Situation et divers
Vue du site – Les ruines du
temple d’Apollon
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Cnide (ou Knidos, en
Grec :
Κνίδος, en Latin : Cnidus) fut une ville portuaire de Carie
située dans le Sud-ouest de l’Asie Mineure. Elle était située sur la presqu’île de Datça (environ 35 km. de Datça), qui forme le côté Sud du Golfe
de Kerme (ou de Gokova ou de Gokova ou de Kerma), en face de l’île Grecque de
Cos (ou Kos). Au IVe siècle av.J.C, Cnide était située sur le site de
la moderne Tekir, face à l’île Triopion. Les spécialistes pensent que ce fut à une époque plus tardive (période classique) que la ville fut
probablement sur le site à la pointe de la presqu’île de Datça.
Eudoxe de Cnide (408-3552, astronome, géomètre, médecin et philosophe
Grec),
Ctésias (ou Ktīsías ou Ctesias, Médecin Grec
d’Artaxerxès II,
historien de la Perse et de l’Inde, mort v.398), qui a écrit sur l’histoire de la
Perse, et Sostrate de Cnide
(fin du IVe siècle av.J.C.), l’architecte du phare d’Alexandrie
sont les plus illustres des habitants de la ville.
L’Évêque Ioannes de Cnide participa au Concile de
Chalcédoine en 451. En 458, il fut l’un des signataires de la lettre que les Évêques
de la province Romaine de Carie, à laquelle Cnide appartenaient, écrivirent à
l’Empereur Byzantin Léon I (457-474) après l’assassinat de Proterius d’Alexandrie
(Patriarche d’Alexandrie, 451-457).
L’Évêque Evander participa au Concile de Constantinople en 553
et l’Évêque Stauratius à celui de
Nicée en 787. Cnide est aujourd’hui classée par l’Église Catholique comme un siège titulaire.
L’histoire…….
La plus ancienne trace de la cité remonte à la période
Mycénienne (1450-1200), où des documents
trouvés à Pylos, en linéaire B, mentionnent des esclaves
venus de Cnide. Les fouilles archéologiques n’ont pas permis de certifier cette datation, ce qui fait que jusqu’à aujourd’hui on ne sait pas si le
lieu n’aurait pas été habité encore avant, à l’époque Minoenne (V.2200-1450).
Selon Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425 – Histoires I.174), les Cnidiens étaient des colons de
Sparte. Cependant, la présence de démiurges (Travailleurs indépendants,
juridiquement libres) soutient une fondation, ou une forte influence, de
Grecs d’origine Dorique du Péloponnèse, éventuellement des Argiens (d’Argos).
D’où le fait que l’on trouve des fois qu’elle fut fondée par le légendaire Triopes.
Vue du site – Le théâtre
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Elle fit d’ailleurs partie de l’Hexapole Dorienne était (Confédération de
6 cités Doriennes avec :
Cos (ou Kos),
Halicarnasse et
Lindos, Ialissos (Lalysos) et Camiros (ou Kamiros ou Kameiros) sur l’île de
Rhodes. Le sanctuaire commun était le Triopon,
un temple dédié à Apollon situé sur le promontoire de Cnide. Les jeux Doriens y étaient célébrés.
C’est au temple d’Aphrodite de Cnide que se trouvait la célèbre statue de la Déesse réalisée par le sculpteur Praxitèle Praxitèle (ou Praxitélês,
sculpteur Grec, v.400-326).
Cnide eut de très bonnes relations avec la cité de Naucratis en
Égypte et son trésor était localisé dans une maison de
Delphes en
Grèce.
La ville fut d’abord dirigée par un Sénat Oligarchique, composé de 60 membres, et présidé par un Magistrat,
mais il est prouvé, par des inscriptions, que la constitution subit une transformation populaire.
La situation Géographique de Cnide fut favorable pour le commerce, et les habitants
amassèrent des richesses considérables.
Vers 580, ils colonisèrent l’île de Lipari (la plus grande des îles Éoliennes dans la mer Tyrrhénienne au large de la côte Nord de la Sicile), et
fondèrent une ville, Nigra, sur l’île de Corcyre (ou Kérkyra ou Kórkyra, aujourd’hui Corfou) dans la mer Adriatique.
Vers 545 av.J.C. Cnide fut soumise par le Roi
Perse, Cyrus II le Grand (559-529), lors
de son invasion de l’Asie Mineure. En 540, elle fut la résidence du Général
Perse Harpage (ou Hárpagos ou Harpagus, dignitaire Mède),
au service Cyrus II.
Les Cnidiens participèrent ensuite avec les Perses
à la
bataille de Salamine (29/9/480).
Après la défaite des Achéménides
à la
bataille du cap Mycale en Août (ou Septembre) 479,
la cité rejoignit, en 477, la Ligue de Délos.
En 413/412, lors de la Guerre du Péloponnèse (431-404)
elle se révolta contre l’impérialisme Athénien et se rangea du côté de
Sparte, puis de nouveau du côté des
Perses.
En 395, Thrasybule (ou Thrasýboulos, v.445-388) poussa
les Athéniens à l’alliance avec
Thèbes,
Corinthe et Argos contre l’éternel ennemi,
Sparte. Il commanda alors une flotte pour mettre fin à l’hégémonie de celle-ci dans
le monde Grec dans les îles de la mer Égée et les côtes
d’Asie Mineure
en imposant des régimes démocratiques. En 394, après les deux batailles perdues,
bataille de Némée et
bataille de Coronée, il dut renoncer à son poste et il
fut remplacé part Conon (Général, 444-390). Toujours à la même année, Conon allié avec le Roi de
Chypre
Évagoras (410-374) et le
Satrape
Perse Pharnabaze remporta une grande victoire navale sur la flotte de
Sparte au large de Cnide, ce qui mit fin aux rêves
Spartiates de suprématie en Méditerranée orientale.
Autre vue du site
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Au IIIe siècle, au cours de l’époque Hellénistique, Cnide fut la possession de l’Empire
Ptolémaïque (305-30).
Lors de cette période la ville se vanta d’être une école de médecine, cependant, il faut signaler, comme le confirme Vincenzo Di Benedetto (entre autres),
que la théorie selon laquelle cette école existait déjà au début de l’âge classique (vers 700 av.J.C comme on trouve souvent) est une extrapolation injustifiée.
Au début de la domination de l’Empire Romain, la cité connut une grande expansion dans la région et devint relativement importante.
Les Romains obtinrent assez facilement l’allégeance des Cnidiens qui leur apportèrent leur aide dans leur lutte contre le Roi
Séleucide
Antiochos III (223-187).
Ils les récompensèrent en leur donnant le statut de ville libre.
En 190 av.J.C elle tomba sous influence des Rhodiens et
ne s’en libéra qu’en 167. En 163 av.J.C, elle envoya une aide à la cité de Calynda (ou Calinda ou Calydna ou Karynda), en
Carie, en conflit contre Kaunos (ou Khbide ou Caunus), en
Carie également, à quelques kilomètres à l’Ouest de la ville moderne de Dalyan.
Selon Pline l’Ancien (Écrivain et naturaliste Romain, 23-79), en 129 av.J.C, elle fut incluse dans la province Romaine d’Asie.
Autour de 67 av.J.C elle fut comme d’autres cités :
Colophon,
Samos etc … attaquée par des pirates
Ciliciens. Elle fut
sauvée par le Romain Pompée (106-48) qui avec diverses mesures militaires et politiques redonna à la cité sa position dominante dans la région.
Entre 263 et 467 ap.J.C, la ville fut en proie à plusieurs reprises à de forts séismes. Ce qui n’empêcha pas qu’au
cours de la période Byzantine, Cnide avait encore une population considérable. Les ruines de la ville contiennent un
grand nombre de bâtiments appartenant au style Byzantin et les tombeaux Chrétiens sont fréquents.
Au milieu du VIIe siècle, la cité fut détruite par une flotte arabe.
L’archéologie
Le lion de Cnide
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La longueur maximum de la ville
était d’environ 1.500 m., et toute la zone intra-muros est toujours parsemés de nombreux vestiges architecturaux.
Les murs de l’enceinte de la cité peuvent être retracés sur toute leur longueur et dans de nombreux endroits, en particulier autour de l’acropole,
à l’angle Nord-est de la ville, ils sont remarquablement bien conservés.
La première connaissance occidentale du site, date de 1812, et est due à une mission de la Société des Dilettanti
(ou Dilettanti Society) société savante Britannique.
Puis à des fouilles, exécutées par Sir Charles Thomas Newton, en 1857-1858.
Elles permirent d’identifier : L’agora, le théâtre, un odéon, un temple de Dionysos, un temple des Muses, un temple d’Aphrodite et
un grand nombre de bâtiments mineurs. À cette même période fut également dressé clairement le plan général de la ville.
La plus célèbre statue du sculpteur Praxitèle (ou Praxitélês, sculpteur
Grec, v.400-326), l’Aphrodite, fut faite pour Cnide.
Come nous le précise Léonard Closuit, elle ne nous est pas parvenue, mais des copies tardives existent dont la plus fidèle est aujourd’hui au musée du Vatican.
Dans une enceinte du temple, Sir Newton mis au jour la belle statue assise de Déméter de Cnide, qu’il envoya au British Museum.
En 1858, à environ 5 km. au Sud-est de la ville, Sir Newton et une équipe d’archéologues Britanniques mirent également
au jour les ruines d’un magnifique tombeau avec un lion colossal sculpté dans un bloc de marbre du Pentélique (Montagne située en Attique, au Nord-est
d’Athènes), de 6 m. de Haut sur 3 m. de long.
Comme nous le précise Ian Jenkins, il était censé commémorer la grande victoire navale, la bataille de Cnide en 394 av.J.C.
Le Lion de Cnide est aujourd’hui dans la grande cour du British Museum.
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Autres vues du site et du lion |
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Hansgeorg Bankel :
– Knidos. Neue forschungen im stadtgebiet, Nürnberger Blätter zur Archäologie 6, Nürnberg, 1991.
– Knidos. Der hellenistische rundtempel und sein altar, pp : 51-71, Archäologischer Anzeiger, 1997.
Dietrich Berges et Johannes Nollé :
– Knidos : Beiträge zur geschichte der archaischen stadt, Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2006.
Wolfgang Blümel :
– Die Inschriften von Knidos. Band 1, Habelt, Bonn, 1992.
Christine Bruns-Özgan et Osman Eravşar :
– Knidos : Ein führer durch die ruinen, Selçuk Üniversitesi Fen-Edebiyat Fakültesi
Klasik Arkeoloji Bölümü, Konya, 2002.
Herbert A.Cahn :
– Knidos. Die münzen des 6. und des 5. jahrhunderts vor Christus, de Gruyter, Berlin, 1970.
Paul Cartledge :
– The Greeks : Crucible of civilization, TV Books, New York, 2000.
Léonard Closuit :
– L’Aphrodite de Cnide : étude typologique des principales répliques antiques de l’Aphrodite de Cnide de Praxitèle,
L. Closuit, Martigny, 1978.
Nancy Demand :
– Did Knidos really move? The literary and epigraphical evidence, pp : 224–237, California studies in classical antiquity 20, N°2, 1989.
Vincenzo Di Benedetto !
– Cos e Cnido, Hippocratica : Actes du Colloque hippocratique de Paris, 4-9 septembre 1978,
Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1980.
Ian Jenkins :
– The lion of Knidos, British Museum, London, 2008.
Theodor Kraus :
– Die Aphrodite von Knidos, W. Dorn, Bremen, 1957.
Dominique Lenfant :
– Ctésias de Cnide. La Perse, l’Inde, autres fragments, Les Belles lettres, Paris, 2004.
Johannes Ilberg :
– Die Ärzteschule von Knidos, Hirzel, Leipzig, 1925.
Christine Mitchell Havelock :
– The Aphrodite of Knidos and her successors : A historical review of the female nude in Greek art,
University of Michigan Press, Ann Arbor, 1995.
Sir Charles Thomas Newton et Richard Popplewell Pullan :
– A history of discoveries at Halicarnassus, Cnidus and Branchidæ, Collection europeanlibraries Oxford University, Day & son, 1862.
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