du temple d’Artémis Leucophryène – Musée de Pergame – Berlin
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– Le temple d’Artémis Leucophryène (ou Leukophryne) qui fut construit par Hermogène vers 130 av.J.C.
C’était un temple pseudodiptère (Se dit d’un édifice périptère dont
le péristyle est aussi large que celui d’un diptère) de huit colonnes par quinze, dans les mêmes proportions que celui de Zeus.
Il présente un fronton ouvert de trois baies quadrangulaires destinées à alléger la structure. Sa frise, une amazonomachie (littéralement le combat
des Amazones, est un thème iconographique fréquent dans l’Antiquité
Grecque et Romaine), est une des mieux
conservée de l’Antiquité. La plupart des objets mis au jour, les frises du temple, l’autel et autres reliefs etc..,
sont maintenant divisés entre les musées de Londres, Paris, Berlin et Istanbul.
– Le temple de Zeus Sosipolis, dégagé par Carl Humann de 1893 à 1895, qui fut construit également par Hermogène vers 130 av.J.C. Il est de style
Ionique et il fut érigé après une victoire de Magnésie sur la ville de
Milet. Ouvert vers l’Ouest, ce temple prostyle (Se dit d’un temple présentant une colonnade sur
sa seule façade antérieure) à 4 colonnes en façade, présente un pronaos (ou vestibule) et un opisthodome (Partie postérieure d’un temple, à l’opposé du pronaos,
où l’on déposait les offrandes) de mêmes dimensions. Les études sur ce bâtiments avant 1893, servirent de base pour la reconstruction
de la façade de pronaos au Musée de Pergame à Berlin (ou Pergamonmuseum).
– Des édifices datant de la période Romaine : Un théâtre, situé 500 m. au Sud-ouest du site en bordure de la route ; Un odéon qui se situe entre le temple
d’Artémis et le théâtre ; Un stade de 25.000 places ; Un autre théâtre resté inachevé ; Un gymnase sur le modèle de celui de
Milet ; Des bains.
Plus tard, à l’époque Byzantine, il fut érigé une basilique qui n’a pas encore été dégagée ainsi qu’un rempart, de la même époque, qui entoure le temple d’Artémis.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
Johannes Althoff :
– Ein meister des verwirklichens. Der archäologe Theodor Wiegand, Theodor Wiegand und die Villa in Dahlem, Klaus Rheidt and Barbara A. Lutz (ed.),
Philipp von Zabern, Mainz, 2004.
George Ewart Bean :
– Myus, Turkey, The Princeton encyclopedia of classical sites, University Press, Princeton, 1976.
Orhan Bingöl :
– Magnesia am Mäander / Magnesia ad Maeandrum, Ankara, 1998.
– Magnesia am Mäander / Magnesia ad Maeandrum. Die stadt von Artemis mit “weißen augenbrauen”, Homer Kitabevi, Istanbul, 2007.
Alain Davesne :
– La frise du temple d’Artémis à Magnésie du Méandre, Musée du Louvre, Institut Français d’Études Anatoliennes d’Istanbul, Adpf, Paris, 1982.
Emil Herkenrath :
– Der fries des Artemisions von Magnesia a. M., G. Schade, Berlin, 1902.
Carl Humann, Carl Watzinger et Julius Kohte:
– Magnesia am Maeander. Bericht über die ergebnisse der ausgrabungen der jahre 1891–1893, G.Reimer, Berlin, 1904.
Volker Kästner :
– Der tempel des Zeus Sosipolis von Magnesia am Mäander, pp : 230-231, Die Antikensammlung, Philipp von Zabern, Mainz, 1998,
Otto Kern :
– Die inschriften von Magnesia am Maeander, W.Spemann, Berlin, 1900.
Maria Luisa Napolitano :
– Philoktetes e l’arco : Dalla Magnesia all’Oeta, Accademia nazionale dei Lincei, Roma, 2002.
Sabine Schultz :
– Die münzprägung von Magnesia am mäander in der römischen kaiserzeit, G. Olms, Hildesheim, New York, 1975 – Akademie Verlag, Berlin, 1975.
Abdullah Yaylalı :
– Der fries des Artemisions von Magnesia am Maeander, Wasmuth, Tübingen, 1976.
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