Localisation et généralités
Corinthe (ou Kórinthos,
en Grec : Kórinthos ou Κόρινθος) fut l’une
des plus importantes cités de la Grèce antique. Elle est mentionnée dans l’Iliade, où elle porte le nom d’Éphyra
(ou Éphyre). Importante cité Dorienne, elle resta longtemps sous la domination
d’Argos. Elle joua un rôle important dans le monde
Mycénien.
Elle fut la ville la plus puissante après Sparte
et surtout la plus peuplée et la plus riche. Vers 400 av.J.C elle eut une population d’environ 90.000 habitants.
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Elle dut sa fortune à sa position sur l’isthme, à la croisée des routes terrestres et
maritimes, qui relient la Grèce du Nord (l’Attique et Athènes)
à la presqu’île du Péloponnèse, séparant la mer Ionienne de la mer Égée. De chaque côté de l’isthme, les Corinthiens avaient
construit deux ports artificiels : Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion ou Lechaio, en Grec : Λέχαιο)
sur le golfe de Corinthe et Cenchrées (ou Cenchrææ ou Kenkhraiai ou Kekhries ou Kenchreai, en Grec :
Κεγχρεαί) sur le golfe Saronique.
Ceux-ci leur offraient une situation stratégique en
terme militaire, mais aussi commercial puisque situés au carrefour de deux axes commerciaux, Nord-sud et Est-ouest, par lequel
arrivaient les marchandises de luxe d’Orient et les produits des colonies occidentales.
Sa région était fertile et il y était cultivé de la vigne et des oliviers. Corinthe était
aussi une ville industrielle réputée pour ses fabriques de produits de luxe : Les bronzes, les céramiques, les meubles et le
textile. Les petits vases Corinthiens servaient pour des parfums. Ils furent parmi les plus colorés : Gravés et peints en noir sur
fond blanc, les motifs se composaient de griffons ou sphinx et de frise.
Son port principal, Léchée était éloigné de la ville et comme Le Pirée pour
Athènes, il était relié à la cité par la construction de Longs murs. L’Acrocorinthe
(Ακροκόρινθος ou l’acropole) fut la citadelle de l’ancienne Corinthe,
elle dominait et défendait l’isthme et abritait un temple d’Aphrodite. Cette forteresse naturelle
qui était pourvue de sources abondantes, était déjà occupée au Néolithique.
Les éléments de mobilier les plus anciens retrouvés
sur le site, sont datés de 1000 /1100, tandis que les premières fortifications remontent au VIIe siècle.
L’apogée de la forteresse coïncide avec le rôle de Corinthe comme capitale de la
Ligue Achéenne.
Améinoclès, qui est le plus ancien armateur Grec connu, fut un architecte naval originaire de Corinthe.
La tradition en fait le premier Grec à avoir construit, en 704 pour
Samos, des trières, un type de
galère qui deviendra le principal vaisseau de guerre aux Ve et IVe siècle.
La ville moderne de Corinthe se trouve à environ 5 km. au Nord-est des ruines antiques.
Depuis 1896, des fouilles archéologiques systématiques sont menées par l’American School of Classical Studies at Athens
(l’école américaine des études classiques à Athènes). Elles ont révélé de grandes parties de la ville antique, et des fouilles
récentes menées par le ministère Grec de la culture ont mis au jour de nouvelles découvertes sur la cité.
L’histoire …….
La fontaine Pirène
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L’origine mythologique
Selon
le mythe hellénique, Corinthe, un descendant du Dieu Hélios (le Soleil), est associé à Sisyphe le fils d’Éole et d’Énarété,
et il fut le fondateur mythique de la ville. D’autres mythes suggèrent que la cité fut fondée par la Déesse
Éphyra (ou Éphyre), une fille du Titan Océan, d’où l’ancien nom de la ville (Également Éphyra ou Éphyre).
C’est là que Médée, fille d’Éétès Roi de
Colchide et Jason, le fils
d’Éson Roi d’Iolcos (Thessalie), se
réfugièrent après que Médée ait organisé le meurtre de l’usurpateur Pélias. Celui-ci était le fils de Poséidon et
de Tyro et le fils adoptif de Créthée, Roi d’Iolcos. À la mort de Créthée, il s’empara du trône qui revenait à son demi-frère
Éson, le père de Jason.
Selon un autre mythe rapporté par
Pausanias (Géographe
Grec,
v.115-v.180), Briarée (Un des trois géants à cent mains), un des Hécatonchires, fut l’arbitre dans un litige entre Poséidon et
Hélios. Le verdict de Briarée décida que l’isthme de Corinthe appartiendrait à Poséidon et l’acropole de Corinthe,
(l’Acrocorinthe), à Hélios. Ainsi, les Grecs représentèrent un culte archaïque du soleil dans la partie haute du site de
l’acropole. Un autre mythe explique que Sisyphe rapporta au Dieu Asopos (ou Asopòs, Dieu fleuve) sa fille Égine que Zeus avait
enlevé. En récompense, Asopos fit couler l’eau qui alimentait la fontaine Pirène située dans les murs de l’Acropole.
L’origine archéologique
Les découvertes archéologiques,
dont des poteries, suggèrent que le site de Corinthe fut occupé de temps à autres depuis le Néolithique, au moins depuis vers 6500,
et sans interruption à l’âge du Bronze, où il agissait déjà, vers 3000, en tant que centre commercial.
On a retrouvé de cette époque des fabriques d’armes et d’outils en bronze, mais il fut abandonné au cours du IIe millénaire.
On a découvert une baisse très importante des vestiges de céramique datant du début la période Helladique II (3200/3100-2650).
Celle-ci continua à se faire rare dans les phases Helladique III (2200/2150-2050/2000) et Helladique
moyen (2000/1900-1550). Les spécialistes tirent donc la conclusion que la région fut très peu peuplée dans la période.
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Casque de guerre Corinthien –
Musée de Corinthe |
Surtout celle précédant immédiatement la
civilisation Mycénienne (v.1450 à v.1200).
Il a été prouvé archéologiquement que la ville fut détruite vers 2000 av.J.C. Certains anciens
noms de Corinthe proviennent de la langue pré-grecque des Pélasges. Le nombre de poteries retrouvées datant de cette époque
Mycénienne est très faible sur le site de Corinthe,
par contre on en a retrouvé sur la côte près du port de Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion ou Lechaio) sur le golfe de
Corinthe, ce qui démontre des traces de commerce à travers ce golfe. Thomas James Dunbabin pense qu’il semble probable que le
site lui-même de la cité accueillit une petite cité palatiale à la période
Mycénienne, (Comme
Mycènes,
Pylos ou
Tirynthe) qui dura
jusque vers l’installation des Doriens vers 900.
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Les Bacchiades
Les Doriens, selon la
tradition, gouvernèrent la cité de vers 900 jusqu’en 657 av.J.C, avec une dynastie : Les Bacchiades (ou Bakkhiadai, en Grec :
Bakkhiadai ou Βακχιάδαι)
dont les membres prirent le titre de Roi, jusqu’en 747. Ces derniers étaient une famille de la noblesse Dorienne,
issue de Bacchis (D’où leur nom, premier Roi de la dynastie), le fils de Prumnis. C’était une aristocratie de marchands
et d’armateurs. Ils furent le groupe oligarchique dirigeant de Corinthe des VIIIe et VIIe siècles.
Selon Claude Mossé, l’origine de leur fortune et pouvoir proviendrait des taxes qu’ils pratiquaient sur les marchands qui
traversaient la Méditerranéenne via l’isthme de Corinthe. Le clan réservait à l’un de ses membres, en plus de la royauté,
les fonctions politiques de Prytane, qui assumait les missions d’organisation et d’encadrement du fonctionnement des institutions,
et militaire de Polémarque, commandant d’armée responsable d’une brigade. Cette dynastie conserva toute sa pureté car elle n’admit
aucune alliance avec d’autres familles.
Assiette Corinthienne – v.600/575 av.J.C –
Staatliche Antikensammlungen – Munich |
À Corinthe,
la politique des Bacchiades permit le développement
important des échanges commerciaux. Ce fut eux qui firent aménager un port sur
le golfe Saronique et un autre sur le golfe de Corinthe et établirent entre les
deux un chemin de bois pour le roulage des navires. Ils transformèrent ainsi
leurs affaires privées en entreprises publiques, tout en enrichissant la ville.
Le dernier Roi des Bacchiades, fut Télestès (758 à 747), détrôné en 747, pour
certains un fils d’Aristodème (ou Aristodemos, 834-799). Il fut assassiné par Ariaeus et Perantas, des membres de sa famille,
suite aux troubles qui traversaient Corinthe. Certains spécialistes comptent un Automénès juste dans cette année de 747 ?.
Le pouvoir fut alors pris par une magistrature annuelle, elle aussi, issue des Bacchiades. Ces derniers occupèrent des rôles
importants, comme Prytane, jusqu’à l’arrivée au pouvoir en 657 du Tyran
Cypsélos, qui
appartenait lui aussi par sa mère aux Bacchiades et lors de cette période, Corinthe devint un
État unifié. Grâce à sa richesse, un grand nombre de bâtiments et de monuments furent construits.
Ce fut également pendant cette période que furent fondées les colonies de Corcyre et de Syracuse (en 733).
En 730, Corinthe aurait compté au moins 5.000 habitants. Cependant, alors que la ville était impliquée dans une
guerre avec Argos et Corcyre, le mécontentement de la population grandit à
l’égard de leurs dirigeants. En 664, la première bataille navale de l’histoire Grecque opposa Corinthe à Corcyre. La victoire de
cette dernière dégrada encore plus la situation. En 657, Cypsélos, le
Polémarque en charge de l’armée, utilisa son influence sur les soldats pour expulser les Bacchiades définitivement.
Une partie
de la dynastie s’installa alors à Tarquinia en Étrurie. Ils seraient selon une légende à l’origine de la dynastie des Rois
Étrusques ?. Aristote (Philosophe
Grec, 384-322) raconte l’histoire de Philolaos (ou Philolaus ou Philólaos, en Grec :
Φιλόλαος) de Corinthe, un Bacchiade, qui était un législateur à
Thèbes et qui devint l’amant de Dioclès
(En Grec : Διοκλῆς), le vainqueur des jeux olympiques.
Ils vécurent tous deux à Thèbes.
La période des Tyrans
Avec l’augmentation de la richesse et des relations commerciales plus complexes
les structures sociales des cités-états Grecques eurent tendance à changer et le peuple renversa leurs traditionnels
Rois-Prêtres héréditaires. Corinthe, la plus riche de ces polis, ouvrit la voie. Ce fut généralement des Tyrans qui prirent
le pouvoir à la tête d’un certain soutien populaire. Dans la grande majorité des cas ils respectèrent les coutumes et les
lois déjà en place et ils furent extrêmement prudents que les pratiques du culte, qui assuraient la stabilité avec peu de
risques pour leur sécurité personnelle, soient respectées.
Autre casque Corinthien – 500–490 – Staatliche
Antikensammlungen – Munich |
Cypsélos (ou Kupselos ou Cypsèle ou Kypsélos,
en Grec : Κύψελος, 658 à 628 ou 657 à
627 ou 655 à 625), devint Archonte, Polémarque, puis premier Tyran de Corinthe.
Sa vie est entourée de mythes. Il fut le fils de le fils d’Éétion (ou Ếetíôn, en Grec :
‘Hετίων) et sa mère Labda “la boiteuse” appartenait à la dynastie des
Bacchiades.
Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425),
les Bacchiades entendirent deux prophéties de l’oracle
de Delphes, comme quoi le fils d’Éétion
ferait tomber leur dynastie. Pour se prémunir contre ce sort ils décidèrent de tuer le
bébé une fois né. Cependant, l’auteur raconte que le nouveau-né sourit à chacun des hommes envoyés pour le tuer, et aucun d’eux
ne pu passer à l’acte.
Labda l’aurait alors dissimulé dans un réceptacle, une jarre (ou un coffre), et lorsque les hommes
revinrent pour le tuer, ils ne le trouvèrent pas.
Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) en donne une description détaillée (Livre V, 17, 5 sqq.) et rapporte que le
coffre décoré d’or et d’ivoire était encore exposé à Olympie bien des siècles après. Comme à Corinthe à l’époque une boîte
s’appelait “kypsélê” (en Grec : κυψέλη), l’enfant prit le nom Kypsélos. Cypsélos grandit et
il accomplit la prophétie.
Corinthe avait été impliquée dans une guerre
contre Argos et Corcyre, et les Corinthiens étaient très mécontents de
leurs dirigeants. En 657, Cypsélos qui était le Polémarque, Archonte en charge de l’armée, utilisa son influence sur les soldats
et il entra en lutte contre l’oligarchie des Bacchiades.
Il s’empara du pouvoir en renversant le dernier membre, Démarate. Celui-ci aurait émigré en Étrurie et serait le père du Roi de
Rome Tarquin l’Ancien (616-579). Il expulsa également ses autres ennemis, mais leur permit de mettre en place des colonies dans
le Nord-ouest la Grèce.
Son long règne apporta beaucoup à la cité. Il augmenta notamment le commerce avec les colonies en Italie
et en Sicile. Il mena des campagnes militaires contre Argos et
Corcyre, mais a échoué dans sa tentative de soumettre l’île de Corfou.
Il était si populaire qu’il n’avait pas besoin de gardes du corps. Il n’a qu’une épouse attestée : Kratea (ou Cratea).
Elle lui donna trois (ou quatre en fonction des sources) enfants, dont Périandre qui lui succéda et qui compta parmi les
"Sept
Sages" de la Grèce. Strabon (Géographe
Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) mentionne un autre fils du nom de Gorgos qui fut le Tyran de la ville d’Ambracie
(ou Arta, en Épire, sur la côte Nord du golfe Ambracique), une colonie de
Corinthe. Cypsélos inaugura la dynastie appelée dynastie des Cypsélides (ou Kypselides).
Buste de Périandre – Copie
Romaine d’un original Grec du IVe siècle – Musée Pio-Clementino – Vatican
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Périandre
(En Grec : Περίανδρος, 627 à 587 ou 625 à 587) arriva au pouvoir en 627
et fut donc le deuxième Tyran de la dynastie des Cypsélides. Son rège provoqua une période faste dans l’histoire de Corinthe. Son
habileté administrative fit de la ville une des plus riches cité-États de Grèce. Car sa première activité fut la construction,
sur l’isthme, d’un canal (ou d’une rampe, le diolkos ou dromos) qui permettait aux navires de passer du golfe de Corinthe au
golfe Saronique et ainsi d’éviter de contourner tout le Péloponnèse. Les rentrées d’argents perçues sur les droits de passage
permirent à Périandre de supprimer les impôts à Corinthe et d’entreprendre de grands travaux publics dans sa ville, ainsi
que la construction de temples, et de promouvoir la littérature et les arts.
Ses réalisations législatives comprennent également :
L’attribution de terres aux paysans pauvres ; des programmes de création d’emplois ; des lois somptuaires (Se dit d’une loi qui
restreignait et réglementait les dépenses) et l’interdiction de l’acquisition d’esclave. Périandre organisa de nombreux festivals
et construisit de nombreux bâtiments dans le style Dorique. En poterie, le style dit "Corinthien" fut élaboré par
un artisan durant son règne.
Plusieurs sources indiquent que Périandre fut un dirigeant cruel et
dur, mais d’autres affirment qu’il était un souverain juste qui veilla à ce que la répartition des richesses à Corinthe soit
bien faite. Il s’appuya sur la plèbe contre la noblesse et entreprit des répressions violentes contre les Bacchiades. Il aurait
fait castrer des garçons qu’il aurait envoyés dans la colonie de Corcyre (ou Corfou). Ce qui est sûr c’est qu’il fut souvent cité
comptant parmi les "Sept
Sages" de la Grèce. Il est dit qu’il fut un “maître” de la littérature, et qu’il apprécia très tôt la
philosophie. On lui crédite un poème didactique de 2.000 lignes ainsi que de nombreux proverbes.
Certains chercheurs ont fait valoir que ce Périandre était une personne différente du sage du même nom.
Au niveau de son activité extérieure, il conquit Épidaure à l’Est de Corinthe et il aida au traité de paix entre
la Lydie et
Milet. Il établit des colonies à
Potidée en Chalcidique et à Apollonia en Illyrie et annexa Corcyre (ou Corfou), où son fils vécut une grande partie de sa vie. Il fit construire une puissante flotte et mit en place
un commerce de grande envergure avec succès. Dans le différend entre
Mytilène et
Athènes au sujet de Sigée (ou Sigeion, cité en Troade, à
l’embouchure du Scamandre) Périandre fut nommé en tant que juge. Il régla le différend en faveur
d’Athènes.
On ne lui connait qu’une épouse, Mélissa (Appelée aussi Lyside), la fille du Tyran d’Epidaure, Proclès et
d’Eristenea. Il la tua dans un accès de colère, à cause d’une fausse accusation. On trouve plusieurs versions de cette mort. Une,
dit que ce fut en la poussant dans un escalier. Une autre, toujours accidentellement, avec un coup de pied alors qu’elle
était enceinte ?. Il fut aussi avancé un mélange des deux, il aurait poussé Mélissa enceinte lors d’une dispute, d’où la débilité
de Cypsélos le Jeune, et plus tard il l’aurait tuée à coups de pierre dans un accès de colère ?.
Il aurait ensuite institué
un culte autour du fantôme de Mélissa. Elle lui donna trois enfants, une fille et deux fils : Cypsélos le jeune,
qui passe pour être simple d’esprit et Lycophron, que Périandre exilera à Corcyre (ou Corfou) lorsque celui-ci lui reprochera la
mort de sa mère. Quand Lycophron réconcilié avec son père revint à Corinthe en 585, les habitants de la cité l’assassinèrent.
La mort de son fils fit tomber Périandre dans un chagrin tel qu’il en mourut. Ce fut son neveu, Psammétique, fils de Gordias,
qui lui succéda.
Psammétique (587 à 583 ou 585/4 à 582/1) eut un règne très court et fut le dernier Tyran de
Corinthe. Son nom n’était pas d’origine Grecque, il fut nommé ainsi parce que sa famille avait des liens étroits
avec la famille royale Égyptienne.
Nicolas de Damas (Historien et philosophe de langue Grecque, Ier s. av.J.C.) prétend que Psammétique aurait du avoir un
successeur appelé Cypsélos II, mais hélas on ne le saura jamais.
Vue des ruines de l’agora
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La période classique
À peine quatre ans après son arrivée au pouvoir Psammétique fut renversé avec l’aide
des Spartiates et un gouvernement oligarchique, que Jean-Claude
Poursat qualifie de modéré, s’établit à Corinthe. Il comprenait une Gérousia de 80 membres (10 par tribu).
Chaque tribu nommait 9 bouleutes et 1 Proboulos, les 8 Probouloï constituant un conseil supérieur
préparant les textes pour la Gérousia. Ce gouvernement entretint des relations amicales avec
Sparte et
Athènes. En 581 débutèrent les premiers Jeux Isthmiques,
établis par les grandes familles. En 570 les habitants commencèrent à utiliser des pièces d’argent.
Entre 550 et 525, la rivalité croissante entre Argos
et Corinthe, incita cette dernière à passer des accords avec
Sparte qui devinrent
une véritable alliance en 525 et la cité entra dans la
Ligue du Péloponnèse.
En 519, Corinthe intervint comme médiateur entre
Athènes et
Thèbes. La ville disposa très rapidement d’une
grande puissance navale. La cité développa la trière sur la base de la pentécontère, peut-être sous l’influence de l’architecte
naval Améinoclès. Le commerce des poteries et des constructions navales contribuèrent à sa richesse. La cité fonda
d’importantes colonies, outre Syracuse et Corcyre (ou Corfou) : Ambracie en
Épire, Anaktorion, Appolonie, Épidaure en
Illyrie, Leucade en Acarnanie
(Région occidentale de la Grèce, délimitée au Nord par le golfe Ambracique et à
l’Ouest et au Sud-ouest par la mer Ionienne) et Potidée en Chalcidique,
avec lesquelles elle eut au début d’excellentes relations commerciales (Potidée en fut la principale).
Avec la montée de l’impérialisme
Athénien dans la seconde moitié du Ve siècle, les rapports avec la grande cité se détériorèrent. Corinthe devint
l’adversaire naturelle d’Athènes, qui était sa rivale maritime,
aussi du fait qu’elle s’allia avec Sparte.
À cette époque la ville rivalisait non seulement avec Athènes,
mais aussi avec Thèbes car sa position géographique sur
l’isthme de Corinthe lui permettait de contrôler une partie du commerce qui transitait entre le Péloponnèse et la Grèce
continentale et entre la Méditerranée orientale et occidentale. La ville fut aussi réputée pour ses Hétaïres (Les Prostituées du
temple). Elle, possédait un temple dédié la Déesse de l’amour Aphrodite, qui employait près de mille Hétaïres.
Ces dernières servaient les riches marchands et les hauts fonctionnaires puissants. La plus célèbre d’entre elles, fut Laïs de
Corinthe. Il fut dit qu’elle possédait des dons extraordinaires et avait une très grande beauté, de ces faits, elle facturait
extrêmement cher ses faveurs. Pendant cette période se développa également, l’ordre Corinthien, le troisième ordre de
l’architecture classique après le Dorique et l’Ionique. Il fut le plus complexe des trois, exprimant l’accumulation des
richesses et le mode de vie luxueux qui avait cours dans la cité, tandis que l’ordre Dorique exprimait un mode de vie plus
strict et simpliste des anciens Doriens comme les Spartiates.
L’ordre ionique était un équilibre entre les deux suivant la philosophie et l’harmonie des Ioniens comme les
Athéniens.
Portes fortifiées de l’Acrocorinthe
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Comme dit plus haut, les Corinthiens construisirent deux ports artificiels : Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion
ou Lechaio, en Grec : Λέχαιο) sur le golfe de Corinthe et Cenchrées (ou Cenchrææ ou Kenkhraiai ou
Kekhries ou Kenchreai, en Grec : Κεγχρεαί) sur le golfe Saronique, au service des routes
commerciales de l’Ouest et l’Est de la Méditerranée.
Ceux-ci, outre l’accueil de l’importante flotte de guerre de la cité, leur offraient une situation stratégique en terme militaire,
mais aussi commercial puisque situés au carrefour de deux axes commerciaux, Nord-sud et Est-ouest, par lequel arrivaient les
marchandises de luxe d’Orient et les produits des colonies occidentales.
Par exemple, Léchée reliait la ville à ses colonies
occidentales (ou apoikoiai, en Grec : ἀποικία) et la
Grande-Grèce, tandis que Cenchrées servait pour les navires en provenance
d’Athènes,
d’Ionie, de
Chypre et de
Palestine.
En 491, Corinthe devint si puissante qu’elle servit de médiateur entre Syracuse et Gala.
En 481 et 480, un congrès, dans un premier temps à
Sparte, puis tenu à Corinthe, établit la
Ligue du Péloponnèse, qui rallia
certains Grecs sous la direction des Spartiates, dans les
Guerres Médiques contre les
Perses.
Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425,
Histoires, livre 7:202), Corinthe fut un acteur majeur dans ce conflit, avec l’envoi de 400 soldats pour tenter de
défendre les
Thermopyles.
Elle fournit également 40 navires de guerre à
bataille navale de Salamine sous les ordres de l’Amiral Adimantos
(ou Adeimantos) et 5.000
hoplites dans la
bataille Platées qui suivit.
Hérodote (Histoire, Livre 9:105), souvent
critique à l’égard des Corinthiens, les décrit comme les meilleurs combattants du monde Grec après les
Athéniens.
Après la défaite des
Perses, en 479/478, Corinthe s’inquiéta des
fortifications construites à Mégare et Egine par
Athènes.
Elle s’opposa une nouvelle fois à Mégare, pourtant
comme elle membre de la Ligue du
Péloponnèse, pour des litiges frontaliers. En 460,
Mégare, qui n’était pas de traille à lutter, chercha la protection
d’Athènes et se rallia à la
Ligue de Délos dirigée par celle-ci.
En 459, Athènes envoya des troupes et en
458 elle défit Corinthe. À partir de cet épisode, naquit une très grande hostilité entre Corinthe et
Athènes qui perdura durant les décennies suivantes.
Pour beaucoup de spécialistes, ce conflit fut aussi un des déclencheurs de la
Première Guerre du Péloponnèse qui se déroula entre
460 et 446. Les historiens, encore aujourd’hui, sont divisés sur le fait de savoir qui ouvrit en premier les hostilités entre
Corinthe et Athènes. Toujours est-il qu’en 459 ce fut
Corinthe qui l’emporta dans un premier temps à Halieis au Sud de l’Argolide avec ses alliés d’Épidaure.
Mais, en 458, après cet échec, Athènes vaincu les flottes
alliées d’Égine, d’Épidaure et de Corinthe lors de la Bataille de Kékryphaleia près
d’Égine (en Grec : Κεκρυφάλεια, probablement Angistri ou Agistri dans le golf Saronique) et
enchaina une série de victoires dont en 457 à Œnophyta (ou Oinofyta, en Grec :
Οινόφυτα, à l’Est de la Béotie), ce qui lui permit de dominer la Béotie.
Les Athéniens, avaient rassemblé 14.000 hommes à Tanagra
et marchèrent sur la Béotie, sous le commandement de Myronides. Ils vainquirent la coalition, puis détruisirent les murs de
Tanagra et ravagèrent la Locride et la Phocide. Corinthe, épuisé par cette guerre et non soutenue par les
Spartiates qui n’étaient pas décidés à agir, signa un
premier armistice en 451. Avec ces victoires Athènes, devint la
première puissance maritime et terrestre du monde Grec. Mais, en 446, la Bataille de Coronée mit fin à sa domination dans la
région et amena à la Paix de Trente Ans qui conduisit entre autres au retour de
Mégare dans la
Ligue du Péloponnèse.
Vue du site avec l’Acrocorinthe
en arrière plan
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La Guerre du Péloponnèse
Les
différends entre Athènes et Corinthe
prirent une place importante dans les causes qui menèrent à la
Guerre du Péloponnèse (431-404), car elle reposa
essentiellement sur l’opposition à Athènes.
L’hégémonie Athénienne sur mer qui touchait déjà la cité de
Mégare, inquiéta Corinthe au sujet de son propre
commerce. En effet, Athènes avait interdit l’accès de
l’Attique et de ses ports aux marchands de Mégare.
Elle reprochait à la cité de soutenir son adversaire Corinthe et d’accueillir les esclaves fugitifs. En 435, une guerre civile
éclata à Épidamne, colonie de Corcyre (ou Corfou), cité fondée par Corinthe. Devant l’inaction de Corcyre, Épidamne fit appel à
Corinthe qui envoya des troupes. En 433, Athènes
saisit l’occasion, elle s’allia avec Corcyre contre Corinthe et envoya également des troupes.
Selon Thucydide
(Homme politique et historien Athénien,
v.460-v.400/395) la guerre de Corinthe contre Corcyre (ou Corfou) fut la plus grande bataille navale entre cités Grecques jamais vu
jusque là. Cette dernière, en plus faible effectif ne put empêcher la victoire de Corinthe lors de la bataille navale au large
des îles Sybota. Toujours en 433, Athènes fit pression sur
Potidée, ancienne colonie de Corinthe, mais membre de la Ligue de
Délos, pour qu’elle expulse des magistrats Corinthiens qui y résidaient. Potidée refusa,
Athènes décida alors d’assiéger la ville. Corinthe
réagit et envoya une armée de 2.000 hommes commandée par Aristéas (En Grec :
‘Aριστέας, Général Corinthien) pour soutenir son ancienne alliée.
Cependant, en 432, la bataille de Potidée ne permit pas de libérer la cité et les troupes de Corinthe, écrasées, durent
fuir. Athènes intensifia le siège sur Potidée qui ne tomba
pourtant qu’en 429.
Le soutien qu’Athènes
fournit aux colonies Corinthiennes révoltées fut une partie des causes qui déclenchèrent la
Guerre du Péloponnèse. En 431, Corinthe, avec l’appui de
Mégare, fit appel à
Sparte et appela à la guerre contre
Athènes.
Sparte, qui sous la menace de voir deux de ses
principales alliées quitter la
Ligue du Péloponnèse, mobilisa celle-ci et accéda enfin aux demandes, fait qui marqua le début de
la Guerre du Péloponnèse.
Ce conflit, déchira la Grèce de 431 à 404, presque sans interruption. Pendant l’été 431, les
Spartiates, Corinthe et leurs alliés envahirent l’Attique,
sans rencontrer de résistance, ils trouvèrent un pays déserté. Ils ravagèrent la région pendant un mois avant de se retirer.
Les effectifs terriens Athéniens étant bien inférieurs à ceux
de Sparte,
Périclès (v.495-429), l’homme fort
d’Athènes, prouva à ses concitoyens que l’issue du conflit
était inéluctable. Il les persuada alors de se réfugier derrière les longs murs qui reliaient la ville à ses ports, de manière
à ce que la cité, transformée en forteresse, puisse se ravitailler par la mer.
Vue des ruines de l’Acrocorinthe
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Tandis que dans le même temps, grâce à sa flotte,
elle ruinait les côtes ennemies. Sa stratégie d’encerclement et de blocus maritime autour du Péloponnèse fut au début un succès.
Mais profitant du découragement populaire que cette guerre créait, les adversaires de
Périclès attaquèrent sa gestion. Les
Athéniens mécontents
d’avoir perdu leurs biens lors de l’invasion Spartiate en
Attique lui intentèrent un procès. Périclès fut condamné et
se retira alors de la vie politique. Quelques mois après, sa condamnation fut annulée et les citoyens
Athéniens firent de nouveau appel à lui. Fin 430, une
épidémie de peste (ou typhus ?) décima près de la moitié de la population
d’Athènes
et en 429, Périclès figura parmi les victimes.
Durant cette guerre, Athènes conquit
tout de même les colonies Corinthiennes d’Acarnanie, Sollion (ou ou Sollium) en 431 et Anactorion (ou Anaktorion ou
Anactorium ou Anaktorio) en 425. La colonie d’Ambracie (ou Arta,
en Épire, sur la côte Nord du golfe Ambracique), fut détruite en 426.
La mort de l’Athénien Cléon et du
Spartiate Brasidas, tous deux partisans de la guerre,
permit aux modérés de reprendre l’avantage et finalement en 421,
Sparte et Athènes à bout de souffle, signèrent la
paix (Paix de Nicias). Cet accord, qui devait durer cinquante ans, était plus un compromis et ne réglait
aucun problème.
Ce fut surtout un succès pour Athènes qui
conservait son Empire intact, tandis que ses ennemis étaient divisés, car cette paix ne fut conclue qu’entre
Athènes et
Sparte.
Mégare,
Thèbes et Corinthe, dont le traité ne lui permettait pas
de récupérer ses colonies perdues, refusèrent de la voter, car elle permettait à
Athènes de garder ses prétentions
territoriales et aux deux nouveaux "alliés" de se mettre d’accord pour modifier le traité comme ils souhaitaient,
sans en référer à la Ligue du
Péloponnèse. La paix était fragile et le conflit se fit indirect. Corinthe reprochait à
Sparte de ne pas défendre suffisamment les intérêts de la cité.
Elle chercha alors à former une nouvelle alliance avec Argos
et elles fondèrent leur propre ligue concurrente de la
Ligue du Péloponnèse, ce qui entraîna
la désagrégation de cette dernière.
La nouvelle confédération accueillit par la suite les cités de Mantinée, d’Élis
(Capitale d’Élide) et quelques cités de Chalcidique.
Mais Sparte réagit et débuta de nouvelles négociations afin de
renouer avec Corinthe qui changea de camps. En 418, les cités
d’Argos,
d’Élis et de Mantinée se retournent alors vers Athènes, dont
son nouvel homme fort, Alcibiade (ou Alkibiadês, 450-404),
chef du parti démocrate, poussait les Athéniens à la reprise
des hostilités en leur demandant de s’allier à cette nouvelle ligue. En Août 418, les alliés attaquèrent Épidaure et avancèrent
sur Tégée. Sparte avec l’aide Corinthe fut obligée de faire
mouvement contre eux et remporta une grande victoire à la
bataille de Mantinée
(Fin Septembre 418).
Argos abandonna alors
l’alliance avec Athènes qui se retrouva de nouveau isolée.
En 416, pourtant la cité attaqua et ravagea l’île de Mélos, qui était pourtant restée neutre, mais s’était montrée amicale envers
Sparte.
En 415 Alcibiade poussa les
Athéniens à envahir la Sicile. Il commanda avec Nicias
l’expédition. La ville de Syracuse appela alors Sparte à son aide.
La cité y détacha des troupes aidée par Corinthe désireuse de défendre son ancienne colonie.
Corinthe brisa le blocus et défendit victorieusement le port de Syracuse contre la flotte
Athénienne. Cette expédition fut un désastre militaire pour
Athènes et plus de 200 navires et 50.000 soldats furent perdus.
Vestiges de la fontaine
Glaucé (ou Glaukè)
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En 413, Corinthe porta un coup fatal aux postions occidentales de la flotte
Athénienne devant Naupacte (ou Naupaktos, cité de Locride sur
la côte septentrionale du golfe de Corinthe), puis au large d’Érinéos d’Achaïe (ou Erineos, aujourd’hui Aigialeia).
Alcibiade se retira alors en
Chersonèse de Thrace, où les recommandations qu’il
donna aux Généraux Athéniens avant la
bataille d’Aigos
Potamos, en Septembre 405, furent ignorées.
En 404, la flotte
Athénienne fut complètement détruite et décimée par la
famine et la cité capitula devant Sparte conduisant à la fin
de la Guerre du Péloponnèse. Corinthe, ainsi que
Thèbes, demandèrent la destruction
d’Athènes.
Sparte refusa,
ce qui causa de mauvaises relations avec Corinthe. Elle se montra relativement clémente vis à vis
d’Athènes et accepta un compromis qui ordonnait seulement
la destruction des longs murs de protection de la ville et du reste de sa flotte. À cette période,
Sparte devint le maître incontesté de tout le monde Grec.
La Guerre de Corinthe
La décision
Spartiate d’épargner
Athènes eut pour conséquence une brouille entre
Corinthe et Sparte.
En 395, Corinthe changea une nouvelle fois de camps et elle s’allia à
Argos et
Thèbes, soutenues par la
Perse, pour lutter contre la domination
tyrannique de Sparte. La guerre qui en découla est appelée :
Guerre de Corinthe, elle dura de 395 à 386 ce qui allait affaiblir encore les cités-États du Péloponnèse.
Elle fut provoquée par l’exaspération des cités Grecques soumises à la domination de
Sparte, qui, dès 400, étaient entrée en conflit avec les
Perses.
Les coalisés, dont Corinthe prit la tête, installèrent un conseil à Corinthe auquel se joignirent bientôt les Acarnaniens,
la Chalcidique, les Eubéens et les Leucadiens (Île de Leucade).
Dans le même temps un nouveau venu sur la scène politique,
les Macédoniens faisait la conquête du Nord de la Grèce.
En 395, Thrasybule (ou Thrasýboulos, v.445-388),
Général et homme politique
Athénien, partisan du parti démocratique et proche
d’Alcibiade, poussa à l’alliance avec
Thèbes, Corinthe et
Argos contre l’éternel ennemi,
Sparte.
Autre partie de la fontaine Pirène
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Il commanda alors une flotte des alliés pour mettre fin
à l’hégémonie de celle-ci dans le monde Grec, dans les îles de la mer Égée et les côtes
d’Asie Mineure en imposant des régimes
démocratiques. Il s’empara de Lesbos,
Clazomènes et Thassos.
En 394, après les deux batailles perdues, à la
bataille de Némée et la
bataille
de Coronée,, il dut renoncer à son poste et il fut remplacé part
Conon (Général, 444-390). Cependant, toujours la même année, la victoire de la flotte
Perse contre celle de
Sparte au large de la cité de
Cnide
(ou Knidos) mit fin aux rêves Spartiates de suprématie
en Méditerranée orientale. Les Spartiates ne parvinrent pas à
passer l’isthme de Corinthe et le conflit se transforma en guérilla dans la région de Corinthe.
Au bout de deux ans de guerre Corinthe dut faire face à une guerre civile. En effet, les aristocrates, dont la
fortune reposait essentiellement sur l’exploitation de leurs terres, ne voulaient plus soutenir le conflit, qui lui avait encore
la faveur du peuple. En 392, lors de ce conflit interne, un grand nombre d’aristocrate fut assassiné. Selon
Diodore de Sicile (Historien Grec,
v.90-v.30), les démocrates prirent alors le pouvoir et imposèrent à la cité une sympolitie (ou sympoliteia, fédération de cités
voisines) avec Argos.
Les
Spartiates tentèrent alors de s’opposer à cette fusion avec le
soutien des oligarques de Corinthe qui s’emparèrent une première fois en 392 du port de Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion ou
Lechaion), puis une seconde fois en 390 après en avoir été chassé par les
Athéniens lors de la
bataille de Léchée en 391.
Cette victoire ne fut pas totale pour Sparte car le Stratège
et Général Athénien
Iphicrate (v.420-v.352) les harcela et leur
reprit un grand nombre de positions autour de Corinthe. En 390, il détruisit une mora (division de l’armée, environ 1.280 hommes)
Lacédémonienne sous les murs de Corinthe grâce à l’utilisation d’un bataillon de peltastes, un corps de fantassins légers créé
par lui qu’il forma à la guérilla.
Sur mer, Conon conduisit la flotte Athénienne
dans une série de victoires. Il reconquit de nombreuses îles : Skyros, Imbros, Lemnos, et s’allia avec des adversaires de la
Perse comme le Roi de
Chypre
Évagoras I (410-374) et le Pharaon
Achôris (393-380).
Cette politique et les gains et avantages tactiques qu’il avait réalisé furent bientôt annulés par
l’intervention des Perses. Ces derniers,
alarmés par la résurrection apparente de la Ligue de
Délos, qui les avait expulsés au Ve siècle de la mer Egée, redonnèrent leur soutien à
Sparte et une flotte
Perse attaqua bientôt dans l’Hellespont,
menaçant l’approvisionnement en grain d’Athènes
qui perdit encore une fois cette guerre et la paix fut rapidement conclue, démontrant le nouveau poids de la
Perse
dans les affaires Grecques.
Vestiges du temple d’Octavia
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En 387/386, la menace de leur
intervention incita tous les belligérants à négocier une paix commune (ou Koinè eirenè, en Grec :
κοινή ειρήνη, “paix communes” semblables à des traités de paix
internationaux). Cette première Koiné eiréne prit le nom de "Paix
d’Antalcidas"
(ou paix du Roi) conclue en faveur de Sparte. Celle-ci acceptait
l’arbitrage par la Perse et leur cédait des
cités Grecques d’Asie Mineure.
Athènes
conserva Skyros, Imbros et Lemnos et sous la pression de Sparte,
les clauses de paix imposèrent la rupture de la sympolitie (ou sympoliteia) entre
Argos et Corinthe. Malgré ces accords,
Sparte restait alors à la fin des années 380, à l’apogée de sa
puissance.
À Corinthe les Oligarques reprirent le pouvoir et la cité réintégra de nouveau la
Ligue du Péloponnèse et
redonna de nouveau son soutien aux Lacédémoniens. En 379, Corinthe épaula
Sparte dans un conflit contre
Thèbes qui voulait disloquer la
Ligue et reconstruire sa
Confédération.
Comme le précise Pierre Carlier, dans le même temps Athènes
chercha aussi à reconstruire sa puissance avec la Seconde Confédération
Athénienne (377-355) créant un troisième point de puissance.
En 378, le conflit reprit suite à un raid de Sparte
sur le Pirée, mais les Lacédémoniens échouèrent devant Thèbes.
Ce conflit aboutit en 371 à une paix entre Athènes
et Sparte soucieuses de l’expansion de
Thèbes qui avait soumit toute la Béotie.
La même année, initialement soutien des Thébains,
Athènes s’allia avec les Lacédémoniens lors du congrès de
Sparte, isolant ainsi la cité Béotienne.
Le 06 Juillet 371, Sparte, se sentant fort, lança une attaque
contre cette dernière, mais le Roi
Cléombrotos II (ou Cléombrote, 380-371) subit
une sévère défaite à la
bataille de Leuctres devant le Général Thébain
Épaminondas (418-362).
Ce dernier détruisit l’armée Spartiate et mena alors une offensive
contre la ville elle-même, Cléombrotos II
dut enrôler de nombreux Hilotes pour
repousser l’agresseur. Ce fut la fin de l’hégémonie
Spartiate, qui ne put jamais retrouver sa puissance.
En 370/369, elle perdit la plus grande partie de la
Messénie et la Ligue du Péloponnèse
fut dissoute.
La défaite Spartiate, attisa la volonté
d’indépendance des démocrates Corinthiens qui voulurent chasser les soldats
Spartiates de leur cité, mais l’aristocratie s’y opposa
et maintint son soutien à aux Lacédémoniens. En 369, Thèbes
voulut prendre Corinthe qui résista au pied de ses murs avec l’aide des troupes du Stratège
Athénien, Chabrias. Elle chercha alors un arbitrage favorable
de la part du Roi de Perse,
Artaxerxès II (404-359) qui convoqua les
représentants des cités Grecques à Suse.
Les conditions de paix furent particulièrement défavorables pour
Athènes et ses alliées. Celles-ci, sous la pression
Thébaine, dans un premier temps, acceptèrent tout de même,
sauf Corinthe qui en 366, refusa catégoriquement les clauses.
Face à cette rébellion elle fut bientôt suivie par les autres cités.
Toutefois, l’année suivante, la ville usée par la guerre, accepta de reconnaître l’indépendance de la
Messénie aux dépens
de Sparte et conclue une paix séparée avec
Thèbes. Cette paix fut de courte durée car en 362
devant l’insistance de Thèbes à maintenir sa présence
dans le Péloponnèse, Corinthe participa avec Sparte à la
Bataille de Mantinée. Le Roi
Agésilas II (398-360)
fut battu par Épaminondas, mais ce dernier
y trouva la mort (Sparte avait remporté une victoire au même endroit contre
Athènes,
Argos, Élis
(Capitale d’Élide) et Mantinée en 418, pendant la
Guerre du Péloponnèse).
La mort de Timophane – 1874 – Léon Comerre –
Palais des Beaux-arts – Lille
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De Mantinée à Philippe II de
Macédoine
La mort du Général
Thébain contraint la cité à demander une paix qui fut
conclue en 362/361 et mit fin également à la domination de la ville.
Sparte vaincue et
Thèbes
sans son charismatique dirigeant, les deux cités ne furent pas en mesure
de s’opposer à l’ascension Macédonienne qui arrivait.
Durant cette période, la vie politique à Corinthe fut particulièrement mouvementée et connut de nombreux coups de force.
Vers 366/365, un militaire et homme politique issu d’une grande famille Corinthienne, Timophane (ou Timophanes, en Grec :
Τιμοϕάνης, v.411 – † 366/365), fils de Timodème et
de Demariste, à qui on avait confié une troupe de cavalerie de 400 hommes pour défendre la cité, se servit de cette petite armée
pour prendre le pouvoir. Après avoir éliminé tous ses opposants dans un bain de sang, il décida d’occuper l’acropole de Corinthe
et d’imposer sa Tyrannie sur la cité. Son frère, Timoléon (ou Timodemus, en Grec :
Τιμολέων, 411/410–337) s’y opposa avec l’appui de mercenaires et, dans la version de
Diodore de Sicile (Historien Grec,
v.90-v.30), le tua de sa main. Selon la version de
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), Timophane aurait été tué par deux proches ?.
Dans les années qui suivirent, en raison des problèmes politiques à Syracuse, Corinthe s’initia dans les
affaires de celle-ci, son ancienne colonie. Un groupe de Syracuse envoya un appel à l’aide à Corinthe en 345/344.
La ville ne pouvait pas refuser l’aide et envoya Timoléon à la tête d’une armée de mercenaires, avec quelques-uns des principaux
citoyens de Corinthe, rétablir la situation alarmante devant la menace Carthaginoise et l’incapacité de son Tyran, Denys le Jeune
(367-356 et de 347-344/43) à mater les troubles qui secouaient l’île.
Timoléon échappa à un escadron de Carthage et atterrit à
Tauroménion (ou Tauromenium, aujourd’hui Taormina, sur la côte Est de l’île), où il fut accueillit chaleureusement.
À cette époque le Tyran de Lentini (ou Leontini ou Leontinoi ou Leontium), Hicétas, était le maître de Syracuse et de sa région,
à l’exception de l’île d’Ortygie (ou Ortigia) et de sa citadelle, qui était occupée par Denys le Jeune, le Tyran en titre.
Après une rude bataille, Hicétas fut défait à Adrano (ou Adranum), une ville de l’intérieur des terres, et repoussé à Syracuse.
En 344/343 Denys le Jeune fut d’accord pour rendre Ortygie, à condition qu’on lui accorde un sauf-conduit à Corinthe
et il abdiqua.
Hicétas reçut l’aide de 60.000 hommes de Carthage, mais son manque de succès apporta de la suspicion chez
les Carthaginois qui l’abandonnèrent. Il fut alors assiégé dans Lentini et contraint de se rendre. Timoléon devint ainsi le
maître de Syracuse. Il y commença à la fois un travail de restauration, apportant de nouveaux colons depuis la ville-mère de
Grèce, et l’établissement d’un gouvernement populaire sur la base des lois démocratiques de Dioclès de Syracuse (Homme politique
Grec, Syracusain). La citadelle fut rasée et une cour de justice érigée sur son site. En 340/339, Hicétas ne s’avoua pourtant
pas vaincu et incita de nouveau Carthage à envoyer une grande armée (70.000 hommes), qui fit escale à Lilybée (ou Lilibeo ou
Lilybaeum) qui était une importante base navale des Carthaginois en Sicile (C’est l’actuelle Marsala).
En 341/340, Timoléon marcha vers l’Ouest à travers l’île dans la direction de Sélinonte (ou Selinunte ou
Selinous, sur la côte Sud de Sicile) et remporta une grande et décisive victoire à la bataille de Crimisos (ou Crimissus).
D’après Plutarque
(Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), les Carthaginois disposaient de 70.000 hommes, parmi lesquels de nombreux
chars de guerre tirés par 4 chevaux, tandis que Timoléon commandait 5.000 fantassins et 1.000
cavaliers. D’autres sources indiquent qu’il dirigeait 12.000 hommes, dont la plupart d’entre eux étaient des mercenaires ?.
Boutique de l’agora
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Timoléon intercepta les
Carthaginois alors qu’ils traversaient la rivière Crimisos. Il envoya tout d’abord sa cavalerie les désorganiser et les empêcher
de se ranger correctement pour la bataille. Quand l’infanterie Grecque attaqua, un orage éclata et le vent se mit à souffler
dans la direction des Carthaginois, les gênant dans les combats. Les Carthaginois furent défaits et Timoléon s’appropria
un important butin. Cette victoire donna également aux Grecs de Sicile de nombreuses années de paix et de sécurité. Carthage
fit cependant encore un effort et envoya des mercenaires pour prolonger le conflit entre Timoléon et les Tyrans.
Mais celui-ci
finit par la défaite d’Hicétas, qui fut fait prisonnier et mis à mort. En 338, Carthage conclut alors un traité, par lequel sa
présence en Sicile se limita à l’Ouest au fleuve Halycus et s’engagea à n’apporter aucune autre aide aux Tyrans.
La fin de vie de Timoléon fut tranquille et heureuse. Il devint toutefois aveugle quelques temps avant sa mort, en 337, mais il
s’occupait toujours des questions importantes de sa cité et donnait très souvent son avis, qui était généralement accepté. Il fut
enterré au coût des citoyens de Syracuse, qui lui érigèrent un monument à sa mémoire sur la place de leur marché.
En 343, Sparte et
Thèbes très affaiblies, devant la montée en puissance du
royaume de Macédoine et sous l’impulsion
de Démosthène (ou
Dêmosthénês, homme d’État et orateur Athénien,
384-322), s’allièrent avec Athènes. En 338, dans cette guerre
contre le Roi de Macédoine
Philippe II (359-336), Corinthe les rejoignit pour
soutenir la cause de la liberté Grecque. Malheureusement ils ne purent rien contre la puissance des armées de
Philippe II et ils furent battus la même année à
Chéronée et toute la Grèce dut subir l’hégémonie
Macédonienne. Lors de la venue de Philippe II dans
le Péloponnèse, Corinthe conclut un traité de paix avec lui.
Ce qui fit qu’après la défaite, au printemps 337, ce fut à Corinthe
que le Roi convoqua une assemblée des cités Grecques afin de former une confédération
(Ligue de Corinthe) sous contrôle
Macédonien. Toutes les
grandes cités en firent partie, hormis
Sparte. Elles furent intégrées dans la
Ligue dont
Philippe II prit la tête et Corinthe devint le centre
à partir duquel s’exercera l’hégémonie Macédonienne.
Comme le précise Pierre Carlier, La Ligue visait à stabiliser la
Grèce d’une part et surtout unifier les Grecs contre la
Perse que
Philippe II voulait conquérir. Après la révolte de
Thèbes en 335, Corinthe dut accueillir une garnison
de soldats Macédoniens dans ses murs.
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Différentes vues de l’Acrocorinthe
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La période Hellénistique et Romaine
Lors de
la période Hellénistique, Corinthe, comme beaucoup d’autres cités Grecques, ne recouvrit jamais totalement son indépendance.
En 332, Alexandre le Grand (336-323), le successeur
de Philippe II imposa encore plus son hégémonie sur la
Grèce. Après la mort d’Alexandre ses successeurs,
les Diadoques,
guerroyèrent pendant de nombreuses années pour recueillir son héritage. Corinthe fut régulièrement, le champ de bataille des
Antigonides de Macédoine, et d’autres puissances
Hellénistiques. En 308, la ville fut prise par le futur Roi
d’Égypte
Ptolémée I (305-282), qui se présentait comme le
libérateur de la Grèce du joug des Antigonides.
Cependant, en 304, la ville fut reprise par
Démétrios I Poliorcète (Roi, 294-287). Corinthe resta sous le contrôle des
Antigonides pendant un demi-siècle. Après 280,
Cratère de Corinthe (ou Cratèros ou Craterus, en Grec : Κρατερός, † 263/262),
qui fut le fils du Général Macédonien
Cratère (ou Cratèros ou Craterus, v.370-321), fut nommé Gouverneur de la cité.
Monnaie de Corinthe sous l’Empereur Auguste Musée de Corinthe
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À sa mort, Alexandre de Corinthe († 247),
son fils, prit le pouvoir dans la cité. Ce fut donc autour de 263, qu’Alexandre hérita de sa position,
qui allait bien au-delà d’un simple Gouverneur commandant de
garnison Macédonienne, cela ressemblait plus à une régence
dynastique. Depuis plusieurs années, Alexandre était resté fidèle au Roi de
Macédoine,
Antigonos II Gonatas (277-239), mais en 253, il
accepta des subventions du Roi d’Égypte,
Ptolémée II Philadelphe (282-246) et fut
résolu à contester la suprématie Macédonienne et prendre
son indépendance comme Tyran.
La perte de Corinthe et d’Eubée donnait un sérieux coup à l’hégémonie
Macédonienne en Grèce.
Antigonos II tenta alors de récupérer la
situation avec la construction d’une alliance avec Athènes,
Argos et
Sicyone, mais Alexandre réussit à
tirer Sicyone
de son côté, puis s’allia à la
Ligue Achéenne. Interpellé également par une offensive de son rival
Ptolémée II dans les Cyclades,
Antigonos II fut incapable de protéger ses
alliés.
En 249, Alexandre obtint une grande victoire sur
Athènes et sur
Argos l’année suivante et put forcer ses ennemis à accepter une trêve.
La mort d’Alexandre, en 247, au faîte de sa puissance, dans des circonstances étranges, conduisit ses contemporains à croire
qu’il fut empoisonné par
Antigonos II. Sa veuve Nicée (ou Nicæa ou Nikaia) prit le contrôle de ses biens, mais en 246 après la mort de son protecteur
Ptolémée II Philadelphe, son
poste fut âprement envié.
Antigonos II
rétablit alors sa domination, qu’il conforta en obligeant Nicée à épouser son fils
Démétrios II l’Étolique. Au cours des célébrations de mariage, à
l’hiver 245/44,
Antigonos II
réussit à prendre la garnison de l’Acrocorinthe et le contrôle définitif de la cité.
La domination Macédonienne fut de
courte durée, deux ans plus tard, en 243, Aratos I de
Sicyone (En
Grec : ‘Aρατος, 271-213), Stratège de la
Ligue Achéenne (en 245/244), par une attaque surprise, captura la forteresse de l’Acrocorinthe et, en 229, il convainc les
citoyens de rejoindre la Ligue, qui avec
Mégare en devinrent les villes principales.
Les relations entre les deux puissances, Sparte et la
Ligue Achéenne, du fait de l’expansionnisme
des deux côtés, amenèrent à ce que la guerre éclata fin 229 entre les deux belligérants. Les premières années du conflit furent
marquées par des succès de Sparte et de son alliée, Elis avec
les batailles du mont Lycaeum et de Laodicea en 227 et de
Dymé en 226. Ces insuccès
Achéens, qui mirent en péril l’existence de
la Confédération, poussèrent
Aratos I en 227 à s’allier avec le Roi de Macédoine,
Antigonos III Dôson (229-221). En 225/4,
en échange de son aide contre le Roi de Sparte,
Cléomène III (235-219) il lui rétrocéda, Corinthe.
Mosaïques "berger jouant de la
flute", retrouvée dans une villa Romaine de Corinthe – Musée de Corinthe
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En 197, lors de la Deuxième Guerre de Macédoine (200-197/6),
Corinthe, qui était possession
Macédonienne devint un enjeu dans la lutte entre Rome
et le Roi Philippe V (221-179).
Les territoires de Corinthe furent ravagés et pillés par Rome et ses alliés, la
Ligue Achéenne et le royaume de
Pergame et la cité fut assiégée. En 197,
le Consul Romain Titus Quinctius Flamininus (228-174) battit Philippe V
à la
Bataille de Cynocéphales (ou Cynoscéphales). Les conditions de la paix mirent hors d’état de combat la
Macédoine.
Philippe V dut payer une
indemnité de 1.000 talents, rendre la majeure partie de sa flotte et fournir un certain nombre d’otages, y compris son plus jeune
fils Démétrios. En 196, à Corinthe, Rome proclama l’indépendance des cités Grecques lors des Jeux isthmiques. La cité toutefois
fut contrôlée en permanence par la Ligue
Achéenne avec une garnison de soldats Romains qui y stationnait. Sous la direction de Philopoemen (ou Philopoímên
ou Philopœmen, 253-183), l’homme d’État
le plus influent de la Ligue, les
Achéens prirent le contrôle de l’ensemble
du Péloponnèse et firent de Corinthe la capitale de leur
Confédération.
Puis, lors des campagnes de Rome contre la
Ligue Achéenne, son ancienne alliée,
suite à un diffèrent entre Athènes et Oropos (Ville portuaire
de l’Attique, à la frontière de la Béotie), les richesses de Corinthe attirèrent les Romains et elle fut assiégée, prise et mise
à sac, lors de l’été 146, par Lucius Mummius Achaicus (Général Romain, Consul en 146). Ses habitants furent massacrés ou réduits
en esclavage. Polybe (Général, homme d’État et
historien Grec, v.205-126 av.J.C) en témoigne en ces termes : “J’y étais, j’ai vu des tableaux foulés aux pieds ; les
soldats s’installaient dessus pour jouer aux dés“.
André Piganiol précise que le Sénat Romain, craignant une renaissance
démocratique de cette grande ville industrielle, ordonna qu’elle soit livrée aux flammes et son sol, consacré aux Dieux infernaux.
Cet épisode marqua la fin définitive de l’indépendance de la cité. Elle cessa d’exister pendant près d’un siècle et son territoire
fut administré par Sicyone, bien qu’il existe
des traces archéologiques prouvant de l’existence d’un certain nombre d’habitations dans les années qui suivirent sa destruction.
En 44, Corinthe fut reconstruite par Jules César (100-44) qui voulait lancer un grand programme colonial.
Il y établit une colonie Romaine, Colonia Laus Iulia Corinthiensis (Colonie de Corinthe en l’honneur de Jules) et en
fit la capitale de la province d’Achaïe.
Les premières années de la renaissance de la ville furent particulièrement difficiles. La cité passa d’un camp à
l’autre au gré de l’évolution de la guerre civile Romaine qui suivit l’assassinat de Jules Césars et jusqu’en 30 av.J.C ne
fut pas réellement prospère. Avec la Pax Romana elle fut reconstruite et redevint une grande ville du Sud de la
Grèce et de l’Achaïe.
À cette époque la population de la ville était comprise entre 100.000 à 700.000 selon les sources.
Maurice Sartre nous précise que celle-ci était essentiellement composée de Romains, de Grecs et d’une communauté Juive
chassée de Rome par l’Empereur Claude (41-54 ap.J.C). Sous le règne des premiers Empereurs Romains, Corinthe reconstruisit les
temples d’Héra Akraia, d’Apollon et d’Aphrodite, un théâtre ainsi qu’un ensemble de boutiques au Nord-ouest de l’Agora.
Tête de statue de l’Empereur Néron, trouvée à Corinthe –
Musée de Corinthe
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Lorsque l’apôtre Paul de
Tarse (ou Saint Paul,
10-65 ap.J.C) se rendit dans la ville, une centaine d’années plus tard, Corinthe était redevenue une
cité florissante et devint un évêché. Après son voyage, il écrivit aux Corinthiens deux lettres : Les Épîtres aux
Corinthiens, qui sont des livres du Nouveau Testament. La cité qui prospéra au début du Ier siècle ap.J.C., en particulier
grâce à l’action de l’Empereur Claude, connut son apogée sous l’Empereur Néron (54-68). L’Empereur, éprit de culture Grecque,
témoigna de cette évolution lors de son voyage en Grèce à partir de 66, et en 67, il proclama la liberté des Grecs aux Jeux
Isthmiques à Corinthe, comme Titus Quinctius Flamininus l’avait fait deux siècles auparavant.
Les ports de
Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion ou Lechaio) et Cenchrées (ou Cenchrææ ou Kenkhraiai ou Kekhries ou Kenchreai) furent aussi
reconstruits ainsi que le sanctuaire d’Isthmia (Ancien sanctuaire de Poséidon, au Nord-est du Péloponnèse, près de l’isthme
de Corinthe). La cité connut une période plus difficile sous l’Empereur Vespasien (69-79) qui lui retira le droit de frapper
sa monnaie, peut-être comme mesure de rétorsion en raison de troubles dans la cité.
Cependant suite au tremblement de terre de 77 qui toucha lourdement la ville, il favorisa sa reconstruction
et refonda la cité comme Colonia Iulia Flavia Augusta. À la fin du Ier siècle ap.J.C., Corinthe redevint une la capitale
de la province d’Achaïe et une métropole
régionale à l’image de ce qu’elle fut au sein de la
Ligue Achéenne lors de son glorieux passé.
On possède très peu d’information sur la cité sur la période du IIe siècle ap.J.C. La réfection des thermes d’Euryclée eut lieu
sous le règne de l’Empereur Trajan (98-117), celle du théâtre d’Hérode sous celui d’Antonin le Pieux (138-161).
Quelques constructions sont aussi attestées, comme un Aqueduc apportant l’eau du lac de Stymphale et des temples dédiés à
Héraclès et Poséidon sous le règne de l’Empereur Commode (177-192).
En 395, la cité passa dans l’Empire Romain d’Orient.
La ville fut en grande partie détruite dans les tremblements de terre de 365 et 375. En 396, elle fut pillée par le Roi
des Wisigoths Alaric I (396-410) lors de son invasion de la Grèce. Après ces catastrophes, la ville fut reconstruite
une seconde fois, mais beaucoup plus petite que précédemment. Quatre églises furent construites dans la ville, une autre
sur la citadelle de l’Acrocorinthe, et une basilique au port de Léchée (ou Léchaion ou Lékhaion ou Lechaio).
Pendant le règne de l’Empereur Théodose II le Jeune (402-450), fut commencé la construction d’un grand mur de
pierre à partir du golfe Saronique jusqu’au golfe de Corinthe, pour la protection de la cité et de la péninsule du
Péloponnèse afin de faire face aux invasions barbares, avec des matériaux venant d’édifices de la ville.
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Autre vue du temple d’Apollon |
Une des rues de Corinthe |
Partie des ruines de l’agora |
Autre vue de la fontaine Pirène |
Eléments d’architecture sur le site
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La Ligue de Corinthe
Sous le
nom de Ligue de Corinthe on désigne en fait dans la Grèce antique plusieurs confédérations. La première Ligue et la plus
importante d’entre elles fut celle créée pendant l’hiver 338/337 dans la ville de
Corinthe, après la
bataille de Chéronée de 338 et qu’on appelle également
Ligue des Hellènes (koînon Hellēnōn) ou quelques fois Ligue Hellénistique
(Ce qui la fait dans ce cas confondre avec la
Ligue Achéenne).
Le nom de “Ligue de Corinthe” fut inventé par les historiens modernes en raison du premier conseil de la Ligue établit à Corinthe.
Cette défaite à Chéronée fut celle de la vaste coalition dirigée par
Athènes contre le Roi de
Macédoine,
Philippe II (359-336). Le
Macédonien vainqueur imposa alors une alliance
à laquelle toutes les cités Grecques furent contraintes d’adhérer à l’exception
de Sparte que la grande majorité des cités Grecques
ne reconnaissaient pas comme Hellènes. Cette alliance, sous son contrôle, avait pour but de
renforcer l’hégémonie de Philippe II sur la Grèce.
Originellement ce fut plutôt un simple traité de paix commun entre les cités (ou Koinè eirenè, en Grec :
κοινή ειρήνη, "paix communes" semblables à des traités
de paix internationaux). Les cités étaient représentées par des délégués qui
siégeaient au sein d’un Conseil. Cependant ces délégations n’étaient pas à
égalité de voix. Elles en disposaient d’une ou de plusieurs en fonction de la
population qu’elles représentaient. La Ligue, puissance hégémonique (Forme indirecte de gouvernement à domination impériale)
était dirigée par :
Buste de Philippe II –
Ny Carlsberg Glyptotek – Copenhague
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▪ Un Stratège Autokrator (En Grec :
αὐτοκράτωρ, pluriel :
αὐτοκράτορες, “auto-dirigeant“,
“celui qui gouverne par lui-même“), une épithète Grecque appliquée à une personne qui exerçait un pouvoir absolu.
▪ Le Synedrion (ou Synédrion ou Synhedrion ou Sanhédrin ou Synedrium (En Grec :
συνέδριον, “assis ensemble" ou “conseil”
ou Synédrion des Hellènes, en Grec : Συνέδριον
τῶν ‘Eλλήνων) qui désignait
l’ensemble qui tenait des sessions formelles. Le Conseil était un petit groupe formé avec certains des plus éminents
représentants, choisit généralement par le Roi pour l’aider dans le gouvernement du royaume.
▪ Le Dikastès (ou Dikastes ou Dikastai, en Grec :
δικαστής, pluriel : δικασταί) qui était un
“cabinet juridique” ou dans le sens le plus large, un juge ou un juré.
Le Synedrion siégeait la plupart du temps à Corinthe et s’occupait de toutes les questions fédérales, ainsi
que du contrôle politique et social des cités. Il fonctionnait comme tribunal suprême. Il jugeait par exemple
le citoyen d’une ville qui s’engageait dans une armée étrangère contre la Ligue
et il pouvait le condamner au bannissement ou à la confiscation. Les décrets de la Ligue étaient émis à
Athènes, Corinthe,
Delphes, Olympie et Pydna.
L’accord entre les cités contenait :
▪ Une interdiction formelle d’intervenir par la force dans les constitutions des autres villes,
qui pour la plupart étaient oligarchiques.
▪ Une interdiction de conflit entre les citées signataires.
▪ Une interdiction de bannissements illégitimes, de confiscations, de nouveau partage
des terres et de tout affranchissement de masse des esclaves.
▪ Une garantie de la liberté de navigation pour toutes les cités. Afin de respecter la paix jurée,
les différends entre cités devaient être réglés par l’arbitrage d’une tierce cité.
Le traité commençait ainsi :
“Je jure par Zeus, Gaia, Hélios, Poséidon et tous les Dieux et
Déesses. Je m’engage à respecter la paix commune et je vais ni rompre l’accord avec Philippe, ni prendre les armes sur terre
ou sur mer pour nuire à l’un de ceux qui a respecté le serment. Je ne vais pas prendre n’importe quelle ville ou forteresse,
ni port par des embarcations ou artifice, avec l’intention de la guerre. Je ne déposerai pas la royauté de Philippe ou de ses
descendants, ni les constitutions en vigueur dans chaque État, quand ils ont juré le serment de paix.
Personnellement, je ne ferai quoi que ce soit de manière contredire (quelque chose de contraire) la présente convention
et je ne serai le permettre à quiconque dans la mesure de mon possible (en mon pouvoir). Mais si quelqu’un commet une violation
du traité, j’irai, en conformité avec les termes du contrat, à l’appui demandé de ceux qui en ont besoin (qui sont blessés)
et je lutterai (ferai la guerre) contre les transgresseurs de la paix commune, conformément à ce que l’Assemblée fédérale
décidera et ce que commandera l’Hégémon (le Roi de Macédoine)……
Toutefois cette alliance multi-cités se transforma rapidement en une symmachie, (Alliance entre deux villes,
deux États) obéissant à un homme plutôt qu’à une cité. Elle fut poussée par deux objectifs :
Envahir l’Empire Perse Achéménide,
sous le prétexte de venger les profanations des sanctuaires Grecs par ce dernier lors des
Guerres Médiques (499-479) et garantir qu’aucune
cité n’exercerait des actions contraires aux lois établies.
Philippe II recruta 200.000 fantassins et 15.000 cavaliers
et se fit nommer, en 337, Général en chef
(Hégemon, en Grec : ἑγέμων) de la Ligue.
Grâce à ce poste, il essaya d’obtenir que la
Macédoine
s’unisse à toute la Grèce afin de mener une guerre commune contre l’Empire
Achéménide, cependant l’assassinat du Roi
Macédonien, retarda le projet. En 334, ce fut son fils
et successeur, Alexandre III le Grand
(336-323) qui mit son plan à exécution. Des contingents de la Ligue de Corinthe firent partie de la campagne du
jeune souverain, qui se termina par la conquête de tout l’Empire
Perse Achéménide,
qui s’étendait du Nil à l’Indus.
À partir de cette époque la Ligue de Corinthe n’eut plus rien à voir avec les petites
confédérations qui cherchaient à sauvegarder leurs intérêts locaux.
Toutefois, avec la mort d’Alexandre
la Ligue disparut. Plus précisément en 322 après la Guerre Lamiaque (ou Guerre Hellénique), conflit qui se déclencha en Grèce
à la mort du jeune Roi en Juin 323 et qui opposa des cités Grecques révoltées, parmi lesquelles
Athènes, aux
Macédoniens menés par
Antipatros (ou Antipater, Régent de
Macédoine, 321-319).
La guerre fut finalement remportée par ce dernier en 322 et les cités rebelles durent se soumettre.
La dissolution de la Ligue ne fut cependant que pour peu de temps car une deuxième
Ligue fut rétablie en 302 par les anciens Diadoques du Roi :
Antigonos I Monophtalmos
“Le borgne” (306-301) et son fils
Démétrios I Poliorcète
“Preneur de ville” (294-287), d’où son autre nom quelque fois de :
Ligue d’Antigonos Monophtalmos. Elle englobait à nouveau la plupart des cités-États Grecques, à
l’exception de Sparte, de celles de la
Messénie et de la
Thessalie et elle était dirigée contre
Cassandre
(Régent de Macédoine de 317 à 306/305 et Roi de
Macédoine de 301 à 297) et les autres Diadoques.
Toutefois celle Ligue ne dura guerre plus d’un an.
Enfin une troisième Ligue fut créée en 224, par l’alliance de la
Ligue Achéenne
avec le Roi de Macédoine,
Antigonos III Dôson (229-221),
lors de la guerre contre le Roi de Sparte,
Cléomène III (ou Cléomènes, 235-219).
Ce conflit militaire fut mené entre 229/228 et 222 par
Sparte et son alliée, Élis
(Capitale d’Élide), contre la
Ligue Achéenne. La nouvelle Ligue,
outre ces deux États, comptait aussi parmi ces rangs : L’Épire,
la Phocide, la Béotie dont
Thèbes, l’Acarnanie et tous les Grecs sous
contrôle Macédonien
(La
Ligue Thessalienne
et les Eubéens). La Ligue subsista jusqu’à la paix Romaine.
Bibliographie
Pour d’autres détails sur la
ville voir les ouvrages de :
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– La guerre du Péloponnèse, Thucydide d’Athènes, Ellipses, Paris, 2002.
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– Les traités de l’Antiquité, Vol II. Les contrats du monde gréco-romain de 700 à 338 avant JC, Ch. Beck, Munich, 1962.
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