Autres  royaumes  et  villes :
 Chypre   et   Salamine 
L’île  de  Salamine  et  la  bataille  de  Salamine
 

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Salamine de Chypre
 
Salamine, île de Grèce
 
La bataille de Salamine

 

Salamine   et  Chypre
 
Rois de Salamine de Chypre

 
   Salamine (ou Salaminia, en Grec : Σαλαμίνα ou Σαλαμίς) est située sur la côte Est de l’île de Chypre, au bord du Pediaeos. Les débuts de Salamine sont liés aux fondations mythiques établies à Chypre après la Guerre de Troie par les héros Grecs. Son excellent port lui assura rapidement le premier rang des cités de l’île. Salamine fut célèbre pendant l’époque archaïque et classique comme un des royaumes les plus prospères de l’île. Cependant, rien d’antérieur au VIIIe siècle n’était attesté sur le terrain. Or, des fouilles de la mission Française ont mis au jour une riche tombe du XIe siècle, ainsi qu’un sanctuaire consacré au Dieu de la cité (Désigné comme Zeus). Ils ont été construits à la même époque, à proximité de la mer, le long d’un rempart.
 
   Les restes d’habitat dégagés sur le site de la ville historique attestent que, dès la fin du IIe millénaire, existait sur la côte une véritable cité, qui resta pendant plus de 1800 ans la plus importante des villes de Chypre. Pendant que Salamine poursuivit son développement, au IXe siècle, un événement notable marqua la ville de Cition (ou Kition, en Grec : Κίτιον, en Latin : Citium – Sur la côte Sud-est de l’île), lorsque les Phéniciens établirent des colonies sur les côtes Méditerranéennes jusqu’en Afrique (Carthage) et en Espagne, leur première étape fut Chypre. Ils y installèrent un comptoir (Phéniciens de Tyr), qui très vite contrôla la ville et renforça sa dimension commerciale.


 

Salamine – Vue d’une partie
du site, le sanctuaire

 
    Les Phéniciens gardèrent ce comptoir à Cition (ou Kition) pendant cinq siècles. Il constitua une entité Phénicienne, caractérisée par sa langue, ses Dieux, ses pratiques. Un nouveau lieu de culte, fut alors fondé près du port (Site de Bamboula). Les fouilles ont montré qu’il n’a cessé de s’étendre au cours des siècles suivants, jusqu’au Ve siècle. Entièrement reconstruit à l’époque classique, il resta en activité jusqu’à la fin du IVe siècle qui vit la disparition de la royauté Chypro-phénicienne. Puis l’île de Chypre fut envahit par les Perse qui en firent la 5ème satrapie de leur Empire. Salamine joua un rôle de premier plan dans les affrontements qui opposèrent les Perses aux Grecs.
 
   Comme le montre des textes littéraires et des inscriptions, les Rois de Cition (ou Kition) alliés des Perses, affrontèrent les Rois de Salamine qui soutenaient la politique Grecque, chacun s’efforçant d’agrandir son territoire aux dépens de l’autre. Vers 400, les deux cités connurent un développement urbanistique considérable. Pour Salamine, on le sait par les textes des auteurs Grecs (Dont Isocrate, 436–338, orateur Athénien).
 
   Un des premiers dont on connait bien l’existence fut Évagoras I (ou Euagoras, en Grec : Εαγόρας, 411 à 374 ou 410 à 374), Roi de Salamine qui fut le fils de Nicoclès (ou Nikoklès ou Nikokleos, en Grec : Νικοκλής, ? à 415). Certains spécialistes avancent qu’il naquit autour de 435 ?. Il se réclamait descendant divin de Teucros (ou Teucrides ou Teucer), le demi-frère d’Ajax, fils de Télamon. Sa famille régnait depuis longtemps sur Salamine, mais durant son enfance la cité tomba sous la domination Phénicienne (Ces derniers se partageant Chypre avec les Hellènes), c’est ce qui provoqua son exil. Il partit alors en Cilicie afin de trouver une aide militaire pour reprendre son trône. Il réunit l’appui de 50 partisans et en 410 (on trouve aussi 411 ?), il rentra à Salamine en clandestinité et s’empara de la ville et du trône de ses ancêtres, après une attaque surprise contre l’usurpateur en place, le Phénicien Roi de Tyr, Abdémon (En Grec : Αδήμων, v.420 à 411). Certains spécialistes avancent que ce dernier fut originaire de Cition (ou Kition).
 
   Au début, Évagoras I eut de bonnes relations avec les Perses, reconnaissant leur suzeraineté, ce qui lui garantit l’aide des Rois Darius II (423-404), puis d’Artaxerxès II Mnémon (404-359), contre Sparte. Puis il se brouilla avec ce dernier lorsqu’il agrandit son royaume sur des terres appartenant aux Phéniciens, alliés des Perses et l’étendit à presque toute l’île. Orontès, Gendre (?) d’Artaxerxès II, qui fut placé à la tête de l’armée et Tiribaze qui commandait une flotte de 300 trirèmes, furent alors chargés de conduire une campagne militaire contre Évagoras I. Il avait recueillit le Général Athénien Conon (444-390) après la bataille d’Aigos Potamos, en 405, ce qui lui valut l’aide d’Athènes.


 

Stater argent d’Évagoras I

 
   En 394, il prit part à la bataille Cnide et contribua à la victoire des Athéniens, au cours de laquelle la flotte Spartiate fut défaite. Pour ce service rendu, il vit les Athéniens ériger une statue en son honneur, à côté de celle de Conon, dans le Céramikeion (Quartier des potiers à Athènes). En 390, il s’allia au Pharaon Achôris (393-380) contre les Perses et étendit son pouvoir au-delà de Chypre. Il prit plusieurs villes en Phénicie et en Syrie, comme Amathonte, acquises aux Perses.
 
   Il persuada les Ciliciens de se révolter, mais en 387/386, la paix de Sardes (En Lydie, paix dite d’Antalcidas), conclue entre les Grecs et les Perses, à laquelle Évagoras refusa d’adhérer, ruina ses efforts, car si Artaxerxès II acceptait de perdre les cités Ioniennes, il voulait toujours la possession de Chypre. De plus les Athéniens lui retirèrent leur appui, car selon les termes du traité, ils reconnaissaient le contrôle des Perses sur Chypre. Les années suivantes Évagoras I fut donc contraint et forcé de continuer les hostilités en solitaire, à l’exception de l’aide occasionnelle de l’Égypte, mais de faible ampleur, car eux-mêmes étaient menacée par les armées Perses.
 
  En 385, les Généraux Perses, Tiribaze et Orontès, réussirent enfin à envahir Chypre, avec une armée beaucoup plus importante que celle qu’Évagoras I commandait. Celui-ci, contraint désormais de poursuivre seul la lutte et conscient de son infériorité militaire, refusa l’affrontement direct. Il multiplia les escarmouches et s’efforça de couper les communications de l’ennemi afin de gêner son ravitaillement pour affamer leurs troupes dans l’espoir qu’elles se rebellent. Malgré cela la guerre tourna à l’avantage des Perses. Il fut battu sur mer à la bataille de Cition (ou Kition) et il fut contraint de se réfugier à Salamine où il fut assiégé. Évagoras I réussit toutefois à tenir la place et il profita d’une querelle entre les deux Généraux Perses pour, en 376, conclure la paix. Il obtint de rester Roi sur la cité, mais vassal de la Perse, à qui il devait payer un tribut annuel. Il dut également renoncer à ses conquêtes et à son ambition de réaliser l’unité Chypriote.
 
  La chronologie de la dernière partie de son règne est incertaine. Évagoras I fit de Salamine un des principaux centres politiques et culturels du monde Grec. Selon Isocrate (436–338, orateur Athénien), Évagoras I fut "un Roi modèle, qui contribua à l’amélioration de la civilisation Hellénique par la culture et qui avait pour buts de favoriser le bonheur de ses sujets et d’agrandir le pouvoir de son royaume". Il le proposa même comme chef de l’Hellénisme. Évagoras I fut le premier Roi qui fit graver son nom sur ses monnaies en caractères Grecs, à côté du syllabaire Chypriote. En 374, il fut assassiné avec son fils Pnytagoras par Thrasydaios, un eunuque, pour des motifs de vengeance privée. Il fut succédé par son autre fils.


 

Détail en Ivoire d’un trône, trouvé
dans les tombes royales de
Salamine – vers 700.

 
    Nicoclès ([II] ou Nikoklès ou Nikokleos, en Grec : Νικοκλής, 374 à 361 ou 374 à 359/58 ou 374 à 355 ou 374 à 353) arriva sur le trône de Salamine et il continua la politique philhelléniste de son père. Certains auteurs ont supposé qu’il avait participé à la conspiration à laquelle son père fut victime, mais il n’existe pas d’autorité pour cette supposition. Guère de détails sont connus du règne de ce Roi, mais il semble avoir été celui de la paix et de la prospérité. En fait Nicoclès n’est connu que par les deux discours pédagogiques qu’Isocrate (Un des dix orateurs Attiques, 436–338), son maître, lui adressa, et qui traitent, l’un, de la science du gouvernement, l’autre, des devoirs des sujets envers leur Prince.
 
   Le règne de Nicoclès fut relativement bref. Isocrate précise que sous celui-ci les villes furent florissantes et qu’il aurait reconstitué le Trésor, qui avait été épuisé par les guerres de son père, sans opprimer ses sujets par des taxes exorbitantes et qu’il montra le modèle d’un souverain doux et équitable. L’auteur lui vante aussi son attachement à la littérature et la philosophie et lui fait aussi l’éloge de la pureté de ses relations familiales. À l’inverse nous apprenons de Théopompe (Historien Grec, v.378-v.323) et Anaximène de Lampsaque (Historien et maître de rhétorique Grec, 380-320), qu’il était une personne avec des habitudes de luxe et qu’il voulait constamment rivaliser avec le Roi de Sidon, Straton, dans la splendeur et le raffinement de ses fêtes.
 
   Selon les mêmes autorités il périt finalement de mort violente, mais ni la période ni les circonstances de cet événement ne sont enregistrées. On pense qu’il voulait sans doute prétendre à la liberté et qu’il fut assassiné, probablement avec Straton, par des agents des Perses, pour s’être rallié à la révolte des Satrapes de Phénicie contre Artaxerxès II (404-359). Il eut comme successeur son fils (Certains spécialistes comme Achilleus K.Aimilianidēs disent son frère ?).
 
   Évagoras II (ou Euagoras, en Grec : Εαγόρας, 361 à 351) devint Roi de Salamine de Chypre et dut se soumettre au souverain Achéménide, Artaxerxès II (404-359). Il fut également Satrape pour ce dernier de 351 à 349 et enfin dynaste de Sidon de 349 à 346. Comme dit plus haut Évagoras II est généralement considéré comme un fils de Nicoclès, mais certains spécialistes comme Achilleus K.Aimilianidēs disent qu’il fut son jeune son frère ?. En 351, une révolte contre l’autorité d’Artaxerxès III Okhos (358-338), débuta de Sidon. Le Pharaon Nectanébo II envoya 4.000 mercenaires, commandés par Mentor de Rhodes, aider les Sidoniens contre leur suzerain Perse et la révolte s’étendit en gagnant Chypre où elle fut dirigée par Pnytagoras le neveu d’Évagoras II.
 
   Ce dernier ami des Perses, fut chassé de Salamine. Il se réfugia en Asie Mineure, puis en Carie, auprès d’Idrieos (ou Idrieus, 351-343), souverain de Carie Halicarnasse où il devint Satrape pour le compte d’Artaxerxès III. La même année, Artaxerxès III ordonna à Idrieos (ou Idrieus) de lever une armée et une flotte pour la reconquête de Chypre. Les Satrapes de Cilicie et de Syrie, Mazæos (ou Mazaeus) et Belesys (ou Belysis), furent eux chargés de contenir la rébellion de Sidon. Toutefois, ils furent repoussés par Mentor et il est possible que la révolte se soit propagée en Judée à Samarie et dans le Sud. Artaxerxès III excédé prit personnellement les choses en main et reprit Sidon à son Roi Tabnit (ou Tennès, 358-346/345), dans laquelle il fit de nombreux prisonniers, dont Mentor. Conscient de la disproportion des forces ce dernier changea de camp.


 

Tétradrachme d’Évagoras II

 
   En 349, Idrieos, avec une armée de 8.000 mercenaires et 40 navires que dirigeait le commandant Athénien Phocion (ou Phokion, 402–318) et Évagoras II débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement Chypre. Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. Pour le dédommager, Artaxerxès III lui attribua le gouvernement de Sidon. Toutefois, il est possible qu’Idrieos fut un peu responsable de la défaite et qu’il ne resta pas tout à fait fidèle à Artaxerxès III.
 
   En effet, en 346, l’orateur Athénien Isocrate adressa un discours au Roi de Macédoine, Philippe II (359-336) dans lequel il fit valoir qu’il serait facile de renverser l’Empire Perse, parce que l’Égypte, la Phénicie et Chypre étaient toujours en révolte et qu’Idrieos de Carie, qui est présenté comme le dirigeant le plus riche en Asie Mineure, serait un allié utile. Peut-être Isocrate savait quelque chose que l’histoire moderne n’a pas retenu pour l’instant. En 349, Évagoras II reçut donc du Roi Perse, le gouvernement de la ville de Sidon. Il ne put s’y maintenir que jusqu’en 346 avant d’être chassé pour sa mauvaise administration par la population, qui fit appel à un descendant de l’ancienne lignée royale pour le remplacer. Il revint alors se réfugier à Chypre mais il fut capturé et mis à mort.
 
   Pnytagoras (En Grec : Πνυταγόρας, 351 à 332 ou 351 à 331) monta sur le trône en 350 alors à la tête de l’insurrection Chypriote contre Artaxerxès III Okhos (358-338). En 343, le Roi Perse ordonna à Idrieos de mater la rébellion. Comme dit plus haut, ce dernier et Évagoras II, débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement Chypre. Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. En Novembre 333, Alexandre le Grand (336-323) écrasa l’armée de Darius III Codoman (336-330) à Issos en Cilicie. Pnytagoras de Salamine et d’autres Rois de Chypre rencontrèrent à Sidon le Roi Macédonien et décidèrent de combattre à ses côtés pendant le siège de Tyr en Janvier 332, siège qui dura pendant 7 mois. Après la conquête de la ville Alexandre laissa une large autonomie aux royaumes Chypriotes et donna à Pnytagoras la souveraineté sur Tamassos qui était la possession Cition (ou Kition). Il eut deux fils : Nitaphon et Nicocréon.
 
   Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, en Grec : Nικoκρέων, 331 à 311 ou 331 à 310) succéda à son père. En 321, lorsque l’Empire d’Alexandre le Grand (336-323) fut partagé, Chypre revint à Ptolémée I (Roi, 305-282) qui régnait sur l’Égypte. Il entretient de bons rapports avec Nicocréon et d’autres Rois Chypriotes, comme Nicoclès (ou Nikoklès ou Nikokleos † 306) de Paphos. Lors des guerres des diadoques, le rival de Ptolémée I, le Roi de Macédoine, Antigonos I Monophtalmos (306-301), chercha à récupérer l’île en s’appuyant sur les souverains d’Amathonte, de Cition (ou Kition) et de Cérynie (ou Cérynée). Nicocréon prit parti pour Ptolémée I. Chypre devint ainsi un champ de bataille entre Ptolémée I et Antigonos I. En 315, il collabora activement avec les Généraux Lagides, Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos) pour écraser les cités Chypriotes qui avaient prit le camp opposée.
 
   Il reçut du Roi Égyptien en échange de sa fidélité les territoires de Cition (ou Kition), Kyrenia et Lapithos, ainsi que le commandement général de l’île. Toutefois, les relations se dégradent après la paix de 311 et Nicocréon entama des pourparlers diplomatiques avec Antigonos I. Furieux, Ptolémée I lui donna l’ordre de se suicider. Sa maison fut encerclée et Nicocréon se donna la mort en 310. Il fut enterré par les décombres du palais brûlé. Sa femme, Axiothée (épouse de Nicoclès), égorgea alors ses deux filles, puis se donna également la mort ainsi que ses beaux-frères et belles-sœurs. Selon Diogène Laërce (Diogenês Laertios ou Diogenes Laertius ou Diogène de Laërte, poète et un biographe, début du IIIe s. ap.J.C – IX, 59), Nicocréon aurait fait broyer vivant dans un mortier après l’avoir torturé le philosophe Anaxarque d’Abdère (ou Anaxarchos), pour venger une insulte que ce dernier lui avait faite à l’occasion de sa visite à Alexandre. Il semble qu’il fut le dernier Roi.
 
   En 306, le Macédonien Démétrios I Poliorcète (Roi, 294-287) remporta à Salamine une grande victoire navale sur la flotte Égyptienne. Salamine suivit ensuite les destinées de l’île de Chypre. En 294 Ptolémée I reprit Salamine et Chypre resta aux mains de la dynastie Lagide jusqu’à la conquête Romaine deux siècles et demi plus tard. L’île vit disparaître ses Rois, qui furent remplacés par un Gouverneur nommé par le souverains Égyptiens. L’influence Égyptienne s’étendit largement sur l’île où l’on honora désormais les Dieux Osiris et Sérapis et où la ville d’Arsinoé fut construite en mémoire de l’épouse de Ptolémée II Philadelphe (282-246).
 
   L’île connut sous la dynastie Égyptienne une grande prospérité et vit son apogée culturel, avec entre autres les philosophes Eudémos et Zénon (335-261, fondateur du stoïcisme) qui était natif de Cition (ou Kition) et l’historien Aristos. En 58, Chypre devint Romaine, unie administrativement à la Cilicie voisine. En 22 av.J.C elle devint province sénatoriale gouvernée par un Proconsul de rang Prétorien. En 117 ap.J.C, sous l’Empereur Trajan (98-117), l’insurrection juive conduite par Artémion engendra de nombreux massacres de Grecs et de Romains et Salamine fut détruite par les juifs rebelles. La ville et l’île profiteront ensuite des bienfaits de la paix qui permettra l’essor économique des cités. Salamine fut détruite encore une fois par des tremblements de terre entre 333 et 342 et reconstruite par Constance II (337-361) sous le nom de Constantia. Elle fut ruinée par les arabes en 647. Les ruines son visibles à Hagios Sergios.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Salamine voir les ouvrages de :
 
Achilleus K.Aimilianidēs :
Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963.
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Gilbert Argoud et Sylvie Aguettant :
Anthologie salaminienne, Institut Fernand-Courby, Éditions de Boccard, Paris, 1973.
Walter Burkert :
The orientalizing revolution : Near eastern influence on Greek culture in the early archaic age, Harvard University Press, Cambridge, 1992.
Helga Gesche :
Nikokles von Paphos und Nikokreon von Salamis, pp : 103–125, Chiron 4, 1974.
Vassos Karageorghis :
Excavations in the necropolis of Salamis, 1 à 4, Department of Antiquities, Chypre, 1967-1970-1973-1978.
Salamis in Cyprus, Homeric, Hellenistic and Roman, Thames and Hudson, Londres, 1969.
Salamis : Recent discoveries in Cyprus, W. de Gruyter, Berlin, 1966 – McGraw-Hill, New York, 1969.
Salamis. Die zyprische metropole des altertums, Bergisch Gladbach, G. Lübbe, 1970-1975.
Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
Peter Hogemann :
Évagoras seconde, New Pauly de Brill (DNP), Volume 4, Metzler, Stuttgart, 1998.
Jean Pouilloux et Georges Roux :
Salamine de Chypre (Séries), Maison de l’Orient Méditerranéen ancien, Lyon, 1969 – Institut Fernand-Courby, Mission archéologique Française de Salamine de Chypre, Éditions de Boccard, Paris, 1969 à 2004.
L’hellénisme à Salamine de Chypre, École Française d’Athènes, Athènes, 1989 – Éditions de Boccard, Paris, 1989.
Patrick Schollmeyer :
Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
Martha C.Taylor :
Salamis and the Salaminioi : The history of an unofficial Athenian demos, J.C. Gieben, Amsterdam, 1997.

 

 

Salamine – Île de Grèce

   L’île de Salamine se situe le long de la côte Sud-ouest de l’Attique, dans le golfe Saronique, en face d’Éleusis. C’est la ville moderne appelée Koulouri. Elle est séparée par d’étroits bras de mer des côtes d’Attique et de Mégaride. Elle comprend une large baie intérieure qui la divise en deux presqu’îles. Le chef-lieu est le port de Salamine, sur la côte Ouest de l’isthme, qui soude les deux moitiés de l’île, mais la Salamine antique était sur la côte Sud, puis elle fut transférée sur la côte Est. Le nom de Salamine, dérivé de Baal Salam, le Dieu de la paix des Phéniciens, atteste d’une occupation des lieux par ceux-ci. Ils furent remplacés par des Grecs d’Égine et d’après l’Iliade, l’île appartenait à Ajax et Teucros, les fils de Télamon.
 
   Après de longues luttes contre Mégare et Athènes, ou elle fut successivement conquise par ces deux cités, à partir de 598 elle demeura Athénienne. Elle fut immortalisée dans l’histoire par la victoire décisive qu’y déroula en Septembre 480, la flotte de la coalition Grecque, menée par Eurybiade et Thémistocle, sur la flotte Perse de Xerxès I (486-465). Voir les Guerres Médiques et la bataille de Salamine. En 348, l’île fut conquise par les Macédoniens. En 232, Aratus (v.315-245, poète et astronome Grec) intervint auprès du Roi de Macédoine, Antigonos II Gonatas (277-239) pour qu’il la redonna aux Athéniens, ce qu’il fit. L’île disparut de l’histoire au IIe siècle ap.J.C. Dans l’antiquité elle était réputée pour son miel, ses volailles et son fromage.

 

 

La  Bataille  de  Salamine 
Le 29-9-480

 

   Salamine, petite île à quelques kilomètres au large du Pirée, le port d’Athènes allait devenir, le 29 Septembre 480, le théâtre d’une des plus grandes batailles navales de l’antiquité qui marqua la victoire décisive que remporta la flotte de la coalition Grecque, menée par Eurybiade et Thémistocle, sur la flotte Perse de Xerxès I (486-465). Les Perses, voulaient se venger de la cuisante défaite qu’ils avaient subit dix ans plus tôt (Fin de la Première Guerre Médique) et Xerxès I avait monté une formidable armée pour conquérir la Grèce. Au printemps 480, l’immense armée Perse prit le départ. Les troupes à pied depuis leur base hivernale de Sardes (Lydie) et la flotte depuis Phocée. (Voir carte Ionie).

 

   L’armée passa par Abydos pour franchir l’Hellespont sur des ponts de bateaux. Au total, selon la tradition, ce passage dura sept jours et sept nuits. Ensuite l’armée se dirigea vers Sestos, puis Doriscos où s’opéra la jonction avec la flotte. Le Roi de Sparte, Léonidas I (490-480) prit le commandement de la coalition Grecque et la même année, décida d’occuper le défilé des Thermopyles avec 7.000 hommes (Voir détails de la bataille des Thermopyles). Malgré un sacrifice héroïque des Spartiates, les Grecs furent écrasés. Léonidas I décida alors de se sacrifier avec les 300 hoplites, ainsi que 700 soldats des cités de Thèbes et de Thespies, pour laisser aux Grecs le temps d’organiser leur défense et à l’armée de se retirer en bon ordre. La défaite des Thermopyles rendit la position de la flotte Grecque intenable. Elle était au mouillage au cap Artémision (Situé au Nord-est dEubée) quand se déclencha la bataille des Thermopyles.
 

   Elle dut au même moment repousser un assaut de la flotte de Xerxès I lors d’une bataille indécise où les Grecs perdirent plusieurs dizaines navires. Les chefs Grecs décidèrent de quitter le cap Artémision et leur flotte recula jusqu’au golfe Sardonique. Cette retraite profita aux Perses qui se rendirent maître un moment de toute la Grèce centrale. Ils ravagèrent la Phocide et se présentèrent devant Athènes.
 
   La cité ne possédant pas un système de défense assez puissant, Thémistocle décida d’évacuer la population vers Égine, Trézène et Salamine. La ville fut ainsi abandonnée à l’exception de quelques centaines d’hommes qui souhaitaient défendre l’Acropole et qui le payèrent de leur vie. Les Perses prirent la ville, puis l’Acropole et mirent à sac la cité. La flotte des Athéniens forte de 378 navires, était toujours intacte et le plan du Stratège était simple, tenir l’Isthme de Corinthe et le golfe de Salamine en combattant dans la rade étroite de Salamine.

   À la demande de Thémistocle, la flotte s’installa alors entre le rivage de l’Attique et l’île de Salamine, dans le long détroit de sept kilomètres (Large d’un ou deux) qui la séparait de la terre ferme. Le choix de cet emplacement devait offrir l’avantage d’annuler la supériorité numérique des Perses. Thémistocle aurait tenu les propos suivants, rapportés par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) :
"Vous ne parviendrez jamais à arrêter sur terre le flot de cette immense armée. Ce qu’il faut, c’est lui couper les vivres en anéantissant sa flotte de transport. Réduite à la famine, elle n’aura plus d’autre choix que de faire demi-tour. C’est votre seule chance de salut."
 
   Pour les Grecs il fallait aussi éviter un débarquement des Perses à Salamine où se s’étaient réfugiés un nombre important d’Athéniens, protégés par un détachement d’hoplites commandés par Aristide.

 

Représentation d’une trière Grecque

   La flotte des Grecs opérant cette manœuvre de retraite vers Salamine, décida les dirigeants Perses à lancer la moitié de la leur à leur poursuite, mais de ce fait, ils furent entraînés aussi dans le détroit de Salamine. L’escadre Perse, qui comprenait 500 navires, partit de Phalère et se déploya au Nord. Le plan de Xerxès I était d’exploiter sa grande supériorité numérique et de manœuvrer par les ailes, pour encercler la flotte Grecque et la détruire. Un corps de troupes d’élite, débarqué dans l’île de Psyttalie, sur l’arrière des Grecs, devait massacrer les fuyards et achever la victoire.
 
   Le lendemain matin, 29 Septembre 480, la flotte Athénienne avait le dos tourné à l’île de Salamine et faisait face aux 500 navires Perses. Sur l’aile droite de la flotte Perse, avaient pris place les Phéniciens, des flottes de Tyr et Sidon commandées par les Généraux Mégabaze et Préxaspe. Sur l’aile gauche les Ioniens du Pont et de Carie, dirigés par le Prince et demi-frère de Xerxès I, Ariabignès et la Reine d’Halicarnasse, Artémise I, alliée des Perses. Enfin au centre divers autres contingents de l’Empire dirigés par Achéménès, frère de Xerxès I, qui commandait plus précisément les flottes de Cilicie et de Lycie.
 
   La flotte Grecque, avaient de placés au centre, dirigés par Thémistocle les contingents de Mégare, Chalcis et des navires Athéniens, sur son aile gauche 120 trières Athéniennes et sur l’aile droite dirigés par Eurybiade les Spartiates, les Corinthiens et les Éginètes (Habitants d’Égine). En début de matinée, le chant du péan s’éleva :

"Allez, enfants des Grecs, délivrez la patrie. Délivrez les sanctuaires des Dieux de vos pères et les tombeaux de vos aïeux. C’est la lutte suprême".

Sous les ordres de Thémistocle, les Athéniens commencèrent à encercler la flotte adverse. Les Perses furent un instant surpris et d’après Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) firent une fausse manœuvre qui les désorganisa dès le début de cette bataille.
Il écrivit ceci :

"Les navires Perses gardèrent leur rang tant qu’ils voguaient au large, mais en s’engageant dans le chenal ils furent obligés de faire sortir de la ligne quelques-uns de leurs navires, ce qui entraîna une grande confusion.".

Ils voulurent reprendre l’offensive et foncèrent sur les Grecs pour les acculer au rivage de Salamine en esquissant leur manœuvre d’enveloppement. Les navires Grecs reculaient lentement pour prendre du champ. Quelques minutes plus tard, quand la manœuvre fut terminée, les trompettes Athéniennes retentirent et les trières, bien qu’inférieures en nombre, foncèrent sur les navires Perses. Paralysé par l’étroitesse du détroit et gêné par son nombre de navire, le front Perse se disloqua.

Autre représentation de trière Grecque

 
   Sur l’aile droite Perse, les Athéniens se jetèrent sur les Phéniciens et les cernèrent. Sur leur aile gauche, les Spartiates et les Éginètes aux prises avec les Ioniens, supérieurs en nombre, durent d’abord céder du terrain, mais les Athéniens vainqueurs vinrent à leur secours et emportèrent la victoire. La bousculade et la panique conduisirent les navires Perses à présenter le flanc au lieu de la proue.
 
   Les étraves en bronze dont étaient équipés les navires Athéniens percèrent les coques des navires ennemis. Les Perses qui réussirent à nager tant bien que mal furent impitoyablement tués à coups de rames. De plus, alors que la bataille était déjà bien engagée, une brise marine se leva, qui désavantagea nettement les bateaux Perses, en particulier les Phéniciens, ce qui acheva de semer le trouble dans les rangs Perses.
 
   À la fin de la journée, la bataille ayant duré environ douze heures, la moitié de la flotte Perse avait été coulée, soit près de 250 navires, alors que les Athéniens n’avaient perdu que 40 trières. Ariabignès, demi-frère de Xerxès I, commandant en chef de la flotte Perse, mourut dans le combat. Pour parachever leur victoire, le soir venu, un détachement d’hoplites, sous le commandement d’Aristide, s’infiltra dans l’île de Psyttalie et extermina jusqu’au dernier les soldats Perses qui y avaient débarqués. Lors cette bataille, la Reine Artémise I, se distingua par sa bravoure et son habileté. Bien qu’elle fut poursuivie par un vaisseau Athénien, elle aurait repêché le corps d’Ariabignès et l’aurait rapporté a Xerxès I. Le Roi se serait alors écrié : "Mes hommes sont devenus des femmes, et mes femmes des hommes".
 
   Des marins de Samos dont Théomestor et Phylacos, le fils d’Histiée (Tyran de Milet, 499-494), coulèrent des navires Grecs et reçurent plus tard des récompenses de Xerxès I. Le restant de la flotte Perse incapable d’une contre attaque et démoralisée par ce désastre, se réfugia à Phalère, mais la situation après cette défaite ne fut pas pour autant désespérée pour les Perses. La Grèce centrale était toujours aux mains de l’armée commandée par Mardonios et restait intacte. À ce moment l’attitude de Xerxès I pose de nombreuses interrogations aux historiens. Celui-ci laissa le commandement à Mardonios, abandonna ses troupes et retourna vers sa capitale Suse.
 
   Il laissa en Grèce une importante armée, Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) donne le chiffre de 300.000 hommes qui hivernèrent en Grèce continentale, pour attaquer le Péloponnèse au printemps. À ce moment Mardonios envahit de nouveau l’Attique, réoccupa Athènes et s’installa en Béotie. Une coalition des forces du Péloponnèse se créa au printemps 479 et fut dirigée par le Sparte, Pausanias I (Neveu de Léonidas I). 10.000 hoplites Spartiates rejoignirent les Athéniens à Éleusis. Les Grecs regroupèrent environ 110.000 soldats. Ils franchirent l’Isthme de Corinthe, arrivèrent près d’Éleusis afin de passer en Béotie. Mardonios choisit un emplacement, au Sud de Thèbes près de Platées, qui devait favoriser sa cavalerie.
 
   Ce fut à cet endroit que les deux armées se rencontrèrent. Les Grecs anéantirent l’armée Perse. Dans le même temps, à l’automne 479, la flotte Athénienne acheva à Mycale, les restes de la flotte Perse. Cette victoire est traditionnellement considérée par les historiens comme la fin de la Deuxième Guerre Médique et la libération de la Grèce.
 

  Pour plus de détails voir : Bataille de Salamine (Wikipédia.fr ou Livius) et La Bataille de Platées. (Wikipédia.fr)

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la bataille voir les ouvrages de :
 
Jean Baelen :
L’an 480, Salamine, Société d’Édition Les Belles Lettres, Paris, 1961-1962.
Jean-Nicolas Corvisier :
Guerre et société dans les mondes grecs (490-322 av.J.C), Armand Colin, Paris, 1999.
Laurent Joffrin :
Les grandes batailles navales : De Salamine à Midway, Éditions du Seuil, Paris, 2005.
Éric Glatre :
Salamine et les guerres Médiques, Collection : Les grandes batailles de l’Histoire, Socomer, Paris, 1990.
Peter Green :
Xerxes at Salamis, Praeger, New York, 1970.
The Greco-Persian wars, University of California Press, Berkeley, 1996.
Tom Holland :
Persian fire : The first world empire and the battle for the West, Little, Brown, Londres, 2005.
Compton Mackenzie :
Marathon and Salamis, Readers Union, Londres, 1941.
Henri Pigaillem :
Salamine et les Guerres Médiques, 480 av.J.C, Economica, Paris, 2004.
Cōnstantin N.Rados :
La bataille de Salamine, Fontemoing, Paris, 1915.
Barry S.Strauss :
The battle of Salamis : The naval encounter that saved Greece and Western civilization, Simon & Schuster cop. New York, Londres, Toronto, 2004.
Herman Tammo Wallinga :
Xerxes, Greek adventure : The naval perspective, E.J. Brill, Leiden, 2005.

 

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