L’histoire…
La renaissance après la mort constituait
le thème central de la croyance des anciens Égyptiens. Pour ce faire ils se sont dotés de recueils funéraires. Il n’existe pas moins de 16 textes funéraires.
Toutefois, certains livres demeurent très difficiles à interpréter, d’autres sont parfaitement connus.
La découverte de ces recueils se fit avec la naissance de l’égyptologie et les grandes expéditions et fouilles du XIXe siècle. Ainsi,
Jean-François Champollion découvrit dès 1829 des textes funéraires
dans les tombes de la vallée des Rois et débuta une traduction.
Ce fut Karl Richard Lepsius qui inventa le terme le
Livre des Morts.
Il publia en 1867, les premiers
Textes des Sarcophages.
Gaston Maspero découvrit la première
pyramide à textes en 1881. Elle contenait les
“Textes des Pyramides“,
qui furent le corpus fondateur des livres funéraires Égyptiens.
La chambre funéraire d’Ounas |
Puis, au fil du temps, le hasard des fouilles permit de découvrir de nouveaux textes, ou des variantes de textes existants.
Ainsi, en 1903, le dégagement de l’Osireion, temple magnifique de
Séthi I, 1294-1279), à
Abydos, révéla plusieurs textes sacrés complets et inconnus à cette époque.
En 1922, la découverte de la tombe (KV62) de
Toutânkhamon (1336/35-1327) par
Howard Carter
fit apparaître des textes uniques, le
Livre du Monde Souterrain.
Les Textes des Pyramides
vont influencer les
Textes des Sarcophages (Moyen Empire,
2022-1650) qui eux-mêmes influencèrent le
Livre des Morts (Nouvel Empire
1549 ou 1540-1080). Ce dernier sera le livre funéraire par excellence jusqu’à la fin de l’Égypte ancienne, soit presque 2.000 ans.
Le Nouvel Empire vit apparaître de nombreux autres livres,
reprenant parfois des références aux livres précédents.
Durant le premier millénaire avant notre ère, et particulièrement durant les
XXVe (747-656) et
XXVIe dynasties (664-525), des anthologies des textes funéraires furent gravées
dans plusieurs immenses tombes. Comme par exemple dans celle (TT33)
de Padiamenopet (ou Padiamenopé) à El-Assasif,
Prophète et chef des Prêtres-lecteurs durant le règne de Psammétique I (664-610)
qui est une véritable encyclopédie sur pierre et fournit les dernières évolutions textuelles de ces livres.
Elles constituent parfois les Textes les plus complets que nous possédons et les ultimes formes des différents chapitres.
L’univers funéraire Égyptien est très complexe et d’une très grande richesse et qui évolua donc siècle après siècle.
Le Nouvel Empire formalisa les principaux textes et
démocratisa un peu plus leur usage. Mais il faudra réellement attendre le premier millénaire, et surtout à partir du VIIe / VIe siècle avant
notre ère, pour qu’une large population d’Égyptiens puissent se faire momifier et utiliser
les textes funéraires réservés jusque-là à l’élite. Cette richesse disparut à l’époque Gréco-romaine où le livre dominant fut le
Livre des Morts. Avec le Christianisme, ces textes disparurent, même si
quelques éléments furent incorporés dans les rites et textes Coptes, et tombèrent dans l’oubli jusqu’en 1822, date du déchiffrement des hiéroglyphes par
Jean-François Champollion.
On peut classifier ces textes par grands groupes :
Les Textes des Pyramides
Les Textes des
Pyramides sont les plus anciens écrits religieux connus à ce jour. Ils sont LE texte fondamental et fondateur.
C’était la somme des conceptions funéraires des Égyptiens de l’Ancien Empire (2647-2150).
Leur origine demeure obscure. Leur forme fut formalisée et gravée sur les parois des
pyramides à partir du règne
d’Ounas (2356-2323). Avant cette apparition, les décors et les textes tapissaient les murs des
temples funéraires et non la tombe en elle-même. Une des causes de cette rupture fut l’émergence du Dieu
Osiris et de son culte.
Textes de la pyramide d’Ounas
|
Ces textes n’apparurent pas subitement, ils furent l’héritage d’une longue tradition funéraire prenant racine dans la période
Prédynastique (v.3500-v.3150).
Certaines formules apparaissent archaïques dans les formulations et le contenu. Le plus célèbre des textes est sans aucun doute l’Hymne cannibale
(constitué par les chapitres 273-274) gravé dans l’antichambre de la tombe du Roi
Ounas. Pour la première fois, un corpus complet de textes funéraires fut utilisé
pour régénérer le mort, ici, le Roi.
Les Textes des Pyramides n’étaient pas illustrés. Ils étaient gravés en colonnes verticales sur les murs des corridors, des
antichambres et des chambres funéraires avec une géographie précise. Les plafonds étaient couverts d’étoiles.
Selon la paroi, et la salle funéraire, on trouve telles ou telles formules. Cependant, l’ordre de celle-ci n’est pas figé et varie énormément d’une
pyramide à une autre.
Les égyptologues ont tenté d’expliquer la disposition des Textes ainsi que leur agencement.
En partant de l’idée que leur disposition était en rapport avec leur contenu, certains chercheurs pensent qu’il existe une assimilation symbolique de
chaque chambre souterraine à une région de la géographie mythique.
À la fin des années 1980, James Peter Allen
proposa qu’on les lise à partir du sarcophage jusque vers l’extérieur de la tombe. Deux décennies plus tard, en 2009,
Harold M.Hays remit en cause cette approche textuelle. Selon lui, les chambres souterraines des
pyramides ne symbolisaient pas des régions mythiques.
Harold M.Hays reprit en fait une argumentation énoncée par Jan Assmann en
1999. Pour ce dernier, les Textes doivent être étudiés en commençant par les liturgies funéraires qui y apparaissent.
Une formule des Textes des Pyramides était par conséquent moins compréhensible prise isolément qu’en série.
Texte de la pyramide de Téti |
Les Texte étaient générique mais les Prêtres et scribes le personnalisaient en mettant le nom du mort.
La longueur des Textes variait elle aussi selon le règne. Par exemple, chez
Ounas, plus ancien exemplaire connu,
il y eut environ 227 formules. En tout, on dépassait les 700 formules. Le but essentiel de celles-ci était de garantir l’ascension au ciel du Roi
ou du Pharaon mort. Cette idée de la montée au ciel était l’héritage de la pensée funéraire des premiers siècles, la
pyramide servant, “d’escalier” ou de “rampe” vers le ciel. Mais ce dernier
voyage n’était pas sans danger, et les Textes avaient pour but d’aider le souverain à trouver le chemin et surmonter les obstacles,
notamment l’obligation de passer les Gardiens des portes avec l’aide d’un passeur. Selon Claude Carrier
dans les chambres funéraires des pyramides,
les textes écrits étaient comme une voix artificielle qui récitait pour l’éternité et en permanence les paroles liturgiques.
Une première géographie de l’au-delà commença à apparaître, même si celle-ci était encore mal définie. Le Dieu
Osiris affirma ici son rôle, le souverain s’identifia à lui, et le mythe
Osirien prit forme sous nos yeux. Surtout, les Textes des Pyramides incorporèrent des
rites que l’on retrouva jusqu’à la fin de la civilisation Égyptienne comme : L’ouverture de la bouche, les rites de la statue, les offrandes, l’encens, etc…
Si au départ, ces Textes ne concernaient que le souverain, une première révolution culturelle se produisit durant le règne de
Pépi II (2246-2152) où une Reine posséda pour la première fois des Textes des Pyramides
pour assurer son immortalité.1
Les Textes des Sarcophages
Les Textes
des Sarcophages (ou Textes des Cercueils ou en Anglais : Coffin Texts, abréviation CT) étaient des textes peints à l’intérieur des cercueils surtout du
Moyen Empire (2022-1650), et très rarement sur des papyrus.
Ils résultent d’une extension des rites funéraires jusque-là réservés au Roi, et d’une utilisation des Textes des Pyramides, auxquels s’ajoutent de nouvelles
formules. L’origine de ces textes demeure cependant incertaine malgré les récentes découvertes et
les nouvelles études qui démontrent qu’il existe bel et bien un lien entre eux et l’ensembles des
Textes des Pyramides, sans pour autant parler d’une transition directe.
Ce dont nous sommes sûr c’est que ces textes prirent racine durant
l’Ancien Empire (2647-2150), sans doute, à la fin de celui-ci, lorsque le pouvoir
royal vacilla et que les provinces (ou Nomes) prirent un pouvoir considérable.
Les Textes furent retrouvés dans des tombes des Gouverneurs (ou Nomarques) de ces provinces et de hauts-fonctionnaires, preuve qu’il y eut une démocratisation,
certes limitée à quelques privilégiés, des textes funéraires et de l’immortalité. Il s’agit cependant d’une évolution capitale dans la pensée
Égyptienne de l’au-delà.
Sarcophage extérieur du Chancelier Nakhti
– XIIe dynastie – Musée du Louvre Photo avant retouches :
wikimedia.org
|
On a constaté que des formules entières des Textes des Sarcophages remontent aux
Textes des Pyramides, à partir de la
pyramide de Pépi I (2289-2255=.
D’autres formules et éléments géographiques se retrouvent dans les Textes des Sarcophages, tels que les le Champ des Souchets (ou des Joncs ou
Campagne de Hotep), que l’on retrouve encore dans le Livre des Morts.
Les premiers Textes des Sarcophages découverts datent du règne de Pépi II (2246-2152),
dans la tombe de Médou Nefert à Balat (Ville de l’oasis de Dakhla). Mais la rédaction de ce nouveau Texte remonte forcément à une date plus ancienne.
Plusieurs nécropoles ont laissé de nombreux exemplaires dans les tombes (Deir el-Bersha,
Assouan,
Assiout). L’usage de ces textes dans les tombes non-royales peut faire
supposer une demande de puissants fonctionnaires qui voulaient eux aussi garantir leur vie après la mort.
Les Textes des Sarcophages sont des formules magiques destinées à préserver le mort, lors de son voyage vers l’au-delà, de la faim,
de la soif et de tous dangers potentiels. Ils ont été constitués et rédigés au fur et à mesure et non d’un seul tenant.
Traditionnellement, ces Textes sont divisés en 1185 chapitres (ou unités), mais selon le cercueil, le contenu varie énormément, avec sans doute, une tradition
locale. Leur longueur est donc très variable, si certaines ne sont qu’une simple phrase, d’autres forment de véritables paragraphes avec introduction et conclusion.
Dans l’impossibilité d’inscrire les textes entièrement sur un sarcophage, le propriétaire du tombeau choisissait les extraits qu’il souhaitait y faire figurer.
Chaque chapitre possédait, en général, un titre. Certains passages, plus importants que d’autres, étaient écrits en rouge.
La langue utilisée est relativement homogène. Autre innovation, pour la première fois, des illustrations (peu nombreuses) enrichissent certains chapitres.
Le défunt recevait de nombreuses offrandes et les serviteurs funéraires (les oushebtis) travaillaient à sa place dans l’au-delà.
Dans cette vie, le défunt pouvait retrouver sa famille et l’ennemi du soleil était le serpent géant
Apophis.
1
Le Livre des Deux Chemins
Le Livre des Deux Chemins constitue un contenu à part dans les Textes des
Sarcophages même s’il est très peu représenté. Il est caractéristique des sarcophages de la nécropole de Deir el-Bersha, en Moyenne-Égypte.
Il était toujours inscrit sur le fond de la cuve, illustré par une carte figurant des chemins et des canaux.
Il s’agit d’une géographie du monde de l’au-delà. Ce Texte présente le trajet, par voie fluviale et par voie terrestre, que
le défunt devait parcourir pour arriver à l’objectif final, rejoindre une région appelée, Ra-Setjaou. Là où était contenu le corps
d’Osiris. On pourrait le comparer à une carte que le défunt utilisait pour naviguer
et se repérer dans l’autre monde. Le texte de ce Livre devait être vu comme un guide pratique avec les bons conseils à suivre.
Une enceinte de feu entourait l’ensemble. Seul celui qui était pur pouvait la franchir et ainsi parvenir aux pieds
d’Horus l’Ancien qui était la Lumière divine. La demeure de la Déesse
Maât, qui était également figurée, garantissait l’ordre cosmique.
1
|
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Livre
pour Sortir au Jour
R(A) n(y) pr.t m hrw |
Le
Livre des Morts
Le
Livre des Morts (ou Livre pour Sortir au Jour ou Livre pour Émerger Vers la Lumière) fut dans la continuité des Textes précédents. Le “jour” en question est celui des vivants,
mais aussi de tout principe lumineux s’opposant aux ténèbres, à l’oubli, à l’anéantissement et à la mort.
Il est sans aucun doute le livre funéraire le plus connu et le plus reproduit de l’Égypte ancienne.
Il s’agit de rouleaux de papyrus, essentiellement rédigés en hiéroglyphes, mais des versions en hiératique (Version cursive des hiéroglyphes) existent.
Ses chapitres illustrés ont beaucoup contribué à cette notoriété.
Le Livre des Morts (ou LdM) apparaît durant la
XVIIe dynastie
(1625-1549) dans la région de
Thèbes. Ce livre fut utilisé aussi bien pour les
tombes privées que royales. Le Livre des Morts fut aussi bien copié sur des papyrus, jusqu’à l’époque Romaine (30 av.J.C-642 ap.J.C), que peint et gravé sur les parois
des tombeaux (couloir, chambre etc.). Les rouleaux de papyrus pouvaient être placés à proximité de la
momie ou contre celle-ci, dans les bandelettes.
Scène issue du papyrus du Livre des Morts d’Hounéfer
montrant la pesée du cœur – British Museum |
Le Livre des Morts était personnel, les scribes personnalisaient le texte notamment avec le nom du défunt.
Son contenu varie beaucoup d’un texte à un autre. Les différents exemplaires connus ne sont donc pas tous identiques, car le bénéficiaire choisissait
les formules qui lui convenaient. Choix aussi probablement en fonction de ce qu’il pouvait s’offrir car ces manuscrits représentaient un investissement
non négligeable, la fabrication du papyrus prenait plusieurs mois et selon la qualité, coûtait plus ou moins cher.
Le papyrus le plus complet est celui d’Ani découvert en 1887, à Louxor. Il mesure 23 mètres et fut malheureusement découpé en 37 feuilles
pour être exposé au British Muséum. Le texte s’articule autour de formules et de nombreuses illustrations résumant le récit et les actions.
Chaque formule est désormais parfaitement identifiée et délimitée et leur nombre dépend des auteurs mais il ne dépasse pas 190.
Certains peuvent donc être courts, alors que d’autres reproduisent l’ensemble, ou presque, du corpus.
Le Livre des Morts était un guide pour le défunt afin de passer les obstacles, de réussir la pesée du cœur et d’accéder au royaume des morts
d’Osiris
pour y vivre pour l’éternité. La scène de la pesée de l’âme du défunt, qui devait être pure, était l’action centrale du Livre.
Cette épreuve devait être impérativement réussie, mais tout était fait pour aider le mort à réussir l’obstacle.
Le Livre décrivait la procession funéraire, l’ouverture de la bouche, la renaissance, la transfiguration, le monde souterrain.
1
Le Livre des Respirations
Indépendamment des trois
grands livres funéraires, les Égyptiens développèrent de nombreux autres écrits.
Durant le IVe siècle avant notre ère (on donne généralement vers 350), le livre des respirations apparut, une seconde version exista durant l’époque
Ptolémaïque (305-30 av.J.C). Les deux versions sont très différentes.
Dans la première, le texte évoque l’intégrité du corps, la purification, le fait d’assurer les offrandes.
Le second livre est un ensemble de différents textes : Équipement funéraire, passage des portes et des gardiens des portes, invocation à
Thot, volonté d’obtenir un document de respiration auprès des Dieux.
Le musée du Louvre conserve un papyrus du premier livre datant du IIe siècle av.J.C.
Bien plus récent, le musée de la Bible et de la Terre Sainte (Paris), préserve un fragment de papyrus du Livre des Respirations du Ier siècle de notre ère.
Le livre fut initialement nommé “Les Lettres des respirations qu’Isis
fabriqua pour son frère Osiris“.
Son origine est sans nul doute Thèbes. Il est écrit en hiératique,
certains en écriture cursive, le démotique. Le thème central est la respiration et son importance pour le défunt. Les Livres sont destinés à permettre aux
personnes décédées de continuer à exister dans la vie après la mort. Les textes exhortent divers Dieux Égyptiens d’accepter le défunt dans leur entreprise.
Le mort doit aussi s’assurer que son nom ne sera pas oublié et ne pas subir une nouvelle mort. Pour les Égyptiens, ne pas citer le nom du défunt ou
l’effacer des textes funéraires l’empêchait de vivre dans l’au-delà.
Des Égyptologues affirment que certains des papyrus que Joseph Smith a prétendu utiliser pour traduire le Livre
d’Abraham sont en fait des parties
des Livres des respirations.1
Les Livres du Monde Souterrain
Au
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080, une profusion de livres funéraires apparut.
Les plus importants furent appelés Livres de ce qui est dans la Douât (Douât = le monde souterrain). Ces livres comportaient des textes définis qui
ne varièrent pas, mais la structure des Livres changea selon la date d’apparition. Ils furent abondamment illustrés et ces images participèrent
activement au récit narratif. Ils se destinaient aux tombes royales puis, après 1070, ils se diffusèrent peu à peu dans les tombes privées,
notamment dans les tombes d’El-Assasif.
Ces Livres sont souvent énigmatiques pour le visiteur des tombes royales car nous sommes dans un univers à la fois spirituel et régénérateur.
Le point commun de tous ces Livres, le voyage nocturne du soleil, le distingue des autres compositions littéraires.
Il joue le rôle dramatique central et l’acteur de l’au-delà. Chaque nuit, il se régénère et surmonte les obstacles pour renaître
le matin.
Scène de l’Amdouat sur les murs de la tombe KV94 de Thoutmôsis III
|
L’Amdouat
L’Amdouat, qui signifie littéralement
“Ce qui est dans la Douât” (DwA.t), c’est-à-dire dans le monde souterrain,
lieu de séjour de Rê pendant les heures de la nuit,
est un important texte religieux funéraire connu aussi sous le nom de Livre de l’Amdouat (ou Livre de la Salle Cachée ou Texte de la Chambre Cachée
ou Livre des Demeures Secrètes). Il apparut dans les tombes de la vallée des Rois au début de la
XVIIIe dynastie (1549-1295), certains avancent sous le règne de
Thoutmosis I (1504-1492) ou celui de la Reine
Hatshepsout (1479-1457).
Comme de nombreux textes funéraires, il fut écrit dans la tombe en référence au défunt. Par contre, il était, contrairement à d’autres textes,
seulement pour les souverains (Rois ou Pharaons). Cet état de fait dura jusqu’à la
XXIe dynastie (1070 / 1069-945) où la noblesse put y accéder.
L’Amdouat raconte l’histoire du Dieu soleil Rê, parcourant le monde souterrain,
le monde de la nuit, depuis le moment où le soleil se couche à l’Ouest jusqu’à ce qu’il se lève à nouveau dans l’Est. Il était dit que les morts prenaient
ce même chemin, afin de vivre éternellement. Le texte préparait donc le défunt à suivre un tel voyage, pour ne faire
qu’un avec le soleil et devenir, à terme, immortel.
Le monde d’en dessous était divisé en douze heures de la nuit, chacune comportant
différents alliés ou ennemis à l’immortalité du défunt, des monstres et des Dieux qui menaient une lutte acharnée. L’Amdouat donnait le nom de centaines
divinités susceptibles d’aider le défunt, qui pouvait ainsi les appeler pour vaincre ses ennemis.
La version complète la plus ancienne fut exhumée de la tombe (KV34) de
Thoutmôsis III (1479-1425). Ce fut le premier
Livre funéraire entièrement illustré.
Le Traité des Douze Cavernes
Le traité des Douze Cavernes (ou La Magie des Douze Grottes, également appelé
Errant de l’Âme) est également un important recueil de textes funéraires. On sait que le texte et les représentations furent repris dès la
XVIIe dynastie dans le Livre des Morts. Il est attesté pour la première fois sous le règne du Roi
Aménophis II (1428/27-1401) dont on a retrouvé un exemplaire dans sa tombe
(KV35).
Un second exemplaire complet fut reproduit sous le règne de Mérenptah (1213-1203)
et fut mis au jour à Abydos. Son utilisation dura jusque sous la période
Ptolémaïque (305-32).
Selon
Erik Hornung, chaque caverne possédait un nombre différent de divinités (7 groupees dans lsa huitième, 20 groupes dans la neuvième etc…).
Les divinités de chaque groupe furent représentées au complet dans l’Osireion, à la différence des autres versions où on ne représenta qu’une divinité mais
en y ajoutant le nombre correspondant. Dans l’Osireion, les sept premières cavernes sont listées mais elles furent dessinées schématiquement
sous la forme de trois divinités anthropomorphes. Pour chacune d’elle il y avait deux Dieux et une Déesse. Seules les cavernes de huit à douze
sont représentées dans le détail. Il n’y avait pas d’ennemis et on ne trouve aucune scène de châtiment.
Dans l’Osireion, le souverain est figuré à genoux devant chaque groupe auquel il fait offrande. Chaque Dieu donnait alors au Roi défunt des faveurs, par exemple
Rê était utilisé pour circuler librement dans le monde de l’au-delàs.
Le tombeau de Pétosiris comporte une scène tirée de la neuvième caverne. Pétosiris (ou Ânkhefenkhonsou1, fut un des cinq Grands Prêtres de
Thot à Hermopolis sous la
XXXe dynastie).
Le Livre des Portes
Représentation
des différentes races de l’humanité dans le Livre des Portes par Giovanni Battista Belzoni |
Le Livre des Portes pour certains chercheurs vit sa première apparition au début du
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080), d’autres la situe sous le règne
d’Horemheb (132 -1295) ou de
Ramsès I (1295-1294). Son nom, “Livre des Portes”, lui fut donné par
Gaston Maspero.
Il raconte le passage de l’esprit du défunt dans le monde de l’au-delà, correspondant au voyage du soleil, le Dieu
Rê, à travers le
monde souterrain pendant les heures de la nuit. L’esprit, l’âme, était
nécessaire pour passer à travers une série de "portes" à différentes étapes du
voyage au pays des morts. Chaque porte était associée à une Déesse particulière
et exigeait que le défunt reconnut le caractère distinctif de cette divinité.
Le texte implique que certaines personnes traversait indemne, mais que d’autres souffrait le tourment dans un “lac de feu”.
La partie la plus célèbre du Livre des Portes désigne les différentes races de l’humanité connues par les
Égyptiens. Ils les divisaient en quatre catégories qui sont aujourd’hui classiquement étiquetées : “Reth” (Égyptiens), “Aamu” (Asiatiques),
“Themehu” (Libyens) et “Nehesu” (Nubiens). Ces deniers sont représentés en procession entrant dans le monde suivant.
Quatre groupes, chaque groupe contenant quatre hommes : Le premier est “Reth”, le second est “Aamu”, les troisièmes est “Nehesu” et le quatrième est “Themehu”.
Les Reth sont donc Égyptiens, les Aamu sont des habitants des déserts à l’Est et du Nord-est de l’Égypte, les Nehesu sont les races noires et les
Themehu sont les Libyens à la peau claire.
Le texte et les images associées avec le Livre des Portes apparaissent dans de nombreuses tombes du
Nouvel Empire, y compris toutes les tombes royales entre
Horemheb et Ramsès VII
(1136-1129). Ils apparaissent également dans la tombe de Senedjem, un travailleur du village des artisans de
Deir el-Médineh qui construisaient les tombes royales au
Nouvel Empire.
Les Déesses énumérées dans le Livre des Portes ont chacune différents titres, et portent des vêtements différents de couleur, mais sont identiques à
tous autres égards, notamment elles portaient toutes une étoile à cinq branches au-dessus de leurs têtes. La plupart des Déesses sont spécifiques au Livre des Portes
et n’existent pas ailleurs dans la mythologie Égyptienne. On suppose donc que ce Livre servait à compter les heures de la nuit,
citant quelles étoiles apparaissaient à tel ou tel moment.
Le Livre énigmatique du Monde Souterrain
Le Livre énigmatique du monde souterrain est en deux parties. Il fut trouvé pour la première fois dans
la tombe KV62, de
Toutânkhamon (1336/35-1327). Ce “Livre” est divisé en trois sections.
Il est un mélange d’autres textes funéraires, comme l’Amdouat et le
Livre des Morts, mais rédigé dans une écriture dite cryptographique.
Il est spéculé qu’il couvrait la création et la renaissance du soleil. Cependant, le vrai sens de l’ouvrage n’est pas connu en raison de l’utilisation des
illustrations cryptographiques pour préserver le secret des formules et donc son interprétation est parfois confuse. D’autres Livres énigmatiques furent mis
au jour, notamment dans les tombes (KV9) de
Ramsès V (1147-1143) et
(KV6)
de Ramsès IX.
Le Livre des Cavernes
Le Livre des Cavernes (ou Livre des Quererts) est un important texte funéraire
de l’Égypte antique datant du Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080).
Certains spécialistes avancent qu’il apparut sous le règne de Mérenptah (1213-1203).
Comme pour les autres textes funéraires, il est attesté dans les tombes des Rois pour accompagner le défunt.
Il décrit le voyage du Dieu soleil Rê à travers les six cavernes des enfers.
En particulier, sur les relations entre le Dieu et les habitants des enfers. Les récompenses données aux justes et les punitions des ennemis
de l’ordre du monde, ceux qui échouent lors de leur jugement dans l’Au-delà. Le Livre des Cavernes est l’une des sources d’information sur le concept
d’enfer des anciens Égyptiens la plus importante. Il donne aussi quelques indications sur la structure topographique imaginaire de l’Au-delà.
Sa plus ancienne version connue se trouve sur le mur de gauche de l’Osireion à
Abydos, face au
Livre des Portes. Elle fut découverte par les archéologues
William Matthew Flinders Petrie et
Margaret Alice Murray qui fouillèrent le site de 1902 à 1903.
Plus tard, il apparut dans le tombeau (KV2), de
Ramsès IV (1153-1347) dans la
vallée des Rois.
La première (et dernière) version complète utilisée dans la vallée des Rois se
trouve dans la tombe KV9, de
Ramsès VI (1143-1136).
Osiris en est l’acteur central même si
Rê, comme dit plus haut, est très présent, car comme ses prédécesseurs,
le Livre des Cavernes décrit le voyage du Dieu soleil, de l’horizon occidental à l’horizon oriental, à travers le monde souterrain,
les créatures divines qu’il rencontre et ses interactions avec elles. Durant ce voyage,
Rê traverse aussi les cavernes de l’Enfer, dans lequel les ennemies de l’ordre du monde
sont détruits.
En 2013, treize textes du Livre sont répertoriés. La première traduction d’extraits du Livre des Cavernes fut celle Ippolito Rosellini
en 1836 (Tombe de Ramsès VI). Ultérieurement,
Jean-François Champollion fit lui aussi quelques traductions
du Livre de cette tombe. Néanmoins, les savants ne s’intéressèrent plus au Livre avant le siècle suivant lorsqu’une deuxième version, complète, fut
mise au jour dans l’Osireion. En 1933, Henri Frankfort, avec l’aide
d’Adriaan de Buck, publia la première traduction complète basée sur le texte de l’Osireion. Entre 1942 et 1945,
Alexandre Piankoff publia une traduction Française.
En 1972, une version Allemande fut publiée par
Erik Hornung.
Livre de la Terre dans KV9 – Paroi Sud |
Le Livre de la Terre
Le Livre de la Terre, fut appelé par beaucoup de noms tels que :
Livre de la Création du Disque Solaire ou le Livre d’Aker. Il apparaît principalement dans les tombes :
KV8 de Mérenptah
(1213-1203), KV14 de la Reine
Taousert (1188-1186),
KV11 de
Ramsès III (1184-1153),
KV9 de
Ramsès VI (1143-1136) et
KV1 de
Ramsès VII et servit de contrepartie au
Livre des Cavernes.
Il y eut quelques scènes supplémentaires, trouvées sur les murs des autres tombes royales s’étendant à partir du
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080) jusqu’à
la Basse époque (656-332), mais comme beaucoup
de scènes du Livre, généralement, elle sont dispersées, l’ordre des illustrations étant compliqué.
Jean-François Champollion fut le premier à publier
les scènes et textes de la tombe de Ramsès VI dans son
“Monuments de l’Égypte” où il déchiffra les hiéroglyphes représentés dans les tombes.
Alexandre Piankoff
fut le premier à vraiment étudier la composition des images et des hiéroglyphes.
Livre de la Terre dans KV9 – Paroi Nord |
L’analyse du Livre est rendue compliquée par certaines scènes additionnelles provenant d’autres tombes,
sans qu’il ne soit possible de les inclure ou de les exclure formellement de l’histoire du Livre de la Terre. On pense que les panneaux qui
servirent à la composition d’origine étaient divisés chacun en trois registres. Bien que l’analyse en soit incertaine. Des spécialistes,
comme Friedrich Abitz, pensent que le Livre se composait de deux registres avec une seule contenant des scènes de punition.
La barque solaire n’est plus l’élément clef du récit. Les personnages centraux de
l’histoire sont Osiris,
Rê et Ba, (1136-1129) tandis que l’intrigue globale relate le voyage du soleil dans le monde
souterrain du Dieu de la Terre, Aker (Symbole de la terre avec Geb et Taténen et
plus particulièrement de la vie du sous-sol. gardien de l’au-delà).
Le Livre de la Terre utilise également le disque solaire comme thème récurrent.
Les scènes sont orientées vers la droite et les illustrations peuvent être lues de droite à gauche.
Ce qui est en contradiction avec la configuration typique décrite par
Alexandre Piankoff.
Piankoff a identifié quatre parties au Livre de la Terre,
qu’il note de A à D. Friedrich Abitz y ajoute une partie E,
correspondant à des scènes trouvées sur les côtés d’un pilier. Ces éléments comprennent le thème de la création du disque solaire et le thème du Dieu soleil,
le voyage de Rê dans le monde souterrain, hors de la lumière.
Les Livres de la nuit
Une seconde série de Livres apparut après le règne
d’Amenhotep IV
(ou Aménophis ou Akhenaton, 1353/52-1338). Cette fois, les textes se concentraient sur la Déesse
Nout (ou Nut), divinité du ciel, personnification de la voûte céleste
et du firmament et le périple du soleil dans son corps (donc dans le ciel). Ces livres décoraient souvent les plafonds des tombes royales.
Comme pour les autres grandes classifications il en existât plusieurs ouvrages.
Détail du papyrus Greenfield –
Shou soutenant Nout au-dessus de Geb – British Museum |
Le Livre de Nout
Le Livre de Nout (ou Les Fondamentaux de la Course des Étoiles), est une collection de textes astronomiques anciens,
couvrant également divers sujets mythologiques. Les textes se concentrent sur les cycles des étoiles, les décans, les mouvements de la lune, du soleil et
des planètes, sur les cadrans solaires. Ce nom fut donné au Livre en raison de la représentation de la Déesse
Nout et de la voûte céleste, dans certains exemplaires du texte.
Elle est représentée soutenue par le Dieu de l’air Shou.
Le nom original du Livre, Les Fondamentaux de la Course des Étoiles, fut découvert par Alexandra Von Lieven dans un fragment de manuscrit,
et publié en 2007.
Le Livre évolua sur une longue période jusque sous le règne de
Seti I (1294-1279). Marshall Clagett avance que les données astronomiques incluses
dans la liste des décans dateraient de la XIIe dynastie (1991-1783), à l’époque de
Sésostris III (1878-1843). Il existe deux listes des décans différentes.
Un des grands thèmes du Livre est le concept du lever du soleil et de la renaissance mythologique.
Le tout forme une topographie du ciel en expliquant le périple solaire.
Il y a 9 copies différentes du Livre datant de différentes époques.
Trois exemplaires furent trouvés sur des monuments et six autres sur des papyrus datant du IIe siècle ap.J.C et provenant de la bibliothèque du temple
de Sobek, Seigneur de (Teb)tynis (ou So(b)k-Neb-Tynis, d’où les noms Démotique et Grec de Soknebtynis). Tebtynis fut une ville dans le Sud
des Oasis du Fayoum. Ils incluent des textes à la fois en Hiératique et en Démotique, certaines parties sont également écrits en hiéroglyphes.
Les exemplaires sur les monuments se trouvent : Dans la tombe (KV2) de
Ramsès IV (1153-1347), dans le cénotaphe de
Seti I à l’Osireion à Abydos,
et à El-Assasif, dans le tombeau
(TT410) d’un noble, Moutirdais (ou Mutirdis) Majordome de la
Divine Adoratrice d’Amon
Nitocris I (656-586) sous le règne de
Psammétique I (664-610,
XXVIe dynastie). Ces copies monumentales sont écrites en hiéroglyphes.
Les textes de Tebtynis sont actuellement éparpillés partout dans le monde en raison de sa fouille et leur acquisition complexe.
Détail du papyrus de
Nespakashouty, scribe comptable des grains du grenier d’Amon – Musée du Louvre
|
En ce qui concerne les papyrus, il en existe des milliers de fragments détenus
par diverses musées qui sont toujours étudiés par les chercheurs. Les meilleurs manuscrits sont les papyrus Carlsberg 1 et 1a, écrit en Démotique.
Ils ont été écrits par le même scribe. D’autres manuscrits sont pour la plupart fragmentaires. Il existe des différences substantielles entre
toutes ces copies, indiquant que la tradition textuelle du Livre de Nout était encore bien vivante, même au IIe siècle ap.J.C.
Les premiers égyptologues ont prêtés beaucoup d’attention aux parties astronomiques du Livre.
Le première version disponible pour la recherche
fut celle mise au jour dans la tombe (KV2) de
Ramsès IV, qui comprenait la peinture astronomique avec la liste des décans.
Le texte fut déchiffré la première fois par
Jean-François Champollion et Ippolito Rosellini,
puis plus tard il fut copié par Heinrich Karl Brugsch.
Une nouvelle édition fut publiée en 1990 par Erik Hornung.
En 1933, la version dans le cénotaphe de Seti I
dans l’Osireion à Abydos fut découverte.
Cette découverte est importante parce que cette version représente la plus ancienne de ces textes.
La traduction des sections cryptographiques du Livre de Nout par Adriaan De Buck a fait avancer de manière significative la recherche. En 1977,
Jan Assmann
a publié un autre texte pertinent, traduit de la tombe (TT410) de Moutirdais (ou Mutirdis).
D’autres publications importantes ont été faite depuis 2007.
Plafond de la tombe de Ramsès
VI avec une version du Livre du Jour et du Livre de la Nuit |
Le Livre du Jour et le Livre de la Nuit
Le Livre du Jour décrit le périple diurne (donc durant la journée) du soleil, à l’intérieur du ventre de
Nout, de l’aube au coucher.
La plus ancienne version date du règne de Ramsès VI (1143-1136), puis on en
trouva d’autre dans les tombes royales de Tanis.
L’image de la Déesse, connue sous le nom de dame du ciel et des étoiles, mère du soleil structure la composition et l’organisation du texte,
Le Livre de la Nuit, fait le périple inverse et complète le Livre du Jour. Chaque heure comporte une introduction décrivant les éléments importants.
Sa plus ancienne version date du règne de Seti I (1294-1279).
Chaque soir, la divinité avale l’astre qui traverse son corps pour renaître au matin. Comme dit plus haut on trouve une illustration de ces Livres sur le plafond
astronomique de la chambre funéraire du tombeau (KV9) de
Ramsès VI dans la
vallée des Rois, ainsi que quelques passages dans le
temple funéraire de Ramsès III (1184-1153) à
Médinet Habou.
Les autres Livres
À côté
des grandes compositions littéraires (les Textes, les Livres du Monde Souterrain et les Livres de la Nuit), les Égyptiens inventèrent et rédigèrent
plusieurs autres Livres que l’on trouve régulièrement dans les tombes du
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080), et durant le premier millénaire.
Ils sont les suivants :
Les Litanies de Rê
Les Litanies de
Rê (ou Litanie du Soleil), qui portent comme titre : Livre de prière à
Rê à l’Occident (ou
au royaume de l’Ouest), décrit de manifestation de la divinité solaire.
Comme de nombreux textes funéraires, on la trouve dans plusieurs tombes de la vallée des Rois.
Contrairement à d’autres textes funéraires, cependant, il était réservé seulement pour les souverains ou quelques nobles très favorisés.
Ça plus ancienne version mises au jour date du règne de Thoutmosis III (1479-1425).
Parie des Litanies de Rê dans le temple de Ramsès II à Abydos |
Ces textes sont donc à la gloire du Dieu solaire, Rê. Le récit débute par
les 75 noms de la divinité. Plusieurs noms sont en relation directe avec le monde souterrain. Cette Litanie fut souvent placée à l’entrée des tombeaux des
Ramsès. La Litanie exalte Rê alors qu’il pénètre ans le monde souterrain.
C’est une composition en deux parties. La première invoque Rê dans ses 75 formes différentes.
La deuxième est une série de prières dans laquelle le souverain est en relation avec la nature et les divinités.
Les Litanies font aussi l’éloge du Pharaon pour son union avec le Dieu solaire, ainsi que ces autres divinités.
Le texte fut utilisé dans l’entrée de la plupart des tombes de l’époque de Seti I (1294-1279),
même si, comme dit plus haut, nous en avons une version dans la chambre funéraire de
Thoutmosis III et dans les tombes (TT61 et TT131) de son vizir
et Gouverneur de Thèbes, Ouseramon (dit Ouser) à
Sheikh Abd el-Gourna.
Les différentes représentations connues se trouvent :
– Dans la tombe (KV34) de
Thoutmosis III sur les colonnes de la salle du sarcophage,
– Dans la tombe (KV17) de
Seti I où le texte des
Litanies de Rê est le premier texte
visible à l’entrée du tombeau,
– Dans les tombeaux (KV7) de
Ramsès II (1279-1213) ;
(KV8) de
Mérenptah (1213-1203) ;
(KV15) de
Séthi II (1203-1194) ;
(KV11) de
Ramsès III (1184-1153) ;
(KV2) de
Ramsès IV (1153-1347) et
(KV6) de
Ramsès IX (1126-1108).
– Enfin nous en avons une version dans le petit temple de
Ramsès II à
Abydos, dans la chapelle G. La litanie fut gravée en entier sur les bases des
murs Sud et Nord avec en figure de titre le soleil figuré sous trois formes différentes : Le disque, le scarabée et le Dieu à tête de bélier. Selon
Erik Hornung, le disque faisait fuir les
forces mauvaises, serpent ou crocodile. Selon une autre interprétation de John Coleman Darnell,
le serpent et le crocodile, émissaires du soleil, protégeraient le disque.
Les litanies de Rê y sont complétées par des vignettes du
Livre des Morts.
Le Livre de la Vache Sacrée
Le Livre de la Vache Sacrée (ou de la Vache Céleste ou Livre de la Vache du Ciel ou Livre de la Vache Céleste ou
Livre de la Vache Merveilleuse), est un texte mythologique qui parle de la vision cosmogonique Égyptienne. Ce mythe appartient aux textes sacrés et
puise sûrement ses origines très loin dans l’histoire de l’Égypte. Certains spécialistes y voient des traces dans les
Textes des Pyramides. Il décrit en partie la rébellion des hommes contre l’imperfection du monde,
et les relations de l’humanité contre le vieux Dieu Rê.
L’histoire commence alors que Dieux et hommes cohabitent sur la Terre sous la tutelle de Rê,
et tout paraît parfait. Pourtant, avec le temps, le Dieu a vieilli et les hommes en profitent pour se révolter.
Le mythe se divise en deux scènes, la première où
Rê envoie sa fille
Hathor, sur Terre pour punir les hommes, et la seconde
où Rê décide de quitter la Terre aidé par la Déesse
Nout.
Hathor lancera le châtiment et provoquera la chute de l’humanité et un ordre nouveau et
les survivants souffriront de la séparation de Rê qui résidait maintenant dans le ciel
sur le dos de la Vache Céleste (Image centrale du livre). Avec cette “chute”, la souffrance et la mort arrivent sur Terre avec une fracture dans
l’unité originelle de la création. Un passage du Livre explique que Thot est choisi par
Rê comme Vizir alors que celui-ci s’apprête à quitter le monde des hommes.
Hathor
dans le Livre de Vache Sacrée |
Bien que la plus ancienne trace trouvée de ce Livre (Dans une forme tronquée) est enregistrée à la période du
Nouvel Empire (1549 ou 1540-1080), plus précisément
dans la tombe (KV62) de
Toutânkhamon (1336/35-1327), il est écrit dans un
Égyptien datant du Moyen Empire (2022-1650)
et pourrait donc aussi avoir été réalisé au cours de cette période. Le livre apparaît, sous sa forme complète, sur les murs des chambres dans la tombe :
(KV17) de
Seti I (1294-1279),
(KV7) de Ramsès II
(1279-1213) et (KV11) de
Ramsès III (1184-1153), et une partie apparaît dans une niche dans la tombe (KV9)
de Ramsès VI (1143-1136).
Le texte comprend trois illustrations, y compris une grande image de la “Vache du Ciel” (la Déesse
Nout, la personnification du ciel) soutenue par
Shou).
Selon
Jan Assmann, l’ouvrage a été vu comme une forme de
théodicée (Explication de l’apparente contradiction entre l’existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : Sa toute-puissance et sa bonté)
et un texte magique pour assurer l’ascension du souverain dans le ciel. Selon
Miriam Lichtheim, il a également été considéré comme thématiquement
similaire aux comptes les plus développés de la destruction de l’humanité, comme dans l’histoire
Mésopotamienne Biblique du déluge.
Quelques spécialistes pensent que règne d’Amenhotep IV (ou
Aménophis ou Akhenaton, 1353/52-1338 ), le Pharaon qui avait tenté d’apporter un changement dans les traditions religieuses existantes,
peut être la source d’inspiration pour la rédaction de ce Livre et il aurait été réalisé à
la période d’Amarnienne.
En 1876, Henri Édouard Naville a publié des
traductions (Anglaise et Française) de la version du Livre de la tombe de Seti I, suivie
de la version de celle de Ramsès III en 1885.
Heinrich Karl Brugsch a publié la première édition en langue Allemande
en 1881. D’autres traductions ont été produites par Charles Maystre en 1941,
Alexandre Piankoff en 1955 et
Erik Hornung en 1983 et 1991.
Le Livre de parcourir l’éternité
Le Livre de parcourir l’éternité fut au premier rang de la littérature funéraire à la
Basse Époque (656-332). Pour certain il date de l’époque Gréco-romaine.
C’est une œuvre d’une richesse et d’une complexité exceptionnelles, dont l’originalité réside dans l’inventaire des places sacrées visitées
par le défunt et surtout dans le catalogue de fêtes et rites auxquels il participe.
19 versions, de provenance variée, sont connues. Certaines confortent et précisent sa relation avec le
Livre des Respirations.
Par sa thématique funéraire, ses développements géographiques, liturgiques et calendériques, le Livre est l’une des plus remarquables synthèses religieuses
de l’Égypte tardive. C’est le récit du retour du mort dans notre monde pour assister à des fêtes et visiter les temples.
Il faudra y voir une sorte de calendrier religieux pour le mort et l’au-delà qui n’est pas le monde souterrain, mais notre monde réel.
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