Alexandre le Grand –
British Museum
|
Son origine, sa jeunesse
Alexandre le Grand (ou Alexandros ou
Alessandro, en
Grec : Άλέξανδρος ό Μέγας
Aléxandros ho Mégas ou Άλέξανδρος Γ’ ό Μακεδών Aléxandros
trίtos ho Makedόn) est Roi de
Macédoine de 336 à 323, Roi de
Babylone de 331 à 323 et Pharaon d’Égypte
de 332 à 323. Il naquit à
Pella le 20 ou 21 Juillet 356. Il fut le fils de
Philippe II et d’Olympias.
Il fut associé très jeune aux responsabilités du pouvoir et il reçut, de 343 à
341, comme précepteur
Aristote
(Philosophe
Grec, 384-322). Ce choix fut dicté par la politique de l’époque. Le
philosophe lui enseigna les sciences, la médecine, l’art et la langue
Grecque, avec spécialement préparé pour lui une édition annotée de l’Iliade.
Aristote restera attaché au Roi tout au long de sa vie, comme un ami et un
confident. On ne sait pas dans quelle mesure les enseignements philosophiques d’Aristote
influencèrent la pensée d’Alexandre.
Il semble très probable qu’il y avait de nombreux points
d’accord entre eux. Les théories politiques de philosophe étaient fondées sur la
cité
Grecque, théories démodées à l’époque. Toutefois ce concept d’un
gouvernement comme une petite cité-État ne pouvait pas être d’intérêt pour un
Prince ambitieux qui voulait construire un grand empire centralisé.
En 340, à l’âge de seize ans, son père lors d’une expédition
contre Byzance, le nomma Régent de
Macédoine, possesseur du sceau royal et certainement responsable d’affaires
courantes du gouvernement. En 338, il est dit qu’Alexandre conduisit la cavalerie victorieuse à
la
bataille de Chéronée contre la coalition d’Athènes
et de
Thèbes. Pour certains spécialistes il aurait plutôt commandé une Phalange. Grâce à ses compétences en tant que chef d’armée il terrassa le
Bataillon Sacré
Thébain (300 soldats qui formaient le corps d’élite de leur armée).
Selon Andrea Frediani, au cours de cette bataille, en apprenant
les victoires de son fils, son père aurait essayé de minimiser le mérite
d’Alexandre, en affirmant qu’il n’avait pas du s’exposer au danger. Alexandre
devint l’ambassadeur chargé de rapporter à
Athènes les cendres des
Athéniens tués. En 337,
Philippe II prit une quatrième femme pour épouse,
Cléopâtre, fille d’Hippostratos et la nièce du Général et Chancelier Attalos
de
Macédoine, mais
Olympias garda le titre de Reine. Il y avait de fortes divergences entre le
père et le fils, alimentées par la conduite de
Philippe II envers sa mère. Alexandre, à plusieurs reprises, utilisa des
mots de mépris contre son père.
En Octobre 336, à
Aïgaï, alors qu’il préparait la conquête de la
Perse,
Philippe II fut assassiné. La cour était rassemblée dans la cité pour la
célébration du mariage entre
Alexandre I (342-331) d’Épire
et
Cléopâtre, la fille de
Philippe II et
Olympias. Tandis que le Roi était entré non protégé dans le théâtre de la
ville, il fut poignardé par Pausanias, un de ses sept officiers gardes du corps.
Pausanias essaya immédiatement de s’échapper et d’atteindre des acolytes qui
l’attendaient avec des chevaux à l’entrée d’Aïgaï,
mais il fut poursuivi par trois des gardes du corps du Roi, attrapé et tué. Il
est difficile d’exposer les raisons de l’assassinat du souverain, il y avait
déjà polémiques parmi les historiens antiques. D’après
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125) il est possible qu’Alexandre fut au courant de l’attentat.
Alexandre – Musée archéologique
de Pergame
|
Son Règne
Sa
prise de pouvoir
Alexandre fut acclamé Roi par
l’armée en 336, à l’âge de vingt ans et son accession au trône s’accompagna de
troubles provoqués par la noblesse
Macédonienne. La répression fut sanglante pour consolider son pouvoir en
supprimant les rivaux possibles au trône. Avec l’aide du Général
Antipatros (ou Antipater, régent 321-319) un conseiller de son père il
fit condamner à mort Amyntas (Petit-fils de
Philippe II qui était son tuteur), plusieurs de ses demi-frères,
Cléopâtre, la jeune épouse de son père et son oncle Attalos. Après avoir
consolidé son pouvoir en
Macédoine il voulut étendre son autorité dans les Balkans, en commençant par
les
Grecs. Arrivé à Larissa, capitale de la
Confédération Thessalienne, il souligna ses bonnes intentions à leur égard,
en se proposant comme un protecteur contre les
Perses. Comme le précise Claude Mossé, pour se faire, la
Ligue le proclama chef, avec en charge également l’administration des
recettes. Le Conseil Amphictyonique, qui fut réuni pour l’occasion aux
Thermopyles, le proclama Hégémon de la
Grèce, un poste occupé précédemment par son père. Ensuite, les États
Grecs dans la
Confédération Hellénique
de
Corinthe, sauf
Sparte,
proclamèrent Alexandre commandant de leurs forces contre la
Perse. Le
Macédonien, était maintenant en mesure de poursuivre le projet de conquête de son père.
Sa
première campagne
À partir du printemps 335,
Alexandre, soutenu par tous les
Grecs, commença sa campagne dans les Balkans contre les Triballes (ou
Tribals ou Triballi ou Triballians, en
Grec : Τριβαλλοί) une tribu située au Nord de la
Thrace, dans les plaines du Sud de la Serbie moderne et l’Ouest de la
Bulgarie. Après un voyage qui dura dix jours, il fit face, à la ville de Šipka,
mais l’ennemi avec des chars lui barraient la route. Dans cette première
rencontre Alexandre montra ses capacités de stratège. Une partie des soldats
Macédoniens fut divisés en deux ailes, laissant libre passage à l’ennemi, tandis que le
reste se coucha sur le sol, recouverts de leur bouclier de telle sorte qu’ils
pouvaient laisser passer les chars sur eux sans subir de dégâts. Puis, grâce à
l’appui des archers, les hypaspistes et des troupes légères, les Triballes
furent défaits. Selon Andrea Frediani, cette tactique gagnante aurait permis de
tuer plus de 3.000 ennemis, tandis que les alliés n’eurent que 50 blessés dans
leurs rangs.
Toutefois, les Macédoniens
eurent des difficultés à conquérir l’île de Peuce où s’étaient réfugié leurs ennemis, en raison des forts courants. Alexandre décida de traverser la rivière
en une seule nuit, en lançant un assaut sur les Gètes qui, alliés aux Triballes, alignaient 10,000 hommes d’infanterie et 4.000 cavaliers. Il passa près de
quatre mois dans les Balkans occidentaux avant de se diriger vers l’Ouest et
d’entrer sur le territoire des Agriani, une tribu
Dace, avec environ 25.000 fantassins et 5.000 cavaliers. Puis Alexandre réussit à contrer les attaques de la tribu
Illyrienne des Dardaniens (Région de ce qui est aujourd’hui le Kosovo),
commandée par Cleitus (ou Cleitos), mais, des nouvelles arrivèrent de l’imminence de renforts
Illyriens. Alexandre arriva tout de même au mont Pélion (Montagne
Grecque du Sud-est de la
Thessalie) dont il fit le siège. Le
Macédonien attaqua en utilisant sa phalange et libéra la région sans aucune perte.
Pièce d’or d’Alexandre –
Metropolitan Museum of Art |
La révolte des cités Grecques
Fin 335, début 334, après les
victoires dans les Balkans, une rumeur se répandit selon laquelle Alexandre
avait été tué dans une bataille. Cette nouvelle provoqua une rébellion des
villes
Grecques, qui, selon Claude Mossé, fut peut-être alimentée par les
Perses et les
Thébains. Avec une marche forcée de plus de 200 km, en quatorze jours,
l’armée d’Alexandre atteignit
Thèbes et l’assiégea. À ce stade, il existe deux versions de la
bataille
de Thèbes. Arrien (ou Lucius Flavius Arrianus Xénophon, historien Romain,
v.86-v.175) et Diodore de Sicile
(Historien et chroniqueur Grec,
v.90-v.30) sont en désaccord, dans leurs descriptions. Dans une version (Arrien),
lors de l’attaque
Perdiccas fut grièvement blessé. Dans tous
les cas, l’armée
Macédonienne balaya les
Thébains et les représailles furent sévères. La cité fut rasée, n’épargnant que les temples et la maison du poète
Pindare et la population qui n’avait pas été massacrée dans les combats (30.000
personnes) fut réduite à l’esclavage.
Après cette bataille, Alexandre gagna la soumission complète
des villes
Grecques, à l’exception de
Sparte
et
Athènes, cette dernière se sauvant de plusieurs sièges. Devant une telle
force elles finirent quand même par se livrer au
Macédoniens, mais après des négociations seul le Général Caridemo (ou
Charidemus), un mercenaire
Athénien,
anti-Macédonien, fut exilé. À la fin des événements, fin d’Octobre, Alexandre
retourna en
Macédoine. Lors de ce voyage, est aujourd’hui encore discutée par les
historiens la visite ou non d’Alexandre à l’oracle de
Delphes. Selon la légende, le Roi alla au temple pour lui poser des
questions, mais c’était la période pendant laquelle celle-ci ne pouvait pas être
consultée. Alexandre aurait alors forcé la Prêtresse à venir quand même au
temple le rencontrer et, devant tant d’insistance, elle aurait déclaré que le
nouveau Roi était "invincible".
La conquête de l’Asie Mineure, la bataille du Granique
Statue d’Alexandre – Musée
archéologique – Attalia |
Au printemps 334, grand maître de toute la
Grèce, Alexandre se prépara alors à la conquête de l’Asie
Mineure, en s’entourant d’excellents Généraux comme :
Antigonos,
Antipatros(ou Antipater)
Lysimaque,
Perdiccas,
Ptolémée I,
Séleucos I. Ayant laissé la régence à
Antipatros, il partit de sa capitale
Pella et, en vingt jours, il atteignit Sestos en
Chersonèse de Thrace. Tandis que Parménion fut chargé par le Roi de
transporter l’armée à Abydos sur l’Hellespont, Alexandre se dirigea vers Éléonte où il rendit sacrifice au premier héros Protésilas, tombé lors de la guerre de
Troie. Les Macédoniens
traversèrent l’Hellespont avec une immense armée de près de 40.000 hommes (pour
certains, 37.000 pour d’autres), dont près de 32.000 fantassins et 5.100 cavaliers, le tout sous le commandement de
Parménion ils débarquèrent en Troade.
Le Roi Perse,
Darius III (336-330), n’intervint pas durant la traversée dans le but
d’entraîner Alexandre vers l’intérieur du pays. Son armée, menée par
Memnon de Rhodes, renforcée par les
Satrapes, Spithridatès de Lydie, Atizie et Arsitès de
Phrygie et Mitrobarzanès de
Cappadoce était elle, forte de 10.000 cavaliers et 30.000 fantassins (en
fonction aussi des sources).
Memnon espérait également une révolte des cités
Grecques, appuyée par l’or de
Darius III et sur la haine contre Alexandre à la suite du saccage de
Thèbes. Ils tentèrent d’arrêter les
Macédoniens sur les rives du Granique au mois de Mai 334.
Cette bataille se solda par la victoire écrasante des
Macédoniens sur les Satrapes
d’Asie Mineure et les
Perses
prirent la fuite. L’erreur stratégique de ces derniers fut d’avoir adopté un ordre de bataille contraignant leur cavalerie à l’immobilité entre leur
infanterie et le Granique. De plus il y eut une totale absence d’actions coordonnées entre l’infanterie et la cavalerie. Quant à Alexandre, il démontra
son art de la manœuvre et le rôle considérable que jouait dans ses actions la mobilité, en particulier celle de sa cavalerie lourde. Il est difficile d’avoir
une estimation fiable des pertes réelles tant dans le nombre de tués que de blessés.
Le chiffre de 12.000 morts pour les
Perses, dont 2.000 cavaliers et 10.000 fantassins, semble assez fiable, l’infanterie de mercenaires
Grecs de
Darius III ayant été volontairement anéantie par Alexandre.
Seulement 2.000 des 20.000 mercenaires
Grecs sous le commandement de
Memnon furent épargnés et envoyés aux travaux forcés dans les mines de Pangée. Les cavaliers
Perses s’enfuirent massivement, mais beaucoup d’officiers, dont les
Satrapes Spithridatès et Mitrobarzanès, furent au nombre des victimes.
Arsitès réussit à s’échapper, mais se sentant coupable de ce qui s’était passé,
il se suicida peu après. Selon Arrien (ou Flavius Arrianus Xénophon, écrivain
Grec de l’époque Romaine, v.85-après 146), les pertes totales pour les
Macédoniens furent entre 300 et 400 hommes ce qui est complètement
irréaliste, si l’on en juge par la violence de l’engagement et sûrement
largement sous-estimé. Après cette victoire l’Asie
Mineure était désormais ouverte à la conquête Macédonienne.
Pilier hermaïque d’Alexandre
– Musée du Louvre |
Le
siège et la
bataille de Milet
Alexandre décida ensuite d’étendre
son avantage à l’ensemble de la région côtière afin de priver les
Perses
de base navales d’où ils pourraient envahir la
Grèce. Au début il ne trouva face à lui que de simples garnisons laissées
dans les villes en opposition. Dans la foulée du Granique, il prit
Sardes, puis
Gordion la capitale de
Phrygie se rendit sans résistance, tandis que Parménion s’emparait de
Dascylion. La ville d’Éphèse,
en proie à des luttes de factions, où
Memnon de Rhodes s’était réfugié après la bataille, vit le parti
démocratique favorable à Alexandre l’emporter. Celui-ci s’attira habilement la
sympathie des habitants de la ville en confiant au temple d’Artémis le tribut
que la ville payait jusqu’alors à
Darius III et en rappelant les bannis. Les adversaires d’Alexandre se
réfugièrent à
Milet, où
Memnon, avait décidé de reprendre les choses en main.
Le port de
Milet était d’une importance capitale pour la flotte
Perse si elle désirait ne pas perdre le contrôle de la mer. De plus, Hégésistratès, le commandant de la garnison
Perse de la ville, avait déjà pris contact avec Alexandre pour lui offrir de
lui remettre la cité, mais au dernier moment changea d’avis. Alexandre fit le
siège de Milet et ordonna à son escadre de bloquer toute
intrusion venant de la mer vers la ville. Trois jours plus tard, 400 trières
Perses apparurent. Mais voyant la baie occupée par les vaisseaux
Grecs, les
Perses mouillèrent devant le promontoire de Mycale au Nord. Malgré la proximité des deux flottes ennemies, Alexandre refusa le combat naval,
considérant ses troupes plus invincibles sur terre. Sous les assauts répétés de
l’armée
Macédonienne, très vite, en Juillet 334, la cité tomba.
La bataille d’Halicarnasse
Après la chute de Milet,
Memnon de Rhodes s’enfuit une nouvelle
fois et se réfugia à
Halicarnasse dont le Roi
Pixodaros (340-334) s’était rangé du côté des
Perses. Memnon fut assisté du
Satrape
Orontopatès (Sur ses monnaies Rhoontopates, † après 331) et du
Thébain
Ephialtès, qui avait juré la mort d’Alexandre depuis la destruction de sa ville. Alexandre joua sur les rivalités internes dans la cité et nomma
Ada (343-340 et 334-326), la sœur de
Pixodaros, que celui-ci avait renversée, comme
Satrape de
Carie. Celle-ci adopta alors Alexandre comme son fils et en fit son
héritier. Restait cependant pour le Macédonien
à s’emparer de la ville qui était entourée de tous côtés de murailles puissantes, excepté au Sud face la mer. Halicarnasse possédait également trois
forteresses, dont une sur un îlet. Le Roi après la prise de
Milet, avait congédié la majeure partie de sa flotte et ne pouvait
donc s’emparer que de la partie de la ville accessible par la terre, car la flotte
Perse, numériquement supérieure, était ancrée dans le port. Les deux autres forteresses restaient donc aux mains des mercenaires
Grecs du Roi
Perse
Darius III.
Monnaie argent d’Alexandre – British
Museum
|
La ville devenait dangereuse
pour Alexandre
car, s’il ne parvenait pas à la prendre, son armée serait alors coupée de l’Hellade et il serait alors facile
aux Perses de provoquer des révoltes en
Grèce.
Avançant sur
Halicarnasse et prévoyant un siège de longue durée,
Alexandre installa son camp à moins de 2 km. des remparts de la ville à l’extrémité Nord-est de la muraille, en face de la Porte Mylasa et fit débuter
les travaux. Après quelques escarmouches, quelques jours plus tard,
Memnon tenta une sortie. Seuls quelques engins de siège purent être détruits
avant qu’une vigoureuse contre-attaque menée par les
Macédoniens ne parvint à les repousser faisant de très nombreuses victimes chez les
Perses qui s’enfuirent paniqués.
Les Macédoniens
commencèrent à achever les survivants. Les soldats restés dans la ville, épouvantés, fermèrent précipitamment les portes de la cité laissant les derniers
survivants se faire massacrer par les troupes de Ptolémée (En Grec :
Πτολεμαῖος), officier d’Alexandre qui commandait une unité
d’Hypaspistes (Ne pas confondre avec Ptolémée I le futur Roi
d’Égypte, 305-282).
Les
Macédoniens enhardis par le succès voulurent forcer les
portes de la cité, mais, leur chef fit sonner la retraite, voulant encore épargner la ville. En effet, les assiégés avaient perdu plus de 1.000 hommes et
les Macédoniens pouvaient espérer que les
Halicarnassiens renonceraient. Le surlendemain,
les assiégeants virent des flammes s’élever près des murailles. Alexandre apprit que
Memnon et Orontopatès (ou Rhoontopates) avaient décidé de sacrifier la ville et de ne garder que les forteresses
Salmakis (ou Salmacis) et Zéphyrion où Orontopatès essaya de trouver refuge avec les plus expérimentés de ses guerriers restants, alors que
Memnon se réfugia sur l’île de
Cos.
Alexandre donna alors l’ordre de prendre la place. Les Macédoniens,
entrèrent dans la cité, mais les habitants restés chez eux furent épargnés,
alors que tous ceux pris propageant l’incendie furent exécutés. À l’automne 334,
après plusieurs mois de siège, bien que les deux forteresses portuaires étaient
encore aux mains des
Perses,
Alexandre poursuivit sa marche à l’Est
de l’Asie Mineure. Le Roi laissa sur place
3.000 mercenaires et 200 cavaliers sous le commandement de Ptolémée, avec ordre de prendre toutes les places fortes encore tenues par les
Perses. Puis il remit la région sous le commandement de la Princesse
Ada.
La
conquête de la Lycie, la Pisidie et la Phrygie
Galvanisé pas le succès, à l’hiver
334, Alexandre se dirigea vers la
Lycie dont il s’empara sans grande résistance. Puis, au printemps 333, il
pénétra en
Pamphylie, puis en
Pisidie. Ces régions n’appartenaient que très nominalement à l’Empire
Achéménide. Le plus souvent les villes étaient autonomes et rivales entre
elles. Alexandre profita de ces rivalités et reçut la soumission d’Aspendos
et de
Sidé, à environ 60 kilomètres à l’Est d’Attalia,
puis il remonta vers la
Phrygie. En
Pisidie, il rencontra une résistance et dut combattre contre les habitants
de
Termessos sans réussir à prendre la ville. La cité était d’importance car
elle fut un centre régional tout aussi influent que
Selge ou
Sagalassos. Dans son compte rendu de la campagne d’Alexandre, l’historien
Arrien de
Nicomédie (v.85-v.145) décrit
Termessos comme une grande ville. Arrien raconte, que
Selge conclut un pacte avec Alexandre contre
Termessos et
Sagalassos et qu’en 333, le Roi
Macédonien, qui assimilait la ville à un nid d’aigle, avait commencé un
siège de
Termessos, conscient de l’importance stratégique de la cité.
La bataille d’Issos par Jan
Brueghel
l’Ancien (1568-1625) – Musée du Louvre |
Arrien note que même une petite
force pouvait facilement la défendre en raison des barrières insurmontables
naturelles qui entouraient la ville, mais Alexandre s’il voulait gagner la
Phrygie
devait forcément passer par
Termessos. En fait, il existait d’autres passes beaucoup plus faciles
d’accès et sans aucune résistance armée, alors pourquoi le Roi a choisi de
remonter le col raide de Yenice (ou Yenidje ou Yenidze) reste encore aujourd’hui
un sujet de litige. Alexandre perdit beaucoup de temps et d’efforts à
essayer de forcer le passage fermé par les
Termessiens et lorsqu’il s’aperçut que cette ville s’avérait être
imprenable, il abandonna toute agression envers la cité. Toutefois, au lieu de
marcher vers le Nord il se tourna vers
Sagalassos sur laquelle il déchargea toute sa colère.
Dans la bataille qui s’en suivit, les
Sagalassiens assistés par des archers de
Termessos avaient pris position sur un plateau de la montagne en face de la ville. Bien qu’ils aient réussi à repousser l’attaque
Macédonienne une première fois, ils furent finalement
vaincus et Sagalassos fut saccagée.
Alexandre poursuivit sa route et parvient enfin dans la capitale
Phrygienne de
Gordion. Il y trouva des renforts venus à la fois
de Macédoine et de
Grèce, ainsi que son Général Parménion qui venait en partie d’hiverner à
Sardes en
Lydie. Le gouvernement de la
Pamphylie
et de la Pisidie fut confié à Néarque. Au début de l’été 333
Alexandre apprit que Darius III marchait sur la
Cilicie, il quitta alors
Gordion.
Sisygambis, Héphestion et
Alexandre le Grand, après la défaite Perse à Issos – Francesco de Mura
(1696-1782)
|
La bataille d’Issos
En quittant
Gordion, Alexandre se rendit dans un premier temps à Ancyre (L’actuelle
Ankara) et il reçut la soumission de la Paphlagonie, puis celle de la
Cappadoce jusqu’au Halys. Il poussa ensuite son armée vers le Sud et pénétra
en
Cilicie par le passage des Portes Ciliciennes gardé par le
Satrape Arsamès. En Juin 333, il fit étape dans la capitale
Tarse où il tomba malade plusieurs semaines après s’être baigné dans le
Cydnus (Sans doute des suites d’une hydrocution). Dans le même temps, Parménion
occupa les passes qui permettaient le passage de la
Cilicie à la plaine d’Issos (Col de Kazanluk-Kapu), puis celles qui
contrôlaient le passage vers la Syrie. En Septembre 333, Alexandre une fois
guéri, soumit, en sept jours selon Arrien, les populations montagnardes de
Cilicie et s’empara de Soles (ou Soli ou Pompéiopolis, aujourd’hui Mezitli)
à 11 km à l’Ouest de Mersin.
Il apprit à ce moment la pacification de ses arrières avec les
victoires de
Ptolémée I en
Carie et la soumission de
Cos. Mais, peu de temps après (333), le
Satrape
Pharnabaze, à la tête de la flotte
Perse soumit Ténédos, une îles de la mer Égée et Sigée (ou Sigeion ou
Sigeum) une cité
Grecque en Troade, à l’embouchure du Scamandre et s’entendit avec le Roi de
Sparte,
Agis III (338-331), qui tentait de soulever la
Grèce en lui donnant de l’argent et quelques navires. La situation pour
Alexandre restait donc délicate d’autant qu’il allait faire face à l’arrivée
imminente de
Darius III. Le souverain
Achéménide s’installa dans la plaine d’Issos (Entre les monts Taurus et la
mer), dans la volonté de contraindre Alexandre à la bataille. Ce dernier était
en Syrie mais il fit faire demi-tour à l’armée
Macédonienne et le 1 (ou 5 ou 12) Novembre 333, il affronta de nouveau les
Perses concentrés dans la plaine.
Cette fois
Darius III
dirigea lui-même son armée. Il eut l’avantage de mettre celle-ci la première en
ordre de bataille composée de 10.000
hoplites mercenaires et les 10.000
Immortels plus sa cavalerie royale. Il plaça 20.000 fantassins légers sur les
flancs de la montagne et disposa près de la côte, sur son aile droite, la plus
grande partie de ses cavaliers légers. Alexandre dirigea la cavalerie des
Compagnons sur le flanc droit tandis qu’il plaça sur le flanc gauche une autre
cavalerie sous le commandement de Parménion et la phalange en retrait. La
bataille commença par un choc entre les deux infanteries. Les mercenaires
Grecs de
Darius III combattirent avec vigueur et parvinrent un temps à rompre les
phalangistes de
Cratère (ou Kraterós,
v.370-321), mais au même moment la cavalerie
Perse se heurta à la résistance de Parménion. Alexandre défit l’aile gauche
adverse en se rabattant vers le centre de
Darius III.
La tente, le trône et les magnifiques meubles
de Darius III récupérés par Alexandre après sa victoire |
La garde royale
Perse opposa une vive résistance face à l’assaut de la cavalerie lourde
Macédonienne
et plusieurs officiers de haut rang y laissent la vie. Mais la supériorité
d’Alexandre était trop forte, s’en fut terminé pour
Darius III qui fut écrasé de nouveau. Le Roi s’enfuit au-delà de l’Euphrate,
laissant son char et ses attributs royaux (Son arc, son bouclier et son manteau)
et aussi laissant sa famille avec sa mère
Sisygambis
(ou Sisygambes), son épouse
Stateira I, son fils de cinq ans Ochus et ses filles
Stateira II et Drypteis, qui furent capturés par
Alexandre, ainsi qu’un immense butin.
Cette scène est illustrée sur une mosaïque retrouvée à Pompéi, dans la maison du Faune où l’on voit le Roi
Perse prendre la fuite. Alexandre bien que vainqueur traita avec déférence la Reine et sa famille.
Stateira I conserva son statut royale et le
Macédonien épousera
Stateira II lors des Noces de
Suse en 324 et Drypteis épousera Héphestion (ou Héphaestion
ou Héphaistion ou Hêphaistíôn, 356-324). Selon Wilhelm Bernhard Kaiser,
Darius III envoya alors à son adversaire une lettre dans laquelle il lui
offrit un traité d’amitié et lui demanda la libération de sa famille. Alexandre, qui avait pourtant renoncé à la poursuite immédiate de
Darius III
refusa cette demande.
La
conquête de la Phénicie
La famille de Darius III aux
pieds d’Alexandre –
Francesco Trevisani v.1737 – Musée du Louvre |
Après la victoire d’Issos, à l’hiver
333, Alexandre se tourna vers le littoral Syrien. Il envoya dans le même temps
Parménion à
Damas, où il réussit à amasser 2.600 talents d’argent, avec lesquels il fut
en mesure de payer toutes dettes contractées par l’armée. Alexandre se concentra
ensuite sur les villes côtières de
Phénicie afin d’éliminer les dernières bases de la flotte
Perse. Il soumit sans résistance Arados (Au Nord de la
Phénicie),
Tripoli du Liban,
Byblos,
Sidon, avec leurs flottes navales, tandis que
Tyr, essayait de gagner du temps afin de s’allier avec le vainqueurs entre
Macédoniens et
Perse.
À la fin de l’année 333, alors qu’Alexandre était à
Sidon, des négociations s’engagèrent avec le Roi de
Tyr, Azemilcos (ou Azemilcus ou Ozmilk, 349-332), lequel souhait toujours
rester neutre dans le conflit. Alexandre essaya d’abord de convaincre le Roi de
le laisser entrer dans la ville, sous le prétexte de vouloir rendre hommage à
leur Dieu, Melqart. Mais, refus du
Tyrien qui avait senti le piège. Faire entrer Alexandre en vainqueur dans le
temple c’était lui donner les clefs de la cité. Pour Alexandre, il lui fallait à tous prix, s’il voulait être maître de la côte
Phénicienne, posséder la ville de
Tyr avec ses deux ports. En Janvier 332 commença le long siège de la cité.
La ville nouvelle de
Tyr se situait sur une île près de la côte (environs 700 mètres, on trouve
aussi 1 km.). Alexandre
utilisa les débris de la ville continentale ancienne (Détruite par
Nabuchodonosor II (605-562) après un siège de treize ans), pour construire
une digue, sorte de pont-jetée. Mais les difficultés devinrent importantes lorsque la digue atteignit
des eaux plus profondes, d’autant que les
Tyriens effectuaient des raids meurtriers sur les
Macédoniens. Pendant ce
temps, Alexandre glana auprès des Rois de Byblos,
Arwad
(ou Arpad ou Antioche en Pieria),
Sidon
et de
Chypre
une flotte de 224 navires suffisante pour le siège de la ville. À côté
d’eux s’ajouta en Février de l’année 332, 4.000 mercenaires commandés par
Cléandre, pour la plupart issus du Péloponnèse. Attaquée par terre et isolée par
mer, la cité résista jusqu’en Août 332. Selon
Diodore
de Sicile (Historien et chroniqueur
Grec, v.90-v.30), entre autres, 30.000 habitants de la ville au moins
furent vendus comme esclave. Une partie de la population dont beaucoup de femmes
et d’enfants s’enfuit vers Carthage. La digue érigée par Alexandre existe encore
en partie de nos jours, elle servit notamment aux Croisés lorsqu’ils assiégèrent
Tyr. Ce succès permit à Alexandre de terminer sa mainmise sur l’ensemble de la
Phénicie.
Le siège de Tyr vu par
André Castaigne (1898-1899) Photo avant retouches :
Wikipedia.org
|
La conquête de l’Égypte
Maître de la
Syrie/Palestine, Alexandre prit alors le chemin de l’Égypte,
non sans avoir repoussé à deux reprises, malgré l’avis favorable de Parménion, des propositions de paix plus qu’avantageuses de
Darius III. Le
Perse proposait qu’Alexandre épouse sa fille
Stateira II et il lui donnait en dot toute la région entre
l’Europe et le fleuve Halys en
Asie mineure. C’est à ce moment qu’eut lieu le fameux échange rapporté par
Quinte-Curce (Histoire d’Alexandre, IV, 11, 13.) entre Parménion qui parlant des
offres de paix de
Darius III affirma : "Je les accepterais si j’étais Alexandre" ce qui
entraina immédiatement la réplique du Roi : "Et moi aussi si j’étais Parménion". Alexandre épousera quand même
Stateira II en Février 324, lors des
Noces de Suse. Ce que semblait désirer Alexandre ce n’est pas un empire
Gréco-macédonien débordant largement sur l’Asie, idée déjà défendue par Isocrate, le rhéteur
Athénien, mais l’Asie tout entière, du moins la connaissance qu’en possèdent les
Grecs.
Le refus d’Alexandre s’explique aussi par le caractère fictif des concessions territoriales de
Darius III. Celles-ci ne constituaient que la dot de
Stateira II, ce qui signifie qu’en aucun cas le
Perse ne renonçait à sa souveraineté sur les régions considérées. Ce fut ce piège que voulut éviter Alexandre qui exigea d’être regardé comme un souverain
plein et entier des territoires déjà conquis. Il ne fit d’ailleurs qu’appliquer le droit
Grec de la guerre, ainsi défini par
Xénophon (Philosophe, historien et maître de guerre
Grec, v.430-v.355) : "C’est une loi universelle et éternelle que, dans
une ville prise sur des ennemis en état de guerre, toutes les personnes et les
biens, appartiennent au vainqueur".
En
Canaan, après avoir pris
Dor et Ashdod, à l’automne 332, sur la route de l’Égypte,
Alexandre rencontra une forte résistance à
Gaza, conduite de l’eunuque Batis (Bati) qui s’opposait à la conquête. Il
prit toutefois la ville fin 332, dont la garnison fut massacrée et la population
vendue en esclavage. Alexandre fut blessé à deux reprises lors de ce siège. Une
fois frappé par une fronde dont le projectile perça son armure le blessant à
l’épaule. Continuant son avancée, en sept jours depuis
Gaza, il atteignit Péluse aux portes du Delta
Égyptien. En Décembre 332, lorsque le
Macédonien
pénétra dans la vallée du Nil, il fut accueilli comme un libérateur par le
peuple, heureux de s’être débarrassé de l’oppression des
Perses. Il ne rencontra que peu de résistance et il étendit rapidement son
royaume jusqu’à la première cataracte du Nil. Il montra un grand respect pour
les Dieux
Égyptiens et une profonde dévotion pour
Ramsès II, en l’honneur duquel il fit ériger une stèle, à
Memphis et fit
un sacrifice au taureau
Apis, gagnant par ce geste la confiance de la population.
Relief représentant Alexandre
priant le dieu Amon-Rê
– Temple de Louxor Photo avant retouches :
Wikipedia.org
|
Au début de 331, sur les rives du Nil, Alexandre décida de
construire une grande ville qui témoignerait de sa grandeur. Il se dirigea le
long de la côte Méditerranéenne où il choisit l’emplacement de la future
Alexandrie,
qui ne sera achevée que sous
Ptolémée I
(305-282), qui deviendra l’un des centres culturels les plus importants sur la
Méditerranée. Il dessina lui-même le tracé des rues et des murs à construire. Le
projet d’arpentage fut conçu par le célèbre architecte Dinocrate
Rhodes
avec la collaboration de Cléomène de
Naucratis. Il se rendit ensuite jusqu’à l’oasis de Siwa (ou Sioua) dans le
désert Libyen, où il rencontra l’oracle d’Ammon-Zeus qui le reconnut comme fils
d’Amon. De retour
à
Memphis, en
331, il se fit officiellement couronner Pharaon dans le temple de
Ptah et réorganisa le pays planifiant déjà son départ pour la conquête de
l’Asie. Durant son séjour en
Égypte, un de ses Généraux, Hégélochos, lui apporta de nombreux prisonniers
fait en mer Egée qui furent exilés dans la ville d’Éléphantine.
Alexandre ne demeura en
Égypte que très peu de temps de 332 à 331. Avant de quitter le pays, il
nomma pour l’administration du territoire deux Nomarques, Doloaspe et Petisi,
tandis que la gestion des finances fut confiée à Cléomène de
Naucratis.
La bataille
de Gaugamèles
Devenu maître de l’Asie hellénique
et Méditerranéenne, au printemps 331 Alexandre se remit en marche vers l’Est et il prit la route de la
Mésopotamie.
Darius III pendant ce temps reforma une nouvelle armée en intégrant cette fois-ci un grand nombre de contingents des
satrapies orientales (Dont quelques éléphants de guerre). Il prit soin aussi de choisir un terrain favorable à son innombrable cavalerie et à ses chars à
faux. Alexandre franchit fin Juillet de la même année l’Euphrate à Thapsaque (Ville de Syrie du Nord, sa localisation reste encore incertaine et est discutée
par les historiens contemporains), sur un pont de bateaux sans rencontrer de résistance.
Le
Satrape
Perse Mazaios (ou Mazaeus ou Mazeo ou Mazée ou Mazday, † 328), en charge de la région avec
quelques milliers d’hommes, se replia rapidement à l’arrivée de son adversaire.
Mazaios s’était également vu confier la tâche de bloquer les approvisionnements
alimentaires aux
Macédoniens et brûlé les champs. Les éclaireurs d’Alexandre repérèrent
l’armée de
Darius III plus au Nord, aussi le Roi de
Macédoine au lieu de marcher sur
Babylone
comme initialement prévu, remonta vers le Nord, vers
Nisibe (ou Nisibis ou
Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, ville dans la province de Mardin, au Sud-est de
la Turquie) et franchit le Tigre, sans subir aucune attaque de l’ennemi, le 20
Septembre 331 dans le haut-Djézireh (Irak actuel), contournant son adversaire
par le Nord. Il reprit alors la direction du Sud avec le Tigre sur sa droite. Au
bout de quatre jours de marche il apprit, grâce aux aveux quelques prisonniers
fait par les soldats
Macédoniens, que l’armée
Perse, de presque un million d’hommes selon certaines sources, 200.000 ou
30.000 hommes, 200 chars et 15 éléphants de guerre, selon
d’autres, venant de toutes les
satrapies de l’Empire, l’attendait à
Gaugamèles (Généralement sur le site à
l’Est de la ville de Mossoul, probablement Tel Gomel).
Darius III à la bataille de
Gaugamèles – Relief en ivoire inspiré d’une peinture de Charles Le Brun
– Museo Arqueológico Nacional – Madrid
Photo avant retouche :
wikipedia.org
|
Conscient de son infériorité numérique, son armée se composait
de 40.000 hommes de troupe à pied et 7.000 cavaliers,
Alexandre proposa un plan de bataille ambitieux à ses Généraux. Sa stratégie est
encore enseignée aujourd’hui dans les écoles militaires. Il savait que l’issu de
cet affrontement déciderait du sort des deux adversaires. Si Alexandre gagnait
il deviendrait le maître incontesté de l’Asie, si
Darius III l’emportait, les
Grecs se retrouveraient de nouveau envahis et asservis.
Alexandre choisit d’affronter les
Perses de jour, contrairement à ce que lui préconisaient ses Généraux.
Darius III s’attendait d’ailleurs à ce même assaut et avait fait veiller,
debout, en ordre de bataille, son armée toute la nuit. L’affrontement intervient
au petit matin du 01 Octobre 331. Les troupes
Perses avaient un front qui s’étirait sur près de 4 km. et les
Grecs, qui étaient au minimum quatre fois moins nombreux, leur firent face
au centre.
Alexandre mit en place une stratégie encore jamais utilisée sur
un champ de bataille. Il fit mine de laisser son flanc gauche à la merci des
Perses et, pendant qu’une partie de ceux-ci tombèrent dans le piège et l’attaquèrent à cet endroit, il emmena ses cavaliers à l’autre extrémité du
champ de bataille.
Darius III pensa alors qu’il devait contrer ce mouvement, craignant d’être attaqué sur son côté gauche et donna l’ordre à l’autre partie de son armée de se
déplacer en même temps que le
Macédonien.
Alexandre attira ainsi les
Perses pratiquement en dehors du champs de bataille qu’avait minutieusement préparé
Darius III, ce qui eut pour effet d’ouvrir le centre
Achéménide. Ce fut le moment qu’attendaient les
Grecs. Alexandre donna l’ordre à ses cavaliers de faire demi-tour et de
s’engouffrer dans la brèche, coupant le front
Perse en deux. Beaucoup de soldats
Perses prirent peur et s’enfuirent,
Darius III se rendit à l’évidence, il allait connaître encore une fois la
défaite et il prit lui aussi la fuite, laissant ses soldats à la merci des
Grecs. Selon les sources de l’époque, les
Grecs ne perdirent que 1.000 hommes dans la bataille alors que près de
50.000 soldats de l’armée
Perse
furent tués.
Alexandre, détail de la mosaïque Romaine
de Pompéi, représentant la bataille d’Issos – Musée National Archéologique de Naples
|
La
prise de Babylone et Suse
Le succès à
Gaugamèles ouvrit à
Alexandre la route de
Babylone, qui se rendit suite à des négociations, après trois semaines de
bataille, fin Octobre 331. Nous avons aujourd’hui une connaissance précise de
cette période grâce à la mise au jour d’une tablette
Babylonienne qui retrace les faits depuis la fin de la
bataille de
Gaugamèles. On y apprend comment les autorités de la ville essayèrent de
négocier avec Alexandre. Ce dernier en cas de rémission leur assurait le
maintien des traditions religieuses et la non violation des sanctuaires.
Il donnait également l’ordre de restaurer le sanctuaire de Mardouk qui tombait en
ruine. Il leur garantissait le maintient de la plupart des dignitaires à leur poste, comme le
Perse Mazaios (ou Mazeo ou Mazée ou Mazday), qui avait eu l’ordre de
Darius III de défendre
Babylone dont il fut nommé
Satrape, poste auquel il fut confirmé par Alexandre. Avec ces concessions,
sans grande importance pour Alexandre, il s’évita un long siège et rangeait de son côté une partie de l’aristocratie
Achéménide.
Le Roi y séjourna près de cinq semaine, tandis que
Darius III en fuite, tentait de réunir une armée, mais les forces
Perses étaient de plus en plus démoralisées avec la menace constante d’une
attaque surprise du
Macédonien, ce qui conduisit à de nombreuses désertions. Alexandre de son côté prit la direction de
Suse, qu’il atteignit en vingt jours. La ville, sans mur défensif, se rendit à son
tour en Janvier 330.
Le Roi avait dépêché devant lui dans la cité le Général Philoxène afin que celui-ci s’empare du trésor important qui s’y trouvait
environ 40.000 talents. Une partie importante de cet argent fut envoyé à
Antipatros (ou Antipater) afin qu’il l’utilise dans sa lutte contre
Sparte. Alexandre récupérera également diverses œuvres d’art volées par
Xerxès I (486-465) en
Grèce en 480, y compris le groupe statuaire célèbre de Tyrannicides, Harmodius et Aristogiton, qu’il fit retourner à
Athènes. Le Roi distribua de nombreuses richesses de la ville à ses soldats en
récompenses : Parménion par exemple récupéra la maison du Ministre Bagoas, qui avait porté
Darius III
sur le trône, dans laquelle il trouva beaucoup de riches vêtements.
La campagne en Perse et la prise de Persépolis
L’entrée d’Alexandre dans Babylone,
– Charles Le Brun (1664) – Musée du Louvre
|
À la mi-Décembre Alexandre quitta
Suse et poursuivit en direction de la
Perse proprement dite. Il emprunta la route qui passait à travers le
territoire des Ouxi (ou Uxii), au Sud-ouest de l’Iran actuel. Il rencontra une résistance de la part de cette tribu montagnarde mais qu’il soumit rapidement.
Cette dernière s’engagea à payer un tribut en chevaux et bêtes de somme dont son armée avait grand besoin. Puis il fut arrêté par la résistance du
Satrape Ariobarzane
(ou Ario Barzan ou Aryo Barzan ou Ariobarzanês, 368-330) à la
bataille des Portes Persiques (20 Janvier 330). Alexandre avait divisé ses hommes en deux parties,
une moitié partit par la Route Royale et l’autre, sous son commandement,
devait couper la montagne par la passe des Portes Persiques, qu’il atteignit en cinq jours, le passage dans les
montagnes actuelles de Zagros.
La lutte s’engagea contre un grand nombre d’ennemis, 40.000 hommes
selon certaines sources, auxquels s’ajoutait 700 cavaliers
Ariens. Pour éviter de courir à une défaite, Ariobarzane
(ou Ariobarzanês) construisit un mur
qui barrait la route en partie aux
Macédoniens. Comme le précise Andrea Frediani, Alexandre tenta un premier assaut qui ne donna pas de résultats. Son armée engagée dans l’étroite passe fut même en difficulté, prise en
embuscade par les
Perses. Le Roi se retira alors à quelques kilomètres à
l’Ouest avec de lourdes pertes. Puis il eut connaissance par des prisonniers
Perses d’un autres passage qui contournait Ariobarzane (ou Ariobarzanês). Les troupes d’Alexandre attaquèrent
alors sur deux fronts et Ariobarzane fut
écrasé, toutefois il réussit quand même avec quelques hommes à fuir vers
Persépolis, mais les portes de la ville ne s’ouvrirent pas pour lui, le forçant à retourner au combat et trouver la mort
dans une ultime bataille.
Continuant son avancée, Alexandre franchit l’Araxe sur un pont de bateaux et parvint au mois de Janvier 330 dans la ville la plus symbolique du
pouvoir Perse,
Persépolis, où, selon Robin Lane Fox il trouva environ 120.000 talents en
métaux précieux. La ville fut livrée au pillage, puis en Mai 330, les palais de la terrasse furent incendiés. En fonction des auteurs, cet incendie est
interprété comme volontaire, bien qu’il aille à l’encontre de la politique
d’intégration aux coutumes locales qu’Alexandre pratiquait. D’après certains le
Roi aurait ainsi voulu venger les destructions
Perses à
Athènes, en 480.
Une autre interprétation affirme qu’Alexandre aurait
provoqué l’incendie dans un état d’ivresse, poussé par une jeune courtisane
Athénienne du nom de
Thaïs,
qui fut en 323 l’épouse de
Ptolémée I.
Il est possible qu’Alexandre ait simplement souhaité affirmer son pouvoir face à
une population peu encline à se rallier à lui. Selon
Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste
Grec, 46-v.125) Alexandre regrettera par la suite son geste qui fut très mal
perçu par les
Perses, mais accompli avec joie par les troupes
Macédoniennes.
Alexandre – Copie Romaine Glyptothek – Munich
|
La mort de Darius III
En Mai 330, Alexandre marcha vers
Ecbatane. Selon Robin Lane Fox, sur le chemin, il reçut quelques renforts,
pour atteindre un total de 50.000 hommes. Pendant ce temps,
Darius III toujours en fuite, tentait de réunir une nouvelle armée royale dans les hautes
satrapies de
Parthie, mais il ne réussit pas à lever une force comparable à celle qui
avait combattu à la
bataille de Gaugamèles, en partie parce que la défaite avait porté atteinte à son autorité, et aussi parce que la politique libérale d’Alexandre, par
exemple en Babylonie et en Perside (Région du Far), offrait une
alternative acceptable à la domination
Perse. Lorsqu’à
Ecbatane, où il avait été rejoint par Satibarzane (ou Nabarzanes ou Nabarzane) et Bessos
(ou Bessus ou Artaxerxès V, † été 329), le
Satrape de
Bactriane, avec des cavaliers originaires de
Bactriane et un corps d’environ 2.000 mercenaires
Grecs,
Darius III apprit l’approche de l’armée d’Alexandre, il décida de se retirer
en Bactriane
où il pourrait mieux utiliser sa cavalerie et ses forces de mercenaires sur ces plaines d’Asie. Il mena son armée à travers les Portes de la mer Caspienne,
la route principale à travers les montagnes, mais cela épuisa et ralentit considérablement ses troupes.
Alexandre pénétra en Paratécène (L’actuelle région d’Ispahan)
et soumit la population. À peine arrivé à
Ecbatane il apprit que
Darius III venait juste de s’enfuir trois jours plus tôt avec environ 9.000
hommes dont 3.000 cavaliers. À
Ecbatane Alexandre renvoya ses cavaliers
Thessaliens, il envoya Parménion vers l’Hyrcanie,
Cléitos
(ou Cleithos v.375-328) vers la
Parthie, pendant que lui à la tête de troupes rapides poursuivait le Roi
Perse dans les montagnes. En onze jours il parcourut la route d’Ecbatane
à Rhagae où il fut obligé de faire une pause pendant cinq jours. Deux des
officiers de
Darius III, Satibarzane et Bessos (ou Bessus) lui proposèrent de regrouper l’armée sous
le commandement de Bessos (ou Bessus) et que le pouvoir lui serait rendu lorsqu’Alexandre
serait défait.
Darius III
évidemment n’accepta pas ce plan et ses complices, devenus soucieux après ses
échecs successifs contre Alexandre, commencèrent à penser à le destituer.
Darius III, entouré d’une poignée de fidèles, s’était enfoncé à l’Est du
pays. Alexandre apprit par des déserteurs que le Roi avait été fait prisonnier
par Bessos (ou Bessus), Barsaentès (ou Barsaentes) et Satibarzane et qu’il se dirigeait vers
Hécatompyles, près de l’actuelle ville de Shahrouz. En apprenant cette nouvelle,
le
Macédonien
confia ses troupes à
Cratère (ou Kraterós) et avec une petite division rapide il
marcha pendant une journée et demie à train forcé. Lorsqu’il atteignit le camp
de
Darius III, celui-ci venait de le quitter. Dans le même temps, un chef des
mercenaires
Grecs, encouragea le Roi
Perse à accepter un garde du corps
Grecs plutôt que de sa garde habituelle pour le protéger des trois
Satrapes, mais le souverain n’accepta pas pour des raisons politiques. Ce
fut une mauvaise décision, en Juillet 330 (on trouve aussi selon les sources
Juin 330),
Darius III, toujours en fuite et de plus en plus seul, fut poignardé par les
trois rebelles et Bessos (ou Bessus) se proclama Roi sous le nom d’Artaxerxès V le même
mois. Le soir même Alexandre imposa à ses hommes une nouvelle marche de nuit
pour aboutir à un campement de nouveau abandonné. Finalement avec quelques
cavaliers il rejoignit le convoi de
Darius III où il trouva ce dernier mort.
Camée représentant Alexandre –
Cabinet des Médailles
|
Une autre version raconte que Bessos (ou Bessus) et Satibarzane jetèrent
Darius dans une charrette à bœufs, après avoir blessé le Roi avec leurs javelots alors
qu’il ordonnait aux forces Perses
de continuer et le laissèrent mourir. L’histoire nous dit que lorsqu’Alexandre trouva le corps de
Darius III, il le couvrit avec son manteau et prit la chevalière au doigt du
Roi défunt. Ensuite, il envoya le corps du souverain à
Persépolis où il le fit enterrer dans la nécropole royale et lui donna des funérailles grandioses avec les honneurs du à son rang.
Avec la mort de Darius III, l’Empire
Achéménide
s’effondra et devint possession
Macédonienne.
La conquête de l’Hyrcanie, l’Arie et la Bactriane
Après la mort de
Darius III, Alexandre n’eut qu’une obsession retrouver les
trois
Satrapes félons. Il reprit sa marche vers l’Est et soumit l’Hyrcanie
et les populations montagnardes de la région entre l’Iran et le Turkménistan, les Tapouriens et les Mardes. Il remplaça une partie de ses troupes fatiguées,
qu’il renvoya dans leur foyer, par l’incorporation à son armée des anciens
mercenaires Grecs qui étaient au service de
Darius III et il rassembla tous ses soldats à Zadracarta, la capitale de
Gurgan. Dans la ville il apprit que deux des
Satrapes s’étaient séparés de Bessos (ou Bessus), maintenant réfugié en
Bactriane sous le nom d’Artaxerxès IV, tandis que Satibarzane était retourné en
Arie et Barsaentès (ou Barsaentes) en Drangiane.
Alexandre s’empara assez
rapidement de l’Arie,
en remontant la vallée de l’Atrek où il fonda une ville, Alexandrie d’Arie,
l’actuelle Hérat. Satibarzane fut capturé près de Machhad et demanda à être
épargné. Le
Macédonien ne le tua pas, au contraire il le confirma à son poste en lui
adjoignant un stratège
Macédonien, Anaxippos (ou Anaxippo ou Anaxippus). À l’automne 330, alors
qu’Alexandre se préparait à remonter vers la
Bactriane, Satibarzane se révolta.
Il assassina Anaxippos et massacra les troupes
Macédoniennes
laissées en
Arie
avant de s’enfuir. Alexandre se dirigea vers la Drangiane qu’il prit et où le
rebelle Barsaentès fut capturé après avoir été trahit par une population
Indienne du Pendjab et mis à mort. En Octobre/Novembre 330 Satibarzane monta de
nouveau une rébellion en
Arie. Il fut tué dans un affrontement avec le corps expéditionnaire lancé
contre lui par Alexandre. C’est à l’automne de l’année 330 que se déroula
l’assassinat de proches d’Alexandre sur ordre du Roi. Alors que l’armée
séjournait dans la capitale de la Drangiane, Phrada-Prophtasia, au Sud de Hérat,
Philotas le fils de Parménion et commandant de la cavalerie fut emprisonné et
jugé par l’assemblée des
Macédoniens pour complot. Quant à Parménion, Alexandre ignorant s’il se
trouvait impliqué ou non dans la conjuration préféra dans le doute le mettre à
mort.
La conquête de
l’Asie centrale
L’armée
Macédonienne passa vers la fin de 330 en
Arachosie. Alexandre fonda une nouvelle Alexandrie, qui correspond à la
ville actuelle de Kandahar et nomma Memnon comme
Satrape de la région, puis il remonta vers la
Bactriane à la poursuite de Bessos (ou Bessus). Après avoir langui pendant
quelques mois, au printemps 329 (au plus tard en Mai) son armée traversa les
monts Paraponisadès (ou Hindū-Kūsh ou Hindou Kouch, en Persan :
هندوکش,
en Hindi : हिन्दु कुश) une chaîne de hautes montagnes en Afghanistan et au
Pakistan actuel, dont
Aristote (Philosophe
Grec, 384-322) était convaincu qu’ils étaient l’extrémité orientale du monde.
En
Bactriane, Bessos (ou Bessus) en fuite, pratiquait la politique de la terre brulée. Il
ravageait les vallées entre les Paraponisadès et l’Oxus afin de limiter les
possibilités de ravitaillement de ses poursuivants. Les soldats
Macédoniens souffrirent de la faim, la nourriture leur étant vendue à des
prix exorbitants et ils ne trouvèrent plus de fourrage pour les animaux,
beaucoup d’entre eux furent tués pour se nourrir. Si Bessos (ou Bessus) avait continué avec
sa technique de brûler les champs, ou si, à ce moment de faiblesse il avait
attaqué, il aurait eut une bonne chance de victoire, mais il changea de
stratégie en brûlant seulement les bateaux. Alexandre s’empara d’Aornos qui
devint à son tour une Alexandrie, puis de
Bactres.
L’armée
Macédonienne voulut ensuite passer l’Oxus. Restait de savoir comment
traverser cette rivière profonde, où il n’était pas facile de construire un
pont. Il fut décidé de remplir des peaux de tentes de paille sèche et de les
coudre ensemble, construisant ainsi des radeaux flottant. Toute l’armée fut
capable de traverser la rivière en cinq jours et passa en
Sogdiane.
Les nobles Spatamenès (ou ou Spitaménès ou Spitamaneh ou Aspntman, 370-328) et Oxyartès (ou Oxyarte ou Oxyartes) décidèrent alors de
livrer Bessos (ou Bessus) et le firent savoir à Alexandre. Début 329,
Ptolémée I
fut chargé de cette capture. Bessos (ou Bessus) fut emmené nu à
Bactres où on lui coupa le nez et les oreilles, puis il fut envoyé à
Ecbatane et exécuté. Pendant près de deux ans Alexandre lutta en
Sogdiane
et en
Bactriane contre des
Satrapes
révoltés et contre les peuples Saces et
Massagètes contre lesquels
Cratère (ou Kraterós) s’illustra en prenant
plusieurs forteresses. Spatamenès (ou Spitaménès), le
Satrape ayant livré Bessos (ou Bessus), se révolta et pratiqua une guérilla difficile
pour Alexandre à endiguer. Il massacra plusieurs garnisons
Macédonienne et infligea un cuisant échec militaire à des officiers
d’Alexandre sur le fleuve Polytimetos (ou Zeravchan dans l’actuel Ouzbékistan)
où tous les soldats du Roi furent tués.
Alexandre, prit connaissance de l’incident, en trois jours avec 7.000 hommes il essaya d’atteindre l’ennemi sans succès en subissant de lourdes
pertes, maintenant le nombre de soldats tombés étaient d’environ 25.000. Selon Quinte-Curce, la réaction d’Alexandre après cette défaite fut extrêmement
significative du profond désarroi de l’armée puisque le Roi interdit, sous peine de mort, aux rescapés de ce désastre de divulguer la réalité.
Après avoir hiverné de fin 329 à début 328 à
Bactres, Alexandre repartit pour la Sogdiane
qui s’agita lorsque Spatamenès réapparut en
Bactriane et surprit dans une embuscade la garnison de la ville de Zariaspa. Alexandre laissa quelques soldats à
Cratère (ou Kraterós)
et les raids de Spatamenès continuèrent jusqu’à ce que celui-ci subissent une première défaite sur la rivière Céno.
Puis il succomba finalement, trahi par ses alliés
Massagètes qui au cours de l’hiver 328/327, alors qu’Alexandre était à Nautaca au Sud-est de l’actuelle Boukhara, envoyèrent sa tête au Roi de
Macédoine. Le printemps 327 fut occupé à détruire les derniers îlots de
résistance, mission qui fut confiée à
Cratère (ou Kraterós), et à réorganiser l’Empire dans cette région. À la place d’Artabaze, rallié depuis longtemps à
Alexandre, mais qui très âgé demandait à être relevé de son commandement, Alexandre nomma un
Macédonien. En 327, le Roi épousa
Roxane, la fille du "Roi" de
Sogdiane, Oxyartès (ou Oxyarte ou Oxyartes), sans doute le
Satrape de la province sous l’Empire des
Achéménides, afin de renforcer son pouvoir dans la région.
Alexandre et Pôros à la
bataille de l’Hydaspe – Charles Le Brun – 1673 – Musée du Louvre
|
La conquête de l’Inde
Alexandre, après avoir soumis la
région de la
Sogdiane,
arriva aux frontières de l’actuel Turkestan Chinois, où il fonda une autre
Alexandrie sur le fleuve Iaxarte (ou Syr-Daria) qu’il appela Eskhaté (L’actuelle
Khodjent), cette ville qui marque le point le plus au Nord de son périple. Puis,
il se dirigea vers l’Inde. Une grande partie du Nord-ouest de l’Inde avait été
conquise par les
Perses au temps de
Darius I (522-486), qui avait exploré l’ensemble de la vallée de l’Indus,
mais depuis cette période, la région était divisée en plusieurs royaumes qui
s’affrontaient.
On ne connait pas exactement la raison qui poussa Alexandre dans ces régions inconnues des
Grecs. Certains auteurs avancent qu’il fut influencé, par le Roi Omphis (ou
Taxila nom donné par les
Grecs ou Taksxila ou en Indien : Ambhi ou Ambhik) de Takshashîlâ (Aujourd’hui Taxila, en Sanskrit : तक्षशिला)
dans la vallée septentrionale de l’Indus près de la moderne Attock, d’intervenir contre son ennemi Pôros (ou Porus ou Purushotthama ou Pûru ou Por) qui régnait
sur le royaume de Paurava à l’Est de l’Hydaspe (ou Hydaspes, aujourd’hui Jhelum ou Jhelam) et qui
menaçait le Pendjab. Alexandre fut aussi conseillé par un Prince Indien, Sisicottos, qui après avoir suivi Bessos (ou Bessus) s’était rallié au
Macédonien. Mi 327, après avoir préparé une nouvelle armée de 60.000
soldats, troupes en grande partie d’Asie, seuls les officiers et les commandants étaient
Grecs ou
Macédoniens, Alexandre passa les monts Paraponisadès (ou Hindū-Kūsh ou Hindou Kouch, en Persan:
هندوکش, en Hindi :
हिन्दु कुश) une chaîne de hautes montagnes en Afghanistan et
au Pakistan actuel et marcha sur Alexandrie du Caucase (Actuelle Bagram près de Kaboul), où il fut accueilli par
le Roi Omphis, qui lui offrit quelques éléphants de guerre.
Buste d’Alexandre – Musée
de Berlin
|
À l’été 327, il chargea Héphestion (ou Héphaestion) et
Perdiccas de soumettre les peuples vivant sur la rive Sud du Cophen, la
rivière qui descend de la vallée de l’actuelle Kaboul vers l’Indus, tandis que
lui s’occupait de la rive septentrionale. Pour ces deux Généraux il n’y eut
guère de problème et ils atteignirent l’Indus bien avant lui. Aurel Stein nous
dit que pour Alexandre par contre la tâche fut plus rude. Il fut confronté aux
Assacènes (ou Açvakas) qui opposèrent une forte résistance et il eut de grandes
difficultés à prendre leur capitale, Aornos (Identifiée à Pir Sar, au Pakistan).
Alexandre fut blessé lors de la bataille, frappé d’une flèche qui perça son
armure et avec elle la plèvre et le poumon, mais il échappa à la mort.
Finalement il atteignit l’Indus, où Héphestion (ou Héphaestion) et
Perdiccas avaient construit un pont, qu’ils franchirent au printemps 326.
L’armée fit une halte à fit une halte à Takshashîlâ (ou Taxila), mais repris
rapidement la route pour aller combattre Pôros (ou Pûru ou Por) qui voulait interdire
aux
Macédoniens, avec une importante armée, l’accès à l’Hydaspe (ou Hydaspes).
Dans cette bataille Alexandre allait encore faire preuve d’une
grande habilité à la tactique. Il laissa Cratère (ou Kraterós) avec le gros des
troupes et il traversa avec sa cavalerie et ses hypaspistes la rivière dans une
région boisée en amont afin de prendre Pôros (ou Pûru ou Por) à revers.
Cette manœuvre fut payante, le
Macédonien emporta la victoire mais aux prix de rudes et sanglants combats.
Le cheval du Roi, Bucéphale trouva la mort lors de la confrontation. En son
honneur, Alexandre fonda sur son tombeau la ville d’Alexandrie Bucéphalie (ou Boukêphalia,
sur la rivière Jhelum à l’endroit de la mort de Bucéphale). Comme à son
habitude, le Roi laissa la vie sauve et son trône à Pôros, conquis par la
noblesse de celui-ci, avec un territoire plus vaste que celui qu’il avait à
l’origine.
Une révolte sur ses arrières des Assacènes l’obligea à envoyer
des troupes dirigées par Philippe et Tyriaspès tandis que lui parcourut le
Pendjab et y soumit divers peuples. Alexandre projetait de s’avancer plus à l’Est
et pensait franchir l’Hyphase (Actuelle rivière Bias au Pendjab) pour atteindre
la vallée du Gange et l’Océan extérieur. Mais à l’automne 326, sur les rives du
fleuve, l’armée épuisée parvenue là en pleine mousson, se mutina. Le Roi ne
parvint pas à convaincre ses soldats d’aller plus loin. Après s’être enfermé
trois jours sous sa tente, il fut obligé de se plier à leur volonté et donna
l’ordre de revenir sur leur pas et reprendre le chemin de
Babylone. Il fit ériger 12 autels monumentaux, pour chacun des 12 principaux
Dieux de l’Olympe, marquants le point extrême de sa progression à l’Est, avec
l’inscription : "Ici s’est arrêté Alexandre".
Alexandre – Buste du XVIIe siècle – Musée National du château de Versailles
|
Le retour vers Babylone
Alexandre fit donc demi-tour mais
avant de rentrer il décida de soumettre toute la vallée de l’Indus. Il fit
construire une flotte, à l’automne 326 et il embarqua avec une partie de son
armée, pour descendre l’Hydaspe (ou Hydaspes, aujourd’hui Jhelum ou Jhelam), puis l’Acésine afin de rejoindre l’Indus. La
flotte fut dirigée par Néarque avec des équipages essentiellement
Phéniciens et
Grecs suite à des renforts que le Roi venaient de recevoir. Alexandre
embarqua avec les archers, les hypaspistes et les cavaliers de sa garde, pendant
que
Cratère (ou Kraterós) longea la rive droite et Héphestion
(ou Héphaestion), avec l’essentiel
de l’armée, descendit le long de la rive gauche. Certains peuples rencontrés se
soumirent rapidement, mais d’autres comme les Oxydraques et les Malliens
refusèrent. Ces derniers furent soumis en Novembre 326.
Alexandre finit par rejoindre l’embouchure de l’Indus après une
violente campagne. Au sud de la ville de Pattala, il fit construire un port, des
arsenaux et des citernes, preuve qu’il s’agissait pour lui d’un territoire
destiné à être incorporé à son Empire. En Juillet 325, le Roi, pour son retour
vers
Babylone, divisa son armée en trois corps. Néarque avec une flotte d’une
centaine de navires, 2.000 marins et 12.000 soldats, fut chargé de rouvrir la
route maritime entre l’Indus et l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate.
Cratère
(ou Kraterós) quant à lui quitta la vallée de l’Indus avec la moitié de la
phalange, les éléphants et les vétérans désirant retourner en
Macédoine. Il remonta par l’Arachosie
et la Drangiane et devait retrouver Alexandre en Carmanie (Région qui correspond
au Sud de l’Iran vers le détroit d’Ormuz).
Alexandre choisit l’itinéraire le plus difficile en longeant la
côte de la Gédrosie (Actuel Balouchistan Pakistanais). Depuis Pattala sur
l’Indus, il gagna avec 25.000 hommes l’actuelle région de Karachi où le peuple
des Arabites capitula sans combattre. Puis Alexandre atteignit la vallée du
Purali où il soumit les Orites. À ce moment une partie de son armée commandée
par Léonnatos suivit l’itinéraire des caravanes, plus au Nord. Alexandre avec
12.000 hommes, dont ses troupes d’élite et un convoi de femmes et d’enfants,
traversa la Gédrosie par le désert du Makran qui longe le littoral. Or au moment
où il entrait dans le désert, les Gédrosiens et les Orites se révoltèrent ce qui
le priva des vivres promises. Le désert de Makran est une région
particulièrement aride et difficile. Le convoi mit deux mois pour accomplir 700
km entre la vallée du Purali et Pura. Alexandre rallia la ville en Décembre 325
mais plus de 50.000 personnes moururent pendant le trajet. Dans le même temps
son Général Néarque, à la tête de la flotte, suivit la côte, remonta le golf
Persique et retrouva Alexandre à Harmozia (En face du détroit d’Ormuz).
La fin de son règne
Au début de l’an 324, Alexandre se
rendit à
Pasargades avec une partie de ses troupes tandis qu’Héphestion (ou
Héphaestion) poursuivit
le voyage avec le gros de l’armée le long des côtes Perse. Alexandre y fit
restaurer le tombeau de
Cyrus II (559-529), qui avait été pillé en son absence et il fit punir les
coupables. Puis il prit le chemin de
Suse
où il apprit les mauvaises gestions et la corruption mises en œuvre par des
Satrapes comme Baryaxès qui s’était proclamé grand Roi, ou Orxinès en Perse
dont la fidélité était loin d’être évidente. Le Roi réagit immédiatement contre
les coupables en les remplaçant par un grand nombre de Gouverneurs
Macédoniens.
Les mariages de Stateira II
avec Alexandre et de Drypteis avec Héphestion à Suse en 324 – Gravure
du XIXe siècle
|
En Février 324, afin de poursuivre son projet d’union entre les
Grecs et les
Perses, le Roi organisa les "Noces de Suse"
aux cours desquelles 10.000 soldats, 80 Généraux et lui-même, prirent une épouse d’origine
Perse. Il se maria à Stateira II, une fille de
Darius III, tandis que l’autre fille du Roi de
Perse, Drypteis (ou Drypetis), fut mariée à Héphestion
(ou Héphaestion). Les mariages se
firent à la mode
Perse, ce qui provoqua la grogne des
Macédoniens qui commençaient à penser qu’Alexandre s’éloignait des coutumes
Grecques. Le mécontentement fut attisé lorsque le Roi décida d’intégrer 30.000 jeunes
Perses, soigneusement choisis et formés à l’armée Macédonienne.
Pour calmer la grogne Alexandre paya les dettes de ses soldats
dont 10.000 furent démobilisés et renvoyés en
Macédoine avec
Cratère (ou Kraterós) et
Polyperchon
et il offrit en un geste symbolique des couronnes d’or à ses Généraux. Ces
gestes furent insuffisants et une révolte des vétérans éclata à Opis, au Nord de
Babylone. Le Roi réagit brutalement et fit exécuter 13 des émeutiers. Puis
par un discours habile il réussit à reprendre le contrôle de la situation. Cette
résistance de l’armée à la politique de fusion avec les troupes Asiatiques
constitue le plus sévère échec du Roi. À l’été 324 d’Opis par la vallée du Zagros, Alexandre se rendit à
Ecbatane.
C’est là, au cours de l’hiver 324, que mourut Héphestion (ou
Héphaestion),
probablement de maladie. La douleur du Roi fut assimilée par les historiens
antiques à celle d’Achille sur le corps de Patrocle. Alexandre rendit à son
compagnon des honneurs quasi royaux, pour son ami il resta en deuil de six mois
et conçu également un magnifique monument funéraire qui ne fut jamais fini. Au
printemps 323 Alexandre reprit le dessus et mena une expédition dans le Lorestan
actuel, au Sud-ouest de l’Iran et contre les Ouxiens, des montagnards
Kassites de la chaîne du Zagros que les
Perses
n’avaient jamais totalement soumis, et il envoya une expédition pour explorer la côte de la mer Caspienne et les côtes de l’Arabie commandée par Héraclide.
Tête d’Alexandre – Musée du
Louvre
|
Peu après, le Roi rentra à
Babylone. En chemin il reçut des ambassadeurs venus de
Grèce. Les
Athéniens en particulier protestaient contre des décrets d’Alexandre. Il reçut également ceux de Libye, de Cyrénaïque et des Celtes. En Avril 323 le Roi
entreprit un vaste programme de travaux dans les canaux de l’Euphrate destinés à réguler les inondations, et les préparatifs de l’invasion de l’Arabie avec la
construction d’une flotte avec laquelle il avait l’intention d’attaquer les domaines de Carthage, mais le 30 Mai il contracta la malaria. Il partit en
quelques jours, pour mourir le soir du 13 Juin 323 (on trouve aussi le 10 ou le 11), à l’âge de 33 ans. Sa mort est toujours un mystère, pour certains il fut
empoisonné par ses Généraux, pour d’autres il décéda d’une rechute de la malaria ou selon des dernières spéculations, d’une cirrhose du foie causée par l’abus du
vin.
Très probablement la cause réelle de la mort, comme on peut le déduire des symptômes décrits, serait une pancréatite aiguë, une conséquence des
libations excessives faites ce jour-là. Le corps d’Alexandre fut plus tard transféré de
Babylone
pour rejoindre Vergina, la nécropole
Macédonienne, mais il sera finalement inhumé à
Alexandrie, car sur la route le corps fut dérobé, sur l’ordre de Ptolémée I Sôter
et envoyé dans la ville. Ptolémée
prétendit qu’Alexandre avait exprimé le désir d’être enterré dans le temple d’Amon
à Siwa. Toutefois, le lieu où repose la dépouille du Roi est toujours un mystère. En dix ans Alexandre fonda un Empire qui s’étendit de l’Indus à la
Grèce. Celui-ci fut alors partagé entre ses Généraux, les Diadoques, qui ne
tardèrent pas à entrer en guerre les uns contre les autres. Sa mère
Olympias en 316, son fils Alexandre IV et sa femme
Roxane en 310, moururent assassinés sur l’ordre de
Cassandre (301-296) qui avait pris le pouvoir en
Macédoine.
L’Empire d’Alexandre le Grand
|
Cliquez sur un nom de ville
|
|