Les  cités  de Bithynie :
Bolu – Chalcédoine – Kios – Nicée
 

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Bolu

 

   Bolu (En Grec : Βιθύνιον Bithynion, en Latin : Bithynium et Claudiopolis) est une ville de Bithynie, aujourd’hui préfecture de la province du même nom en Turquie. La ville est située à 725 m au-dessus du niveau de la mer. La zone autour de Bolu était densément boisée et connue pour ses lacs.
 
   Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) nous signale qu’elle fut une ville Hellénistique nommée Bithynion (ou Bithynium) et Claudiopolis. Il parle de la fertilité de la plaine, de son bétail et qu’elle fut célèbre pour ses pâturages et sa production de fromage. D’après Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), Antinoüs (ou Antínoos), le favori de l’Empereur Hadrien (117-138), était originaire de la ville de Bithynion et il fut très généreux pour la cité. Son nom fut ajouté plus tard à celui de l’Empereur Claude (41-54 ap.J.C) sur les monnaies de la ville.

 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte de Bithynie

 
L’histoire….

 
   La région fit partie du royaume Hittite au IIe millénaire av.J.C. Selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180), la ville fut fondée par des Arcadiens de Mantinée. Toutefois, selon la tradition, elle fut fondée par le Roi de Bithynie, Prusias I Cholus (ou Prousias, 229-182). Troisième proposition, archéologique celle-là, dont les fouilles ont démontré que le site fut habité dès le VIIe siècle av.J.C. On sait également qu’au Ve siècle av.J.C., Bolu fut l’une des principales cité de Bithynie.
 
   À l’époque Romaine, comme le montre ses pièces de monnaie, la ville fut temporairement appelée, sous l’Empereurs Claude (41-54 ap.J.C), Claudiopolis et sous l’Empereur Hadrien (117-138), Hadriana. Sous l’Empereur Byzantin Théodose II (402-423) elle fut la capitale de la nouvelle province formée à partir de la Bithynie et la Paphlagonie, et appelée par lui Honorias, en l’honneur de son fils cadet. Également au cours de la période Byzantine, elle fut un évêché, qui devint le siège de la province ecclésiastique Honorias, avec cinq suffragants (Personne qui exerce un Ministère pastoral par délégation). Il est aujourd’hui classé par l’Eglise Catholique comme un siège titulaire. La région n’a pas été atteinte par les incursions arabes du VIIe et IXe siècles, les Byzantins s’y sont donc maintenus.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Marc Desti :
Les civilisations Anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Henri-Louis Fernoux :
Notables et élites des cités de Bithynie aux époques Hellénistique et Romaine : IIIe siècle av.J.C.-IIIe siècle ap.J.C. : Essai d’histoire sociale, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2004.
Anna Heller
Les bêtises des Grecs : Conflits et rivalités entre cités d’Asie et de Bithynie à l’époque Romaine (129 av.J.C.-235 ap.J.C.), Ausonius, Pessac, 2006 – Diffusion De Boccard, Paris, 2006. 
Henry Lenormant :
La monnaie dans l’antiquité, PUF, Paris, 1878.
Christian Mare :
Pontus et Bithynia : Die Römischen provinzen im norden kleinasiens, Philipp von Zabern, Mainz, 2003.
Georges Perrotot, Jules Delbet et Edmond Guillaume :
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d’une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont, Hildesheim, Olms, 1983.

 

 

Chalcédoine

 


 

Hemidrachme argent de Chalcédoine – 357-340 av.J.C.

   Chalcédoine (ou Khalkêdôn ou Chalkedon ou Calcedonia, en Grec : Χαλκηδών, en Latin : Chalcedon) fut une cité Grecque de Bithynie, située sur la mer Propontide, à l’entrée orientale du Bosphore de Thrace, face à Byzance et au Sud de Chrysopolis. Elle s’appelle aujourd’hui Kadıköy, et est dans le prolongement d’Üsküdar, un quartier de la ville d’Istanbul. Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79) estime sa distance de Byzance à environ 1.300 m., alors que Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) la fixe lui à environ 2.500 m., et il explique qu’atteindre Chalcédoine par mer était une entreprise ardue, car il était impossible de naviguer en droite ligne à cause du courant qui traversait le détroit. Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), les Chalcédoniens avaient bâti leur ville 17 ans avant que les Byzantins fondent la leur.
 
   Toujours Pline affirme que Chalcédoine fut d’abord nommée Procerastis, un nom qui peut être dérivé d’une pointe de terre près du site, puis fut nommée Colpusa, de la forme du port, et enfin Caecorum Oppidum (ou la ville des aveugles). Le nom Grec de l’ancienne ville fut donné à partir de son nom Phénicien, qui signifie “ville nouvelle". Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), note qu’un peu au-dessus de la mer, dans Chalcédoine, se trouvait “la fontaine Azaritia“, qui contenait des petits crocodiles.
 
   Sauf pour une tour, il n’y a presque pas de vestiges en surface de l’ancienne ville qui ont survécu aujourd’hui dans Kadıköy. Les artefacts découverts à Altıyol et d’autres sites de fouilles proches sont exposés au Musée Archéologique d’Istanbul. Le site de Chalcédoine se trouve sur une petite péninsule sur la côte Nord de la mer de Marmara, près de l’embouchure du Bosphore. Un courant, appelé le Chalcis (ou Chalcédoine) dans l’antiquité et maintenant connu sous le nom Kurbağalıdere se jette dans la baie de Fenerbahçe.

 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte de Bithynie

 


 

Copie d’une œuvre de Boêthos de
Chalcédoine – L’enfant et l’oie –
Musée du Louvre

Quelques personnages célèbres de la ville

 
Thrasymaque (ou Thrasymachus ou Thrasýmachos, en Grec : Θρασύμαχος, 459–V.400 av.J.C.), qui fut un Sophiste Grec. Cicéron le dit contemporain de Gorgias. D’après Cicéron, il fut le premier à enseigner l’art oratoire et donc antérieur de peu à Corax, fondateur de la rhétorique.
Phaléas de Chalcédoine (ou Phaleas, en Grec : Φαλέας Χαλκηδόνιος, IVe siècle av.J.C.), qui fut un homme d’État Grec. Contemporain de Platon (Philosophe Grec, 427-346), il fit partie des penseurs utopistes qui fleurirent à cette époque mouvementée de la démocratie Athénienne.
Hérophile de Chalcédoine (ou Herophilos, en Grec : Ηρόφιλος της Χαλκηδόνας, en Latin : Herophilus, 335–280 ou 260 ou 255 av.J.C.), qui fut médecin Grec. Il fut parmi les premiers médecins à s’intéresser au corps en bonne santé et à essayer de comprendre son fonctionnement normal, contrairement à la tradition hippocratique qui était entièrement axée sur le problème de la maladie.

 

Boêthos de Chalcédoine (ou Boéthos ou Boëthus ou Boethus, en Grec : Βόηθος, IIe siècle av.J.C.), qui fut sculpteur Grec. Le nom s’est perpétué sur plusieurs générations, évoquant une famille d’artistes. Son travail est avéré vers 184 à Lindos, à Délos vers 160 av.J.C., puis à Athènes vers 122 av.J.C.
Xénocrate de Chalcédoine (ou Xenocrate, en Grec : Ξενοκράτης, v.396/5–314/3 av.J.C.), qui fut un philosophe platonicien Grec, deuxième scholarque de l’Académie de Platon (Philosophe Grec, 427-346, après Speusippe, de 339 à sa mort en 314/3. Il fut à la tête de l’Académie pendant 25 ans.
Sainte Euphémie (ou Euphemia, v.284-305 ap.J.C., en Grec : Ευφημία), “bien parlé [de]“), qui fut une Sainte Chrétienne et martyr. Elle pleurait les tortures subies par les Chrétiens.

 
L’histoire….

 
   Actuellement à Istanbul, les plus vieux vestiges archéologiques se trouvent sur la rive Anatolienne, tels que le monticule Fikirtepe qui date de la période chalcolithique (âge du cuivre), avec des artefacts datant de 5500-3500 av.J.C. qui attestent d’une occupation continue depuis cette date. Selon la tradition, la ville fut fondée en 685 av.J.C. comme colonie de Mégare (Cité-État de l’Attique). Les avantages de l’installation d’une ville sur la rive opposée, où plus tard, la ville de Byzance sera fondée sont encore aujourd’hui pas très évidemment. Au VIe siècle av.J.C le Général Perse Mégabaze (ou Mégabyze) déclarait déjà que les fondateurs de Chalcédoine devaient être aveugles pour construire à cet endroit alors que le site juste en face était idéal. Néanmoins, malgré ce soit disant handicap le commerce a prospéré à Chalcédoine et de ce fait la ville a construit de nombreux temples, dont un dédié à Apollon, qui avait un oracle. Son territoire s’étirait au-delà de la ville dans les villages alentours, dont Chrysopolis, jusque sur les rive Anatolienne en direction de Nicomédie.


 

Drachme or de Chalcédoine – 357-340 av.J.C.

 
   Comme beaucoup de cité de Bithynie, après avoir été soumise par le Roi de Lydie, Crésus (562-546), à la chute de ce dernier, elle fut conquise par le Roi Perse Cyrus II (559-529). Elle fut incluse alors dans la satrapie de Phrygie, qui comprenait tout le pays jusqu’à l’Hellespont et le Bosphore. Mais les Achéménides ne furent pas en mesure de contrôler complètement la région.
 
   Sous les Achéménides, la région fut dirigée par des Satrapes. Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425), le plus connu étant, Otanès II (ou Otañes), l’un des sept conspirateurs qui tuèrent le Roi Perse usurpateur Gaumata (ou Gaumāta) en 522 et qui laissa la place à Darius I (522-486), qui prit possession de la cité après l’expédition de Darius I contre les Scythes.
 
   Ce fut de Chalcédoine que débutèrent les Guerres Médiques (499-479), où un pont de bateaux fut établi par les Perse pour envahir la Grèce. Darius I avait déjà construit un de pont de bateaux, en 512 lors de sa campagne contre les Scythes pour relier Chalcédoine à la Thrace. Selon Hérodote, en 493, lors de l’insurrection des cités Ioniennes lorsque celles-ci durent faire face à l’avancée des navires Perse, une partie de la population de Chalcédoine fuit dans la ville de Mesembria (ou Nessebar à l’Ouest de la mer Noire).
 
   Chalcédoine, pendant la Guerre du Péloponnèse (431-404), fut déchirée entre les intérêts de Sparte et d’Athènes, même si depuis sa création elle fut un membre de la Ligue de Délos. Selon Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395), pendant la Guerre du Péloponnèse la ville accueillit Lamachos (ou Lamachus, Général et Stratège Athénien vers 435), l’un des trois Stratèges envoyés dans l’Hellespont percevoir le tribut de la Ligue de Délos. Cependant, la cité changea ensuite de camp et accueillit un Harmoste (ou Harmotês ou Harmostêr, Magistrat chargé de gouverner les garnisons) et donc une garnison Spartiates. Chalcédoine eut donc toujours une politique d’indépendance envers les Athéniens, les Spartiates et les Perses.
 
   En 410 av.J.C, Alcibiade (ou Alcibiades ou Alkibiadês Kleiniou Scambônides, homme d’État, orateur et Général Athénien, 450-404) assiégea la cité et défit le Satrape Perse de l’Hellespont et de Phrygie, Pharnabaze, qui avait remplacé Tissapherne comme commandant de la flotte du Péloponnèse et qui était venu pour la défendre. 16 ans plus tard, le Spartiate, Lysandre, occupa Chalcédoine et sa voisine Byzance. En 389 av.J.C., après une campagne du Général Thrasybule (Général et homme politique Athénien, 445-388 av.J.C), la cité passa de nouveau sous contrôle Athénien, mais en 387 av.J.C le Général Antalcidas la récupéra pour les Spartiates. En 315 Chalcédoine fut assiégée par le Roi de Bithynie, Zipoétès I (ou Zipoites ou Cipetes, 326-279), mais le Roi de Macédoine, Antigonos I Monophtalmos (306-301), envoya des troupes qui firent lever le siège.


 

Autre Hemidrachme argent de
Chalcédoine – 340-320 av.J.C.

 
   Après la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie), où il mourut, le Roi de Thrace Lysimaque (322-281) perdit plusieurs villes, y compris Byzance, Chalcédoine et Héraclée du Pont qui déclarèrent leur indépendance en 280/79. Ces cités forgèrent une alliance appelée la Ligue du Nord et entrèrent en conflit avec le Roi Séleucide, Antiochos I Sôter (280-261) nouveau maître de la région. Au cours du IIIe siècle av.J.C. des pièces de monnaie communes de Byzance et de Chalcédoine attestent de l’alliance de ces deux villes. À la fin de ce IIIe siècle, Chalcédoine et plusieurs cités de la région furent prises par le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179). La politique d’indépendance de la ville l’amena tôt en contact avec Rome, aux côtés de laquelle, avec quatre navires, elle lutta dans la Troisième Guerre Macédonienne (171-168), contre le fils de Philippe V, le Roi Persée (ou Perseus, 179-168) dont elle était suzeraine.
 
   Au IIe siècle av.J.C., Chalcédoine retomba sous la coupe du royaume de Bithynie et en 145, ses habitants furent contraints de partir pour la capitale Nicomédie. En 133 av.J.C., la ville fut incorporée à l’Empire Romain après que le Roi de Pergame, Attalos III Philométor (ou Attale ou Attalus, 138-133), qui en avait pris possession, lui légua son royaume. Elle redevint possession du royaume de Bithynie sous le Roi Nicomède III Évergète (ou Nikomdēs Euergetes, 127-94) qui abandonna l’alliance avec les Romains et vers 111/110, passa un accord avec le Roi du Pont, Mithridate VI  (120-63). Son fils et successeur Nicomède IV Philopator (94-74) eut l’attitude inverse et s’empressa de reformer l’alliance avec les Romains. Mithridate VI décida de lui opposer son demi-frère Socratès Chrestos, qui envahit la Bithynie à la tête d’une armée Pontique, et s’empara du royaume et de ses possessions, mais il ne fut toutefois qu’un souverain fantoche et se trouva intégrée dans l’Empire de Mithridate VI. Nicomède IV à sa mort légua son royaume et ses terres aux Romains, dont Chalcédoine.
 

 

Quatrième Concile œcuménique de
Chalcédoine – Vassili Sourikov (1848-1916)

   Mithridate VI ne pouvait accepter cette situation et il entra en guerre. Au printemps 73 av.J.C., Chalcédoine changea de propriétaire et revint à Mithridate VI. La bataille de Chalcédoine fut une bataille navale durant cette Troisième Guerre de Mithridate. Elle finit donc par la victoire Pontique. Le Consul Marcus Aurelius Cotta avait mobilisé une flotte Romaine importante dans le Bosphore, mais à l’extérieur du port de Chalcédoine il fut écrasé par la flotte de Mithridate VI. Les navires Romains cherchèrent refuge à l’intérieur du port, mais en vain, la flotte Pontique leur coupa l’accès au port, où ils furent détruits ou capturés. Après la victoire, Mithridate VI, fort de son succès, assiégea Cyzique, alliée de Rome, sur la côte de l’Hellespont avec 300.000 hommes. Rome envoya Lucius Licinius Lucullus (Homme d’État et Général, 115-57) maintenant Proconsul, pour le confronter et ce dernier réussit à l’arrêter. Mithridate VI perdit petit à petit toutes ses possessions et Chalcédoine redevint Romaine avec le statut de ville libre. Elle suivit ensuite l’histoire de la région.
 
   Dans le milieu du IIIe siècle, sous le règne de l’Empereur Valérien (253-260), la cité subit des pillages de la part des Scythes. En 324 ap.J.C. elle fut le siège de la bataille décisive pour le pouvoir entre l’Empereur Constantin I le Grand (305-337) et l’Empereur Licinius (308-324). La ville fut un moment sur la liste pour la mise en place d’une nouvelle capitale dans la partie orientale de l’Empire Romain de Constantin, mais ce fut Byzance alors Romanova qui prit le titre. En 365 ap.J.C., l’Empereur Romain Valens (364-378) détruisit la ville parce qu’elle prit ouvertement le parti de l’usurpateur Procope (ou Procopius, 365-366) en lui fournissant un appui. Il récupéra une partie des fortifications pour construire une station thermale à Byzance (ou Constantinople). Plus tard, sous l’ère Chrétienne, elle fut évêché et en 451 ap.J.C., elle accueillit le quatrième concile œcuménique, le concile de Chalcédoine.
 
   En 602, le Roi Perses Sassanides, Khosrô II (ou Khusrau ou Khosroes ou Khosro ou Khosrau ou Khosrow ou Husrav II, 589-628), assiégea la ville et s’en empara. Jusqu’à cette date il était sous la protection de son ami l’Empereur Maurice (582-602), mais il profita de l’assassinat de ce dernier par Phocas (602-610) pour attaquer. Il menaça alors directement Constantinople que dirigeait Phocas. Chalcédoine revint à l’Empire Byzantin l’année suivante, avant d’être à nouveau assiégée (mais non prise) par les Perses en 617 et 626, puis par mer, par les arabes, en 678 et 718.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Pierre-Thomas Camelot :
Les conciles d’Ephèse et de Chalcédoine : 431 et 451, Histoire des conciles oecuméniques 2, Fayard, impr., Paris, 2006.
Marc Desti :
Les civilisations Anatoliennes, PUF, Paris, 1998.
Friedrich Karl Dörner :
Kalchedon, Der Kleine Pauly (KlP). Band 3, Stuttgart, 1969.
Henri-Louis Fernoux :
Notables et élites des cités de Bithynie aux époques Hellénistique et Romaine : IIIe siècle av.J.C.-IIIe siècle ap.J.C. : Essai d’histoire sociale, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2004.
Anna Heller
Les bêtises des Grecs : Conflits et rivalités entre cités d’Asie et de Bithynie à l’époque Romaine (129 av.J.C.-235 ap.J.C.), Ausonius, Pessac, 2006 – Diffusion De Boccard, Paris, 2006. 
Henry Lenormant :
La monnaie dans l’antiquité, PUF, Paris, 1878.
Christian Mare :
Pontus et Bithynia : Die Römischen provinzen im norden kleinasiens, Philipp von Zabern, Mainz, 2003.
Reinhold Merkelbach, Friedrich K. Dörner et Sencer Sahin :
Die Inschriften von Kalchedon, Inschriften griechischer Städte aus Kleinasien, Bd. 20, Habelt, Bonn, 1980.
Heinrich Merle :
Die geschichte der städte Byzantion und Kalchedon : Von ihrer gruündung bis zum eingreifen der Römer in die verhältnisse des ostens, H. Fiencke, Kiel, 1916.
Georges Perrotot, Jules Delbet et Edmond Guillaume :
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d’une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont, Hildesheim, Olms, 1983.
Adrian Robu :
Mégare et les établissements mégariens de Sicile, de la Propontide et du Pont-Euxin : Histoire et institutions, Peter Lang AG, Internationaler Verlag der Wissenschaften, Bern, 2014.

 

 

Kios

 


 

Drachme or de Kios – Vers 320

  Kios (ou Keios, en Latin : Cius, en Grec : Kίος ou Prusias ad Hypium ou Prusias ad Mare  Προυσιάς) fut une cité côtière Grecque au bord de la Propontide (actuelle mer de Marmara) en Bithynie. Elle est identifiée à la ville actuelle de Konuralp (ou Üskübü) dans la province de Düzce en Turquie. Elle fut déjà connue par Aristote (Philosophe Grec, 384-322), Apollonios de Rhodes (ou Apollốnios ou Apollonius, poète épique Grec, v.295-v.215) et Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C). L’Empereur Justinien le Grand (527-565 ap.J.C.) y fonda une école militaire, qui fonctionna pendant 37 ans. Le personnage le plus importants de cette cité fut Mithridate I (En Grec : Mιθριδάτης), qui fut un dynaste de Kios, au IVe siècle av.J.C. Voir ci-dessous.
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte de Bithynie

 
L’histoire….

 
   Selon la mythologie Grecque, la légende dit que la ville fut fondée par Kios ou Polyphème, compagnon d’Héraclès, à son retour de Colchide. La tradition retient que Kios fut une colonie de Milet. Selon Memnon d’Héraclée (Historien Grec, Ier siècle ap.J.C) la ville était, à l’origine connue sous le nom de Kieros et appartenait à Héraclée du Pont avant d’être prise par le Roi de Bithynie Zipoétès I (ou Zipoites ou Cipetes, 326-279). Selon AdolfoJ Domínguez Monedero, la cité fut construite par des colons venus du mont Argantonio autour de l’an 627 dans un endroit qui avait déjà été appelé Ascanie Phrygie.


 

Trihémiobole argent de Kios – Vers 350 – 300

 
   En 553, comme une grande partie de la région, la cité passa sous la domination du Roi de Lydie, Crésus (562-546), mais resta avec le statut de ville autonome. À la chute de ce dernier, elle fut conquise par le Roi Perse Cyrus II (559-529). Elle fut incluse alors dans la satrapie de Phrygie, qui comprenait tout le pays jusqu’à l’Hellespont et le Bosphore. Mais les Achéménides ne furent pas en mesure de contrôler complètement la région. Là encore elle garda son statut de ville libre et eut un gouvernement local. Quelques années plus tard, la cité devint un membre de La Ligue de Délos, comme le confirment les registres d’hommages à Athènes où elle apparaît entre 454/3 et 418/7 av.J.C.
 
   Cette alliance fit qu’elle fut occupée par les Perses pendant une courte période en 408. Elle revint dans la Ligue en 406 et fut de nouveau conquise en 404. De cette période qui suivit on a les noms de quelques dynastes suzerains des Perses : Ariobarzane I de Kios (En Grec : ‘Aριoβαρζάνης A’, 420 à 402 av.J.C.) qui fut le premier dynaste connu de la famille qui gouverna la ville, d’où seront issus les Rois du Pont à partir du IIIe siècle av.J.C. Il fut trahi par son fils Mithridate I auprès de son suzerain le Roi Perse. Ariobarzane est très certainement à assimiler avec un homonyme qui accompagna en 405 les Ambassadeurs Athéniens détenus depuis trois ans par Cyrus le Jeune (v.424-401) dans sa ville. Il est en revanche sans doute à distinguer d’un autre Ariobarzane qui assista Antalcidas lors de la conclusion en 387 de la “paix du Roi“.
 
   Mithridate I de Kios (En Grec : Mιθριδάτης A’, 402 à 363 ou 362), fils d’Ariobarzane à qui il succéda. Il est peut-être à confondre avec un Mithridate cité comme compagnon de Cyrus le Jeune, ou encore avec un Satrape de Cappadoce et de Lycaonie mentionné par Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355) qui assassinat Datamès (385-362) de Cappadoce gagnant sa confiance en simulant de l’hostilité envers Artaxerxès II (404-359) contre qui Datamès était en rébellion. Toujours Xénophon, dit qu’il trahit son père, ce qu’Aristote (Philosophe Grec, 384-322) confirma à son tour.
 
   Ariobarzane II de Kios (En Grec : ‘Aριoβαρζάνης B’, 363 à 337 ou 362 à 337), lorsqu’il devint le dynaste de Kios, en 363, Mithridate I était sûrement déjà mort. Il est donc généralement donné comme successeur de son père. Il semble avoir occupé une charge importante à la cour Perse cinq ans avant la mort de son père, puisqu’on le trouve, comme Ambassadeur auprès des Grecs en 368. Beaucoup de spécialistes pensent que cet Ariobarzane II de Kios ne peut pas avoir été le même que le Satrape Ariobarzane de Phrygie (407-362), que Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) qualifia de Satrape de Phrygie, et Cornélius Népos (Écrivain latin, 100-29 ou 25) de Lydie, de Phrygie et d’Ionie et qui se révolta entre 365 et 362 contre le Roi Perse, Artaxerxès II (404-359). Il fut probablement un parent et se révolta lui en 360. Dix ans plus tard, Démosthène (384-322) l’évoqua avec ses trois fils comme ayant reçu récemment la citoyenneté Athénienne. Il le mentionne de nouveau en 351 en précisant que les Athéniens envoyèrent Timothée (Stratège et homme politique Athénien du IVe siècle av.J.C) le secourir, mais que ce dernier, voyant Ariobarzane II en rébellion ouverte contre le Roi, refusa de lui porter secours.


 

Trihémiobole argent de Kios – 340 – 330

 
   Mithridate II de Kios (En Grec : Mιθριδάτης B’, 337 à 302), peut-être son fils ou son frère cadet, les avis entre les spécialistes, sont partagés, lui succéda pour gouverner la ville de Kios. Selon certains historiens il naquit en 386. Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) lui attribue 35 ans de règne, mais il semble qu’il n’ait pas gouverné de façon continue ses États pendant cette période. On ne sait pratiquement rien de lui ni de son règne. Pendant celui-ci, en 331, la région fut conquise par Alexandre le Grand (336-323). Après sa mort, en 321, lors du partage de Triparadisos de son Empire, elle fut attribuée avec le reste de l’Asie Mineure à un Général d’Alexandre, Antigonos I Monophtalmos ("le Borgne", 306-301).
 
   Selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), après avoir prêté allégeance au Macédonien, Mithridate II se rendit suspect aux yeux de ce dernier de vouloir rejoindre la ligue constituée par Cassandre (Régent 317-306/305, Roi 301-297) et ses alliés contre lui, ce qui provoqua en 302 son assassinat à Kios. Toujours selon Appien et Lucien de Samosate (ou Loukianós, rhéteur et satiriste, v.120-v.180), il était âgé de 84 ans au moment de ce meurtre. En 301, Antigonos I fut battu par le Roi Séleucide, Séleucos I Nikâtor (305-280) à la bataille d’Ipsos (en Phrygie), mais Séleucos I ne récupéra pas tout de suite l’Asie Mineure, l’Ouest et le centre lui furent contestés par le Roi de Thrace Lysimaque (322-281). Le fils de Mithridate II de Kios, Mithridate I Ktistès (“le Fondateur“, Satrape de 301-281, puis Roi 281-266) fut le fondateur du royaume du Pont.
 
   Kios resta une ville indépendante et sur son territoire un centre commercial nommé Diospolis (ou emporion, port de commerce), aujourd’hui occupé par Akçakoca, gagna une certaine importance. Plus tard, la ville rejoignit la Ligue Étolienne et soutint Rome, dans la Deuxième Guerre Macédonienne (200-197), contre le Roi de Macédoine, Philippe V (221-179). Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), à la fin du IIIe siècle, un nommé Molpagoras de Kios réussit à prendre le pouvoir dans la ville, et exhorta les citoyens pauvres contre les riches. Il confisqua leurs biens à ces derniers et les distribua parmi la population après en avoir tué certains et bannit d’autres.
 
   Le Roi de Macédoine, Philippe V et le Roi de Bithynie, Prusias I Cholus (ou Prousias, 229-182), alliés contre le Roi de Pergame, la Ligue Étolienne et Rome décidèrent d’attaquer et d’occuper la ville. Les habitants furent massacrés, déportés ou vendus comme esclaves et la cité fut détruite. En 202, avec la ville de Myrléa proche, Kios devint une partie du royaume de Bithynie. Elles furent reconstruites par le Roi Prusias I Cholus, qui les repeupla avec d’autres habitants de Bithynie et les renomma : Kios devint Prusias ad Hypium (ou Prusias ad Mare, on trouve aussi Prusias Maritima) et Myrlea devint Apamée ad Mare. On ne sait pas quand Kios retrouva son ancien nom, mais elle est mentionnée ainsi plus tard par Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79 ap.J.C.) et Pomponius Mela (Géographe Romain, v.43 ap.J.C.).


 

Autre monnaie de Kios – IIIe s. av.J.C.

 
   La ville resta dans les mains des Rois de Bithynie jusqu’en 74 av.J.C., date du décès de Nicomède IV Philopator (94-74) qui, allié des Romains, leur céda son royaume par testament, et la cité fut intégrée à l’Empire Romain. Sous leur contrôle elle eut sa propre constitution supervisée par un Consul Romain, mais pourtant elle retrouva son caractère Grec. Beaucoup de dirigeants Romains choisirent la cité comme une résidence d’été. Son nom de Kios fut à cette époque Latinisé en Cius. Il est possible que la ville reçut la visite de l’Apôtre Paul au cours de son mandat à Misia. Au second siècle ap.J.C, le Christianisme se répandit dans toute la région. Pline le Jeune (ou Caius Plinius Caecilius Secundus, écrivain et homme politique Romain, 61-v.114) lorsqu’il fut Gouverneur de Bithynie et du Pont demanda des instructions à l’Empereur Trajan (98-117) ce qu’il devait faire contre ce Christianisme montant.
 
   En 256 ap.J.C., ainsi que d’autres villes de Bithynie, Kios subit une expédition de pillage par des tribus Scythes. Étape importante à l’extrémité occidentale de la Route de la soie, se poursuivant jusqu’en Chine, la ville devint une place prospère sous les Empires Romain et Byzantin et un des premiers évêchés Chrétiens. Son Évêque, Cyrile (ou Cyrillus), prit part au Premier Concile de Nicée en 325. Les noms de plusieurs de ses successeurs dans le Ier millénaire sont connus à partir de documents contemporains existants. Dans un premier temps, la ville fut un suffragant (Personne qui exerce un Ministère pastoral par délégation) de Nicomédie, puis devint très vite un archevêché autocéphales, étant répertorié comme tels dans le Notitiae Episcopatuum du VIIe siècle.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Walter Ameling :
Die inschriften von Prusias ad Hypium, Habelt, Bonn, 1985.
Gülbahar Baran Çelik et Turgut H.Zeyrek :
Prusias Ad Hypium (Kieros) Anadolu’nun kuzeybatısında bir kent (Konuralp/Üskübü), Istanbul, 2005.
Tønnes Bekker Nielsen :
Urban life and local politics in Roman Bithynia : The small world of Dion Chrysostomos, Aarhus University Press, Santa Barbara, 2008.
Adolfo J.Domínguez Monedero :
La polis y la expansión colonial griega. Siglos VIII-VI, Síntesis, Madrid, 1993.
Henri-Louis Fernoux :
Notables et élites des cités de Bithynie aux époques Hellénistique et Romaine : IIIe siècle av.J.C.-IIIe siècle ap.J.C. : Essai d’histoire sociale, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2004.
Nezih Fıratlı :
Prusias ad Hypium (Konuralp or Üskübü) Turkey, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton University Press, Princeton, 1976.
Henry Lenormant :
La monnaie dans l’antiquité, PUF, Paris, 1878.
Christian Mare :
Pontus et Bithynia : Die Römischen provinzen im norden kleinasiens, Philipp von Zabern, Mainz, 2003.
Georges Albert Radet :
Inscriptions de Kios en Bithynien, PERSEE, 1891.
Andrée N.Rollas :
Konuralp – Üskübü kilavuzu (Guide to Prusias-ad-Hypium), Istanbul, 1967.
Karl Strobel :
Prusias, Der Neue Pauly (DNP) 10, Metzler, Stuttgart, 2001.

 

 

Nicée

 

   Nicée (ou Nikaia ou Nicæa, en Grec : Νίκαια “victoire") est identifiée à la ville actuelle d’Iznik (Dont le nom dérive de Nicée). Elle se situait dans un bassin fertile à l’extrémité orientale du Ascanion (Aujourd’hui lac d’İznik), au Nord-ouest de l’Anatolie dans le district de la province de Bursa (Turquie), entourée de collines au Nord et au Sud. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième Concile de Nicée, les premier et septième conciles des débuts de l’Église Chrétienne. Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), la décrivit comme bâtie selon les coutumes hellènes, avec grande régularité. Elle avait la forme d’un carré couvrant une superficie de 50 ha.


 

La porte Lefke, le long des remparts Ouest de la ville
Photo avant retouches : wikipedia.org

 
   Sa muraille Ouest longeait le lac, interdisant ainsi tout siège maritime, mais permettant son approvisionnement et elle était entourée sur tous les côtés par un mur de près de 5 km. de longueur pour 10 m. de hauteur. Le lac est suffisamment vaste pour ne pas faire l’objet de blocus maritime et la ville était suffisamment étendue pour rendre difficile toute tentative d’atteindre le port grâce à des engins de siège montés sur le rivage. Un double fossé longeait le mur d’enceinte avec plus de 100 tours permettent la surveillance du mur.
 
   Quatre portes massives avaient été percées sur la portion terrestre des murs et constituaient les seuls moyens d’accès dans la cité. Ses rues s’entrecroisaient à angle droit conformément aux plans d’Hippodamos de Milet, permettant, à partir d’un monument situé au centre-ville, d’apercevoir les quatre portes. Ce monument était situé au gymnasium, lequel fut détruit par le feu mais reconstruit par Pline le Jeune (ou Caius Plinius Caecilius Secundus, écrivain et homme politique Romain, 61-v.114) lorsqu’il fut Gouverneur de Bithynie et du Pont au début du II siècle. Pline fait du reste fréquemment mention de Nicée et de ses monuments dans ses écrits.
 
   Trois de ses personnages les plus connus furent :
Hipparque de Nicée (En Grec : ‘Iππαρχος, v.190 av.J.C-v.120 av.J.C.), qui fut un Astronome, géographe et mathématicien Grec.
Dion Cassius (ou Cassius Dio, en Grec : Δίων Κάσσιος Dion Cassius Kokkiianos, en Latin : Lucius ou Claudius Cassius Dio, v.155-v.235 ap.J.C.), qui fut un historien Romain d’expression Grecque.
Sporos de Nicée (en Grec : Σπορος, v.240-v.300 ap.J.C.), qui fut un Mathématicien et astronome Grec. Ses travaux portent essentiellement sur la quadrature du cercle et la duplication du cube.
 

  Pour plus de détails voir aussi : La carte de Bithynie

 


 

Vue des ruines du théâtre

L’histoire….

 
   Selon la légende, Nicée aurait été fondée par le Dieu Dionysos (ou le demi-dieu Héraclès) et nommée d’après la nymphe Nicée dont l’effigie se retrouvait sur les pièces de monnaie de la ville. Selon une autre version, elle aurait été fondée par des Béotiens et se serait appelée Angore (en Grec : ‘Aνγκόρη) ou Hélicore (en Grec : ‘Eλικόρη). Enfin selon Vera Stefanidou, elle fut fondée par des soldats d’Alexandre le Grand (336-323) originaires de Nicée en Locride, près des Thermopyles.
 
   Quoiqu’il en soit, la première colonie Grecque sur ce site fut détruite par les Mysiens. Vers 315 av.J.C., elle fut rebâtie par le Macédonien, Antigonos I Monophtalmos (Roi 306-301), qui se voulait successeurs d’Alexandre et renommée Antigoneia (en Grec : Άντιγονεία). Il y établit des colons Béotiens, ce qui confirmerait la version selon laquelle la ville aurait été fondée par ceux-ci. Dès 304 av.J.C., le Roi Séleucide Séleucos I Nikatôr (305-280) se joignit à une coalition réunissant le Roi d’Égypte Ptolémée I (305-282), Cassandre (Régent de Macédoine 317-306/305 et Roi 301-297) et le Roi de Thrace Lysimaque (322-281) contre Antigonos I qui entendait établir sa domination sur la Grèce et la Mer Égée.
 
   En 301 av.J.C., Séleucos I regroupa son armée avec celle de Lysimaque en Phrygie et ils écrasèrent Antigonos I à la bataille d’Ipsos. Après la défaite de ce dernier et sa mort, une grande partie de l’Asie Mineure, dont la Bithynie et ses cité passèrent sous domination de Lysimaque. Le Roi rebaptisa Antigoneia, Nicée (ou Nikaia ou Nicæa, en Grec : Νίκαια), en l’honneur de sa femme Nicée qui venait de mourir. Puis à la mort du Thrace, la ville passa sous contrôle des Séleucides, maitres de la région. Vers 280 av.J.C. Nicée fut conquise par Zipoétès I (ou Zipoites ou Zypétès ou Cipetes, 326-279) de Bithynie, dont le père, Bas (377/6-328), avait repris son indépendance face aux Séleucides. Ce fut le début de sa montée en puissance comme résidence royale, en même temps que la rivalité qui devait l’opposer à Nicomédie, future capitale. La compétition entre les deux cités pour obtenir ce statut de capitale de la Bithynie devait plusieurs siècles.
 
   Nicée resta sous contrôle du royaume de Bithynie jusqu’en 74 av.J.C, à la mort de son dernier Roi Nicomède IV Philopator (94-74), qui avait formé alliance avec les Romains et qui à sa mort légua son royaume et ses terres à ces dernier, dont Nicée. Elle demeura un des centres urbains les plus importants d’Asie Mineure tout au cours de la période Romaine, continuant sa compétition avec Nicomédie pour être cette fois le siège de la résidence du Gouverneur Romain de la province de Bithynie et du Pont. Elle suivit ensuite l’histoire de la région.


 

Plat au paon – Faïence de Nicée
– Musée du Louvre

 
   Dans le cadre des voyages entrepris pour mieux intégrer les provinces à l’Empire, l’Empereur Hadrien (117-138) visita Nicée en 123 ap.J.C., après qu’elle eut été gravement endommagée par un tremblement de terre et en fit commencer la reconstruction. La nouvelle ville fut entourée d’un mur polygonal de plus de 3 km. de longueur. Elle ne fut achevée qu’au IIIe siècle, mais ses nouvelles murailles ne la sauvèrent pas des attaques des Goths en 258 ap.J.C. Les nombreuses pièces de monnaie de Nicée encore existantes témoignent de l’intérêt porté à la cité par les Empereurs Romains. Nombre de ces pièces commémorent les grands festivals qui y étaient célébrés en l’honneur des Dieux et de l’Empereur.
 
   Au IVe siècle ap.J.C, Nicée située à environ 100 km. de Constantinople devint une cité prospère ainsi qu’un important centre administratif et militaire. On y produisait et exportait du textile et elle fut également un centre de production de verrerie, de faïence et d’objets de métal. Elle était située sur la grande voie commerciale et militaire qui reliait Constantinople et la vallée de l’Euphrate via l’ancienne route des Indes. L’Empereur Constantin I le Grand (305-337) y convoqua le premier Concile œcuménique et la cité donna son nom au symbole de la foi qui y fut adopté. Elle maintint son importance tout au long du IVe siècle et fut témoin de la proclamation de l’Empereur Valens (364-378) et de la révolte manquée de Procope (365-366). Au cours de cette même période l’évêché de Nicée se sépara de celui de Nicomédie et fut élevé au rang d’archevêché, son titulaire prenant le titre de Métropolite.
 
   La ville fut dévastée par deux tremblements de terre en 363 et 368, ce qui joint au fait que la nouvelle capitale, Constantinople, lui ravit son importance, provoqua son déclin. Beaucoup de ses grands édifices publics, tombèrent en ruines et durent être restaurés au VIe siècle par l’Empereur Justinien I le Grand (527-565). L’Empereur Marcien (450-457) y convoqua un nouveau Concile qui se réunit le 1er Septembre 451, mais qui fut déplacé presque immédiatement vers Chalcédoine, en face de Constantinople, et fut connu par la suite comme “Concile de Chalcédoine. Par la suite, la ville n’est plus mentionnée dans les sources jusqu’aux attaques des califes omeyades en 716 et 725.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
 
Giuseppe Alberigo et Jacques Mignon :
Les conciles oecuméniques, les Éditions du Cerf, Paris, 1994.
Nicola Bonacasa :
Nicaea (Iznik) Bithynia, Turkey, The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton University Press, Princeton, 1976. 
Henri-Louis Fernoux :
Notables et élites des cités de Bithynie aux époques Hellénistique et Romaine : IIIe siècle av.J.C.-IIIe siècle ap.J.C. : Essai d’histoire sociale, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2004.
Clive Foss, Jacob Tulchin et Theodoros Metochites :
Nicaea, a byzantine capital and its praises. With the speeches of Theodore Laskaris in praise of the great city of Nicaea and Theodore Metochites Nicene Oration, Hellenic College Press, Brookline, 1996. 
Henry Lenormant :
La monnaie dans l’antiquité, PUF, Paris, 1878.
Christian Mare :
Pontus et Bithynia : Die Römischen provinzen im norden kleinasiens, Philipp von Zabern, Mainz, 2003.
Reinhold Merkelbach :
Nikaia in der römischen Kaiserzeit, Rheinisch-Westfälische Akademie der Wissenschaften, Geisteswissenschaften, Vorträge, Opladen, 1987.
Ignacio Ortiz de Urbina :
Nicée et Constantinople, Éditions de L’Orante, Paris, 1982.
Georges Perrotot, Jules Delbet et Edmond Guillaume :
Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d’une partie de la Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont, Hildesheim, Olms, 1983.
Alfons Maria Schneider :
Die römischen und byzantinischen denkmäler von İznik-Nicaea, Istanbuler Forschungen 16, Berlin, 1943.
Vera Stefanidou :
Nicea, Encyclopaedia of the Hellenic World, Asia Minor, Foundation of the Hellenic World, Athènes, 2008.
Frances M.Young :
From Nicaea to Chalcedon : A guide to the literature and its background, Fortress Press, Philadelphia, 1983.

 

 
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