CHRONOLOGIE

Le  Hatti,  le Kussar,  les Hittites 

      De  vers 2800    à    vers 1200

Les PHRYGIENS

 

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 Pour plus de détails voir aussi :    Hattousa Karkemish

 

Le Hatti, le Kussar

 

L’Ancien Empire Hittite

 

Période Intermédiaire

Nouvel Empire Hittite

 

Époque néo-Hittite

 

Bibliographie

 

 

Statuette d’un Dieu

  Hittites non identifié

  Le Hatti  et  le  Kussar

 

de  vers  2800  à  vers 1680  ou  1650

                           

  L‘Asie Mineure, appelée aussi Anatolie, est au cours de l’histoire, un des principaux points de contact  des civilisations orientales et occidentales. Plusieurs peuples, à diverses périodes, vont laisser leurs empruntes sur la région. Un des premiers, les Hattis s’y seraient installés vers 2800/2500, mais ils restent mal connus. Ensuite le pays est envahi, de vers 2300 à vers 2000, par trois peuples, qui parlaient des langues indo-européennes d’une très grande similitude. On retrouve ces peuples dans la littérature Hittite sous le nom de: Louvite ( ou Luwite), Nésite (Hittite) et Palaïte.

 

   La région va donc voir se développer une civilisation composée de diverses nations, qui va disparaître avec la montée en puissance des Hittites, vers 1800; mais où il est difficile aujourd’hui d’y voir la prédominance des Hattis. Les premières sources historiques trouvées que nous avons pour la région, sont des tablettes d’archives. Elles ont été écrites au XIXe siècle par des marchands Assyriens, qui avaient établi des comptoirs en Cappadoce, où, à cette époque, les Nésites dominaient le pays. Le Hatti lui, est un royaume de l’Anatolie centrale.

 

   Il est situé dans la région de la boucle du Halys et sa capitale est Hattousa (ou Hattusha), la future capitale des Hittites. Les Hattis, pour faire face aux Hittites, vont s’allier au royaume de Zalpa sur la mer Noire. Il semble que l’arrivée des Hittites en Hatti, avant la grande invasion, se soit effectuée par des infiltrations progressives. Le premier grand royaume Hittite avant l’Ancien Empire, est celui de Kussar (ou Kussara). Cette ville, dont le site n’a pas encore été retrouvé, est située par les spécialistes au Sud de la rivière Kizil Irmak, en Anatolie centrale. Le premier Roi dont on ait connaissance est Pithana, qui aurait pris la ville de Kanesh (Nesa, Kültepe).

                                  Vers 1800, son fils, Anitta en fait sa capitale et part en campagne pour agrandir son territoire. Il bat le Roi Hatti et met fin au royaume de celui-ci en dévastant la ville d’Hattousa. Il s’empare ensuite d’autres petits États limitrophes du sien, mais la suite de l’histoire de ce royaume nous est inconnue. Ce qui est sur c’est que son existence est très courte.

  

   Elle se termine avec la destruction de Kanesh (Pour certains peut-être même sous le règne d’Anitta) soit par le royaume de Zalpa, soit par celui des Hourrites. De cette civilisation, il nous reste quelques objets en bronze, en argent et en or qui symbolisent des Dieux, provenant des tombes d’Alaca Hüyük (Centre de l’Anatolie). Le fait que Hattousili I, fondateur de l’Ancien Empire Hittite, se prétende descendant des Rois de Kussar, confirme que ce royaume ait été un précurseur du grand Empire Hittite qui va suivre.

 

    Plusieurs hypothèses sont avancées concernant l’origine des Hittites. L’archéologie atteste qu’ils sont issus du deuxième mouvement de populations, vers 2300/2200, qui se fait des Balkans vers l’Anatolie. Ils parlent le nesili (Nésite) et s’installent en territoire Hatti, dans la boucle du fleuve Halys. Selon l’Ancien Testament, ou ils sont nommés "Héthéens" ou "Hittim" (Fils de Heth), ils auraient peuplé les hauteurs du pays de Canaan au temps d’Abraham. Certains spécialistes affirment que les Hittites sont des autochtones de l’Asie Mineure, descendant des cultures de Çatal Hüyük… Le débat reste ouvert.

 

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Guerrier Hittites

    Quoiqu’il en soit, ils vont d’abord se mêler à la population Hatti, puis prendre de l’importance au point de les combattre. Lorsqu’ils ont conquis le  Hatti, les souverains Hittites prennent le titre de "Grand Roi du Hatti" et ils fondent une confédération de royaumes qui finit par dépendre du Roi d’Hattousa. On divise  traditionnellement  l’histoire  des  Hittites  en  trois grandes époques : l’Ancien Empire, la Période Intermédiaire (ou royaume du Hatta) et le Nouvel Empire. 

 Rois et Empereurs Hittites

 

Rois et Empereurs Hittites

 

 

 

L’Ancien  Empire  Hittite 

  de  vers 1680  ou  1650   à   vers 1500   ou  1495

 

 

  Lancien Empire est fondé, vers 1650, par Labarna. Peu de documents datant de son règne atteste de son existence, ce qui fait penser à certains spécialistes qu’il pourrait s’agir d’un Roi légendaire. Mais le nom de Labarna, après lui, deviendra un titre et sera accolé à celui du Roi, ce qui tend à prouver son importance, voire existence. Sous son règne, il semble que Kussar soit la capitale du royaume.

   

  Son fils (Ou petit-fils, ou neveu selon les sources), Labarna II (1650-1619) reprend possession d’Hattousa et pour commémorer ce fait, prend le nom d’Hattousili I (ou Hattusili) Roi combattant, vers 1625, il franchit les monts Taurus et détruit Alalah (ou Alalakh, Syrie), vassal de la ville d’Alep, puis il conquiert le Nord de la Syrie, région importante pour ses routes commerciales et l’accès aux ports méditerranéens de Byblos et Ougarit. Sous son règne le royaume s’étend du royaume de Zalpa (Mer Noire) au Nord, jusqu’à l’Arzawa au Sud et à l’Est jusqu’à l’Euphrate   

 Sphinx de Tell Alaf (Syrie)

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Teshub (ou Teshoub) Dieu de L’orage et de la guerre

 

   Hattousili I choisit lui-même son successeur, Moursil I  (ou Mursili, 1620-1590), qui comme lui va être un grand guerrier. En 1595, sollicité par ses alliés du Hana, il part d’Alep où il avait ravagé le Yamkhad, dans une opération militaire de grande envergure. Il marche le long de l’Euphrate, surprend et pille Babylone et y fonde la IIe dynastie de Babylone. Cet acte met fin à la dynastie Amorrite de la ville (Voir Mésopotamie). L’État Hittite, au début, est de forme féodale, au-dessous du Roi on trouve des Rois vassaux qui sont issus de sa propre famille. Au nouvel Empire, ces Rois inférieurs seront remplacés par des gouverneurs. Moursil I, comme souvent les grands guerriers, est un mauvais administrateur et son royaume se fragilise. L’anarchie et les rivalités de palais s’installent et il est assassiné par son beau-frère Hantili (1590-1560), qui s’empare du pouvoir.

   

   C’est le début d’une longue période de troubles, les Gasgas (Petit royaume près de la mer noire) font leurs premières incursions dans les provinces du Nord et les Hourrites se soulèvent et battent Hantili. Son successeur, Zidanta I (1560- ?) pour accéder au trône épouse la fille d’Hantili et assassine son fils et son petit-fils. Il finit lui même assassiné par son propre fils, Ammuna (?-v.1535) qui lui succède.

   Sous le règne d’Ammuna, la situation du royaume va être de plus en plus dramatique, avec la perte de plusieurs provinces dont l’Arzawa et l’Adana. Son fils (?) Huzziya I (v.1535-1525) lui succède, mais pour être aussitôt renversé par Telibinu (ou Telebinu, 1525-1500), époux d’Istapariya, une fille d’Ammuna qu’il exile. Telibinu va remettre un peu d’ordre dans le royaume.

 

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Char de guerre Hittite – Karkemish

                                      Il remporte quelques victoires militaires et signe un traité d’alliance avec le Roi du Kizzuwatna, Ishputahshu (v.1530-1500), afin de faire face à l’expansionnisme du Mitanni Hourrite. Il met fin aux rivalités de palais en instaurant une loi de succession, l’Édit de Telibinu. Le Roi garde quand même le privilège de désigner son successeur mais dans la pratique la succession sera héréditaire. Dans l’État Hittite le souverain n’a pas le pouvoir absolu, il est limité et contrôlé par l’assemblée de la noblesse, le Pankous, qu’il doit consulter dans les cas très graves.

  

   Les Hittites sont de grands législateurs, on a retrouvé deux recueils de lois traitant du "droit civil" et du "droit pénal". De 1590 à 1450, dix Rois au moins vont se succéder, à part le brillant règne de Telibinu, le royaume Hittite sera fragilisé par des intrigues permanentes et par sa croissance trop rapide, ce qui explique en partie l’effacement qui va suivre. 

 

    

 

Période Intermédiaire  (ou royaume du Hatta)

  de  vers  1530  ou  1500  à  1465  ou  1430

 

  Avec l’émergence de l’empire du Mitanni Hourrite les Hittites vont connaître une longue éclipse. Le Mitanni, est situé à l’Est de l’Euphrate, appelé Hanigalbat par les Assyriens, il est le résultat d’une scission avec le Hourri, qui lui était situé sur la rive gauche du moyen Euphrate entre Karkemish et Édesse.

 

   Le Mitanni est l’allié de l’Égypte (les Pharaons Thoutmôsis IV et Amenhotep III   épouseront des filles d’Empereurs du Mitanni) ce qui favorise à l’époque son expansion, à tel point qu’à son apogée (de v.1450 à v.1365) son territoire s’étend du Zagros jusqu’à la Méditerranée. Sa capitale Wassouganni (ou Washshukanni) n’a jamais été découverte. Le Mitanni n’a pas une très longue histoire, il va s’écrouler sous les assauts de ses anciens vassaux, les Assyriens et les Hittites du Nouvel Empire. (Voir aussi Mitanni).

 

Stèle  du  Roi  Shaushtatar I – Mitanni

 

Récipients en forme de taureau –

Hattusha – Temple du Dieu de la tempête – XVIe siècle

   Le royaume de Hatta (du nom de la ville) va naître pendant "l’occupation" du Mitanni où la puissance Hittite est considérablement affaiblie. C’est une période dont on sait peu de chose, qui va durer près d’un siècle et qui est appelée aussi parfois Moyen royaume. Il y en a des traces uniquement sur des listes d’offrandes aux souverains décédés. Le premier Roi connu est le successeur de Telebinu, son gendre Alluwamna (1500- ?), suit le fils de celui-ci, Hantili II qui doit faire face à une invasion des Gasgas (v.1480).

 

   Puis Tarhurwaili (v.1475) et Zidanta II (v.1465) qui signent des traités avec les Rois du Kizzuwatna, mais Zidanta II ne peut empêcher son royaume de tomber sous la coupe du Mitanni. Lui succède, Huzziya II (? -1450) qui est détrôné par Tudhaliya I  (ou Touthalija ou  Duhalijas, v.1450-v.1420) qui s’empare du pouvoir avec l’aide de son père. Celui-ci continuera à commander les armées au service de son fils.

 

    Tudhaliya I tenait sa légitimité de son mariage avec Walanni, dernière descendante de la dynastie de l’Ancien Empire. Vers 1444, il profite des expéditions menées par le Pharaon Thoutmôsis III (1479-1425) contre le Mitanni et de la défaite de leur Empereur Parsashatar (v.1450-v.1440) à Alep, pour reprendre à celui-ci, le Kizzuwatna et l’Arzawa, puis, les Égyptiens partis, il fait un raid sur Alep.  

 

 

   

 Le Nouvel Empire Hittite

 de  1465  ou  1430  à  vers  1200  ou  1190

 

  Après cette période troublée, dont on a peu de trace, le  Roi  Tudhaliya I, v.1430, fonde une nouvelle dynastie qui va gouverner pendant huit générations avec treize souverains derrière lui qui  prennent le titre "d’Empereur" et une branche cadette de cette dynastie qui s’installe à Karkemish. Des spécialistes pensent qu’ils étaient  peut-être d’origine Hourrite car la plupart des noms des Reines et des Princes sont de consonance Hourrite. Tudhaliya I meurt vers 1420, son fils Arnouwanda I (ou Arnuwanda I, v.1420-v.1400 ou 1410-1386) lui succède. Il voit malheureusement sous son règne, les Gasgas atteindre le centre de son Empire, pillant et détruisant toutes les villes sur leur passage et le Mitanni de l’Empereur Shaushtatar I (v.1440-v.1410) lui reprendre le Kizzuwatna et l’Arzawa. À sa mort c’est son frère qui lui succède.

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Le Dieu Sharruma et

le Roi Tudhaliya IV

 

  Tudhaliya II le Tukhanti (ou Touthalija ou  Duhalijas, v.1400- ?). Par ses campagnes il va restaurer les possessions territoriales de l’Ancien Empire et il parviendra même à les agrandir par plusieurs guerres victorieuses. Il bat les tribus Gasgas, qui avaient envahi le royaume sous son frère et atteint les bords de la mer Noire. Il reprend le Kizzuwatna avec qui il renouvelle une alliance, puis il reprend Alep et défait de nouveau le Mitanni. Il entreprend aussi une campagne contre l’Arzawa. Son règne permet la création d’un grand Empire, mais qui ne lui survit pas. Les ennemis attaquent de tous les côtés et sa capitale Hattousa est prise et brûlée. La Tawananna (Épouse du Roi) de Tudhaliya II est selon certain spécialistes, Tadukhepa (ou Taduhepa).   Son fils, Hattousili II (ou Hattusili, ? -1395) va lui succéder pour un règne très court.     

Sceau  de  l’Empereur   Mouwatalli II

 

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  Tudhaliya III le Jeune (ou Touthalija ou Duhalijas, 1395-1382), arrive sur le trône. Il est tout de suite sollicité pour une alliance par le Roi d’Amourrou, Abdi-Ashirta, qui veut se libérer de la domination Égyptienne et menacer son voisin le Mitanni. À Wassouganni, la capitale du Mitanni, Tushratta (v.1380-v.1350) prend le pouvoir. Il marie alors sa fille, Tadukhepa (ou Taduhepa) au Roi d’Égypte Amenhotep III (1390-1353/52), pour s’assurer son alliance. Le conflit reprend entre l’Empereur du Mitanni  Tushratta et Tudhaliya III, chez qui s’est réfugié Artatâma II, un rival pour la succession au trône du Mitanni (frère de Tushratta). Tudhaliya III est battu et doit subir une fin de règne catastrophique, détrôné par Souppilouliouma I.  

  

   Souppilouliouma I  (ou Suppiluliuma, 1382-1342), est le souverain suivant. Il est le fils d’Hattousili II et d’une concubine. Le jeune Empereur va réformer complètement l’Empire Hittite, c’est à ce moment que l’on fait débuter vraiment le Nouvel Empire. Par ses conquêtes territoriales Souppilouliouma I va créer un Empire durable où les États vassaux de Syrie demeureront fidèles. Il lutte contre le Mitanni, dont il réduit la puissance. Le souverain du Mitanni  Tushratta n’étant que faiblement soutenu par l’Égypte. Puis il lance une campagne contre le Kizzuwatna, qu’il annexe. Durant cette période la nation Hittite va, avec l’Égypte, être l’État le plus puissant du Proche-Orient. Souppilouliouma I va passer les dix premières années de son règne à rétablir la situation à son avantage en Asie Mineure, puis, vers 1372, il attaque toutes les régions de la Méditerranée et prend Alep qui devient vassale. Tushratta ne peut réagir et doit éviter l’affrontement. Il fomente alors des révoltes avec les grandes cités de la région afin d’affaiblir Souppilouliouma I. Mais celui-ci en représailles s’attaque aussitôt au Mitanni et mène son armée directement au cœur de l’Hanigalbat. Tushratta s’enfuit et laisse sa capitale Wassouganni sans défense.

Représentation de Souverains – Karkemish

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   Les Mitanniens sont énormément affaiblis, d’autant que des luttes de succession font rages, seule Karkemish reste leur vassale. Tushratta est assassiné par un de ses fils. Shattiwaza (ou Shattiwazza, v.1350-v.1320), un autre de ses fils, est son successeur légitime, mais dans la débâcle qui suit l’assassinat de son père, il est lui aussi forcé de fuir et se réfugie à la cour de Souppilouliouma I, où il épouse une de ses filles. Le traité entre Souppilouliouma I et Shattiwaza qui nous est parvenu est une des sources principales de l’histoire de cette époque. Shattiwaza, fort de cette nouvelle alliance, avec l’aide de Piyassilis (ou Piyashshili) un fils de Souppilouliouma I, mène une armée jusqu’au abord de son royaume.

  

   D’après des sources Hittites, Piyassilis et Shattiwaza traversent l’Euphrate à Karkemish, marchent ensuite contre Irridu, en territoire Hourrite, qu’ils prennent ainsi que Harran. Puis, ils se dirigent vers l’Est en direction de la capitale Mitannienne, Wassouganni.  Shattiwaza est rétablit sur son trône, mais son royaume ne se limite plus qu’aux vallées du Khābūr et de plus, il est sous la tutelle de Souppilouliouma I.  Pour son effort Piyassilis reçoit de son père le territoire d’Ashtata (Ouest de l’Euphrate), avec comme cité principale Karkemish, Ekallaté, Terqa, villes qui appartenait au Mitanni. Peut après son père le nommera Roi de Karkemish :

"Et toutes les cités du pays de Karkemish, Mazuwati, Murmurik, Shipri, ………  Je les donne à mon fils’’’. (Extrait du traité entre Souppilouliouma et Shattiwaza).  En fait, l’intégralité du territoire Mitannien situé à l’Ouest de l’Euphrate passe sous contrôle Hittite et est gouverné par Piyassilis.

Sphinx  de  Karkemish

 

 

   Cette nouvelle puissance, que sont les Hittites, bouleverse l’équilibre du Proche-Orient. Les Égyptiens qui exerçaient un contrôle sur le couloir commercial entre la Syrie et la Palestine, sont maintenant directement menacés. Cependant le Pharaon Amenhotep III (1390-1353/52) ne réagit que timidement aux succès Hittites (Voir Égypte XVIIIe dynastie). L’Égypte au contraire, selon certains spécialistes, aurait même signé un traité avec eux. Souppilouliouma I va finir par profiter de la situation, envahir l’Ouest de la vallée de l’Euphrate et conquérir l’Amourrou (Liban) du Roi Azirou (ou Aziru, v.1344-v.1315) qui intriguait avec le Roi  de  Kadesh  Etakkama  (ou Aitakama, v.1355-1312) pour  former  une coalition de petits États, puis Ougarit, Alalah et Kadesh.

 

 

   Pendant ce temps, en Égypte  le Pharaon Amenhotep IV (ou Akhénaton, 1353/52-1338) succède à son père Amenhotep III. Comme lui il ne porte que peu d’intérêts à l’imparable avancée des  Hittites. Selon de nombreux historiens, il aurait toléré la chute de la cité commerciale d’Ougarit et celle de Kadesh sans intervenir pour les défendre. La correspondance entre les Rois de Kadesh et de l’Amourrou avec l’Égypte  est conservée dans les Lettres de Tell el-Amarna. Elle permet de retracer la progression des Hittites. Les noms de Rois de Kadesh, qui y sont indiqués, servent dans nos sources contemporaines. En réalité, la conquête de Kadesh par les Hittites est la conséquence non désirée d’un impondérable, il semble que Souppilouliouma I était désireux de respecter le traité de paix avec les Égyptiens et ne souhaitait pas attaquer la ville qui était leur possession.

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Tête de Prince Hittite –

Musée d’Antioche

 

   Cependant, le Roi de Kadesh, Etakkama, manœuvrant pour son propre compte et sans avoir consulté Amenhotep IV, interdit le passage de la vallée de l’Oronte aux troupes Hittites, obligeant Souppilouliouma I  à l’attaquer et à s’emparer de sa cité. Etakkama est fait prisonnier et emmené dans la capitale Hattousa. Toutefois Souppilouliouma I le relâche rapidement pour ne pas donner un prétexte à Amenhotep IV de lui déclarer la guerre, ce que ce dernier n’aurait d’ailleurs peut-être même pas fait et il redonne Kadesh aux Égyptiens, tout redevint normal, mais pour peu de temps.

 

   Etakkama est d’abord un allié fidèle de l’Égypte, puis il rejoint une alliance du Roi d’Amourrou, Azirou dirigée contre les Hittites. Ce dernier venait de trahir Amenhotep IV dans une affaire entre Byblos et Sidon que le Pharaon lui avait demandé de régler. Une fois de plus, l’Égypte décide de ne pas intervenir.  Souppilouliouma I décide alors d’attaquer le Nord de la Syrie, il prend Ougarit, Alalah se tourne vers l’Amourrou afin d’enrayer rapidement les prétentions d’Azirou.

Morceau de fresque

avec le Dieu Katuva

 

   L’événement de la trahison d’Azirou est mentionné dans la lettre de Tell el-Amarna (EA 162) d’Amenhotep IV adressée à ce dernier, dans laquelle le Pharaon exige qu’Azirou vienne en Égypte pour expliquer ses actes. Le Roi une fois en Égypte est arrêté pendant au moins un an avant d’être libéré pour faire face à l’avancée des Hittites, qui ont déjà conquis la ville d’Amki, ce qui constituait une menace pour l’Amourrou (Lettre EA 170). Une fois dans son royaume Azirou prend contacts avec Souppilouliouma I. Il change alors son allégeance et restera fidèle aux Hittites jusqu’à sa mort, dont on ignore la date exacte.   

 

      Informé qu’Azirou avait à sa cour une mission diplomatique Hittite afin de trouver un accord de paix, et qu’en plus Kadesh, dont Etakkama venait de changer de camp et prêter allégeance à Souppilouliouma I pour garder son trône, se retrouvait dans leur camp, Amenhotep IV compris qu’il fallait intervenir et envisager une solution militaire. Bien que l’on n’ait trouvé aucun document qui le confirme, on pense aujourd’hui que le Pharaon envoya une armée qui fut semble t-il battue. Bien plus encore, les Hittites attaquent les places fortes Égyptiennes de Byblos et Damas. Ils continuent leur progression, que les Égyptiens n’arrivent pas à freiner et ils grignotent petit à petit toutes les conquêtes Égyptiennes en Palestine.  

                     Souppilouliouma I renforce ses possessions : En mariant ses filles à différents Rois assujettis, en passant des alliances avec ses vassaux, en nommant un de ses fils Rois d’Alep et l’autre, Piyassilis, Roi de Karkemish. La période de troubles  qui suit l’assassinat de Tushratta et le rétablissement de Shattiwaza provoque le réveil de l’Assyrie. Le souverain d’Assyrie, Assur-Uballit I (1366-1330), se libère de la tutelle du Mitanni en se rendant indépendant et menace la capitale Mitannienne  qu’il assiège. Les habitants préférant dépendre des Hittites plutôt que des Assyriens, leurs anciens sujets, demande de l’aide à Piyassilis et Shattiwaza basés à Irridu. Ceux-ci libèrent Wassouganni et Shattiwaza récupère la capitale et son trône, mais son royaume ne se limite plus qu’aux vallées du Khābūr  (ou Habur, actuelle Haut Djézireh) et, de plus, il est sous la tutelle des Hittites. Souppilouliouma I meurt de la peste, son successeur sera son fils Arnouwanda II. La Tawananna (épouse du Roi) de Souppilouliouma I au début de son règne est selon certain spécialistes la veuve de son père, Tadukhepa      

Déesse  Kubaba 

 

   Arnouwanda II (1342-1341), à peine arrivé sur le trône se retrouve confronté à cette nouvelle puissance qu’est l’Assyrie et au  Mitanni qui avait été divisé en deux par les querelles de successions. L’Ouest, qu’il soutien, est tenu par l’Empereur Shattiwaza  et l’Est est encore tenu par Assur-Uballit I. Celui-ci, véritable maître de ce pays, profite de la mort prématurée d’Arnouwanda II, de la peste comme que son père, pour soumettre définitivement le Mitanni qui va survivre après la mort d’Assur-Uballit I encore une soixantaine d’année, mais sous la tutelle Assyrienne.

 

   Le deuxième fils de Souppilouliouma I, Moursil II (ou Mursil ou Mursili, 1341-1310) arrive sur le trône et se voit la lourde tache de combattre ce nouvel envahisseur que sont les Assyriens, qui vont reculer dans un premier temps. Moursil II doit aussi faire face à la peste qui ravage le pays et à la rébellion de certains vassaux qu’il va mater. Il reconquiert l’Arzawa, l’Amourrou et OugaritEn 1312, dans les dernières années du règne de Moursil II, le Roi de Kadesh  Etakkama (ou Aitakama, v.1355-1312)  rêvant de retrouver son indépendance d’antan, dirige un soulèvement contre les Hittites, mais il est assassiné lors du siège de Kadesh par les Hittites  et son fils Niqmaddou (ou Niqmadu) lui succède. À la mort de Moursil II son fils Mouwatalli lui succède.     

  

   Mouwatalli (ou Muwatallish ou Moutallou, 1310-1269) comme pour le règne de son père Moursil II ou des souverains avant lui voit son règne rythmé par les guerres. Il lutte contre les Gasgas qui ont franchi la frontière et ravagent le pays, jusqu’à la capitale Hattousa qui est prise et détruite. Mouwatalli se réfugient alors dans le Sud à Tarhuntassa (ou Tarhundassa). Pour reprendre le Nord du pays, il nomme son frère Hattousili III (Empereur de 1264-1234) administrateur des provinces du Nord. Dans le même temps, la menace Assyrienne se précise avec l’avènement de l’Empereur Salmanasar I (ou Salmanazar, 1275-1245) qui écrase définitivement le Mitanni et son dernier souverain Shattuara II (ou Shuttuara, v.1270).

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Porte aux lions – Hattousa

 

   Pendant qu’Hattousili III reprend le Nord du pays, Mouwatalli entre en conflit avec le Pharaon Séthi I (1294-1279). L’Égyptien, à peine arrivé au pouvoir avait lancé une campagne en Palestine afin de récupérer les anciennes positions de l’Égypte  perdues sous la dynastie précédente (voir XVIIIe dynastie). La confrontation à lieu à Kadesh sur l’Oronte, Sethi I réussit à y vaincre une importante armée Hittite qui essayait de défendre la ville. Il entre triomphalement dans la cité avec sons fils, le futur Pharaon Ramsès II (1279-1213) et y érige une stèle de la victoire. La scène de cette bataille de Kadesh de Sethi I est retranscrite sur la paroi extérieure de la salle hypostyle de Karnak. Il y a cependant un grand débat entre les spécialistes depuis près d’une décennie, sur le fait que la Kadesh de Sethi I et Mouwatalli ne serait peut-être pas Kadesh sur l’Oronte, mais Kadesh de Galilée ?.

  

   La ville va cependant revenir dans l’escarcelle des Hittites. En effet les Égyptiens ne pouvaient pas maintenir une occupation militaire permanente dans la cité et sur tout l’Amourrou qui était trop proche de l’Empire Hittite. Il est peu probable que Séthi I est signé un traité de paix avec les Hittites ou qu’il leur ait rendu volontairement la cité, mais le Pharaon peut avoir conclu une entente informelle avec Mouwatalli sur les frontières précises des deux Empires. Quoi qu’il en fut, ce ne fut pas respecté puisque dès que Séthi I retourna en Égypte, Mouwatalli marcha au Sud de l’Oronte et reprit Kadesh, qui devint le fief des défenses Hittites en Syrie, bien que les Hittites fassent diriger la ville par le vice-Roi de Karkemish. Les Égyptiens ne lâchèrent pas prise pour autant et une guérilla s’installa dans la région. Cinq ans après la mort de Séthi I, son fils Ramsès II (1279-1213) allait reprendre officiellement les hostilités.

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La bataille de Kadesh représentation

dans le temple d’Abou Simbel 

 

   Ramsès II est conscient que pour garder la Syrie, il lui faut prendre la ville de Kadesh qui est un point stratégique en Amourrou. En mai 1274, il part de sa capitale Pi-Ramsès vers le Nord à la tête d’une immense troupe constituée de 2 500 chars, de 1 900 soldats Égyptiens auxquels s’ajoute 2100 mercenaires, peut-être Cananéens qui ont voué allégeance à l’Égypte, dont les Sherden (ou Sardanes ou Chardanes ou Shirdana ou Shardanes), issus des Peuples de la mer, qui allaient jouer un rôle crucial dans la bataille. L’expédition menée à un train d’enfer afin de surprendre les Hittites passe en Canaan, en Galilée, puis remonte par la plaine de la Bekaa pour s’enfoncer en Amourrou jusqu’à Kadesh. Lorsqu’il voir cette force impressionnante arriver le Roi d’Amourrou Benteshina (ou Bentešina ou Pendishena, v.1280-v.1274, puis de v.1260-v.1230) choisit finalement de se rallier à Ramsès II, alors que depuis le Roi Azirou son pays était vassal des Hittites. Il rompt de ce fait le traité passé par son prédécesseur avec les Hittites. Benteshina joint ses forces aux troupes Sherden dont il prend le commandement.

 

   Mouwatalli est lucide des intentions du Pharaon et il sait très bien que l’Égypte doit récupérer à tous prix Kadesh si elle espère reprendre un jour le contrôle de la Syrie. Cependant il avait maintenant un nouvel atout en main qu’ignorait peut-être Ramsès II. En effet, il venait de signer un traité de paix avec les Assyriens, ce qui fait qu’il pouvait maintenant se concentrer sur un seul front. Il réunit alors une immense armée composée d’une coalition de près de vingt peuples de ses vassaux Anatoliens et Syriens. Ainsi, aux Hittites, vinrent se joindre : L‘Arawanna (Irwnt en Anatolie) ; l’Arzawa (‘IrTw) ; les Denyen (ou Dananéens ou Dardaniens, Drdny de Troade) ; les Gasgas (ou Kaska du Nord de l’Anatolie, KSkS) ; Halba (Alep  #lb dirigée par Talmi-Sarruma, petit-fils de Souppilouliouma I) ; Inouna (Inesa  Ins  localisation inconnue) ;  Karkemish (KrkmS) ; Karkisa (Carie  KrkS) ; Kadesh (QdS) ; le Kedy (Qd une zone mal définie dans le Nord de la Syrie) ; les Kerchkech (Krchkch  localisation inconnue) ; le Kizzuwatna (QDwdn) ; les Lukka (ou Luka ou Loukou ou Lyciens   Lk) ; Masa (Mysie Ms) ; les Mouchaset (ou Mushanet  MwSAnt  localisation inconnue) ; les Nouges (ou Nuhhašši  Nwgs  en Syrie) ; le Naharina (Mitanni  Nhrn) ; Ougarit (akrT) ; Pidasa (ou Pitassa  Pds  Anatolie centrale) et peut-être d’autres petits vassaux, soit environ 30 000 hommes, dont 3 000 chars.

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Autre représentation de la bataille –

Ramsès II sur son char – Temple d’Abou Simbel

 

   Le champ de bataille se trouvait sur la plaine au Sud de la ville et à l’Ouest de l’Oronte. Cette bataille est décrite en détail dans un long poème épique d’un scribe connu sous le nom de Penthaour qui est un recueil de souvenirs de guerre. Il nous apprend que des espions Hittites, des Shasous (Shsw "vagabond"), réussissent à convaincre les Égyptiens que Mouwatalli craignant Ramsès II à préféré resté avec son armée aux environs d’Alep. Ramsès II pensant être tranquille fait installer son camp sur la rive Ouest de l’Oronte, sans attendre le renfort de ses divisions qui le suivaient à plusieurs heures de marche. Seules étaient avec lui la division d’Amon et de Ptah. Cependant après un interrogatoire les bédouins finissent par avouer que l’armée Hittite est en fait tout près, derrière la ville sur la rive Est de l’Oronte.

 

   Le Pharaon envoie alors des messagers prévenir ses divisions à l’arrière. Celles-ci ont à peine le temps d’arriver. Les Hittites traversent le fleuve et attaquent le camp Égyptien. Ramsès II et la division d’Amon se retrouve donc seuls face aux 2 500 chars et aux milliers de fantassins de Mouwatalli. Ils sont décimés et sur le point de se rendre, mais les Sherden (ou Sardanes ou Chardanes ou Shardanes), qui constituaient sa garde, vont résister jusqu’à l’arrivé des renforts. Sa "victoire" Ramsès II la doit surtout de l’arrivée des Néarins (ou Ne’arin) les forces d’Amourrou de Benteshina. Grâce à eux le Pharaon est en mesure de récupérer l’initiative et les coalisés n’ont d’autre choix que de se replier en subissant de lourdes pertes. Il n’y a pas vraiment de vainqueur à cette bataille mais les deux camps déclareront l’avoir gagné. Le lendemain, Mouwatalli envoie une proposition d’armistice et demande la clémence des Égyptiens que Ramsès II lui accorde bien volontiers, sûrement pressé de quitter la région. 

 

   Les armés Égyptiennes et Hittites se retirèrent après ce dur affrontement, à l’issue apparemment indécise, dans leur territoire respectif. Ramsès II, sans hélas avoir pris Kadesh, dans sa capitale du Delta, quand à Mouwatalli ses forces ne firent pas immédiatement retraites vers leur capitale Hattousa. Du fait du recul des Égyptiens, les Hittites profitèrent de la situation pour descendre vers le Sud. Benteshina se retrouva isolé et abandonné a ces derniers qui reprirent l’Amourrou et la région Syrienne de Ube (ou Upe), près de la cité-État Araméenne de Damas. Ils capturèrent le Roi et donnèrent son royaume à un homme de leur confiance, Shapili (ou Šapili, v.1274-v.1260), qui fut nommé Roi d’Amourrou. En dehors de sa nomination par Mouwatalli  on ne sait rien à propos de cet individu. Le récit de la nomination de Shapili est brièvement décrit dans le traité du Roi Shaushga-Muwa et dans des textes parallèles.  Toutefois, menacés à l’Est par les Assyriens, Mouwatalli arrêta là sa progression.

  Pour d’autres détails voir : Battle of Kadesh – 1274 av.J.C  – (En. Wikipédia)

                                 La Bataille de Kadesh – 1274 av.J.C – (Fr. Wikipédia)

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Hattousa Le Mitanni Karkemish Ninive Assur L'Assyrie Babylone Kadesh Tyr Sidon Damas Gaza L'Egypte Le Nouvel Empire Hittite Le Hatti Megiddo

 

  Dans le Nord, les campagnes victorieuses d’Hattousili III, lui assurent une grande reconnaissance de son frère, qui lui concède alors en récompense le royaume de Hakpissa, au Nord du Hatti (Toutes les régions au Nord d’Hattousa). Lorsque Mouwatalli meurt, son jeune fils qu’il eut d’une concubine lui succède.

 

   Ourhitechoud (ou Urhi-Teshub ou Urhi-Teššup, 1269-1264) monte sur le trône sous le nom de règne de Moursil III (ou Mursili). Mais pour peu de temps car il doit faire face à la forte influence de son oncle Hattousili III qui tente de l’écarter. Ce dernier mène alors une révolution de palais qui lui donne le pouvoir en 1264. Il exile son neveu en résidence surveillée à Chypre, mais Moursil III réussit à prendre la fuite et va se réfugier en Égypte auprès du Pharaon Ramsès II (1279-1213).

 

  Hattousili III monte sur le trône de 1264 à 1234 (ou 1275 à 1260 ou 1265 à 1238). La plus grande aide qu’il peut recevoir pour son accession au pouvoir, est celle de son épouse Poudoukhepa (ou Poudouhepot). Elle occupera une position élevée tout au long du règne de son mari. Hattousili III reprend et reconstruit son ancienne capitale, Hattousa. Il fait face à la révolte de la ville de Pishuru, qu’il écrase. Mais on ne sait pas grand chose de la situation en Asie.

 

  Si aucun texte daté de cette période ne fait allusion à des expéditions, dans cet intervalle, il est fort possible que Ramsès II ou l’un de ses fils, ou de ses généraux aient dirigés des expéditions vers le Levant. Elles ne furent cependant pas de grandes ampleurs et ne durent pas inquiéter Hattousili III. Pourtant il faut noter que les Égyptiens avaient sûrement reperdu une bonne partie de l’Amourrou car Benteshina avait récupéré le trône et de encore changé de camps, cette fois pour son nouveau protecteur, Hattousili III. Le Roi d’Amourrou à la suite de son éviction était rentré dans l’entourage de celui-ci, lorsque Mouwatalli l’avait détrôné et il le suivait dans ses campagnes. Quand Hattousili III renversa son neveu Ourhitechoud, il récompensa Benteshina pour sa fidélité en lui restituant la couronne d’Amourrou. Ce dernier restant un vassal obéissant. L’accord fut scellé par un traité et un accord réciproque de mariage entre les maisons royales du Hatti et d’Amourrou Ce qui n’arrangeait sûrement pas les affaires Égyptiennes.

 

   Les tensions s’aggravèrent entre Ramsès II et Hattousili III lorsque le Pharaon donna asile à Ourhitechoud. Les sources Hittites font état d’une confrontation devenue inévitable. Celle-ci eut lieu vers 1262/1261, l’Empereur Hittite exigea des Égyptiens qu’ils lui livrent Ourhitechoud, mais Ramsès II refusa. Hattousili III se sentit humilié et la guerre menaça, le souverain sachant pourtant que la conjoncture n’était pas favorable à une expédition vers le Sud. Quand à Ramsès II, il lui fallait maintenant montrer qu’il était désireux de se battre pour Ourhitechoud, ce qui n’était peut-être pas le cas. Une grande inscription sur une stèle érigée à Bethshan (ou Beth-Shan ou Beit Shéan), dans la plaine de Jezréel, au Nord du pays de Canaan, fait des louanges des hauts faits du Pharaon dans la région La démonstration de force de Ramsès II fut toutefois payante car la guerre n’eut finalement pas lieu entre les deux puissances.

 

 

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       Ramsès II – British Museum

   Une relative paix régnait maintenant en Syrie/Palestine et de nouvelles grandes campagnes militaires d’un côté comme de l’autre auraient été hasardeuses. De plus l’Empereur Hittite avait déjà fort à faire avec les Assyriens qui représentaient une menace de plus en plus grande à l’Est. Il n’était donc pas nécessaire de s’engager dans un conflit avec les Égyptiens. Hattousili III prit alors une décision politique qui dut en surprendre plus d’un dans son entourage. Il décida que, dans ces conditions, il était pour lui maintenant préférable d’entretenir de bonnes relations avec l’ancien ennemi juré, l’ Égypte et de proposer à son souverain un traité d’assistance réciproque. De longues négociations commencèrent qui ne prirent fin que vers 1259/1258. Thomas Garnet Henry James pense que du fait que les Égyptiens n’étaient pas habitués à signer de grands traités avec d’autres nations, les négociations préparatoires se firent en pays Hatti. Les deux versions de ce traité ont résisté au temps et nous sont parvenues dans une qualité exceptionnelle.

 

   Deux inscriptions, l’une à Karnak et l’autre au Ramesseum nous donnent la version Égyptienne. Le texte Hittite fut retrouvé lui sur une tablette d’argile dans la capitale Hattousa, il est écrit en cunéiforme Babylonien. Il correspondrait à un accord rédigé à Hattousa et envoyé à Pi-Ramsès, où il aurait été traduit en Égyptien. Le texte indique qu’il arrive à Ramsès II le 21e jour, du Ier mois de la saison Peret de l’an 21 du Pharaon, soit à la fin de l’an 1259. Ce traité entre Hattousili III et Ramsès II indiquait "qu’il avait été fait afin d’établir entre les deux peuples une paix et une fraternité éternelle"…."que les deux puissances s’engageaient à ne pas s’emparer du territoire de l’autre"…."si un ennemi attaquait l’un, l’autre viendrait immédiatement à son secours" etc... T.G.H.James nous précise que les sources Égyptiennes ne firent aucune allusion à cet accord alors que celles Hittites témoignent de la joie et du soulagement des deux signataires. À cette occasion, les deux Reines Poudoukhepa et Néfertari échangèrent des cadeaux. 

 

   Il fallut toutefois des années avant que les deux parties, qui s’étaient déchirées pendant une très longue période, arrivent à une confiance mutuelle. Ce fut enfin le cas lorsque des négociations s’engagèrent  en vue d’un mariage entre Ramsès II et Maâthor-Néferourê, une fille d’Hattousili III et de la Reine Poudoukhepa. Le mariage eut lieu en l’an 34 du Pharaon, soit vers 1246/1245, et les textes Égyptiens nous indiquent que la fille de l’Empereur fut envoyée en Égypte avec de grandes quantités de métaux précieux, de bétail et d’esclaves et que Ramsès II fut enchanté d’apprendre son arrivée. D’après Thomas Garnet Henry James les circonstances du mariage ont été différentes. Il affirme qu’un marchandage eut lieu entre la Reine Poudoukhepa et Ramsès II au sujet de la dot et aussi du fait que la Reine craignait que sa fille ne puisse recevoir de visites Hittites en Égypte et ne souffre ainsi d’isolement. Le mariage semble avoir porté ses fruits sur le plan politique car plus aucun différent entre les deux États n’est enregistré jusqu’à la fin du règne de Ramsès II.

 

   Hattousili passa aussi alliance avec le Roi de Babylone KadashmanEnlil  II (1280-1265), cette politique extérieure qui lui donna, à part une rébellion des Louvites qui ne reconnaissaient pas sa prise de pouvoir, une fin de règne pacifique. Les textes attestent de l’arrivée d’une seconde Princesse Hittite en Égypte, qu’il est convenu d’être encore une fille de l’Empereur, qui devint elle aussi une épouse de Ramsès II, peu avant la mort d’Hattousili III, en l’an 44 du Pharaon, soit vers 1237.

 

  Poudoukhepa (ou Poudouhepot)

 

   Elle est d’origine Hourrite. Son père, Bentepsharri, est le Grand Prêtre de la divinité Ishtar de Lawazantiya au Kizzuwatna. Poudoukhepa prendra la suite de son père et exercera la fonction de Prêtresse. On lui attribue les écrits des hymnes aux Déesses Lelwani et Arinna (Déesse soleil) qu’elle assimila à la Déesse Hourrite Hebat. C’est à son retour de la bataille de Kadesh (ou Qadesh, 1274), qu’Hattousili III rencontra Poudoukhepa. La Déesse Ishtar lui aurait alors ordonnée de la prendre pour épouse. Poudoukhepa occupe une position élevée tout au long du règne de son époux et joue un rôle majeur à la cour. Elle a aussi une forte activité en politique internationale, en témoin sa nombreuse correspondance avec le Pharaon Ramsès II. Après la mort de Hattousili III, elle exerça encore un grand rôle sous le règne de son fils Tudhaliya IV. Elle meurt à l’âge d’environ quatre-vingt dix ans. Elle a de nombreux enfants, dont ses fils : Tudhaliya IV et Nerikailli et ses filles Gussuliyawiya et Maâthor-Néferourê (Qui va épouser le Pharaon Ramsès II).

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 Bas-relief de Souppilouliouma II –

 Hattousa, chambre des hiéroglyphes

 

 

   Tudhaliya IV (ou Touthalija ou  Duhalijas, 1234-1220), son fils, lui succède et va au début de son règne lutter contre les royaumes d’Arzawa et d’Ahhiyawa, pour maintenir l’unité de son l’Empire. Il signe la paix avec l’Assyrie, mais celle-ci rompt le traité et attaque la rive Ouest de l’Euphrate, qui appartenait aux Hittites. Il intervient dans une querelle de mariage entre ses vassaux le Roi d’Amourrou  Shaushga-Muwa (ou Šaušgamuwa ou Shaushgamuwa, v.1250-v.1230) et celui d’Ougarit Ammistamrou II (v.1260-v.1230).  En 1230, Tudhaliya IV contre-attaque, mais il est écrasé à la bataille de Nihiriya. Il change alors de tactique, avec l’aide de ses vassaux, les royaumes Syriens (l’Amourrou, Karkemish etc…), il impose aux Assyriens un blocus maritime. Celui-ci s’avère très payant car les Assyriens se voient obligés de signer un traité de paix et redonnent aux Hittites les territoires conquis.

 

   Bien que la paix soit maintenue sous le règne des deux derniers Empereurs qui succèdent à Tudhaliya IV, ses fils Arnouwanda III (1220-v.1200) et son frère Souppilouliouma II (ou Suppiluliuma, v.1200-v.1170), les textes nous indiquent que le pays Hittite doit subir des périodes de grandes famines, accompagnées de forts mouvements de population qui vont complètement le miner jusqu’a amener sa disparition. Le Pharaon Mérenptah (1213-1203) enverra à Souppilouliouma II une importante livraison de blé. Selon les textes Égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la mer, qui ravagent toute la région, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres. Il est plus vraisemblablement que ce sont d’autres tribus ennemies qui ont profité de l’affaiblissement de l’Empire pour l’abattre, comme le vieil ennemi, les Gasgas. Ce qui est sur c’est qu’Hattousa et les principales villes Hittites sont détruites et ne se relèveront jamais.  

 

 

Epoque  néo-Hittite

de  vers  1200  ou  1190  à  vers  700  environ

   La destruction d’Hattousa entraîne la disparition de la civilisation Hittite et l’empire est morcelé en petits royaumes que l’on qualifie de "néo-Hittite". Ces petits royaumes, ex vassaux pour certains, vont vivre dans les provinces de Syrie du Nord et le Sud-est anatolien, où l’on trouve les royaumes, principautés ou cités-états : d’Alalah, d’Alep, du Hana, de Karkemish, du Kizzuwatna, de Til Barsid, de Ya’diya, etc… Le long de l’Euphrate, où s’implantent : le Gurgum avec Milid, le Kummuhu (Commagène) (Voir carte Ourartou). En Cappadoce, une dizaine de Princes fondent la confédération de la région de Tabal

 

  Tous ces petits États abandonnent l’écriture Hittite cunéiforme pour l’écriture hiéroglyphique et utilisent la langue Louvite (ou Louwite). À la même époque, les Phrygiens, prennent possession de l’Anatolie centrale et y établissent, vers 1200, leur royaume autour de leur capitale, Gordion. Ces royaumes ne jouent aucun rôle politique majeur, mais ils sont très prospères du XIIe au IXe siècle. Ce n’est qu’a partir de 745 jusqu’a 708, ou de défaites en défaites, ils vont, les uns après les autres, être absorbés par l’Empire Assyrien, seuls deux petits royaumes situés en Cilicie (Nouveau nom du Kizzuwatna)  survivront à la destruction de l’Assyrie elle-même.

 

 

   Voir aussi : Hattousa Karkemish

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Art néo-Hittite

 

Bibliographie

 

   Pour d’autres détails sur les Hittites voir les ouvrages de :

 

Gary M.Beckman :

Hittite diplomatic texts, Scholars Press, Atlanta, 1996.

Trevor Bryce :

The Kingdom of the Hittites, Clarendon Press, Oxford, 1998 – Oxford University Press, New York, 1998.

Life and Society in the Hittite World, Oxford University Press, 2002.

C.W.Céram : (de son vrai nom Kurt W. Marek) 

The secret of the Hittites : The discovery of an ancient empire, Phoenix Press, London, 2001.

Fatih Cimok :

The Hittites and Hattusa, A Turizm Yayinlari, Istanbul, 2008.

Georges Contenau :

La glyptique Syro-hittite, Haut-commissariat de la République Française en Syrie et au Liban, Service des Antiquités et des Beaux-arts, Bibliothèque archéologique & historique, tome II, Library Binding, 1922 – BiblioBazaar, Août 2009.

Éléments de bibliographie hittite, Library Binding, 1922.

Supplément aux éléments de bibliographie Hittite, pp. 1-68, 138-144, Babyloniaca, tome X, Library Binding, 1927.

La civilisation des Hittites et des Hourrites du Mitanni, Éditeur inconnu, 1934 – Éditions d’Aujourd’hui, 1983.

Marc Desti :

Les civilisations anatoliennes, PUF, Paris, 1998.

Jacques Freu :

Hittites et Achéens : données nouvelles concernant le pays d’Ahhiyawa, Centre de recherches comparatives sur les langues de la Méditerranée ancienne 11, Université de Nice-Sophia Antipolis, Nice, 1990.

John Garstang :

The land of the Hittites, Constable and Company Ltd., London, 1910.

Index of Hittite names, British School of Archaeology in Jerusalem 1, Sup. Papers, 1923.

The Hittite Empire, Constable and Company Ltd., London, 1929.

The geography of the Hittite Empire, British Institute of Archaeology in Ankara, 1959.

Isabelle Klock-Fontanille :

Les Hittites, PUF, Paris, 1995.

James Galloway Macqueen :

The Hittites : And their contemporaries in Asia Minor (Ancient Peoples and Places), Thames & Hudson; Revised and Enlarged Edition edition, Septembre  1996.

Maurice Sartre :

L’Asie Mineure et l’Anatolie, d’Alexandre à Dioclétien, Armand Colin, Paris, 1997.

 

 

 

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