Autres  Royaumes  et  Villes :
le Kizzuwatna,  la  Cilicie  et Tarse
 

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Le Kizzuwatna
 
La Cilicie
 
Tarse

 

Le Kizzuwatna

 
   Le Kizzuwatna (En Akkadien : Kizwatna, en Égyptien : Qiduwadana) est le nom donné à la région située au pied des monts Taurus, au Sud de l’Anatolie (Turquie aujourd’hui) et voisine de la Pamphylie à l’Ouest. Elle correspond presque à la Cilicie (Voir carte). Son emplacement exact a longtemps été controversé. Des anciens textes, accord entre les Hittites et le Roi du Kizzuwatna, définissaient les frontières des deux États et précisaient que le Kizzuwatna se situait sur la côte de la mer Méditerranée. Hugo Winkler localisa le Kizzuwatna dans le Nord de l’Anatolie, Albrecht Götze dans l’Anti-Taurus, au Nord-est de la Cilicie et au Nord d’Alep, enfin Emil Forrer, Fritz Schachermeyr, Sidney Smith et Arthur Ungnad, entre autres, en Cilicie, proposition qui est aujourd’hui largement acceptée par la communauté scientifique. La rivière Seyhan (ou Sarus ou Saros ou Samri) était la frontière entre le Hatti et Kizzuwatna. Cependant, les limites du royaume sont susceptibles d’avoir changé considérablement au fil du temps.

 

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   Le pays fut axé autour des rivières Ceyhan (ou Pyramos) et Seyhan (ou Sarus ou Saros ou Samri) et la capitale fut Kummanni (ou Kummeni, "Le sanctuaire"), un haut lieu du culte du Dieu Teshub (ou Teššup) et de son fils le Dieu Sharruma (ou Sarma ou Šarruma ou Sar-ru-um-ma ou LUGAL-ma, tsama). Au IIe millénaire, sous le nom de Kizzuwatna, la région fut occupée par une dynastie d’origine Hittite, mais sa population était composée majoritairement de Hourrites. D’ailleurs, la plupart des noms de personnes connues sont Hourrites. Le royaume fut riche car il contrôlait les mines d’argent du Taurus et possédait de riches terres agricoles.


   Les villes principales connues des textes, mais dont l’emplacement de certaines n’est pas encore bien défini, étaient : Kummanni (ou Kummeni ou Kummanna ou Kummiana) la capitale que quelques spécialistes pensent peut-être identique à la ville Grecque de Comana (ou Kommana ou Kommanae) en Cappadoce ; Aranas ; Erimma ; Lawazantiya, qui se situait probablement non loin de Kummanni et qui est peut-être identique à la Luhuz Antiya des tablettes Cappadocienne ; Luwanna ; Nerisa ; Pitura ; Tarsa (Peut-être Tarse ?) ; Terušša ; Uriga ; Urušša (ou Urrus ou Orossos) ; Zazlippa qui est peut-être identique à Zizzilippa ; Zinziluwa.

 

 

L’histoire…..


 

Traité entre Idrimi et Pilliya
– British Museum


   La plus ancienne trace enregistrée de ce royaume est celle décrite dans les annales du Roi Sargon d’Akkad (2334-2279), qui prétend avoir atteint les monts Taurus, mais aucune trace archéologique ne vient affirmer la présence d’Akkadiens dans cette région. Le Kizzuwatna fut pendant la période de l’Ancien Empire Hittite vassal de ces derniers. Le premier Roi dont on a connaissance est Ishputahshu (ou Isputahsu ou Išputahšu ou Išputaššu, v.1530 à v.1500). Il fut le fils de Pariyawatri qui n’était peut-être pas Roi. Afin de faire face à l’expansionnisme du Mitanni Hourrite, il signa un traité d’alliance avec le Roi des Hittites, Télépinu (ou Telebinu ou Télipinu ou Télépinou, v.1525-v.1500). Traité que son successeur Paddatishu (ou Paddatišu ou Paddatisu, v.1500 à v.1480) continua d’honorer. Mais cette coalition ne put faire face au Mitanni de l’Empereur Parattarna (ou Barattarna v.1480-v.1450) qui finit par annexer la région sous le règne du Roi suivant Pilliya (ou Pillija, v.1480 à v.1450).
 
   Pilliya passa alors alliance avec le Roi d’Alalah, Idrimi (v.1490-v.1450) ce qui ne changea pas la donne politique de la région celui-ci prêtant allégeance au Mitannien. Il changea d’allier et signa un accord de paix avec le Roi Hittite, Zidanta II (v.1465). À cette époque le Kizzuwatna s’étendait entre le Hatti et le Mitanni, les deux grandes puissances de la région qui se disputaient son territoire. Après le règne de Shunashshura I (ou Šunaššura ou Sunassura ou Schunaschschura, v.1450 à v.1440), le royaume retomba sous la domination des Hittites. Vers 1440, son fils, le Roi suivant, Talzu (ou Talzuš, v.1440 à v.1430) choisit le camps du Mitanni en se soumettant à Shaushtatar I (v.1440-v.1410), mais son fils et successeur, Shunashshura II (ou Šunaššura ou Sunassura ou Schunaschschura, v.1430 à v.1420) se querella avec l’Empereur et rejoignit, de nouveau, le camp des Hittites du Roi puis Empereur Tudhaliya I (v.1430-v.1420), avec qui il signa un traité vers 1420. Le successeur de celui-ci, Arnouwanda I (v.1420-v.1400), dès son arrivé au pouvoir annexa à son Empire le Kizzuwatna et plaça le royaume sous la tutelle des Princes Hittites. Cette domination Hittite perdura jusqu’à l’effondrement de leur Empire vers 1200. Le Kizzuwatna fut l’une des principales régions de l’Empire Hittite, au même titre que l’Arzawa ou l’Hanigalbat.
 
   Un corpus des textes religieux, appelé “les rituels de Kizzuwatna“, fut découvert à Hattousa la capitale Hittite. La Reine Hittite Poudoukhepa (ou Poudouhepot ou Puduhepa), épouse d’Hattousili III (1264-1234) résida un temps au Kizzuwatna où elle fut Prêtresse du temple d’Ishtar à Lawazantiya. Après la chute de l’Empire Hittite, le Kizzuwatna disparut. L’empire Hittite fut morcelé en petits royaumes que l’on qualifie de "néo-Hittite". Ces petits royaumes perdurèrent dans le Sud-est Anatolien et les provinces de Syrie du Nord. Des villes ou petites régions se constituèrent en cités-États : Alalah, Karkemish, Alep, la Commagène (ou Kummuhu), le Que (Région de Tarse), le Tabal (Autour de Kummanni) etc… Ces États abandonnèrent l’écriture Hittite cunéiforme au profit de l’écriture hiéroglyphique. Curieusement la langue utilisée était alors le Louvite (ou Luwite). La région du Kizzuwatna fut alors appelée Cilicie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Kizzuwatna voir les ouvrages de :
 
Paolo Desideri et Anna Margherita Jasink :
Cilicia. Dall’età di Kizzuwatna alla conquista macedone, Le Lettere editore, Firenze, 1990.
Marc Desti :
Les civilisations Anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Erich Ebeling, Dietz Otto Edzard et Ernst Weidner :
Kizzuwatna, De Gruyter, berlin, 1980.
Jacques Freu :
Luwia : Géographie historique des provinces méridionales de L’Empire Hittite : Kizzuwatna, Arzawa, Lukka, Milawatta, Centre de Recherches comparatives sur les Langues de la Méditerranée Ancienne, Université de Nice-Faculté des Lettres, 1980.
Albrecht Götze :
Kizzuwatna and the problem of Hittite geography, Yale university press, New Haven, 1940. 
Volkert Haas et Gernot Wilhelm :
Hurritische und luwische riten aus Kizzuwatna, Butzon & Bercker, Kevelaer, 1974 – Neukirchener Verlag, Neukirchen-Vluyn, 1974.
Hans Martin Kümmel :
Kizzuwatna, pp : 627–631, Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie 5, De Gruyter, Berlin, 1980.
James Galloway Macqueen :
The Hittites and their contemporaries in Asia Minor, Thames and Hudson, London, 1975 – Westview Press, Boulder, 1975.
Jared L.Miller :
Studies in the origins, development and interpretation of the Kizzuwatna rituals, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 2004.
Alice Mouton :
Les rituels de naissance Kizzuwatniens : Un exemple de rite de passage en Anatolie Hittite, De Boccard, Paris, 2008.
Sidney Smith :
Kizzuwatna and the problem of Hittite geography,  pp : 61-66,  Journal of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland, N° 1, Janvier 1942.
Rita Strauss :
Reinigungsrituale aus Kizzuwatna : Ein beitrag zur erforschung hethitischer ritualtradition und kulturgeschichte, De Gruyter, Berlin, 2006.

 

 

La Cilicie

 

   La Cilicie (ou Kilikien, en Grec : Κιλικία  Kilikia, en Latin : Cilicia, en Turc : Kilikya, en Arménien : Կիլիկիա, en Perse : klky’y, en Parthe : Kylky’) fut une ancienne région côtière dans le Sud-est de l’Asie Mineure. Elle correspond approximativement aux provinces Turques modernes d’Adana et Mersin. Le mot Cilicie dériverait des mots Grecs : Κιλικία, par allusion au buffle (ou bœuf), symbole de Tarse et  Τραχεία, signifiant taureau ou de Tor/Taur, racine sémitique désignant la montagne.
 

L’histoire…..

 
   La mythique Cilicie reçut comme fondateur éponyme, Cilix (Fils de Agénor et Téléphassa), mais le fondateur historique de la dynastie qui régna sur la Cilicie Pœdia (ou Pédias ou Pedias) fut Mopsos (ou Mopsus, en Grec : Μόψος), le fils du Dieu Apollon, identifiable dans les sources en tant que, Mpš le Phénicien, le bâtisseur de la cité de Mopsueste (ou Mamistra ou Misis, aujourd’hui Tkish) sur le fleuve Pyrame. Après la chute de l’Empire Hittite, le Kizzuwatna disparut. L’empire Hittite fut morcelé en petits royaumes que l’on qualifie de "néo-Hittite". Ces petits royaumes perdurèrent dans le Sud-est Anatolien et les provinces de Syrie du Nord. Des villes ou petites régions se constituèrent en cités-États : Alalah, Karkemish, Alep, la Commagène (ou Kummuhu), le Que (Région de Tarse), le Tabal (Autour de Kummanni) etc…  La région du Kizzuwatna fut alors appelée Cilicie.
 
   En 715, la région de Cilicie, fut annexée par les Assyriens, puis elle devint au VIe siècle la 4e satrapie de l’Empire Perse Achéménide. Une délégation de Cilicie figure sur des bas-reliefs à Persépolis. Sous l’Empire Perse la Cilicie fut apparemment quand même régis par des Rois qui en étaient natif et qui portaient des noms hellénisés ou le titre de "Syennesis". Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) trouve une Reine au pouvoir qui n’aurait opposé aucune force contre la marche de Cyrus le Jeune, fils du Roi Perse Darius II(423-404). Celui-ci avait été envoyé en 408 par son père pour faire face au soulèvement de la Médie et de la Lydie qui avait commencé en 409.
 
   En 333, lors de la libération de la région, Alexandre le Grand (336-323) n’eut aucun mal à traverser les cols qui séparaient la Cilicie du centre de l’Asie Mineure. De ce fait, on peut déduire que les grands cols n’étaient pas sous le contrôle direct des Perses, mais sous celui d’un vassal au pouvoir, toujours prêt à se retourner contre son Suzerain. Après la mort d’Alexandre, la région fut longtemps un champ de bataille entre les différents royaumes hellénistiques, pour finalement passer sous domination des Séleucides à l’époque de leur Roi Antiochos IV Épiphane (175-164). Cependant, ils ne gouvernèrent efficacement que guère plus de la moitié orientale. Puis la Cilicie fut conquise par les Romains qui l’érigèrent en province. Cette dernière était bordée alors au Nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’Est par la Pisidie et la Pamphylie, au Sud par la Méditerranée et au Sud-est par le mont Amanos (Mont Gavurdağı), qui la séparait de la Syrie. Elle correspondait approximativement à la province actuelle d’Adana.
 
   À cette époque la Cilicie est aussi connue pour avoir été une base des pirates qui sévissaient en Méditerranée orientale. En 67, le Romain Pompée (106-48) à la suite d’une bataille à Korakesion (Alanya moderne) mit un terme à cette "domination" et la région devint une province Romaine avec pour capitale Tarse.
 
   On distingua alors :
• La Cilicie Trachée (ou Montagneuse ou Robuste, en Grec : Κιλικία Τραχεία, en Assyrien : Khilakku ou Khilikku, parfois transcrit comme Hilakku ou Hilikku) qui se situait face à Chypre avec pour capitale à Korakesion. C’était un district montagneux et accidenté, formé par les éperons rocheux des monts Taurus, qui souvent abritaient des petits ports. Ceux-ci constituant une chaîne de refuges pour les pirates, mais qui au Moyen-âge conduira à son occupation par des commerçants Génois et Vénitiens. Cette région est arrosée par le Calycadnus et était recouverte par des forêts qui fournissaient du bois pour la Phénicie et l’Égypte. On ne connaît aucune grande ville.
 
• La Cilicie Pœdia (ou Pédias, c’est à dire plane, ou Pédicule ou Champêtre, en Grec : Κιλικία Πεδιάς, en Assyrien : Kue) à l’Est fut la plus riche. Elle possédait une grande plaine côtière, avec des sols riches où l’on cultivait le coton, les céréales, les olives et les oranges. Beaucoup de ses hauts lieux furent fortifiés. La plaine était arrosée par le Cydnus (ou Cydnos ou Çay Tarse), le Seyhan (ou Sarus ou Saros ou Samri) et la rivière Pyrame. Les principales grandes villes étaient : Tarse (ou Tarsa ou Tarsous) sur le Cydnus ; Adana (ou Adanija ou Adaniya) sur le Seyhan et Mopsueste sur la Pyrame.
 
   La mythologie Grecque mentionne aussi une autre Cilicie. Une petite région située immédiatement au Sud-est de Troie dans le Nord-ouest de l’Asie Mineure, orientée sur le golfe d’Edremit (ou Adramyttium). La connexion (si elle existe) entre cette Cilicie, qui semble avoir été sous la domination de Troie et la région la plus connue et bien définie mentionnée ci-dessus, n’est pas claire. Cette Cilicie est mentionnée dans “l’Iliade” d’Homère et par Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), et comprenait des viles toutes aussi obscures comme : Thèbes, Lyrnessus et Chryse. Thèbes était située sous le mont Placus, qui semble n’avoir été rien de plus qu’un petit éperon du mont Ida, et le lieu de naissance d’Andromaque, épouse du Prince Hector. Les villes de Cilicie : Thèbes, Chryse et Lyrnessus auraient ensuite été attaquées et saccagées par Achille pendant la guerre de Troie.
 
   La Cilicie fut réorganisée en 47 av.J.C par Jules César (100-44) et aux environs de 27 av.J.C elle devint une partie de la province de Syrie-Cilicie-Phénicie. Vers 65 ap.J.C, elle fit partie un temps du royaume d’Arménie de Tigrane VI (59-62) qui y nomma Roi son fils Alexandre, puis elle redevint Romaine. Au début, la partie Ouest fut laissée à des Rois indépendants (ou des dynastes-Prêtre) et dans l’Est du pays un petit royaume, sous Tarkondimotos (ou Tarkondimotus ou Tarcondimotus Filantonio, 39-31) fut libre, mais ils furent finalement réunis à la province par l’Empereur Vespasien (69-79), en l’an 74 pour être régie par un Proconsul. Sous l’Empereur Dioclétien (284-305), vers 297, la Cilicie fut régie par un Consul, avec les provinces de Syrie, de Mésopotamie, d’Egypte et de Libye. Elle fut alors divisée en trois parties : L’Isaurie au Sud d’Iconium (ou Konya), qui correspond approximativement aux provinces Turques de Konya et d’Antalya ; La Cilicia Prima avec comme capitale Tarse, qui correspond approximativement à la province de Mersin et une partie de la province d’Adana ; La Cilicia Secunda avec comme capitale Anazarbe (ou Aǧaçli), qui correspond approximativement à l’Est de la province d’Adana et les districts maritimes de la province d’Hatay. Au VIIe siècle la Cilicie fut envahie par les arabes.

 

Bibliographie

 
  Pour d’autres détails sur la Cilicie voir l’ouvrage de :
 
Olivier Casabonne :
La Cilicie à l’époque Achéménide, Éditions De Boccard, Paris, 2004.
Marc Desti :
Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Paolo Desideri et Anna Margherita Jasink :
Cilicia. Dall’età di Kizzuwatna alla conquista macedone, Le Lettere editore, Firenze, 1990.
Alif Erzen :
Kilikien bis zum ende der perserherrschaft, Robert, Noske, Borna, Leipzig, 1940.
Eric Jean, Ali M Dinçol et Serra Durugönül :
La Cilicie : Espaces et pouvoirs locaux : (2e millénaire av.J.C- IVe s. ap.J.C.), Actes de la table ronde internationale d’Istanbul, 2-5 novembre 1999, Librairie de Boccard, Paris, 2001.
Paul Kazandjian :
Horizons Arméniens : Le voyage en Cilicie, Astrig, Paris, 2008.
Victor Langlois :
Voyage dans la Cilicie et dans les montagnes du Taurus : Exécuté pendant les années 1852-1853…, B. Duprat, Paris, 1861.
Edoardo Levante :
Cilicie, Département des monnaies, médailles et antiques, Sylloge nummorum graecorum, Bibliothèque nationale, Paris, Numismatica ars classica, Zürich, 1993.
Claude Mutafian :
La Cilicie au carrefour des Empires, Belles Lettres, Paris, 1988.
Robert Normand :
La Cilicie, Armand Colin, Paris, 1920.

 

 

Tarse

 
   Tarse (ou Tarsa ou Tarsisi, en Turc : Tarsus, en Grec : Ταρσός  Tarsos, en Arménien : Տարսոն  Tarson) est située sur le Cydnus. Le développement de Tarse remonte à la période néolithique et chalcolithique et continua sans interruption à travers l’âge de bronze. Ce fut un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. La colonie de Tarse était située au croisement de plusieurs routes commerciales importantes, reliant l’Anatolie à la Syrie et au-delà. Ses ruines sont couvertes par la ville moderne et de ce fait elle n’est pas très bien connue archéologiquement.

 


 

Vue du site de Tarse

L’histoire…..

 
   La ville fut peut-être d’origine Sémite et est mentionnée sous le nom de Tarsisi dans les campagnes de l’Empereur d’Assyrie Salmanasar I (1275-1245), ainsi que plusieurs fois dans celles de Sennachérib (705-681) et d’Assarhaddon (681-669). Des légendes y sont rattachées. Une première renvoie à la mémoire de Sardanapale (Assurbanipal, 669-631 ou 626) qui est toujours conservée dans le Dunuk-Tach, appelé "tombeau de Sardanapale", un monument dont l’origine est inconnue.
 
   Étienne de Byzance (Écrivain Byzantin, VIe siècle ap.J.C) rapporte une autre légende : Anchiale, fille de Japet, aurait fondée Anchiale, une ville près de Tarse, son fils Cydnus, donna son nom à la rivière de Tarse, le fils de Cydnus, Parthenius donna son nom à la ville appelée Parthenia qui après prit le nom de Tarse. Mais une bonne partie de ces légendes de la fondation de Tarse sont parues à l’époque Romaine et aucune d’elle n’est fiable.
 
   Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) dit que Tarse fut fondée par des habitants d’Argos qui découvrirent cette côte ?. Une autre légende affirme que le cheval ailé Pégase se perdit et atterrit à Tarse le pied blessé et donc la ville fut nommée "tar-sos" (De la plante des pieds). Les autres candidats fondateur légendaire de la ville comprennent le héros Persée, Triptolème fils de la Déesse Déméter (Déesse de l’agriculture et des moissons, sans doute parce que la campagne autour de Tarse a d’excellentes terres agricoles). Plus tard, la monnaie de Tarse porta l’image d’Hercule en raison d’un autre conte dans lequel le héros y était retenu prisonnier par le Dieu local, Sandon. Tarse fut aussi suggérée comme l’identification probable dans la Bible de Tarsis où le Prophète Jonas fuit, bien que Tartessos en Espagne a également été proposée pour la même raison.


 

Autre vue du site

 
   Tarse fut d’abord dominée par les Hittites, puis par l’Assyrie, puis par l’Empire Perse Achéménide. Elle fut le siège d’une satrapie Perse à partir de 400. En effet Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) rapporte qu’en 401, quand les armées de Cyrus le Jeune, fils du Roi Perse Darius II (423-404), marchèrent contre Babylone, la ville était gouvernée par le Roi Syennesis au nom de Cyrus. En 333, Alexandre le Grand (336-323) avec ses armées libérera la cité de la domination Perse. On y rapporte qu’il serait tombé malade après un bain dans le Cydnus.
 
   À cette époque Tarse était déjà très hellénisée et elle tomba ensuite sous le joug de l’Empire Séleucides. Strabon fait l’éloge du niveau culturel de Tarse au cours de cette période avec ses philosophes, ses poètes et ses linguistes. Les écoles de Tarse rivalisaient avec celles d’Athènes et d’Alexandrie. En son temps, la bibliothèque de Tarse aurait contenu 200.000 livres, une immense collection de travaux scientifiques. Plus tard le Romain Pompée (106-48) soumis la région et Tarse devint capitale de la province Romaine de Cilicie (Caput Ciliciae) et la métropole, où résidait le Gouverneur. En 66, les habitants reçurent la citoyenneté Romaine. Pour flatter Jules César (100-44), la cité prit le nom Juliopolis.
 
   Tarse est aussi connu pour avoir été le lieu de la première rencontre entre Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30) et Marc Antoine (83-30). Lorsque la province de Cilicie fut divisée, Tarse resta la capitale de la région de Cilicie Pœdia (ou Pédias). Elle resta une ville prospère sous l’époque Romaine qui était réputée pour le tissage de la toile. Ce fut une grande cité avec des palais, des marchés, des routes et ponts et une distribution d’eau, des thermes, des fontaines, un gymnase sur les rives du Cydnus, un stade et l’Église de Saint-Paul.  Tarse fut la ville natale de Saint Paul (10 ap.J.C-65), un juif et citoyen Romain du nom de Saül. La cité sera éclipsée par la suite du fait de la proximité d’Adana, mais elle resta un important port et chantier naval. Plusieurs Empereurs Romains y furent enterrés : Tacite Marcus Claudius (275-276), Maximin II Daia (308-313) et Julien l’Apostat (360-363). La ville fut un haut lieu de la philosophie Stoïcienne. Tarse abrita l’une des premières églises Chrétiennes d’Asie Mineure. Trois Conciles ecclésiastiques se tinrent dans la cité. Elle fut un ancien évêché.

 

Quelques personnages célèbres de Tarse :

 
Antipater de Tarse (Ou Antipatros, en Grec : ‘Aντίπατρος), 150-129 : Philosophe Stoïcien, disciple de Diogène de Babylone, il fut le maître de Panétios de Rhodes et un adversaire de Carnéade.
Athénodore Cordylion (Ou Athénodoros Kordylion, en Grec : Κορδυλίων Αθηνόδωρος), début à mi Ier siècle av.J.C. : Philosophe Stoïcien, gardien de la bibliothèque de Pergame.
Athénodore de Tarse (ou Athénodore le Canaanite, en Grec : Αθηνόδωρος Κανανίτης), 74-7 av.J.C : Philosophe Stoïcien, professeur d’Octave (Futur Empereur Auguste).
Boniface de Tarse, † 306/307 ap.J.C : Martyr de Tarse tué lors de la persécution des Chrétiens sous l’Empereur Galère (250-311).
Chrysippe de Tarse (ou Chrysippe de Soles, en Grec : Χρύσιππος Σολεύς  Ho Soleus Chrysippos), v.280-206 : Philosophe Stoïcien. Il fut le deuxième Scolarque du Portique, après Cléanthe, de 232 à 206. Il est le second fondateur du stoïcisme, après Zénon de Cition en 301.
Diodore de Tarse (Ou Diodoros, en Grec : Διόδωρος), 330-393/394 : Il fut le supérieur d’un monastère et un des chefs de file de l’école théologique d’Antioche. Il devint Evêque de Tarse en 378. Il fut fervent partisan de l’orthodoxie de Nicée et il joua un rôle central dans le Concile de Constantinople. L’Empereur Théodose Ier l’appelait le “boulevard de l’orthodoxie“.
Julien de Tarse (ou Julien d’Antioche), † entre 305 et 311 : Martyr Chrétien tué lors de la persécution des Chrétiens sous l’Empereur Galère (250-311). Son corps fut jeté à la mer dans un sac lesté de sable. Il fut repêché et enterré à Antioche.
Nersès IV Chnorhali (en Arménien : Ներսես Լամբրոնացի Nerses Lambronatsi “Nersès le Gracieux”), 1102-1173 : Catholicos de Cilicie (Archevêque de Tarse dans le Royaume Arménien de Cilicie) de 1166 à 1173 sous le nom de Nersès IV. Il fut aussi une des figures les plus importantes de la littérature Arménienne et de l’histoire ecclésiastique.
Paul de Tarse (ou Saint Paul pour les Catholiques ou Saul de Tarse ou Paulos, en Grec : Παλος, en Hébreu : שָׁאוּל  Scha’ul, en Latin : Saul), v.5/8–v.67 : Apôtre, missionnaire, martyr et Saint. Il fut un des plus influents missionnaires Chrétiens dans son expansion initiale. Ses écrits forment une partie considérable du Nouveau Testament (livre des Actes des Apôtres et Épîtres de Paul).
Théodore de Tarse, 602-690 : 8e Archevêque de Canterbury, mieux connu pour sa réforme de l’Eglise Anglicane et l’établissement d’une école de Canterbury.

 

   

La porte de Cléopâtre à Tarse, est connue sous le nom de "Porte de la Mer". Elle est encore debout après quelques restaurations. Il est dit que Cléopâtre, en 41, prit le bateau pour Cydnus déguisée en Aphrodite et passa au travers de cette porte et sur son chemin elle rencontra Marc Antoine.

 

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Hans Böhlig :
Die Geisteskultur von Tarsos im augusteischen zeitalter : Mit berücksichtigung der paulinischen schriften, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 1913.
Afif Erzen :
Kilikien bis zum Ende der perserherrschaft, Robert Noske, Borna, Leipzig, 1940.
Jean-Baptiste Michel :
Paul de Tarse : Le voyageur du Christianisme, Bayard, Paris, 2008.
Edward Theodore Newell :
Tarsos under Alexander, Obol International, Chicago Ill, 1981.
Jacques Schlosser :
Paul de Tarse, Association catholique française pour l’étude de la Bible, Éditions du Cerf, Paris, 1996.
Charles Bradford Welles :
Hellenistic Tarsus, Collection : Mélanges de l’Université Saint Joseph 38, N°2, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1962.

 

 
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