Eurydice (de ευρύς eurys,
“large” et δίκη digue «droit, coutume, l’usage, le droit, la justice“,
littéralement “la large justice “) fut une Reine de Macédoine.
Elle fut la première épouse du Roi de Macédoine,
Amyntas III (393/370/69). Les inscriptions et les preuves
archéologiques prouvent qu’elle joua un rôle important dans la vie publique
Macédonienne et agit même de manière agressive dans l’arène politique.
Les activités politiques d’Eurydice marquèrent un tournant dans l’histoire du royaume.
Beaucoup de spécialistes donnent comme date pour sa naissance entre 410 à 404, probablement en 407.
Son origine est discutée. Elle fut la fille d’un noble Prince Régent de Lynkestis (ou Lyncestie) Sirrhos (ou
Sirrha), son père fut le prédécesseur de Derdas II Prince d’Elimiôtide, et une petite-fille d’Arrhabaeus, Prince de la famille
des Bacchiades et Roi de Lynkestis (ou Lyncestie). Elle est parfois aussi donnée d’origine
Illyrienne du fait que l’on nomma son père
l’Illyrien.
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) dit explicitement qu’Eurydice fut de ce royaume.
Des savants et des historiens modernes, comme Eugene N.Borza et Kate Mortensen soutiennent cette ascendance, alors que Robert
Malcolm Errington et Charles F.Edson contestent l’origine
Illyrienne et favorisent une origine uniquement de Lynkestis (ou Lyncestie).
Amyntas III épousa la
jeune Princesse aux environs de 390, dans le but de conforter le traité de paix avec les
Illyriens, après qu’il fut battu par eux en 393.
Le Roi eut une autre épouse, du nom de Gygaea, avec qui il eut trois enfants.
Statère argent d’Amyntas III
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À une certaine époque, pendant le règne de son époux, Eurydice devint la
première épouse. Néanmoins, on ne peut pas déterminer si cette évolution fut immédiate ou progressive, liée à sa famille,
à son statut plus élevé, ou à l’âge de ses fils, ou une combinaison de tout ces facteurs. Selon
Plutarque, Eurydice fut instruite, même si elle
apprit à lire assez tard dans sa vie, probablement en raison de l’appartenance à une culture qui était encore
largement de nature orale et où l’alphabétisation n’était pas fondamentale à la connaissance.
L’histoire de sa vie est pleine de controverses. Selon l’historien Justin (ou Marcus Junianus Justinus,
historien Romain, IIIe s. Ap.J.C), qui en colporta l’image très négative d’une femme dominatrice et impitoyable, elle conspira
avec son gendre
Ptolémée I Alôros (En Grec : Πτολεμαίος A’, 368-365), dont elle fut
l’amante, pour tuer Amyntas III,
puis épouser Ptolémée I et lui donner le trône.
Mais la fille de la Reine, Eurynoe, épouse de
Ptolémée I, déjoua le complot qu’elle révéla à son père, qui, néanmoins, épargna Eurydice de représailles à cause de leurs
enfants. Finalement, en 370/369, Amyntas III mourut et son fils aîné,
Alexandre II lui succéda. En 368,
Ptolémée I Alôros tua
Alexandre II, malgré un
arrangement entre eux, élaboré par Pélopidas (420-364 av.J.C), un Général
Thébain.
Ptolémée I fut forcé par Pélopidas d’accepter
simplement la régence des deux jeunes frères d’Alexandre II,
Perdiccas III et Philippe II (359-336) plutôt
que le trône directement.
Plus tard Eurydice se maria à Ptolémée I.
Cependant, il est peu probable que la Reine épousa volontairement le meurtrier de son fils aîné. Plus probablement, elle agit
ainsi pour assurer la succession de ses fils restants. Un nouveau prétendant au trône, Pausanias, qui avait été très populaire,
avait attiré des soutiens en Macédoine.
Il s’était rendu maître rapidement de plusieurs villes et menaça la Reine, qui était dans le palais de
Pella avec ses jeunes fils.
Alexandre II avait fini par défaire l’ennemi avec l’aide
du Général Athénien
Iphicrate
(v.420-v.352) et Pausanias fut assassiné, mais elle n’était pas vraiment en sécurité.
Elle demanda d’ailleurs à Iphicrate de protéger le trône de ses deux fils. Il n’existe aucune preuve que
Ptolémée I
joua un rôle dans cette affaire, ni ne suggère que quelqu’un d’autre qu’Eurydice aurait influencé
Iphicrate.
Même si elle fut motivée par Ptolémée I, son succès
dans ses interventions dans les affaires politiques et militaires reste remarquable et sans précédent connu, un
acte extraordinaire pour une femme à cette époque. Eurydice prit par exemple l’initiative sans précédent de demander de l’aide
internationale quand elle crut que la succession de ses fils était en danger et sa tentative réussit.
En 365, Perdiccas III vengea l’assassina son frère en tuant
Ptolémée I et prit le trône. Cela provoqua un certain
émoi parmi les familles Macédoniennes, qui
rappelèrent Pélopidas pour rétablir la paix. Dans le cadre d’un accord de paix,
Philippe II
fut gardé en otage à Thèbes. Perdiccas III régna
jusqu’en 359. Il affronta le Roi d’Illyrie
Bardylis (393-358)
qui avait envahit la Haute-Macédoine et mourut avec 4.000 de ses hommes dans
une bataille désastreuse. Finalement, le plus jeune fils d’Eurydice,
Philippe II reprit le contrôle du royaume.
Eurydice fut également très active dans les activités religieuses. Il est dit qu’elle finança la construction du temple
d’Eukleia (ou Eucleia) à Aïgaï. Elle y fit une dédicace
pour les femmes citoyennes dédiée peut-être aux Muses. Eschine (Homme politique
Athénien, v.390-314) décrivit Eurydice, comme le défenseur
fidèle de ses fils, et Plutarque comme un modèle
dans l’éducation des enfants.
Une statue d’Eurydice, ainsi qu’une célèbre de son fils
Philippe II et une
de l’épouse de ce dernier Olympias, ont été réalisées
par le statuaire et sculpteur Athénien Léocharès (ou Leôkhárês),
en ivoire et en or. Elles furent placées dans le Philippeion (Sanctuaire de Zeus) à Olympie, érigé par
Philippe II lors de la célébration de sa victoire à la
bataille de
Chéronée (338). La tombe de la Reine fut retrouvée et identifiée par l’archéologue Grec Manolis Andronikos en 1987 à Vergina
(ancienne Aïgaï),
un site de l’UNESCO du patrimoine mondial, ainsi que d’autres tombes royales
Macédoniennes.
Lors de l’été 2001, entre le 13 Août et le 9 Septembre, la tombe d’Eurydice fut violée et sept figurines en marbre furent
dérobées. Elle avait déjà été partiellement pillée dans l’Antiquité, probablement peu de temps après l’enterrement de la Reine,
mais les pillards n’avaient pas réussit totalement dans leur mission, comme en témoignent les deux squelettes trouvés.
Un fragment de pot inscrit, datant 344/3 fut mis au jour à l’intérieur de la tombe, alors que deux inscriptions, datées de 340
furent trouvées à Vergina disant "d’Eurydika fille de Sirras à la Déesse Eukleia“.
Eurydice donna quatre (ou cinq) enfants à
Amyntas III :
▪
Alexandre II
(En Grec :
Αλέξανδρος B’), l’aîné qui succéda à son père (370/369-368).
▪ Perdiccas III (ou Perdikkas, en Grec :
Περδίκκας Γ’) qui fut Roi (368-359).
▪
Philippe II (En Grec :
Φίλιππος B’) qui naquit en 382, et qui fut Roi (359-336).
▪ Euryone (ou Eurynòe ou Eurynoe ou Eurynoë, en
Grec :
Εὐρυνόη) qui épousa
Ptolémée I Alôros (Roi 368-365).
Qui fut soit un fils d’Amyntas II (Idée généralement retenue), soit, selon
Diodore de Sicile (Historien et
chroniqueur Grec, v.90-v.30), celui d’Amyntas III et d’Eurydice.
Bibliographie
Pour
d’autres détails sur la Reine voir les ouvrages de :
Hermann Bengtson :
– Philipp und Alexander der Große, G.D.W. Callwey, München, 1997.
Eugene N.Borza et Lindsay Adams :
– Philip II, Alexander the Great, and the Macedonian heritage,
Art Institute of Chicago, Ares Publishers, University Press of America, Washington, 1982.
Elizabeth Donnelly Carney :
– Women and monarchy in Macedonia, University of Oklahoma Press, Norman, 2000.
Charles F.Edson :
– Ancient Macedonian studies in honor, Institute for Balkan Studies, Thessaloniki, 1981.
Robert Malcolm Errington :
– A history of Macedonia, University of California Press, Berkeley, 1990.
William Greenwalt :
– Eurydice, Women in World History 5, 2000.
Julius Kaerst :
– Eurydike, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft Band VI, N°1, Stuttgart, 1907.
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