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Localisation  et  généralités 
    
Salamine (ou Salaminia, en
Assyrien : Ki(i)-su, en 
Grec : Σαλαμίνα ou 
Σαλαμίς, en Persan : سلامیس
Slamys, en Latin : Constantia) fut une riche cité-État antique de Chypre. 
Elle était située sur la côte Est de l’île de, à 6 km au Nord de 
la moderne Famagouste, à l’embouchure de la rivière Pediaeos (ou Pedieos). 
  
    Les débuts de Salamine sont liés aux fondations mythiques établies à Chypre 
après la Guerre de Troie par les héros Grecs. Selon la tradition, le fondateur fut Teucros (ou Teucrides ou Teucer), fils de Télamon, 
qui ne pouvait pas rentrer chez lui après la Guerre de Troie parce qu’il avait échoué à 
venger son frère Ajax. Sa position côtière sur la mer Méditerranée fut un facteur important de sa croissance économique et explique la diversité de
sa population composée notamment de Phéniciens, 
Grecs, Perses et 
Égyptiens.
  
    Son excellent port lui assura rapidement le premier rang des 
cités de l’île. Salamine fut célèbre pendant l’époque archaïque et classique comme un des royaumes les plus prospères de
l’île. Alors que rien d’antérieur au VIIIe siècle n’était véritablement attesté sur le terrain, des fouilles de la mission Française ont 
mis au jour une riche tombe du XIe siècle, ainsi qu’un sanctuaire consacré au Dieu de la cité (Désigné comme Zeus). Ils 
ont été construits à la même époque, à proximité de la mer, le long d’un rempart. 
 
  
L’histoire 
     Les 
vestiges archéologiques d’habitat dégagés sur le site de la ville historique attestent que, dès la fin du IIe millénaire, existait sur la côte une véritable 
cité, qui resta pendant plus de 1800 ans la plus importante des villes de Chypre.
Le minerai de cuivre de Chypre fit de l’île un nœud essentiel dans les réseaux commerciaux très tôt. 
On a des traces d’une occupation importante du territoire dès le XIe siècle av.J.C., période où Salamine tint 
la tête de tous les royaumes 
Chypriotes. Mais très peu de traces antérieures au VIIIe siècle av.J.C. ont été retrouvées.
  
 
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Vue d’une partie du site  | 
   
   En 877 une armée 
Assyrienne atteignit les rives de la 
Méditerranée pour la première fois. En 708 les cités-États de Chypre rendirent hommage au Roi 
Sargon II (722-705) 
d’Assyrie.
Une des premières mentions de la ville se retrouve dans une inscription 
Assyrienne. Elle est identifiée comme un des dix royaumes de l’île, énumérés sur le prisme du Roi 
d’Assyrie
d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 
681-669) en 673/2, qui lui rendaient hommage. 
Les premières pièces de monnaie furent frappées au cours du VIe siècle av.J.C.
Chypre était sous le contrôle des 
Assyriens à ce moment, mais les cités-États de l’île jouissaient 
d’une relative indépendance aussi longtemps qu’elles payaient leur tribut au Roi 
Assyrien. 
Cela permit aux Rois de différentes de ces villes d’accumuler des richesses et du pouvoir.
  
    Certaines coutumes funéraires observées dans les tombes royales de Salamine de cette époque se rapportent directement aux rites Homériques, 
comme le sacrifice des chevaux en l’honneur des morts et l’offre des jarres d’huile d’olive. Grâce au commerce la cité prit de l’importance. 
La plupart des marchandises venaient du Levant ou de l’Égypte. 
Comme dit plus haut ce fut au cours du XIe siècle av.J.C., que la ville assez 
petite se développa autour du port et bientôt s’étendit vers l’Ouest pour 
occuper la zone, qui est aujourd’hui couverte par la forêt. La cité se dota 
d’une immense nécropole qui couvre une grande surface de la limite Ouest de la 
forêt au monastère de Saint Barnabé, à la périphérie du village d’Hagios Sergios 
(ou Ayios Serghios) au Nord, et à la périphérie du village Enkomi au Sud. Ses tombes les plus importantes datent du IXe siècle av.J.C. et 
il fut utilisé jusqu’à la paléochrétienne. Les tombes antérieures se trouvent dans la zone de la forêt, près de la limite du début du village.
  
    On sait que pendant le période VIIIe/VIIe siècle av.J.C., Salamine maintint des liens directs avec le Proche-Orient,
Un tombeau royal contenait une grande quantité de céramique géométrique 
Grecque et cela fut expliqué par la dote d’une Princesse Grecque qui épousa un membre de la famille royale de Salamine.
De la poterie Grecque fut également retrouvée dans les tombes de citoyens ordinaires.
  
    La période d’indépendance totale des cités-États de l’île dura en fait peu de temps au regard de son histoire 
car dès 570 av.J.C., Chypre fut conquise par 
l’Égypte sous 
son Pharaon Amasis (ou  Ahmosis II,
XXVIe dynastie, 570-526). 
Cette brève période de domination Égyptienne marqua son 
influence principalement dans les arts, en particulier la sculpture, où la rigidité et la robe de style 
Égyptien peuvent être observées. 
Les artistes Chypriotes laissèrent plus tard ce style Égyptien
en faveur de prototypes Grecs. Les statues en pierre montrent souvent un mélange des deux l’influences, alors que la céramique récupérées dans l’île
montrent l’influence de la Crète. On retrouve des influences aussi dans les vêtements et les hommes portaient des perruques 
Égyptiennes et la barbe de style
Assyrien.
  
    À cette période Égyptienne
Salamine occupa un rôle de premier plan. La suzeraineté de l’Égypte 
se retrouve sur les pièces de monnaie du premier Roi de la ville dont on ait connaissance, Évelthôn (ou 
Evelthon ou Euelthôn, 560-526/5). Il s’y décrit comme Gouverneur de l’île entière. 
Les pièces avaient avec un bélier sur l’avers et un ankh (symbole  
Égyptien) 
sur le revers. Il fut probablement le premier dans l’île à utiliser argent et bronze pour ses pièces de monnaie.
  
    En 526 av.J.C., le Roi 
Perse Achéménide
Cambyse II (ou Cambise ou Cambises, 529-522) conquit
Chypre.
Sous les Perses, 
les Rois de l’île conservèrent toutefois leur indépendance, mais devaient rendre hommage à leur suzerain. 
Au cours de la domination Perse, l’influence 
Ionienne sur les sculptures s’intensifia.
La poterie dans l’île conserva ses influences locales, bien que certaines poteries Grecques fussent importées.
Sauf pour la cité-État d’Amathonte (ou Amathus), les royaumes 
Chypriotes prirent
part à la révolte Ionienne en 499 av.J.C.
En 498, la révolte dans l’île fut menée par Onésilos de Salamine, 
frère du Roi Gorgos (500/499-494), qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et
se rallia aux Ioniens.
Les Perses écrasèrent les armées 
Chypriotes et assiégèrent 
les villes fortifiées la même année. 
  
    Salamine 
joua un rôle de premier plan dans les affrontements qui opposèrent les 
Perses aux Grecs. Comme le montre des textes littéraires et des inscriptions, les Rois de 
Cition (ou Kition), alliés des 
Perses, affrontèrent les Rois de 
Salamine qui soutenaient la politique Grecque, chacun s’efforçant d’agrandir son territoire 
aux dépens de l’autre. Vers 400, les deux cités connurent un développement urbanistique considérable, 
pour Salamine, on le sait par les textes des auteurs Grecs (Dont 
Isocrate, 436–338, orateur Athénien).
  
    Un des premiers Rois de Salamine de cette période dont on connait bien l’existence fut Évagoras I 
(ou Euagoras, en Grec : Εὐαγόρας, 411 à 374 ou 410 à 374), 
qui fut le fils de Nicoclès ([I] ou Nikoklès ou Nikokleos, en Grec :
Νικοκλής, ? à 415). 
Certains spécialistes avancent qu’il naquit autour de 435 ?. Il se réclamait descendant divin de Teucros 
(ou Teucrides ou Teucer), le demi-frère d’Ajax, fils de Télamon. Sa famille régnait depuis longtemps sur Salamine, mais durant 
son enfance la cité tomba sous la domination 
Phénicienne
(Ces derniers se partageant Chypre avec les Hellènes), c’est ce qui provoqua son exil. Il partit alors en 
Cilicie afin de trouver 
une aide militaire pour reprendre son trône. Il réunit l’appui de 50 partisans et en 410 (on trouve aussi 411 ?), il rentra à 
Salamine en clandestinité et s’empara de la ville et du trône de ses ancêtres, après une attaque surprise contre l’usurpateur 
en place, le Phénicien Roi de
Tyr,
Abdémon (En Grec : Αὐδήμων, v.420 à 
411). Certains spécialistes avancent que ce dernier fut originaire de 
Cition (ou Kition). 
 
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Stater argent d’Évagoras I 
 
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    Au début, Évagoras I eut de bonnes relations avec les 
Perses, reconnaissant leur suzeraineté, ce qui 
lui garantit l’aide des Rois 
Darius II (423-404), puis d’Artaxerxès II 
Mnémon (404-359), contre Sparte.
Puis il se brouilla avec ce dernier lorsqu’il agrandit son royaume sur des terres appartenant aux
Phéniciens,
alliés des Perses et l’étendit à presque 
toute l’île. Orontès, Gendre (?) d’Artaxerxès II, qui fut placé 
à la tête de l’armée et Tiribaze qui commandait une flotte de 300 trirèmes, furent alors chargés de conduire une 
campagne militaire contre Évagoras I.  Il avait recueilli le Général Athénien 
Conon (444-390) après la 
bataille d’Aigos Potamos, en 405, ce qui lui valut l’aide 
d’Athènes. 
  
    En 394, il prit part à la bataille 
Cnide et contribua à la victoire des Athéniens,
au cours de laquelle la flotte Spartiate fut défaite. Pour ce 
service rendu, il vit les Athéniens ériger une statue en son 
honneur, à côté de celle de Conon, dans le Céramikeion (Quartier des potiers à 
Athènes). En 390, il s’allia au Pharaon 
Achôris (393-380) contre les 
Perses et étendit son pouvoir au-delà de 
Chypre. Il prit plusieurs villes en 
Phénicie
et en Syrie, 
et d’autres comme Amathonte (ou Amathus) dans l’île, acquises aux 
Perses.
Il persuada les Ciliciens de se 
révolter, mais en 387/386, la paix de Sardes
(En Lydie, paix dite d’Antalcidas), 
conclue entre les Grecs et les Perses,
à laquelle Évagoras refusa d’adhérer, ruina ses efforts, car si 
Artaxerxès II acceptait de perdre les cités Ioniennes,
il voulait toujours la possession de Chypre. De plus les 
Athéniens lui retirèrent leur appui, car selon les termes du traité, ils reconnaissaient
le contrôle des Perses sur 
Chypre. Les années suivantes Évagoras I fut donc contraint et forcé de continuer les hostilités en
solitaire, à l’exception de l’aide occasionnelle de l’Égypte, 
mais de faible ampleur, car eux-mêmes étaient menacée par les armées 
Perses. 
  
    En 385, les Généraux Perses, Tiribaze et 
Orontès, réussirent enfin à envahir Chypre, avec une armée beaucoup plus importante que celle 
qu’Évagoras I commandait. Celui-ci, contraint désormais de 
poursuivre seul la lutte et conscient de son infériorité militaire, refusa l’affrontement direct. Il multiplia les escarmouches 
et s’efforça de couper les communications de l’ennemi afin de gêner son ravitaillement pour affamer leurs troupes dans l’espoir 
qu’elles se rebellent. Malgré cela la guerre tourna à l’avantage des 
Perses. Il fut battu sur mer à la bataille 
de Cition (ou Kition) et il fut contraint de se réfugier à Salamine où il fut assiégé.
Évagoras I réussit toutefois à tenir la place et il profita d’une querelle entre les deux Généraux 
Perses pour, en 376, conclure la paix.
Il obtint de rester Roi sur la cité, mais vassal de la
Perse, à qui il devait payer un tribut annuel.
Il dut également renoncer à ses conquêtes et à son ambition de réaliser l’unité Chypriote. 
  
    La chronologie de la dernière partie de son règne est incertaine.
Évagoras I fit de Salamine un des principaux centres politiques et culturels du monde Grec. 
Selon Isocrate (436–338, orateur Athénien), Évagoras I fut 
"un Roi modèle, qui contribua à l’amélioration de la civilisation Hellénique par la culture et qui avait pour buts de 
favoriser le bonheur de ses sujets et d’agrandir le pouvoir de son royaume". 
Il le proposa même comme chef de l’Hellénisme. Évagoras I fut le premier Roi qui 
fit graver son nom sur ses monnaies en caractères Grecs, à côté du 
Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote). En 374, il fut assassiné avec son fils Pnytagoras par Thrasydaios, un eunuque, pour des motifs de vengeance privée. 
Il fut succédé par son autre fils.
 
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Détail en Ivoire d’un trône, trouvé
 dans les tombes royales de  Salamine – vers 700. 
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       Nicoclès ([II] ou Nikoklès 
ou Nikokleos,
en Grec : Νικοκλής, 374 à 361 ou 374 à 359/58 ou 374 à 355 ou 374 à 353) 
arriva sur le trône de Salamine et il continua la politique philhelléniste de son père.
Certains auteurs ont supposé qu’il avait participé à la conspiration à laquelle son père fut victime, mais il n’existe 
pas d’autorité pour cette supposition. Guère de détails sont connus du règne de ce Roi, mais il semble avoir été celui de la 
paix et de la prospérité. En fait Nicoclès n’est connu que par les deux discours pédagogiques qu’Isocrate (Un des dix orateurs 
Attiques, 436–338), son maître, lui adressa, et qui traitent, l’un, de la science du gouvernement, l’autre, des devoirs des 
sujets envers leur Prince. 
  
    Le règne de Nicoclès fut relativement bref. Isocrate précise que sous celui-ci les villes furent florissantes 
et qu’il aurait reconstitué le Trésor, qui avait été épuisé par les guerres de son père, sans opprimer ses sujets par des taxes 
exorbitantes et qu’il montra le modèle d’un souverain doux et équitable. L’auteur lui vante aussi son attachement à la littérature 
et la philosophie et lui fait aussi l’éloge de la pureté de ses relations familiales.
À l’inverse nous apprenons de Théopompe (Historien Grec, v.378-v.323) et Anaximène de Lampsaque (Historien et maître de 
rhétorique Grec, 380-320), qu’il était une personne avec des habitudes de luxe et qu’il voulait constamment rivaliser avec le
Roi de Sidon, Straton, dans la 
splendeur et le raffinement de ses fêtes. 
  
    Selon les mêmes autorités il périt finalement de mort violente, mais ni la période 
ni les circonstances de cet événement ne sont enregistrées.
On pense qu’il voulait sans doute prétendre à la liberté et qu’il fut assassiné, probablement avec Straton, par des agents des 
Perses, pour s’être rallié 
à la révolte des 
Satrapes de Phénicie
contre Artaxerxès II (404-359). 
Il eut comme successeur son fils (Certains spécialistes comme Achilleus K.Aimilianidēs disent son frère ?).
 
  
    Évagoras II (ou Euagoras, en Grec : 
Εὐαγόρας, 
361 à 351) devint Roi de Salamine de
Chypre et dut se soumettre au souverain
Achéménide,
Artaxerxès II (404-359). Il fut également 
Satrape pour ce dernier 
de 351 à 349 et enfin dynaste de  
Sidon de 349 à 346. Comme dit plus haut Évagoras II est généralement considéré comme un fils de 
Nicoclès, mais certains spécialistes comme Achilleus 
K.Aimilianidēs disent qu’il fut son jeune son frère ?. En 351, une révolte contre l’autorité 
d’Artaxerxès III Okhos (358-338), débuta de 
Sidon. 
Le Pharaon Nectanébo II envoya 4.000 mercenaires, 
commandés par Mentor de Rhodes, aider les 
Sidoniens contre leur 
suzerain Perse et la révolte s’étendit en 
gagnant chypre 
où elle fut dirigée par Pnytagoras le neveu d’Évagoras II. 
  
    Ce dernier ami des 
Perses, fut chassé de Salamine. Il se 
réfugia en Asie Mineure, puis en 
Carie,
auprès d’Idrieos (ou 
Idrieus, 351-343), souverain de 
Carie 
Halicarnasse où il devint 
Satrape pour le compte d’Artaxerxès III. 
La même année, 
Artaxerxès III ordonna à
Idrieos (ou Idrieus) 
de lever une armée et une flotte pour la reconquête de 
Chypre. Les Satrapes de 
Cilicie et de 
Syrie, Mazæos (ou Mazaeus) et Belesys (ou Belysis), furent eux chargés de contenir la rébellion de 
Sidon. Toutefois, ils 
furent repoussés par 
Mentor et il est possible que la révolte se soit propagée en 
Judée à 
Samarie et dans le Sud.
Artaxerxès III excédé prit 
personnellement les choses en main et reprit
Sidon à son
Roi Tabnit (ou Tennès, 358-346/345), dans laquelle il 
fit de nombreux prisonniers, dont 
Mentor. Conscient de la disproportion des forces ce dernier changea de camp.
 
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Tétradrachme d’Évagoras II 
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    En 349, 
Idrieos, avec une armée de 8.000 mercenaires et 40 navires que dirigeait le commandant 
Athénien Phocion (ou Phokion, 402–318) et Évagoras II 
débarquèrent à Chypre et mirent le siège devant Salamine. Mais ils échouèrent et Évagoras II dut abandonner définitivement  
Chypre. Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par 
Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. 
Pour le dédommager, Artaxerxès III lui 
attribua le gouvernement de  
Sidon. Toutefois, il est possible 
qu’Idrieos
fut un peu responsable de la défaite et qu’il ne resta pas tout à fait fidèle à 
Artaxerxès III.
  
    En effet, en 346, l’orateur 
Athénien Isocrate adressa un discours au Roi de
Macédoine,
Philippe II (359-336) dans lequel il fit valoir 
qu’il serait facile de renverser l’Empire Perse, 
parce que l’Égypte, la
Phénicie et
Chypre étaient toujours en révolte et 
qu’Idrieos de 
Carie, qui est présenté 
comme le dirigeant le plus riche en 
Asie Mineure, serait un allié utile. 
Peut-être Isocrate savait quelque chose que l’histoire moderne n’a pas retenu pour l’instant. En 349, Évagoras II reçut donc du 
Roi Perse, le gouvernement 
de la ville de Sidon.
Il ne put s’y maintenir que jusqu’en 346 avant d’être chassé pour sa mauvaise administration par la population,
qui fit appel à un descendant de l’ancienne lignée royale pour le remplacer. Il revint alors se réfugier à 
Chypre mais il fut 
capturé et mis à mort.
  
   
Pnytagoras (En Grec : Πνυταγόρας, 
351 à 332
ou 351 à 331) monta sur le trône en 350 alors à la tête de l’insurrection 
Chypriote contre 
Artaxerxès III Okhos (358-338). 
En 343, le Roi Perse
ordonna à 
Idrieos de mater la rébellion. Comme dit plus haut, ce dernier et 
Évagoras II, débarquèrent à 
Chypre et mirent le siège 
devant Salamine. Mais ils échouèrent et 
Évagoras II dut abandonner définitivement 
Chypre.  
Pourtant, battu, Pnytagoras fut étonnamment confirmé dans ses fonctions par 
Artaxerxès III et Évagoras II pas rétablie. 
En Novembre 333, Alexandre le Grand 
(336-323) écrasa l’armée de Darius III Codoman 
(336-330) à Issos en 
Cilicie. Pnytagoras de Salamine et d’autres Rois de 
Chypre rencontrèrent à 
Sidon
le Roi Macédonien et décidèrent de combattre à ses côtés 
pendant le 
siège de Tyr
en Janvier 332, siège qui dura pendant 7 mois.
Après la conquête de la ville 
Alexandre laissa une large autonomie aux royaumes 
Chypriotes et donna à Pnytagoras la souveraineté sur 
Tamassos
qui était la possession 
Cition (ou Kition). Il eut deux ou trois fils : Nitaphon et Nicocréon et l’on trouve aussi un certain Nifothona.
  
     Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, en Grec : 
Nικoκρέων, 331 à 311 ou 331 à 310) succéda à son père. En 321, lorsque l’Empire 
d’Alexandre 
le Grand (336-323) fut partagé, 
Chypre revint à 
Ptolémée I (Roi, 305-282) qui régnait sur 
l’Égypte.
Il entretient de bons rapports avec Nicocréon et d’autres Rois 
Chypriotes. Il eut l’appui de Pasikratis de Sole (ou Soloi), Nikoklis de Paphos et Androclès d’Amathonte (ou Amathus).
Lors des guerres des diadoques, le rival de Ptolémée I, le
Roi de Macédoine,
Antigonos I Monophtalmos (306-301), chercha 
à récupérer l’île en s’appuyant sur les souverains : Praxippos de Lapithos et 
Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia), Poumiaton (ou Pumiathon, 361-312) de
Cition (ou Kition) 
et Stasioikos de Marion. 
Nicocréon prit donc parti pour Ptolémée I.
Chypre devint ainsi un champ de bataille entre 
Ptolémée I et  
Antigonos I. En 315, il collabora activement 
avec les Généraux Lagides, 
Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos) pour écraser les cités 
Chypriotes qui avaient prit le camp opposée. 
  
    Il reçut du Roi Égyptien en échange de sa fidélité les 
territoires de Cition (ou Kition), Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia) et 
Lapithos (ou Lapathos), ainsi que le commandement général de l’île. Toutefois, les relations se dégradent après la paix de 311 et Nicocréon 
entama des pourparlers diplomatiques avec Antigonos I. 
Furieux, Ptolémée I lui donna l’ordre de se 
suicider et Nicocréon se donna la mort en 310. Il fut enterré par les décombres du palais brûlé.
  
 
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Vue du sanctuaire  | 
   
  Sa femme, Axiothée (épouse de Nicoclès), égorgea alors ses deux filles, 
puis se donna également la mort ainsi que ses beaux-frères 
et belles-sœurs. Selon Diogène Laërce (Diogenês Laertios ou Diogenes Laertius ou Diogène de Laërte, poète et un biographe, début 
du IIIe s. ap.J.C. – IX, 59), Nicocréon aurait fait broyer vivant dans un mortier après l’avoir torturé
le philosophe Anaxarque d’Abdère (ou Anaxarchos), pour venger une insulte que ce dernier lui avait 
faite à l’occasion de sa visite à 
Alexandre. Il semble qu’il fut le dernier Roi.
  
    En 306, le Macédonien
Démétrios I Poliorcète
(Roi, 294-287) remporta à Salamine une grande victoire navale sur la flotte 
Égyptienne 
lors de la
troisième bataille de Salamine.
Salamine suivit ensuite les destinées de l’île de Chypre. En 294 
Ptolémée I reprit Salamine 
et Chypre resta aux mains de la 
dynastie Lagide 
jusqu’à la conquête Romaine deux siècles et demi plus tard. L’île vit disparaître ses Rois, qui furent remplacés par un Gouverneur
nommé par le souverains Égyptiens. 
L’influence Égyptienne
s’étendit largement sur l’île où l’on honora désormais les Dieux
Osiris et 
Sérapis
et où la ville d’Arsinoé fut construite en mémoire de l’épouse de 
Ptolémée II Philadelphe (282-246). 
  
    L’île connut sous la dynastie 
Égyptienne
une grande prospérité et vit son apogée culturel, avec entre autres les philosophes 
Eudème de Chypre (ou Eudémos, contemporain d’Aristote, † 354 av.J.C.) et Zénon 
(335-261, fondateur du stoïcisme) qui était natif de 
Cition (ou Kition) et l’historien Aristos. En 58, 
Chypre devint Romaine, unie
administrativement à la 
Cilicie voisine. En 22 av.J.C elle devint province Sénatoriale gouvernée par un Proconsul de rang Prétorien. En 117 ap.J.C, 
sous l’Empereur Trajan (98-117), l’insurrection Juive conduite par Artémion engendra de nombreux massacres de Grecs et de
Romains et Salamine fut détruite par les Juifs rebelles. La ville et l’île profiteront ensuite des bienfaits de la paix qui 
permettra l’essor économique des cités. Salamine fut détruite encore une fois par des tremblements de terre
entre 333 et 342 et reconstruite par l’Empereur Constance II (337-361) sous le nom de Constantia. Elle fut ruinée par les arabes en 647. 
Les ruines sont visibles à Hagios Sergios (ou Ayios Serghios).
 
   
L’archéologie  
     Les fouilles archéologiques
sur le site ont commencé à la fin du XIXe siècle, sous les auspices du Fonds d’Exploration de Chypre. 
Salamine est un site archéologique très riche qui s’étend sur 5 km². 
De nombreux bâtiments ont été mis au jour, dont une nécropole à mi-chemin entre l’entrée du site et le couvent de Saint-Barnabé.
Beaucoup des découvertes sont aujourd’hui au British Museum. Après avoir été arrêtées quelques années, les fouilles reprirent en 1952 et durèrent jusqu’en 1974
dirigées par Vassos Karageorghis.
Avant l’invasion Turque il y avait beaucoup d’activité archéologique sur l’île.
Une mission Française creusait la proche Enkomi, prouvant que les deux colonies existèrent en parallèle, une autre à Salamine et le 
Département des antiquités était occupé presque toute l’année avec des réparations 
et des restaurations de monuments et était engagé également dans les fouilles de Salamine.  
 
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Autre vue du sanctuaire
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    Après l’invasion Turque, l’embargo international empêcha la poursuite des fouilles. Le site et les musées sont 
entretenus par le service des antiquités.
Des collections archéologiques importantes sont également conservées dans le monastère Saint-Barnabé.
Au District Archaeological Museum on trouve des statues de marbre du gymnase et du théâtre de Salamine, de la poterie Mycénienne et des bijoux d’Enkomi et 
d’autres objets représentatifs du riche patrimoine archéologique de l’ensemble du district.
Les bâtiments publics découverts sur le site de la ville ont été datés de la période postclassique.
Le temple de Zeus Salaminios, dont le culte a été établi, selon la tradition, par Teucer lui-même, exista depuis la fondation de la ville.
  
    Des fouilles réalisées sur le secteur de la nécropole ont mis 
au jour de nombreuses tombes datant des VIIIe et VIIe siècle et 
contenant des objets précieux. Il fut mis un trône en lapis-lazuli, or et électrum, incrusté de têtes d’animaux.
Une des tombes les plus impressionnantes est la tombe T79 datant de 700 av.J.C., sans équivalent à 
Chypre. On y a mis au jour des objets Syro-palestiniens, témoins de la présence des
 Phéniciens, des chaudrons en bronze etc…
  
    La mission Française mit au jour une riche tombe du XIe siècle, ainsi qu’un sanctuaire consacré au Dieu de la cité (Zeus Salaminios).
Malgré les nombreux pillages, trois importantes sépultures ont été épargnées offrant un mobilier funéraire composé d’un lit d’apparat couvert d’ivoire, 
des fauteuils et des objets destinés à la vie après la mort. Une grande partie est exposée au Cyprus Museum. 
  
    Les fouilles ont mis en évidence que des chevaux furent sacrifiés en l’honneur des morts et des offrandes d’huile d’olive furent faites.
Certains chercheurs ont interprété ces faits comme l’influence des épopées Homériques dans l’île.
En 2006 fut mis au jour une tombe royale datant de vers 800 av.J.C. Les fouilles confirment que Salamine était bien un des royaumes les plus importants
de l’île. Parmi les nombreux bâtiments mis au jour, un théâtre, un gymnase, des thermes, une citerne 
(Construite dans l’axe de l’amphithéâtre), des remparts, la basilique de la Campanopetra, le temple de Zeus Salaminios, un 
port et une nécropole. Un temple périptère fut construit au-dessus d’une esplanade de 250 m. avec des éléments architecturaux mélangeant architrave, frises 
Doriques et chapiteaux de style Corinthien. Des statuettes votives en calcaire et en terre cuite y furent mises au jour. 
   
 
 
Bibliographie 
     Pour 
d’autres détails sur Salamine voir les ouvrages de :
  
 Achilleus K.Aimilianidēs :
 – Histoire de Chypre, Presses universitaires de France, Paris, 1962-1963.
 Marie Claire Amouretti et François Ruzé : 
 – Le Monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
 Gilbert Argoud et Sylvie Aguettant :
 – Anthologie salaminienne, Institut Fernand-Courby, Éditions de Boccard, Paris, 1973.
 Walter Burkert : 
 – The orientalizing revolution : Near eastern influence on Greek culture in the early archaic age,
Harvard University Press, Cambridge, 1992.
 Helga Gesche : 
 – Nikokles von Paphos und Nikokreon von Salamis,  pp : 103–125, Chiron 4, 1974.
 Vassos Karageorghis : 
 – Excavations in the necropolis of Salamis, 1 à 4, Department of Antiquities, Chypre, 1967-1970-1973-1978.
 – Salamis in Cyprus, Homeric, Hellenistic and Roman, Thames and Hudson, Londres, 1969.
 – Salamis : Recent discoveries in Cyprus, W. de Gruyter, Berlin, 1966 – McGraw-Hill, New York, 1969.
 – Salamis. Die zyprische metropole des altertums, Bergisch Gladbach, G. Lübbe, 1970-1975.
 – Early Cyprus – Crossroad of the Mediterranean, The Paul Getty Museum, Los Angeles, 2002.
 Peter Hogemann : 
 – Évagoras seconde, New Pauly de Brill (DNP), Volume 4, Metzler, Stuttgart, 1998.
 Jean Pouilloux et Georges Roux :
 – Salamine de Chypre (Séries), Maison de l’Orient Méditerranéen ancien, Lyon, 1969 –
Institut Fernand-Courby, Mission archéologique Française de Salamine de Chypre, Éditions de Boccard, Paris, 1969 à 2004.
 – L’hellénisme à Salamine de Chypre, École Française d’Athènes, Athènes, 1989 – Éditions de Boccard, Paris, 1989.
 Patrick Schollmeyer : 
 – Das antike Zypern, Philipp von Zabern, Mainz, 2009.
 Martha C.Taylor :
 – Salamis and the Salaminioi : The history of an unofficial Athenian demos, J.C. Gieben, Amsterdam, 1997.
 
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