Les cités Phrygiennes :
Apamée
 

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Sommaire
 

Localisation
L’histoire
La paix d’Apamée
Bibliographie

  Voir aussi :  Antioche de Pisidie, (ou Antioche de Phrygie), Gordion,
        
Les Phrygiens Les Peuples de la mer

 

Localisation

 
   Apamée de Phrygie (ou Apameia ou Apamea, anciennement Kibôtos ou Cibotus, en Grec : Απάμεια κιβωτός) fut une ancienne ville d’Asie Mineure fondée par le Roi Séleucide, Antiochos I Sôter (280-261. Il la nomma ainsi en souvenir de son épouse Apama I et non pas de sa mère comme l’on trouve souvent. La ville fut érigée près du site de Celaenae (ou Kelainai ou Kélainai ou Celaenæ), la capitale de la Satrapie Achéménide de la Grande PhrygieXerxès I (486-465) fit bâtir un palais à son retour de Grèce. Le site, qui aujourd’hui surplombe la vallée, est entièrement occupé par la ville nouvelle de Dinar, parfois également appelée localement Geiklar, "les gazelles". Parmi les vestiges du site on trouve un théâtre et un grand nombre d’importantes inscriptions Gréco-romaine. Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C – Livre XII) dit que la ville se trouvait à la source (Ekbolais) de la Marsyas et que la rivière coulait ensuite à travers le milieu de la ville, puis devenait un torrent violent qui se jetait dans le fleuve Méandre (Aujourd’hui le Büyük Menderes en Turquie), après que ce dernier soit rejoint par l’Orgas, appelé Catarrhactes par Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 – Enquête VII. 26).
 
   Apamée ne doit pas être confondue avec d’autres cités du même nom comme :
Apamée sur l’Oronte (ou Qalaat El Madiq ou Apharnaké ou Pharmaké ou Pella) qui est une ville de Syrie, située sur le rive droite de l’Oronte.
• Apamée sur le Tigre (ou Apamée de Babylonie), près de l’Euphrate (Aujourd’hui en Irak).
• Apamée Sittacène sur le Tigre (Aujourd’hui en Irak).
• Apamée de Médie près de Laodicée (Nahavand, Iran), l’emplacement précis pour ces trois dernières est encore aujourd’hui inconnu.
• Apamée Myrléa, anciennement Myrléa et Brylleion, en Bithynie, sur les rives de la mer de Marmara, actuellement près de Mudanya dans la province de Bursa en Turquie.
• Apamée sur l’Euphrate, en Osroène, en face de Zeugma sur la rive droite de l’Euphrate, maintenant inondée par le barrage de Bilecik (ou Birecik) en Turquie.
• Apamée Ragiana (ou Apamée Raghiane), au Sud de la mer Caspienne en Parthie, actuellement en Iran.

 

  Pour plus de détails voir : La carte de Phrygie

 


 

Mosaïque d’Apamée

L’histoire…….

 
   Lorsque le Roi Séleucide Antiochos I Sôter (280-261) décida de la construction d’Apamée, il fit déplacer les premiers habitants de Celaenae (ou Kelainai ou Kélainai ou Celaenæ) qui furent contraints de s’installer plus loin sur la rivière (Strabon, Livre XII 577). Flavius Josèphe (ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, historien Juif, 37-v.100) rapporte (Les antiquités Judaïques, Livre XII, 3, § 4) que le Roi Séleucide Antiochos III Mégas (223-187) y fit installer beaucoup de familles Juives. La cité devint le siège du pouvoir Séleucide sur la région et un centre Gréco-romain et Gréco-hébraïque du commerce. Ce fut dans la ville qu’Antiochos III Mégas recruta en 190 l’armée avec laquelle il rencontra les Romains à la bataille de Magnésie du Sypile (Aujourd’hui Manisa, Turquie).
 
   Il fut battu à plusieurs reprise par ses derniers et contraint de signer une paix déshonorante pour les Séleucides appelée la "Paix d’Apamée" (Voir ci-dessous). Après le départ pour l’Est d’Antiochos III la ville devint la possession du royaume de Pergame, qui était alors composé de la Lydie, la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie et la Chersonèse, alliés des Romains. Lorsque celui-ci, en 133, fut absorbé par les Romains, Apamée passa sous la tutelle du Roi du Pont, Mithridate V Évergète (156-123 ou 120). Elle resta possession du Pont jusqu’en 120. Pendant la guerre qui suivit entre les Romains et le Roi du Pont suivant, Mithridate VI (120-63) la cité devint un grand centre pour le commerce, qui était en grande partie exercé par des résidents Italiens et par les Juifs. En 62 av.J.C, par ordonnance de Flaccus, une grande partie de la fortune des Juifs, près de 45 kg d’or destinés au temple de Jérusalem, fut confisquée à Apamée.


 

Monnaie bronze d’Apamée – IIe/Ier siècle av.J.C

 
    Puis la ville devint la capitale (conventus iuridicus) de la province Romaine d’Asie. En 84, le Général et homme politique Romain Sylla (ou Lucius Cornélius Sulla, 138-78) fit le siège de la cité reprise par Mithridate VI et réaffirma la primauté Phrygienne entre les villes. Strabon écrit, "Apamée est un lieu de commerce de la province Romaine de l’Asie, et a pris toute son importance à Éphèse". Son commerce se développa rapidement en raison de sa situation géographique sur la grande route de la Cappadoce et aussi car elle fut le carrefour d’autres routes commerciales.
 
   Lorsque Cicéron devint Proconsul de Cilicie, en 51, Apamée passa sous sa juridiction, mais la cité rejoignit ensuite la province d’Asie. Pline l’Ancien (ou Caius Plinius Secundus, écrivain et naturaliste Romain, 23-79) énumère six villes qui appartenait à la conventus d’Apamée et il fait observer qu’il y en avait neuf autres plus petite. À partir de cette période, Apamée frappa ses propres pièces de monnaies. Le nom de Cibotus apparaît sur certaines pièces d’Apamée et il est suggéré qu’elle fut ainsi appelée du fait de sa richesse, le nom viendrait de Kibôtos (En Grec) qui est un coffre ou coffret. Pline l’Ancien dit qu’elle a d’abord été Celaenae (ou Kelainai ou Kélainai ou Celaenæ), puis Cibotus (Kibôtos), puis Apamée ce qui n’est pas complètement exact, car Celaenae fut un lieu différent d’Apamée, certes très près mais à la base différent.


 
Autre monnaie d’Apamée sous Julia Domna (v.180)

 
   La région fut plusieurs fois ébranlée par des tremblements de terre qui détruisirent en partie la cité. L’un est enregistré comme ayant eu lieu sous le règne de l’Empereur Romain Claude (41-54 ap.J.C) selon Tacite (Homme politique et historien Romain, v.56-v.120, les annales Livre XII. 58). À cette occasion le paiement des taxes aux Romains fut suspendu pendant cinq ans par ceux-ci afin de laisser la ville se rebâtir. Nicolas de Damas (Juif Hellénisé du Ier siècle av.J.C, secrétaire, professeur et ami d’Hérode le Grand) enregistre un violent tremblement de terre à Apamée à une date antérieure, il le situe au cours de la guerre de Rome contre Mithridate VI (120-63). Il écrit : "Les lacs sont apparus là où aucun avant ne se trouvait et les rivières et les sources qui étaient avant en si grand nombre ont disparu".
 
   Strabon (Livre XII. p. 579) parle aussi de cette grande catastrophe et d’autres à une période antérieure. Apamée continua d’être une ville prospère sous l’Empire Romain. Son déclin date de la désorganisation de l’Empire au IIIe siècle ap.J.C. Elle fut pourtant un évêché dont l’Evêque aurait participé au Concile de Nicée (325), mais dans l’Empire Byzantin, elle ne fut plus l’important centre commercial et militaire d’autres fois. Puis elle fut prise en 638 par les arabes. Les historiens s’accordent généralement à dire que la présence arabe, à partir du VIIe siècle, entraîna un déclin général des villes d’Anatolie. Pendant une longue période, Apamée aura été l’une des plus grandes villes d’Asie Mineure, commandant la route du Méandre, mais quand les routes de commerce furent détournées à Constantinople, elle périclita rapidement et sa ruine fut complétée par un tremblement de terre.

  
Apamée dans la tradition Juive

 
   Apamée est mentionnée dans le Talmud. Les passages relatifs à la sorcellerie à Apamée (Ber. 62a) et à un rêve à Apamée (Niddah, 30b) doivent probablement se référer à l’Apamée de Phrygie, qui est considérée comme une lointaine et fabuleuse destination. De même, le passage très débattu, Yeb. 115b, qui traite du voyage d’Isaac, doit également être interprété comme signifiant un voyage de Corduène (ou Gorduene ou Cordyene ou Cardyene ou Gordyene, ancienne région située au Nord de la Mésopotamie) à Apamée en Phrygie.
 

La  paix  d’Apamée

 
   Le traité d’Apamée de 188 fut un traité de paix entre la république Romaine et le Roi Séleucide, Antiochos III Mégas (223-187) qui fut signé dans la ville d’Apamée de Phrygie (Anciennement Kibôtos ou Cibotus, en Grec : Απάμεια κιβωτός). Lors de son règne, Antiochos III Mégas se constitua par ses conquêtes un immense Empire et rien ne semblait pouvoir l’arrêter. Cependant le Roi Séleucide finit par être vaincu. En 191, le Consul Romain Manius Acilius Glabrio le battit aux Thermopyles. Puis, les Romains furent encore vainqueurs en 190, à la bataille de Magnésie du Sypile (Aujourd’hui Manisa, Turquie) et dans une bataille navale près de Rhodes où ils écrasèrent la flotte Séleucide. En 188, Antiochos III fut contraint de signer avec Rome, à Apamée, un traité plus que déshonorant pour les Séleucides appelé : la paix d’Apamée. Ce fut en fait un nouveau partage de l’Asie Mineure (Voir carte ci dessous) où Antiochos III dut renoncer à ses conquêtes dans cette région à l’Ouest du Taurus, au profit essentiellement du royaume de Pergame d’Eumène II (ou Eumènès, 197-159), allié des Romains. Royaume qui était alors composé de la Lydie, la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie et la Chersonèse et d’Halicarnasse (regroupant Rhodes, la Carie et la Lycie). De plus le Sénat Romain lui interdit de traverser la limite du Taurus et d’entretenir une flotte en mer Egée.
 
   Antiochos III garda la Pamphylie et la Cilicie ainsi que des régions en Anatolie. Selon Appien (Historien Grec, 90-v.160), dans ce traité, Antiochos III dut aussi livrer : Les navires qui lui restait, sauf dix qu’il garda afin de maintenir toutes révoltes de ses sujets dans son royaume et ses éléphants de guerre dont il dut arrêter l’élevage. De plus il eut interdiction de recruter des mercenaires en Grèce où dans les territoires Romains, ni s’entendre avec des fugitifs de l’Empire. Antiochos III dut donner vingt otages, que le Consul Romain choisit lui même, les otages devaient être changés tous les trois ans, sauf le fils d’Antiochos qui resta à Rome. Enfin il dut payer une indemnité de guerre de 2.500 talents de suite et 12.000 talents sur douze ans. Antiochos III, qui avait rétabli l’Empire Séleucide au début de son règne, dut finalement renoncer à maintenir son influence sur l’Est de la Méditerranée parce qu’il avait sous-estimé la puissance de Rome. Cette dette le poussa à une campagne en Perse (ou en Susiane ?) afin d’en piller les temples. Prenant le prétexte de l’indemnité à payer, il monta cette nouvelle expédition à l’Est du Luristan. Il tenta alors de s’emparer du trésor d’un temple dans le royaume d’Élymaïs (ou Elymais) en Perse (on trouve aussi la même histoire avec Suse ?), mais la population de la ville se révolta et il fut tué le 3 (ou 4) Juillet 187.

 

  Pour d’autres détails voir aussi :  L’histoire des Séleucides

 

Répartition de l’Asie Mineure au traité d’Apamée – 188

 

 
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Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité voir les ouvrages de :
 
Klaus Belke et Norbert Mersich :
Phrygien und Pisidien, Tabula Imperii byzantini 7, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1990.
Pierre Cabanes :
Le monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Nouvelle histoire de l’Antiquité vol. 4, Collection : Points Histoire, Éditions du Seuil, Paris, 1995.
Michel Christol et Thomas Drew-Bear :
Un castellum romain près d’Apamée de Phrygie, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Wien, 1987.
Alain Renaud :
L’impérialisme Romain en Judée de la paix d’Apamée à la conquête de Jérusalem par Pompée, Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa, Janvier 1993.
Claude Vial :
Les Grecs : De la paix d’Apamée à la bataille d’Actium : 188-31, Nouvelle histoire de l’Antiquité vol. 5, Éditions du Seuil, Paris, 1995.

 

 

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