L’histoire…….
Le royaume des Mèdes (En Persan :
ماد Mad ou Māda,
en Babylonien : Umman-Mand,
en Grec : Μηδία Media, en Kurde : Mâd)
se constitua dans la portion Nord-ouest de l’Iran actuel, avec pour capitale
Ecbatane (ou Hangmatana ou Hamadan). Dans la réalité
l’origine et l’histoire des Mèdes restent assez obscures car nous
ne possédons presque aucune information contemporaine et pas un seul monument ou inscription des Mèdes eux-mêmes.
Jusqu’à présent, donc, les résultats des recherches ne permettent pas une
définition claire de la culture Mède. Il est juste assez clair que dans le premier quart du premier millénaire avant notre ère,
des nomades éleveurs parlant une sorte de langue Indo-iranienne, s’infiltrèrent dans le Zagros, s’installant parmi la population
indigène.
Au niveau archéologique, les chercheurs ont souvent attribué des objets aux
Mèdes, simplement parce qu’ils les avaient trouvé sous la couche identifiée comme
Achéménide. L’histoire de Ctésias de
Cnide (Médecin
Grec d’Artaxerxès II, historien de la Perse
et de l’Inde, mort v.398) qui donne une liste de neuf Rois, commençant par Arbacès (ou Arbakes, 833-805), qui aurait détruit
Ninive dans Années 880 av.J.C,
copiée plus tard par de nombreux auteurs, n’a malheureusement aucune valeur historique.
Quelques-uns des noms de souverains peuvent être dérivés des traditions locales. L’historien donne ensuite : Mandakes (805-755),
Sosarmos (755-725), Artykas (725-675), Arbianes (675-653), Artaios (653-613), Artynes (613-591),
Artibaras (591-551) et Aspadas (ou Astyages, 551-550). La liste des dirigeants Mèdes, retenue aujourd’hui et leurs dates de
règne, est établie conformément à celle d’Hérodote
(Historien Grec,
484-v.425, I. 101), et celle des Chroniques
Babyloniennes.
Bas-relief représentant des Mèdes apportant des
chevaux en tribut à Sargon II – Musée du Louvre |
Les Mèdes, "Peuple de la Mada", apparaissent dans l’histoire en 836/835. Des premières mentions montrent que l’Empereur
Assyrien conquérant,
Salmanasar III
(ou Shalmaneser ou Salmanazar, 859-824) reçut à cette date l’hommage de "Amadai" dans le cadre des guerres
contre des tribus du Zagros occidental. Il aurait soumis alors 36 "Rois" Mèdes, qu’il faut plutôt considérer comme
des chefs tribaux. En fait les Assyriens
n’auraient réussi à maîtriser que certains d’entre eux, sans jamais conquérir la Médie dans sa totalité.
Preuve en est que ses successeurs entreprirent également plusieurs expéditions contre les Mèdes "Madai".
À ce stade, les Mèdes étaient généralement mentionnés avec une autre tribu des steppes, les Scythes, qui semblent avoir été le groupe
dominant. Les mèdes étaient divisés en plusieurs districts et villes où il apparaît qu’ils avaient déjà adopté la religion
Zoroastre. Beaucoup de chercheurs pensent qu’il est probable que les
Assyriens furent responsables de
l’unification de ses tribus Mèdes. Leurs attaques répétées forcèrent les habitants à coopérer et à développer un leadership plus
efficace.
En 815,
Shamshi-Adad V (ou Samsi-Addu, 824-810) prit la ville Mède de Sagbitu, dont il écrasa le chef Khanesiruka. Son
successeur,
Adad-Nirâri III (ou Adad-Nerari ou Adad-Nêrârî “Adad est mon aide“, 810-782) fut obligé de les combattre à six reprises.
Son dernier fils, Téglath-Phalasar III
(ou Tiglath-Pileser, 745-727) déporta 65.000 personnes du Zagros, sûrement en grande partie des Mèdes.
Sargon II (722-705),
notamment au cours de sa huitième campagne, en 715 et 713, les soumit jusqu’à
"l’extrême montagne Bikni", c’est-à-dire l’Elbrouz (ou Demavend), ou le mont
Alwand (Sa localisation est encore débattue), et les frontières du désert.
L’Empereur
Sennachérib (705-681) fit la guerre avec
le Roi d’Ellipi, un royaume situé aux alentours du Luristan, et affronta quelques groupes Mèdes. Ces derniers ont souvent combattus en même
temps que d’autres peuples, comme les Mannéens
et les Perses de la région du lac d’Ourmia. Après les mutineries répétées par les premiers chefs Mèdes contre le joug
des Assyriens,
ils finirent par collaborer enfin avec eux sous les successeurs de
Sennachérib,
Assarhaddon
(ou Esarhaddon, 681-669) et
Assurbanipal (ou Assur-Banapliou ou
Assourbanipal ou Sardanapale ou Aššur-Bāni-Apli, 669-631 ou 669-626) chaque fois que ces souverains marchèrent avec leurs armées.
Deioclès |
Les Assyriens étaient, à cette époque, bien
implantés en territoire Mède. Ils avaient créé trois provinces pour appuyer leur
contrôle sur la région du Zagros occidental : Le Parshuash, le Kisheshin (ou
Kār-Ninurta) et Kharkhar (ou Harhar ou Kār-Sharrukēn). La fin du
VIIIe siècle et le début du VIIe siècle va voir la Médie s’organiser en entités
politiques plus puissantes, comme le prouvent les sites archéologiques. Tout semble indiquer que les
Assyriens
à cette période perdirent le contrôle
sur ces provinces. Ce vide politique laissa la place à l’élaboration d’un royaume Mède, qui ne fut cependant jamais mentionné
dans les sources
Assyriennes.
Si le récit d’Hérodote peut être
digne de confiance, la dynastie Mède tira son origine d’un chef Mède du Zagros,
Deioclès et connue quatre Rois, le dernier étant
Astyage. Malheureusement, il y a plusieurs problèmes avec cette chronologie. Tout d’abord,
la liste alternative de Rois de Ctésias de Cnide.
Deuxièmement, certains spécialistes identifient un “Daiaukku” (Deioclès) qui vécu à Uksatar et un “Daiaukku” qui
vivait près du lac Ourmia, pas à Ecbatane.
Enfin, les années de règne que donne
Hérodote peuvent être tout aussi suspectes, les 4 Rois totaliseraient 150 ans de règne ?. Il n’y a aucun doute
de l’existence des deux derniers Rois, qui sont d’ailleurs mentionnés dans les textes
Babyloniens, mais il reste beaucoup de
questions sur le genre de dirigeant que furent les premiers.
Deioclès (ou Daiukku ou Dayaukku ou Daioukkou ou Deioces ou
Déjocès, en Persan : دیاکو Diyako ou Dayuka ou Deyoces ou Deiokes, en
Grec : Δηιόκης, 728
à 675 ou 701 à 665
ou 694 à 665) pour qui
comme exposé ci-dessus beaucoup de questions se posent, à commencer par son nom,
où il faut peut-être y voir deux souverains ?. Ce fut un Prince Mède qui joua un rôle important dans
l’unification des Mèdes. Il fut probablement le fils de Kyaxares (ou Cyaxare), Prince
des Mèdes. En 715, il fut, avec ses parents, déportés par
Sargon II à
Hamath (ou Hama, ville sur les rives de l’Oronte dans le centre de la Syrie). Un Roitelet nommé Daiukku semble avoir été un
Gouverneur de Mannae soumis à
Sargon II, avant son exil.
Il ne s’agit peut-être pas du Roi Mède désigné par
Hérodote,
vu que les faits mentionnés ne se situent pas en pays Mède mais près du lac Ourmia. À partir de 701,
Deioclès réunit en une seule nation les six tribus de Médie : Les Busae (ou Buses),
les Paretaceni (ou Parétacéniens), les Struchates, les Arizanti (ou Arizantes), les
Budii (ou Budiens) et les Magi (ou Magus ou Mages) et devint leur chef.
Selon Hérodote,
après sept ans il démissionna. Les Mèdes le supplièrent de rester et l’élurent alors Roi. Son règne dura jusqu’en 665.
Deioclès construisit un palais dans la capitale,
Ecbatane (ou Hangmatana), maintenant connue sous le nom de Hamadān. Le récit de son ascension au pouvoir
est racontée dans le livre I de l’Histoire
d’Hérodote,
mais rien de tout cela n’est attesté par les sources historiques de l’époque, ni par l’archéologie.
Les niveaux Mèdes d’Ecbatane
n’ayant pas été fouillés nous n’avons pas non plus de renseignement de ce côté. Quelques spécialistes pensent que Deioclès fut un
personnage légendaire et que l’histoire d’Hérodote
relève du mythe. Certains historiens avancent que Deioclès serait mort en 656
?.
Mède apportant une offrande Palais de Xerxès – Persépolis
|
Phraortès I
(ou Fraortes ou Fravarti ou Fravartish ou Khshathrita, en Persan :
فرورتیش Fravartiš,
en Mède : Frawartiš, en Élamite: Pirumartiš, en
Babylonien : Parumartiš,
en Grec : Frâda
Φραόρτης,
675 à 633 ou 665 à 633) son fils lui succéda. L’Empereur
Assyrien,
Assarhaddon (ou Esarhaddon,
681-669) fit, en 676/75, une expédition dans le Zagros, qui le mena au royaume du Patusharri, au pied du mont
Bikni où résidaient ceux qu’il appela les "Mèdes lointains". Deux ans plus tard,
trois Rois Mèdes lui demandèrent une aide militaire : Uppis de Partakka, Zanasama de Partakka et Ramateia d’Urukazabarra.
Après avoir organisé la résistance contre
l’Assyrie,
Phraortès I dut subir la domination des Scythes, après la défaite que ceux-ci
lui infligèrent en 653. Puis afin de trouver de nouveaux appuis, il passa un traité avec
Assarhaddon pour combattre
l’Élam. Il aurait
également soumis le Perse,
Teispès (En Perse
: Cišpiš, 675-640), 2e Roi (ou Chef)
Achéménides
des tribus Perses installées dans le Fars et organisées en un petit État du Parsumash.
Certaines sources avancent que Phraortès I serait mort en combattant un souverain
Assyrien, identifié à
Assarhaddon.
Là encore les faits ne sont pas plus attestés que ceux pour son père. Son fils
lui succéda, mais selon Hérodote, le début de
son règne fut précédé d’une invasion des Scythes et de leur domination sur la Médie pendant
28 ans (653-625) ou un Roi
Madius (ou Madyès ou Madya, en Grec :
Μάδιος) aurait régné de 633 à 625.
Jusqu’à présent aucun texte ne vient confirmer ces faits. Phraortès I serait mentionné dans les sources
Assyriennes sous le nom de
Kaštarita. Toutefois, ce nom Kaštarita décrit l’ancienne Perse et
ne représente pas un nom propre, mais le nom commun d’une zone géographique.
Cyaxare (ou Ciáxares ou
Oumakishtar ou Kayxosrew ou Kyaxares, en Persan :
هووخشتره
Uvaxštra Uvaxšaθra ou Uvar Kshatra ou Ouvakhshatra, en Mède :
Ḫavachštra,
en
Grec : Κυαξαρης, en
Élamite : Šattarrida,
en Assyrien : Kaštarita,
en Babylonien :
Hašatritti, 633 à 585 ou 625 à 585), le fils de Phraortès I, succéda à son père, toutefois les spécialistes ne sont
pas d’accord sur la date de sa prise de pouvoir. On trouve 633 pour les
partisans d’un règne tout de suite après son père et 625 pour ceux qui comptent
le règne du Roi Scythe Madius. En 633, il mit le siège devant
Ninive, la capitale
Assyrienne, mais il dut faire demi-tour car les Scythes se faisaient menaçant.
Il fut battu par les cavaliers Scythes de Madius (ou Madyès ou Madya) au
Nord du lac d’Ourmia et il fut contraint de se soumettre, d’où les différences
de prise en compte de sa prise de pouvoir. Au tout début de son règne, Cyaxare
semble aussi entrer en conflit avec un royaume à l’Ouest connu sous le nom de Mannae, allié à
l’Assyrie.
En 626/625, il reprit le dessus et il fit face à l’invasion des Scythes et d’autres tribus
venus de la rive Nord de la mer Noire qui avaient envahi
l’Arménie et
l’Asie Mineure.
En 616, il assimila
à son Empire naissant l’État de Mannae battu. En 615, il fit assassiner Madius lors d’un banquet, se libérant ainsi de la
domination des Scythes. Il reconstitua son armée et en 612, il se tourna vers l’Empire
Assyrien. Il passa alors alliance
avec le Roi de
Babylone Nabopolassar (626-605), il prit
Nimrud,
puis il s’attaqua à
Ninive, mais il échoua à sa prise d’assaut. Le 30 Mai 612 commença alors un
siège de la ville qui entre le 28 Juillet et début Août fut prise et détruite.
Le 7 Septembre les Mèdes se retirèrent de la ville.
Le sort de l’Empereur
Assyrien,
Sin-Sar-Iskun (ou
Sinsharishkun ou Sarakos ou Sin-Shar-Ishkun, 627-612 ou 623-612) n’est pas connu, car la section de la chronique
Babylonienne dans laquelle il est mentionné lors du siège de
Ninive est endommagée. A t-il survécu au siège de la cité, abdiqua t-il ou fut-il tué ?. Quoi qu’il en fut l’armée
Assyrienne se retrancha à
Harran (ou Carrhae
ou Carrhes) et proclama
Empereur un Général,
Assur-Uballit II
(ou Aššur-Uballit ou Ashuruballit, 612-609).
En alliance avec une grande force
Égyptienne du Pharaon
Néchao II (610-595), l’armée
du nouvel Empereur était largement en mesure de défendre
Harran contre l’association
Babyloniens-Mèdes. Cependant, au printemps 609, le Roi de
Juda,
Josias (640-609), qui s’était rallié aux
Babyloniens, tenta de bloquer le passage aux troupes
Égyptiennes, mais il fut tué lors du
combat à
Megiddo. Néchao II
continua son avancée pour joindre ses forces à celles
d’Assur-Uballit II,
mais il ne parvint pas à repousser les
Babyloniens. Il se
retira alors en
Syrie du Nord et laissa
Assur-Uballit II à son sort,
face à son puissant ennemi. L’Assyrien se
réfugia dans sa ville et fut impuissant face à l’avancée de
Nabopolassar et de Cyaxare,
Harran fut prise et il disparut de l’histoire ce qui mit fin à l’Empire
Assyrien. Il est probable qu’il fut tué
lors de ce siège. Tout l’Orient célébra cet écrasement de l’Empire
Assyrien.
Après la victoire et le partage de cet Empire, le Roi Mède régna sur une grande partie de l’Iran,
l’Assyrie et le Nord de la
Mésopotamie,
l’Arménie et la
Cappadoce. Puis il poursuivit ses conquêtes vers l’Ouest et s’attaqua à
l’Ourartou, s’emparant de sa capitale
Tushpa, en 590,
ce qui lui garantit la suprématie dans les montagnes au Nord de la
Mésopotamie. La même année,
il chercha à envahir la Lydie, qui était
en pleine expansion et dont les richesses découlaient d’un commerce important.
À l’issue de cinq ans de guerre sporadique (Selon
Hérodote),
le 28 Mai 585 (ou 601 ou 597 selon d’autres sources), après une
bataille sur le fleuve Halys
(aujourd’hui Kızılırmak),
qui se termina rapidement car les deux camps furent effrayés par une éclipse,
mais aussi du fait d’une prophétie de Thalès de
Milet, selon qui,
la guerre prendrait fin si la journée devenait soudainement nuit, Cyaxare conclut un traité de paix avec
le Roi de Lydie,
Alyatte II (610-561).
Par ce traité de paix, qui fut scellé par le mariage d’Aryenis, la fille
d’Alyatte II avec le
fils de Cyaxare, Astyage, le Halys fut établi comme frontière avec la
Lydie. Cyaxare donna en mariage une de
ses filles, Amytis I au Roi de Babylone,
Nabuchodonosor II (605-562)
pour affermir l’alliance avec les
Chaldéens. Il réorganisa et modernisa aussi l’armée Mède sur le modèle
Assyrien
et Babylonien.
Selon Igorʹ Mikhaĭlovich Dʹi︠a︡konov (ou Igor Diakonov), Cyaxare serait enterré dans un tombeau situé dans les
montagnes de Syromedia, aujourd’hui le site de Qizkapan (ou Qyzqapan, site rupestre situé au Kurdistan Irakien).
L’hymne national officiel kurde, Ey Reqîb, mentionne Cyaxare comme étant un ancêtre des Kurdes.
L’Empire des Mèdes vers
585 |
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Astyage apprenant qu’il a été trompé – Louis Licherie (1629-1687)
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Astyage
(ou Astyages ou Astiage, en Persan :
ایشتوویگو
Ištovigu ou reštivaiga ou ri-Ištivaiga ou Rishti Vaiga ou Arshtivaïga "Celui qui brandit la lance",
en Akkadien et en Mède : Ištumegu, 585
à 550 ou 549) voit son nom orthographié par
Hérodote (Historien
Grec,
484-v.425) : Astyagês ‘Aστυάγης, par Ctésias de
Cnide (Médecin
Grec d’Artaxerxès II, historien de la
Perse et de l’Inde, mort v.398) : Astyigas et par Diodore
de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec, v.90-v.30) : Aspadas. Certains spécialistes avancent qu’il ne succéda
à son père que quelques mois après la
bataille de Pteria
qui pourtant est donnée à l’automne 547.
Selon Hérodote, il aurait
épousé Aryenis, une Princesse
Lydienne, la fille du Roi Alyatte
II (618-562 ou 610-561), afin de sceller le traité entre les deux Empires. Il eut une fille, Mandane qui épousa le Roi des
Perses d’Anshan,
Cambyse I (600-559)
et qui fut la mère de Cyrus II le Grand (559-529)
qui le renversera en 550/49. Ce dernier épousera, selon Ctésias de
Cnide et
Xénophon (Philosophe, historien
et maître de guerre
Grec, v.430-v.355) une autre des filles d’Astyage, Amytis II. Cependant l’historien Christian Settipani, affirme que
Cyrus II
serait né d’une autre mère. On pense aujourd’hui qu’Aryenis ne fut pas la première femme d’Astyage
puisque sa fille Mandane épousa
Cambyse I avant 576,
elle dut naitre disons, vers 590. Il semble donc inévitable de penser qu’Astyage
eut une autre épouse.
Le règne d’Astyage est à noter pour sa stabilité et pour sa croissance et du fait de ses alliances par
une relative paix. En Médie, la religion fondée sur le Zoroastrisme ce répandit dans tout l’Empire. Dans le même
temps, son beau-frère le nouveau Roi de
Lydie,
Crésus (ou Kroisos, 561-547), supervisait une explosion de la pensée laïque dans l’Ouest du pays, à travers
les philosophes qui fréquentaient son royaume comme : Thales, Solon, Esope… Et son autre beau-frère le
Roi de Babylone,
Nabuchodonosor II
(605-562) faisait de sa ville la plus grande métropole du monde antique.
Après près de 32 années de stabilité, au cours de l’été 553, son petit fils, le Roi des
Perses d’Anshan,
Cyrus II le Grand, se révolta contre la tutelle des
Mèdes et déclara la guerre à Astyage. Plusieurs batailles importantes eurent
lieu, la
bataille d’Hyrba (Hiver 552), la bataille de la
frontière Persane (551) etc… Après trois années de combats, lors de la bataille de
Pasargades
(550), les soldats de
l’armée d’Astyage se mutinèrent et se rendirent à l’ennemi. Astyage fut vaincu et
Cyrus II prit et pilla la
capitale Ecbatane. Astyage fut le dernier Roi des Mèdes,
Cyrus II se proclamant "Roi des
Mèdes et des Perses" qui furent de ce fait désormais liés. Les sources anciennes conviennent qu’Astyage fut traité
avec clémence après sa capture, mais elles diffèrent dans les détails.
Hérodote dit qu’il fut
emprisonné pour le reste de sa vie, alors que, selon Ctésias de
Cnide, il fut fait Gouverneur d’une région de
Parthie et fut plus tard
assassiné par un adversaire politique, Oebaras. Les circonstances réelles de la
mort d’Astyage ne sont toujours pas à aujourd’hui connues, ni même la date exacte.
Soldats Mède et Perse en
costume traditionnel – Palais de l’Apadana, escalier Nord |
La chute d’Astyage nous est renseignée par des sources
Babyloniennes, notamment la Chronique de
Nabonide et des auteurs
Grecs, comme
Hérodote et Ctésias de
Cnide, qui en
présentent différentes versions dans le déroulement des faits, même s’il est souvent mis en avant que la victoire fut
uniquement du au fait qu’Astyage perdit le soutien des nobles et à la trahison d’une partie de l’armée Mède. Dans
les sources Grecques la mutinerie est
fomentée par Harpage (ou Harpagus),
un dignitaire Mède.
Celui-ci avait été chargé par Astyage, de tuer son petit-fils
Cyrus II.
Harpage désobéit et se contenta
d’abandonner l’enfant dans un bois où il fut sauvé et élevé par un berger. Quand des années plus tard
Cyrus II se fit reconnaître à Astyage, celui-ci,
pour se venger de son vassal, fit égorger le fils d’
Harpage et servit ses membres à son père lors d’un festin.
Harpage afin de pouvoir se venger aida
Cyrus II pour son accession au trône. D’après
Hérodote,
Harpage communiqua son plan à
Cyrus II en cachant un message dans le ventre d’un
lièvre qu’il lui fit porter par l’un de ses serviteurs. Il lui proposa de soulever les
Perses d’Anshan tandis que lui trahirait Astyage.
Il y a surement dans cette histoire beaucoup d’imagination de la part des auteurs de l’époque, déjà du fait
du châtiment qu’Astyage fit subir à Harpage.
Il n’y a pas de vérification que de tels châtiments étaient infligés à l’époque. La Chronique de
Nabonide ne se réfère qu’à une mutinerie sur le champ de bataille comme étant la cause du renversement
d’Astyage et ne mentionne pas Harpage.
Toutefois, comme Harpage était
bien le commandant de l’armée d’Astyage lors de la bataille de
Pasargades et comme sa famille
obtint des postes élevés dans l’Empire de Cyrus II après
la guerre, il est possible qu’il eut quelque chose à voir avec la mutinerie contre Astyage ?.
L’après Astyage
Une fois Astyage renversé,
Cyrus II marcha sur la
Lydie,
avec Harpage à ses côtés et attaqua son Roi
Crésus. En 547,
Harpage fut de bon conseil dans la bataille
qui fut gagné par Cyrus II qui prit possession de
l’Empire Lydien. Vers 544, il en confia le
gouvernement à Harpage. Les conquêtes de
Cyrus II continuèrent avec
Babylone, qu’il prit
quelques années plus tard, à l’automne 539, constituant le puissant Empire des
Achéménides. La Médie devint une
satrapie, mais la place des
Mèdes dans cette nouvelle construction politique ne fut pas désavantageuse pour eux,
car ils occupèrent un rang égal à celui des Perses et
plusieurs d’entre eux furent nommés à un poste important dans l’administration de l’Empire ou dans l’armée. Certains
usages et cérémonies de la cour des Mèdes furent repris par le nouveau souverain
qui fit d’Ecbatane sa résidence d’été.
En 522/521 une révolte Mède éclata pourtant, après que
Darius I (522-486)
soit monté sur le trône par la force après l’assassinat de l’usurpateur
Bardiya. Un Mède, un certain Phraortès
(II, ou Fravartish), qui prétendit être un descendant de Cyaxare,
tenta de rétablir le royaume Mède.
Il forma une nouvelle armée Mède appuyée notamment par des
Hyrcaniens (Région du Sud-est de la mer
Caspienne, ancienne province Mède), mais il fut défait par un Général
Perses. Il fut capturé et exécuté à
Ecbatane. Une autre grande rébellion des Mèdes
survint en 409, sous le règne de
Darius II (423-404), qui est
racontée par Xénophon (Philosophe, historien
et maître de guerre
Grec, v.430-v.355 – Les Helléniques 2, 19), mais elle fut de courte durée et fut rapidement matée.
Le pays Mède resta calme durant le reste de l’Empire
Achéménide, à part une tribu du
Nord, les Cadusii, qui resteront toujours rebelles et qui justifieront l’envoi de plusieurs expéditions de la part des Rois
Achéménides. Le Roi de
Macédoine,
Alexandre le Grand (336-323) s’empara
de la Médie au cours de l’été 330.
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Un Mède dans un rituel religieux |
En 328, il nomma
Satrape du Nord un
ancien Général de Darius III (336-330),
appelé Atropatès (ou Atrupat). Ce dernier dirigeait le contingent Mède de l’armée
Perse à la
bataille de Gaugamèles et s’était
rallié par la suite à
Alexandre. Sa fille se maria, en 324, à
Perdiccas
(Régent
de Macédoine, 323-321).
À la mort d’Alexandre le
Grand la Médie fut divisée en deux régions, la petite et la grande Médie.
La petite Médie du Nord, ne fut que de moindre importance pour les Diadoques
d’Alexandre,
ils la laissent à Atropatès. Elle devint la Médie Atropatène (Futur Azerbaïdjan) qu’il parvint à rendre autonome du pouvoir
Séleucide.
La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca (Identifiée au site de Laylan)
découvert sur la rivière Araz par les archéologues, en Avril 2005.
En 220, après plusieurs décennies d’indépendance, malgré une armée forte (Surtout la
cavalerie) le Roi Artabanzanes dut conclure un traité de vassalité avec le Roi
Séleucide
Antiochos III Mégas (215-187).
La Médie du Sud, avec Ecbatane, fut
alors une région stratégique car elle contrôlait les routes entre les parties occidentales et orientales de l’Empire.
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Dans le partage elle fut donnée au
Macédonien Peithon (ou Pithon, en Grec :
Πείθω, v.355-316). Après avoir été un temps dominée par
Antigonos I Monophtalmos
("Le borgne", 306-301) elle fut par la suite, vers 310, la possession du Roi
Séleucide
Séleucos I Nikatôr (305-280).
Plusieurs villes nouvelles y furent fondées par les souverains
Séleucides et l’ancienne Rhagae
fut renommée Europa. En 220, un
Satrape local, Molon, se révolta contre le Roi
Séleucide,
Antiochos III Mégas qui le défit. Entre 163 et 160, ce fut un autre
Satrape,
Timarque, qui se révolta contre
Démétrios I Sôter
(162-150) et réussit à prendre le pouvoir en
Babylonie, avant d’être finalement lui aussi soumis. Vers 150, la révolte du Roi
Parthe Arsacide
Mithridate I
(Arsace VI – 171-138) fit perdre les deux Médie aux
Séleucides.
Par la suite la Médie fut conquise par le Roi
d’Arménie,
Tigrane II (95-54). Après
plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Rois
Arsacides fut finalement assuré en Médie, en dépit de nouvelles attaques de la part de Scythes et Tokhariens
(Habitants du bassin du Tarim, actuelle province du Xinjiang au Turkestan oriental). Les
Parthes réorganisèrent la
région administrativement et la ville de Rhagae/Europa fut renommée Arsacia. Par la suite les Romains tentèrent des conquêtes,
mais n’eurent jamais d’emprise sur ces régions qui en 224 ap.J.C passèrent sous la tutelle du Roi Perse
Sassanide
Ardachêr I (ou Ardashir,
224-241) qui détrôna le dernier Roi Parthe.
À cette époque, la plus ancienne des tribus Aryennes de l’Iran perdit son caractère et fusionna
en un seul peuple, les Iraniens. La relance du Zoroastrisme, les déportations partout dans le monde par les
Sassanides, achevèrent les derniers Mèdes.
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