Chypre
 

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Pour plus de détails voir aussi : Les cités de Chypre : Salamine AmathonteCitionKourionTamassos

 

Sommaire

 
Localisation et généralités
Étymologie
Les principales cités de l’île
L’histoire
    Préhistoire
    Âge du Bronze
    Âge du fer
    Période Assyrienne et des cités-États
    Période Égyptienne et Perse
    Période Hellénistique
    Période Romaine
Bibliographie

 

Localisation

 
   Chypre (ou Kypros ou Kupros ou Kýpros, en Grec : Κύπρος, en Turc : Kıbrıs Kirsch, en Hébreu : קפריסין, en Arménien : Կիպրոս), est une île située dans le bassin Levantin qui constitue la partie la plus orientale de la mer Méditerranée, souvent considérée comme Européenne, mais elle est située au Sud de l’Asie Mineure, en face de la Syrie. Elle fut dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant des Minoens et des Mycéniens.


 

Dieu cornu en bronze
retrouvé à Enkomi


 

Étymologie

 
  La référence à Chypre est attestée dès le XVe siècle av.J.C. On lui connait plusieurs noms au cours de son histoire. Les Égyptiens la nommaient : Alachia ou Danan en fonction des périodes, les Assyriens : Iatnana et les Phéniciens : Enkomi, Son nom Grec : Kypros ou Kupros signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin Méditerranéen. Georges Dossin, suggère que le nom a donc des racines dans le mot Sumérien pour le cuivre (Zubar) ou pour le bronze (KUBAR). Dans le même ordre d’idée, grâce au commerce outre-mer, l’île donna son nom en Latin classique au mot cuivre Cyprium, “métal de Chypre”, plus tard réduit à Cuprum. Son nom en Grec Mycénien : ku-pi-ri-jo, signifie chypriote (en Grec : Κύπριος), écrit en linéaire B. L’étymologie du nom est inconnue. Certains spécialistes avancent quelques suggestions :
– Le mot Grec pour l’arbre de cyprès (Cupressus sempervirens), κυπάρισσος (Kyparissos)
– Le nom Grec du henné (Lawsonia alba), κύπρος (Kýpros)
– Chypre, plus précisément le bord de mer à Paphos (ou Baf), fut également l’un des berceaux donnés dans la mythologie Grecque pour Aphrodite, qui était connu sous le nom de Kypria. Les termes Chypriote et Cyprien sont également utilisés, bien que moins fréquemment.

 

Les principales cités de l’île

 
   Au cours de sa longue histoire, Chypre vit se développer sur son sol de nombreuses cités, qui eurent pour certaines, comme Salamine, un très grand pouvoir politique. À une période beaucoup de ces villes s’érigèrent en cité-État avec leur propre Roi. Les plus importantes furent :
Amathonte (ou Amathus, en Grec : ‘Aμαθοũς) fut l’une des plus anciennes villes royales de Chypre. Elle se situait sur la côte Sud en face d’Agios Tychonas, à l’Ouest de Larnaca et à l’Est de Limassol (ou Lemeˈsos ou Limasol). Son culte d’Aphrodite était le plus important, après Paphos (ou Baf), de l’île, son pays d’origine. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
Cition (ou Kition ou Kitim ou Qart Hadasht, en Grec : Κίτιον, en Phénicien : kty, en Latin : Citium, actuellement Larnaca) est une cité de la côte Sud-est de Chypre. Malgré son importance durant l’Antiquité, elle demeure assez mal connue, en partie parce que l’actuelle Larnaca fut bâtie sur le site de l’ancienne cité. La ville, qui n’a pratiquement jamais cessé d’être habitée durant quatre millénaires est déjà mentionnée dans la Bible sous la forme Kitim
Chytri (ou Chytroi ou Ki-it-ru-si ou Kythrea ou Degirmenlik, en Grec : Χũτροι) qui était située dans le centre de l’île, sur le territoire de Chytraea, à l’Ouest de la Plaine de la Mésorée (ou Mesaoria). Elle correspond à la ville moderne de Kythrea. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
 


 

Tête d’une statue
d’homme casqué – trouvée à Idalion –
VIIe – VIe s. av.J.C –
Neues Museum – Berlin

Dhikomo (ou Dikomo, en Grec : Δίκωμο, en Turc : Dikmen) qui était située à environ mi-chemin entre Nicosie et Kyrenia. La ville se compose de deux parties : Kato Dikomo (ou Aşağı Dikmen) etPano Dikomo (ou Yukarı Dikmen).
Enkomi (En Grec : ‘Eγκωμη, en Turc : Tuzla) qui est un village et un site archéologique situé près de Famagouste. Le site est constitué d’une importante ville entourée de remparts cyclopéens. La phase d’occupation s’étend du XIXe siècle av.J.C. jusqu’au XIe siècle av.J.C. C’est à ce moment-là que la cité fut abandonnée au profit de la ville voisine de Salamine.
 
Idalion (ou Idalium ou E-di’-il ou Ed-di-al ou Edalion ou Dali, en Grec : Ιδάλιον) qui correspond à la ville moderne Dali, dans le District de Nicosie. La cité fut fondée sur le commerce du cuivre au IIIe millénaire. Son nom au VIIIe siècle était Ed-di-al tel qu’il apparaît sur la stèle du Roi d’Assyrie Sargon II (722-705) en 707 av.J.C, et un peu plus tard elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
Karpasia (ou Carpasia ou Karpasion) qui est dit avoir été fondée par le Roi Phénicien Pygmalion de Tyr, près du cap Sarpédon à l’extrémité de la péninsule de Karpas, sur la rive Nord-est de Chypre, au Nord et à courte distance de la ville moderne de Rizokarpasso.
Kouklia (ou Palaepaphos, en Grec : Κούκλια, en Turc : Kukla) qui est un village dans le district de Paphos (ou Baf), à environ 16 km. de la ville de Paphos. Il fut construit dans la zone de Palaepaphos Vieux Paphos, berceau mythique d’Aphrodite. Le mythe de la fondation de cette Déesse fit que vers 1200 av.J.C, Kouklia fut un centre religieux important et le centre de son culte dans le monde antique.
 
Kourion (ou Curias ou Ku-ri-i ou Kurion ou Kaloriziki, en Grec : Κούριον, en Latin : Curium) fut une riche cité de Chypre. Elle fut peuplée de l’Antiquité jusqu’au début du Moyen Âge. Elle était située sur la côte Sud de l’île à l’Ouest de la rivière Lycus (aujourd’hui Kouris), non loin d’Amathonte. Elle est répertoriée par de nombreux auteurs antiques. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia, en Grec : Κερύνεια, en Turc : Girne) fut une ville et un port situé au Nord de l’île, faisant face à la Turquie. Bien qu’il existe des preuves montrant qu’elle fut peuplée depuis 5800 av.J.C, il est traditionnellement admis que la cité fut fondée par les Achéens du Péloponnèse après la guerre de Troie.


 

Le théâtre de Kourion


Lapithos (ou Lapethos, en Grec : Λάπηθος, en Turc : Lapta) qui selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) fut fondée par Sparte. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2. Au cours de la domination Perse, Lapithos fut colonisée par les Phéniciens. Le dernier Roi indépendant, Praxippos fut détrôné par le Roi d’Égypte Ptolémée I Sôter (305-282), en 312 av.J.C.
Ledra (ou Ledrae ou Ledrai ou Li-di-ir ou Nicosie ou Levkoşa, en Grec : Λήδρα) qui était située dans le centre de l’île, près de Nicosie aujourd’hui. Elle fut créée en 1050 av.J.C. Aux alentours de 280 av.J.C, la cité fut rebaptisé Leukotheon. Ledra fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
 
Limassol (ou Lemeˈsos ou Leymosun ou Da-mu-u-si / su, en Grec : Λεμεσός, en Turc : Limasol), autrefois appelée Némosie, est aujourd’hui la deuxième ville la plus importante de Chypre. Elle est située sur la baie d’Akrotiri, sur la côte Sud de l’île.
Marion (ou Pu-su-su, en Grec : Μάριον) qui était située dans le Nord-ouest de l’île, près de l’actuelle ville de Polis. Elle fut fondée au VIIe siècle av.J.C et s’est enrichie du commerce du cuivre et de l’or de ses mines à proximité. Elle fut finalement détruite en 312 av.J.C par le Roi d’Égypte Ptolémée I Sôter (305-282) et fut ensuite remplacé par la ville voisine d’Arsinoé. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.
 
Morphou (ou Morfou, en Grec : Μόρφου, en Turc : Omorfo ou Güzelyurt) qui était située dans le Nord de l’île, à l’extrémité occidentale de la plaine de la Mésorée, à 8 km. de la mer (Baie de Morphou). La ville aurait été fondée par les Spartiates.
Paphos (ou Pa-ap-pa, en Grec : Πάφος, en Turc : Baf) qui est située sur la côte occidentale de l’île. Elle était consacrée dans l’Antiquité à la Déesse Aphrodite. Sur le site de Kato Paphos, situé à côté du vieux port, de nombreux vestiges archéologiques de l’Antiquité Grecque dont de magnifiques mosaïques représentant Aphrodite, Artémis ou Dionysos, ont été découverts.
Rizokarpasso (ou Rizokarpaso, en Grec : Ριζοκάρπασο, en Turc : Dipkarpaz) qui est située sur la péninsule de Karpas dans la partie Nord de l’île. La zone de Rizokarpasso contient quelques-uns des plus anciens lieux habités de l’île. Ceux-ci comprennent les anciennes cités de Karpasia et Aphendrika.
 


 

Salamine – Vue du sanctuaire

Salamine (ou Salaminia ou Ki(i)-su, en Grec : Σαλαμίνα ou Σαλαμίς) est située sur la côte Est de l’île, au bord du Pediaeos. Les débuts de la ville sont liés aux fondations mythiques établies à Chypre après la Guerre de Troie par les héros Grecs. Son excellent port lui assura rapidement le premier rang des cités de l’île.
Soles (ou Soloi ou Si-il-li/LU, en Latin : Soli, en Grec : Σόλοι) dont les ruines sont situées au fond de la baie de Morphou, près du village de Potamos tou Kampou (en Turc : Yedidalga). L’origine de la cité n’est pas connue avec certitude. D’après la tradition rapportée par Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125), elle aurait succédé à une ville plus ancienne nommée Aïpéia, qui avait été fondée par Démophon, fils de Thésée.
Tamassos (ou Tamasos ou Ta-moi-si/su, en Grec : Ταμασσός, en Latin Tamassus ou Tamasus) fut une des principales villes de l’île de Chypre. Elle était située dans la grande plaine centrale de l’île, au Sud-est de Soles (oi Soloi), sur la route de cette dernière à Tremithus. Elle fut l’un des dix royaumes de l’île énumérés sur le prisme du Roi d’Assyrie d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2.

 

L’histoire

 
      Préhistoire
 
   L’occupation humaine de Chypre remonte au paléolithique (connu comme l’âge de pierre). La position géographique de l’île la mit très vite sous l’influence de différentes civilisations de la Méditerranée orientale au cours des millénaires. Les habitants coexistaient avec différentes espèces animales, comme des éléphants nains et des hippopotames nains. Il y a des artefacts de cette faune à Aetokremnos près de Limassol, sur la côte Sud de Chypre. La première colonisation incontestée eu lieu au cours du IXe (ou peut-être Xe) millénaire venant du Levant. Ces premiers colons étaient des agriculteurs, mais ne produisaient pas encore de poterie (acéramique néolithique).
 
  Les chiens, les moutons, les chèvres et peut-être les bovins et les porcs furent introduits, ainsi que de nombreux animaux sauvages tels que le renard (Vulpes) et le daim Persan (Dama de mesopotamica) qui étaient jusque-là inconnue de l’île. Les preuves de bétail, telles que celles attestées à Shillourokambos (6 km. à l’Est de Limassol dans le Sud de l’île) sont rares. Ces colons construisirent des maisons rondes avec des sols en terre de chaux brûlée. Il faut noter qu’en 2004, les vestiges d’un chat de 8 mois furent mis au jour, enterrés avec son propriétaire humain, sur un site archéologique de l’île datant du néolithique. La tombe est estimée à 9.500 ans, soit antérieure à la civilisation Égyptienne et repousse l’association significative la plus tardive connue entre félin et humain.


 

Tête représentant Apollon –
Bronze – vers 460 av.J.C.
Découverte en 1836 à Tamassos –
British Museum

 
      Âge du bronze
 
   Une civilisation originale se développa, à l’âge du bronze (5000 à 3000 av.J.C.) sur l’île au carrefour des voies de passages entre le Proche-Orient et le monde Méditerranéen, grâce aussi à la présence de mines de cuivre, ressource qui fut largement négociée. Des Grecs Mycéniens furent sans aucun doute les habitants de l’île à la fin de cette période, tandis que le nom Grec de l’île est attesté dès le XVe siècle av.J.C. écriture en linéaire B. Dès 2100-1900, la population s’installa sur les côtes Nord comme Vouni (ou Vuni) ou Lapithos (ou Lapethos ou Lapta) et Sud, comme Limassol (ou Lemeˈsos ou Limasol ou Leymosun ou Da-mu-u-si / su) et de grandes nécropoles se développent dans lesquelles on a mis au jour de nombreuses poteries : Vases avec figures humaines et têtes d’animaux, cruches à grands cols, bols accolés.
 
   L’écriture Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) ne fut utilisée que dans les premières phases de l’âge du bronze tardif. C’est à cette époque qu’apparaissent les premiers textes écrits, dont les caractères ressemblent à ceux du linéaire A Minoen, on parle d’écriture cypro-minoenne dans laquelle on distingue au moins trois syllabaires différents. Entre 1900 et 1600, les sites habités se multiplièrent et certains furent même fortifiés, comme Krini (ou Pınarbaşı) et Dhikomo (ou Dikomo ou Dikmen). Durant le bronze récent (1600-1200), de nouveaux sites se développèrent. À cette époque les premières villes furent construites, comme Enkomi (ou Tuzla), Hala Sultan Tekké (ou Hala Sultan Tekkesi), Cition (ou Kition ou Citium), Morphou (ou Güzelyurt ou Omorfo ou Güzelyurt) et Paphos (ou Baf).
 
   L’influence Syrienne fut importante dans le domaine religieux. On construisit des temples orientaux dans les villes et les sacrifices d’animaux furent courants. Dans ces vastes ensembles architecturaux, on trouvait une grande salle à piliers, un autel en plein air, des tables à offrandes et libations, des ateliers et des réserves car les temples furent aussi des lieux économiques. Un sanctuaire avec un autel construit à partir de pierre de taille fut trouvée à Myrtou-Pigadhes, d’autres temples sont situés à Enkomi (ou Tuzla), Cition (ou Kition) et Kouklia (ou Palaepaphos). Des tombeaux furent utilisés par plusieurs générations d’une même famille et furent groupés à l’écart des habitations et marqués par un tumulus de terre.
 
   La période 1400-1200 fut un temps de prospérité locale. Des villes comme Enkomi, reconstruites sur un plan rectangulaire, se virent parées de nombreux grands bâtiments. Ces grands bâtiments officiels furent construits à partir de pierre de taille. Certains contenaient des installations de traitement et de stockage de l’huile d’olive. La disposition régulière des villes et les nouvelles techniques de maçonnerie trouvent leurs parallèles les plus proches en Phénicie, en particulier à Ougarit. Des textes Ougaritiques mentionnent le nom Assyrien de Chypre, qui semble donc avoir été en usage déjà dès la fin de l’âge du bronze. Au bronze final Chypre fit partie de l’Empire Hittite, mais elle fut un État client et en tant que tel ne fut pas envahie mais fit simplement partie de l’Empire et régit par les Rois au pouvoir à Ougarit. Il faut juste noter que lors du règne de Tudhaliya II (ou Tudhalia ou Touthalija ou Duhalijas ou Tudhalijaš, v.1400 à ?), l’île fut brièvement envahie par les Hittites soit pour des raisons de sécurisation des ressources du cuivre, soit comme un moyen d’empêcher la piraterie.


 

Mosaïque représentant Léda et le cygne –
Sanctuaire d’Aphrodite de Paphos –
IIIe siècle ap.J.C – Musée de Chypre – Nicosie

 
   Dans la phase de la fin de l’âge du bronze (de 1200 à 1100 av.J.C) de grandes quantités de poterie de type Mycénienne furent produites localement. On en a retrouvé de grandes quantités en Palestine. De nouveaux éléments architecturaux endémiques sur Chypre agrémentèrent les murs cyclopéens. Après une période de paix assez longue sous l’Empire Hittite, peu avant 1200, l’île fut le théâtre de destructions nombreuses. On les attribue aux Peuples de la Mer dont l’identité est difficile à définir. Beaucoup de Grecs Achéens vécurent à Chypre à partir du XIVe siècle, la plupart d’entre eux habitèrent l’île après la guerre de Troie. Mais la colonisation fut surtout entre 1200 et 1000 av.J.C. Une autre vague de colonisation Grecque est censée avoir eu lieu au siècle suivant (1100-1050), indiquée, entre autres choses, par un nouveau type de tombes.

 
      Âge du fer
 
   L’âge du fer suit la période Submycénienne (1125-1050 av.J.C) ou âge du bronze récent et est divisé en deux catégories, géométrique 1050-700 et archaïque 700-525. On y retrouve la fondation de mythes documentés par les auteurs classiques se rapportant à la base de nombreuses villes Chypriotes, comme les héros Grecs immigrés dans le sillage de la guerre de Troie. Par exemple, Teucros (ou Teucrides ou Teucer), le frère d’Ajax est censé avoir fondé Salamine et l’Arcadien Agapénor (ou Agapếnôr) de Tégée, avoir fondé Paphos (ou Baf). Certains chercheurs voient une mémoire d’une colonisation Grecque déjà au XIe siècle.
 
   De cette période 49 tombes à Kouklia (ou Palaepaphos), et trois obélisques de bronze avec des inscriptions en écriture Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) ont été mis au jour, dont l’un porte le nom d’Opheltas. C’est la première indication de l’utilisation de la langue Grecque de l’île. Les premiers enterrements avec crémations et cendres dans des vases de bronze ont été trouvés à Kourion (ou Curias ou Curium), près de l’actuelle Limassol, tombe 40, et datent de la première moitié du XIe siècle. Autrefois considérée comme la tombe royale des premiers fondateurs de Kourion (ou Curias ou Curium), elle est aujourd’hui interprétée comme la tombe d’un Cypriote natif de l’île ou un Prince Phénicien. Au VIIIe siècle, plusieurs colonies Phéniciennes ont été fondées, comme Cition (ou Kition, aujourd’hui Larnaca) et Salamine.
 
   Le plus ancien cimetière de cette dernière contenait des sépultures d’enfants dans des urnes Cananéennes, indication claire de la présence Phénicienne déjà dès le XIe siècle. Des jarres-sépultures similaires ont été mises au jour dans les cimetières à Kourion (ou Curias ou Curium) et Kouklia (ou Palaepaphos). L’historien de la Grèce antique, Hérodote (484-v.425) affirme que la ville de Kourion (ou Curias ou Curium), fut fondée par des colons Achéens d’Argos. Des vestiges de la ville, dont de la poterie, indiquent que des colons Mycéniens se sont mêlés à une population existante dans cette partie de l’île dès le XIIe siècle av.J.C. Un royaume de Kourion (ou Curias ou Curium) à Chypre est enregistré sur une inscription datant de la période du Pharaon Ramsès III (1184-1153).

 

     Période Assyrienne et des cités-États
 
   Des sources écrites du début de l’histoire Chypriote mentionnent la nation sous la gouvernance Assyrienne. Une stèle, mise au jour en 1845, dans la ville de Cition (ou Kition), commémore la victoire du Roi d’Assyrie Sargon II (722-705), en 709, sur sept Rois de “Ia” (ou Iadnana ou Atnana). La terre de “Ia” (ou Iadnana ou Atnana) est supposée être le nom Assyrien pour Chypre, et certains chercheurs suggèrent que ce dernier peut signifier "île des Denyens " (ou Dananéens, Achéens). Il existe d’autres inscriptions faisant référence à la terre de “Ia” dans le palais de Sargon II à Dûr-Sharrukîn (ou Khorsabad).
 


 

Vue d’une partie du site de Kourion

  Les dix royaumes énumérés par le prisme d’Assarhaddon (ou Esarhaddon ou Asarhaddon, 681-669) en 673/2 ont été identifiés comme étant :

Soles (ou Soloi ou Si-il-li/LU), Salamine (ou Ki(i)-su), Paphos (ou Pa-ap-pa ou Baf), Kourion (ou Curias ou Curium ou Ku-ri-i ou Kurion ou Kaloriziki), Amathonte (ou Amathus) et Cition (ou Kition ou Qart Hadasht) sur la côte, Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus ou Ta-moi-si/su), Ledra (ou Ledrae ou Ledrai ou Li-di-ir ou Nicosie ou Levkoşa), Idalion (ou Idalium ou E-di’-il ou Edalion ou Dali) et Chytri (ou Chytroi ou Ki-it-ru-si ou Kythrea ou Degirmenlik) à l’intérieur de l’île.
Une autre inscription y ajouta, plus tard : Marion (ou Pu-su-su), Lapithos (ou Lapethos) et Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia).

 
   Ces cités-États de Chypre obtinrent leur indépendance entre 669 et 663. Les cimetières de cette période sont principalement des tombes taillées dans la roche. Ils ont été trouvés, entre autres lieux, à Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus), Soles (ou Soloi), Patriki et Trachonas. Ces tombes rupestres “royales” à Tamassos, qui furent construites vers 600 av.J.C., imitent des maisons en bois. Leurs piliers montrent une influence Phénicienne. Certaines tombes contiennent les vestiges de chevaux et de chars. Les cités-États développèrent le même culte. La principale divinité de la Chypre antique fut la grande Déesse, Phénicienne Astarté, connue plus tard sous le nom Grec d’Aphrodite. Elle fut appelée “la Cypriote” par Homer. Les portraits d’Aphrodite apparaissent sur les monnaies de Salamine, démontrant ainsi, que son culte eut une influence régionale plus large. En outre, le Roi de Paphos (ou Baf) fut le Grand Prêtre d’Aphrodite. D’autres Dieux à cette période furent vénérés comme : Anat, Baal, Eshmoun, Reshep et Melkart et les divinités l’Égyptiennes : Hathor, Thot, Bès et Ptah, comme l’attestent des amulettes. Le Sanctuaire d’Agia Irini (ou Ayia Irini) contenait plus de 2000 figurines.

 
      Période Égyptienne et Perse
 
   La période d’indépendance totale des cités de l’île dura en fait peu de temps au regard de son histoire car dès 570 av.J.C., Chypre fut conquise par l’Égypte sous son Pharaon Amasis (ou Ahmosis II, XXVIe dynastie, 570-526). Cette brève période de domination Égyptienne marqua son influence principalement dans les arts, en particulier la sculpture, où la rigidité et la robe de style Égyptien peuvent être observées. Les artistes Chypriotes laissèrent plus tard ce style Égyptien en faveur de prototypes Grecs. Les statues en pierre montrent souvent un mélange des deux l’influences, alors que la céramique récupérées dans l’île montrent l’influence de la Crète. On retrouve des influences aussi dans les vêtements et les hommes portaient des perruques Égyptiennes et la barbe de style Assyrien.
 


 

Vue d’une partie du site de Paphos

   En 526 av.J.C., le Roi Perse Achéménide Cambyse II (ou Cambise ou Cambises, 529-522) conquit Chypre. Sous les Perses, les Rois de Chypre conservèrent toutefois leur indépendance, mais devaient rendre hommage à leur suzerain. Les cités-États commencèrent à frapper leur propre monnaie à la fin du VIe av.J.C., en utilisant le système de poids Perse. Le Roi Évelthôn (ou Evelthon ou Euelthôn, 560-526/5) de Salamine fut probablement le premier dans l’île à utiliser argent et bronze pour ses pièces de monnaie.
 
   Les pièces avaient avec un bélier sur l’avers et un ankh (symbole Égyptien) sur le revers. Des palais royaux de cette période ont été fouillés à Kouklia (ou Palaepaphos) et Vouni (ou Vuni) sur le territoire de Marion sur la côte Nord. Dans leur architecture ils prirent en exemple sur les palais Perses comme celui de Persépolis. Celui de Vouni (ou Vuni), sur une colline, fut construit autour de 520 av.J.C et détruit en 380 av.J.C. Il contenait des chambres royales d’audience, des cours ouvertes, des bains publics et des magasins.
 
   Les villes de Chypre, au cours de cette période, s’enrichirent avec des constructions en briques crues, sur des murs de fondation de pierre et bastions rectangulaires. Les maisons étaient construites de cette manière, alors que les bâtiments publics étaient érigés en pierre de taille. La ville Phénicienne de Karpasia (ou Carpasia ou Karpasion), près de Rizokarpasso (ou Dipkarpaz), avait des maisons construites en moellons, avec des blocs de pierre carrés formant les coins. Les temples et les sanctuaires furent construits principalement dans un style Phénicien. Soles (ou Soloi) avait un petit temple avec un plan Grec. Au cours de la domination Perse, l’influence Ionienne sur les sculptures s’intensifia. La poterie dans l’île conserva ses influences locales, bien que certaines poteries Grecques fussent importées.
 
   L’obligation la plus importante des Rois de Chypre aux Rois de Perse était le paiement d’un tribut et l’approvisionnement des armées et des navires pour leurs campagnes à l’étranger. Ainsi, en 480 av.J.C., lorsque Xerxès I (486-465) envahit la Grèce, Chypre contribua à hauteur de 150 navires dans l’expédition militaire. Sauf pour la ville royale d’Amathonte (ou Amathus), les royaumes Chypriotes prirent part à la révolte Ionienne en 499 av.J.C. En 498, la révolte dans l’île fut menée par Onésilos de Salamine, frère du Roi de Salamine Gorgos, qu’il détrôna parce qu’il ne voulait pas se battre pour l’indépendance et se rallia aux Ioniens. Les Perses écrasèrent les armées Chypriotes et assiégèrent les villes fortifiées la même année. À Paphos (ou Baf), les vestiges d’une rampe de siège Perse et d’un tunnel creusé à la porte Nord sont encore visibles. Soles (ou Soloi) se rendit après un siège de cinq mois.
 
   Autour de 450, Cition (ou Kition) annexa Idalion (ou Idalium) avec l’aide des Perses. L’importance de la ville augmenta de nouveau lorsqu’elle acquit les mines de cuivre de Tamassos (ou Tamasos ou Tamassus). Salamine joua un rôle de premier plan dans les affrontements qui opposèrent les Perses aux Grecs. Comme le montre des textes littéraires et des inscriptions, les Rois de Cition (ou Kition), alliés des Perses, affrontèrent les Rois de Salamine qui soutenaient la politique Grecque, chacun s’efforçant d’agrandir son territoire aux dépens de l’autre. Vers 400, les deux cités connurent un développement urbanistique considérable. Pour Salamine, on le sait par les textes des auteurs Grecs (Dont Isocrate, 436–338, orateur Athénien). Lors de cette période, la ville sous son Roi Évagoras I (ou Euagoras, 410-374) pendant près de quarante ans, jusqu’à sa mort en 374, domina la politique Chypriote.


 

Stater argent d’Évagoras I

 
   Au début, Évagoras I eut de bonnes relations avec les Perses, reconnaissant leur suzeraineté, ce qui lui garantit l’aide des Rois Darius II (423-404), puis d’Artaxerxès II Mnémon (404-359), contre Sparte. Puis il se brouilla avec ce dernier lorsqu’il agrandit son royaume sur des terres appartenant aux Phéniciens, alliés des Perses et l’étendit à presque toute l’île. Orontès, Gendre (?) d’Artaxerxès II, qui fut placé à la tête de l’armée et Tiribaze qui commandait une flotte de 300 trirèmes, furent alors chargés de conduire une campagne militaire contre Évagoras I. Ce dernier avait recueilli le Général Athénien Conon (444-390) après la bataille d’Aigos Potamos, en 405, ce qui lui valut l’aide d’Athènes.


   En 394, Évagoras I prit part à la bataille Cnide et contribua à la victoire des Athéniens, au cours de laquelle la flotte Spartiate fut défaite. Il prit plusieurs villes en Phénicie et en Syrie, et d’autres comme Amathonte (ou Amathus) dans l’île, acquises aux Perses. En 385, les Généraux Perses, Tiribaze et Orontès, réussirent enfin à envahir Chypre, avec une armée beaucoup plus importante que celle qu’Évagoras I commandait. Celui-ci, poursuivit seul la lutte mais conscient de son infériorité militaire, refusa l’affrontement direct.
 
   Il multiplia les escarmouches mais il fut battu sur mer à la bataille de Cition (ou Kition) et il fut contraint de se réfugier à Salamine où il fut assiégé. Évagoras I réussit toutefois à tenir la place et il profita d’une querelle entre les deux Généraux Perses pour, en 376, conclure la paix. Il obtint de rester Roi sur la cité, mais vassal de la Perse, à qui il devait payer un tribut annuel. Il dut également renoncer à ses conquêtes et à son ambition de réaliser l’unité Chypriote. Évagoras I fit de Salamine un des principaux centres politiques et culturels du monde Grec et il introduisit l’alphabet Grec à Chypre. Dans d’autres parties de l’île, l’écriture Phénicienne (de Cition) ou l’alphabet Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote) furent encore utilisés. En 350, avec l’Égypte et la Phénicie, Chypre se rebella à nouveau contre la domination Perse, cependant, en 344, le soulèvement fut écrasé par le Roi Perse Artaxerxès III (358-338).

 


 

Vue d’une partie du site de Salamine

        Période Hellénistique
 
   Après de longs efforts soutenus pour renverser la domination Perse qui s’avérèrent infructueux, Chypre resta un vassal de l’Empire Perse jusqu’à la défaite de celle-ci devant le Roi de Macédoine Alexandre le Grand (336-323). Les différents royaumes de Chypre devinrent des alliés d’Alexandre après ses campagnes victorieuses, à la bataille du Granique (Mai 334), la bataille d’Issos (Novembre 333) et sur les côtes d’Asie Mineure, de Syrie et Phénicie, où se trouvaient des bases navales Perses. Les Rois Chypriotes, sachant que tôt ou tard Alexandre serait le nouveau Gouverneur de l’île, allaient l’aider à l’occupation de Chypre, qui était nécessaire, ainsi que celle de la Phénicie, pour ouvrir les lignes de communication avec l’Égypte et l’Asie. Ce fut pour cette raison qu’ils se soulevèrent contre leur seigneur Perse et mirent à la disposition de la flotte d’Alexandre les navires autrefois au service de la Perse. Il y avait une communauté d’intérêts : Alexandre augmentait la capacité de sa flotte, et les Rois Chypriotes obtenaient une certaine indépendance politique.
 
   Dans la zone de la Phénicie, il n’y eut que Tyr qui résista au contrôle d’Alexandre, et il en entreprit le siège. La flotte Chypriote, avec des ingénieurs Chypriotes, contribua beaucoup à la prise de cette ville hautement fortifiée. En effet, le Roi Pnytagoras (351-331) de Salamine, Androclès d’Amathonte (ou Amathus) et Pasikratis de Soles (ou Soloi), prirent une part personnelle dans le siège de Tyr. La cité, alors la plus importante de Phénicie, était construite sur une petite île à 700 mètres de la rive et avait deux ports. Les Rois Chypriotes, à la tête de 120 navires, chacun avec un équipage très expérimenté, fournirent une aide substantielle à Alexandre dans l’attaque de la ville, qui dura sept mois. Au cours de la dernière attaque, les Chypriotes réussirent à occuper un des deux ports et la partie Nord de la ville, tandis que les Phéniciens fidèles à Alexandre occupaient le deuxième port. (Voir le siège de Tyr).
 
   Alexandre avait attaqué également la ville avant avec des engins de siège en construisant une bande de terre de la côte opposée à Tyr, à l’île. Dans cette opération, il fut aidé par de nombreux ingénieurs Chypriotes. Bien qu’ils perdirent beaucoup de quinquérèmes, les Chypriotes réussirent à aider le Roi à prendre la cité. La reconnaissance d’Alexandre fut importante comme, par exemple, l’aide qu’il donna à Pnytagoras, qui semble avoir été le principal moteur de cette initiative pour le soutenir, pour incorporer le territoire du royaume Chypriote de Tamassos dans celui de sa ville Salamine. Le royaume de Tamassos fut ensuite dirigé par le Roi Poumiaton (ou Pumiathon, 361-312) de Cition (ou Kition) qui l’avait acheté pour 50 talents à son Roi Pasikypros. En 331, tandis qu’Alexandre revenait d’Égypte, il resta pendant un certain temps à Tyr, où les Rois Chypriotes, qui souhaitent lui réaffirmer leur confiance et leur soutien, firent un grand spectacle en son honneur.


 

Autre vue du sanctuaire de Salamine

 
   Chypre était une nation maritime expérimentée et Alexandre utilisa la flotte Chypriote lors de sa campagne en Inde, parce que le pays avait beaucoup de rivières navigables. Elle comprenait un nombre important de constructeurs de navires et de rameurs indispensables dans son expédition militaire. Les forces Chypriotes furent menées par les Princes de l’île tels que Nikoklis, fils du Roi Pasikratis de Soles (ou Soloi) et Nifothona, fils du Roi Pnytagoras de Salamine.
 
   Alexandre promut pour leur loyauté des Chypriotes à de hautes fonctions et de grandes responsabilités, en particulier, Stasanor de Soles (ou Soloi) qui fut nommé Satrape en 329. L’espoir d’une indépendance complète de Chypre, à la suite de la chute de l’Empire Perse, fut cependant lent à se réaliser. La politique d’Alexandre sur Chypre et ses Rois était claire : Les libérer de la domination Perse, mais les mettre sous sa propre autorité. Cependant, loin des côtes de l’île, les royaumes intérieurs furent laissés en grande partie indépendants et les souverains maintinrent leur autonomie, sauf dans les questions telles que les droits miniers.
 
   Alexandre abolit les différentes monnaies des royaumes Chypriotes, en les remplaçant par la frappe de ses propres pièces. La mort du souverain, en 323, mit fin aux aspirations Grecques pour la domination mondiale. L’Empire qu’il avait créé fut divisé entre ses Généraux (ou Diadoques) et ses successeurs, qui immédiatement entrèrent en conflit entre eux pour le pouvoir. Dans ce partage Chypre fut transmise au Roi d’Égypte Ptolémée I Sôter (305-282). Toujours sous l’influence Grecque, l’île obtint un accès complet à sa culture et fut ainsi entièrement Hellénisée.
 
   Les conflits et les guerres des successeurs d’Alexandre inévitablement associèrent Chypre. Ils furent portés surtout sur deux souverains, Antigonos I Monophtalmos (306-301) en Syrie, secondé par son fils Démétrios I Poliorcète (294-287) et Ptolémée I Sôter d’Égypte. Les Rois Chypriotes qui, jusqu’ici, avaient réussi en grande partie à maintenir l’indépendance de leurs royaumes, se retrouvèrent dans une position nouvelle et difficile. En effet, du fait que Chypre devint le centre de la discorde entre les deux puissances, les Rois de l’île durent faire de nouveaux choix d’alliances. Certains royaumes Chypriotes choisirent l’alliance avec Ptolémée I, d’autres se rangèrent du côté d’Antigonos I, enfin, d’autres encore essayèrent de rester neutre, ce qui les conduisit à la controverse inévitable et à la confrontation. Salamine fut alors la plus grande ville et royaume de Chypre, dont le Roi était Nicocréon (ou Nicocreonte ou Nikokréon, 331-310).
 
   Nicocréon soutint fortement Ptolémée I. Selon Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon ou Arrien de Nicomédie, historien Grec et philosophe de l’époque Romaine, v.85-v.145) il eut l’appui de Pasikratis de Soles (ou Soloi), Nikoklis de Paphos (ou Baf) et Androclès d’Amathonte (ou Amathus). D’autres Rois de Chypre comme : Praxippos de Lapithos (ou Lapethos) et Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia), Poumiaton (ou Pumiathon) de Cition (ou Kition) et Stasioikos de Marion, se rallièrent à Antigonos I. Contre ceux-ci, Nicocréon mena des opérations militaires. Ptolémée I lui envoya un soutien militaire, en fournissant des troupes. En 315, Nicocréon collabora activement avec les Généraux Lagides, Séleucos et Ménélas (ou Ménélaos) pour écraser ces cités Chypriotes qui avaient pris le camp opposé. Il reçut du Roi Égyptien en échange de sa fidélité les territoires de Cition (ou Kition) assiégée vers 315, Kyrenia (ou Kerynia ou Kerýneia) et Lapithos (ou Lapathos) occupées et prises après un siège.


 

Mosaïque maison des gladiateurs – Kourion

 
   En 312, Ptolémée I débarqua dans Chypre avec d’autres forces militaires. Il captura et tua le Roi de Cition (ou Kition) et arrêta les Rois pro-Antigonide de Marion et Lapithos/Kyrenia. Il détruisit la ville de Marion et dissout la plupart des anciens royaumes de l’île. Cette intervention cruciale et décisive de l’Égyptien donna plus de pouvoir aux Rois de Soles (ou Soloi) et Paphos (ou Baf) et en particulier à Nicocréon de Salamine, que Ptolémée I semble avoir apprécié et qui gagna les villes et les richesses des Rois expulsés. Salamine étendit ainsi son autorité sur l’île à l’ensemble Est, le centre et le Nord. En outre, Nicocréon, avec la bénédiction de Ptolémée I, prit les fonctions de Gouverneur Général de Chypre, ce qui fit de lui le maître incontesté de toute l’île. Il faut noter toutefois que la situation étant relativement fluide, les dirigeants de Soles (ou Soloi) et Paphos (ou Baf) furent maintenu au pouvoir. Mais rapidement, la même année, le Roi Nikoklis de Paphos (ou Baf) fut considéré comme suspecte dans un complot. Il fut assiégé et forcé au suicide, et toute sa famille fut mise à mort.
 
   Après l’intervention de Ptolémée I à Chypre, qui lui livra l’île, Antigonos I et son fils Démétrios I réagirent contre les assiégeants et Démétrios I mena une vaste opération militaire dans l’île. Souhaitant l’utiliser comme base pour des attaques contre l’Asie occidentale, il navigua de Cilicie à Chypre avec une grande force : De l’infanterie, de la cavalerie et des navires de guerre. Sans rencontrer de résistance, il débarqua dans la péninsule de Karpas et occupa les villes de la région. Pendant ce temps Ménélas (ou Ménélaos), qui était le nouveau Gouverneur de l’île après la mort de Nicocréon, rassembla ses forces à Salamine. Démétrios I ayant quitté la flotte en toute sécurité, se déplaça contre lui. En 306 une bataille eut lieu en dehors de Salamine (La troisième bataille de Salamine). Ménélas (ou Ménélaos), écrasé, fuit dans la ville avec une petite partie de ses forces, tandis que d’autres furent capturées. Démétrios I encercla la cité. Ménélas (ou Ménélaos), conscient de ce qui l’attendait appela à l’aide Ptolémée I, qui était en Égypte.
 
   Immédiatement, le Roi organisa une expédition de secours et accosta à Paphos (ou Baf) avec des forces considérables, qui furent rapidement rejointes par celles des villes Chypriotes vouant allégeance à l’Égypte. 60 navires de Ménélas (ou Ménélaos) qui s’étaient échappés du port de Salamine tentèrent de se joindre aux 140 navires de guerre et 200 navires de transports militaires de Ptolémée I. Le déroulement des événements ultérieurs fut raconté par Diodore de Sicile (Historien et chroniqueur Grec, v.90-v.30) et Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125). Ptolémée I et Ménélas (ou Ménélaos) furent défaits. Antigonos I fut tué au combat en 301 et remplacé sur le trône de Macédoine par Démétrios I en 294, mais il en fut expulsé par le Roi de Thrace Lysimaque (322-281) et le Roi d’Épire Pyrrhos I (ou Pyrrhus, 307-302 et 297-272). Cette année 294, l’Égypte profita du vide politique à Chypre et reprit l’île. Elle resta sous le contrôle Ptolémaïque jusqu’en 58 av.J.C, date où elle devint province Romaine.
 


 

Vue du site de Cition

   Pendant la période Égyptienne elle fut dirigée soit par un Gouverneur issus du pays, soit érigée en royaume Ptolémaïque mineur surtout lors des luttes de pouvoir aux IIe et Ier siècles av.J.C. L’île se forgea de solides relations commerciales avec Athènes et d’Alexandrie, deux des plus importants centres commerciaux de l’antiquité. Également lors de cette période, les caractéristiques Phéniciennes et indigènes des Chypriotes disparurent, ainsi que l’ancienne écriture Chypro-syllabique (ou syllabaire Chypriote). Un certain nombre de villes furent fondées à cette époque. Par exemple, Arsinoé fut fondée entre l’ancienne et la nouvelle Paphos par Ptolémée II Philadelphe (282-246). Le règne des Ptolémée fut rigide et les Rois exploitèrent au maximum les ressources de l’île, en particulier le bois et le cuivre. Une grande figure contemporaine de lettres Chypriotes, le philosophe Zénon (ou Zếnôn), naquit à Cition (ou Kition) vers 336 et fonda, en 301, la célèbre école Stoïcienne de philosophie à Athènes, où il mourut vers 263 av.J.C.
 

 

        Période Romaine
 
   Chypre devint une province Romaine en 58 av.J.C. Cela arriva, selon Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C), parce que Publius Clodius Pulcher (92-52 av.J.C.), homme politique Romain tenait une rancune contre Ptolémée de Chypre (Roi 80-58), fils du Roi d’Égypte Ptolémée IX Sôter II (116-81) et de Cléopâtre IV. Lors de sa prise de pouvoir en 80, Ptolémée négligea la précaution d’obtenir la confirmation de sa souveraineté à Rome. De plus, il fit l’erreur supplémentaire d’offenser Publius Clodius Pulcher, en omettant de payer une rançon pour lui lorsque ce dernier tomba entre les mains de pirates Ciliciens.
 
   En 58, le Sénat Romain publia une loi qui privait Ptolémée de son royaume et réduisait Chypre à une province Romaine. Caton d’Utique (ou Marcus Porcius Cato Uticencis ou Caton le Jeune, homme politique Romain, 95-46) fut chargé de la réalisation de ce décret, et conseilla à Ptolémée de se soumettre, lui offrant sa sécurité personnelle et une pension généreuse. Ptolémée refusa, et, alors qu’il se préparait à résister à la puissance Romaine, cette même année il se suicida.
 
   Caton fut implacable dans la protection de Chypre contre des fermiers généraux rapaces qui souhaitaient annexer les provinces. Après les guerres civiles qui mirent fin à la République Romaine, vers 34 av.J.C, Marc Antoine (83-30) restitua l’île à la Reine d’Égypte Cléopâtre VII Théa Philopator (51-30) et leur fille Cléopâtre {VIII} Sélène II qui la gardèrent peu de temps, puisqu’à la défaite de Marc Antoine à la bataille d’Actium en 31 av.J.C., Chypre fut ré-annexée à l’Empire Romain. Dans le partage des attributions, fait entre le Sénat et Octave, devenu l’Empereur Auguste en 27 av.J.C, l’île fut attribuée au Sénat. En 22, elle forma une province Sénatoriale. Ce fut la seule des provinces issues de l’Empire Lagide à avoir été confiée au Sénat.


 

Vue du site d’Amathonte

 
   Elle fut divisée en quatre districts centrés autour de Paphos (ou Baf), Salamine, Amathonte (ou Amathus) et Lapithos (ou Lapethos ou Lapta). Après les réformes de l’Empereur Dioclétien (284-305) de 284, elle fut placée sous le diocèse d’Orient, lui-même dépendant de la préfecture du Prétoire d’Orient. La province de Chypre fut à partir de cette période dépendante du pouvoir impérial qui siégeait à Constantinople, même si sa particularité fut reconnue en 431 avec la constitution d’une église autocéphale.
 
   La Pax Romana (de paix romaine) ne fut que deux fois perturbée à Chypre en trois siècles d’occupation Romaine. La première interruption grave survint en 115/116 ap.J.C, lors d’une révolte des Juifs. Leur chef était Artémion, un Juif avec un nom Hellénisé, comme c’était la pratique de l’époque. L’île subit de lourdes pertes dans cette guerre. On estime que 240.000 Grecs et Romains civils furent tués. Bien que ce nombre est peut-être exagéré, il y avait peu ou pas de troupes Romaines stationnées sur l’île pour réprimer l’insurrection et les rebelles firent des ravages.
 
   Après que des forces furent envoyées à Chypre et le soulèvement réprimé, une loi fut adoptée qu’aucun Juif ne serait autorisé à pénétrer le sol Cyprien, même en cas de naufrage. La deuxième fut deux siècles plus tard en 333/334, lorsque le Magister Pecoris Camelorum (Maître des moutons et des chameaux), Calocaerus se révolta contre Constantin I le Grand (305-337). Constantin I envoya son demi-frère, le Censeur Flavius Dalmatius, pour mater la rébellion qui prit fin avec l’arrivée des troupes et la mort de Calocaerus à Tarse, en Cilicie

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur Chypre voir les ouvrages de :
 
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