Les  cités  Hittites  :
Hattousa  et  Karkemish
 

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Hattousa

 

 
Sommaire
 

Localisation et généralités
L’histoire
L’archéologie
Bibliographie

Le grand temple et la
section reconstruite des
murs de la ville

 

Localisation et généralités

 
   Hattousa (ou Hattush ou Kattushash ou Hattusha ou Hattusa ou Hattusha ou Hattuša ou attuša, en Turc : Hattuşaş, en Hittite : Ha-à-tu-ša) est identifiée aujourd’hui au village de Boğazkale (anciennement Bogâzköy), dans le parc national du même nom, à environ 170 km à l’Est d’Ankara, dans la province de Çorum. Elle est située dans un méandre de la rivière Kizilirmak (ou Kizil-Irmak ou Marashantiya dans les sources Hittites et Halys pour les Grecs). La ville avait de vastes forêts et champs fertiles adjacents, mais son emplacement présentait deux inconvénients : Les rivières de la région n’étaient pas navigable, empêchant le transport fluvial, et sa proximité avec les tribus barbares Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske) qui étaient une menace constante pour la cité. Le site d’Hattousa, couvrant une zone protégée de 167,70 hectares, et le sanctuaire Hittite voisin de Yazilikaya, furent déclarés en 1986 patrimoine mondial de l’Unesco.

 

L’histoire…….

 
   Les premières traces d’occupation du site remontent au VIe millénaire, le début du chalcolithique, avec une colonisation permanente dès la fin du IIIe Millénaire. Dans les XIXe et XVIIIe siècles av.J.C, des marchands d’Assur, la capitale de l’Assyrie, installèrent dans la ville un comptoir pour leurs caravanes qui transportaient des marchandises sur de longues distances, à la fois en Anatolie et vers la Mésopotamie, en créant un kārum (Quartier des marchands). Le centre de leur réseau commercial était la ville de Kanesh (ou Kaniš ou Neša ou Kültepe, en Cappadoce), près de Kayseri. Hattousa est un site des Hattis, auxquels elle doit son nom. La ville apparaît dans les textes écrits du début du IIe millénaire sous le nom de Hattush, essentiellement dans l’abondante documentation des marchands Assyriens.


 

Porte aux lions – Hattousa

 
   Les Rois du Hatti durent faire face à l’expansion des premiers souverains post-Hittites de Kussara établis plus au Sud. Finalement, durant la première moitié du XVIIIe siècle, le Roi Anitta (v.1780-v.1750) fonda le premier grand royaume d’Anatolie, précurseur de l’Ancien Empire Hittite. D’après un texte datant du XVIe siècle, rapportant les faits de cette époque, après avoir pris le royaume de Zalpa (ou Zalpuwa, qui n’est pas localisée avec certitude mais qui devrait se situer sur la côte Sud de la mer Noire, près de l’embouchure du Halys), Anitta battit le Roi du Hatti, Piyushti (ou Piyušti ou Piyusti ou Pijusti), mais apparemment si Anitta le vaincu dans la bataille, il ne put l’éliminer totalement. Par la suite, Piyushti essaya de reprendre l’avantage sur Anitta en attaquant la ville de Shalampa (ou Šalampa). Une nouvelle fois écrasé, il se retira dans sa capitale fortifiée, Hattousa (ou Hattush à l’époque), dont Anitta fit le siège jusqu’à ce que la famine affaiblisse la ville qui fut prise d’assaut lors d’une nuit. À partir de ce moment, le Hatti passa sous la domination de Kussara qui deviendra plus tard, les Hittites. Une couche carbonisée, trouvée lors de fouilles, rapporte qu’un feu ravagea la ville autour de 1700 av.J.C.
 
   Hattousa devint une cité royale des Hittites sous le règne du Roi du Kussara, Labarna II (ou Labarnaš ou Labarnas) qui reprit possession de la ville et en fit la capitale de son royaume et pour marquer ce fait prit le nom d’Hattousili I (“l’homme d’Hattousa” v.1650-v.1620). La ville recouvrait alors Büyükkale, qui restait le lieu du palais royal, la ville basse, mais aussi certaines parties de la ville haute où furent récemment mises au jour des résidences de cette époque. Le grand “bâtisseur” de la cité et qui fonda un royaume parmi les plus puissants du Moyen-Orient, fut son petit-fils (mais il fut adopté en tant que fils) et successeur Moursil I (ou Mursili ou Mursilis ou Muršili, v.1620-v.1590) qui s’empara même des capitales des deux plus grands royaumes de cette époque, Alep et Babylone. Nous ne savons pas grand-chose d’Hattousa durant cette période. Son successeur Hantili I (v.1590-v.1560) construisit une muraille, dont l’identification précise est débattue. Il est généralement admis qu’il s’agit de celle entourant la ville basse et le secteur palatial, mais il se pourrait qu’elle englobait aussi la ville haute.


 

Vue d’une partie du temple et
au fond des murailles reconstruites

 
    Avec son règne ce fut le début d’une longue période de troubles, liée à l’affaiblissement du pouvoir central du aux querelles dynastiques, les Gasgas (ou Kaska ou Kaškäer ou Kaschkäer ou Gaschgesch ou Gašgeš ou Keschkesch ou Keske) firent leurs premières incursions dans les provinces du Nord et les Hourrites se soulevèrent. La menace qu’ils firent peser sur les frontières du royaume fut intense. La cité fut détruite et reconstruite plusieurs fois, notamment sous Tudhaliya II (v.1400- ?), vers 1400, les Gasgas menèrent un raid qui aboutit à la prise d’Hattousa et à sa mise à sac. Avec le règne de son successeur, Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma ou Shubiluliuma ou Šuppiluliuma, 1355-1322) l’Empire redevint une grande puissance. On ne sait pas avec certitude si c’est à lui (ou à son père Tudhaliya III -v.1355) qu’il faut attribuer le retour d’Hattousa au rang de capitale, ses nombreuses campagnes militaires ne lui laissèrent probablement pas le temps de restaurer la ville, alors qu’il ne parvenait pas à sécuriser la frontière septentrionale de son royaume face aux incursions des Gasgas qu’il combattit à plusieurs reprises. La fin de son règne fut marquée par une terrible peste qui ravagea le centre du Hatti et la capitale, emportant même le souverain.
 
   Le nouvel Empereur, Arnouwanda II (ou Arnuwanda ou Arnuanda, 1322-1321) n’eut pas plus l’opportunité que son prédécesseur d’entreprendre de grands travaux de constructions, à peine arrivé sur le trône il se retrouva confronté à deux problèmes importants dont, des querelles entre le Hatti, les Gasgas et l’Arzawa. Sous Mouwatalli II (1295-1272), du fait des attaques des mêmes Gasgas, qui ravagèrent le pays jusqu’à Hattousa, la ville fut prise et détruite et le souverain fut forcé de déplacer sa cour dans une autre ville, Tarhuntassa (ou Tarhundassa, dont localisation exacte est encore indéterminée, on pense dans le Sud Anatolien, en Cilicie ou Pamphylie). Pour reprendre le Nord du pays, Mouwatalli II nomma son frère Hattousili III (Empereur de 1264-1234) administrateur des provinces du Nord. Les campagnes victorieuses d’Hattousili III, notamment contre les Gasgas qui furent sévèrement battus, reculant de manière significative la frontière entre eux et les Hittites, et en réoccupant la ville de Nerik, lui assurèrent une grande reconnaissance de son frère, qui lui concéda alors en récompense le royaume d’Hakpissa (ou Hakmis ou Hakpiš), au Nord du Hatti (Toutes les régions au Nord d’Hattousa), mais dont l’emplacement exact est inconnu. Ce dernier ne se contenta pas de ça, il usurpa le trône à Ourhitechoud (ou Uri-Teššub ou Moursil III, 1272-1265), le fils de Mouwatalli II. Moursil III entre temps avait restauré le trône et la cour à Hattousa, où les souverains resteront d’ailleurs pratiquement jusqu’à la fin de l’Empire Hittite.


 

La porte de Yerkapi

 
   Hattousili III et son fils Tudhaliya IV (ou Tudhalia ou Touthalija ou Duhalijas, 1234-1215), entreprirent de grands travaux dans Hattousa. La citadelle de Büyükkale et le grand temple de la ville basse furent restaurés et agrandis. Les murailles existantes furent remises en état et ce fut à cette époque que fut bâtit une nouvelle série de remparts qui étendirent considérablement la surface de la ville vers le Sud, englobant la ville haute. Ce secteur devint un complexe cultuel très important dans lequel furent bâtis une trentaine de temples. Ce fut l’apogée d’Hattousa, qui fut alors une capitale couverte de monuments. La ville couvrait une superficie de 1,8 km², avec une population estimée entre 40.000 et 50.000 habitants. Elle était composée d’une partie intérieure et une extérieure, entourées d’un cercle impressionnant de murs. Le centre-ville d’une surface d’environ 0,8 km² comprenait une citadelle avec de grands bâtiments administratifs et des temples. Durant les premiers temps ce centre-ville abritait un tiers des habitants.
 
   Souppilouliouma II (1213-v.1190), fils et successeur de Tudhaliya IV, paracheva l’œuvre de construction de ses prédécesseurs et laissa plusieurs inscriptions dans la capitale. Mais ce fut pour peu de temps car l’Empire Hittite n’avait plus longtemps à exister. En quelques années, v.1190, le royaume s’effondra dans un contexte international chaotique et encore mal compris, marqué par les invasions des Peuples de la mer. La plupart des royaumes vassaux des Hittites en Anatolie et en Syrie sombrèrent en même temps. La fin d’Hattousa durant ces dernières années est vue sous un nouveau jour depuis peu. De nombreuses traces de destructions des niveaux datant de cette époque dans les principaux monuments de la ville montrent qu’elle fut prise, pillée et saccagée. On pensait que ces événements avaient eu lieu à la chute de l’Empire Hittite. Mais en réalité, on sait aujourd’hui qu’Hattousa fut abandonnée avant la fin de l’Empire, la cour royale s’étant une nouvelle fois installée dans une autre capitale dont on ignore l’emplacement faute de sources. On constate que certains temples de la ville furent vidés de leur personnel et de leur mobilier le plus important avant le saccage final. Jürgen Seeher avance que lorsque les envahisseurs arrivèrent, la cité était déjà vidée de ses biens les plus précieux. On ne sait pas si les responsables de la destruction finale de la capitale furent le vieille ennemi, les Gasgas, ou bien les nouveaux venus, les Peuples de la mer, qui dominèrent l’ancien pays du Hatti les siècles suivants.


 

 La porte des sphinx

 
   La cité après le départ des Hittites fut pratiquement abandonnée. Une petite partie du site fut occupée par une population nouvellement arrivée dans la région, qui est attestée sur la colline de Büyükkaya. Leur culture ne semble pas très développée, leur céramique par exemple n’était pas réalisée au tour et ils n’avaient pas d’écriture. Ils semblent apparentés aux cultures du Nord de l’Anatolie. Petit à petit, d’autres parties du site furent réoccupées, à commencer par Büyükkale, ainsi que la ville basse. Vers le VIIIe siècle, cette dernière fut délaissée, ainsi que Büyükkaya, alors que Büyükkale fut fortifiée, et que l’on construisit une citadelle près de Nişantepe. Les populations qui occupèrent le site durant les siècles suivants, jusqu’au milieu du Ier millénaire av.J.C. ont une culture typique de celle des Phrygiens, dont on retrouve de nombreux établissements. Une statue de la Déesse Cybèle, vénérée par ce peuple, fut mise au jour sous la porte Sud-est de l’acropole. Après les Phrygiens, avec la domination de la Lydie, puis des Perses Achéménides au VIe siècle, l’occupation de la cité fut de moins en moins important.

 

L’archéologie

 
   La découverte du site fut faite en 1834 lors des visites de l’explorateur Français Charles-Marie Texier dans les hautes terres d’Anatolie centrale. Il découvrit les ruines de l’ancienne capitale, mais il n’effectua pas de recherche, il ne fit que l’esquisser et le documenter. Après Texier, dans les décennies suivantes, d’autres explorateurs firent d’autres découvertes, en particulier la zone urbaine, comme : L’Anglais William John Hamilton ; Le Français Ernest Chantre, qui fit les premières photographies ; L’architecte Allemand Carl Humann ; Heinrich Barth et Otto Puchstein. En 1906, la Deutsche Orient-Gesellschaft (DOG – Institut Allemand d’archéologie) commença des fouilles dans la cité dirigées par l’assyriologue Berlinois Hugo Winckler. Elles furent ensuite de plus de grandes envergures dirigées par Hugo Winckler et Theodor Makridi Bey en 1906, 1907 et 1911 et 1913. Elles furent malheureusement interrompues du fait de la Première Guerre mondiale. Les travaux reprirent plus d’une décennie plus tard, en 1931, sous la direction de Kurt Bittel. Le successeur de ce dernier en 1978 fut Peter Neve, qui fut suivit en 1994 par Jürgen Seeher en tant que chef des fouilles. Les excavations sont gérées depuis 2006 par la Deutsche Institut Archäologische (DAI – Institut allemand d’archéologie) et dirigées par Andreas Schachner. Depuis 2007, la ville basse fait l’objet d’une étude intensive qui est menée sous la direction de Reinhard Dittmann.


 

Autre vue du site

 
   L’une des découvertes les plus importantes furent les archives royales, des tablettes d’argile écrites en caractères cunéiformes, qui contiennent de la correspondance officielle, des contrats, les codes de lois, des procédures et des rituels religieux, des prophéties des oracles et la littérature du Proche-Orient. En particulier, le texte qui donne les détails d’un traité de paix entre les Hittites et les Égyptiens, sous le règne de Ramsès II (1279-1213). Deux versions de ce traité ont résisté au temps et nous sont parvenues dans une qualité exceptionnelle. L’une au Ramesseum nous donne la version Égyptienne. Le texte Hittite, sur une tablette d’argile trouvée à Hattousa, est écrit en cunéiforme Babylonien. Il correspondrait à un accord rédigé à Hattousa et envoyé à Pi-Ramsès, où il aurait été traduit en Égyptien. Le texte indique qu’il arriva à Ramsès II le 21e jour, du Ier mois de la saison Peret de l’an 21, soit à la fin de l’an 1259. Ce traité entre Hattousili III et Ramsès II indiquait :

"Qu’il avait été fait afin d’établir entre les deux peuples une paix et une fraternité éternelle"…."que les deux puissances s’engageaient à ne pas s’emparer du territoire de l’autre"…."si un ennemi attaquait l’un, l’autre viendrait immédiatement à son secours" etc..."

 
   Thomas Garnet Henry James nous précise que les sources Égyptiennes ne firent aucune allusion à cet accord alors que celles Hittites témoignent de la joie et du soulagement des deux signataires. Une copie est exposée au Nations Unies, à New York, car c’est l’un des premiers traités de paix internationaux.
 
    Dans la bibliothèque de la vile on a retrouvé : Des hymnes en Akkadien, en Sumérien et en Hourrite, des œuvres d’origines Mésopotamiennes, des poèmes épiques en Akkadien et des rituels et hymnes en Louvite. Les Hittites furent les premiers à utiliser le récit historique où ils analysaient les raisons pour lesquelles telles ou telles choses avaient eu lieu. Le premier traité d’équitation provient également de cette bibliothèque. Malgré les environ 30.000 documents récupérés à Hattousa, qui forment le noyau de la littérature Hittite, d’autres archives ont mises au jour plus tard dans d’autres centres de l’Anatolie, comme à Tapikka (ou Tappika ou Tappiga, aujourd’hui Maşat Höyük, dans la province de Tokat) et Sapinuwa (ou Şapinuva ou Shapinuwa, aujourd’hui Ortaköy, chef-lieu de district de la province de Çorum située à 75 km. au Nord-est d’Hattousa). Ces trésors sont actuellement répartis entre les musées archéologiques d’Ankara et d’Istanbul.
 
   L’enceinte de la ville, dont les remparts font plus de 6 km, protégeait un espace de près de 180 ha. La grande partie des bâtiments que l’on voit aujourd’hui sur ce site de fouilles datent de la reconstruction de la cité durant le règne d’Hattousili III (1264-1234). La vieille ville à l’Ouest comprenait un temple, dédié au Dieu Teshub (ou Teshoub) et à la Déesse Hebat, dont les dimensions était gigantesque, 260 m. sur 160 m. Il possédait une grande cour centrale rectangulaire et deux cella (sanctuaire) avec plusieurs magasins et dépendances. La vieille ville et la ville basse au Sud étaient divisées en quartiers protégés eux aussi par des murailles. La citadelle : Büyükkale, située au sommet d’un piton rocheux, comprenait le palais, dont quatre cours étaient bordées de portiques. Autour des cours se répartissaient les archives et bâtiments administratif, la résidence royale et une salle de réception à colonne.
 


 
Reconstitution du palais d’Hattousa

 
Le Palais d’Hattousa

 
Le Palais : le balentuwa, était situé au sommet de la citadelle : Büyükkale. Il comprenait aussi dans son enceinte : Un édifice religieux appelée maison ar-ma, la maison du chef de la garde : Gal Meshediu, une laiterie et des magasins. On y accédait par trois portes dont deux étaient fortifiées. Le Roi y vivait avec sa famille et sa cour, parmi laquelle se trouvaient les nobles du grand conseil.
 

 

 
Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Ilhan Akşit :
Ancient civilizations and treasures of Turkey, Akşit Kültür Ve Turizm Yayincilik, Istanbul, 2004.
Kurt Bittel et Hans Gustav Güterbock :
Boğazköy : Neue untersuchungen in der hethitischen hauptstadt, Verlag der Akademie der wissenschaften, Kommission bei Walter de Gruyter u. co., Berlin, 1935.
Kurt Bittel et Rudolf Naumann :
Boǧazköy II : Neue untersuchungen hethitischer architektur, Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1938.
Boğazköy-Ḫattus̆a; Ergebnisse der Ausgrabungen des Deutschen Archäologischen Instituts und der Deutschen Orient-Gesellschaft in den Jahren 1931-1939, Kohlhammer, Stuttgart, 1952-1992.
Kurt Bittel :
Die ruinen von Boǧazköy : Der Hauptstadt des hethiterreiches : Kurze beschreibung, Walter de Gruyter, Berlin, 1937.
Boğazköy. Die kleinfunde der grabungen 1906-1912, Zeller, Osnabrück, 1967.
Guide de Boǧazkö, Dönmez, Ankara, 1969 – Société d’Ankara pour la promotion du tourisme, des antiquités et des musées, Ankara, 1975.
Hattusha : The capital of the Hittites, Oxford University Press, New York, 1970.
Fatih Cimok :
The Hittites and Hattusa, A Turizm Yayinlari, Istanbul, 2008.
Ann Clyburn Gunter :
The old Assyrian colony period settlement at Bogazköy-Hattusha, in central Turkey : A chronological reassessment of the archaeological remains, UMI, Ann Arbor, 1980.
Ulrich Mann :
Das erbe von Hattusa, Die Karawane, Ludwigsburg, 1966.
Peter Neve :
Büyükkale, die Bauwerke : Grabungen 1954-1966, Mann, Berlin, 1982.
Hattusa – Stadt der götter und tempel : Neue ausgrabungen in der hauptstadt der Hethiter, Philipp von Zabern, Mainz, 1993-1996.
Die oberstadt von Hattusa. Die bauwerke, Deutsches Archäologisches Institut, Gebr. Mann, Berlin, 1999.
Die Bebauung im zentralen tempelviertel, Philipp Von Zabern, Mainz am Rhein, 1999.
Andreas Schachner :
– Hattuscha. Die hauptstadt der Hethiter. Die suche nach dem sagenhaften großreich der Hethiter, C.H. Beck Verlag, München, 2011.
Jürgen Seeher :
Hattuscha-führer : Ein tag in der hethitischen hauptstadt, Deutsches Archäologisches Institut Boğazköy-Expedition, Ege Yayinlari, Istanbul, 1999-2002.
Hattusha-guide : A day in the Hittite capital, Deutsches Archäologisches Institut Boğazköy-Expedition, Ege Yayinlari, Istanbul, 1999.
Rebecca Stefoff :
Finding the lost cities : The golden age of archaeology, British Museum Press, London, 1997.
Hugo Winckler et Otto Puchstein :
Excavations at Boghaz-keui in the summer of 1907, Smithsonian institution, Washington, 1909.
Hugo Winckler :
Nach Boghasköi! Ein nachgelassenes fragment, J.C. Hinrichs, Leipzig, 1913.

 

 

Karkemish

 

Vue du site de Karkemish

 

   Karkemish (ou Karkemiš ou Carchemish ou Carcemish ou Carquemís ou Charchamesh ou Karkemisch, en Assyrien : Qarqamiš ou Qarqamisch, en Égyptien : Qarqamescha, en Grec : Ερωπος, en Latin : Europus), est aujourd’hui identifiée au site de Djerablus. Elle était située à l’extrême Nord de la Syrie au croisement de la route des caravanes et de l’Euphrate, sur la rive Ouest du fleuve, à environ 60 km. au Sud de Gaziantep, et 100 km. au Nord d’Alep, juste à côté de la frontière Syrienne. Le site est traversé par le chemin de fer de Bagdad qui forme aujourd’hui la frontière Turco-syrienne.
 
   Cette position stratégique dans l’antiquité lui permit de contrôler le gué principal de la rivière, ce qui explique en grande partie son importance pour les différents Empires de l’antiquité. Elle fut l’une des plus importantes cités de l’Empire Hittite. La divinité protectrice de la ville était Kubaba, une Déesse apparemment d’origine Hourrite. Elle était représentée comme une femme portant une longue robe, debout ou assise, et tenant un miroir.

 

Histoire …..

 
   La ville était sur une position charnière qui lui permit de toujours avoir le contrôle sur le commerce entre l’Asie Mineure et la Mésopotamie. Malheureusement cet avantage territorial lui valut aussi d’être une des cités du monde antique la plus convoitée, la plus bataillée et une de celle qui changea le plus souvent de mains : Hourrites, Mitanni, Égyptien, Hittites, Assyriens, Babyloniens etc… en prirent possession. Le site fut occupé dès le Néolithique. Des poteries datant de vers 3000 et des tombes de vers 2400/2300 ont été mises au jour. La ville est mentionnée pour la première fois dans des documents trouvés dans les archives d’Ebla, datant du XXVIIe siècle, et dans des lettres retrouvées à Mari datées de vers 1800.
 
    À cette époque, la cité fut très prospère grâce au commerce de l’étain et surtout du bois et elle fut la capitale d’un royaume où régnait le Roi Aplahanda (v.1790 à v.1770 ou 1786 à 1766 ou 1786 à 1762). Il est connu d’un sceau cylindrique traduit par René Dussaud en 1929, qui fut trouvé à la base de la butte d’Ougarit. On trouve également sa trace dans les archives de Mari. Il aurait été un contemporain d’Iamash-Adad (ou Iasma-Addu, 1790-1775) et de Zimri-Lim (1775-1761/60), que ce dernier appelle mon frère. Selon William James Hamblin, il fut allié avec le Roi Amorrite d’Ekallāté (ou Ekallatum), Shamshi-Adad I (ou Samsi-Addu, 1814-1775) dans une guerre contre Alep qui échoua. Aplahanda fut remplacé sur le trône par ses deux fils, Yatar-Ami (v.1770 à v.1765 ou 1766 à 1764) qui est connu pour avoir poursuivit le commerce du bois en échanges avec la ville de Mari, et Yahdul-Lim (v.1765 à v.1745 ou 1764 à 1745), il eut également une fille du nom de Matrunna. Plus tard, au cours de ses expéditions militaires en Syrie, le Pharaon Thoutmôsis I (1504-1492) se heurta pour la première fois à l’Empire du Mitanni à Karkemish où il y remporta une victoire importante. Il y fit ériger une stèle pour commémorer cette campagne.
 
   Quelque temps après le Mitanni et l’Égypte ne furent plus les puissances fortes de la région et sous le Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338), la ville qui était possession Égyptienne, tomba aux mains de l’Empereur des Hittites, Souppilouliouma I (1355-13422), qui la rattacha à son Empire et y établit même son fils Piyassilis (ou Sarri-Kušuh ou Sharri-Kushukh, † v.1332) comme Roi. La ville devint l’un des centres les plus importants de l’Empire Hittite, et atteignit son apogée à cette époque. Après la chute de l’Empire Hittites, Karkemish devint la capitale d’un royaume néo-Hittite et un grand carrefour commercial. Bien que le Pharaon Ramsès III (1184-1153) dans une inscription, datant de sa 8e année de règne, dans son temple funéraire de Médinet Habou déclara que Karkemish fut détruite par les Peuples de la mer, selon Gary M.Beckman la ville survécut évidemment à l’assaut.


 

Autre vue du site

 
   Après la chute des Hittites, un Roi, Kuzi-Teshub (ou Kuzi-Teššup, v.1200), fils de Talmi-Teshub (Arrière-petit-fils de Souppilouliouma I) qui prit le titre de “Grand Roi", est attesté au pouvoir. Il aurait été un contemporain du dernier souverain Hittite, Souppilouliouma II (1213-v.1190). Lui et ses successeurs régnèrent sur un petit royaume qui s’étendait du Sud-est de l’Asie Mineure à la Syrie du Nord et à la rive Ouest de l’Euphrate. Le fait de prendre le titre de "Grand Roi" suggère que Kuzi-Teshub se considérait comme le véritable héritier de la lignée de Souppilouliouma I et que la dynastie centrale à Hattousa n’existait plus. Lorsque ce royaume commença à décliner et à perdre le contrôle de ses possessions, il devint plus local centré autour de Karkemish. Puis la cité tomba entre les mains de l’Empereur d’Assyrie, Téglath-Phalasar I (1116-1077), cependant elle semble avoir conservé une certaine autonomie puisque la liste royale continue. Au cours du IXe siècle, on a retrouvé des textes Assyriens qui nous informent que le Roi Sangara (870-848) rendit hommage aux souverains Assyriens, les maîtres de la région, Assur-Nasirpal II (884-859), puis Salmanasar III (859-824).
 
    En 718 / 717, le Roi de Karkemish, Pisiris (ou Pisiri, v.730-718/717), eut la mauvaise idée de s’allier avec le Roi de Tabal Hulli et le Roi de Phrygie, Midas III (738-695), contre les Assyriens. Cette rébellion fut matée par l’Empereur d’Assyrie, Sargon II (722-705), qui pilla et ravagea la ville (Certains spécialistes avancent la date de 717 ?). Après la chute de l’Assyrie, la région fut plus ou moins bien contrôlée par l’Égypte qui tenta de contrecarrer à Karkemish, en 605, l’avance du nouvel envahisseur qu’étaient les Babyloniens. La bataille est racontée dans la Bible (Jérémie 46:2). Le Pharaon Néchao II (610-595) voulait empêcher le développement de l’Empire Babylonien à l’Ouest et interrompre la route du commerce de l’Euphrate, mais il fut attaqué par surprise par le Roi de Babylone, Nabuchodonosor II (605-562). Les Égyptiens furent écrasés et furent repoussés hors de Syrie, le Roi Babylonien détruisit la ville qui ne fut réoccupée qu’à l’époque Romaine.

 

Les souverains connus de la cité :

 
Aplahanda (v.1790 à v.1770).
Yatar-Ami (v.1770 à v.1765), il fut le fils d’Aplahanda.
Yatar-Ami (v.1765 à v.1745), Il fut le deuxième fils d’Aplahanda.
 
Piyassilis (ou Sarri-Kušuh ou Sharri-Kushukh, † v.1332), fils de Souppilouliouma I (1355-1322).
…….-Sharruma (ou Šarruma), fils de Piyassilis.
Sharkhurunuwa (ou Šahurunuwa), autre fils de Piyassilis.
Ini-Teshub I (ou Ini-Teššup I, v.1230), fils de Sharkhurunuwa.
Talmi-Teshub (ou Talmi-Teššup ou Talmi-Teschschup ou Talmi-Teschup, v.1200), fils d’Ini-Teshub I.
Kuzi-Teshub (ou Kuzi-Teššup, v.1200), fils de Talmi-Teshub, il prit le titre de “Grand Roi” après la chute des Hittites.
……-Pazitis (ou Pa-ziti ou Pa…ziti).
Ura-Tarhunzas (ou Ura-Tarhunza), fils de …-Pazitis.
Tudhaliya (ou Tuthalija, v.1100), son positionnement chronologique n’est pas sur, il a peut-être régné après Ini-Teshub II.
Ini-Teshub II (ou Teššup-Ini II, v.1100) le Roi de Hatti, son positionnement précis n’est pas clair.
Suhis I (ou Suhi I).
Astuwatamanzas (ou Astuwatamanza) fils, de Suhis I.
Suhis II (ou Suhi II), fils de Astuwatamanzas.
Katuwas (ou Katuwa, v.900), fils de Suhis II.
Sangara (870-848).
Astiruwas (ou Astiruwa, v.840).
Yariris (ou Araras ou Yariri, v.815).
Kamanis (ou Kamani, v.790), fils de Astiruwas.
Sasturas (ou Astiru ?, v.760), Fils de Kamanis ?.
Pisiris (ou Pisiri, v.730-718/717), dernier souverain de la ville, vaincu en 718/717 par Sargon II (722-705).

 

Archéologie

 
   Karkemish est désormais un vaste ensemble de ruines de 90 hectares, dont 55 se trouvent en Turquie et 35 en Syrie, situés sur la rive Ouest de l’Euphrate. Le site se trouve sur donc en grande partie sur le territoire Turc près de la frontière avec la Syrie et est traversé par le chemin de fer de Bagdad qui forme aujourd’hui la frontière Turco-syrienne. Une base militaire Turque y a été construite près de l’acropole et la ville intérieure. De ce fait l’accès au site est actuellement très restreint. La plupart de la cité antique extérieure se trouve dans le territoire Syrien. Karkemish a toujours été bien connue des spécialistes en raison des références à plusieurs reprises dans la Bible (Jérémie 46:2; 2 Chr;. 35:20 Isa 10:09.) et dans les textes Égyptiens et Assyriens. Toutefois, son emplacement n’a été identifié seulement qu’en 1876 par George Smith. La ville avait avant cela été confondue avec Circesium au confluent du Khābūr (ou Khabour) et de l’Euphrate. Elle fut également identifiée à tort avec Hiérapolis Bambyce (ou Manbij près d’Alep), bien que la moderne Pamukkale en Turquie avait aussi ce nom.
 
   Le site fut fouillé par le British Museum, en 1876 par George Smith, en 1881 par Patrick Henderson, de 1911 à 1914 par David George Hogarth et en 1920 par Charles Léonard Woolley et Sir Thomas Edouard Lawrence. Les fouilles furent interrompues en 1914 du fait de la Première Guerre Mondiale, puis prirent fin avec la guerre d’indépendance Turque. Les expéditions avaient mis au jour d’importants vestiges des périodes Assyrienne et Néo-hittite, y compris les structures de défense, des temples, des palais et de nombreuses statues de basalte et des reliefs portant des inscriptions hiéroglyphiques en Louvite étudiées par John David Hawkins et Halet Çambel. Bien que le site lui-même fût longtemps hors d’atteinte pour l’archéologie, le travail dans la région environnante nous renseigne toutefois sur Karkemish. Avec l’achèvement des opérations de déminage sur la partie Turque du site, les fouilles ont été reprises en 2011, par le travail d’une mission conjointe Turco-italienne des Universités de Bologne, Gaziantep et Istanbul, dirigée par Nicolò Marchetti.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la cité et ses monuments voir les ouvrages de :
 
Nana Bakhsoliani
To the interpretation of one plot of a late Hittite time Karkemish monument, Logos, Tblisi 2009.
Gary M.Beckman :
Hittite diplomatic texts, Scholars Press, Atlanta, 1996.
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Kurt Bittel :
Die Hethiter. Die Kunst Anatoliens vom Ende des 3. bis zum Anfangs des 1. Jahrtausends vor Christus, C.H. Beck, München, 1976.
Sir Arthur Ernest Cowley :
The date of the Hittite hieroglyphic inscriptions of Carchemish, Humphrey Milford: Londres, 1928.
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Handbuch der Archäologie – Ausgrabungen und Ausgräber – Methoden und Begriffe, Weltbildverlag, Augsburg, 1989.
Petros Hachean
Karkemish, Kilikia hratarakch’at’un, Alep, 2005.
William James Hamblin :
Warfare in the ancient near east to 1600 BC : Holy warriors at the dawn of history, Routledge, London, New York, 2006.
John David Hawkins et Halet Çambel :
Corpus of hieroglyphic Luwian inscriptions, W. de Gruyter, Berlin, New York, 1999-2000.
David George Hogarth :
Hittite problems and the excavation of Carchemish, Publication for the British academy, by H. Frowde, Londres, 1911-1912.
Carchemish : Report on the excavations at Djerabis on behalf of the British Museum conducted by C. Leonard Woolley and T.E. Lawrence. Part I, Introductory, Éditeur inconnu, London, 1914.
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Karkemish on the Euphrates : Excavating a city’s history, pp : 132–147, Near Eastern Archaeology 75, N°3, Atlanta, 2012.
The 2011 Joint Turco-Italian excavations at Karkemish, 34. kazı sonuçları toplantısı, 28 mayıs-1 haziran 2012, Çorum. 1. cilt, T.C. Kültür ve Turizm Bakanlığı, Ankara, 2013.
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David Ussishkin :
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The prehistoric pottery of Carchemish, British School of Archaeology in Iraq, Londres, 1934.
Charles Léonard Woolley, Sir Thomas Edouard Lawrence, Richard David Barnett et David George Hogarth :
Carchemish : Report on the excavations at Djerabis on behalf of the British Museum, Part. I/II, Published by the Trustees of the British Museum, Londres, 1914-1952-1969-1978.

 

 
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