Gaza (En
Hébreu : עַזָּה Azzah ou A’zh, en
arabe : غزة Ġazza ou Gazzah, en
Grec : Γάζα ‘Azzah, en
Phénicien : zzh, en Persan :
غزه) est la plus grande ville dans “la bande de Gaza”.
Elle fut habitée depuis 3500 av.J.C. Le mot "Gaza" est souvent utilisé pour désigner l’ensemble de la bande
le long de la côte, de sorte que la ville par elle-même prend quelques fois le nom de : "la ville de Gaza", pour plus de clarté.
Le nom "Gaza", d’après le Ġazza arabe, découle de la racine
Cananéenne/Hébreu
du mot "fort", à travers le nom Hébreu de la ville,
Ġazzā "la forte ou forteresse". Son intérêt principal résidait dans sa position géographique stratégique sur la route côtière reliant
l’Égypte et le pays de
Canaan. De ce fait la ville fut un important centre commercial,
qui fournit à l’Égypte de l’huile et du vin, mais surtout une base
avancée primordiale pour ses campagnes militaires.
La cité serait le lieu où Samson (ou Chimchon, en
Hébreu :
שִׁמְשׁוֹן, Chimchôn,
fut l’un des Juges d’Israël) fut emprisonné et trouva la mort (Livre des Juges 16 : 21). Aux environs de 3000, les
Cananéens développèrent divers centres urbains dont Gaza.
Les artefacts de Tell al-Ajjul, notamment des poteries, des œuvres en albâtre et en bronze, sont gardées au musée Rockefeller à
Jérusalem-Est. Selon la Bible, la ville fit partie du territoire qui
devait revenir à la tribu de Juda, mais il ne semble pas que celle-ci ait pu s’en emparer. Les prophètes Amos (Un des douze
petits Prophètes dans la Bible Hébraïque) et Sophonie (ou Zephaniah ou Tzfanya) prédirent que Gaza serait abandonnée. Sous
l’Empire Perse, la ville connut une grande prospérité
car elle se trouvait aux débouchés des routes commerciales venant d’Arabie.
Hérodote (Historien
Grec, 484-v.425) décrivit Gaza comme une ville de taille équivalente à
Sardes, la capitale de la
satrapie
Perse
d’Asie Mineure.
Sa population était à cette époque fortement cosmopolite avec, outre les descendants des Philistins,
une petite population arabe, Perse et des marchands
Grecs. Gaza fit sa propre monnaie, les premières pièces furent
frappées aux environs de 380 av.J.C sur le modèle Athénien.
Statue de Zeus mise au jour à Gaza |
L’histoire…….
L‘histoire de Gaza, une des plus anciennes
villes au monde, fut façonnée par sa situation géographique stratégique. La ville est située sur la route côtière Méditerranéenne, entre l’Afrique du
Nord et les plus verdoyantes terres du Levant. L’ancienne Gaza est identifiée au site de Tell es-Sakan qui date de 3500 et qui se trouve 5 km. de la
ville actuelle de Gaza. Cependant certains spécialistes pensent que l’ancienne Gaza (Tell Haruba) fut fondée entre 1500 et 1400 sur le site de
l’actuelle ville, ce qui rend les fouilles impossibles. Mais des sondages effectués en 1992 ont révélé que le site était habité aux alentours de 1500. La
cité fut un centre de commerce prospère et une escale des caravanes de passage entre
l’Égypte et la Syrie.
En 1484, la ville fut envahie et prise par le Roi
d’Égypte,
Thoutmôsis III (1479-1425). Elle devint alors la résidence du Gouverneur
Égyptien de la région, alors connue sous le nom de
Pays de Canaan. Ce fut à cette époque que le nom de Gaza fut mentionnée
pour la première fois. La cité devint la tête de pont pour le départ des campagnes du Roi afin de s’assurer le contrôle de
toute la Palestine. Dans les lettres de Tell el-Amarna, de l’époque du
Pharaon Amenhotep IV (Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338),
Gaza est citée, sous le nom d’Hazattu. Vers 1200, comme beaucoup de ses consœurs du littoral, Gaza dut faire face aux invasions des
Peuples de la mer.
La cité fut conquise par un ce ceux-ci, les Philistins, un peuple
avec des liens culturels provenant de la mer Égée (Idée toujours débattue
aujourd’hui), dont le nom de Palestine, donné par les Romains, fut à l’origine. Ils s’installèrent de Gaza à
Jaffa, sur la côte Sud
Cananéenne. Gaza fit alors partie de la Pentapole
Philistine, une ligue des cinq plus importantes cités-États de la région, chacune dirigée
par un souverain, qui étaient : Ashdod,
Ascalon (ou Ashkelon), Ekron, Gath et Gaza.
La ville Philistine de Gaza, fortifiée d’un mur d’enceinte, avait une surface de près de 80 ha. Elle fut construite sur une colline
à 2,5 km. de la mer et à près de 45 m. de hauteur. Les Philistins, malgré les nombreuses
attaques Égyptiennes, gardèrent la
région jusqu’en 734. À cette date où l’Empereur d’Assyrie
Téglath-Phalasar III (ou
Tiglath-Pileser, 745-727) lança une grande expédition militaire sur les cités
Philistines afin d’empêcher les
Égyptiens d’intervenir aux côtés de la coalition
anti-Assyrienne montée par le Roi de
d’Aram-Damas Razin (792 ou 766-733/2).
Damas fut prise en 732 et
Ascalon (ou Ashkelon), Gath et Gaza suivirent.
Le Roi de cette dernière,
Hanunu (v.740 à 720) s’enfuit en
Égypte, mais finit par se soumettre et devint vassal des
Assyriens. En 722, l’Empereur
d’Assyrie
Sargon II (722-705) fut obligé d’intervenir de nouveau
dans la région qui s’était soulevée contre son emprise et avait monté une coalition. Il triompha du Roi Ilu-bi’di, d’Hamath (ou Hama,
une ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie) et déporta les familles de
Samarie, puis il annexa le royaume
d’Israël.
En 721/720, la rébellion des provinces d’Arpad (Ville de Syrie au Nord-ouest
d’Alep appelée actuellement Tell Rifat), de
Damas, d’Hamath et de Gaza, soutenue par
l’Égypte fut écrasée et les troupes
Égyptiennes du Pharaon
Piânkhy (ou Piye, 747-716) furent repoussées dans leur pays.
Hanunu fut capturé et déporté à Assur. Le Roi de Gaza
suivant Cili-Bel (720 à v.690) se joignit, contraint, à une nouvelle coalition contre
l’Assyrie montée par le Roi de
Juda
Ézéchias (726-697). Ils furent de
nouveau battus et l’Empereur Sennachérib (705-681) qui leur imposa
un lourd tribut. Surtout à Ézéchias qui évita ainsi que sa
capitale Jérusalem soit prise. Quant à
Cili-Bel, il semble qu’après avoir été déporté à la cour Assyrienne,
il reçut en dédommagement des territoires prit au royaume de Juda et
se révéla par la suite un fidèle allié des Assyriens.
En 611 le Pharaon Néchao II (610-595) soumit pendant
deux ans la Philistie, le
Pays de Canaan, la
Phénicie et il atteignit l’Euphrate où il fixa la nouvelle frontière, à
Karkemish.
Au printemps 609, lors d’un combat à Megiddo,
il tua le Roi de Juda
Josias (640-609), qui s’était rallié aux
Néo-Babyloniens, la nouvelle puissance montante.
Il continua son avancée pour joindre ses forces à celles de l’Empereur
d’Assyrie
Assur-Uballit II (612-609) qui était assiégé à
Harran, mais il ne parvint pas à repousser les
Babyloniens.
Néchao II se retira alors en Syrie du Nord.
Assur-Uballit II réfugié dans la ville fut
impuissant face à l’avancée des
Néo-Babyloniens, la cité fut prise et il disparut de l’histoire.
L’Assyrie tomba à fin de l’année 609.
Gravure, Gustave Doré (1832-1883) Samson enlève les portes de Gaza |
En 604, Gaza tomba sous la domination du Roi
Babyloniens Nabuchodonosor II
(ou Nabou-Koudour-Ousour ou Nebuchadrezzar, 605-562). Ce dernier garda la cité peu de temps puisqu’elle fut reprise en 601 par le Pharaon
Néchao II malgré une armée très affaiblie. Pour lui aussi la victoire fut
de courte durée, en 598 Nabuchodonosor II reprit
lors d’une nouvelle expédition le contrôle de la côte Philistine,
dont Gaza. Le dernier Roi de la cité fut exilé en Babylonie
et Gaza devint une ville de garnison pour les
Babyloniens. Puis la cité et la région changèrent une nouvelle fois de mains, elle fut envahie par le Roi
Perse Achéménide (559-529) en 538 après que celui-ci ait construit
son Empire, qui s’étendait de la
Grèce à l’Indus.
En 525, sous le Roi
Perse suivant Cambyse II (529-522),
Gaza lui servit de base avancée pour attaquer l’Égypte.
Sous l’Empire Achéménide,
la ville connut une grande prospérité car elle se trouvait aux débouchés des routes commerciales venant d’Arabie. Les
Perses la gardèrent jusqu’à leur chute.
La région fut libérée de leur joug par le Roi de
Macédoine Alexandre le Grand (336-323).
Cependant, lors d’un siège mémorable, Gaza résista défendue par l’eunuque Batis. Ce dernier
qui était au service du Roi
Perse
Darius III Codoman (336-330).
Il commandait la place forte de Gaza à la fin de l’année 322 et il décida de résister à l’avancée
d’Alexandre, lorsque celui-ci se dirigea vers
l’Égypte, après la prise de
Tyr. Avec l’appui de contingents
Phéniciens et de mercenaires arabes, Batis résista près de deux mois au
Macédonien.
Malheureusement son acharnement, lors de la prise de la ville, mena au massacre de tous les défenseurs et les femmes et les enfants furent vendus en
esclavage et Batis fut exécuté. Sa défaite serait due à une tempête ?. La ville fut alors repeuplée par les bédouins voisins.
Après la mort d’Alexandre et du partage de son
Empire, Gaza et la région furent le terrain de luttes de pouvoirs entre les différents Diadoques se prétendant successeurs du
Macédonien. En 312
Antigonos I Monophtalmos (306-301), fort de ses succès en
Perse et en
Médie, tenta de reconstituer à son profit l’unité de l’Empire.
Il étendit son autorité sur l’Asie
Mineure et la plus grande partie de la
Grèce, dont il réclama de nouveau l’autorité. Il envahit alors la Syrie, qui dépendait de
Ptolémée I Sôter (Roi 305-282) et assiégea
Tyr pendant plus d’un an. Il tenta aussi, mais en vain, de soumettre les
Nabatéens. Mais la même année son fils
Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287) fut vaincu par les troupes de
Ptolémée I Sôter à la bataille de Gaza. La paix fut conclue en 311 et un
nouveau partage de l’Empire laissa à Antigonos I
le gouvernement de l’Asie Mineure et de la Syrie et
la liberté des cités Grecques fut proclamée. Gaza et sa région furent attribuées alors au royaume
Lagide. Ses Rois gardèrent la cité jusqu’en 198. Pendant cette période
Gaza renoua avec la prospérité grâce notamment à l’exportation d’esclaves, de textiles et surtout d’encens. Elle devint ensuite la possession du Roi
Séleucide
Antiochos III Mégas (223-187).
Amphore en céramique, époque
Byzantine – Ve s. ap.J.C – Ce type d’amphore était abondamment produit dans la
région de Gaza et servait essentiellement au transport du vin |
Cependant l’Empire
Séleucide s’effrita rapidement et Gaza profita de cette faiblesse. Elle devint une cité-État indépendante, alliée au royaume des
Ptolémée. Du fait de son alliance, les relations avec les
Juifs
Hasmonéens (ou Asmonéens) furent assez tendues. En 145,
Jonathan Maccabée (ou Macchabée, Grand Prêtre des Juifs,
160-143) fit le siège de Gaza, mais il ne parvint pas à la prendre. Un traité fut signé et la ville échappa à l’invasion en échange d’otages qui furent
envoyés à Jérusalem.
Selon l’historien Juif Flavius Josèphe
(ou Titus Flavius Josephus ou Josèphe ben Mattathias, Historien Juif, 37-v.100), la cité fut dirigée à cette époque par une
boulé de 500 membres et disposait de sa propre armée dirigée
par un Stratège. Au cours de cette période le port du Nord-ouest de la ville, dont la population
Grecque n’avait pas la même origine
que celle de Gaza, se transforma en cité indépendante sous le nom d’Anthédon. Cette liberté fut de courte durée, en 96, le Roi
Hasmonéens (ou Asmonéens) de
Juda (ou Judée)
Alexandre I Jannée (ou Jannæus, 103-76) entra en conflit
avec les Égyptiens.
Il s’empara et détruisit la ville, massacra les habitants et l’incorpora au royaume de
Juda. En 63, le Romain Pompée (106-48 av.J.C) prit
Jérusalem ce qui eut pour effet de libérer Gaza, en grande partie
en ruines et les autres cités Syriennes et Grecques qui avaient été annexées
au royaume Hasmonéen. Gaza devint Romaine et fut petit à petit reconstruite.
Elle fut incorporée à la province Romaine de Syrie, puis au Royaume
d’Hérode le Grand (Roi de
Judée et Roi d’Israël, 40-4 av.J.C).
Elle fut ensuite reprise par la Reine d’Égypte
Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30). À la mort de celle-ci Gaza
redevint Romaine, incorporée de nouveau à la province de Syrie. Il semble que la prospérité revint au Ier siècle ap.J.C et que Gaza redevint le point de
départ des caravanes d’encens des Nabatéens.
Toutefois, vers 66 ap.J.C, dans le cadre de la première guerre Judéo-romaine, conduisant à la destruction de
Jérusalem par Titus, la cité fut encore une fois pillée.
Il fallut attendre le règne de l’Empereur Romain Hadrien (117-138), qui la visita en 130, pour que la cité entre dans une nouvelle phase
de développement. L’hostilité de la ville aux Juifs et son soutien à la répression Romaine de la seconde révolte Juive, firent accorder à la cité le
privilège d’organiser la vente comme esclaves d’une partie des Juifs prisonniers. Vers 250 le Christianisme commença à se répandre. Gaza resta
prospère sous le règne des Byzantins. En 618 et 629 elle fut prise et occupée par les
Perses Sassanides. Elle fut reprise par les troupes d’Héraclius I (610-641),
mais elle tomba aux mains des musulmans en 637.
Archéologie
Il est
très difficile d’établir un plan de la ville avec précision, celle-ci n’ayant pas été fouillée. Il semble d’après quelques recherches qu’elle ne se
distingue pas des autres cités Romaines de la région. La ville était entourée d’un rempart et se structurait autour de deux rues perpendiculaires,
le Cardo et le Decumanus. Elle possédait un hippodrome qui se trouvait en dehors de l’enceinte et un théâtre, qui daterait peut-être du IIe siècle.
Cependant il est impossible aujourd’hui de localiser leurs emplacements. Le Chrétien Marc le Diacre recensa, au début du Ve siècle, huit temples
dédiés à Hécate, à Coré, à la Tyché, à Marnas. Ce dernier était le plus important car assimilé à Zeus, au Soleil, à Apollon, aux Héros et à Aphrodite.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :
Thomas Bauzou :
– D’un Empire l’autre; Gaza d’Alexandre à Constantin, pp : 29-33, Le monde de la Bible 169, Janvier-Février 2006.
Brouria Bitton-Ashkelony, Aryeh Kofsky :
– Christian Gaza in late antiquity, Brill, Boston, 2004.
Jacques Briend :
– Entre l’Égypte et les royaumes du nord, une ville qui traverse l’Histoire, pp : 19-23,
Le Monde de la Bible 169, Janvier-Février 2006.
Theodore Edward Dowling :
– Gaza : A city of many battles (from the family of Noah to the present day), S.P.C.K., London, 1913.
Carol A.M.Glucker :
– The city of Gaza in the Roman and Byzantine periods, Collection : BAR, International series 325, B.A.R., Oxford, 1987.
Martin Abraham Meyer :
– History of the city of Gaza, AMS Press, New York, 1907, 1966 – Gorgias Press, Piscataway, 2008.
Catherine Saliou, Bernard Flusin :
– Gaza dans l’antiquité tardive, Helios, Salerno, 2005.
Israel Shatzman :
– The armies of the Hasmonaeans and Herod : From Hellenistic to Roman frameworks, Mohr, Tübingen, 1991.
|