La
Cilicie (ou Kilikien, en Grec :
Κιλικία Kilikia,
en Latin : Cilicia, en Turc : Kilikya, en
Arménien :
Կիլիկիա, en
Perse : klky’y, en
Parthe : Kylky’) fut une ancienne région
côtière
dans le Sud-est de l’Asie Mineure.
Elle correspond approximativement aux provinces Turques modernes d’Adana et Mersin.
Le mot Cilicie dériverait des mots
Grecs : Κιλικία, par allusion au buffle (ou bœuf), symbole de
Tarse et
Τραχεία,
signifiant taureau ou de Tor/Taur, racine sémitique désignant la montagne.
L’histoire…..
La
mythique Cilicie reçut comme fondateur éponyme, Cilix (Fils de Agénor et Téléphassa), mais le fondateur historique de la
dynastie qui régna sur la Cilicie Pœdia (ou Pédias ou Pedias) fut Mopsos (ou Mopsus, en
Grec :
Μόψος), le fils du Dieu Apollon, identifiable dans les sources en tant que, Mpš le
Phénicien,
le bâtisseur de la cité de Mopsueste (ou Mamistra ou Misis, aujourd’hui Tkish) sur le fleuve Pyrame.
Après la chute de l’Empire
Hittite, le
Kizzuwatna disparut.
L’empire Hittite fut morcelé en petits royaumes
que l’on qualifie de
"néo-Hittite".
Ces petits royaumes perdurèrent dans le Sud-est Anatolien et les provinces de Syrie du Nord. Des villes ou petites
régions se constituèrent en cités-États :
Alalah,
Karkemish,
Alep,
la Commagène (ou
Kummuhu), le Que (Région de Tarse), le Tabal (Autour de Kummanni) etc… La région du
Kizzuwatna fut alors appelée Cilicie.
En 715, la région de Cilicie, fut annexée par les
Assyriens, puis elle devint au VIe siècle
la 4e satrapie de
l’Empire
Perse Achéménide. Une délégation de Cilicie figure sur des bas-reliefs à
Persépolis. Sous l’Empire
Perse la Cilicie fut apparemment quand même
régis par des Rois qui en étaient natif et qui portaient des noms hellénisés ou le titre de "Syennesis".
Xénophon
(Philosophe, historien et maître de guerre
Grec, v.430-v.355) trouve une Reine
au pouvoir qui n’aurait opposé aucune force contre la marche de
Cyrus le Jeune,
fils du Roi Perse
Darius II(423-404). Celui-ci
avait été envoyé en 408 par son père pour faire face au soulèvement de la
Médie et de la
Lydie qui avait commencé en 409.
En 333, lors de la libération de la région,
Alexandre le Grand (336-323)
n’eut aucun mal à traverser les cols qui séparaient la Cilicie du centre de l’Asie Mineure. De ce fait, on peut déduire que
les grands cols n’étaient pas sous le contrôle direct des
Perses,
mais sous celui d’un vassal au pouvoir, toujours prêt à se retourner contre son Suzerain. Après la mort
d’Alexandre,
la région fut longtemps un champ de bataille entre les différents royaumes hellénistiques, pour finalement passer sous
domination des
Séleucides à l’époque de leur Roi
Antiochos IV Épiphane
(175-164). Cependant, ils ne gouvernèrent efficacement que guère plus de la moitié orientale.
Puis la Cilicie fut conquise par les Romains qui l’érigèrent en province. Cette dernière était bordée alors au Nord par la
Cappadoce et la Lycaonie, à l’Est
par la Pisidie et la
Pamphylie, au Sud par la Méditerranée et au Sud-est par le mont
Amanos (Mont Gavurdağı), qui la séparait de la Syrie. Elle correspondait
approximativement à la province actuelle d’Adana.
À cette époque la Cilicie est aussi connue pour avoir été une base des pirates qui sévissaient en
Méditerranée orientale. En 67, le Romain Pompée (106-48) à la suite d’une bataille à Korakesion (Alanya
moderne) mit un terme à cette "domination" et la région devint une province Romaine avec pour capitale
Tarse.
On distingua alors :
• La Cilicie Trachée (ou Montagneuse ou Robuste, en
Grec :
Κιλικία Τραχεία, en
Assyrien : Khilakku ou Khilikku, parfois
transcrit comme Hilakku ou Hilikku) qui se situait
face à Chypre avec pour capitale à Korakesion.
C’était un district montagneux et accidenté, formé par les éperons rocheux des monts Taurus, qui souvent abritaient des petits
ports. Ceux-ci constituant une chaîne de refuges pour les pirates, mais qui au Moyen-âge conduira à son
occupation par des commerçants Génois et Vénitiens. Cette région est arrosée par
le Calycadnus et était recouverte par des forêts qui fournissaient du bois pour la
Phénicie et l’Égypte.
On ne connaît aucune grande ville.
• La Cilicie Pœdia (ou Pédias, c’est à dire plane, ou Pédicule ou Champêtre, en
Grec :
Κιλικία Πεδιάς, en
Assyrien : Kue) à l’Est fut la plus riche. Elle possédait une grande plaine côtière, avec des sols riches où l’on cultivait
le coton, les céréales, les olives et les oranges. Beaucoup de ses hauts lieux furent fortifiés. La plaine était arrosée par le
Cydnus (ou Cydnos ou Çay Tarse), le Seyhan (ou Sarus ou Saros ou Samri) et la rivière Pyrame. Les principales grandes
villes étaient : Tarse (ou Tarsa ou Tarsous) sur le Cydnus ;
Adana (ou Adanija ou Adaniya) sur le Seyhan et Mopsueste sur la Pyrame.
La mythologie Grecque
mentionne aussi une autre Cilicie. Une petite région située immédiatement au Sud-est de Troie dans le Nord-ouest de
l’Asie Mineure, orientée sur le golfe d’Edremit (ou Adramyttium). La connexion (si elle existe) entre cette
Cilicie, qui semble
avoir été sous la domination de Troie et la région la plus connue et bien définie mentionnée ci-dessus, n’est pas claire.
Cette Cilicie est mentionnée dans “l’Iliade” d’Homère et par
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C),
et comprenait des viles toutes aussi obscures comme : Thèbes, Lyrnessus et Chryse. Thèbes était située sous le mont Placus, qui semble
n’avoir été rien de plus qu’un petit éperon du mont Ida, et le lieu de naissance d’Andromaque,
épouse du Prince Hector.
Les villes de Cilicie : Thèbes, Chryse et Lyrnessus auraient ensuite été attaquées et saccagées par Achille pendant la guerre de
Troie.
La Cilicie fut réorganisée en 47 av.J.C par Jules César (100-44) et aux environs de 27 av.J.C
elle devint une partie de la province de
Syrie-Cilicie-Phénicie. Vers
65 ap.J.C, elle fit partie un temps du royaume d’Arménie
de Tigrane VI (59-62) qui y nomma Roi son fils Alexandre, puis elle redevint Romaine.
Au début, la partie Ouest fut laissée à des Rois indépendants (ou des dynastes-Prêtre) et dans l’Est du pays un petit royaume,
sous Tarkondimotos (ou Tarkondimotus ou Tarcondimotus Filantonio, 39-31) fut libre, mais ils furent finalement réunis à la
province par l’Empereur Vespasien (69-79), en l’an 74 pour être régie par un Proconsul.
Sous l’Empereur Dioclétien (284-305), vers 297, la Cilicie fut régie par un Consul, avec les provinces de Syrie, de Mésopotamie,
d’Egypte et de Libye. Elle fut alors divisée en trois parties : L’Isaurie au Sud d’Iconium (ou Konya),
qui correspond approximativement
aux provinces Turques de Konya et d’Antalya ; La Cilicia Prima avec comme capitale
Tarse, qui correspond approximativement à la province de Mersin et
une partie de la province d’Adana ; La Cilicia Secunda avec comme capitale Anazarbe
(ou Aǧaçli), qui correspond
approximativement à l’Est de la province d’Adana et les districts maritimes de la province d’Hatay.
Au VIIe siècle la Cilicie fut envahie par les arabes.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la Cilicie voir l’ouvrage de :
Olivier Casabonne :
– La Cilicie à l’époque Achéménide, Éditions De Boccard, Paris, 2004.
Marc Desti :
– Les civilisations anatoliennes,
PUF, Paris, 1998.
Paolo Desideri et Anna Margherita Jasink :
– Cilicia. Dall’età di Kizzuwatna alla conquista macedone, Le Lettere editore, Firenze, 1990.
Alif Erzen :
– Kilikien bis zum ende der perserherrschaft, Robert, Noske, Borna, Leipzig, 1940.
Eric Jean, Ali M Dinçol et Serra Durugönül :
– La Cilicie : Espaces et pouvoirs locaux : (2e millénaire av.J.C- IVe s. ap.J.C.),
Actes de la table ronde internationale d’Istanbul, 2-5 novembre 1999, Librairie de Boccard, Paris, 2001.
Paul Kazandjian :
– Horizons Arméniens : Le voyage en Cilicie, Astrig, Paris, 2008.
Victor Langlois :
– Voyage dans la Cilicie et dans les montagnes du Taurus : Exécuté pendant les années 1852-1853…,
B. Duprat, Paris, 1861.
Edoardo Levante :
– Cilicie, Département des monnaies, médailles et antiques,
Sylloge nummorum graecorum, Bibliothèque nationale, Paris, Numismatica ars classica, Zürich, 1993.
Claude Mutafian :
– La Cilicie au carrefour des Empires, Belles Lettres, Paris, 1988.
Robert Normand :
– La Cilicie, Armand Colin, Paris, 1920.
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