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Naxos
 
Orchomène de Béotie
Orchomène d’Arcadie
 
Sicyone
 

 

Naxos

   Naxos (ou Naxus ou Náxos ou Naxia, en Grec : Naxos ou Νάξος) fut une île cité-État Grecque de la mer Égée appartenant à l’archipel des Cyclades, dont elle est la plus grande île. Elle fut colonisée par les Ioniens et fut à son apogée au VIe siècle av.J.C sous le Tyran Lygdamis. Au Ve siècle elle fit partie de la Ligue de Délos (Confédération Athénienne) contre qui elle se révolta en 471. En 376, l’Athénien Chabrias y battit les Spartiates. L’île était réputée pour son marbre et son vin, dont elle vouait un culte au Dieu Dionysos. La cité de Naxos est située près de l’ancienne ville d’Olous, au sommet d’une montagne appelée aujourd’hui Oxa (ou Oxia ou Zas) où des ruines peuvent encore être vues.
 

 

L’histoire…….

 
   Dans la mythologie Grecque, selon les légendes rapportées par le pseudo-Apollodore (Nom donné à l’auteur de la Bibliothèque, anciennement attribué à Apollodore d’Athènes, IIe siècle av.J.C), l’île fut le lieu où Thésée (Fils d’Égée ou de Poséidon) se réfugia après avoir tué le Minotaure. Il y abandonna Ariane (Fille du Roi de Crète Minos et de Pasiphaé), qui fut recueillie le lendemain par le Dieu Dionysos et emmenée ensuite à Lemnos (Île du Nord-est de la Mer Égée). Dans une autre version rapportée par Homère (Poète, fin du VIIIe siècle) dans L’Odyssée (XI, 321–325), la Déesse Artémis tua Ariane à "Dia, l’île baignée des flots", endroit que Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) assimile à Naxos, mais qui est plus probablement l’actuelle Dia (Île au Nord de la Crête).
 


 

Porte de l’entrée du temple dédié à Apollon

   Naxos fut habitée dès le IVe millénaire. Les premières traces d’occupation du site furent mises au jour dans la Grotte de Zeus, sur le mont Oxa (ou Oxia ou Zas). Sa population était répartie dans des petites villes, sur le côté abrupt du mont qui était moins fertile, mais mieux défendable, à l’Est et au Sud de l’île. Une de celles-ci les mieux connues fut celle de Grotta, à proximité de la ville de Naxos. Elle donna son nom à l’une des périodes de la civilisation des Cyclades, le Cycladique Ancien I (ou Grotta-Pélos, 3200-2800). Une céramique très riche de cette époque y a été découverte. De nombreuses nécropoles ont aussi été fouillées sur l’île, qui ont livré : Des objets en métal, des idoles, des vases en marbre et des poteries.
 
   Naxos fut ensuite colonisée par les Ioniens, puis, au cours du IIe millénaire, elle passa sous la domination des Minoens de Crète, puis vers 1400 sous celle des Mycéniens. La population se déplaça alors vers le Nord-ouest, vers la Grèce continentale. Sophie Katsouros et Kōnstantinos A.Katsouros nous précisent que Grotta, à cette période fut une vaste cité dont les nécropoles d’Aplomata et Kamini furent utilisés tout au long de la période. L’île, au croisement des routes commerciales de l’Égée, devint rapidement prospère, notamment grâce à l’extraction du marbre et à son émeri, roche métamorphique, taillée en meules elle était surtout utilisée dans les moulins à blé pour le réduire en poudre. Selon Hérodote (Historien Grec, 484-v.425 – Enquêtes, V, 28), Naxos surpassait alors toutes les autres îles des Cyclades en prospérité.
 
   Aux VIIIe et VIIe siècles elle devint une société oligarchique gouvernée par les riches familles aristocrates des Gras qui résidaient sur la colline de Naxos et dans les villages au centre de l’île. Elle étendit alors sa puissance sur celle voisine d’Amorgos (En Grec : Αμοργός, la plus orientale des îles des Cyclades) où elle contrôla les cités d’Arkesini et Aighiali. Elle participa au mouvement de colonisation, vers le milieu du VIIIe siècle, en prêtant des navires à la cité de Chalcis qui envoyait des colons en Sicile. Mais cette prospérité ne fut pas sans conséquence et jalousie et Naxos fut alors constamment en guerre avec sa voisine Paros (Pour la concurrence sur l’extraction du marbre) et la ville de Milet en Ionie. Elle exprima également sa richesse par une politique de construction dans diverses cités. Sur Délos, où elle construisit de nombreux bâtiments et où elle offrit la terrasse des lions. À Delphes avec le sphinx des Naxiens. Toujours selon Sophie Katsouros et Kōnstantinos A.Katsouros, elle installa le culte d’Apollon sur Amorgos et dans le sanctuaire Béotien de Ptoïon. 
 
   Vers 540, des désordres politiques amenèrent à une révolte populaire contre les familles des Gras. Un noble, Lygdamis (ou Lygdamos ou Lydamis, en Grec : Λύγδαμις, ? à 524) en profita pour créer une tyrannie avec l’aide du Tyran Athénien Pisistrate (560-527). Il avait aidé ce dernier dans sa deuxième conquête d’Athènes en 538. Celui-ci qui avait établit des colonies militaires sur l’Hellespont afin de contrôler la route pour l’approvisionnement en blé et le commerce Égéen, avait aussi conquis les Cyclades, Délos et Naxos où il porta au pouvoir Lygdamis. (Il ne faut pas le confondre avec les Lygdamis I ou II, Rois d’Halicarnasse). Sous son règne l’île domina toutes les Cyclades et Lygdamis aida à son tour Polycrate (ou Polycrates ou Polykrates ou Polycratès, 538-522), avec une force de mercenaires à devenir Tyran de Samos en Ionie, lorsque ce denier fit une insurrection avec ses deux frères lors d’une fête en l’honneur de la Déesse Héra.
 
   Lygdamis eut également un ambitieux programme de construction et en 530, il commença l’édification d’un grand temple dédié à Apollon sur l’îlot de Palatia, dans le port de l’actuelle Chóra, qui ne fut jamais achevé. Seule la grande porte monumentale (le Portara) subsiste de nos jours. Ce linteau du temple, se présente aujourd’hui comme l’un des principaux monuments de Naxos. En 524 le règne de Lygdamis sur Naxos prit fin lorsqu’il fut renversé par l’intervention d’une armée Spartiate et ces derniers rétablirent une oligarchie dans l’île, qui n’empêcha pas celle-ci de continuer de prospérer.


 

Temple de Déméter

 
   L’oligarchie sous protectorat Spartiate dura peu de temps et fut remplacée par une “république”. En 506, une expédition Perse fut montée contre les Cyclades, avec à sa tête le Tyran de Milet Aristagoras (494- ?) mais le siège contre Naxos en 499 (on trouve aussi 502 ou 500 ?) échoua. Des membres des Gras exilés s’étaient réfugiés à Milet et ils avaient demandé à Aristagoras, qui était de leur allié, de les aider à reprendre le pouvoir dans leur cité. Cependant, Aristagoras hésitait devant la puissance navale et militaire de l’île. Il demanda un appui au Satrape de Sardes (En Lydie), Artapherne (ou Artaphernès ou Artaphernês), qui équipa 200 trirèmes avec l’accord du Roi Perse, Darius I (522-486). (Voir l’article : Le siège de Naxos)
 
   Le commandement de la flotte fut confié à Mégabate (ou Megabates), mais des désaccords survinrent entre Aristagoras et ce dernier, aussi fit-il prévenir les Naxiens de l’attaque imminente d’Aristagoras. Ceux-ci organisèrent alors leur défense, faisant entrer autant de réserves que possibles dans leur forteresse. Aristagoras et les Perses firent un siège qui dura quatre mois, mais échoua. Avant de se retirer, les Perses construisirent une forteresse qu’ils donnèrent aux exilés Gras.
 
   En 491, lors de la Première Guerre Médique (499-490), les Perses de Darius I firent une deuxième tentative pour envahir Naxos, qui fut prise, sans que les Naxiens ne se soient défendus, par le Général Datis (Général Mède aux ordres de Darius I). La majeure partie des habitants ayant fui dans la montagne. La ville et les temples furent incendiés et les habitants qui n’avaient pas pu fuir furent réduits à l’esclavage. L’île entra alors sous la domination Perse. Toutefois, à la bataille de Salamine, en Septembre 480, les Naxiens trahirent les Perses et livrèrent 4 trières aux Grecs. Des Naxiens furent ensuite présents à la bataille de Platées (Août 479). Après la victoire, ils entrèrent dans la Ligue de Délos (Confédération Athénienne), mais très vite l’île se rebella contre l’impérialisme Athénien. En 471, elle tenta de sortir de la Ligue et reprendre sa liberté. En 468, Naxos fit défection avec sa flotte, mais la ville fut alors assiégée, vaincue et asservie par Athènes qui envoya par la suite des colons dans l’île.
 
   Naxos appartint ensuite à la Ligue des Nésiotes, État fédéral regroupant les Cyclades, créé, vers 314/313, par le Macédonien, Antigonos I Monophtalmos (Roi, 306-301). Elle suivit ensuite la destinée de la région, elle passa sous domination des Ptolémée d’Égypte. Les années suivantes elle redevint Macédonienne, puis possession de Rhodes. En 166 elle fut prise par les Romains qui l’inclurent dans leur Empire. En 41 avant notre ère, l’île fut intégrée à la province Romaine des îles dont la capitale fut Rhodes. La tradition locale veut que l’île fut évangélisée depuis Patmos (Île Grecque faisant partie de l’archipel du Dodécanèse, en mer Égée) par des disciples de Saint Jean (ou Saint Jean l’Évangéliste), des proches de Polycarpe de Smyrne (69 ou 89-v.155). Les premiers Évêques avérés de l’île furent : Auxentius, qui fut présent au Concile de Sardica en 347 et Varachos, présent au Concile de Chalcédoine en 451. Vers le milieu du VIe siècle, en raison des raids arabes, le centre de gravité de l’île quitta les bords de mer pour le plateau de Traghéa et les abords de la forteresse d’Apalyrou.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Naxos voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde Grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Charles A.Frazee et Kathleen Frazee :
The island princes of Greece : The dukes of the archipelago, A.M. Hakkert, Amsterdam, 1988.
Marie-Christine Fayant et Simone Follet :
Recherches sur les légendes de l’Attique, du Péloponnèse et des îles dans les Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, Éditeur inconnu, Paris, Janvier 1996.
Gottfried Grube :
Architektur auf Naxos und Paros, W. de Gruyter, Berlin, New York, 1991.
Sophie Katsouros et Kōnstantinos A.Katsouros :
Naxos et petites îles des Cyclades, Toubi’s, Athènes, 2001-2008.
Kōnstantinos A.Katsouros :
Naxos : The flower of the East, en Grec, Naxos, to anthos tēs Anatolēs, Historikos Homilos Naxou “ARSOS”, Naxos, 1998.
Lila Marangou :
Cycladic culture : Naxos in the 3rd millenium BC, N.P. Goulandris foundation Museum of Cycladic art, cop, Athènes, 1990.
Dirk Schönrock :
Naxos, M. Müller, Erlangen, 4 Édition 2009.
William Smith :
A dictionary of Greek and Roman antiquities, ed. LLD, W.Wayte, G.E.Marindin, Little Brown and Co., 1842,1890.
Photini Zaphiropoulou et Béatrice De Tournay :
Naxos : Monuments et musée, Ed. Kréné, cop. Athènes, 1988.

 

 

Orchomène  de  Béotie

 
   Orchomène (ou Orchomenus ou Orchomenos Orkhómenos, en Grec : ‘Oρχομενός) fut le nom de plusieurs cités-États Grecques et en particulier d’une cité de Béotie, au Nord de la plaine du lac Copaïs (ou Copaïde) à l’endroit où débouchait le fleuve Céphise (ou Kifisos ou Khèphisos ou Mavronero) et une en Arcadie. Orchomène de Béotie fut l’une des plus belles et des plus agréables villes de cette province. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180.) dit qu’elle porta d’abord le nom de Minyée, ce qui est confirmé par Pline le Jeune (ou Caius Plinius Caecilius Secundus, écrivain et homme politique Romain, 61-v.114, livre IV. ch. viij) qui la nomme Orchmenus Minyoeus Antea Dictus.


 

Théâtre d’Orchomène de Béotie

 
   La cité s’opposa toujours en Béotie à la suprématie de Thèbes, mais cette dernière réussit à l’éclipser. Orchomène fut le siège du culte des Charites (Assimilées aux trois Grâces par les Romains, qui sont des Déesses personnifiant la vie) où un temple leur était dédié, qui passe pour un des plus anciens de toute la Grèce. C’est encore à Orchomène qu’était la fontaine Acidalie où les Charites venaient se baigner.
 
   Il ne faut pas confondre l’Orchomène de Béotie avec l’Orchomène d’Arcadie près de Mantinée. Homère (Poète, fin du VIIIe siècle), avant Pausanias, les a très bien distinguées. Il caractérise cette dernière dans l’Iliade (B.v.606) par le qualificatif de "riche en troupeaux". Orchomène d’Arcadie, que Pline le Jeune (liv.IV. ch.vj) appelle Orchomenum, se situait près du lac de Phénée, à l’Est du fleuve Ladon.
 
   De 1880 à 1886, Heinrich Schliemann fouilla Orchomène. Il mit au jour une tombe à Tholos (Construction monumentale de forme circulaire) qu’il appela le “Tombeau de Minyas”. En 1881, Schliemann fut aidé dans ses fouilles par l’architecte et historien Ernst Ziller. En 1893, André de Ridder fouilla le temple d’Asclépios et quelques sépultures de la nécropole Romaine. De 1903 à 1905, une mission archéologique Bavaroise sous la direction d’Heinrich Bulle et Adolf Furtwängler effectua des excavations avec succès sur le site. La recherche se poursuivit entre 1970 et 1973 par le Service Archéologique sous la direction de Théodore Spyropoulos. Il mit au jour le palais Mycénien, un cimetière préhistorique, l’ancien amphithéâtre et d’autres structures.
 

L’histoire…….

 
   Orchomène fut située à l’embouchure d’une rivière dans laquelle finissait l’Hippocrène, lieu de prédilection des Muses dans les écrits des poètes. Dans la légende elle fut la capitale des Minyens (Race légendaire de héros dont la branche principale, d’après l’Iliade, vivait à Orchomène, IL.II,511). Les premières traces de peuplement datent de la période autour de 6000. Un type de poteries fines, grises, datant de la période du Helladique moyen (2000-1600), mises au jour lors des fouilles faites par Heinrich Schliemann, donna le terme : Poterie Minyenne, inspiré par les mythiques résidents de la ville. Celle-ci devint particulièrement importante lors de l’époque Mycénienne (v.1450 à v.1200). Dans cette seconde moitié du 2e millénaire Orchomène fut probablement la capitale d’un riche État Mycénien.
 


 

Vestiges de la forteresse
d’Orchomène de Béotie

    Des traces d’un palais et surtout de magnifiques tombes, témoignent de cette richesse de la ville et de sa puissance. La richesse d’Orchomène venait de la fertilité de la plaine autour du lac Copaïs (ou Copaïde), après le drainage du lac. Le déclin de la ville est évoqué dans un mythe : Héraclès, héros de la cité rivale de Thèbes, aurait détruit le système de drainage et inondé la plaine. La cité connut un son apogée au VIIe siècle.
 
   Plus tard, vers 600, Orchomène fit partie de la Ligue Béotienne (ou Confédération Béotienne) dissoute après la bataille de Platées (479), perdue par les Thébains, du fait de leur alliance avec les Perses. Elle frappa sa monnaie à partir du milieu du VIe Siècle. En 427/26 Orchomène fut très endommagée par un tremblement de terre majeur, comme le rapporte Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.400/395 – Thuc. III 87,4). Dans la guerre entre Thèbes et Sparte, Orchomène prit le côté des Spartiates, qui perdirent le conflit à la bataille de Leuctres le 06 Juillet 371. La ville fut épargnée, mais en 364, elle fut détruite par Thèbes qui la supplanta sur toute la Béotie. En 355, les Phocidiens la reconstruisirent, mais, les Thébains firent une nouvelle destruction en 349.
 
   La vaste plaine entre Orchomène et l’acropole de Chéronée connue deux batailles d’importance majeure dans l’antiquité. En 338, le Roi de Macédoine Philippe II (359-336) y vaincu Thèbes et Athènes sur la plaine de Chéronée au cours de la première bataille du même nom, en établissant la suprématie Macédonienne sur les cités-États. Au cours de la campagne de son fils Alexandre le Grand (336-323) contre Thèbes en 335, Orchomène prit le parti des Macédoniens. En récompense, Alexandre fit reconstruire la ville, travaux qui avaient été commencés sous son père, dont le théâtre et les murs de fortification sont encore visibles aujourd’hui. En 87/86, ce fut à Orchomène que le Général de l’armée Romaine Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla, 138-78), dans sa guerre contre le Roi du Pont, Mithridate VI (120-63), Première Guerre de Mithridate, alors que ses troupes l’abandonnaient, rassura ses soldats et leur redonna du courage. Il  leur dit :

"Soldats, au moins de retour chez vous, quand on vous demandera où vous avez laissé votre Général, n’oubliez pas de dire que c’est à Orchomène".

Il regagna à sa cause par cette phrase les déserteurs et gagna la bataille d’Orchomène contre l’armée du Roi Mithridate VI. Après cela Orchomène continua d’exister mais resta toujours une petite ville insignifiante de Grèce.
 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Orchomène de Béotie voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
John Buckler :
The Charitesia at Boiotian Orchomenos, pp : 49-53, American Journal of Philology 105, N°1, 1984.
Katie Demakopoulou :
Troy, Mycenae, Tiryns, Orchomenos, Altes Museum, Berlin, Musée archéologique national, Athènes, Museum für Ur- und Frühgeschichte, Berlin, Ministry of Culture of Greece, Greek Committee, Athènes, 1990.
Erwin Freund :
Orchomenos, pp : 492-494, Lexikon der historischen Stätten, Siegfried Lauffer, München, 1989.
Mogens Herman Hansen :
Orchomenos, pp: 446-448, An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, 2004.
Jakob Aall Ottesen Larsen :
Orchomenus and the formation of the Boeotian confederacy in 447 B.C., pp : 9-18, Classical philology : A quarterly journal devoted to research in the languages, literatures, history, and life of Classical Antiquity 55, N° 1, 1960.
Penelope A.Mountjoy :
Mycenaean pottery from Orchomenos, Eutresis and other Boeotian sites, Verlag der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, München, Janvier 1983.
André de Ridder :
Fouilles d’Orchomène, Bulletin de correspondance hellénique, Persée, 1895.
William Smith :
A dictionary of Greek and Roman antiquities, ed. LLD, W.Wayte, G.E.Marindin, Little Brown and Co., 1842,1890.

 

 

Orchomène   d’Arcadie

 

   Orchomène (ou Orchomenum ou Orchomenus ou Orkhómenos, en Grec : Orkhómenos ou ‘Oρχομενός) fut le nom de plusieurs cités-États Grecques et en particulier d’une cité d’Arcadie près de Mantinée. Homère (Poète, fin du VIIIe siècle, Il. ii. 605), avant Pausanias  (Géographe Grec, v.115-v.180.), les a très bien distinguées. Il caractérise cette dernière dans l’Iliade (B. v. 606) par le qualificatif de "riche en troupeaux". Thucydide (Homme politique et historien Athénien, v.460-v.395) l’appela Orchomenus. Orchomène d’Arcadie, que Pline le jeune (liv. IV. ch. vj) appela Orchomenum, se situait près du lac de Phénée, à l’Est du fleuve Ladon, à une altitude de 750 m. Ses ruines se trouvent à proximité de la ville moderne de Kalpaki. Ses voisines étaient, au Sud-est Mantinée, à 15 km. et Tégée, encore un peu plus au Sud.
 
   Il ne faut pas confondre avec l’Orchomène de Béotie qui se situait au Nord de la plaine du lac Copaïs (ou Copaïde). La cité était entourée de tous les côtés par des montagnes. La plaine où elle se trouvait était bordée : Au Sud par des collines basses, appelées Anchisia, au Nord par une grande chaîne, appelée Oligyrtus et enfin à l’Est et à l’Ouest par deux chaînes parallèles (Qui n’avaient aucun nom spécifique dans l’Antiquité). La plaine avait un accès réduit par un étroit ravin entre deux collines. La colline de l’Ouest était appelée Trachy (En Grec : Τραχύ) dans l’Antiquité, à l’Ouest du sommet de la montagne se trouvait l’acropole d’Orchomène. Elle s’élevait à près de 900 m. de hauteur. Elle ressemblait à la forteresse Messénienne d’Ithômé (Sur le mont du même nom, à Messène).

 

 L’histoire…….

 
   Par sa situation et son histoire légendaire, nous pouvons en déduire qu’Orchomène était une des plus puissantes cités d’Arcadie. Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180- Livre VIII. 3. § 3) rapporte que la ville fut fondée par un héros éponyme, le fils de Lycaon (Roi d’Arcadie qui était réputé pour son mépris des Dieux). Mais la tradition veut que ce fut à la mort d’Arcas (Fils de Zeus et de Callisto et Roi éponyme d’Arcadie) où la région fut partagée entre ses trois fils, qu’un de ceux-ci, Elatus, obtint en part Orchomène. Héraclide du Pont (Ponticus Heraclides, 388-315, philosophe Grec Platonicien) nous avance que les Rois d’Orchomène auraient régné sur presque toute l’Arcadie. Pausanias donne aussi une liste des Rois d’Orchomène, qu’il représente en même temps comme Roi d’Arcadie.
 


 

Ruines du stade d’Orchomène d’Arcadie

   L’un de ces Rois, Aristocrates I (ou Aristacratos ou Aristocrate ou Aristocratès, en Grec : Aristocratos, vers 720), selon Pausanias, fils d’Aechmis (ou Æchmis ou Échmis, vers 740), fut lapidé à mort par le peuple pour avoir violé la vierge Prêtresse d’Artémis d’Hymnia. Son fils Hicétas (ou Hicetas, en Grec : Ικέτας, v.700) lui succéda, dont on ne sait rien.
 
   Puis le fils de celui-ci, Aristocrates II (ou Aristacratos ou Aristocrate ou Aristocratès, v.680 à v.670) arriva au pouvoir. Au cours de la Deuxième Guerre de Messénie (685-668 ou 670-657 ou v.650-620) il trahit les Messéniens, lors de la bataille dite "du Grand Fossé", au profit des Spartiates. Vers 670, il fut, comme son grand-père, lapidé. Il semble avoir été le dernier Roi d’Orchomène, qui régna sur l’Arcadie, la royauté sur toute la région étant sûrement supprimée.
 
   Toutefois, sa famille ne fut pas privée du royaume d’Orchomène, puisque comme il est indiqué dans certaines sources, nous trouvons son fils Aristodème (ou Aristodemos ou Aristódêmos, en Grec ‘Aριστόδημος de αριστος aristos “meilleur” et δημος dêmos “peuple“, v.670 à v.650) présenté comme Roi de la ville (Pausanias. Livre VIII. 5; Polybe. Livre IV. 3; Héraclide du Pont. Lc). Il semblerait, en effet, que la royauté continua d’exister à Orchomène longtemps après son abolition dans la plupart des autres villes Grecques, car Théophile (ou Théophilus, historien et géographe) raconte qu’un Pisistrate (ou Peisitratos ou Peisistratus ou Pisistratus, en Grec : Πεισίστρατος, v.425) fut Roi d’Orchomène lors de la Guerre du Péloponnèse (431-404). Lors de son règne il fut l’objet d’une haine profonde de la part du parti oligarchique et il fut assassiné dans une assemblée du Sénat. Pour éviter de retrouver son corps, il fut coupé en morceaux et les parties furent dissimulées par les Sénateurs dans leurs robes. Tlésimaque (ou Tlesimachus), son fils, qui était sûrement de la conspiration, calma le peuple, qui était irrité de la disparition de leur Roi, par une histoire fantastique, comme quoi son père lui serait apparu sous une forme surhumaine après avoir quitté la terre.
 
   Selon Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425 – Enquête VIII. 102), lors des Guerres Médiques (499-479) Orchomène envoya, le 18/19/20 Août 480, 120 hommes à la bataille des Thermopyles et 600 hommes à celle de Platées, en 479 (ix. 28). Lors de la Guerre du Péloponnèse, les Spartiates déposèrent à Orchomène les otages qu’ils avaient pris en Arcadie. Les murs de la ville étaient alors dans un état de délabrement important et quand les Athéniens et leurs alliés du Péloponnèse avancèrent, en 418, contre la ville. Orchomène n’opposa pas de résistance et remit les otages.
 
   À partir de cette époque la cité perdit son importance politique, mais compte tenu de sa situation géographique, sa possession fut fréquemment l’objet de conflits entre les pouvoirs de l’époque. Après la guerre entre le Régent de Macédoine, Polyperchon (319-317) et Cassandre (Roi de Macédoine de 301-297), en 313, la ville tomba entre les mains de ce dernier. Orchomène épousa ensuite le parti de la Ligue Étolienne (Constituée au IVe siècle, elle atteignit sa plus grande expansion en 226), mais elle fut prise par le Roi de Sparte Cléomène III (235-219). Elle fut ensuite reprise par le Roi de Macédoine, Antigonos III Dôson (229-221), qui pilla la ville et y plaça une garnison. La cité suivit alors l’histoire de la région et avec elle passa aux mains des Romains.
 
   Pausanias, lors de sa visite e la ville, fit une description des vestiges de la cité. Il mentionne : Une source abondante, les temples de Poséidon et d’Aphrodite avec des statues de pierre et plusieurs morceaux de colonnes en marbre blanc, des tumuli principalement composés de pierres. Près de la ville une statue en bois d’Artémis était enfermée dans un grand cèdre, elle est appelée "Cedreatis". Quand au XIXe siècle William Smith visita le site, la vieille ville sur le sommet de la montagne était en ruines et il ne restait que quelques vestiges de l’agora et des remparts de la cité, mais au pied de la Montagne une petite ville était encore habitée, le village moderne de Kalpaki. Sur le territoire d’Orchomène, mais jouxtant celui de Mantinée, sur le versant Nord du mont. Anchisia, était le temple d’Artémis d’Hymnia, qui était tenu en haute vénération par tous les Arcadiens depuis les temps les plus reculés. Son site est probablement indiqué aujourd’hui par une chapelle de la Vierge Marie.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Orchomène d’Arcadie voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Susanne Grunauer von Hoerschelmann :
Orchomenos, Siegfried Lauffer (Hrsg.), Griechenland, Lexikon der historischen Stätten, C. H. Beck, München, 1989,
Théodore Reinach :
Inscription d’Orchomène d’Arcadie, Fontemoing, Paris, 1904.

 

 

Sicyone

 

Vestige du théâtre de Sicyone

 


   Sicyone (ou Sicyon ou Sikyon ou Sikyôn, en Grec : Sikyôn ou Σικυών) fut une cité-État de l’Arcadie (Dans le Péloponnèse) située sur un plateau, sur le golfe de Corinthe, entre Corinthe et Pellène (en Achaïe). La cité était réputée pour être l’une des plus anciennes de Grèce. Elle fut connue sous les noms : d’Égialée (ou Ægialée), puis de Méconé.
 
   Son héros éponyme, Égialée, fut selon Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180.) un autochtone de la région de la ville qui eut trois fils, Europs, Europs Telchis et Telchis Apis et selon le pseudo-Apollodore (Nom donné à l’auteur de la Bibliothèque, anciennement attribué à Apollodore d’Athènes, IIe siècle av.J.C), il fut le fils du Dieu d’Argolide Inachos et de l’Océanide Mélia et le frère de Phoronée.
 
   La plaine côtière du golfe de Corinthe, fut l’une des régions les plus riches du Péloponnèse. En plus du grain, du vin, des raisins secs et des légumes on y cultivait de grandes oliveraies et on y élevait des chevaux, objet de luxe de l’antiquité. Cependant, la principale industrie de la Polis était la transformation des métaux (le bronze en particulier), l’artisanat et la poterie.
 
   La réputation réelle Sicyone était basée sur la peinture sur vase et la sculpture. Vers 450 av.J.C. la gloire de l’école de Sicyone, fut un point culminant dans l’art du bronze. Un produit d’exportation de la cité également célèbre était les chaussures de luxe pour femmes.
 
   Parmi les personnages célèbres de la cité on compte :
Butades (ou Dibutades – VIIe siècle) qui fut potier et sculpteur ;
Canache (ou Canachos ou Canachus ou Kanakhos, en Grec : Κάναχος – VIe siècle) qui fut sculpteur ;
Aristocle (En Grec : ‘Aριστοκλς – Ve siècle) qui fut sculpteur ;
Praxilla (En Gec : Πράξιλλα – Ve siècle) qui fut une poétesse ;
Eupompe (ou Eupompos ou Eupompus, en Grec : Επομπος – IVe siècle) qui fut le fondateur de la grande école de peinture de la cité ;
Mélanthios (ou Mélanthius, en Grec : Μελάνθιος -IVe siècle) qui fut un peintre, célèbre aussi pour ses dessins ;
Pausias (En Grec: Παυσίας – IVe siècle) qui fut un peintre supposé avoir été l’inventeur de la méthode de peinture à la cire ;
Lysippe (ou Lysippos, en Grec : Λύσιππος – 395-305) qui fut un sculpteur et bronzier. Son œuvre la plus connue est une statue de Troïlos, un vainqueur des Jeux olympiques en 306 ;
Eutychidès (en Grec : Ετυχίδης – IVe siècle) qui fut un sculpteur. Il fut l’élève de Lysippe. Son œuvre la plus connue est une statue de la Déesse Tyché réalisée pour la cité d’Antioche ;
Lysistrate (ou Lysistratos ou Lysistratus, en Grec : Λυσίστρατος Σικυώνιος – IVe siècle) qui fut un sculpteur frère de Lysippe ;
Xénocrate (ou Xenokrates, en Grec : Ξενοκράτης – Vers 280) qui fut un sculpteur et un écrivain ;
Sostrates (ou Sostratus ou Sostratos, en Grec : Σώστρατος – IIIe siècle) qui fut un pancrace (Sport de combat Grec) trois fois champion olympique (364, 360 et 356) ;
Aratos de Sicyone (ou Aratus, en Grec : ‘Aρατος – 271–213) qui fut un Stratège de la Ligue Achéenne.

 

L’histoire…….

 
   Sicyone fut fondée par les Ioniens au XXe siècle. Elle fut prise ensuite lors de l’invasion des Doriens et passa sous tutelle d’Argos. La liste des Rois, donnée par Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180.), comprend 24 souverains, à commencer par l’autochtone Égialée (ou Ægialée ou Aegialeus ou Aigialeús, en Grec : Αγιαλεύς). Dans la mythologie Grecque il fut le fondateur mythique de la ville d’Égialée, ensuite renommée Sicyone. L’avant-dernier Roi de la liste, fut Agamemnon, qui la réunit à Mycènes. Après lui vinrent les Doriens avec l’usurpateur Phalces. Pausanias partage sa source avec le Castor de Rhodes (Écrivain et chronographe Grec du Ier siècle ap.J.C). La source commune a été reconnue convaincante par les spécialistes et identifié par Felix Jacoby. La cité fut prospère et atteignit son apogée sous la Tyrannie des Orthagorides (Dynastie des Orthagoras) de 670 à 510, qui était une lignée de Tyrans anti-Doriens. La cité comptait quatre tribus, trois d’origine Dorienne et une regroupant les anciens habitants Achéens.
 


 

Ruines d’une Tholos à Sicyone

   Profitant de l’hostilité entre ces tribus, Orthagoras (En Grec : Orthagoras, 676 à v.650 ou vers 655 ou 648) réussit à prendre le pouvoir et fonda la dynastie des Orthagorides. Il vint d’une famille aristocratique de Sicyone et il gagna la guerre contre la ville voisine Pellène, ce qui lui amena une bonne réputation parmi ses pairs. Son prestige social élevé était soutenu par la majorité aristocratique, ce qui lui permit d’avoir une grande influence dans la lutte de pouvoir pour la cité et d’établir sa tyrannie.
 
   Il fut suivit à la tête de la vile par son fils (?) Myron I (v,650 à v.630), dont on ne sait rien. Puis un Aristonymos (ou Aristonimos ou Aristonymus, en Grec : ‘Aριστώνυμος, vers 630 à ?) pas plus connu et souvent confondu avec le Aristonymos d’Athènes envoyé pour réformer la constitution des Arcadiens. Il y a plusieurs version sur sa succession. La plus rependue est que ses deux fils Myron II et Isodamos (ou Isodemus ou Isodemos, ? à 601) lui succédèrent. Ce dernier assassinat son frère qui fut remplacé sur le trône par un troisième fils Clisthène avec qui il dut régner conjointement.
 

 

   Clisthène (ou Klisthène ou Clisthenes ou Kleisthenēs, en Grec : Κλεισθένης, 601 à vers 570 ou 600 à 550) après un court partage conjoint du pouvoir avec Isodamos il devint le seul maître de Sicyone. Nicolas de Damas (ou Nikolaos, historien et philosophe de langue Grecque, Ier siècle av.J.C) raconte que Clisthène convint Isodamos de quitter la ville pendant un an pour faire l’expiation de l’assassinat, ce dernier partit alors à Corinthe. Peut-être qu’Isodamos bénéficiait du soutien de la famille noble qui gouvernait la ville, voire même de Périandre (627-587) directement. Toujours selon Nicolas de Damas Clisthène aurait en fait joué de ruse et voulait prendre la prétexte de l’asile accorder par Corinthe pour attaquer la ville, mais rien de tel n’est mentionné nulle part.
 
   Le caractère de son règne est contradictoire et controversé en fonction des auteurs. Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425) l’évoque dans ses Histoires (Enquête – livre V) et dit que les membres de la dynastie Orthagoride traitaient généralement leur sujets avec respect et appliquaient les lois tel qu’elles avaient été votées. À propos de Clisthène, il écrit qu’il récompensa un juge pour son travail. En revanche, Éphore de Cymé (ou Éphore de Cumes, orateur et historien Grec, IVe siècle av.J.C.) décrit Clisthène comme violent.
 
   Peu de temps après sa prise de pouvoir Clisthène participa à la Première Guerre Sacrée (600-590) qui naquit d’une querelle entre Delphes et Crissa (ou Crisa ou Krissa ou Kirrha ou Cirrha), deux villes voisines. Il prit le parti de la première et sortirent vainqueurs. Après avoir détruit Crissa, en 595, il reçut pour ses efforts dans la guerre un tiers du butin. Il est également dit que Clisthène organisa avec succès une guerre contre Argos en raison de ses sentiments anti-Doriens. Mais en fait, à propos de la guerre elle même et des raisons qui l’on conduite on ne sait rien, pas même sa durée. Cependant, nous sommes relativement bien informés sur les conditions de sa politique intérieure à Sicyone. Après sa victoire, il chercha à établir une réforme démocratique.
 
   Pour ce faire, en premier lieu, il souhaita chasser l’image d’Adraste, héros légendaire de la ville qui avait un temple dédié à son culte et qui jouait un rôle important dans la cité. Clisthène voulait aussi mettre fin à ce culte, parce qu’Adraste avait été un Argien. Il consulta la Pythie de Delphes pour obtenir son accord, mais, selon Hérodote, celle-ci hostile au régime des Orthagorides, lui répondit : "Qu’Adraste fut le Roi de Sicyone et lui un misérable à lapider". Contre l’avis de la Pythie Clisthène remplaça le culte à Adraste par un à Mélanippos, autre héros, qui fut l’ennemi juré d’Adraste parce qu’Adraste avait tué son frère et son père. Beaucoup de spécialistes pensent que cet évènement eut lieu avant la Guerre Sacrée, car Clisthène étant le vainqueur de Crissa la Pythie de Delphes n’aurait pas eu ce ton.
 


 

Temple d’Artémis Limnai – Sicyone

   La principale innovation de son règne, que mentionne Hérodote, fut la réforme du système tribal de la ville de Sicyone. L’historien dit qu’il donna de nouveaux noms à toutes les tribus, appelant sa propre tribu, Chef du peuple, et nomma les trois autres tribus d’après divers nom d’animaux. Hérodote ne précise cependant pas exactement de quoi la réforme de Clisthène était faite. Quelle que fut cette réforme, il est dit qu’elle eut un très grand succès pour toutes les tribus qui gardèrent leur nom longtemps, même après la mort de Clisthène.
 
   Le prestige de Clisthène devint évident et le nombre de prétendants qui aspiraient à la main de sa fille Agaristè (ou Agaristes ou Agarista) devint important. Cependant avec son mariage Clisthène voulait former une alliance stratégique. Hérodote rapporte que Clisthène, organisa un concours pour donner la main de sa fille, ouvert à tous les Grecs. Les prétendants devaient subir une procédure de sélection tout au long de l’année et la liste des candidats fut longue. Les deux principaux finalistes furent l’Alcméonide Mégaclès I (ou Megaklês) d’Athènes et Hippoclidès (ou Hippoclides ou Hippocleides). Ce dernier s’étant ridiculisé en dansant en état d’ivresse, ce fut Mégaclès I qui obtint le "trophée". De ce mariage naquirent deux fils : Hippocrate et Clisthène. Celui-ci, à Athènes, dirigea la grande réforme de la ville. Clisthène mourut autour vers 570 et il fut remplacé par Eschine (ou Aeschines ou Aiskhínês, en Grec : Αiσχίνης, vers 570 à ?), dont la parenté avec lui est loin d’être claire. Certaines sources disent que ce dernier abdiqua.
 
   Sicyone devint un grand centre culturel, notamment dans le domaine de la sculpture. Ses ateliers de bronze et de céramique étaient très réputés. Son école de sculpture forma tout au long de l’Antiquité de grands artistes comme Lysippe (ou Lysippos, en Grec : Λύσιππος, Sculpteur et bronzier, 395-305), Polyclète (sculpteur Grec du premier classicisme, Ve siècle) et Scopas (Sculpteur et architecte, 420-330). La prospérité de la ville perdura jusqu’à la fin du VIe siècle. La cité tomba à cette époque sous la domination de Sparte. Elle participa alors à la Ligue du Péloponnèse. Désormais, sa politique fut généralement déterminée soit par Sparte soit par Corinthe. En 494, à la bataille de Sepeia, près de Tirynthe, elle fut immergée dans une coalition avec Sparte et Égine contre Argos. La contribution de la cité fut particulièrement en navires de guerre. Au cours du Ve siècle, Sicyone, comme Corinthe, souffrit de la rivalité commerciale avec Athènes dans les mers occidentales et elle fut harcelée à plusieurs reprises par des escadrons de vaisseaux Athéniens.
 
   Tout au long de ce siècle elle fut impliquée dans tous les événements politiques et militaires majeurs :
– Dans les Guerres Médiques (499-479), où dans la défense contre le Roi Perse, Xerxès I (486-465) elle fut présente à la bataille de Salamine (29 Septembre 480) avec quinze galères et à la bataille de Platées (Août 479) avec 3.000 hoplites;
– Dans la Guerre du Péloponnèse (431-404) où, contre Athènes, elle suivit le camp de Sparte et fournit navires et hoplites. Position qu’elle garda même après la Paix de Nicias, en 421, contrairement à d’autres cités comme Corinthe, Mégare et Thèbes;
– Plus tard dans la Guerre de Corinthe (395-387/6), Sicyone prit encore une fois le parti de Sparte. La Polis se produisit en tant que puissance de contrôle de la partie Nord du Péloponnèse et devint la base des opérations contre les troupes de Corinthe. Elle fut un atout important des Spartiates à la bataille de Némée, livrée en 394, contre une coalition formée des cités d’Argos, Athènes, Corinthe et Thèbes. Elle se termina par une victoire des Spartiates, qui ne purent cependant pas en tirer pleinement profit.


 

Monnaie de Sicyone – 360-330

 
   Toutefois elle fut contraint d’adhérer à la confédération maritime de cités Égéennes, la 2e Ligue de Délos (ou Seconde Confédération Athénienne, 377-355 ou 379/378-355), alignée contre Argos. Avec la montée en puissance de Thèbes sous Épaminondas (Général et homme politique Béotien, 418-362) et la défaite de Sparte à la bataille de Leuctres le 6 Juillet 371, Sicyone se retrouva dans une position fragilisée. En 369, elle fut prise par les Thébains dans une attaque réussie sur la Ligue du Péloponnèse. En 367 Sicyone tomba sous le contrôle d’un ancien Oligarque, Euphron qui mit en place une tyrannie aidé par des troupes d’Argos.

 

   Par la persécution brutale de ses adversaires politiques, il précipita la ville dans une tourmente interne grave, qui attira l’intervention de ses voisins les plus importants. À la tête de ceux-ci, Énée le Tacticien (ou Énée de Stymphale ou Enée Taktikos), Stratège et militaires, qui libéra la cité. Le conflit se termina par l’assassinat d’Euphron. Plus tard, en 303, sous son Tyran Cléon (En Grec : Κλέων, 303 à ?), fondateur de la Dynastie des Aristratos, elle fut détruite par le Macédonien Démétrios I Poliorcète (Roi 294-287) et fut rebâtie non loin de son emplacement initial. La ville eut ensuite à sa tête des co-Tyrans, Euthydème (ou Euthydèmes ou Euthymdus ou Euthididnos, ? à 282) et Timocleidas (? à 264). Ils furent tous deux déposés par les citoyens de Sicyone et remplacés par Clinias.
 
    Selon Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), seulement Euthydème fut remplacé par Clinias (ou Klínías, en Grec : Κλείνίας, 282 à 264) qui fut le père d’Aratos I de Sicyone, le Stratège de la Ligue Achéenne. Clinias eut un adversaire politique acharné Abantidas (ou Avandídas, en Grec : ‘Aϐαντίδας, 264 à 252) qui le fit assassiner en 264 et devint à la mort de Timocleidas le Tyran de la ville. Il fut le fils de Paséas. Abantidas élimina par l’assassinat ou l’exil les partisans de ces prédécesseurs. Aratos I, à l’époque âgé de sept ans, fut sauvé par la propre sœur d’Abantidas qui l’aida à fuir la cité. Abantidas fut lui-même assassiné peu après par des Sicyoniens, alors qu’il débâtait avec des philosophes sur l’agora. Son père Paséas (ou Paséos, en Grec : Πασέας, 252 à 251) lui succéda, mais pour peu de temps puisque lui aussi fut assassiné en 251 par Nicoclès (ou Nikokles, en Grec : Νικοκλής, 251) et ses partisans qui prit le pouvoir. Pouvoir qu’il ne garda que 4 mois aux cours desquels il envoya en exil quatre-vingts citoyens de la cité. Surpris par la révolte et l’incendie de son palais par une partie des exilés que menaient Philopoemen (ou Philopoímên ou Philopœmen, Homme politique et Général Grec, 253-183), Stratège de la Ligue Achéenne et Aratos I, Nicoclès parvint à s’échapper par un passage souterrain. On ne sait pas ce qu’il advint de lui par la suite.
 
   Après le renversement de Nicoclès, la ville fut un membre dirigeant de la Ligue Achéenne dont l’homme d’État le plus influant fut Aratos I de Sicyone, Stratège de la Ligue. Puis, lors des campagnes de Rome contre la Ligue Achéenne, son ancienne alliée, suite à un diffèrent entre Athènes et Oropos (Ville portuaire de l’Attique, à la frontière de la Béotie), les richesses de Corinthe attirèrent les Romains et elle fut assiégée, prise et mise à sac, lors de l’été 146, par Lucius Mummius Achaicus (Général Romain, Consul en 146). Ses habitants furent massacrés ou réduits en esclavage. Cet épisode marqua la fin définitive de l’indépendance de la cité. Elle cessa d’exister pendant près d’un siècle et son territoire fut administré par Sicyone.
 
   La ville récupéra aussi la présidence des Jeux Isthmiques. Malgré ces nouveaux atouts, on sait qu’à l’époque de Cicéron (ou Marcus Tullius Cicero, homme politique Romain, avocat, écrivain et philosophe, 106-43) Sicyone était profondément endettée. Sa situation ne s’arrangea pas sous l’Empire Romain avec les reconstructions de villes importantes comme Corinthe et Patras (ou Patrai), ville d’Achaïe, au Nord de la péninsule du Péloponnèse. De plus, elle fut détruite par un tremblement de terre en 23 ap.J.C. Ce qui fait qu’à l’époque de Pausanias (Géographe Grec, v.115-v.180) la cité était pratiquement déserte. Elle eut un sursaut à l’époque Byzantine puisqu’elle fut le siège d’un évêché.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Sicyone voir les ouvrages de :
 
Marie Claire Amouretti et François Ruzé :
Le monde grec antique, Hachette université, Paris, 1978.
Hendrik Gerard Beyen et Carl Wilhelm Vollgraff :
Argos et Sicyone; études relatives à la sculpture grecque de style sévère, M. Nijhoff, La Haye, 1947.
Peter J.Bicknell :
Herodotos 5.68 and the racial policy of Kleisthenes of Sicyon, pp : 193–201, Greek, Roman and Byzantine Studies 23, N°3, 1982.
Nikólaos Faráklas :
Sikyo̲nía, Athens Center of Ekistics, Athènes, 1971.
Hans-Joachim Gehrke :
Jenseits von Athen und Sparta. Das dritte Griechenland und seine Staatenwelt, Beck, München, 1986.
Audrey Griffin :
Sikyon, Clarendon Press, Oxford, 1982.
Nicholas G.L.Hammond :
The family of Orthagoras, pp : 45–53, The Classical Quarterly 50 = N. S. 6, N° 1/2, 1956.
Malcolm F.McGregor :
Cleisthenes of Sicyon and the Panhellenic festivals, pp : 266–287, Transactions and Proceedings of the American Philological Association 72, Janvier 1941.
Charles Hannord Skalet :
Ancient Sicyon with a prosopographia Sicyonia, Johns Hopkins Press, Baltimore, 1928.
Raphael Sealey :
A history of the Greek city states, ca. 700-338 B.C., University of California Press, Berkeley, 1976.

 

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