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L’Amourrou,  Arwad
 

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L’Amourrou

 

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   L’Amourrou (ou Amurru, Liban aujourd’hui) fut au départ une région dans le centre de la Syrie, qui devint une petite entité politique et un royaume reconnu sous le nom d’Amourrou (ou Amurru). Cette étendue géographique se situait exactement dans le Nord de la Palestine. Elle avait pour capitale Hazor (ou Hatzor ou Tell Hazor ou Tell el-Qedah) et elle comprenait aussi le désert voisin Syrien. Une des principales autres villes était Ebla, qui suivit sa propre destiné au sein de la région et devint un royaume.
 
   L’Amourrou se développa beaucoup au cours de la période Amarnienne de l’Égypte sur le territoire qui s’étendait entre Tripoli, sur la côte Libanaise et du Moyen-Oronte, à la région de l’Ouest de la Syrie. Des découvertes récentes suggèrent que la capitale de la vie politique changea souvent au fil du temps. Les premiers membres de la nation d’Amourrou (ou Amurru) étaient une tribu Sémitique en Syrie, même si elle est probablement venue d’Arabie. Les peuples de l’Amourrou furent intégrés avec les Hourrites. À la suite des rares fouilles et recherches très peu de sources écrites primaires ont été récupérés de la région de l’Amourrou.
 
   Contrairement à d’autres centres politiques de Syrie du Nord comme Ougarit, par exemple, l’histoire de l’Amourrou a dû être reconstruite à partir d’un large éventail d’indications de documents d’autres États, principalement de l’Égypte de la période Amarnienne, le Hatti (les Hittites) et Ougarit. En effet, les seules sources primaires qui ont survécues sont les lettres envoyé par les souverains du royaume au Pharaon Égyptien à Amarna (Lettres de Tell el-Amarna). Parmi ces lettres il y a un certain nombre de textes sur des traités avec l’Empire Hittite. Il est à espérer que, l’expansion progressive des fouilles sur des sites à l’intérieur de l’ancienne Amourrou, tels que Tell Kazel, permettra lorsque cette région aura retrouvée la paix, de mettre rapidement à jour d’autres sources historiques.


 

Lettre d’Azirou au
Pharaon Égyptien

 
   Les premières lettres d’Amourrou sont écrites au temps d’Abdi-Ashirta (ou Abdi-Aširta, v.1385-1344) et dans les premiers jours du règne de son fils Azirou (ou Aziru, v.1344-v.1315). Elles proviennent de deux sites géographiquement proches de la zone montagneuse, à l’Est de Tripoli du Liban et de la ville d’Ardata. Les lettres EA 60 et EA 157 originaires de cette dernière, sont composées de divers fragments de schiste et d’argile ferrugineux. Cela semble valider la notion que, dans les débuts de son histoire l’Amourrou fut un petit pays montagneux situé sur les deux rives de Nahr el-Kebir, sur les pentes du Mont Liban et fut habité par des agriculteurs et des groupes pastoraux. À ce jour, aucun site de la fin de l’Âge du Bronze a été enregistré dans la région. Selon Raphaël Giveon, à son apogée l’Amourrou était connu économiquement, notamment pour l’exportation du bois, des boissons et de baume.

 

L’histoire…….

 
   Les Rois d’Amourrou ne sont connus qu’à partir de la fin du XIVe siècle, pendant la période Égyptienne que l’on nomme : Période Amarnienne (XVIIIe dynastie), qui va jusqu’à la disparition du royaume d’Amourrou. Le premier dirigeant dont nous avons des traces est Abdi-Ashirta (ou Abdi-Aschirta ou Abdi-Aširta ou Abdi-Ašratu, v.1380 à 1340 ou v.1385 à v.1344). Beaucoup de spécialistes pensent qu’il n’était qu’un Prince dans la plaine côtière de Syrie. Il fut un ennemi juré du Roi de Byblos, Rib-Addi (ou Rib Hadda ou Ribaddi ou Rib-Addu, v.1375-v.1335) qui était allié et vassal de l’Égypte. L’Amourrou était alors un nouveau royaume dans le Sud de la Syrie sous contrôle nominale Égyptien. Afin de se libérer de ce joug Abdi-Ashirta prit contact avec l’Empereur Hittite Tudhaliya III (ou Tudhalia ou Touthalija ou Duhalijas ou Tudhalijaš, v.1355) et sollicita une alliance. Wolfgang Helck nous apprend qu’Abdi-Ashirta fut enlevé et assassiné par les troupes Égyptiennes sur l’ordre du Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) dont les avertissements n’avaient pas réussi à arrêter ses complots. Amenhotep IV avait répondu favorablement à son allié de Byblos, Rib-Addi qui sollicitait son aide suite aux attaques incessantes d’Abdi-Ashirta afin de se tailler un royaume plus grand. Celui-ci avait notamment prit les villes dans le Nord du Liban d’Ambia, Sigata, Arqata (ou Irqata ou Arqa ou Archas) et Batruna (ou Batroun) et avait tenté de faire assassiner Rib-Addi (Lettre EA 81). La mort d’Abdi-Ashirta est mentionnée dans les Lettres de Tell el-Amarna (EA 101), de Rib-Addi à Amenhotep IV. Il est possible que la capitale de l’Amourrou au cours des dernières années du règne d’Abdi-Ashirta et les premières années d’Azirou ait été Ardata.


 

Guerrier Hittites

 
   Azirou (ou Aziru, 1370 à 1336 ou v.1344 à v.1315 ou 1340 à 1315) le fils aîné d’Abdi-Ashirta lui succéda. Il va s’avérer tout aussi peu scrupuleux que son prédécesseur. Il est mentionné dans les Lettres de Tell el-Amarna. Il fut certainement à son époque le plus important souverain de la région. À peine au pouvoir, avec ses frères, Pubala et Niqmepa, il commença une campagne visant à rétablir l’autorité de leur père sur la région d’Amourrou. Tout en étant un vassal de l’Égypte, il essaya d’étendre son royaume vers la côte méditerranéenne. Il occupa de nouveau les villes d’Ammia, Ardata (Dont il fit sûrement sa capitale), Arqata (ou Irqata ou  Arqa ou Archas) et Wahlia (ou Tripoli du Liban), au Nord de Byblos. Il prit les villes de Qatna, Tunip (ou Tounip), Nija et Sumur (ou Simyrra). Il prit ensuite le contrôle des ports Phéniciens et de la région de Damas. Il passa un traité avec le Roi Niqmaddou II (ou Niqmadu, v.1360-v.1340 ou 1353-1318) d’Ougarit, dans lequel celui-ci lui demandait sa protection militaire, en lui versant une contribution. Il passa aussi alliance avec le Roi de Kadesh, Etakkama (ou Aitakama, v.1355-1312) qui toutefois le trahit et rejoignit le camps des Hittites.
 
   Ses conquêtes inquiétèrent ses proches voisins, en particulier le Roi de Byblos, Rib-Addi (ou Rib Hadda ou Ribaddi ou Rib-Addu, v.1375-v.1335) à l’origine de la mort de son père. Rib-Addi avait quitté sa ville de Byblos pour quatre mois pour conclure un traité avec le Roi de
Berytos (ou Béryte ou Beyrouth), Ammunira, mais quand il voulut rentrer chez lui, il apprit que son frère, Ilirabih, l’avait détrôné. Il chercha temporairement refuge auprès d’Ammunira, sans succès, et lança un appel au secours au Pharaon Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhénaton, 1353/52-1338) pour qu’il le rétablisse sur le trône (Lettres EA 136-138, 141 EA et EA 142). Ce fut Azirou qui fut chargé de cette mission par le Pharaon, mais il trahit l’expédition et livra Rib-Addi aux mains des dirigeants de Sidon, où il trouva presque certainement la mort.
 
   Quelques sources disent qu’Azirou aurait massacré Rib-Addi ?. Azirou étendit de ce fait encore son royaume en se proclamant Roi de Damas et de Byblos (vers 1335). Les faits de sa trahison sont mentionnés dans la lettre de Tell el-Amarna (Lettre EA 162) d’Amenhotep IV à Azirou, dans laquelle le Pharaon exige qu’Azirou vienne en Égypte pour expliquer ses actes. Azirou une fois dans le pays fut arrêté pendant au moins un an avant d’être libéré pour faire face à l’avancée des Hittites, qui avaient déjà conquis la ville d’Amki, ce qui constituait une menace pour l’Amourrou (Lettre EA 170). Une fois dans son royaume Azirou prit contacts avec l’Empereur Hittite, Souppilouliouma I (ou Suppiluliuma, 1355-1322). Il changea alors son allégeance et resta fidèle aux Hittites jusqu’à sa mort, dont on ignore la date exacte (v.1315). À partir de cette époque l’Amourrou resta fermement Hittite jusqu’au règne des Pharaons Seti I (1294-1279) et Ramsès II (1279-1213, XIXe dynastie).
 
   Suivirent deux Rois dont on ne sait presque rien : Ari-Teshub (ou Ari-Teššup ou Ari-Teshup ou Idin-Teshup, 1338 à 1336 ou v.1315 à 1313) et Tuppi-Teshub (ou Tuppi-Teššup ou Tuppi-Teshup ou Duppi-Teššup, 13336 à ? ou 1313 à 1280). Pour certains spécialistes ils furent peut-être des frères d’Azirou ?. Pour Ari-Teshub, on ne sait pas si c’est à la fin du règne de son père ou au début du sien, mais il mena des opérations sur le terrain à l’appui de renforts Hittite pour réprimer la rébellion du Roi Tette du Nuhashshe (ou Nukhashshe ou Nuhasse ou Nuhašša ou Nuhašše, petit royaume au Sud d’Alep) et d’Etakkama (ou Aitakama, v.1355-1312) de Kadesh. Tuppi-Teshub n’est connu qu’à partir des sources Hittites datant de la fin du XIVe et début du XIIIe siècle et aujourd’hui on le considère plutôt comme le fils d’Ari Teshub. On sait qu’il renouvela son allégeance aux Hittites. Sa sœur Ahatmilki (ou Aat-milki) fut l’épouse du Roi Niqmepa (1313-1251) d’Ougarit.


 

Ramsès II à la bataille de Kadesh

 
   On a par contre une bonne connaissance du souverain suivant, Benteshina (ou Bentešina ou Pendishena, en Sumérien : IZAG.ŠEŠ, 1290 à 1280 ou 1280 à 1275 ou 1280 à 1274, puis de 1260 à v.1230). Il fut le fils de Tuppi-Teshub. Beaucoup de spécialistes pensent que son nom est Hourrite et signifie “Le frère est juste“. À son arrivée au pouvoir il fut pris entre les zones d’influences Hittites et Égyptiennes, dont les royaumes étaient alors dirigés respectivement par Mouwatalli II (ou Muwatallish ou Moutallou, 1295-1272) et Ramsès II (1279-1213, XIXe dynastie). Il choisit finalement de se rallier au second, alors que depuis Azirou l’Amourrou était vassal des Hittites. Il rompit de ce fait le traité passé par son prédécesseur avec les Hittites. Benteshina apporta un soutien décisif à Ramsès II lors de la bataille de Kadesh (ou Qadesh) fin Mai 1274. Ses renforts permirent à ce dernier de se dégager de l’armée Hittite qui était en train de l’écraser et de le faire battre en retraite.
 
   Cependant du fait de ce recul des Égyptiens, Benteshina se retrouva isolé et abandonné aux Hittites. Ils le capturèrent sans problème et donnèrent son royaume à un homme de leur confiance, Shapili (ou Šapili, 1275 à 1260 ou 1274 à 1260) qui fut nommé Roi d’Amourrou. En dehors de sa nomination par Mouwatalli II on ne sait rien à propos de cet individu, ni quoi que ce soit au sujet de sa possible relation avec la maison royale d’Amourrou. Le récit de la nomination de Shapili est brièvement décrit dans le traité de Shaushga-Muwa et dans des textes parallèles.
 
   Shapili disparut probablement de la scène politique Amourrite avec la désignation de Benteshina au trône d’Amourrou par son nouveau protecteur le nouvel Empereur des Hittites, Hattousili III (ou Hattushili, 1264-1234). Benteshina à la suite de son éviction avait trahit les Égyptiens et était rentré dans l’entourage de ce dernier, le frère de Mouwatalli II qui l’avait détrôné, et il le suivait dans ses campagnes. Lorsqu’Hattousili III renversa son neveu Ourhitechoud (ou Urhi-Teshub ou Urhi-Teššup ou Moursil III ou Mursili, 1272-1265) et monta sur le trône Hittite, Hattousili III récompensa Benteshina pour sa fidélité en lui restituant la couronne d’Amourrou. Celui-ci restant un vassal obéissant. L’accord fut scellé par un traité et un accord réciproque de mariage entre les maisons royales du Hatti et d’Amourrou.
 
   Dans une lettre d’Hattousili III à Kadashman-Enlil II (1280-1265) de Babylone, Benteshina est mentionné en tant que dirigeant d’Amourrou. Le Babylonien y déplore le fait que des émissaires à lui d’Ougarit furent tués en Amourrou et maudit Benteshina. Benteshina donna une de ses filles en mariage à un autre vassal des Hittites, le Roi d’Ougarit, Ammistamrou III (1250-1210). Cependant celui-ci divorça de la fille de Benteshina. Elle aurait apparemment effectué une "faute" à son encontre, dont la nature exacte nous est inconnue. Il la répudia et la renvoya chez elle, avant d’exiger son retour, sans doute pour l’exécuter. Benteshina épousa, Gussuliyawiya (ou Gashulyawiya ou Gaššulijawija), Princesse Hittite, fille d’Hattousili III et Poudoukhépa (ou Poudouhepot ou Puduheba ou Puduhepa) qui lui donna un fils qui lui succéda.
 
   Shaushga-Muwa (ou Šaušgamuwa ou Shaushgamuwa, v.1230-v.1210) arriva donc au pouvoir. Il refusa dans un premier temps de livrer sa sœur au Roi d’Ougarit. Intervinrent alors le souverain de Karkemish, Ini-Teshub et celui des Hittites, Tudhaliya IV (ou Touthalija ou  Duhalijas, 1234-1215), dont il était à la fois le neveu et le beau-frère, qui le forcèrent à livrer la jeune femme. Celle-ci fut probablement exécutée plus tard par Ammistamrou III. Quelques spécialistes avancent que Tudhaliya IV força Shaushga-Muwa à changer d’avis vis à vis de sa sœur en échange d’un paiement important d’or ?. Dès son arrivée au pouvoir, les relations entre Shaushga-Muwa et sa famille du Hatti furent régies par un traité. À la même époque Tudhaliya IV signa la paix avec l’Assyrie, mais celle-ci rompit le traité et attaqua la rive Ouest de l’Euphrate, qui appartenait aux Hittites. Dans les conditions du traité, Shaushga-Muwa fut contraint de lever une armée et une unité de chars pour aider Tudhaliya IV dans la guerre contre la montée en puissance de l’Assyrie et contre la révolte de l’Arzawa et de l’Ahhiyawa.
 
   En 1230, avec son aide, Tudhaliya IV contre-attaqua, mais ils furent écrasés à la bataille de Nihriya. Le Hittite changea alors de tactique, avec l’aide de ses vassaux : l’Amourrou, Karkemish, Ougarit etc… il imposa aux Assyriens un blocus économique maritime. Shaushga-Muwa fut chargé d’empêcher les marchands Amorrites de se rendre en Assyrie et à l’inverse d’arrêter les marchands Assyriens avant et de les envoyer à Tudhaliya IV. Il existe aussi des indications que Shaushga-Muwa devait empêcher les navires d’Ahhiyawa de prendre contact avec le souverain d’Assyrie. Le blocus s’avéra très payant car les Assyriens se virent obligés de signer un traité de paix et redonnèrent aux Hittites les territoires conquis. Shaushga-Muwa fut le dernier Roi d’Amourrou dont nous ayons une trace. Le royaume a sans aucun doute suivit l’histoire de la région après la chute des Hittites vers 1200 et l’invasion des Peuples de la mer.
 
   Les spécialistes ont des avis opposés. Pour certains il fut le dernier Roi pour d’autres il y avait encore un Roi lors de l’invasion des Peuples de la mer et du règne du Pharaon Ramsès III (1184-1153). Des enregistrements pour ce soupçon d’années jusqu’à la destruction massive nous informent que des gens d’Amourrou furent “capturés, dispersés et soumis”. Ces événements auraient eu lieu en l’an 5 du Pharaon, lorsque le Roi d’Amourrou “devint cendres” (entendez qu’il fut tué) ?. Ainsi, il semblerait qu’après une première attaque qui laissa l’Amourrou dans le chaos, les envahisseurs retournèrent s’y installer. En tout cas, le pays ne fut plus jamais indépendant, bien que Ramsès III semble y avoir rétabli l’ordre. Le terme "Amourrou” a commencé alors à être utilisé dans un contexte plus large pour désigner la zone située entre Palmyre et la côte. Ce fut dans ce contexte que le mot Amourrou fut utilisé dans les annales de l’Empereur Assyrien, Téglath-Phalasar I (ou Tiglath-Pileser ou Tiglatpileser, 1116 à 1077) qui marcha sur la région à la recherche de bois de cèdre pour ses temples d’Anu et Adad à Assur. Assur-Nasirpal II (ou Asurnasirpal ou Assur-Nâsi-Apli, 884 à 859) y fit également campagne.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Royaume voir les ouvrages de :
 
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Jean-Marie Durand et Dominique Charpin :
Amurru 2, Mari, Ebla et les Hourrites : Dix ans de travaux, Deuxième partie, Editions Recherche sur les civilisations, Paris, 2001.
Honigmann E.Forrer :
Amurru, pp : 99–101, Erich Ebeling (Hrsg.): Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen Archäologie (RLA). 1, Nachdruck, de Gruyter, Berlin, 1993.
Raphaël Giveon :
Amurru, pp : 251–252, Wolfgang Helck (Hrsg.): Lexikon der Ägyptologie (LÄ). Band I, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1975.
Yuval Goren, Israel Finkelstein et Nadav Nabaman :
The expansion of the kingdom of Amurru according to the petrographic investigation of the Amarna tablets, pp : 1-11, BASOR 329, Baltimore, Février 2003.
Wolfgang Helck :
Abdi-Aširta, Lexikon der Ägyptologie (LÄ). Band I, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1975.
Shlomo Izre’el et Itamar Singer :
Amurru Akkadian : A linguistic study, Scholars Press, Atlanta, 1991.
Horst Klengel :
Aziru von Amurru und seine rolle in der geschichte der Amarnazeit, pp : 57-83, MIO 10, 1964.
Syria 3000 to 300 B.C.: A handbook of political history, Akademie Verlag, Berlin, 1992.
William Lambert Moran :
The Amarna Letters, Johns Hopkins University Press, Baltimore, London, 1987 – 1992.
Christophe Nicolle :
Amurru 3 : Nomades et sédentaires dans le Proche-Orient ancien, Compte rendu de la XLVIe rencontre Assyriologique internationale ( Paris, Juillet 2000), Editions Recherche sur les Civilisations Association pour la diffusion de la pensée française (ADPF) – CULTURESFRANCE, 2004.
Itamar Singer :
The “Land of Amurru” and the “Lands of Amurru” in the Šaušgamuwa treaty, pp : 69-74, Iraq 53, Janvier 1991.
Robert R.Stieglitz :
The city of Amurru, pp : 45-48, JNES 50, N°1, The University of Chicago Press, Chicago, Janvier 1991.
Yuan Zhihui :
Amurru’s expansion and Egypt’s response in the Amarna age, pp : 21–31, Journal of ancient civilizations 19. IHAC, Changchun, 2004.
Omar Zuhdi :
Benteshina and the Norn Division, pp : 141-142, JSSEA 8, Tonroto, 1977/1978.

 

 

Arwad

    Arwad (ou Arouad ou Aradus ou Arados ou Arvad ou Arpad ou Antioche en Pieria, en arabe :  أرواد, en Grec : Άραδο ou Άραδος ou Αντιόχεια της Πιερίας), fut aussi appelée l’île Ruad. Le royaume/île était situé en mer Méditerranée à 3 km. de Tartous (anciennement Tortosa), deuxième plus grand port de la Syrie. C’est la seule île habitée de la Syrie. La ville d’Arwad elle-même prend toute l’île. Aujourd’hui, c’est surtout une ville de pêche. Dans l’antiquité, l’île, fortifiée par d’épaisses murailles, fut un important centre commercial pour la vallée de l’Oronte et un grand centre de commerce maritime. Son riche terroir et le commerce de la pourpre en firent sa prospérité. Le nom “Arvad” est noté dans la Bible comme l’ancêtre des Arvadiens, un peuple de Canaan.
 

L’histoire…….

 
   L’île fut habitée au début du IIe millénaire et se constitua en petit royaume qui fut conquis par les Phéniciens. Bien que sous leur contrôle, il était toutefois un royaume indépendant appelé Arvad ou Jazirat (ce dernier terme signifiant "île"). Le nom Phénicien pour la ville/île était probablement “Aynook”. En Grèce, il fut connu comme “Arados”. La ville apparaît également dans les sources antiques sous le nom “Arpad” et “Arpad”. Enfin la cité fut rebaptisée Antioche de Pieria par le Roi Séleucide Antiochos I Sôter (280-261). L’île fut une importante base pour les entreprises commerciales dans la vallée de l’Oronte. Située à quelques 50 km. au Nord de Tripoli, c’était un rocher stérile recouvert de fortifications et de maisons à plusieurs étages. L’île était d’environ 800 m. de long pour 500 m. de large, entourée par un mur massif, et un port artificiel fut construit à l’Est vers le continent. Il s’y développa dans les premiers temps une ville commerciale, sur le modèle de la plupart des villes Phéniciennes de cette côte.
 
  Le petit royaume eut une marine puissante, et ses navires sont mentionnés jusque sur les monuments Égyptiens et Assyriens. Il semble même avoir eu un temps une sorte d’hégémonie sur les villes Phéniciennes du Nord, de l’embouchure de l’Oronte jusqu’à la limite Nord du Liban. Il eut sa propre dynastie locale et battit sa propre monnaie, d’où certains des noms de ses Rois ont été récupérés. Ses habitants sont mentionnés dans les premières listes de la Genèse (10:18), et Ezéchiel (27: 8,11) se réfère à ses marins et soldats au service de Tyr. Le royaume eut sous son autorité certaines des villes voisines sur le continent, tels que Marathos et Simyra. Le Roi d’Égypte, Thoutmosis III (1479-1425) s’empara d’Arwad dans sa campagne dans le Nord de la Syrie en 1472. On en retrouve encore également des traces dans les campagnes du Pharaon Ramsès II (1279-1213). Enfin, il est également mentionné dans les lettres d’Amarna, à l’époque d’Amenhotep IV (ou Aménophis ou Akhenaton, 1353/52-1338) comme étant dans une ligue, avec les Amorites, dans des attaques sur les possessions Égyptiennes en Syrie.


 

Fragment de stèle en Albâtre –
Fin IVe s. av.J.C – Trouvée par
la Mission Renan, 1860-1861,
à Arwad – Musée du Louvre

 
   Dans les années 1200 (ou un peu plus tard), le petit royaume fut saccagé par les Peuple de la Mer, comme la plupart des villes de la côte, mais il se releva toutefois et redevint prospère. Son importance maritime est indiquée par les inscriptions des Rois Assyriens dans leurs annales. Le premier, Téglath-Phalasar I (ou Tiglath-Pileser ou Tiglatpileser, 1116 à 1077), se vanta d’avoir navigué dans des navires d’Arwad sur la Méditerranée et une légende raconte qu’il tua un nahiru ou “cheval de mer” (Adolf Léo Oppenheim le traduit comme un narval). Ces sources cunéiformes attestent l’existence d’un territoire continental, qui devait sans doute assurer le ravitaillement de l’île et permettre l’enterrement des morts.
 
   L’Empereur Salmanasar III (859-824), dans sa campagne d’invasion de la Syrie, lutta contre une coalition à la bataille de Qarqar (ou Karkar, au Nord-ouest de la Syrie) en 853 où participèrent 200 hommes d’Arwad. À cette époque, le Roi d’Arwad était Mattanbaal I (ou Matinu-Baal ou Mattan Baal ou Matinu-Ba’al ou Mata’an, v.860-v.850). Il s’était allié à 10 autres Rois et Princes où l’on trouvait, entre autres, le Pharaon Osorkon II (874-850) d’Égypte, le Roi Ammonite Ba’sa (ou Baasa, v.860-v.845), le Roi d’Hamath Irhuleni, le Roi d’Israël Achab (873-852) et d’autres souverains de petits États voisins, sous la direction du Roi Ben-Hadad II (ou Hadadezer ou Hadad VI ou Adad-Idri, 865-842) de Damas. Chaque souverain envoya des forces en rapport avec ses possibilités et sa puissance dont la totalité énumérée dans les annales Assyriennes et dans la Bible se monta à : 69.200 fantassins, 1.900 cavaliers, 1.000 méharistes et près de 3.900 chars légers avec deux hommes d’équipage. Le déroulement de cette bataille est encore très imprécis. Dans ses annales, l’Assyrien s’attribua la victoire et affirma avoir abattu 14.000 soldats ennemis. Mais le fait est qu’après la bataille et un court séjour dans la région, son armée fit retraite vers ses bases et aucune capitale des royaumes coalisés ne fut assiégée.
 
   Sous l’Empereur Teglath-Phalasar III (745-727) la transformation des territoires qu’il avait vaincus en province Assyrienne (Province de Sumur) semble avoir coupé Arwad de ses dépendances sur le continent. L’Empereur Sennachérib (705-681), prit Arwad en 701/700, qui était dirigée par le Roi Abdiliati (ou Abdilti ou Abdile’ti ou Abd-ilihit), qui dut lui payer un tribut. Son successeur, Mattanbaal II (ou Matinu-Baal ou Mattan Baal ou Matinu-Ba’al ou Mata’an) fit de même à l’Empereur Assarhaddon (681-669). Son successeur Ikkilu (ou Ikkilû), toujours sous ce dernier, essaya d’empêcher les navires Assyriens de faire escale à des ports et réserva ses échangent à des commerçants Assyriens privilégiés qui traitaient directement avec lui. Il aurait également tué des espions Assyriens et saisit leurs bateaux. Vers 664, l’Empereur Assurbanipal (669-631) contraint son Roi Yakinlu (ou Yakin-el), qui s’était soulevé contre son autorité, à se soumettre et exigea une de ses filles pour devenir membre du harem royal. Pour certains spécialistes il est le même que Ikkilu ?. Il le remplaça par son fils Azibaal (Azi-Ba’al ou Azbaal “Baal est fort“). Les Assyriens battus, Arwad subit la domination des Néo-Babyloniens comme toutes les cités Phéniciennes. Les charpentiers d’Arwad étaient renommés dans le domaine de la menuiserie des constructions navales et étaient employés à la cour du Roi de Babylone Nabuchodonosor II (605-562).
 
   Sous les Perses Achéménides qui suivirent, Arwad fut autorisée à s’unir dans une confédération avec Sidon et Tyr, avec un conseil commun à Tripolis. Elle mit sa flotte de guerre à la disposition des Rois des Perses. Comme le 29 Septembre 480, lorsque Xerxès I (486-465) affronta les Grecs à la bataille de Salamine, la flotte d’Arwad était commandée par son Roi Maharbaal (ou Mahar-Ba’al). La cité commença à frapper sa propre monnaie vers 440. À cette époque, les Grecs et les Phéniciens étaient en relation grâce aux comptoirs Grecs installés sur la côte du Nord de la Syrie et sur Arwad qu’ils appelaient Arados. Les artisans d’Arwad étaient spécialisés en particulier dans les sarcophages en terre cuite, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Le dernier Roi lors de la période Perse fut Gerashtart (ou en Grec : Gérostratos). Il monta sur le trône en 339. Lorsqu’Alexandre le Grand (336-323) envahit la Syrie en 332, il soutint avec sa flotte le Roi Perse Darius III (336-330), mais son fils Abdashtart (ou ‘Abd’aštart ou en Grec : Straton ou Strato) changea de camp et offrit l’île et tout son territoire continental au Macédonien qu’il aida de plus avec sa flotte à la prise de Tyr.
 
   Lors du partage de l’Empire d’Alexandre la cité passa sous la domination des Séleucides, mais il semble qu’elle jouit d’une certaine autonomie. Lors de cette période, elle possédait un atelier monétaire qui émit des monnaies au nom d’Alexandre jusqu’en 301. Ce fut le Roi Séleucide, Antiochos I Sôter (280-261) qui la renomma Antioche de Pieria. En 259, sous le Roi Antiochos II Théos (261-246) la royauté traditionnelle disparut. Il accorda à l’île/ville en échange d’une alliance politique et d’une aide le statut de cité libre, indépendante du royaume Séleucide. Elle adopta alors les institutions Grecques, avec un corps civique (le Démos), une Boulé et une Gérousie. Son hellénisation, comme toute la côte Phénicienne fut rapide.
 
   Arwad est encore mentionnée dans un écrit de Rome vers 138, en liaison avec d’autres villes et les dirigeants de l’Est, pour avoir montré des faveurs envers les Juifs. À l’époque Romaine, Arwad/Arados résista farouchement à Marc Antoine (83-30) venu en Syrie pour y trouver de l’argent. Selon Appien d’Alexandrie (Historien Grec, 90-v.160), la ville refusa de livrer un Ptolémée, mit à mort les envoyés de Marc Antoine et se rallia aux Parthes. En 38, elle fut assiégée par les troupes de Marc Antoine. Après avoir longuement résistée à la famine et aux épidémies elle dut capituler. Les monnaies émises en 35/34 à l’effigie de Marc Antoine et de la Reine d’Égypte Cléopâtre VII (51-30), marquent la fin de son indépendance. Ce fut après que Rome commença à intervenir dans les affaires de la Judée et de la Syrie. Des écrits indiquent qu’Arwad était encore d’une importance considérable à l’époque. La ville d’Aradus, comme on l’appelait alors, devint dans les premiers siècles de notre ère un évêché. Athanase rapporte que, sous l’Empereur Romain Constantin le Grand (305-337), Cymatius, l’Évêque d’Aradus fut chassé par les Ariens. Au premier Concile de Constantinople, en 381, Mocimus apparaît comme Évêque d’Aradus.

 

Bibliographie

 
   Pour d’autres détails sur le Royaume voir les ouvrages de :
 
Trevor Bryce :
The Routledge handbook of the peoples and places of ancient western Asia, Routledge, London, New York, 2009.
Ancient Syria : A three thousand year history, Oxford University Press, New York, 2014.
Lawrence I.Conrad :
The conquest of Arwād : A source-critical study in the historiography of the early medieval Near East, pp : 317-401, The Byzantine and early Islamic Near East : Papers of the First Workshop on Late Antiquity and Early Islam, Studies in late antiquity and early Islam, vol. 1, Darwin Press, Princeton, 1992.
Jean-Paul Rey-Coquais :
Arados et sa pérée aux époques grecque, romaine et byzantine, Éditions Geuthner, Paris, 1974.
Josette Elayi et Mohamed R.Haykal :
Nouvelles découvertes sur les usages funéraires des Phéniciens d’Arwad, Éditions Gabalda, Paris, 1996.
Josette Elayi :
Histoire de la Phénicie, Éditions Perrin, Paris, 2013.
Daniel E.Fleming :
– Democracy’s ancient ancestors : Mari and early collective governance, Cambridge University Press, Cambridge, UK ; New York, 2004.
Horst Klengel : 
Syria 3000 to 300 B.C.: A handbook of political history, Akademie Verlag, Berlin, 1992.
Jean-Paul Rey-Coquais :
Arados et sa pérée aux époques grecque, romaine et byzantine, Éditions Geuthner, Paris, 1974.
Marie-Ange Calvet-Sebasti :
Une île romanesque : Arados, pp : 87-99, Lieux, décors et paysages de l’ancien roman des origines à Byzance, éd. B. Pouderon, CMO 34, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2005.
Michael Sommer :
Les Phéniciens. Histoire et culture, CH Beck, Munich, 2008.

 

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