Les  Royaumes  Hellénistiques :
Royaume  de  Cappadoce
de  301  à  17  ap.J.C
 

Nous avons besoin de vous

 

Sommaire
 

Localisation et ressources
L’histoire 
Bibliographie

 Pour plus de détails voir aussi les royaumes :
De Bithynie, des Lagides (Les Ptolémée), du Pont,
de Pergame, des Séleucides

 


 

Temple rupestre en Cappadoce

Localisation et ressources

 
   La Cappadoce (ou Cappadocia, en Allemand : Kappadokien, en Grec : Kappadokía ou Καππαδοκία  Kappadokía ou Cappadokia, en Turc : Kapadokya, en Arménien : Կապադովկիա  Kapadovkia, en Géorgien : კაპადოკია  Kapadokia, en Perse : کاپادوکیه  Kāpādōkiyeh ou Katpatuka) est une région centrale de l’Asie Mineure qui comprend des parties des provinces actuelles de Kayseri, Aksaray, Niğde et de Nevşehir. Les contours exacts en sont encore assez vagues et varient considérablement selon les époques et les auteurs. À l’époque d’Hérodote (Historien Grec, v.484-v.425), les Cappadociens sont signalés comme occupant l’ensemble de la région du mont Taurus à proximité du Pont-Euxin (ou mer Noire). La région, en ce sens, était délimitée : Au Sud par la chaîne des montagnes du Taurus qui la séparait de la Cilicie ; À l’Est par le haut-Euphrate ; Au Nord par le Pont, et à l’Ouest par la Lycaonie et l’Est de la Galatie. Aujourd’hui, on désigne généralement par ce nom une région d’environ 15.000 km² entre Césarée (ou Ceasarea ou Kayseri aujourd’hui) et Garsaura (Aksaray aujourd’hui).
 
   La Cappadoce se caractérise par une formation géologique unique au monde et pour son patrimoine historique et culturel. Elle est connue pour ses paysages pittoresques, en particulier le parc national de Göreme, résultants du volcanisme et de l’érosion, pour ses temples et églises rupestres ornés de fresques, ainsi que pour ses habitations troglodytiques et ses cités souterraines. En l’an 1985 elle fut incluse par l’UNESCO dans la liste des sites du patrimoine mondial. La région qui porte aujourd’hui le nom de la Cappadoce est beaucoup plus petite que ne l’était l’ancien royaume de Cappadoce à l’époque Hellénistique.
 
   Ce fut, dès le IIIe millénaire, un centre caravanier important et une région de commerce, surtout grâce à ses mines d’argent, de cuivre et d’or qui lui permirent des échanges contre les produits de base manquants en Anatolie. Au XIXe siècle, des marchands Assyriens, y établirent des comptoirs. Ces centres de commerce étaient, le kārum de Kanesh (aujourd’hui Kültepe) et kārum-Hattousa. Les produits importés par les commerçants étaient : L’étain, les parfums, les tissus etc… Ce fut grâce à ces marchands Assyriens, qu’apparut pour la première fois en Anatolie l’écriture cunéiforme. Ces écrits étaient faits sur des tablettes que l’on nomme : Les tablettes Cappadociennes. Ces tablettes nous informent sur les systèmes de taxe et d’intérêt qu’utilisaient les Assyriens, les contrats de mariage etc… Les commerçants Assyriens importèrent aussi en Anatolie, les cachets cylindriques et la métallurgie.

 


 
"Cheminées de fée”, à proximité de Göreme, en Cappadoce
Photo avant retouches : Wikipédia
 

 

L’histoire…….

 
   La région de Cappadoce fut habitée dès la période néolithique. On a retrouvé les premières traces de peuplement à Çatal Höyük (ou Çatalhöyük), environ 60 km au Sud-est de Konya sur les bords de la rivière Çarşambaqui. Elles remonteraient à environ 7000 av.J.C. Elles sont considérées comme le début de l’histoire de l’Anatolie. Parmi ces traces il ya notamment une fresque murale datée de v. 6200, qui montre, au premier plan, les maisons de la ville, avec en arrière-plan un volcan en éruption, que l’on pense être le mont Hasan (ou Hasan Dağı ou Hasandag). La fresque, est exposée au musée des Civilisations Anatoliennes d’Ankara. C’est peut-être la peinture de paysage la plus ancienne au monde.
 
   Entre 5000 et 4000 av.J.C, la Cappadoce accueillit plusieurs principautés indépendantes. La ville la plus importante de cette période fut Purushanda (ou Burushattum ou Purušanda ou Purušattum ou Paršuanda). Dix-sept de ces principautés formèrent une coalition dans le XXIII siècle, pour lutter contre le Roi de Sumer, Naram-Sin, (2255-2218). Ce fut la première d’une longue série d’alliances dans l’histoire de l’Anatolie. Au début du IIe millénaire, l’Anatolie passa par une période de grande prospérité au cours de laquelle elle attira beaucoup de peuples. Les Assyriens, célèbres pour leur habilité dans le commerce, s’installèrent dans la région, attirés par ses richesses, et ils organisèrent les grands comptoirs commerciaux du kārum de Kanesh (aujourd’hui Kültepe) et kārum-Hattousa. Ce fort négoce dura plus de 150 ans, jusqu’à ce qu’il fut anéanti par les guerres entre les différents royaumes de la région. En 1925, une équipe d’archéologues a découvert à Kanesh (ou Kültepe) des tablettes qui décrivent la colonie marchande à l’époque des Assyriens. Ce sont les plus anciens documents écrit sur l’histoire de la Cappadoce.
 


 

Entrée d’une église rupestre – Karanlık kilise

   Après cette époque, l’Anatolie connut l’installation des Nésites (Anciens Hittites) qui peuplèrent le pays et s’imprégnèrent de la culture Mésopotamienne. La Cappadoce devint ensuite le centre de l’Empire Hittites, où ils y prirent pour capitale Hattousa. Les Hittites fondèrent plusieurs villes, avec les habitants de la région, et formèrent un Empire qui s’étendit jusqu’à Babylone. Leur Empire avec des hauts et des bas dura de six à sept siècles, mais même dans leurs moments les plus sombres ils restèrent maître de l’Anatolie centrale, le pays du Hatti. Un des points culminant de leur histoire se situe entre le XVI et XV siècle, qui marque le développement de sa civilisation. Malgré sa puissance à la fin du millénaire, l’Empire Hittite se déstabilisa et finalement succomba vers 1200, en grande partie du aux invasions d’une population que l’on appelle “les Peuples de la mer“. Avec l’effondrement des Hittites, la Cappadoce se dirigea vers la période la plus sombre de son existence.
 
   Juste après cette période, les Phrygiens, originaires d’Europe centrale (ou orientale) qui s’étaient installés sous les Hittites dans la région, profitèrent de la chute de ces derniers et commencèrent leur ascension. Avec eux et dans le reste de l’Anatolie, plusieurs royaumes dit : néo-Hittites, se formèrent. L’un de ces "royaumes", le Tabal, qui était en fait une sorte de confédération de principautés, naquit sur les ruines de l’ancien Empire Hittite en Cappadoce, vers 1000, et se peupla majoritairement de Louvites. Son histoire nous est surtout connue par ses luttes contre l’Empire Assyrien, notamment en 839, contre Salmanasar III (859-824) qui entreprit une campagne victorieuse contre les Rois du Tabal. En 720, le Roi du Tabal, Hulli, s’allia au Roi de Phrygie, Midas III (738-695) et au Roi de Karkemish, Pisiris (ou Pisiri, v.730-718/717) et se révolta contre l’Assyrie.
 
    L’Empereur Assyrien, Sargon II (722-705), défit cette coalition en 718/717, et remplaça Hulli par son fils. En 713, il fit de cette partie de la Cappadoce une province Assyrienne. L’Ouest de la Cappadoce, dominée par les Phrygiens, connut aussi, vers 700, la fin de sa souveraineté avec les invasions des Cimmériens. Les Lydiens, nouveaux maîtres de cette région, profitèrent de cette faiblesse pour annexer le pays et de la chute des Assyriens, pour, petit à petit se rendre maître de toute l’Anatolie. Comme pour les peuples qui la dominèrent avant eux, leur Empire s’écroula. En 547/546 la Cappadoce tomba sous le joug des Perses Achéménides de Cyrus II le Grand (559-529). Avec l’Hellespont, la Paphlagonie et la Phrygie, elle forma alors une satrapie. Ce fut d’ailleurs les Perses qui lui donnèrent le nom Katpatuka "pays des chevaux de race", qui donnera ensuite "Cappadoce". Les Grecs, eux, appelaient les Cappadociens "les Syriens blancs". Malgré l’envahisseur et son statut de satrapie, la région continua à se gouverner avec ses propres dirigeants, hiérarchisés sur un type d’aristocratie féodale, comme beaucoup de royaumes de l’Asie Mineure à l’époque.


 

Monnaie de Datamès 

 
   Cette organisation fut très marquée surtout à partir du Satrape Datamès (ou Datames ou ou Datame ou Datamithra, en Grec : Δατάμης, 385 à 362 ou 380 à 352 ou 362 à 330) qui allait prendre de grandes libertés. Il commença sa carrière sous le règne du Roi Perse, Artaxerxès II (404-359). Carien par la naissance, il fut le fils de Camisarès (ou Camissares ou Kamisares ou Camissare) et Skythissa une Scythe (ou Paphlagonienne). Son père fut Satrape de Cilicie sous Artaxerxès II et avait les faveurs du monarque. Datamès devint l’un des gardes du corps du Roi et se distingua à ce poste en premier lieu lors des guerres contre les Cadusiens en 385/384 et 374. En récompense il fut nommé pour succéder à son père dans le gouvernement de cette province.
 
   Il s’y distingua pour ses talents militaires et le zèle qu’il mettait à rendre service au Roi. Il soumit également deux officiers qui s’étaient rebellés contre Artaxerxès II : Thyus (ou Tio), Satrape de Paphlagonie et Aspis de Cataonie (ou Kataonie), il reçut alors en plus de la Cilicie le gouvernement de toute la Cappadoce. Autour de 375 Artaxerxès II envoya Datamès, comme commandant de l’armée Perse, pour regagner les terres d’Égypte rebellées. Toutefois le Satrape prenant de plus en plus de pouvoir, le Roi par méfiance lui retira son commandement. Datamès eut connaissance par son ami Pandantès, “Gardien du trésor royal“, qu’il avait des ennemis à la cour Perse, et qu’un complot de courtisans jaloux s’ourdissait contre lui. Les risques auxquels il s’exposait de ce fait l’amenèrent à changer ses plans, se libérant vers 370 de son obéissance au Roi. Il repartit avec les troupes sous son commandement vers la Cappadoce et fit cause commune avec d’autres Satrapes d’Anatolie qui s’étaient déjà révoltés. Ce que l’historien et chroniqueur Diodore de Sicile (v.90-v.30) appelle la "Révolte des Satrapes" contre Artaxerxès II.
 
   Il faut préciser que les dernières recherches auraient tendance à montrer qu’il n’y eut pas de révolte d’une telle ampleur. Comme le précise Pierre Briant, de nombreux détails sont sujets à controverse. C’est en fait une bien grande appellation pour une série de rébellions qui ont continué pendant un certain temps, sans vraiment menacer la stabilité de l’Empire Perse. À divers moments, Ariobarzane de Phrygie (407-362), Ariobarzane II de Kios (du Pont, 362-337), Datamès, Mausole pour la Carie, Orontès (401-344) d’Arménie et Autophradatès (ou Autophradate) de Lydie y participèrent et ils reçurent le soutien des Pharaons d’Égypte, Nectanébo I (380-362), Tachos (ou Téos, 362-360) et Nectanébo II (360-342). Artabaze (ou Artabazos), l’un des Généraux restés fidèles au Roi, s’avança contre Datamès par la Pisidie, mais il fut complètement écrasé du fait de la trahison de son propre beau-père Mitrobarzanès, qui fit défection avec sa cavalerie. Tout ne fut pas rose pour Datamès qui fut ensuite trahi par son fils aîné, Sysinas, qui passa du côté d’Artaxerxès II.


 

 Cheminées de fée dans la vallée de l’Amour

 
   La grande réputation qu’acquit Datamès à cette époque poussa Artaxerxès II à faire une dernière tentative pour le maîtriser. Il envoya contre lui Autophradatès de Lydie, qui s’était rallié de nouveau au Roi et avait succédé à Memnon de Rhodes commandant de la flotte Perse, à la tête d’une grande armée. Cependant Autophradatès fut contraint de conclure une trêve avec Datamès et de se retirer avec de lourdes pertes. Datamès, bien que constamment victorieux contre les ennemis qui se présentaient contre lui, tomba finalement. Il fut victime d’une trahison, et, après avoir évité de nombreux complots contre sa vie, selon Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre Grec, v.430-v.355), il fut assassiné par Mithridate I de Kios (402-362), fils d’Ariobarzane I de Kios (420-402), qui avait gagné sa confiance en simulant de l’hostilité envers Artaxerxès II. La vie de Datamès fut décrite en détail dans une biographie de Cornélius Népos (Écrivain Latin, 100-29 ou 25). Son successeur pour la Cilicie fut Mazæos (ou Mazaeus) et en Cappadoce, Ariamnès.
 
   Ariamnès I (ou Ariamnes ou Ariámnēs, en Grec : ‘Aριάμνης Α΄, 362 à 350 ou 362 à 330 ou 361 à 334) fut le second fils de Datamès et lui succéda donc sur le “trône” de Cappadoce, mais retomba sous la suzeraineté de la Perse. Il fut le père d’Ariarathès I qui lui succéda et d’Orophernès (ou Oropherne ou Holopherne). Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) nous dit qu’Ariamnès I régna pendant 50 ans ?. On ne sait rien de son passage au pouvoir si ce n’est qu’il vit l’arrivée du Roi de Macédoine, Alexandre le Grand (336-323) qui vainquit les Perses, mais se trouva toutefois en face d’une grande résistance en Cappadoce, dont les habitants les soutenaient. Occupé à poursuivre le Roi Perse, Darius III (336-330) en Cilicie, Alexandre délaissa plus ou moins la Cappadoce dont il ne reçut de la part d’Ariamnès I en 333 qu’une soumission formelle. Il nomma alors le commandant Sabiktas (ou Abistaménès) pour contrôler cette région. L’autorité de ce Satrape désigné ne fut que théorique, car le peuple qui était contre Alexandre, préférait être gouverné par un noble Perse : Ariarathès.
 
   Cet Ariarathès I (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates, en Grec : ‘Aριαράθης Α΄, 350 à 322 ou 334 à 321 ou 330 à 322) fut le fils d’Ariamnès I et naquit selon certains spécialistes en 405. Lors de l’invasion Macédonienne de l’Empire Perse, Ariarathès I combattu avec Darius III (336-330) à la bataille de Gaugamèles le 1 Octobre 331, puis il défendit la Cappadoce contre les attaques d’Antigonos I Monophtalmos (Roi 306-301) en 330, ce qui lui valut d’acquérir une certaine liberté. À cette date, il se fit proclamer Roi et rendit la Cappadoce indépendante et, d’après Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), il ne semble pas avoir payé de tribut à Alexandre à qui pourtant il reconnaissait sûrement la suzeraineté. Ariarathès I était connu pour l’amour qu’il éprouvait pour son frère Orophernès (ou Oropherne ou Holopherne), pour cette raison il fut surnommé Philadelphe (En Grec : Φιλάδελφος). En 323, après la mort d’Alexandre, Perdiccas (Régent de Macédoine 323-321) nomma Eumène de Cardia (ou Eumènès ou Eumenês, en Grec : Ευμένης, 362-316), Gouverneur de Cappadoce, mais Ariarathès I refusa de se soumettre et leva une armée. Perdiccas lui fit alors la guerre au profit d’Eumène. Ariarathès I fut vaincu, fait prisonnier et crucifié à l’âge de 82 ans. Eumène obtint alors possession de la Cappadoce qu’il garda jusqu’à sa mort en 316. N’ayant pas eut de fils Ariarathès I avait adopté le fils de son frère Orophernès qui lui succéda.
 
   Ariarathès II (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates, en Grec : ‘Aριαράθης Β΄, Satrape 322 à 301 et Roi 301 à 280) lorsqu’il succéda à son oncle vit donc toute la Cappadoce sous la domination Macédonienne et n’eut qu’un pouvoir relatif puisque sous le contrôle d’Eumène de Cardia. Après la mort de ce dernier en 316, Ariarathès II profita que les anciens Diadoques d’Alexandre, Antigonos I Monophtalmos et Séleucos I (305-280) soient occupés à se combattre pour le contrôle de l’Anatolie. Il obtint l’aide Roi d’Arménie, Orontès III (ou Ardoatès, 317-v.300), qui lui confia une armée pour reconquérir ses territoires perdus. Ariarathès II tua le Général Gouverneur Macédonien Amyntas, chassa ces derniers du pays, et en 301 il prit le titre de Roi de Cappadoce. Cependant, il ne fut pas possible pour lui d’établir un royaume totalement indépendant car il dut reconnaitre la suzeraineté de l’Empire Séleucide. Ce fut toutefois un Roi très actif qui eut la volonté d’agrandir son territoire. Certains spécialistes avancent qu’il fut tué au combat contre les Macédoniens ?. Les Rois de Cappadoce firent remonter leurs origines au Roi Perse Cyrus II le Grand (559-529) et à l’un des sept Perses qui tuèrent le Mage usurpateur de l’Empire.


 

Tétradrachme argent
d’Ariarathès III

 
   L’aîné de ses trois fils, Ariamnès II (ou Ariamnes ou Ariámnēs, en Grec : ‘Aριάμνης B΄, 280 à 262 ou 280 à 230 avec la corégence ou 280 à 225) lui succéda. Il aimait ses enfants et il partagea sa couronne avec son fils Ariarathès III à partir de 262 (ou 255) jusqu’à sa mort. Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30), il fut probablement le premier à obtenir l’indépendance totale de la Cappadoce de la part de l’Empire Séleucide, lorsque vers 260, il contracta avec Antiochos II Théos (“Dieu“, 261-246) une alliance familiale en obtenant pour, Ariarathès III, la main de Stratonice III, la fille d’Antiochos II et Laodice I (ou Laodiké).
 
   Ariarathès III (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates, en Grec : ‘Aριαράθης Γ΄, en corégence de 262 ou 255 jusqu’à 230 ou 225 et seul de 230 à 220) arriva au pouvoir en 262 en corégence avec son père. Pour beaucoup de spécialistes il fut le premier souverain de Cappadoce à prendre le titre de Basileus (Roi). Il consolida un peu plus ses positions en épousant Stratonice III, la fille du Roi Séleucide Antiochos II (261-246) et de la Reine Laodice I (ou Laodiké ou Laodicée), mais à la mort du Roi il prit position dans la lutte de succession pour Antiochos Hiérax contre le prétendant légitime Séleucos II Kallinikos (246-225). Antiochos Hiérax, après sa tentative de prise de pouvoir sur son frère entra en conflit avec le Roi de Pergame, Attalos I Sôter (ou Attale, 241-197), qui s’empara de la plupart de ses possessions en 228. Il dut s’enfuir et périt dans sa fuite en Thrace en 227 (ou 226). Selon Diodore de Sicile (Historien Grec, v.90-v.30) Ariarathès III élargit son royaume en ajoutant la Cataonie (ou Kataonie) à ses possessions. Il eut trois fils avec Stratonice III, l’aîné Ariarathès IV Eusèbe lui succéda.
 
   Ariarathès IV Eusèbe (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Eusebs, en Grec : ‘Aριαράθης Δ΄Εσεϐής, 220 à 163) succéda à son père alors qu’il n’était un peu plus qu’un enfant. Sous son règne eurent lieu les premiers contacts avec les Romains. Il apporta son soutient à Antiochos III Mégas (223-187) dans sa guerre contre ces derniers, mais ils furent vainqueur et devinrent les grands maîtres de l’Asie Mineure. Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), après la défaite d’Antiochos III, il sollicita la paix et acheta le Proconsul Cneius Manlius Vulso, chef du corps expéditionnaire Romain, pour 300 talents. Il obtint ainsi une paix favorable de Rome et fut admis in amicitiam "dans l’amitié" du peuple Romain, mais devint de ce fait leur vassal.


 

Drachme d’Ariarathès IV

 
   Les Romains furent les arbitres dans les luttes qui opposaient les différents royaumes qui la composaient. Voir la carte ci-dessous sur la répartition de l’Asie Mineure au Traité d’Apamée en 188. Ariarathès IV épousa Antiochis III, la fille d’Antiochos III Mégas et de la Reine Laodice III (ou Laodiké ou Laodicée). Selon Diodore de Sicile (v.90-v.30), Antiochis III aurait été stérile et, désespérant d’avoir des fils, elle aurait fait passer pour les siens au Roi deux enfants, Ariarathès et Orophernès (ou Oropherne ou Holopherne), avant de devenir la mère de deux filles et d’un fils, Mithridate. Après les aveux de la Reine, Ariarathès IV envoya son fils aîné à Rome et le second en Ionie pour qu’ils y soient élevés à la manière des Romains et désigna Mithridate comme son successeur sous le nom d’Ariarathès V avant de mourir peu après. Une de ses filles, Stratonice IV, fut l’épouse des Rois de Pergame, Eumène II (ou Eumènès, 197-159) et Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138) dans le cadre d’un traité de paix entre les deux royaumes.

 

Répartition de l’Asie Mineure au Traité d’Apamée – 188


 
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Tétradrachme d’Ariarathès V Eusèbe

   Ariarathès V Eusèbe Philopator (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Eusebs Philopátōr, en Grec : ‘Aριαράθης Ε΄Εσεβής Φιλοπάτωρ “Fils aimant son père” ou "L’ami de son père", 163 à 158 ou 163 à 159 et 157 à 130 ou 156 à 130), fils légitime d’Ariarathès IV, Mithridate de son nom de naissance, arriva au pouvoir en 163. Selon Tite-Live (ou Titus Livius, historien Romain, 59 av.J.C-17 ap.J.C), il se distinguait par son excellent caractère raffiné, sa culture et ses connaissances en philosophie, en sciences humaines et dans les arts et il fit ses études à Rome. Il faut toutefois souligner que cette dernière affirmation se rapporte sûrement à un autre Ariarathès, tandis que Ariarathès V Eusèbe Philopator étudia probablement dans sa jeunesse à Athènes, où il semble être devenu un ami du futur Roi de Pergame Attalos II Philadelphe (ou Attale, 159-138). Edward Theodore Newell dit que ce fut l’un des plus grands Rois de Cappadoce.
 
   Selon Polybe (Général, homme d’État et historien Grec, v.205-126 av.J.C), après sa prise de pouvoir, il envoya des Ambassadeurs à Rome afin de renouveler le traiter d’amitié qui existait entre les deux États. Conforté par l’accueil bienveillant du Sénat, il envoya des émissaires auprès de Lysias (ou Lusias), qui dirigeait comme Régent le royaume Séleucide pour Antiochos V Eupator (164-162) encore enfant, afin de lui réclamer les corps de sa mère et de sa sœur qui avaient été assassinées. Antiochis se trouvait avec sa fille à Antioche lors de la mort d’Antiochos IV Épiphane (175-164) et Lysias les avait fait assassiner pour une raison inconnue.
 
   Toujours selon Polybe, le Sénat Romain aida Ariarathès V en envoyant deux émissaires, Cneius Octavius et Lucretius, régler le différend qui opposait le royaume de Cappadoce à l’un des trois peuples Galates, les Trocmes. Ariarathès V intervint également auprès du Roi d’Arménie, Artaxias I (190/189-160), qui se conduisait en chef d’État indépendant depuis la mort du Roi Séleucide, Antiochos IV Épiphane, afin de le dissuader d’annexer la Sophène, mais il n’eut pas beaucoup de succès dans sa démarche. Ariarathès V envoya ensuite de nouveaux des Ambassadeurs au Sénat Romain afin de lui assurer sa soumission et offrit un présent de 10.000 pièces d’or. Dans le but de ne pas mécontenter les Romains, il refusa d’épouser Laodice V (ou Laodiké ou Laodicée), la veuve du Roi de Macédoine, Persée (179-168) et la sœur du Roi Séleucide, Démétrios I Sôter (162-150), leurs ennemis.


 

Drachme argent d’Ariarathès V 

 
   En 159/158, ce dernier soutint en représailles les prétentions d’Orophernès II  (ou Oropherne ou Holopherne, en Grec : Oρoφέρνης B’, 159 à 157 ou 158 à 156), frère d’Ariarathès V qui revendiquait le trône. En 158, Ariarathès V détrôné, s’enfuit à Rome pour plaider sa cause. Il obtint l’aide du Sénat qui chargea son ami et allié le Roi de Pergame, Attalos II de le rétablir, ce qui fut fait en 156. Le Roi demeura ensuite un allié fidèle de Rome et il envoya des troupes commandées par l’un de ses fils, Démétrios, soutenir Attalos II contre le Roi de Bithynie, Prusias II (182-149). À partir de cette date il partit en conquêtes en Ionie et prit la ville de Priène, désireux de s’emparer du trésor de celle-ci. Il incendia la cité et la détruisit en partie. Il lutta aussi contre le Roi Mithridate V Évergète (ou VI, 156-123 ou 120) du Pont qui envahit son royaume, bien que les détails de cette guerre ne soient pas connus.
 
   Selon Polybe il mourut en 130 (ou 126 selon certains spécialistes), tué au cours de la guerre contre Aristonicos (ou Aristonikos ou Eumène III ou Eumènès, 133-129) de Pergame. En compensation, Rome accorda la Phrygie, la Lycaonie et la Cilicie, aux fils d’Ariarathès V. Selon l’historien Romain, Justin (III siècle ap.J.C), l’épouse d’Ariarathès V, Laodice (ou Laodiké ou Laodicée, en Grec : Λαοδίκη) également nommée Nysa (ou Nyssa, en Grec : Νύσα), la fille du Roi du Pont Pharnace I (ou Pharnacès ou Pharnakes, 184-170) et de Nysa, lui aurait donné six fils. Afin de rester maîtresse du royaume après sa mort, elle aurait fait empoisonner les cinq aînés. Seul le jeune Ariarathès VI aurait été sauvé par des proches avant que le peuple horrifié ne mette à mort sa mère.
 
   Ariarathès VI  Épiphane Philopator (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Epiphans Philopátōr, en Grec : ‘Aριαράθης Στ΄’Eπιφανής Φιλοπάτωρ “Fils aimant son père” ou "L’ami de son père", 130 à 116 ou 130 à 111 ou 126 à 111) arriva au pouvoir. Au cours de son règne, il fit reconstruire l’agora de Priène dévastée lors de l’attaque de la ville par son père et y fit rajouter des statues de marbre et de bronze. Selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), le Roi du Pont, Mithridate V Évergète (150-120) profita de la confusion lors de la mort d’Ariarathès V Eusèbe pour occuper, en raison d’un héritage présumé, la Cappadoce. Cette tentative échoua, probablement du fait de l’intervention des Romains. Il décida alors de donner sa fille Laodice (ou Laodice C ou Laodiké ou Laodicée) en mariage à Ariarathès VI. Ariarathès VI fut assassiné par Gordias (ou Gordius), un noble de Cappadoce, sur l’ordre de son beau-frère, Mithridate VI (120-63).


 

Drachme argent d’Ariarathès VII 

 
  Laodice prit alors le pouvoir comme Régente pour leur jeune fils Ariarathès VII  Philométor (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Philomtōr, en Grec : ‘Αριαράθης Ζ΄ της Καππαδοκίας “Fils aimant sa mère” ou "L’ami de sa mère", 116 à 101 ou 111 à 100). Cependant, craignant pour sa vie et celle de ses enfants elle épousa le Roi de Bithynie Nicomède III Évergète (127-94), allié de son frère, qui venait d’envahir son royaume. En 100, Mithridate VI refusa d’accepter le rapprochement des deux États voisins du royaume du Pont. Il annula son alliance avec Nicomède III, envahit la Cappadoce et chassa sa sœur ainsi que Nicomède III du pays. Ariarathès VII demeura seul Roi mais il refusa d’accepter le retour de Gordias (ou Gordius), l’assassin de son père, que Mithridate VI voulait lui imposer. La relation entre les deux souverains devint alors explosive et Mithridate VI assassina lui-même Ariarathès VII lors d’une rencontre qu’il avait organisée.
 
   À la mort d’Ariarathès VII, un autre fils de Laodice (ou Laodice C ou Laodiké ou Laodicée) et Ariarathès VI, Ariarathès VIII Épiphane (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Epiphans, en Grec : ‘Aριαράθης Η΄Eπιφανής, 101 à 96 ou 100 à 95) monta sur le trône de Cappadoce proclamé Roi par la noblesse Cappadocienne en opposition à Ariarathès IX Eusèbe Philopator (ou Ariarathes ou Ariaráthēs ou Ariarates ou Ariaráthēs Eusebs Philopátōr, en Grec : ‘Aριαράθης Θ΄ Εσεϐής Φιλοπάτωρ “Fils aimant son père” ou "L’ami de son père", 100 puis 95 à 88 ou 95 à 87), le fils du Roi du Pont, Mithridate VI (120-63), installé sur le trône de Cappadoce à l’âge de huit ans par son père, qui était en fait le véritable souverain. Il fut rapidement chassé du royaume par Mithridate VI et mourut peu de temps après de mort naturelle. Mithridate VI restaura sur le trône son fils Ariarathès IX.


 

Monnaie d’Ariarathès IX

 
   Le Roi Nicomède III et Laodice (ou Laodice C ou Laodiké ou Laodicée) envoyèrent alors une ambassade à Rome pour mettre sur le trône un prétendu troisième fils d’Ariarathès VI et Laodice. Mithridate VI, avec la même impudeur, dit l’historien Romain Justin (III siècle ap.J.C), envoya aussi une ambassade à Rome pour affirmer que l’enfant qu’il avait placé sur le trône, était un descendant d’Ariarathès V Eusèbe. Le Sénat Romain n’affecta le Royaume ni à l’un ni à l’autre mais garanti la liberté aux Cappadociens et, en 95, il ordonna de déposer Ariarathès IX. Après une courte période de domination Pontique directe, le Sénat obligea Mithridate VI d’évacuer la Cappadoce. Rome fit alors une tentative, pour instaurer une république en Cappadoce. Celle-ci ayant échouée, le Sénat approuva la volonté des Cappadociens de préserver la monarchie et leur permis de choisir qui leur plaisait.
 
   La Cappadoce reçut alors pour Roi un Seigneur Perse, Ariobarzane I Philoromaios (ou Ariobarzanês ou Ariobarzánēs Philormaios, en Grec : ‘Aριοϐαρζάνης A’ Φιλορώμαιος, “L’ami des Romains95 à 63 ou 95 à 62), qui fut également soutenu par les Romains. Mithridate VI ne pouvait tenir tête à Rome que s’il disposait d’alliés puissants. Il passa alors alliance avec le Roi d’Arménie, Tigrane II le Grand (95-54), à qui il donna en mariage sa fille Cléopâtre. Tigrane II envahit la Cappadoce et en chassa Ariobarzane I Philoromaios. Le fils de Mithridate VI, Ariarathès IX, fut replacé sur le trône, mais les Romains, menés par le Général et Consul Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78), reconquirent ce trône. En 91, Mithridate VI se tourna vers la Bithynie, qu’il attaqua pendant que Tigrane II, à peine un an plus tard en 90, chassa une nouvelle fois Ariobarzane I Philoromaios de Cappadoce. Rome envoya en Asie Mineure le Général et Consul Manius Aquilius Nepos (†88) pour obtenir la restauration du fils de Nicomède III, Nicomède IV Philopator (94-74) qui venait d’accéder au trône et d’Ariobarzane I Philoromaios. Mithridate VI s’inclina, mais Aquilius lui demanda d’indemniser le Roi de Bithynie. Devant le refus de Mithridate VI, Aquilius poussa Nicomède IV à envahir le royaume du Pont. Mithridate VI en profita et en 89, installa une nouvelle fois Ariarathès IX en Cappadoce.
 


 

Monnaie d’Ariobarzane I Philoromaios

   Puis il entreprit la construction de 75 forteresses en Petite Arménie et mobilisa une armée de 250.000 fantassins, des escadrons de chars et 50.000 cavaliers. Il se procura des navires en Égypte et en Syrie et enrôla les Sarmates ses anciens ennemis. Tous ces préparatifs afin de déclarer, en 89, une nouvelle fois la guerre à Rome. Il remporta deux victoires décisives, qui lui livrèrent toute la Bithynie, la Phrygie du Nord et la Mysie. Il pénétra ensuite dans la province d’Asie où il fut accueilli comme un libérateur. Il se débarrassa des Romains qui se trouvaient en Asie et plus de 80.000 périrent en un seul jour, principalement à Éphèse. Puis Mithridate VI s’attaqua à la Macédoine, mais l’armée Romaine franchit le Bosphore et Mithridate VI perdit petit à petit toutes ses conquêtes. Sylla le contraint à signer la paix de Dardanos (en Troade). Mithridate VI restitua la Bithynie et la Cappadoce et céda aux Romains 70 navires et 2.000 talents d’or.
  
   Les Romains réussirent à lui imposer le retour dans son royaume, mais seulement au bout de cinq années de guerre acharnées. Ariarathès IX fut finalement expulsé du pays en 87. Il mourut en combattant pour son père en Thessalie ou peut-être empoisonné par lui ?. Les Romains confortèrent alors Ariobarzane I Philoromaios au pouvoir. En 63, la Cappadoce fut complètement libérée par le Général et Consul Pompée (ou Cnaeus Pompeius Magnus, 106-48) et le royaume devint un protectorat Romain. Ariobarzane I épousa Athénaïs Philostorgos I, fille d’un noble Grec d’origines obscures. Il abdiqua en faveur de son fils qui lui succéda. Sa fille, Isias Philostorgue (ou Philostorgus, en Grec : η Ισίας Φιλόστοργος “Isias l’aimer“) épousa le Roi de Commagène, Antiochos I Théos Dicée Épiphane Philoromée Philhellène (69-40). Il faut noter que pour certains spécialistes elle fut également la sœur de ce dernier et non pas la fille d’Ariobarzane ?.
 


 

Monnaie d’Ariarathès X

   Ariobarzane II Philopator (ou Ariobarzanês ou Ariobarzánēs Philopátōr, en Grec : ‘Aριοϐαρζάνης B’ Φιλοπάτωρ “Fils aimant son père” ou "L’ami de son père", 63 à 51 ou 62 à 51) arriva au pouvoir. Ce fut un admirateur de la culture Grecque, il fit restaurer l’Odéon d’Athènes qui avait été brûlé au cours du siège de la ville en 87 par le Général et Consul Sylla (ou Lucius Cornelius Sulla Felix, 138-78). Son règne est assez mal connu. On sait qu’il fut un dirigeant inefficace et qu’il requit l’aide du Général Romain Aulus Gabinius (v.100-47) en 57 pour contrer ses ennemis. Selon Cicéron (ou Marcus Tullius Cicero, Philosophe, homme d’État, avocat, orateur, théoricien politique et Consul, 106-43) il fut une victime d’une conspiration et fut tué. Il épousa Athénaïs Philostorgos II, fille du Roi du Pont, Mithridate VI. Ses deux fils, Ariobarzane III et Ariarathès X lui succédèrent.
 
   Le premier à monter sur le trône fut Ariobarzane III Eusèbe Philoromaios (ou Ariobarzanês ou Ariobarzánēs Eusebs Philormaios, en Grec : ‘Aριοϐαρζάνης Γ’ Εσεϐής Φιλορώμαιος, "L’ami des Romains", 51 à 42). Après l’assassinat de son père, le Sénat Romain convenu qu’il devait être le successeur de celui-ci, mais Cicéron, à ce moment Proconsul de Cilicie, attira l’attention sur les nombreux ennemis d’Ariobarzane III dont il était entouré, n’excluant pas sa mère. Il l’aida notamment à déjouer une conspiration destinée à mettre sur le trône son frère Ariarathès X, soutenu par Archélaos II (ou Archélaus, en Grec : ‘Αρχέλαος) de Comana (ou Kommana ou Kommanae), Grand-Prêtre du temple de Bellone à Comana. Initialement fervent partisan de Pompée (ou Cnaeus Pompeius Magnus, 106-48), il fut toutefois maintenu à son poste même après que Jules César (100-44) ait gagné la guerre civile Romaine, obtenant même l’élargissement de son territoire avec l’ajout de la Petite Arménie (ou Sophène) de (47 à 44). Brutus (ou Marcus Junius Brutus Caepio, v.85-42) et Cassius (ou Caius Cassius Longinus, 87/86-42), les conspirateurs de César, après la mort de celui-ci, le déclarèrent traître, en raison de son opposition à de nouvelles interventions Romaines dans son royaume. En 42, il fut condamné à mort et exécuté par Cassius.
 
   Ariarathès X Eusèbe Philadelphe (ou Ariarathes ou Ariarates ou Ariaráthēs Eusebs Philádelphos, en Grec : ‘Aριαράθης Ι΄Εσεϐής Φιλάδελφος, 42 à 36) succéda à son frère après son exécution, comme vassal de Rome. Il fut intronisé par Marc Antoine (83-30), mais il ne régna que six ans jusqu’à ce que ce dernier lui opposa dans un premier temps comme compétiteur Sisinnès (ou Sisinna ou Sisines), mais sans qu’il accède au pouvoir, qui fut le fils aîné d’Archélaos II (ou Archélaus, en Grec : ‘Αρχέλαος), Grand-Prêtre du temple de Bellone à Comana et de Glaphyra, courtisane célèbre et célébrée dans l’antiquité pour sa beauté et son charme dont Marc Antoine était tombé amoureux. En fin de compte, Marc Antoine fit exécuter Ariarathès X pour le remplacer finalement par un autre Roi “client”, Archélaos, le second fils du Grand-Prêtre et de Glaphyra.

 
   Archélaos (ou Archælaus ou Archélaus ou Archelaus Philopatris Ktistes, en Grec : ‘Aρχέλαος Φιλοπατρίς Κτίστης  “Amant et fondateur de son pays“, 36 av.J.C à 17 ap.J.C), fut le 2e fils d’Archélaos II de Comana (ou Kommana ou Kommanae), Grand-Prêtre du temple de Bellone à Comana et de Glaphyra. Il fut porté au pouvoir par Marc Antoine (83-30). En témoignage de sa reconnaissance, il fournit des troupes au Romain pour ses expéditions contre les Parthes et le soutiendra contre Octave (Empereur Auguste, 27 av.J.C-14 ap.J.C) jusqu’à la batille d’Actium. Après la chute de Marc Antoine, ce soutient lui valut de n’être confirmé comme Roi de Cappadoce par Auguste qu’en 20 av.J.C. Il obtint néanmoins alors en plus une partie de la Cilicie et la Petite Arménie (ou Sophène). L’acquisition de la bande côtière de Cilicie fut pour Archélaos l’occasion de déménager sa résidence royale sur l’île d’Elaiussa Sébaste (ou Elaioussa ou Elaeusa) en Cilicie, où il fit construit un palais. Archélaos nomma le lieu “Sébaste” en l’honneur de l’Empereur Auguste (Nom Grec d’Auguste). Archélaos rebaptisa une autre ville avec son propre nom : Archelaïs. Elle fut à l’origine un village nommé Garsaura. Il transforma le village en un centre administratif, qui devint plus tard une colonie sous l’Empereur Claude (41-54 ap.J.C).


 

Drachme d’Archélaos

 
   Puis il aida Auguste à installer en Arménie Tigrane V Hérode (6 à 11/12 ap.J.C), le fils de sa fille Glaphyra et d’Alexandre de Judée, fils du Roi de Judée et d’Israël Hérode le Grand (41-4 av.J.C) et de Mariamne I. Archélaos s’attira toutefois la rancune de l’Empereur Romain suivant, Tibère (14-37) qui lui reprocha d’avoir été un fidèle de Caius Julius Caesar Vespasianus, le premier héritier d’Auguste (20 av.J.C-4 ap.J.C). Archélaos épousa Pythodoris de Trallès (ou Pythadoris, 8 av.J.C-38 ap.J.C), Reine du Pont sous le protectorat Romain depuis la mort de son époux Polémon I en 8 av.J.C. Cette union politique entre deux de ses alliés, déplut à Rome qui plaça alors le royaume du Pont sous son administration directe.
 
   Archélaos n’eut pas une grande popularité auprès de ses sujets, à une occasion, sous le règne d’Auguste, certains citoyens de Cappadoce déposèrent à Rome une accusation contre Archélaos. À la suite de nouvelles difficultés il fut convoqué à Rome et dut répondre devant le Sénat pour avoir suscité des émeutes dans son royaume. Il fut accusé par le Sénat Romain d’abriter des régimes révolutionnaires. Tibère espérait qu’Archélaos fut condamné à mort mais ce ne fut pas le cas. Cependant, en 17 ap.J.C, il fut destitué et emprisonné à Rome où il mourut (on trouve aussi 14 ap.J.C) de causes naturelles. Tacite (ou Publius Cornelius Tacitus, historien et Sénateur Romain, 56/57-v.120) laisse ouverte la possibilité qu’il se soit suicidé ?. La même année, Tibère qui en rêvait depuis longtemps, annexa définitivement la Cappadoce à Rome et il fit construire une route menant à la mer Égée. Cette route se révéla importante pour le commerce, mais aussi pour des mouvements plus rapides de troupes.
 
   Archélaos eut deux épouses :
 
• Une dont l’origine et le nom ne sont pas connus, certains spécialistes avancent qu’elle fut une Princesse Arménienne, peut-être une fille du Roi d’Arménie, Artavazde III (54-34), qui serait morte en 8 av.J.C ?. Elle lui donna deux enfants :

Une fille, Glaphyra qui fut l’épouse d’Alexandre, le fils du Roi de Judée et d’Israël, Hérode le Grand (41-4 av.J.C) et de la Reine Mariamne I. Elle lui donna trois enfants, deux fils : Alexandre, qui sera le père du Roi d’Arménie Tigrane VI de Cappadoce (ou Aristobule, 59-62), et Tigrane V Hérode qui fut Roi d’Arménie (6-11/12) et un dernier enfant dont le nom est inconnu. Lorsque son époux Alexandre fut exécuté par Hérode, en 7 av.J.C, Glaphyra retourna chez son père avec ses enfants et elle se remaria avec le Roi de Maurétanie Juba II (25 av.J.C-24 ap.J.C). Leur mariage fut bref. Elle épousa ensuite Hérode Archélaos (4 av.J.C-6 ap.J.C), l’Ethnarque de Judée, de Samarie et de l’Édom (ou Idumée).
 
Un fils : Archélaos de Cilicie († 38 ap.J.C) qui fut un Roi client Romain de la Cilicie Trachée et de l’Est de la Lycaonie. Il récupéra ces territoires à la mort de son père.

 
Pythodoris de Trallès (ou Pythadoris, 8 av.J.C-38 ap.J.C), dont il fut le second époux. Elle avait été mariée en premières noces, vers 14/13 av.J.C, avec le Roi du Pont, Polémon I et régnait seule depuis sa mort en 8 av.J.C, sous le protectorat Romain. Il n’y eut pas d’enfant de cette union.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur la Cappadoce voir les ouvrages de :
 
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Mystérieuse Cappadoce : Les dernières découvertes, les établissements monastiques, la Cappadoce dans l’Empire Byzantin, Éditions Faton, Dijon, 2003.
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