Maquette de de Pergame
– Pergamon Museum – Berlin
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Localisation
Pergame (ou
Pergamos ou Pergama, en Latin Pergamum, en
Grec :
τό Πέργαμον ou
Πέργαμος Pergamon "la citadelle") se situait en
Éolide, au Nord
de Smyrne, sur un promontoire sur le côté Nord de la
rivière, Caïque (ou Caicus ou Caecusou ou Bakırçay aujourd’hui) à environ 25 km. de la mer Égée, sur le site de la ville
actuelle de Bergama en Turquie. C’est une ancienne forteresse
Séleucide.
Elle fut la capitale des Attalides, qu’ils constituèrent en royaume indépendant de 282 à 133, dit aussi Royaume de
Pergame. Le peuplement de la ville est attesté pour la première fois dès le VIIIe siècle. Mais on ne sait pas exactement à
quelle époque elle fut créée.
D’après une légende, Pergamos, fils d’Andromaque et de Néoptolème, aurait été le fondateur
éponyme de la cité. D’après les linguistes, le nom de Pergame
(Pergamos, Pergama) viendrait des racines perg (ou berg) et amo qui désigne un endroit élevé ou
une forteresse, mais les fouilles archéologiques, à aujourd’hui, n’ont rien révélé dans ce sens.
Pergame fut l’un des principaux foyers de la civilisation
hellénistique en Asie Mineure et à son apogée, la cité fut la rivale
d’Alexandrie.
Rattaché à Rome par un testament qui amenèrent des luttes sanglantes, le royaume
devint la première province Romaine en Asie Mineure.
L’histoire…….
La ville va suivre les différentes dominations de cette partie de
l’Asie Mineure, pour devenir au VIe siècle, ainsi que toute la région, la possession du Roi de
Lydie,
Crésus (562-546). À la chute de ce dernier,
du fait de la conquête des
Perses Achéménides,
Pergame fut rattachée à la Mysie.
Puis lors de la révolte des cités Ioniennes, en 499,
Orontès, Satrape
de Mysie qui était favorable aux Perses
choisit Pergame pour capitale. La première mention de la ville
remonte à 339, où l’on sait que la cité était gouvernée par un Tyran
Grec. Les
Perses laissèrent la place aux armées du Roi
de Macédoine,
Alexandre le Grand (336-323) qui
prit possession, comme pour beaucoup d’autres, de la cité. Il confia le commandement de la ville à Barsine, la veuve de
Memnon de Rhodes qui avait été le chef des
Perses. Mais ce fut vraiment après la mort
d’Alexandre, en 323, que
Pergame sortit de l’anonymat.
En 310, la cité fut dirigée par Héraclée, le fils de Barsine.
Monnaie de Philetairos
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En 282, Philetairos (ou Philétairos ou Philetaerus ou Philétaire ou
Philhetairos, en Grec :
Φιλέταιρος, 282 à 263 ou 281 à 263), un lieutenant du Roi de
Thrace,
Lysimaque (322-281), s’empara de
Pergame pour le compte de son souverain et ce dernier l’en nomma
Gouverneur. Philetairos naquit en 343 à Tieum (ou Tieium ou Tieion ou Tios),
une ville située sur la côte Anatolienne de la mer Noire,
entre la Bithynie à l’Ouest et la Paphlagonie à l’Est. Il fut le fils
d’Attalos (ou Attale ou Attalus, peut-être de Macédoine)
et de Boa, une Paphlagonienne.
Après la mort d’Alexandre
le Grand en 323, il fut impliqué dans la lutte pour la suprématie entre les Diadoques
d’Alexandre,
Antigonos I Monophtalmos (Roi
306-301) en Phrygie,
Lysimaque en
Thrace et
Séleucos I Nikâtor (305-280) à
Babylone (entre autres).
Philetairos servit d’abord sous
Antigonos I. Il déplaça ensuite
son allégeance à
Lysimaque.
Il fut donc nommé par ce dernier Gouverneur de cette forteresse de
Pergame, mais en plus, comme nous le précise Strabon
(Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), le Roi lui confia la garde du trésor
d’Alexandre (9.000 talents d’or) qui
lui était revenu. Peu de temps après, Philetairos sentant qu’il était de moins en moins dans les faveurs de
Lysimaque, conclut secrètement un
accord avec le Roi Séleucide,
Séleucos I. En échange de
son appui dans une campagne contre
Lysimaque, il devait lui céder le trésor.
Buste en marbre de Philetairos –
Copie Romaine, Ier siècle – Musée national archéologique de Naples
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Après la mort du Thrace,
en 281 à la bataille de Couroupédion (ou Corupedion ou Curupedion, en Lydie),
Séleucos I réclama le trésor.
Cependant Philetairos refusa et utilisa une partie de l’argent pour réparer les murs de sa ville et lever une armée. Il paya
quand même une partie de sa dette et reconnut la suzeraineté des
Séleucides.
Ce fut un habile homme politique, il proclama l’indépendance de
Pergame,
sans prendre le titre de Roi pour ne pas faire ombrage à
Antiochos I
(280-261) le successeur de Séleucos I,
mais ce fut son portrait qu’il fit frapper sur la monnaie de
Pergame pas celui de son suzerain. De ce fait il disposait d’une
autonomie considérable. En 276 il repoussa avec succès une attaque des Galates, victoire qui fut célébrée sur une
inscription à Délos.
En politique extérieure, il s’aida de sa richesse considérable pour augmenter son pouvoir et son influence
au-delà de Pergame. Pour se faire il
scella de bonnes relations avec tous les états voisins. Il y a de nombreuses traces de Philetairos comme bienfaiteur
de villes et de temples voisins, notamment les temples de
Delphes et
Délos.
Il fournit également des troupes, de l’argent et de la nourriture à la ville de
Cyzique
sur la Propontide, pour se défense contre les envahisseurs
Galates. Par ces actions il gagna en prestige. Il est considéré par beaucoup de spécialistes comme le fondateur de la dynastie
Attalide.
Durant son règne de près de quarante ans, il fut également un grand bâtisseur. Il fit construire sur l’acropole
de Pergame, le
sanctuaire de Déméter, le
temple d’Athéna (Patronne de
Pergame) et le
premier palais. Selon Esther Violet Hansen, il ajouta
aussi considérablement aux fortifications de la ville. La légende raconte que Philetairos était un eunuque et de ce fait ne s’est
jamais marié. Toutefois, les chercheurs divergent sur les raisons de sa castration. Toutes racontent un accident bébé qui aurait
imposé cette opération. Du fait qu’il n’eut pas d’enfant il adopta son neveu Eumène I, le fils
de son frère Eumène et de Satyra, fille de Posidonius, pour lui succéder.
À l’exception d’Eumène II,
tous les dirigeants Attalides représenteront le buste de
Philetairos sur leur monnaie, lui rendant ainsi hommage.
Buste d’Eumène I – Pergamon
Museum – Berlin
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Eumène I
(ou Eumènès ou Eumenês ou Euménès ou Eumene, en
Grec :
Ευμένης, 263 à 241), dès son arrivé au pouvoir, dut lutter pour garder son héritage. Le Roi
Séleucide,
Antiochos I (280-261) ne
le reconnaissant pas comme souverain et de plus, il lui réclamait le trésor que son "père" n’avait pas voulu rendre.
Eumène I sentit que le conflit serait inévitable. Peut-être avec l’encouragement du Roi
d’Égypte,
Ptolémée II Philadelphe (282-246),
qui était en guerre avec les
Séleucides, il s’allia avec
les cités d’Asie Mineure qui s’opposaient aux
Séleucides
et pour renforcer son armée il engagea des mercenaires Galates.
La bataille eut lieu dans la plaine de
Sardes
(Voir Carte Lydie) et en 261,
Antiochos I
fut battu et tué.
Eumène I gagna son indépendance et le Royaume de
Pergame fut constitué. Il augmenta considérablement les territoires sous son contrôle au détriment des
Séleucides. Dans ses nouvelles
possessions au Nord, au pied du mont Ida, il établit des postes de garnison appelés “Philetaireia” d’après le nom
de son père adoptif. À l’Est et au Nord-est de Thyateira (ou Thyatira ou Thyatire) qui est identifiée à la ville Turque
contemporaine d’Akhisar, près des sources de la rivière Lycos, d’autres appelés “Apollonis” et “Attaleia”
d’après le nom son grand-père. Au Sud, il étendit son contrôle jusqu’à la rivière Caïque (ou Caïcus ou Caecus ou Kaïkos,
aujourd’hui Bakırçay) dans le golfe de Cumes.
En 258, il perdit une partie des territoires récemment conquis sur
les Séleucides, à la suite
d’un conflit avec le Roi
Antiochos III Mégas (223-187), mais, entre 246 et 241, son successeur,
Séleucos II Kallinikos
(246-225) lui céda après un accord le territoire du port de Pitane.
On ne sait rien de son attitude dans la Deuxième Guerre Syrienne (260-253), ni dans la Guerre Laodicéenne
(ou Troisième Guerre Syrienne, 246-241), entre les royaumes
Lagide et
Séleucide, mais il apparaît qu’Eumène I entretint de bonnes relations avec les
Lagides.
Afin de démontrer son indépendance, il fit
frapper des pièces de monnaie avec le portrait de
Philetairos. Eumène I s’attacha à réorganiser
et renforcer l’armée, ne serait-ce que pour maintenir les Galates, qui s’étaient installés sur les rives du Halys et à qui,
selon beaucoup de chercheurs, Pergame payait un tribut.
Bien qu’il ne prit jamais le titre de Roi, Eumène I en exerça tous les pouvoirs, imitant les autres dirigeants Hellénistiques.
Malgré une superficie relativement petite, le royaume de Pergame fut à cette époque riche grâce à une importante
production agricole, minière et de bois d’œuvre, qui était exportée et générait
beaucoup de revenus.
Sous son règne, la ville de Pergame
devint un centre artistique, scientifique et culturel. Dans tous les domaines, la ville put se permettre de rivaliser avec les
plus grandes cités d’Asie Mineure. Eumène I apporta également son aide aux écoles philosophiques
d’Athènes et invita à sa cour le philosophe
Grec
Arcésilas de Pitane (v.315-241), contribuant ainsi à favoriser le prestige international de sa ville.
Un festival en son honneur, appelé “Eumeneia“, fut institué à
Pergame. On ne sait pas s’il eut des enfants.
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) mentionne un
“Philetairos fils d’Eumène” cité dans une inscription dans la ville de
Thespies (ou Thespiai, en Béotie). Certains le considèrent comme
son fils, qui serait mort avant lui ?. Eumène I adopta son cousin,
Attalos I, qui lui succéda.
Attalos I Sôter (ou Attale
ou Attalus, en Grec :
‘Aτταλος Σωτὴρ, 241 à 197),
fils d’Attalos et de la Princesse
Séleucide Antiochis I,
il naquit en 269 et en 241 il fut le nouveau Dynaste de Pergame.
On sait peu de chose sur le début de sa vie, il était un jeune enfant lorsque son père mourut, peu avant 241, après quoi
il fut adopté par Eumène I. Il hérita d’un royaume riche, disposant d’une puissante armée et d’un vaste territoire
qu’il allait encore agrandir. Vers 238, sa première action fut de se débarrasser de l’emprise des Galates, il décida de ne
plus leur verser leur tribut. Cette même année, grâce à ces victoires, la renommée
d’Attalos I grandit, il prit le titre de Roi (Basileus) et certains spécialistes disent que ce fut en son honneur
que la dynastie prit le nom d’Attalides. Toutefois, les Galates se révoltèrent à nouveau.
Buste d’Attalos I Sôter –
Pergamon Museum – Berlin
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Ils se regroupèrent près d’Ancyre (ou Ankara)
pour envahir le territoire d’Attalos I, mais vers 237, à la bataille du Caïque,
ils subirent une défaite écrasante. En 230, ils conclurent un accord avec le Prince
Séleucide,
Antiochos Hiérax,
le frère cadet de Séleucos II
Kallinikos (ou Callinicus ou Callinicos, 246-225) et attaquèrent de nouveau
Pergame, mais ils furent de nouveau vaincus. Ces victoires eurent un énorme
retentissement en Asie Mineure. D’après
Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23
ap.J.C), après cette nouvelle défaite, les Galates se tinrent tranquilles
pendant 36 ans. Les habitants de Pergame décernèrent
alors à Attalos I l’épithète de Sôter "Le sauveur". Pour commémorer sa victoire,
Attalos I consacra à
Pergame
un groupe statuaire imposant représentant des Galates vaincus.
Plus rien ne put arrêter l’expansion de
Pergame, les
Séleucides
étant sous le coup de querelles de succession entre
Séleucos II Kallinikos
(246-225) et son frère
Antiochos Hiérax.
Attalos I en profita pour étendre les frontières de son royaume jusqu’aux monts Taurus.
Le royaume englobait alors la Mysie, la
Lydie, la
Carie, la
Pamphylie et la
Phrygie. Les
Séleucides
tentèrent de reconquérir leurs territoires en 223 avec
Séleucos III
Sôter (ou Kéraunos, 225-223) et en 219 et 218, mais ils furent battus lors des trois campagnes.
À partir de 209,
Pergame qui avait déjà tissé des liens d’amitié avec Rome,
s’allia avec les Romains et prit part aux
Guerres Macédoniennes contre le Roi de
Macédoine,
Philippe V
(221-179). Attalos I mena de nombreuses opérations navales, contre les
Macédoniens. Il remporta plusieurs
victoires qui lui permirent de récupérer sous la tutelle de
Pergame, Égine et Andros. Il mourut peu après la fin de ce conflit,
apparemment d’un accident vasculaire cérébral, et ses deux fils
Eumène II et
Attalos II lui succédèrent.
Attalos I fut aussi un grand bâtisseur, au sein du royaume il se livra à une politique
d’aménagement sans précédent, comme en témoigne l’édification de la
bibliothèque de Pergame, qui contenait plus
200.000 volumes. Il débuta la construction du
temple de Zeus
et para la ville de somptueux monuments. Nous ne lui connaissons qu’une épouse : Apollonis de
Cyzique
(ou Apollônis ou Apollonide, en Grec :
‘Aπολλωνίς) que
Polybe
(Général, homme d’État et historien
Grec, v.205-126 av.J.C) décrivit comme une femme qui, pour de
nombreuses raisons, méritait de recevoir tous les honneurs. Elle donna quatre fils au Roi :
Eumène II ;
Attalos II Philadelphe ; Philetairos
et Athénée.
Eumène II (ou Eumènès ou Eumenês ou Euménès ou Eumene ou Eumène de Pergame, en
Grec :
Ευμένης Β΄ της Περγάμου,
197 à 160 ou 197 à 159), l’aîné des fils d’Attalos I,
qui selon certains spécialistes naquit en 221, fut le premier à monter
sur le trône. Il poursuivit la politique extérieure menée par son père, surtout celle concernant les liens avec
Rome. Dans les premières années de son règne, il dut faire face au commandant en chef des Galates, Ortiagon, qui avait réuni
toutes les tribus en une vaste armée pour attaquer Pergame,
cette armée fut défaite et vit la victoire Eumène II.
Puis, il dut affronter les cités d’Éphèse et
Telmessos
(Aujourd’hui Fethiye) alliées au Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas (223-187).
Pergame demanda alors de l’aide à Rome auquel ce joignit
Milet et
Érythrée.
En 190, les deux coalitions s’affrontèrent dans la plaine, à la
bataille de Magnésie
du Sypile.
Les Séleucides
avaient la supériorité numérique, environ 70.000 soldats contre 35.000 pour la coalition de
Pergame / Rome, qui était commandée par Scipion l’Asiatique
(ou Lucius Cornelius Scipio Asiaticus, Général et homme d’État Romain, frère de Scipion l’Africain). La cavalerie
Séleucide
menée par Antiochos III Mégas,
chargea la première, mais dépassa le champ de bataille et dut revenir sur ses pas.
Eumène II en profita et attaqua l’aile gauche des
Séleucides,
pendant que les légions Romaines enfoncèrent au centre la phalange, qui fut détruite totalement. Les
Séleucides furent battus
et Magnésie passa alors sous la domination de Pergame.
Cette victoire marqua aussi la fin de l’emprise des
Séleucides sur
l’Asie Mineure.
En 188, fut signé le traité appelé : Le
Traité d’Apamée, qui était un partage
de l’Asie Mineure (Voir la carte ci-dessous) et dont le royaume de Pergame allait être le grand bénéficiaire.
Il reçut de ses alliés Romains les régions de
Phrygie, de
Lydie, de
Pisidie de
Pamphylie et certaines parties de la
Lycie.
Après ce traité et toutes ses victoires, le royaume de Pergame étendait son territoire de
l’Hellespont à la
Carie
et de l’Ionie à la
Cappadoce. Eumène II dut aussi
lutter contre le Roi de Bithynie,
Prusias I Cholus (229-182) allié au Roi du
Pont
Pharnace I (ou Pharnacès ou Pharnakes,
184-170). Beaucoup de spécialistes pensent que le règne d’Eumène II marqua l’apogée de
Pergame.
Lorsque
Persée (179-168) monta sur le trône
de Macédoine
il essaya de rétablir le prestige du royaume lors du règne de son père avec la restauration des anciennes alliances avec les
Achéens, les
Séleucides et
Rhodes.
En 172, Eumène II, inquiet, vint personnellement en Ambassadeur à Rome pour convaincre le peuple Romain d’intervenir. Ces derniers furent d’abord réticents
à se lancer dans une nouvelle guerre, mais lorsqu’un tueur tenta, sans succès, d’assassiner Eumène II, Rome décida d’envoyer ses
forces armées en Macédoine.
Ce fut la
Troisième Guerre Macédonienne (171-168). Bien que son début fut en faveur de
Persée, les Romains commandés par le
Consul Lucius Aemilius Paullus Macedonicus (ou Paul Émile le Macédonique,
Général et homme d’État, v.230-160) après avoir envahit la
Macédoine le battirent à la
bataille de Pydna, le 22 Juin 168.
Persée dut abdiquer et se constituer
prisonnier, ce qui fut la chute du royaume de
Macédoine. Toutefois, peu de temps après, Eumène II tomba en disgrâce auprès des Romains soupçonné d’avoir conspiré
avec Persée et, en 167, les Romains
firent une tentative infructueuse de soudoyer son frère Attalos II,
pour qu’il s’empara du trône.
Il fut aussi comme son père un grand bâtisseur, il agrandit la ville et
l’embellit en l’ornant d’un grand nombre de monuments. Il développa et enrichit
la bibliothèque, fondée par
Attalos I, il érigea le temple
d’Athéna Polias,
plusieurs gymnases, on lui attribue
l’autel de Zeus, etc… Il agrandit
l’Asclépion (ou Asklepeion), qui devint
l’un des plus célèbres du monde antique et dont la grande majorité des œuvres d’art de l’école de
Pergame
que nous admirons aujourd’hui date de cette époque. La ville connut aussi un grand développement dans l’astronomie,
la construction navale, la littérature, les mathématiques et la philosophie. La cité posséda également sous son règne
une agriculture et une industrie prospères : L’industrie des tissus, de la céramique et surtout, des parchemins
"le papier de Pergame"
concurrençait les papyri Égyptiens.
Eumène II n’a qu’une épouse connue, Stratonice IV, qu’il épousa
en 188. Elle naquit vers 200 et mourut vers 135. Elle fut la fille du Roi de
Cappadoce Ariarathès IV (220-163) et de la Reine
d’Antiochis III. Elle lui donna deux enfants :
Attalos III et
Aristonicos (ou Aristonikos)
qui furent Rois. Après la mort d’Eumène II, Attalos III étant trop jeune pour régner ce fut son frère
Attalos II qui fut chargé de la régence
et dans la foulée, en 159, il épousa à son tour Stratonice IV.
Attalos III fit construire
à sa mère un magnifique tombeau.
Répartition de l’Asie Mineure au Traité d’Apamée – 188
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Cliquez sur un nom de ville ou de région
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À la mort d’Eumène II, son frère Attalos II
Philadelphe (ou Attale ou Attalus ou Attalos II Philadelphos, en
Grec :
‘Aτταλος Β’ ὁ
Φιλάδελφος, 159 à 138) monta sur le trône comme régent
d’Attalos III, trop
jeune pour régner. Attalos II, qui naquit en 220, n’était pas novice dans la gestion de l’État, car il assurait la régence
lorsqu’Eumène II ne se trouvait pas à
Pergame.
De plus il était déjà un chef militaire accompli. En 190 il résista à l’invasion par les
Séleucides et l’année suivante
il mena les forces qui combattirent aux côtés des armées Romaines en Galatie. En 182 il se battit de nouveau contre les
Séleucides,
affrontant également avec succès l’armée de Pharnace I
(184 à 170) du Pont en guerre contre son frère. Enfin, il aida les
Romains à nouveau en 171 et rejoignit Publius Licinius Crassus en
Grèce pour la
Troisième Guerre Macédonienne (171-168).
Du vivant de son frère, Attalos II effectua des visites diplomatiques fréquentes à Rome et gagna
l’estime des Romains, mais lorsque ceux-ci lui proposèrent le trône de
Pergame, il le refusa et lui resta fidèle.
C’est pour cela qu’il fut surnommé par le peuple "Attalos Philadelphe" (Qui aime son frère).
Rome apportant son soutien au Roi de Bithynie, en 158, Attalos II aida
Ariarathès V Eusèbe (163-130) à reprendre son trône de
Cappadoce
contre son frère Orophernès (ou Oropherne ou Holopherne), soutenu par le Roi
Séleucide,
Démétrios I Sôter
(162-150). Le règne d’Attalos II fut surtout marqué par les luttes contre la
Bithynie, qui n’avait pas vraiment accepté la répartition des territoires
lors du traité de la Paix d’Apamée
qui était trop favorable à
Pergame. De nombreux accrochages à la frontière
entre les deux royaumes
éclatèrent.
Attalos II – Altes Museum – Berlin
Buste d’Attalos III
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Attalos II se plaignit à Rome qui reconnut ses droits et un accord
fut conclu entre les deux belligérants. Le Roi de Bithynie
Prusias II (ou Prousias 182-149) prétexta de nouvelles
escarmouches et attaqua Pergame avec toute son armée, puis Élée,
un des ports du royaume, mais
Cassandre,
un demi-frère d’Attalos II résista à l’invasion. Une grande partie de la flotte de
Prusias II coula au cours d’une tempête.
Pergame réunit alors une puissante armée pour contre attaquer,
mais Rome s’interposa et en 154, obligea le Roi de Bithynie à redonner
les territoires occupés. À la fin de son règne, âgé, il aurait laissé gouverner son Premier Ministre, un nommé
Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, en
Grec : Φιλοποίμην).
Des activités de bâtisseur d’Attalos II restent, les constructions de villes comme :
Attalia (en Turc : Antalya, en
Grec :
Αττάλεια Attalia ou Sattalia ou Attaleia) sur la côte de
Pamphylie, Philadelphie (Aujourd’hui Alaşehir), etc…
Il fit désensabler le port d’Éphèse
afin d’y accueillir de plus gros navires et accéder jusqu’à la ville. Comme preuve de sa grande générosité, il fit don à la
ville d’Athènes d’un portique splendide, appelé
“Stoa d’Attalos“. Il fut aussi connu comme un protecteur des arts et des sciences et serait l’inventeur
d’un nouveau type de broderie ?. Il épousa aussi Stratonice IV la fille du Roi de
Cappadoce Ariarathès IV Eusèbe (220-163) et
d’Antiochis III, sa belle-sœur.
Il mourut à 82 ans, peut être, selon certains spécialistes, empoisonné par son neveu Attalos III Philométor qui lui succéda.
Attalos III Philométor
(ou Attale ou Attalus ou Attalos III Philométôr, en Grec :
Άτταλος Γ΄ ο Φιλομήτωρ, 138 à 133), fils
d’Eumène II arriva au pouvoir, semble t-il dans la terreur.
Selon certains spécialistes il fit empoisonner son oncle et il aurait fait éliminer tous les ministres et conseillers de
ses prédécesseurs. Mis à part un bref conflit avec la Bithynie,
son règne ne fut marqué par aucun événement. En fait la tradition le présente comme un homme qui s’intéressa peu aux
affaires de l’État et délégua à des hommes de confiance. Il se passionna pour l’agriculture, le jardinage,
les sciences naturelles, la zoologie, les poisons et contrepoisons et les plantes vénéneuses.
Sans héritier, à sa mort, Attalos III légua son royaume à la République Romaine, ou plus exactement,
il ne légua à Rome que ses biens privés. Les mobiles qui le conduisirent à agir ainsi restent
encore aujourd’hui mystérieux.
Quelques hypothèses sont avancées par des spécialistes, comme Édouard Will :
– Attalos III n’ayant pas d’enfant ne voulait pas voir tomber le royaume aux mains d’un usurpateur, Aristonicos
n’est que son demi-frère. Sa fidélité à Rome était si grande quelle aurait justifié un tel geste.
– Rétablir l’ordre dans le royaume où la situation sociale était tendue…?
Quoi qui l’en fut les Romains interprétèrent le testament de manière extensive en considérant que les biens du Roi
signifiaient tout le royaume. Hors ce testament précisait bien : Le royaume de Pergame à l’exception de la ville même de
Pergame et de son territoire civique.
Certains spécialistes avancent qu’il fut marié à une dénommée Bérénice ?. Le couple aurait eu une fille,
qui fut la mère de Bérénice (?), mariée au Roi de Galatie, Déiotaros (ou Déjotarus ou Deiotaros I Philoromaios).
Il faut noter que des historiens, tel que Théodore Reinach, avancent le nom de Stratonice comme épouse de ce Roi ?.
Aristonicos
(ou Aristonikos ou Aristonicus ou Eumène III ou Eumènès III, en
Grec :
‘Aριστόνικος, 133 à 129) fut le demi-frère d’Attalos III, il n’est pas
issu d’un mariage légitime, mais né d’une concubine originaire
d’Éphèse, fille d’un cithariste.
À la mort d’Attalos III, il n’accepta pas que Rome devienne propriétaire de
Pergame.
Il déclencha une révolte et afin de grossir les rangs de ses partisans, il essaya d’obtenir un soutien en promettant la liberté
aux cités Grecques
de la côte. Certaines
villes se rallièrent à la révolte, mais d’autres par peur des Romains, ne voulurent pas apporter
leur assistance. Aristonicos considérant qu’il était désormais le Roi légitime enleva de force ces résistantes.
Puis il chercha de l’aide à l’intérieur de l’Asie Mineure avec la promesse de la liberté pour les esclaves et les serviteurs.
On ne sait pas dans quelle mesure Aristonicos fut un révolutionnaire sociale ou tout simplement un concurrent
dynastique au trône. Il fut rejoint par Caius Blossius de Cumes (ou Gaius
Blossius), un stoïcien qui avait également soutenu
le Romain Tiberius Gracchus de poursuivre une réforme agraire, mouvement au nom des plébéiens et il promit
d’établir en Mysie un État appelé Héliopolis où tout être serait libre et tout serait gratuit. Toutefois sa flotte fut anéantie
à Kymé (ou Cyme) par celle d’Éphèse
qui avait pris le parti des Romains. En dépit de cette défaite, la révolte continua de se répandre parmi les cités de la côte
Égéenne.
En 131, Rome assigna l’Asie au Consul Publius Licinius Crassus Dives Mucianus (180–130) avec une armée,
pour contrecarrer la rébellion. Licinius était plus intéressé par le trésor des Attalides que par la guerre elle-même. Il
engagea le combat à la fin de l’année, mais son armée était désorganisée et il fut vaincu. Il fut fait prisonnier et paya
de son sang le prix de sa cupidité. En 130, Rome envoya le Consul Marcus Perperna (ou Perpenna) avec une seconde
armée pour le remplacer. En 129, Marcus Perperna engagea le combat contre Aristonicos. Lors du siège de
Stratonicée de Carie (ou Stratonikeia) où il s’était retranché, ce dernier fut écrasé. Perperna fit transporter par
bateau à Rome le trésor des Attalides et Aristonicos pour y être exécuté en prison par strangulation. Le royaume de Pergame fut
réorganisé dans la province Romaine de l’Asie et les Romains mirent à sa tête des hommes à eux de confiance, cependant,
les troubles persistèrent jusque sous le règne d’Auguste (27 av.J.C-14 ap.J.C) où le calme fut rétablit. Celui-ci viendra
trois fois à Pergame, en 31, 30 et 20 av.J.C.
Autre monnaie d’Aristonicos
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Le plus connu des
souverains post Attalide fut Mithridate de Pergame (Roi de
Pergame, du
Bosphore Cimmérien sous le nom de Mithridate II et de
Colchide, 47 à 46 ou 47 à 45 ou 47 à 44)
et Tétrarque du Pont (47-39 av.J.C). Mithridate était
sûrement le fils d’un citoyen de Pergame
nommé Ménodote et il descendait par sa mère Adogaginis (ou Adobogiona ou Abodogimai, v.80-v.50)
une concubine de Mithridate VI
(120-63), des Tétrarques Galates. Toutefois, il fut considéré comme le fils illégitime de
Mithridate VI qui le fit élever à sa cour, puis dans son camp au
cours de ses campagnes. Dès 64 av.J.C il reçut la souveraineté sur
Pergame. Il aida Jules César (100-44) dans sa lutte contre une rébellion en
Égypte.
Il s’empara de Péluse, mais il fut arrêté lorsqu’il tenta de traverser le Nil.
Appuyé par un contingent de Juifs mené par
Antipater I,
Gouverneur puis Procurateur de
Judée de 47 à 43 av.J.C, le père
d’Hérode le Grand
(41-4 av.J.C), il participa à la victoire finale sur
Ptolémée XIII Philopator
(Co-Roi d’Égypte, 51-47 av.J.C). César le récompensa de son aide en lui donnant la Galatie et la
Colchide. En 47, Mithridate de
Pergame suivit César lors de la campagne contre le Roi du Pont et du
Bosphore Cimmérien
Pharnace II (63-47 av.J.C).
Après la victoire des Romains la même année, sur le successeur de ce dernier,
Asandros (ou Assandre ou Asender, 47-17 av.J.C), il reçut de César le titre de
Tétrarque du Pont et
celui de Roi du Bosphore Cimmérien. Mithridate de
Pergame fut tué en 45 av.J.C, dans un combat contre
Asandros qui tentait de conquérir le
royaume que lui avait confisqué César.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur le royaume voir les ouvrages de :
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– The Attalid kingdom : A constitutional history, Clarendon press, Oxford, 1983.
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– Le monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Collection : Points Histoire, Nouvelle histoire
de l’Antiquité, Éditions du Seuil, Paris, 1995.
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– The Attalids of Pergamon, Cornell University Press, Ithaca, New York, London, 1947-1971.
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– Untersuchungen zur geschichte der letzten Attaliden, Beck, München, 1977.
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– The public and political image of the Attalids of Pergamon, University of Cincinnati, 1993.
– The Attalids of Pergamon, pp : 159–174, Andrew Erskine, ed., A Companion to the Hellenistic World,
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Pa. Trinity Press Internat, Harrisburg, Janvier 1998.
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– The Celts in Anatolia, Anatolia, Oxford University Press, 1995.
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– Pergamon : Geschichte und bauten, funde und erforschung einer antiken metropole,
DuMont, Köln, 1988.
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– Villes mortes d’Asie Mineure : Pergame, Éphèse, Priène, Milet, le Didymeion, Hiérapolis,
Hachette & Cie, Paris, 1911.
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– Untersuchungen zur Kkulturpolitik der pergamenischen herrscher im dritten jahrhundert vor christus,
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– The Greek world after Alexander, 323-30 B.C., Routledge, London, New York, 2000.
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– Le trésor de Pergame, Robert Laffont, Paris, 1990.
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– Attalid Asia Minor : Money, international relations, and the state,
Oxford University Press, Oxford, 2013.
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– Das bildnis des Philetairos von Pergamon, Corpus der münzprägung, Almqvist & Wiksell, Stockholm, 1960, 1961.
Édouard Will :
– Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.C, Collection : Points Histoire,
Éditions du Seuil, Paris, 2003.
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Pour plus de détails sur la ville et ses monuments voir :
Pergame la ville |
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